PPrama : le panorama hebdomadaire de la préfecture de police

23 juil. 2014 - La brigade de protection des mineurs (BPM) est l'une des sept brigades centrales de la direction régionale de la police judiciaire (DRPJ).
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PPrama : le panorama hebdomadaire de la préfecture de police

PPrama N°324 - 23 juillet 2014

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PPrama a décidé cet été de porter un autre regard sur quelques services de la préfecture de police, d’aller audelà de l’image que l’on peut avoir d’eux habituellement, et de laisser ceux qui en sont le cœur en parler. Voici un "11 points" pour tout savoir sur…

LA BRIGADE DE PROTECTION DES MINEURS

La brigade de protection des mineurs (BPM) est l’une des sept brigades centrales de la direction régionale de la police judiciaire (DRPJ). En charge de la répression des infractions commises à l’encontre des mineurs, elle s’est particulièrement impliquée ces dernières années dans la lutte contre la traite des êtres humains.

Forte de 85 effectifs, la BPM est composée de groupes d’enquêtes chargés des affaires menées dans le milieu intrafamilial (incestes, excision, enlèvements parentaux, maltraitance…). Ces derniers ont été saisis de 131 dossiers en 2013, dont 60 viols et 67 agressions sexuelles (125 affaires en 2012, dont 47 viols et 67 agressions sexuelles).

Et de groupes opérationnels qui se consacrent à l’extrafamilial (agressions sexuelles principalement -, traite des êtres humains, prostitution…) ; en 2013, ils ont été chargés de 265 affaires dont 89 viols et 142 agressions sexuelles (331 en 2012, dont 11 viols et 179 agressions sexuelles).

Un groupe spécialisé est quant à lui dédié aux infractions à caractère sexuel commises sur Internet et dont l’une des armes est la cyberinfiltration. En 2013, il a été saisi de 78 affaires et a procédé à l’analyse de 288 disques durs.

Il incombe également à la BPM de contrôler les lieux où des mineurs sont susceptibles de se prostituer (gares parisiennes, bois de Vincennes, bois de Boulogne).

01. UN LIEU D’INTERVENTION QUI VOUS A MARQUÉ

Les campements illicites où vivent de jeunes Roumains en banlieue parisienne où nous sommes confrontés à l’exploitation des enfants par des adultes, à des enfants victimes de violences, de sévices, d’agressions sexuelles.

Plus proche de nous, le 12 quai de Gesvres (4e), siège de notre brigade, mais surtout lieu de mémoire où le 9 juillet 1986, l’inspecteur divisionnaire Marcel BASDEVANT a trouvé la mort dans un attentat perpétré par action directe dans les locaux alors occupés par la brigade de répression du banditisme.

02. UNE DATE À NE PAS OUBLIER

Le 1er octobre 2003 arrivée d'une psychologue à la BPM. Une première au sein de la police nationale. Son rôle, apporter un réconfort immédiat aux victimes

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ainsi qu’à leurs familles, très traumatisées par l’infraction que leur enfant a subie. Elle va également orienter les victimes vers la structure la plus adaptée à leur prise en charge psychologique afin d’éviter que le traumatisme ne s’installe.

03. UNE QUALITÉ INDISPENSABLE

Garder le doute en permanence car ce qui caractérise le travail d’enquête concernant les mineurs victimes est l’absence de certitudes. Dans le domaine intrafamilial notamment, les difficultés sont importantes car les éléments matériels sont rares et les techniques policières classiques inopérantes. Notre point de vue sur les faits n’est que partiel et nous n’apportons qu’une partie de la réponse. Ce qui explique que nous ne pouvons travailler de façon isolée et que nous agissons toujours en liaison avec nos partenaires : urgences médico-judiciaires (UMJ), experts (pédopsychiatres), aide sociale à l’enfance (ASE) et associations.

04. ON A BIEN RI CE JOUR LÀ

Les situations auxquelles nous sommes confrontées ne sont jamais drôles. Néanmoins comme dans tout service de police ou comme dans toute profession où l’on doit faire face à l’innommable, nous avons besoin de décompresser et de rire de ce que nous vivons et voyons. C’est un exutoire mais qui, à ce titre, doit rester entre nous.

05. UN MAUVAIS SOUVENIR

Nous aimerions avoir un mauvais souvenir à évoquer, cela signifierait que les bons moments l’emportent sur les mauvais mais à chaque semaine s'ajoutent des mauvais souvenirs, les frontières de l’insupportable sont toujours repoussées. On se dit qu'il ne sera pas possible d'aller plus loin. Et pourtant…

06. UNE MÉTHODE BIEN À VOUS

Construire des dossiers avec très très peu d'éléments et obtenir des aveux.

Sans oublier le travail des groupes opérationnels qui peut durer des années, pour les affaires intrafamiliales, nous travaillons dans l’huis-clos des familles, nous sommes confrontés à leurs secrets, aux problèmes de bonne et mauvaise conscience des uns et des autres, à leur complicité. Nous devons aller au-delà de leur silence. En outre, les faits sont très éloignés dans le temps. En matière d’inceste, il se passe en moyenne 10 ans avant qu’il n’y ait dénonciation, 9 ans pour les autres agressions sexuelles. Les preuves matérielles habituelles n’existent pas ou plus (marques physiques, ADN…), il nous faut malgré tout corroborer déclarations des victimes et réalité : y-a-t-il une cohérence entre la chronologie des faits tels que dénoncés et des changements de comportements (décrochage scolaire, comportements asociaux…). Le travail d’audition est très important, il faut vérifier qu’il n’y a pas de contradictions dans les propos de la

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victime, du mis en cause, et le moment venu, amener celui-ci, pas à pas, étape par étape, à reconnaître ce qu’il a fait.

07. C’ÉTAIT MIEUX AVANT

Sur la forme, nous sommes confrontés à des changements continus de procédure auxquels nous devons nous adapter en permanence. On demande toujours plus aux policiers. Nous sommes passés d’une profession « libérale » à une profession « très réglementée ».

Sur le fond, Internet a permis aux prédateurs sexuels d’avoir des milliers d’enfants à portée de main. Et d’accéder à leur univers en quelques clics de souris. En outre, les progrès technologiques permettent d’accumuler des quantités de données de plus en plus grandes qui génèrent un très gros travail d’exploitation. En 2013, le groupe Internet a ainsi exploité 185 téra octets (To*) de données à partir de disques durs, cartes mémoires et clefs usb, contre 150 To en 2012, soit 23% en plus. Au cours d’une seule et même affaire, en 2013, nous avons saisi 13 To de données dont l’analyse a duré 3 mois. A ce jour, le record de quantité de données saisies et analysées en une affaire depuis la création du groupe est de 44 To.

* 1 To= plus de 200 DVD

08. C’EST MIEUX MAINTENANT

Le mieux ne concerne que les moyens dont nous disposons : salle spécialisée pour l’audition des très jeunes victimes, innovations initiées par le groupe telles la salle SARE (système d’analyse et de recherche électronique) dotée de serveurs performants et de logiciels d’analyse permettant l’exploitation sur plusieurs ordinateurs d’un disque dur. En 2013, nous avons ainsi intégré dans le logiciel LACE (law enforcement against child exploitation), qui permet d’automatiser le tri et la classification de photos et de vidéos saisis dans le cadre d’enquêtes sur l’exploitation sexuelles d’enfant en ligne, 2 054 910 images et 29 769 séquences vidéos de mineurs extraites de disques durs préalablement analysés.

Malheureusement, aucun mieux dans les comportements, les faits dont nous sommes saisis demeurent stables.

09. SI LA TECHNIQUE LE PERMETTAIT…

Lire l'avenir pour éviter qu'il se produise ; mais il n'y aurait plus alors d'avenir...

Plus envisageable, avoir la possibilité de résoudre tous les dossiers qui ne le sont pas encore "les cold case". Les progrès scientifiques, technologiques, la création de nouveaux fichiers, nous permettent de lancer de nouvelles analyses et identifier les auteurs d’infractions notamment de viols et d’agression sexuelles. Ces dernières années, nous avons ainsi pu élucider une douzaine d’affaires par l’exploitation d’empreinte palmaire ou d’ADN à partir d’anciens scellés comme en 2012, où l’auteur de 52 agressions sexuelles et viols commis entre 1983 et 2003 a pu être interpellé. De même, des agissements dont la preuve est difficile à matérialiser comme ceux des « frotteurs » où le seul contact consiste en l’effleurement des vêtements des victimes le sont désormais grâce à l’exploitation de micro traces d’ADN.

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10. UNE DEVISE POUR VOTRE SERVICE

Ce qui embellit le désert c'est qu'il cache un puits quelque part. C'est un peu notre travail de trouver un puits dans un désert immense.

11. UN PERSONNAGE DE FICTION QUI INCARNERAIT VOTRE SERVICE

Un mélange du Petit Prince, de Tintin et du Génie de la lampe d’Aladin pour sa capacité à se métamorphoser rapidement et qui serait doué d’un sens de l’humour sans faille.

L'infolettre PPrama est réalisée et diffusée par le service communication de la préfecture de police.

Directeur de la publication : Xavier Castaing, Chef du service de la communication, Cabinet du préfet de police.

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Rédacteur en chef : Didier Carié. Rédacteur en chef technique : Denis Cottin.

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