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20 févr. 2014 - d'infrastructures de réseaux mobiles peuvent même être étendues à d'autres composantes des réseaux de télécommunications. Il est ainsi.
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Réponses stratégiques

Sofrecom, The Know-How Network

Mutualisation d’infrastructures de réseaux : entre opportunités et réalités

L

es opérateurs télécoms, fixes et mobiles, sont soumis à des contraintes de couverture et de rentabilité qui les incitent à regarder tous les axes potentiels d’économies, tout en gardant la main sur la différenciation de leurs offres. Une équation à résoudre au cas par cas.

Le partage d’infrastructures intéresse tous les opérateurs Loin d’être un phénomène isolé et réservé à des marchés matures, la mutualisation des réseaux se généralise et s’avère être un moyen intéressant pour les opérateurs d’optimiser les coûts d’infrastructures sans externaliser. Par ce biais ils peuvent notamment respecter leurs contraintes réglementaires de déploiement et de couverture de la population. La formule la plus répandue de partage d’infrastructures porte sur les réseaux d’accès mobiles, via le « RAN-sharing » (partage de Réseau d’Accès Radio), qui consiste à partager avec des concurrents les composantes les plus coûteuses du réseau. Le RAN-Sharing possède plusieurs variantes : la mutualisation des éléments passifs du réseau d’accès mobile (tours, pylônes, énergie et air conditionné), la mutualisation des éléments actifs du réseau d’accès mobile (BTS) ou enfin l’accord d’itinérance locale ou nationale. Ces différentes formes de partage d’infrastructures de réseaux mobiles peuvent même être étendues à d’autres composantes des réseaux de télécommunications. Il est ainsi possible de mutualiser les réseaux d’accès fixe pour permettre le dégroupage, les infrastructures

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WiMax et WiFi pour étendre une couverture en zone rurale, la tête de réseau (IRD, routeur vidéo, encodeur) pour inclure dans les forfaits des offres IPTV. On mutualise même l’hébergement de serveurs et les outils de sécurité (surveillance du réseau de bout en bout) coûteux mais indispensables à une qualité de service optimale.

Un leitmotiv : réduire les CAPEX1 et/ou OPEX2 Les exemples de mutualisation au sein du Groupe Orange sont nombreux et témoignent d’une tendance lourde. C’est le cas de plusieurs filiales en Europe (Espagne, Royaume-Uni), ainsi que sur le continent africain (Cameroun, Côte d’Ivoire, Ouganda). Elles ont mutualisé tout ou partie de leurs réseaux mobiles, avec à la clef des économies substantielles, de l’ordre de 30 à 40 % d’OPEX, tout en offrant une meilleure qualité de service à leurs clients. Quels enseignements peut-on tirer de ces exemples de RAN-sharing ? D’une part, c’est un levier intéressant pour une industrie où les investissements à réaliser sont lourds et s’étudient au cas par cas en déterminant au préalable les modalités de fonctionnement et les objectifs à atteindre.

D’autre part, le partage est un moyen de restructurer les bases de coûts et de soulager la pression sur la rentabilité. La mutualisation des moyens et des ressources présente donc un intérêt économique immédiat, à condition de préserver les éléments différenciants des offres des opérateurs. En effet, ce n’est plus tant aujourd’hui la couverture réseau qui différencie les opérateurs, que l’attractivité et la richesse de leurs offres, les contenus exclusifs, notamment sur le prépayé.

Pragmatisme et opportunisme Prérequis indispensable : la définition des règles de gouvernance du partage. Celles-ci doivent prévoir les différents scenarii de fonctionnement de la mutualisation en phase de déploiement, d’exploitation et d’extension des infrastructures, avec

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%

Hausse annuelle des CAPEX des opérateurs télécoms dans le monde en 2013, à 320 Mds $. Ces dépenses vont progresser de 2 % par an en moyenne entre 2012 et 2017, où elles atteindront 355 Mds $3 (Infonetics, nov.-13).

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Mds $

Prévision de CAPEX des opérateurs mobiles dans le monde en 2014 (+5,5 %). La baisse de 0,5 % dans les pays développés sera largement compensée par les pays émergents (+13,2 %), grâce au déploiement du LTE en Chine (Bank of America, janv.-2014).

INTERVIEW

Télécoms 2014 : Poser la bonne équation pour renouer avec la croissance

Sofrecom, The Know-How Network

Olivier Mugnier Directeur des Réseaux haut débit et Infrastructure réseaux

Pascal Poireault

Directeur des Réseaux mobiles des éléments mesurables en termes de qualité de service. L’ensemble des coûts doit être identifié en amont du projet de mutualisation. Enfin, les conditions contractuelles et les niveaux de service attendus doivent être standardisés et acceptables par les différentes parties. Le choix et les modalités de partage des infrastructures est fonction des opportunités dans chaque pays, en cohérence avec les besoins du marché et du paysage concurrentiel. Sur le continent africain par exemple, les situations sont très contrastées. En République démocratique du Congo, le taux de pénétration du mobile est de 18 %. Le développement du marché requiert une extension de la couverture avec un partage massif des infrastructures. En Tunisie, le taux de pénétration est de 100 % : les opérateurs sont dans une logique de densification du réseau et ne partageront pas le même volume d’équipements. Orange, à l’instar d’autres grands groupes de télécommunications, ne peut avoir de stratégie unique, mais bien une approche pragmatique et opportuniste. Ainsi, en 2012, Orange a vendu en Ouganda ses « tours » à une société spécialisée dans le partage des pylônes en Afrique et a signé avec elle un accord de partenariat pour les lui louer. En revanche, Orange demeure propriétaire de ses infrastructures mobiles en Côte d’Ivoire et au Cameroun. C’est la maintenance des éléments passifs du réseau qui y a été externalisée. Toutes les options sont donc ouvertes pour améliorer la rentabilité tout en préservant la qualité de service de bout en bout.

« La convergence vers le tout IP est inéluctable mais doit être anticipée par les opérateurs sous peine d’être devancés par de nouveaux acteurs capables de déployer rapidement de la VoIP. » Quels sont les avantages de la convergence ? O. M. C’est le passage au tout IP qui permet la convergence des réseaux. Concrètement cela consiste à faire transiter les services d’un opérateur sur une même infrastructure d’un bout à l’autre du réseau. Par exemple, les communications 3G ne peuvent être basculées sur le réseau WiFi propriétaire de l’opérateur que si le réseau est convergent. Or, un réseau unique permet une économie d’OPEX significative. Pour l’utilisateur, la convergence des réseaux permet d’offrir des services innovants et unifiés qui répondent à la fois à ses besoins de capacité de plus en plus importants mais aussi à ses besoins d’accès multiples via différents terminaux. En outre, la convergence doit intégrer des mécanismes permettant de différencier la qualité de service en fonction des usages, ce qui est essentiel pour préserver la qualité de service de trafic temps réel comme la VoIP par exemple. Quel est l’enjeu du tout IP à court et moyen termes ? O. M. Le marché mondial de la voix mobile pèse actuellement 693 Mds $ et on estime que plus de 50 % du trafic voix mobile passera par la VoIP en 2019. C’est un marché colossal qui se profile, à condition d’anticiper cette évolution suffisamment tôt pour ne pas être pris de vitesse par les OTTs comme Skype,

Google, Facebook ou Yahoo! qui ont développé leurs propres offres mobiles. Quelle stratégie adopter pour les opérateurs mobiles purs ? P. P. Ces opérateurs verront leurs revenus trafic voix baisser au profit d’acteurs capables de déployer rapidement de la VoIP. En cause, leur méfiance vis-à-vis des usages VoIP et les conditions d’utilisation de leurs forfaits data mobiles qui bloquent son utilisation. Il leur faudra donc rapidement adopter les services VoIP, portés par l’augmentation de leur capacité réseau et la réduction du coût de ce type de communication par rapport au service voix mobile sur les réseaux 3G. Préalable technique indispensable : disposer de réseaux 4G. Ils doivent donc déployer massivement ou trouver des accords de partage d’infrastructures. À quel rythme s’effectue la convergence ? P. P. La convergence vers le tout IP est inéluctable car elle permet de réduire les coûts d’OPEX d’un opérateur. Néanmoins, chaque opérateur avance à son rythme, en fonction de l’historique de son réseau, du renouvellement de ses équipements et de son marché. Ce qui va être déterminant pour la suite est précisément la vitesse de déploiement de ces réseaux 4G, car ils représentent des coûts d’investissement très lourds.

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