Franc-Nord vol 3 no. 2 (printemps 1986)

liam Osgood et Leslie Hurley. (édition de l'Homme, coll. sport,. 1974) et La ...... ses pattes sont teintés d'une couleur rose saumonée, et ses gros yeux globuleux.
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conscr ucr

union québécoise pour la conservation de la nature

AVIS DE CONVOCATION À TOUS LES MEMBRES DE l'UQCN L'assemblée générale annuelle de l'Union quéMcoise pour la conservation de la nature (UQCN) aura lieu à /'université de Montréal, mardi le 13 mai 1986, à 19h30. Les ateliers de l'UQCN, qui s'insèrent normalement dans le cadre de l'assemblée générale, seront remplacés cette année par un colloque intitulé : Vers une stratégie québécoise de conservation de la nature: l'état de l'environnement du Québec. Le programme du colloque est annoncé ci-contre. Tous les affiliés, ainsi que les membres individuels, sont invités à contacter le bureau de /'UQCN à Montréal pour des renseignements supplémentaires concernant les modalités de participation à ce colloque, qui se tiendra dans le cadre du Congrès annuel de l'ACFAS (Association canadienne française pour l'avancement des sciences).

AUX PHOTOGRAPHES AMATEURS

9141 , avenue du Zoo Charlesbourg, Qc, G 1G 4G4 Tél. (418) 628-9600 Directrice : Hélène Beaulieu Rédacteur: Jean Hamann Traitement de texte, administration et abonnement: Lorraine Côté-Ouellet Comité de direction Hélène Beaulieu, André Delisle, Francine Estérez-Minvielle, Harvey Mead Comité de rédaction Cyrille Barrette, Janouk Murdock, Jacques Prescott Révision des textes René Moisan, Camille Rousseau ConseDlers à la production Yves Bédard, Jean-Luc Grondin, René Lemieux ConseDler en administration Jacques Proulx ConseDler juridique Claude Wallot Conception graphique: Oblique inc. Composition et montage: Compélec inc. Séparation de couleurs: Les Ateliers Graphiscan Impression: Imprimerie Canada inc. Distribution en librairies et kiosques: Distributions Éclair Publicité: Québec: Hélène Beaulieu, (418) 628-9600 Montréal: Nathalie Zinger, 307, boui. Henri-Bourassa est, Montréal, Qc, H3L 1C2. (514) 381-2235. FRANC-NORD, la revue officielle de !"Union québécoise pour la conservation de la nature (UQCN), est éditée quatre fois lan. En 1986, la cotisation pour les membres individuels de l"UQCN est de 12,00 ' pour un an, celle des organismes affiliés est de 25,00 '. Les membres de l"UQCN sont automatiquement abonnés à FRANC-NORD. Les abonnements à FRANC-NORD, pour les bibliothèques, les écoles et autres organismes non-affiliés, sont de 12,00 ' pour un an au Canada, et de 17 ,OO ' à l'étranger. Le numéro se vend en kiosques et en librairies, à 3,25 ' . Les chèques ou mandats postaux doivent être établis à l'ordre de: FRANC-NORD. Courrier de deuxième classe. N° 6284. Port de retour garanti: FRANC-NORD, 9141 , avenue du Zoo, Charlesbourg, GlG 4G4, FRANC-NORD PRINTEMPS 1986 (Date de parution mars 1986). La direction laisse aux auteurs l'entière responsabilité de leurs textes. Les titres, sous-titres et les textes de présentation sont !'oeuvre de la rédaction. © Copyright 1986 - FRANC-NORD Le contenu de FRANC-NORD peut être reproduit avec l'autorisation de la direction. Dépôt légal: Bibliothèque nationale du Québec, Bi· bliothèque nationale du Canada, premier trimestre 1984, ISSN-0822-7284.

La publication de ce périodique est rendue possible grâce à !"aide du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et du ministère de la Science et de la Technologie (Québec). Nous tenons à remercier toutes les personnes dont les conseils ont contribué à la réalisation de ce numéro. Soulignons aussi la collaboration hautement appréciée du Collège régional Champlain.

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La descente dans l'enfer du plaisir. Le rafting fait fureur partout en Amérique du Nord. par Sylvie Gourde et Yvan Lamontag'n e

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Étranges tortues. Huit espèces de tortues habitent le Québec. Les connaissez-vous?

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par Antoine Saucier

Cap vers l'avenir. Les pêches commerciales sont en pleine mutation. Pour le meilleur et pour le pire. par Jean Hamann

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Les perles du golfe. Les Îles-de-la-Madeleine, pas encore le paradis, mais presque.

par Louise Caron

Chroniques 4

Votre courrier .••

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Éditorial ... Les hauts et les bas de notre faune.

par Harvey Mead

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Penser globalement. .. Pourquoi le sud nourrit-il le nord? par Marie-France Legault

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Loisir-saison ... Le grand retour d'un petit oiseau. par la Société linnéenne du Québec

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Agir localement... Le syndrome de la belle pelouse. par Véronique Boutin

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Vous aimerez savoir .. .

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Vous aimerez visiter... Les chutes, spectacle son et lumière. par Marc Hardy

Photo en page couverture; !'Île d'Entrée aux Îles-de-la-Madeleine. Gracieuseté Marc Hardy.

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t/Mtlltl:.. LA RAQUETTE À NEIGE ANGUILLES, MISE AU POINT J 'ai particulièrement apprécié l'article de Paul Carpentier sur la raquette à neige (Vol. 3, no 1). Pour ceux et celles qui désirent en savoir plus sur « comment choisir ses raquettes à neige '" trois références valent la peine d'être mentionnées : La raquette de Gérard Lortie (édition du Jour, 1972), La raquette de William Osgood et Leslie Hurley (édition de l'Homme, coll. sport, 1974) et La raquette de Gene Prater (édition Marcel Braquet, 1983). Merc i à Franc-Nord d'exister en publiant des articles fort utiles au grand public et au monde scolaire, entre autres, aux étudiants(es) du domaine plein air de léducation aux adultes du Cégep de Hauterive. Lise Brunet Baie-Corneau

BRAVO POUR LE CARCAJOU!

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COLLISIONS AUTOS-ANI.MAUX

La page couve rture de Franc-Nord, automne 1985 (Vol. 2 , no 4) correspond à un e pêche en trappe en filet à anguille et non pas comme vous l'indiquiez à une pêche à fascines. Yvan Lévesque Ville de La Baie

J 'aimerais souligner l'excellence du reportagge « Le diable du nord », de Johanne Dagenais (Vol. 3, no 1). Dans la même veine, je souhaiterais grandement voir paraître un article sur le cougar de lest, un animal qui m'impressionne et qu'il me fascinerait de mieux connaître.

J 'ai trouvé votre numéro d'automne 1985 très intéressant. J 'aimerais savoir où on peut se procurer le sifflet qui prévient les animaux de l'arrivée d'une automobile (collisions autos-animaux, Vol. 2, no 4 ).

Au sens strict du terme, vous avez raison. Les fascines sont des branchages, le plus souvent des aulnes, entrelacés pour former un tissu ir:iftanchissable par /'anguille. Cette technique mise au point par les Amérindiens a été reprise par les premiers colons arrivés au pays. Plus tard, les branchages ont été remplacés par du treillis métallique. Malgré cela, l'expression « pêche en fascines », consacr ée par l'usage, est demeurée pour désigner ce type d 'engin de pêche.

Dans le même numéro, paraissait un article rédigée par Danielle Delhaes. J'y ai appris qu'elle était l'auteure d'un guide d'activités en sciences de la nature. Comment peut-on se le procurer? Luce Balthazar Sainte-Blandine

On peut se procurer ces sifflets au coût de 18,50 $ la paire plus 2,50 $ de frais d 'envoi en écrivant à: Ontario Humane Society, 620, Yonge Street, Newmarke~ Ontario, LJY 4V8.

Ce guide est présentement en préparation. Il devrait être disponible en septembre. Pour plus de renseignements, vous pouvez écrire au 2870, Bouthillier, Carignan, Québec, JJL 3P9 (514) 465-0092).

Union québécoise pour la conservation de la nature

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John Symon

Montréal

N.D.L.R. Les communiqués doivent nous parvenir au plus tard 40 jours avant la date de parution d'un numéro.

penser globalement, agir localement

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bureau: 9 141, avenue du Zoo, Charlesbour9, Gl G 4G4, tél.:(418)628-9600 es~ Montréal, H3L 1C2, tél. : (514) 381-2235

à Montréal : 307, boui. Henri-Bourassa

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L"UQCN est un organisme national sans but lucratif. Elle regroupe des individus ainsi que des sociétés oeuvrant dans les domaines des sciences naturelles et de !"environnement L'objectif principal de l"UQCN est de créer les moyens d'éducation et d"intervention efficaces en vue d'une meilleure appréciation de !"environnement naturel et d"une utilisation durable des ressources. Conseil de direction de l'UQ CN : président: Harvey Mead; vice-président aux parcs et sites protégés : Jean-Luc Bourdages; vice-président à la conservation: Yves Bédard; vice-président à la régie interne: Raymond Frenette; vice-président à !"éducation: Jean-Noël Vigneault; secrétaire: Jean Sylvain; trésorier: Jacques Proulx.

Affiliés: Amis de /a nature de Georgeville, Associaüon des entomologistes amateurs du Québec, Associaüon québécoise d'interprétation du patrimoine, Centre atlantique de /'environnement, Centre de conservation de la nature du mont Saint-Hilaire, Centre de la montagne, Cercle des jeunes naturalistes, Club des naturalistes Catharine Traill, Club des naturalistes de la vallée de la Saint-François, Club des ornithologues de la Gaspésie, Club des ornithologues du Bas-St-Li!urent, Club des omithologues amateurs du Saguenay-Lac St-Jean, Club des ornithologues du Québec, Club d "ornithologie Sorel-Tracy inc., Comité d'étude sur les produits toxiques, Comité permanent sur /'environnement de Rouyn-Noranda, Conseil régional de l'environnement de l'Est du Québec, Fédération canadienne de la nature, Fédération québécoise de la marche, Fonds mondial pour la nature - Canada, Groupe d 'animation en sciences naturelles, Groupe Fleurbec, Groupe Inter-Paysages, Groupe Nature et Patrimoine, Li!boratoire d 'écologie végétale de l'Institut botanique de Montréal, Li!boratoire de géographie de /'université du Québec à Chicoutimi, Montreal Field Naturalis~ Naturalistes adultes du Québec, Parc régional de la Rivière-du-Nord, Regroupement pour la préservation de 171e et du marais de Katevale, Sentier d 'interprétation de la batture, Société culturelle et écologique de la basse Côte-Nord, Société d 'animation du Jardin et de /'Institut botanique de Montréal, Société d 'entomologie du Québec, Société d 'histoire naturelle de la vallée du SaintLauren~ Société de biologie de Montréal, Société de géographie de Québec, Société des amis du Jardin Van de:i Hende, Société du loisir ornithologique de /'Estrie, Société linnéenne du Québec, Société pour la conservation des sites naturels, Société Provancher d'histoire naturelle, Société québécoise de la spéléologie, Société québécoise pour la protection des oiseaux, Société zoologique de la Mauricie, Société zoologique de Québec.

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printemps 1986

Les hauts et les bas de notre faune Au Québec, le piégeage, la chasse et la pêche sont bien ancrés dans nos traditions. Cependant, les résultats d 'un sondage réalisé par Environnement Canada, en 1984, révèlent que la vaste majorité des Canadiens valorisent maintenant une utilisation non consommatrice de la faune. Le Québec a dépassé il y a longtemps l'époque où la faune était assez abondante pour que tout Je monde puisse en tirer un bénéfice concret par sa capture. Le déclin jusqu 'à la disparition, ou presque, a été le sort de toute une litanie d 'oiseaux et de mammifères qui fré quentaient Je nord-est de /'Amérique. Dans un tel contexte, on peut s 'interroger sur tout effort de « mise en valeur » de la faune qui n 'offre pas de garanties sûres de protection. En 1984, Je ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche (MLCP) a promulgué une nouvelle politique de piégeage, axée sur une plus grande accessibilité à la faune indigène, notamment à proximité des agglomérations urbaines. Le MLCP encourage la pratique d 'un piégeage " récréatif », permettant à des mmiers de personnes de capturer un nombre indéfini d 'animaux comme pratique de « plein air ». La vente des fourrures permet aussi à ces trappeurs du dimanche de tirer un revenu de leur activité, chose insolite dans le domaine du plein air. Non seulement cette politique de piégeage récréatif va-t-elle à /'encontre de /'utilisation non consommatrice de la fa une souhaitée par la m ajorité des citoyens, m ais elle Je fait sans établir de quotas - des limites aux captures - alors qu'on ne connaît même pas l'état des populations des animaux à fourrure visés. De plus, /'application de la politique augmentera en même temps les prises accidentelles de nombreuses espèces, surtout d'oiseaux, qui ne sont pas visées. L 'Union québécoise pour la conseNation de la nature ne s 'oppo-

se pas à la chasse, à la pêche et au piégeage comme tels. Les deux premières constituent des activités de récréation bien enracinées dans notre culture et elles ne sont pas pratiquées dans Je but d 'obtenir un revenu, bien que Je problème du braconnage reste à régler. Le piégeage, jusqu'à /'adoption de la nouvelle politique, était, au contraire, limité à une exploitation commerciale qui, en principe, pouvait être contrôlée. Par contre, il faut admettre que la plupart des espèces fauniques indigènes ont été exploitées par le passé, pour le commerce ou pour la récréation, à un point tel que leurs effectifs ne constituent plus aujourd 'hui qu 'une fraction de ce qu'ils étaient il y a 400 ans. Les pressions sans cesse croissantes qui s 'exercent sur les habitats fauniques aggravent cette situation. Contre la tendance vers Je bas, et dans une région où Je milieu n 'a pas encore été complètement transformé, une espèce indigène connaît actuellement une croissance spectaculaire de ses effectifs. D 'environ 5 000 individus dans les années 1950, Je troupeau de caribous du fleuve George a apparemment atteint, en 1985, une population d'environ 500 000 têtes. C'est ce troupeau qui a subi la noyade massive à /'automne de 1984. De par son abondance, le troupeau peut éventuellement exercer une pression importante sur son propre habitat. Ce phénomène règle, gén éralement, les explosions de ceN idés ; un déclin impressionnant suit /'expansion, lorsque Je troupeau dép asse les limites de support de son territoire. Face à cette situation, Je MLCP a mis sur p ied un programme expérimental de commercialisation du caribou. Pour Je ministère, il s'agit de tirer d'une grande abondance quelques emplois et un revenu d'appoint dans une région qui en connaît très peu. Le projet est intéressant. Il ne semble pas à prime abord mettre en

danger le troupeau, et pourrait même s'avérer positif dans l'ensemble, s 'il réussissait à freiner la croissance du troupeau de caribous dans Je Nord et ainsi protéger son habitat d'une dégradation potentielle. Par contre, il comporte aussi des dangers. Personne ne peut vraiment prédire le comportement futur du troupeau. Il est possible que les populations de caribous connaissent des cycles d 'abondance et de régression, à /'instar de nombreuses espèces animales. Mais nous savons avec certitude que J'aire de répartition du caribou au Québec n 'a cessé de diminuer depuis /'arrivée des Blancs. Dans Je cas des espèces peu abondantes de nos jours, il est essentiel que J'agence gouvernementale responsable de la conseNation des ressources fauniques s'adresse aux besoins de la vaste majorité des citoyen(ne)s, qui profitent de la faune sans la consommer. Leurs visites à la campagne ou en forêt visent très souvent la simple obseNation de la faune. La seule présence de pistes peut répondre à Jeurs attentes. Quant au troupeau de caribous du fleuve George, il sera intéressant de voir si sa croissance actuelle permettra à l'espèce de repeupler naturellement des aires d 'où il est disparu. Il reste à voir également si Je commerce de la viande de caribou, une fois mis en place, constituera un outil de gestion efficace, ou une pression de plus sur une autre population faunique, lorsque cette dernière commencera à connaître un déclin éventuel.

Harvey Mead

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par Sylvie Gourde et Yvan Lamontagne

Mode passagère ou nouvelle orientation pour le plein-air, peu importe, le rafting fait présentement fureur au Québec. Émotions fortes gara,nties ! La rivière se faisait particulièrement bruyante et menaçante cette journée-là. Gonflé par les pluies diluviennes qui s'étaient abattues sur la région au cours des deux derniers jours, le torrent impétueux et presque arrogant semblait, cette fois, bien décidé à désarçonner une fois pour toutes ces jeunes chevaliers fous venus de la ville pour dompter, à grands coups de pagaies, les remous inhospitaliers de la rivière Jacques-Cartier.

L'éloge de l'angoisse

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Si l'effet recherché a été immédiat sur plusieurs d'entre nous, il en fallait visiblement plus pour ébranler notre guide, un solide gaillard barbu aux allures rassurantes d'un coureur des bois. Comme à la veille d'un important combat, les minutes précédant l'assaut sont, très souvent, les plus longues et les plus pénibles à supporter. Ici, la règle est respectée. Réunis autour de l'immense radeau pneumatique auquel nous nous apprêtons à confier aveuglément nos vies, nous écoutons religieusement les conseils du guide qui, de son côté, n'hésite pas à anticiper avec détails sur les plus apocalyptiques scénarios que pourrait entraîner une telle descente aux enfers ... si, par malheur, ses conseils n'étaient pas suivis. li ne s'agit pas, ici, d'affoler inopinément les troupes, mais plutôt de leur faire comprendre que la descente en canot pneumatique de la rivière Jacques-Cartier, si elle demeure à prime abord une partie de plaisir, comporte aussi une part de risques qu'un canoéiste averti peut éliminer. Le discours dure une bonne quinzaine de minutes. On y apprendra comment s'agripper aux cordages du pneumatique lors de passages difficiles, comment réagir quand notre voisin ou

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printemps 1986

nous-mêmes tombons à l'eau, que faire lorsque le canot chavire ou, de façon plus élémentaire, comment pagayer en équipe en évitant de tourner indéfiniment en rond. L'angoisse de ne plus jamais revoir sa mère conjuguée à l'impatience de dominer pendant quelques heures la matière se lit maintenant sur la figure des huit braves, autant d'hommes que de femmes, qui, sur ordre du guide, empoignent nerveusement le radeau pour le jeter à la rivière. C'est l'heure! Première constatation: même si nous sommes à la mi-juillet, l'eau est froide, pas glaciale mais juste saisissante. C'est pour cette raison qu'avant d'engager le radeau dans le courant, le guide ordonnera à chacun

d'entre nous de se jeter par dessus bord, question de se familiariser complètement avec la température de l'eau (environ 12°C), tout en mettant en pratique les techniques de « récupération » enseignées plus tôt. « Ainsi, dit le guide, si tu tombes réellement à l'eau, tu n'as pas à affronter le double stress, celui de l'eau froide et celui du rapide ... ,, ·

De !'Apéritif au Hache-viande Nous partons enfin. Pour les dix prochains kilomètres, nous n'avons plus qu'à demeurer attentifs aux ordres hurlés par notre guide, assis derrière le canot. Premier commandement: « En avant toute! »

Eaux tumultueuses, radeau à demi-submergé, rochers menaçants, remous, Je rafting évoque des images plus casse-gueule les unes que les autres.

À peine ai-je le temps de tremper maladroitement ma pagaie que voilà la première épreuve. Une vague de plus de deux mètres s'abat sur nous sans avertissement. Nous sommes en plein coeur dü premier rapide. Son nom? L'Apéritif. Il est maintenant trop tard pour demander à faire demi-tour. Tant pis, je souris à ma compagne de droite et espère de tout coeur qu'elle ne remarquera pas que je suis transi de froid... et de peur.

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Rapidement, nous approchons des Frangins, un rapide absolument démoniaque composé de deux seuils consécutifs à droite, générant des remous de plus de trois mètres de haut. Le commandement n'invite pas à la réflexion.

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« En avant toute et vite! Droit devant à plein régime! » Il faut être plus rapide que le courant sans quoi, c'est la catastrophe. La manoeuvre a réussi. Nous avons évité le pire. Le pire? Aie! Aie! Entre deux vagues, le guide se charge lui-même de la partie « animation » de l'expédition en donnant un véritable cours de géologie à l'équipage. Il faut dire que le décor s'y prête merveilleusement bien. Tout est si naturel. Ces blocs erratiques, ces roches diagonales, ces marmites géantes, ces... ces... « Mais qu'est-ce que c'est que ça? » « Le Hache-viande », me dit calmement le guide, le pire de tous "· Incroyable, nous allons tout droit vers la mort et le gars d'en avant trouve encore le temps de rigoler. Il délire probablement. J 'apprendrai, plus tard, qu'il n'en était pas à sa première descente. Cette fois, je me résigne à m 'agripper aux cordages tout comme d'ailleurs le reste de l'équipage. Pauvre guide, il a beau s'égosiller, ses ordres, comme le radeau, sombrent dans la vague. Tour complet sur elle-même, voilà que l'embarcation ne répond plus, elle aussi. Le torrent gronde un dernier coup. Je vérifie nerveusement si mon casque et mon gilet de sauvetage (obligatoires) sont encore bien en place. Nous sommes enfin passés. Le raft est plein d'eau mais au moins, nous sommes encore tous là pour patauger dedans. Maintenant l'équipage est unanime. On accoste, on écope, on se calme un peu. Jusqu'au prochain ... Il en reste encore cinq autres à franchir. Ouf! Après de trop courtes minutes de repos et, pour les insatiables masochistes, quelques leçons privées de « body surfing », nous repartons de plus belle. Prochaine épreuve : « la Surprise », un rapide de 600 m séparé au centre par une minuscule île de granit. À droite de cette île, c'est une descente échevelée en cascade et à gauche, une chute de près de 3 m. «Tenez-vous bien, lance le guide fou, on va du côté gauche ... » Quoi! Ça va pas non? Il était déjà trop tard. J'avais beau protester mais, je ne sais pourquoi, aucun son ne semblait vouloir sortir de ma gorge. Nous ne sommes plus qu'à quelques mètres de la chute, le radeau s'emballe! Comble de malheur, nous allons descendre de reculons. Mousse et écume prennent graduellement place à bord ... C'est à ce moment que je me suis soudainement rappelé tous les conseils que nous avait donnés notre guide, quelques heures plus tôt. « Ne pas paniquer; ne pas tenter de se lever et de marcher dans la rivière; se laisser dériver par le courant les deux jambes un peu surélevées au-dessus du niveau de l'eau; quand le rapide sera passé, on ira vous repêcher. N'ayez pas peur et amusezvous bien ... » On s'en reparlera après le rapide ...

printemps ~

Vendeurs d'émotions Il fallait quand même qu'ils aient du cran, mes ancêtres, pour descendre régulièrement la Jacques-Cartier, debout sur leur radeau de pin, afin d'aller vendre leur dernière coupe de bois de pulpe au marché de !'Anse-au-Foulon. Mais c'était en 1857. Aujourd'hui, l'utilitaire a cédé le pas au plaisir. Ce plaisir d'avoir l'impression de jongler avec le destin, de se rendre aux frontières de l'insoutenable, privilège jusque-là réservé aux aventuriers inconscients, aux kayakistes avertis ou aux vedettes de cinéma. N'est-ce pas d'ailleurs pour répondre à ce besoin d'émotions fortes que Denis Lépine (notre guide!) et Jean Bourget ont décidé, il y a à peine un an de mettre sur pied leur propre organisation de rafting, Excursions Jacques-Cartier? Deux radeaux (à 10 000 $ pièce) et quelque 1 200 clients plus tard, Denis Lépine demeure convaincu qu'il s'agit là d'une mode et que conséquemment, toute mode est là pour être exploitée. Mais la compétition se fait de plus en plus vive sur les remous québécois. Lépine et Bourget, par exemple, étaient auparavant tous deux à l'emploi d'Explo-Plein Air, organisation qui proposait déjà la descente de la Jacques-Cartier en canot, en kayak et en radeau pneumatique. « Ils croyaient peut-être que ça me rendait millionnaire, » dira Jacques Grondin, proprio d'Explo-Plein Air qui entend bien répliquer à cette compétition féroce en offrant aux Québécois les rivières de ... l'Amazonie et du Zaïre. « Les gens sont friands d'aventure, nous allons leur en donner », explique-t-il. Au Québec, l'exploitation « pneumatique » des rivières potentiellement aventureuses s'est amorcée il y a environ six ans quand un champion national kayakiste en mal de nostalgie, Chris Phelan, de Montréal, a fondé la compagnie Nouveau Monde. Durant le premier été, 900 curieux sont venus prendre place à bord des deux canots de Chris pour s'élancer, comme on leur avait promis, sur une portion de la rivière Rouge, dans la partie nord des Laurentides. L'an dernier, Nouveau Monde, avec sa flotte de 70 radeaux, a accueilli 30 000 braves qui ont déboursé entre 45 $ et 575 $ pour s'aventurer sur l'un des quatre cours d'eau exploités (rivière Rouge, Batiscan, Ottawa et Harricana). Dépendamment des sensations recherchées et des moyens financiers à votre disposition, vous aviez alors la possibilité de choisir entre la simple excursion d'une journée ou l'expédition de radeau-camping de cinq jours dans le Nord québécois. Pour les plus exigeants, Nouveau Monde offrait même la rivière Colorado sur un plateau d'argent (entre 500 $ et 1 200 $ dollars US). Et s'il vous restait quelques dollars, vous pouviez toujours

vous procurer le film de vos prouesses, enregi.s trées sur cassettes magnétoscopiques. L'idée a trouvé preneur : 1 800 cassettes vendues dès la première année. Aujourd'hui, environ une demi-douzaine de compagnies se partagent sans vraiment d'exclusivité les rivières du Québec, ce qui fait que chaque nouvelle saison voit naître une nouvelle « expédition» qui, si elle n'est pas supportée par d'importants capitaux, doit se résigner, après un an ou deux, à dégonfler définitivement ses boudins. La saison québécoise de rafting s'amorce généralement vers la mi-avril pour se poursuivre jusque dans les eaux glaciales d'octobre.

... Les Montagnais ont surnommé la Jacques-Cartier, "l'eau-qui-vient-de-loin-escortée-par-les montagnes "· Les draveurs, eux, l'appelaient " la mangeuse d'hommes "·

Le rafting est, on s'en doute bien, un sport essentiellement américain qui a pris naissance il y a une vingtaine d'années quelque part dans les méandres sauvages du fleuve Colorado. Avec le temps, le fleuve Colorado est vite devenu une attraction touristique d'importance pour les Américains si bien que chaque année, plus de 1OO 000 touristes, enfants comme vieillards, descendent le vigoureux fleuve à dos de pneumatique. La vague a finalement atteint le Canada au début des années 70 quand Joe

Rafting. À lui seul, le mot fait bien vite défiler toute une série d'images plus casse-gueule les unes que les autres. Eaux tumultueuses, radeau à demi-sub-

pour certaines compagnies, de peser au moins 40 kg, il n'en demeure pas moins que chaque participant doit, avant de s'embarquer, signer une formule libérant la compagnie de toute responsabilité. De toute évidence, on veut surtout avoir l'assurance de ne pas être responsable au cas où ... Mais cela n'empêche pas les amateurs de nature et d'eau froide de venir régulièrement frapper aux portes des pourvoyeurs, par curiosité ou par choix. Et les réactions sont généralement unanimes. «Simplement super», dit Pierre, comptable pour une compagnie d'assu-

mergé, rochers menaçants à peine YISIbles, pagayeurs en perte d'équilibre ... Et pourtant, le rafting demeure statistiquement moins dangereux que la conduite automobile. «Il s'agit d'un sport qui demande un esprit d'équipe, dit Denis Lépine, et si l'équipe n'est pas ordonnée, les risques d'accidents n'en sont qu'augmentés. » Même si on mise beaucoup sur l'entraînement des guides et la maturité des participants, les compagnies redoublent néanmoins de précautions quand vient le temps de la distribution des gilets de sauvetage et des pagaies. On a encore en tête le tragique accident de 1979 où trois personnes sont mortes quand leur radeau est allé s'écraser contre un rocher, sur la rivière Fraser, en Colombie Britannique. Les règlements sont très sévères. Si les seuls pré-requis sont de savoir nager, d'être en bonne santé et,

rances qui subissait l'an dernier, son baptême de la mer sur la Batiscan, avec Nouveau Monde. Sa compagne, Brigitte, étudiante, abonde dans le même sens. « Paniquant au début, mais je n'hésiterais pas à y retourner. » « La plupart de nos clients, rappelle Denis Lépine, sont âgés entre 18 et 35 ans, travaillent à la ville, sont individualistes et connaissent souvent très mal leau et sa dynamique », d'où la pertinence du cours de navigation précédant chaque départ. « C'est souvent après toutes ces mises en garde que les gens sont les plus craintifs mais dès que nous avons passé le premier rapide, la peur fait place à l'enthousiasme.» Et pour celui que la trouille ne lâche pas, il peut toujours demander à poursuivre à pied, les parcours étant généralement entrecoupés de bassins d'eaux calmes permettant un débarquement sans ambages.

Kowalski, ancien étudiant de l'université de la 'Pennsylvanie ayant déjà dirigé plusieurs expéditons en kayak et en radeau, vint s'établir en Ontario pour fonder ce qui allait vite devenir la plus importante organisation du genre au pays: la Wilderness Tour.

Plus sécuritaire que l'automobile

De retour sur la Jacques-Cartier « Plouf! Splash ! Blurp ! Non! Personne n'est tombé à l'eau ou n'a écrasé malencontreusement sa pagaie sur le nez du voisin. Non! Le radeau n'a pas chaviré ou (la pire des tuiles !) n'est pas resté coincé contre un rocher, au coeur d'un remous. L'excursion, sous cet angle, des quelque dix plus impétueux kilomètres de la Jacques-Cartier s'est terminée comme prévu, sous un flot d'émotions et de rires, sans plus. La descente de la rivière Jacques-Cartier en radeau pneumatique aura aussi permis aux participants d'en savoir un peu plus sur le cours d'eau et son parc, une richesse encore mal connue des Québébois. Du Petit lac Jacques-Cartier, dans la réserve faunique des Laurentides, d'où elle prend sa source, la rivière JacquesCartier creuse son lit sur quelque 35 km mettant à nu des phénomènes géologiques naturels datant de la dernière glaciation. La Jacques-Cartier, avec ses rapides de catégories trois à cinq et sa dénivellation de 2,5 3, est ainsi reconnue comme étant la rivière la plus tumultueuse de la région de Québec, particulièrement dans le secteur de Tewksbury où sont lancés les radeaux. La rivière Jacques-Cartier, c'est aussi ses irréductibles pêcheurs qui, entre deux massifs rocailleux, lancent leur ligne aux truites mouchetées et arc-en-ciel, aux goujons, ou encore aux saumons qu'on vient tout juste de réensemencer et qui seront « prêts » à mordre à l'hameçon dès 1986. Le rafting peut-il, à la rigueur, perturber toute cette faune aquatique? « Absolument pas! assure Denis Lépine. Nous dérangeons beaucoup plus les pêcheurs que les saumons. Et la portion de la rivière que nous utilisons demeure ainsi très difficile d'accès, les pêcheurs ne sont pas vraiment nombreux ... » Les draveurs appelaient la rivière Jacques-Cartier, « la mangeuse d'hommes». Les Montagnais, eux, l'ont surnommée « l'eau-qui-vient-de-loin-escortée-par-les-montagnes ». Aujourd'hui, les hommes blancs à la recherche de sensations fortes redécouvrent, à grands coups de pagaies, toute la justesse de ces appellations. « La rivière est belle aujourd'hui, embarquons! » Notre guide a maintenant rejoint un nouveau groupe ...•

Sylvie Gourde et Yvan Lamontagne sont journalistes pigistes, tous deux diplomés de /'université Laval.

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printemps 1986

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La tortue mouchetée fréquente les lacs et les marécages. Elle se nourrit surtout de crustacés et d'insectes. (Photo ci-contre). ~

La tortue peinte, la plus commune de nos tortues, aime bien prendre des bains de soleil. (Photo ci-dessous). ~

Photos Yvon Roussel

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Visible surtout au printemps dans les étangs et les marécages, la tortue ponctuée est la plus petite tortue du Canada. ~

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printemps 1986

par Antoine Saucier

Les tortues n'habitent pas que les pays chauds. À preuve, le Québec en compte huit espèces. Les connaissez-vous?

Les tortues ont toujours eu une place dans la mythologie et les légendes populaires. Au Nigéria, la tortue personnifie le principe féminin et représente la terre mère. Au Soudan, on trouve une tribu où chaque maison possède une tortue qui symbolise le chef de famille lorsque celui-ci s 'absente. Plus près de nous, au Québec, les Hurons imaginaient que notre monde n'était que terre sur le dos d'une tortue gigantesque, voguant sur l'océan primitif. Quant aux amérindiens Mohawk, ils craignaient et respectaient la tortue serpentine plus que tout autre animal, et ils en avaient fait l'emblème de leur clan principal. Étymologiquement, le mot « tortue » vient du grec « Tartaras »; le Tartare, dans la mythologie grecque, était un séjour souterrain au fond des enfers où Zeus précipitait ceux qui l'avaient offensé. Perçues comme des créatures infernales ou pour le moins inquiétantes auxquelles on doit le respect, les tortues semblent pourtant des animaux à l'allure des plus placides. Cacheraient-elles un mystère sous leur carapace?

Des collaboratrices de DalWin Marquées par leur origine de façon presque grotesque à certains égards, les tortues nous rappellent le mystère de nos propres origines. Nous devons beaucoup aux tortues, puisqu'elles servirent à Darwin pour étayer en bonne partie sa théorie de l'évolution des espèces. En effet, en 1835, le célèbre naturaliste anglais séjourna plusieurs semaines sur l'archipel des Galapagos, dans l'océan Pacifique, pour étudier les fameuses tortues géantes. li constata alors que chaque île abritait une variété différente de tortues, et que ces différences morphologiques étaient reliées aux caractéristiques propres de la végétation de chaque île.

Les tortues ont subi des adaptations spectaculaires pour atteindre leur forme définitive. Ainsi, elles sont les seuls vertébrés à avoir les pattes antérieures attachées à l'intérieur de la cage thoracique, celle-ci s'étant elle-même transformée en carapace au cours des âges. Apparus sur terre il y a plus de 200 millions d'années, ces reptiles n'ont pratiquement pas changé depuis, démontrant ainsi l'incroyable efficacité de leur organisation biologique à affronter le temps. Animaux inoffensifs et sans défense, les tortues ont le droit d'être respectées et protégées contre l'ignorance et la négligence de l'homme. Les tortues sont des animaux assez résistants. Capables de jeûnes de plusieurs mois, et même d'une année, elles étaient très prisées par les navigateurs des siècles derniers toujours en quête de nourriture pouvant se préserver durant leurs longs voyages de pêche. C'est ainsi que certaines des îles de l'archipel des Galapagos ont été proprement nettoyées de leurs populations de tortues géantes. Les tortues possèdent en plus une étonnante longévité; la tortue tabatière (10 à 15 cm de longueur) bat tous les records chez les animaux d'Amérique du Nord, avec ses 140 ans de vie.

L'ignorance règne Nos connaissances sur les reptiles du Québec sont très limitées. En particulier, nous avons peu d'informations sur la distribution des habitats et sur leur utilisatian en fonction des saisons : sites de pontes, lieux d'hivernation, etc. De même, la mortalité des reptiles, due à la prédation naturelle ou à l'intervention de l'homme, est assez mal documentée. D'une part, on dispose actuellement de très peu de données pour étudier l'impact de l'empiètement humain sur les habitats des reptiles. D'autre part, nous ne possédons pas d'évaluation du nombre d'individus prélevés chaque année pour fins de consommation, de recherches scientifiques ou de vente dans les animaleries. Dans ces conditions, il est pratiquement impossible de déterminer si une espèce est en danger ou non.

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printemps 1986

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Par ailleurs, nous avons beaucoup d'informations sur la biologie de certaines populations locales. Ainsi, une population de tortues peintes, vivant dans un étang à Sainte-Anne-de-Bellevue, a fait l'objet d'études suivies par le professeur Roger Bider du collège Macdonald. De même, entre 1977 et 1980, une étude sérieuse d'une des rares populations québécoises de tortues géographiques a été menée par David Gordon et Ross MacCulloch, également du collège Macdonald. Ces études sont importantes car elles constituent les premiers pas vers la mise en place d'un programme de conservation des habitats des reptiles au Québec.

quel habitat aquatique. Certains l'ont peut-être déjà vue dans un magasin d'animaux où on la retrouve parfois en compagnie des traditionnelles petites tortues à oreilles rouges du Mississipi (i.e. les petites tortues vertes). Les tortues peintes sont difficiles à observer dans la nature. Une bonne façon de les surprendre est de longer le bord d'un lac en canot, par une journée ensoleillée, et de scruter la rive avec des jumelles. Si la chance vous sourit, vous apercevrez bientôt, sur une roche ou un tronc d'arbre à demi submergé, une tortue, cou tendu, les quatre membres étirés tous azimuts, s'adonnant à son activité préférée : le bain de soleil. Si vous

Statut des huit espèces de tortues du Québec Espèce

Statut au Québec

Menaces

Tortue serpentine

Attention spéciale

Commerce, persécution, pollution, perte d'habitat

Tortue ponctuée

Attention spéciale; rare et à la limite de son aire de distribution

Perte d'habitat suite au drainage et au remplissage d'étangs et de marais, collectionneurs d'animaux familiers, pollution

Tortue des bois

Idem

Études requises

Tortue mouchetée

Plutôt commune

Perte d'habitat, urbanisation

Tortue géographique

Attention spéciale; sites de nidification et d'hibernation restreints et fragiles; diminution du nombre de jeunes dans !'Outaouais

Le parc national Archipel prévoit des aires à vocation polyvalente dans des baies fréquentées par cette tortue au lac des Deux Montagnes

Tortue peinte

Pas de statut

Utilisée comme animal familier et comme animal de laboratoire

Tortue molle à épines

Attention spéciale; rare, à la limite de son aire de distribution

Développement urbain, pollution, a déjà été très recherchée pour sa chair

Tortue luth

Pas de statut

Pillage de nids, son huile est utilisée dans la fabrication de cosmétiques

Tiré de La problématique de consetvation des habitats des reptiles au Québec, MLCP, 1985.

12 Parade nuptiale Le Québec compte huit espèces de tortues, vivant surtout dans la région méridionale. Elles sont toutes plus ou moins aquatiques à l'exception d'une seule espèce, la tortue des bois, qui passe l'été dans les champs et les forêts. La plus commune de nos tortues est sans doute la tortue peinte. Cette jolie tortue à la dossière noire et lisse, décorée de taches rouges sur les côtés, semble à l'aise dans à peu près n'importe

printemps ~

tentez de l'approcher, même à 20 m de distance, elle se précipitera à l'eau, prise de panique. Les tortues peintes ont une conception toute particulière de l'amour. Si la femelle n'est pas consentante, le mâle engage des préliminaires émoustillants: la première caresse chélonienne consiste à mordre férocement la peau du cou de sa partenaire (le « turtle neck » ), qui se débat alors comme une diablesse. Entourant la tête de sa partenaire de ses deux pattes, le mâle anime ses longs on-

gles d'une vibration rapide et continue, tout en suivant à la nage les déplacements de sa compagne. Cette « danse » sous-marine, d'une grâce étonnante, se poursuit jusqu'à ce que la femelle soit envoûtée.

Pour sauver les tortues géographiques Le nom de cette tortue lui vient de sa carapace ornée de petits serpentins méandriformes rappelant un peu une carte géographique. Comme la tortue peinte, elle raffole des bains de soleil et est réputée pour son extrême méfiance. Au stade adulte, une différence de taille spectaculaire sépare mâle et femelle de cette espèce: celle-ci est plus de deux fois plus grosse Uusqu'à 23 cm) que son partenaire. Certaines populations de tortues géographiques habitent les régions les plus peuplées de notre province. La mieux connue de ces populations se retrouve au lac des Deux Montagnes. Les tortues s'y cantonnent surtout dans cinq ou six baies. Quelques-unes portent des marques d'identification (encoches sur le bord de la carapace) qui ont été gravées il y a cinq ans par les chercheurs du collège Macdonald. L'étude qu'ils avaient menée avait mis en évidence le fait que les jeunes tortues immatures constituaient moins de 8 3 de la population totale, ce qui est anormalement peu. Ce résultat soulève des inquiétudes, car il pourrait signifier que la reproduction des tortues géographiques est mise en danger par un facteur encore inconnu mais qui pourrait bien être la pollution. Cependant, selon le professeur Roger Bider, une autre possibilité doit être considérée. En effet, on sait maintenant que plusieurs nids sont détruits à cause des variations du niveau d'eau du lac des Deux Montagnes. Les oeufs, enterrés sur la plage à deux ou trois mètres du bord, ne survivent pas à l'immersion. Comme le niveau d'eau est contrôlé par le barrage de Carillon, il est possible que la gestion du niveau des eaux soit responsable des dommages causés aux nids. Dans l'espoir de venir en aide aux tortues géographiques du lac des Deux Montagnes, le professeur Bider projette une tentative dè repeuplement. Il songe d'abord à récupérer des oeufs pour les faire éclore, à l'abri de tout danger, dans des incubateurs. Il faudra ensuite élever les jeunes tortues jusqu'à un âge où elles peuvent mieux résister aux prédateurs, avant de leur rendre la liberté. Devant la difficulté à trouver des nids de tortues pour leurs oeufs, on essaie plutôt d'attraper des femelles portant des oeufs, et ensuite de provoquer artificiellement la ponte.

(]ne tortue qui mord La plus spectaculaire de nos tortues est la fameuse chélydre serpentine. Pouvant atteindre une longueur de 47 cm et un poids de 27 kg, celle-ci est la plus grande tortue d'eau douce du Canada. Elle possède une grosse queue garnie d'éperons, une carapace ordinairement recouverte de boue et d'algues, et une large gueule acérée. Lorsqu'on la surprend sur terre, elle présente un visage de monstre préhistorique qui n'est pas des plus engageants. Son nom anglais, « snapper », a été inspiré par la prodigieL·se rapidité de son attaque lorsqu'elle veut mordre. La puissance exceptionnelle des muscles de son très long cou permet une extension subite et fulgurante. La chélydre serpentine est presque complètement aquatique mais elle s'aventure parfois sur terre pour une promenade. Dans l'eau, elle est timide et inoffensive; sur terre, elle n'hésite pas à attaquer si on la malmène. Ses mâchoires, puissantes et tranchantes comme un bec d'oiseau qui aurait été affûté, peuvent infliger de sérieuses blessures et même couper un doigt imprudent. Cette tortue omnivore est capable d'attraper un caneton ou un rat musqué par la patte et de l'entraîner sous l'eau pour le dévorer. L'aspect un peu monstrueux de cette tortue, allié à la crainte qu'elle inspire, semble conduire certaines personnes à la massacrer bêtement. Peut-être tirent-elles une grande fierté de faire mouche sur ces cibles immobiles et inoffensives ... Quoi qu'il en soit, elles ne sont sûrement pas conscientes de l'impact de leur geste sur une population de tortues. En effet, chez celles-ci, la maturité sexuelle n'est atteinte qu'après l'âge de cinq ans. Lorsque l'on considère les épreuves que doivent traverser les oeufs d'abord, pui.3 les jeunes tortues ensuite, on apprend à estimer et à respecter la tortue adulte. Les chélydres serpentines sont très résistantes. Ainsi, des individus ont été observés pendant l'hiver nageant sous la glace ou marchant dans la neige! De même, leur grande tolérance en captivité témoigne de leur constitution exceptionnellement robuste.

La tortue des bois en danger? Notre tortue la plus terrestre est la tortue des bois. Elle est caractérisée par sa carapace brune très sculptée, et peut atteindre 23 cm de longueur. Son cou et ses pattes sont teintés d'une couleur rose saumonée, et ses gros yeux globuleux rappellent un peu la tête de « E.T. » l'extraterrestre. Les tortues des bois sont beaucoup plus vives et agiles que les autres: on a même observé des adultes franchir des clôtures! De temps en

temps, elles utilisent leurs pattes de devant pour saisir une friandise, un peu comme un écureuil. Chose encore plus surprenante pour une tortue, elles sont capables de faire un petit bond pour s'enfuir lorsqu'elles sont effrayées! Contrairement aux autres tortues qui sont en général muettes et pratiquement sourdes (elles ne perçoivent que les vibrations transmises par le sol), la tortue des bois entendrait probablement certains sons. En effet, durant la saison des amours, le mâle émet, à l'intention des femelles, un sifflement aigu qui s'entend à 12 m de distance. La tortue des bois est assez peu commune et possiblement en danger. Tandis qu'en Nouvelle-Écosse on la retrouve en grand nombre, au Québec elle se fait beaucoup plus rare ce qui suggère, selon

l'inverse de ses semblables, son dos n'est pas recouvert d'écailles mais plutôt d'une sorte de cuir souple. De forme presque circulaire et de couleur brunâtre, on la compare souvent à une crêpe. Elle peut respirer dans l'eau comme un poisson. Elle respire aussi en surface, en utilisant son long nez pointu comme un plongeur se sert de son tuba. C'est un animal vif, curieux et fouineur. Sa nage rapide et élégante rappelle un peu celle des tortues marines, tout en restant indisciplinée comme celle d'un papillon nocturne. li s'agit aussi d'un animal très agressif. Un gros adulte est sans doute aussi dangereux qu'une tortue serpentine. Très rare au Québec, on la retrouve surtout dans le Richelieu et le Saint-Laurent où elle est difficile à observer en raison de son habitude de s'enfouir dans la va-

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Les chélydres serpentines sont capturées pour leur chair. Aucune loi ne les protège au Québec.

le professeur Bider, une diminution considérable de sa population. D'une part, la rareté de cette espèce s'explique par ses exigences très strictes en matière d'habitat: elle se cantonne uniquement au voisinage de rivières sablonneuses. D'autre part, comme toutes les tortues terrestres, les tortues des bois se font sans doute écraser par les automobiles; aux ÉtatsUnis, des milliers de tortues tabatières peuvent subir ce sort après une bonne pluie. Les spécialistes sont d'accord pour déclarer que la tortue des bois québécoise mérite une attention spéciale. Une étude spécifique s 'avère nécessaire pour déterminer son statut exact et pour instaurer des mesures de protection, s'il y a lieu. Dans l'état de New York, ceux qui capturent cette tortue se voient imposer une amende de 500 $ !

(]ne crêpe sur le dos La tortue molle à épines est sans doute la plus originale de nos tortues. À

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Cette grosse tortue, atteignant 40 cm longueur, a été très recherchée pour chair et est probablement en danger Québec.

Des omelettes pour les ratons Les ratons laveurs sont de véritables experts dans la recherche des nids de tortues. Au printemps, les chélydres serpentines femelles se réunissent par dizaines sur des bancs de sable pour pondre leurs oeufs. Les ratons laveurs de la région commencent alors une grande orgie: avec une habileté de détective, ils déterrent systématiquement les nids et dégustent les oeufs. Pour découvrir ceuxci, les ratons se guident sur l'odeur d'urine que les nids dégagent. En effet, pour ramollir la terre et se faciliter la tâche de creuser le nid, les tortues l'arrosent généreusement d'urine. L'odeur qui persiste quelque temps conduit directement les ratons aux oeufs. L'été dernier, dans le parc provincial de Rondeau (Ontario), j'ai pu voir des centaines de nids pillés, entourés de coquilles d'oeufs brisées.

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Tortue géographique (photo du haut) et tortue des bois (photo du bas).

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Ce pillage qui doit être vu comme un prélèvement naturel sur les populations de tortues atteint parfois des proportions dramatiques. Si le site de ponte est au voisinage d'un terrain de camping, la densité de ratons laveurs devient anormale: ceux-ci, attirés par les déchets, sont tellement nombreux que peu de nids survivent au massacre. La prédation des ratons laveurs sur les oeufs de tortues est tellement importante qu'elle a fait l'objet d 'une recherche au collège Macdonald par la biologiste Elaine Christens qui s'est penchée sur une population de tortues peintes. Elle constata que les quelques nids situés à des centaines de mètres de l'étang, isolés des autres et loin des patrouilles de

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ratons laveurs, avaient les meilleures chances de survie. Évidemment, il n'est pas sans risques de s 'éloigner à ce point de létang : d'une part les bébés tortues devront à leur naissance affronter les corbeaux, les hérons et les autres prédateurs qu'ils rencontreront en parcourant les 500 m qui les séparent de l'eau; d'autre part, les ratons laveurs n'auront pas de scrupules à dépecer les femelles aventurières pour leur arracher leurs oeufs. C'est donc d'un fragile équilibre écologique dont dépend la survie des tortues.

beaucoup d'autres animaux, les tortues sont très sensibles aux altérations de l'environnement. La pollution des eaux et la destruction des habitats naturels constituent deux menaces grandissantes pour les tortues. Et que dire du commerce! Aux ÉtatsUnis, la chélydre serpentine est très recherchée pour sa chair. On en prélève des tonnes dans la nature chaque année. En Ontario, on considère qu'elle est mise en danger par le braconnage excessif au profit du commerce américain. Comme les plus grandes populations québécoises de tortues serpentines sont à la frontière du Québec et de !'Ontario, il est possible qu'un tribut soit prélevé chez nous. Les tortues ne sont pas capturées que pour leur chair. Plusieurs espèces servent à des expériences effectuées dans les laboratoires de recherches. Il n'existe actuellement au Québec aucune réglementation spécifique aux reptiles : chacun peut capturer à son gré et où bon lui semble (à l'exception de certains parcs). En Ontario, toutes les tortues (sauf la serpentine) sont protégées par la Loi sur la chasse et la pêche. Par ailleurs, !'Ontario, le Nouveau-Brunswick, le Manitoba, !'Alberta, la Colombie Britannique et le Yukon se sont dotés de lois leur permettant de protéger leurs espèces menacées. Un projet de loi en ce sens est en préparation chez-nous mais sa progression à travers les dédales administratifs du Gouvernement se fait ... à pas de tortues! Au Québec, tout est encore à faire en matière de protection des reptiles. Même s'il n'y a pas encore de cri d'alarme venant des spécialistes, le rapport du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche intitulé Problématique de conservation des habitats des reptiles au Québec recommande de protéger légalement et dans les plus brefs délais les reptiles vivant au Québec. Comme la plupart de ceux-ci forment des populations locales isolées, il est aussi important de rester vigilant afin de détecter tous les projets susceptibles d'affecter, d'une façon ou d'une autre, les populations de reptiles et leurs habitats. • Pour en savoir plus long: Cimon, Agathe, 1985. Problématique de conservation des habitats des reptiles au Québec, ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, Québec. Cook, Francis., 1984. Introduction aux amphibiens et reptiles du Canada, Musée nationaux du Canada, Ottawa.

La protection des tortues L'invulnérabilité apparente des tortues qui contribua à frapper l'imagination des conteurs est malheureusement remise en question par l'homme. En effet, comme

Antoine Saucier est ingénieur physicien. Il s'intéresse depuis toujours aux sciences naturelles, plus particulièrement aux papillons et aux tortues. Il entreprenait récemment un doctorat en physique de l'atmosphère.

CAP par Jean Hamann Cinq ans après la crise, les pêches naviguent-elles toujours dans la tourmente? À 12 ans, Gérard Jalbert s 'embarquait sur le bateau de son père pour apprendre à pêcher. C'était dans les années 1940, à l'époque où les flottes de pêche étrangères pillaient littéralement les eaux canadiennes. Les Jalbert eux, à bord de leur petit bateau non mécanisé, tiraient tout juste de quoi vivre des eaux de la région de Rivière-au-Renard. Dans ce coin de la Gaspésie, c'était surtout la morue qui faisait vivre son homme ... et plutôt mal. En 1977, après avoir constaté un déclin de plusieurs populations de poissons, le gouvernement canadien se décida à faire maison nette en décrétant l'extension de la limite des eaux territoriales canadiennes à 320 km au large des côtes. Dehors les bateaux étrangers! Les effets bénéfiques de cette mesure ne tardèrent pas à se manifester puisque, un an plus tard, le Canada se hissait au premier rang mondial des pays exportateurs de poissons, position qu'il n'a jamais perdu

depuis. En 1984, les exportations atteignaient le sommet record de 1,59 milliards de dollars! À Rivière-au-Renard, cependant, cette prospérité économique ne semble qu'illusoire. Gérard Jalbert pêche toujours sur un petit bateau de bois, à la palangre ou à la ligne à main, et il vit aussi pauvrement que son père. « Dans notre pêche, sur les petits bateaux, pêcher c'est juste vivre.» Malgré les brillantes performances de l'industrie canadienne des pêches sur les marchés extérieurs, les pêcheurs, petits et gros, tirent toujours le diable par la queue. Tout porte à croire que, sans aide gouvernementale, les régions dont les seules activités économiques reposent sur la pêche auraient tôt fait de connaître le même sort que Schefferville ou Gagnon. C'est ça le véritable visage de la crise des pêches!

océans contenaient des ressources inépuisables de poissons. En 1609, le Hollandais Grotius écrivait à ce propos: « La plupart des choses s'épuisent par un usage désordonné. Tel n'est pas le cas pour la mer. On ne peut l'épuiser ni par la pêche, ni par la navigation ... ». Cette croyance prévalait encore il y a moins de 1OO ans. Pas étonnant puisque depuis des siècles, les ressources marines de l'est du Canada étaient exploitées et la mer s'en était toujours accomodée. Mais avec l'arrivée de bateaux plus perfectionnés, la capacité de pêche a largement dépassé le taux de renouvellement des populations de poissons. Au début des années 1970, malgré l'existence de la Convention internationale des pêches de l'Atlantique du nord-ouest

La tragédie de la propriété commune

La pêche, même si elle ne compte que pour O, J % du produit intérieur brut, a une importance capitale pour de nombreuses localités du Québec.

Tout comme on a cru longtemps que la terre était plate, on a aussi cru que les

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(CIPANO), les stocks de poissons montraient des signes évidents d'épuisement. Serge Labonté était encore étudiant à la maîtrise, passionné par la dynamique des populations de poissons, quand ces événements avaient lieu. Aujourd'hui chef de la division de la répartition de la ressource au ministère des Pêches et Océans (MPO) pour la région du Québec, il attribue l'échec de CIPANO au non-respect des règlements que les pays membres votaient. « Une vingtaine de pays étrangers pêchaient dans nos eaux et essayaient de s'approprier la plus grosse part du gâteau. CIPANO n'avait pas de pouvoir pour faire respecter les règlements, la pression de pêche était trop forte et les stocks se sont effondrés.» En 1977, le Canada donnait un coup de barre spectaculaire : il étendait sa zone territoriale de 20 à 320 km au large des côtes et rapatriait toute la gestion de ses ressources marines. Pour assurer la reconstitution des stocks, des quotas sévères, révisés depuis à toutes les années, étaient établis par les chercheurs du MPO pour chaque espèce de poisson dans les différentes régions maritimes. Du jour au lendemain, la pêche devenait l'un des secteurs les plus réglementé au pays. Si la situation des stocks de poissons a profité de la prise en charge canadienne, l'économie des pêches, elle, s'est rapidement dégradée. En 1981 , le prix du poisson s'effondre sur les marchés de Boston et les taux d'intérêt sur les prêts conduisent cinq grandes entreprises canadiennes de pêche au bord de la faillite. C'est la crise. Le gouvernement fédéral réagissait alors en créant la Commission Kirby chargée d'enquêter sur les causes du marasme. Le principal mérite de cette commission est d'avoir mis en lumière le développement anarchique qu'a connu le secteur des pêches après l'extension de la zone territoriale canadienne. Entre 1977 et 1981 , révèle le rapport Kirby, le nombre de pêcheurs dans l'est du pays passait de 36 500 à 53 500 et le nombre d'usines augmentait de 35 % pour atteindre 700. Pour pouvoir profiter à plein de la manne, les industries, encouragées par des subventions gouvernementales, achetaient de nouveaux bateaux et modernisaient leurs usines. En quatre années, la dette des industries de pêche augmentait d'environ 500 % . Selon la Commission, les pêches canadiennes ont souffert de ce qu'il conv\ent d'appeler la tragédie de la propriété commune. « Dans les limites d'un total de prises autorisées, lit-on dans le rapport, fixé par des biologistes pour la protection du poisson, les pêcheurs se livrent une lutte acharnée pour s'emparer de la plus grosse part de la richesse commune. Pour y parvenir, le pêcheur

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est porté à s'équiper d'un bateau plus gros, plus rapide et évidemment plus coûteux. C'est tout naturel. Tous les pêcheurs tiennent le même raisonnement : attraper le plus de poissons possible, le plus vite possible avant que le total des prises ne soit atteint. La capacité de pêche s'accroît sans cesse pour la même quantité de poisson à capturer, avec comme conséquences que les frais augmentent et les revenus diminuent. »

À chacun ses poissons Pour briser le cercle vicieux du suréquipement causé par le caractère communal du poisson, la Commission Kirby proposa un concept inédit et audacieux :

le contingent individuel par pêcheur. Ce quota consiste à accorder à chaque pêcheur une sorte de droit de propriété sur une certaine quantité de poissons. « Ainsi, prédisait la Commission Kirby, le pêcheur ne sera plus poussé à capturer la plus grosse part possible du total des prises autorisées. II cherchera plutôt des moyens de pêcher son contingent personnel au minimum de frais . » Depuis 1983, le MPO a fait sienne cette recommandation du rapport Kirby. Les pêcheurs, eux, pas encore. Ovide Parisé, pêcheur de crabes de Gascon en Gaspésie, n'est pas convaincu qu'il s'agit là de la panacée tant recherchée. « Nous autres, de !'Association des pêcheurs de crabes de Gascon, on n'est pas pour, c'est trop dur à contrôler. Ceux qui ont des gros bateaux pourraient tricher. » II rejoint là les préoccupations de plusieurs de ses collègues. Les pêcheurs ne font pas confiance à leurs pairs et avant d'accepter pareille proposition, ils veulent avoir l'assurance que ceux qui ne respec-

teront pas leur quota ou qui rejetteront leurs petites prises à la mer pour ne garder que les grosses, se fe ront pincer. « C'est un système qui paraît bien sur papier mais qui s'applique plus ou moins bien dans la vraie vie, admet Serge Labonté du MPO. Il y a 55 agents de protection au Québec. C'est 300 personnes que ça prendrait et un pudget de 50 M $ pour l'appliquer. Si vous saviez comme c'est facile de tromper le système (de vérification des prises) , c'est enfantin! » Gérard Jalbert, président de !'Association des pêcheurs côtiers de Rivière-auRenard, possède un petit bateau de 5 500 $. « Personnellement, je pense que ce serait bon, dit-il, et 75 % des membres de !'Association sont d'accord aussi. »

... La morue demeure Je poisson Je plus pêché au Québec. Son foie, contaminé par les BPC, n'est plus commercialisé depuis 1980.

Julien Chevarie, propriétaire d'un chalutier de 500 000 $ et président de !'Association des capitaines-propriétaires de la Gaspésie, voit la chose d'un autre oeil. « On est d'accord avec le principe mais de quelle façon les quotas vont être définis, ça reste à voir. » En effet, là où le bât blesse pour plusieurs, c'est lorsqu'il est question de la fixation des quotas. « Si c'est réparti selon les prises historiques, ceux qui ont de nouveaux bateaux qui valent très cher ne sont pas d'accord. Il faut rentabiliser ça. On a été lent à renouveler notre flotte et avant d'aller vers les quotas individuels, on veut augmenter notre part des prises », tranchet-il.

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La plupart des bateaux respectent les normes d'hygiène du MPO. Les autres, mal équipés, contribuent à abaisser la valeur du poisson québécois sur les marchés.

47%

Volume et valeur des principales espèces commerciales, au Québec, en 1983 Morue (28 %)

Volume total: 69 400 tonnes métriques Valeur totale: 55 M $

14%

8%

Même son de cloche du côté des pêcheurs de crabes. « On veut un quota par province. Il y a 126 bateaux qui pêchent le crabe au Québec et au Nouveau-Brunswick. On a 37 3 des bateaux mais on ne prend que 30 3 du quota parce qu'on n'est pas aussi bien équipé que le Nouveau-Brunswick. Quand on aura 37 3 des prises, on pensera au quota individuel », conclut Ovide Parisé. Bien que le MPO croit que le contingent individuel est la pierre angulaire des pêches de demain, il n'est pas question de l'imposer de force aux pêcheurs. Depuis l'arrivée au pouvoir des Conservateurs, la nouvelle consigne est la consul-

Le chiffre entre parenthèses indique le pourcentage de la valeur totale.

tation et la co-gestion gouvernementindustrie privée.

Gérer la décroissance Depuis 1977, le rôle premier du MPO est d'assurer la conservation des stocks de poissons; son deuxième : voir à ce que les gens qui travaillent dans le secteur des pêches en vivent décemment. Il s'agit là d'une mission délicate, car comme le laissait entendre le rapport Kirby, il y a présentement trop de pêcheurs par rapport aux stocks de poissons disponibles.

À ce sujet, les pêcheurs sont plus nuancés. « On est peut-être un petit peu trop, admet Julien Chevarie. Il faudrait pas qu'on soit plus. » Ovide Parisé tient le même discours. « On est juste assez de pêcheurs. Il faudrait geler les permis parce que quand ça marche bien à une place, tout le m~nde veut y aller. Quand le crabe valait 0,08 $ la livre personne était intéressé. Depuis qu'il est à 0,57 $, tout le monde veut un permis! » Au Québec, en 1982, la pêche cc '1ptait pour moins de 0, 1 3 du produit intérieur brut et environ 0,32 3 (5 500 pêcheurs et 4 000 travailleurs en usines) de la population active y travaillait. Si ce secteur paraît peu important dans l'ensemble de la province, il tient néanmoins un rôle vital dans l'économie d'un grand nombre de communautés de la Gaspésie, de la Côte Nord et des Îles-de-laMadeleine. Au MPO, Jean-Claude Dubé, directeur associé aux opérations, est aux prises avec les problèmes de répartition de la ressource et les besoins des pêcheurs. Selon lui, il y a présentement trop de pêcheurs dans certains secteurs. « Un plus petit nombre de pêcheurs pourrait prendre la même quantité de ressources, c'est flagrant! La capacité de pêche de la flotte québécoise est sous-utilisée. » Combien y a-t-il de pêcheurs en trop? « Notre objectif serait tellement frappant aux yeux des pêcheurs qu'on n'ose pas le dire '" répond-il avec prudence. Pour gérer la décroissance souhaitée, le MPO dispose de peu d'outils. Jusqu'à maintenant les subventions pour la construction de nouvelles usines ont été coupées et les usines déjà existantes ne peuvent augmenter leur capacité de production. Les permis de pêche non renouvelés par leur détenteur ne sont pas réémis. Le nombre de pêcheurs baisse ainsi très lentement, mais personne ne pousse de hauts cris. Les gestionnaires des pêches ont depuis quelques années une autre préoccupation majeure. Au maintien des stocks et à la viabilité de l'industrie s'est ajoutée une autre responsabilité: laspect social de la pêche. « On gère la pêche en fonction de l'assurance-chomâge. C'est pas mon rôle mais je suis pris avec ça, dit Jean-Claude Dubé. L'an dernier, pour le crabe, le MPO a prolongé la pêche de dix jours pour permettre aux travailleurs d'usines de faire leurs timbres d'assurance-chômage. Le contingent était atteint mais on l'a dépassé pour ça. »

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« L'industrie des pêches est encore en état de crise, poursuit-il. On est chanceux que notre dollar ne vaille que 0,72 $ US. Si on avait la parité, ce serait épouvantable. » En effet, la dépendance des pêches canadiennes envers les marchés étrangers est presque totale. Les Canadiens consomment moins de 20 3 du poisson pris dans leurs eaux, le reste étant vendu principalement aux EtatsUnis (55 3 ), en Europe (22 3) ou au Japon (15 3 ). « L'avenir des pêcheries québécoises passe par le développement des marchés, prétend-il. Les marchés, c'est le début de tout. »

Garde-manger ou poubelle? Jusqu'en 1965, les vendredis étaient porteurs de deux nouvelles dans les familles catholiques: la première, bonne : la

« La grosse difficulté, c'est le mélange du poisson de bonne qualité avec celui de deuxième et de troisième qualité. L'acheteur paie le prix de troisième qualité pour le lot, dit-il. D'ici un an ou deux, on veut mettre en application un contrôle de la qualité obligatoire en usine. » Une fois réglé le problème des quotas, du nombre de pêcheurs, des marchés et de la qualité du poisson au niveau bactériologique, un nouveau défi de taille risque d'attendre les gestionnaires des pêches. En effet, il y a lieu de s'interroger sur les effets à long terme de la pollution des eaux sur le poisson et sur la santé de ceux qui en consomment. Au MPO, on marche sur des oeufs quand on aborde ces questions. « On vérifie beaucoup de choses (dans nos laboratoires) et on (les médias) s'excite dès qu'on

aux dires de Claude Desjardins, est en tous points conforme aux normes. « Les eaux du golfe sont moins polluées que celles du fleuve à cause de l'effet de dilution, explique le chimiste. Les sédiments (du golfe) sont peu contaminés par rapport à ceux des Grands-Lacs et du fleuve Saint-Laurent. La bioaccumulation est faible. » Les propos tenus par ·le MPO se veulent rassurants, sans doute avec raison. Mais, il y a lieu de s'inquiéter pour l'avenir lorsqu'on constate le niveau de pollution du fleuve . Une étude réalisée par Environnement Canada, entre Cornwall et Portneuf, et dont les résultats ne sont pas encore publics, révèle que la chair de perchaudes et de queues noires âgées de quelques semaines seulement, contient des quantités appréciables de contaminants toxiques et parfois même cancérigènes comme le BPC, le HBC, le DDE (un dérivé du DDT) ainsi que des Pour récolter plus de poissons, les pêcheurs s'achètent des bateaux de plus en plus dispendieux. Le quota individuel par pêcheur pourrait mettre fin à cette surenchère.

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fin de semaine était proche ; la seconde, mauvaise : il y avait du poisson au dîner. Les Québécois n'aiment pas le poisson, c'est bien connu. En 1985, la consommation québécoise de poisson atteignait environ 8,1 kg par habitant ( 10,4 kg au Canada). C'est peu si on considère que les J aponais, eux, en avalent 65 kg. Le poisson canadien était peu populaire dans nos cuisines et l'affaire du thon avarié n'a rien arrangé à la chose. Mais, selon Gaby Mo rriset, chef de l'inspection au MPO, le poisson est de m eilleure qualité qu'auparavant. « De gros efforts ont été mis sur la propreté à bord des bateaux et les normes sont très strictes. Aujourd'hui, 85 3 des bateaux rencontrent ces normes. » Malgré cela, le poisson canadien conserve une cote inférieure au poisson scandinave sur le marché bostonnais.

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trouve une petite affaire dans le poisson », déplore Claude Desjardins, chimiste au laboratoire du MPO, à Longueuil. Les cinq « personnes-années » de ce laboratoire effectuent annuellement 15 000 tests sur 2 000 échantillons de poissons. « Le Canada a les normes les plus strictes au monde », insiste-t-il. Les principaux problèmes décelés par le MPO sont connus de longue date. Les crevettes du Saguenay souffrent de contamination au m ercure et les stocks d'esturgeon contiennent divers contaminants en quantités variables. La présence de mirex et de BPC dans l'anguille est aussi bien documentée (voir FRANC-NORD, Vol. 2, no 4). Fait moins bien connu, le foie de morue est contaminé au BPC; sa commercialisation est d'ailleurs interdite depuis six ans. Par contre, la chair de morue,

métaux lourds (mercure, cuivre, plomb, zinc et cadmium). Les polluants qui se retrouvent maintenant dans le fleuve parviendront peut-être un jour en quantités importantes dans le golfe. Tel que le déclarait l'écologiste François Ramade, professeur à Paris-Sud, dans une conférence présentée à !'université Laval en novembre 1985, les océans ne peuvent plus servir à la fois de poubelle et de garde-manger. Dans tous les océans du monde, les ressources alimentaires de demain baignent dans des eaux contenant des traces de BPC, de DDT, de résidus de pétrole, ou de déchets atomiques. Poubelle ou garde manger? Un choix s'impose car l'humanité ne pourra compter éternellement sur l'effet de dilution. Comme l'a écrit Rachel Carson dans The Sea Around Us, « tout finit pas retourner à la mer, à Océanos, le fleuve circulaire, semblable au flot ininterrompu du temps, le commencement et la fin ».•

I ES PERI .ES DU par Louise Caron

One douzaine de petites îles de pêcheurs, de homards et de sable, éprises d'elles-mêmes, s 'ouvrent au monde. Samedi, 11 mai 1985, 5h15 du matin : une trentaine de bateaux chargés de cages à homards entassés dans le havre de Cap-aux-Meules, attendent le signal de départ de la nouvelle saison qui commence. Dans plus d'une dizaine de petits ports de pêche des Îles-de-la-Madeleine, le même scénario se reproduit. 5h20. Le soleil n'est pas encore levé, mais déjà les quais bourdonnent d'activité. Beaucoup de Madelinots viennent saluer les pères, frè res et amis qui partiront bientôt. L'ouverture de la saison de pêche aux homards, c'est un événement aux Îles ; c'est la reprise du travail pour beaucoup d'employés saisonniers, et toute la population a hâte de goûter aux premiers homards de la saison. 5h25. Les pêcheurs s'impatientent. La journée sera longue: deux voyages, peutêtre trois pour aller porter les 300 cages permises sur les fonds de pêche. Au retour du premier voyage, on espère avoir de l'aide pour en charger une bonne centaine à bord. 5h30. Enfin! Le coup de pistolet tiré par un agent des pêches retentit, les bateaux se précipitent, ils veulent tous être

les premiers arrivés sur les fonds à homards pour choisir les meilleurs endroits où mettre les cages. La pêche aux cages, c'est comme un marathon. Pendant neuf semaines, six jours par semaine, les pêcheurs se lèvent à 4h du matin pour aller chercher leur gagne-pain. Malgré la pluie glaciale, les vents parfois violents et la houle du large, ces hommes passent de six à douze heures par jour sur l'eau, levant les cages, les déplaçant vers un lieu peutêtre plus propice, pêchant aux filets ou au chalut pour prendre la boëtte (appât) du lendemain. C'est un dur combat contre la fatigue, les intempéries, le sommeil, le froid, avec pour seul repos le dimanche. Pour bien comprendre l'engouement des Madelinots pour cette pêche, il faut remonter deux siècles en arrière.

Sous le joug de Coffin La colonisation fut difficile aux Îles-dela-Madeleine. Aux 15' et 16' siècles, elles étaient très fréquentées par les pêcheurs basques et français. La morue des Îles était reconnue pour sa taille très supérieure, mais on y venait surtout chasser les vaches marines (morses) très abondantes sur les échoueries. À la fin du 18' siècle, elles disparurent complètement

.... La veille de l'ouverture dt; la pêche aux homards, les quais des Iles bourdonnent d'activité.

des Îles et du golfe malgré l'intention du roi Louis X.V « de pourvoir à la conservation de l'espèce de ces animaux qui est beaucoup diminuée par l'imprudence de ceux qui les tuent sans aucun ménagement et sans distinction des mâles et des femelles ». Chose éertaine, plu.sieurs entrepre!leurs se succédèfent dans la colonie des lies-de-la-Madeleine. Ils l'utilisèrent comme territoife de chasse (morse, phoque) et de pêche, sans y fonde r de colonies permanentes comme leur contrat le leur demandait. Les premiers habitants permanents des Îles ont été des Acadiens déportés lors du Grand Dérangement entre 1755 et 1759. En 1774, avec l'Acte de Québec, les Îles passèrent au Bas-Canada et en 1787, Isaac Coffin s'en vit confier la concession. S'ensuivit une querelle qui s'échelonna sur plusieurs générations entre les Néo-Madelinots qui voulaient posséder leurs terres et Coffin qui exigeait une redevance. Ce n'est qu'en 1895 que le gouvernement du Québec sanctionna

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La chasse aux loups-marins

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Mars 1984, un hélicoptère appartenant au International Fund for Animal Welfare (IFAW) est complètement détruit par un groupe de Madelinots en colère. Les Canadiens se réveillent tout à coup et ils ne comprennent pas. Ils ne savent pas que depuis plusieurs années, ces " amis des animaux ,. reviennent aux Îles chaque hiver essayant de saboter la chasse aux blanchons qu'ils appellent candidement « bébés-phoques ,. et s'entêtent à hurler aux massacres alors qu'il n'y a pas au Canada et peut-être dans le monde entier une chasse aussi réglementée, autant surveillée. On dit même qu'il y a plus d'agents des pêches et de la GRC que de chasseurs sur les glaces. L'IFAW maintient néanmoins que le phoque du Groënland est menacé alors que tous les scientifiques canadiens affirment que le troupeau augmente d'année en année et qu'on assiste actuellement à un vieillissement du troupeau puisque la chasse a beaucoup diminué depuis quelques années. La mauvaise publicité faite autour des méthodes de chasse aux loupsmarins a entraîné la fermeture des marchés de la Communauté économique européenne. Les Madelinots ont décidé de faire face à la situation. On ne veut plus de peaux de phoques en Europe, sojt ! On tentera donc de créer un marché local. Tout est encore fait à petite échelle, mais les gens des Îles apprennent à tanner les peaux et à confectionner plusieurs articles allant de simples mitaines jusqu'aux manteaux. On parle aussi d'organiser des visites touristiques sur les glaces au moment de la mise bas des blanchons. Les gros clients seraient bien sûr les Américains et les ... Européens. Août 1985, suite à la plainte portée par les propriétaires de l'hélicoptère endommagé, une quinzaine de Madelinots ont dû répondre à des chefs d'accusation. Le verdict du juge: acquittés. Il ne pouvait condamner des hommes qui s'étaient battus pour qu'on les laisse gagner leur vie en paix. Quant aux partisans de l'IFAW, après avoir promené les restes de leur hélicoptère aux États-Unis et décrié la « monstruosité ,. de ces hommes, ils amassèrent 1M $ pour continuer leur lutte.

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une loi permettant le rachat des terres par leurs occupants. Entre temps, ceux-ci s'étaient préoccupés davantage de pêche que d'agriculture. Chaque famille avait néanmoins une petite terre pour subvenir à ses besoins alimentaires et c'est à la femme qu'incombait le travail de la fe rme : traire la vache, ramasser les oeufs, nourrir les poules et les cochons, sarcler le jardin, autant de tâches que celle-ci assumait en plus des tâches habituelles. Comme Amélie Paquet-Turbide, 87 ans, le rappelle «j'avais toujours de l'ouvrage plus que je pouvais en faire ; c'était la vie difficile. »

Pêcheurs dans l'âme Avant l'avènement des boucanneries (fumoirs), le hareng et le maquereau pêchés étaient salés. La construction de conserveries permit un développement de la pêche aux homards, une espèce qui jusqu'alors n'était consommée que localement ou ne servait qu'à engraisser les jardins. Cette pêche devint alors la plus lucrative et la plus pratiquée. On m it en place une réglementation sévère contrô-

lant la saison de pêche, le nombre de pêcheurs, le nombre de casiers, la remise à l'eau de femelles portant des oeufs, permettant ainsi un renouvellement constant des stocks car bon an mal an, on débarque près de 1 150 000 kg de homards. Aujourd'hui, 656 pêcheurs et aidespêcheurs approvisionnent les guatre conserveries de homards des lies. C'est l'espèce qui est la mieux gérée. «li y a bien des provinces maritimes et des états américains qui envient le Québec quand ils voient toute la réglementation qui existe au niveau du homard», affirme Bruno Myrand, biologiste au ministère de !'Agriculture, des Pêcheries et de !'Alimentation du Québec (MAPAQ) aux Îlesde-la-Madeleine. Au cours des 50 dernières années, plusieurs types de pêches se sont développés créant de nouveaux emplois pour les pêcheurs et les travailleurs des usines de transformation. La plus importante quant au volume de débarquement est la pêche aux sébastes. La pêche aux pétoncles connaît de bonnes et de mauvaises années et la dernière née aux Îles, la pêche aux crabes serait, semble-t-il, la

jeunes qui ont pris leur expérience en pêchant ». Aujourd'hui, le pêcheur doit être instruit, il doit connaître l'utilisation des cartes et des règles de navigation, car il s'éloigne davantage des côtes. Il se sert aussi d'instruments de navigation perfectionnés comme le radar, !'échosondeur et le Loran C (appareil de radionavigation). Certains nostalgiques pensent que la pêche est devenue moins valorisante pour le pêcheur, parce que la machine est omniprésente.

Comme sur la grande terre De pêcheurs-agriculteurs qu'ils étaient, plusieurs Madelinots sont maintenant professeurs, commerçants, restaurateurs, travailleurs d'usines et même mineurs. Ce changement est dû à l'installation progressive de liaisons avec le Québec et

bureaux de postes, aéroport etc. L'agriculture qui avait été presque abandonnée semble reprendre de la vigueur depuis quelques années avec l'installation d'un poulailler et d'un abattoir régional. Des projets sont mis de l'avant pour l'établissement d'une laiterie; on vise I' autosuffisance. Suite aux nombreuses subventions gouvernementales des dernières années, on a vu l'implantation d'un Cégep, d'une piscine intérieure et de quatre arénas. Depuis 1983, la Société québécoise d'exploitation minière exploite une mine de sel aux Îles. Ce sel est acheté par le ministère du Transport du Québec qui l'utilise pour faire fondre la neige et la glace sur les routes. En 1986, les 19 000 Madelinots vivent bien et heureux sur leurs îles. Depuis les années 1970, les touristes abondent. D'année en année, on note un accroisse-



Presque dénudées d'arbres, les Îles forment un pays de " buttes '" de " buttereaux " et de vallons.

plus lucrative; certains pêcheurs prennent jusqu'à 450 000 kg de crabes pendant les deux ou trois mois de pêche. L'élevage des moules dans les lagunes prend de plus en plus d'ampleur aux Îles. Suite à l'expérimentation faite par le MAPAQ, plusieurs Madelinots entreprenants tentent l'élevage des moules sur une base commerciale. « Il y a quatre producteurs qui ont commencé les opérations; ils montent progressivement leur entreprise le temps de s'ajuster parce qu'il faut qu'ils voient si c'est rentable », explique Bruno Myrand. Mais déjà, plusieurs veulent se lancer à leur tour. Dans le secteur des pêches, la relève est cependant peu nombreuse. Les jeunes qui vont étudier se cherchent un emploi plus payant et surtout plus sûr. Selon Martin Turbide, pêcheur, « la relève, c'est pas nécessairement des gens qui ont étudié les pêches et qui se sont penchés beaucoup sur le sujet, c'est des



Les Madelinots accuement chaleureusement les touristes par plaisir de raconter Jeurs îles et de voir défiler de nouveaux visages.

les provinces maritimes, « avec la grande terre », com me disent les Madelinots. Du North Gaspé qui faisait des croisières bim ensuelles jusqu'à Montréal en 1938 au Lucy Maud Montgomery qui assure la traversée Îles-de-la-Madeleine-Souris (Îledu-Prince-Édouard) presque tous les jours d'avril à janvier, les Îles évoluent continuellement. On y retrouve maintenant presque tous les services de la ville, mais à petite échelle. Les commerces, centres de loisirs et boutiques de toutes sortes ne manquent pas. Les services gouvernementaux sont présents, centre d'emploi,

ment du nombre de visiteurs, des vacanciers pour la plupart, mais aussi des fonctionnaires et des chercheurs, car il n'y a pas de région au. Québec qui ait été plus étudiée. Recherches sur les pêches, sur la flore, la faune, l'attrait touristique, et j'en passe. Pourquoi toutes ces études? Parce que les îles sont différentes à bien des points de vue du reste du Québec. Non seulement à cause de leur insularité, mais surtout à cause de leur environnement.

Le Sahara du Québec Imaginez des îles presque entièrement dénudées d'arbres, aux silhouettes vallonnées, où l'on retrouve éparpillées, ça et là, de petites maisons proprettes très colorées, ceinturées d'immenses plages de sable blond et de falaises de grès rouge. Les îles sont reliées entre elles par des

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complexes de dunes et de plages; les dunes emprisonnent l'eau salée pour former des lagunes qui ne communiquent avec la mer que par des chenaux et des goulets sur lesquels passent des ponts ou jetées. Derrière les plages s'amoncellent des dunes de sable (quelquefois sur plusieurs rangées comme les sillons à la Dune-duSud). Du côté lagunaire, on retrouve des marais à spartines et des prés salés où croissent certaines espèces adaptées à l'immersion. Aux Îles, il n'y a pas d'ours, ni de lièvre ou perdrix à prendre au collet, encore moins d'orignal ou de chevreuil ni même de mouffette. Quelques renards pourchassés par les motoneiges subsistent tant bien que mal. Les mammifères terrestres les plus abondants sont les petits rongeurs. Par contre, la faune ailée y est des plus diversifiées. Des oiseaux de mer nichent abondamment sur les rochers isolés, tels le Rocher aux oiseaux.

Entry Island, .Magdalen Island Dans cet archipel perdu, il est une île un peu spéciale. Elle est la seule île habitée qui n'est pas reliée aux autres par une dune de sable ou un pont; c'est l'île d'Entrée. Environ 160 personnes y vivent actuellement. À leur chevelure rousse, on devine l'origine écossaise et irlandaise de ces anglophones. Ils vivent de la pêche ou de l'aide sociale et pratiquent une agriculture de subsistance. Que retrouve-t-on à l'île d'Entrée? Une église, une école primaire, trois épiceries, une centrale thermo-électrique, une piste d'atterrissage et un dispensaire où réside en permanence une infirmière car le médecin ne vient qu'une journée par mois. Bien sûr, il y a aussi quatre kilomètres de route à peine carrossable où circulent des camions et des voitures amenés ici sur le pont de petits bateaux de pêche. Personne ne possède de permis de conduire, encore moins d'assuranceautomobile. C'est un régime de vie à part. Quand les policiers passent par là, c'est vraiment pour la forme; ils ne se mêlent pas de leurs histoires.

Amarre tes souliers

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L'été, l'île est de plus en plus fréquentée par les touristes et les habitants des autres îles. Quand vient l'hiver, « c'est l'isolement total, il faut que tu attendes que l'avion vienne, car au moindre petit coup de vent, il ne vient pas », raconte Docile Boudreau, infirmière à l'île d'Entrée. Bien que la plupart des jeunes qui vont étudier dans les provinces maritimes ne reviennent pas vivre à l'île d'Entrée, quelques-uns sont de retour après une ou deux années d'études. « Eux ne se plaignent pas du tout de l'isolement. C'est un choix qu'ils font et ils sont très bien comme ça», conclut-elle. Et pour appuyer le bonheur de vivre à l'île d'Entrée, ils vous raconteront sûrement l'histoire de ce cheval nommé « Farmer » qui après avoir été vendu à la Grosse-Île revint au trot à Havre-Aubert et traversa le chenal à la nage bravant le fort courant pour retourner vivre sur son île.

Mais ce qui fait le charme et l'exotisme des Îles-de-la-Madeleine ce sont les Madelinots, leur hospitalité légendaire, leur rythme de vie si lent aux yeux des citadins, sans oublier leur accent si caractéristique qui change au gré des îles. Non seulement la prononciation et l'intonation sont-elles différentes mais les mots employés le sont aussi. Ici, on ne parle pas de montagnes ou de collines mais bien de buttes et de buttereaux. Les vallées n'existent pas, ce sont plutôt des coulines. Le langage de la mer est récupéré dans la vie quotidienne: « atten tion de ne pas chavirer ta tasse », « amarre tes souliers », autant d'expressions qui font le charme de leur parler. Et comme au pays de la Sagouine, les noms de famille sont peu utilisés, on dira plutôt « Paul à Marcel à Albert • en parlant de Paul, le fils de Marcel qui est le fils d'Albert. De cette façon, les enfants connais- ~ sent les prénoms de leurs ancêtres re~ montant parfois à la cinquième géné~ ration. ~ De par leur position géographique et leur insularité, les Madelinots forment un ~ peuple bien à part. Aucune autre région 5: -----~------~-----------------..i au Québec n'est aussi fière de son coin de terre, de son mode de vie, de ses orimêmes et non de l'extérieur. Ils veulent gines. Ces insulaires sont Madelinots être maîtres chez eux et le rester. En plusieurs endroits, les Îles sont avant toute chose. Ils accueillent chaleuLa religion catholique a encore une bordées de falaises de grès rouge. reusement les touristes non seulement à cause de l'apport monétaire, mais surtout forte emprise sur la population francopar leur goût et leur envie de voir défiler phone. Lors des célébrations dominicales, pas de noms de saints, mais des noms de nouveaux visages, de savoir ce qui se les églises sont toujours remplies à craplus appropriés, décrivant mieux les réaliquer par des gens de tout âge. Le curé passe sur le continent et de raconter tés madeliniennes : l'Étang-du-Nord, Capde paroisse occupe une place de choix leurs îles. Mais lorsqu'un étranger s'insaux-Meules, Havre-aux-Maisons, Grossedans la hiérarchie sociale. Il est invité et talle chez eux, certains n'apprécient pas Île. Il en va de même pour les chemins: consulté lors des manifestations comdu tout : c'est « un voleur de job ». Bien chemin des prés, chemin des buttes, munautaires. Malgré cette effervescence que les Madelinots soient pour le prode chrétienté, les municipalités ne portent chemin de la carrière. Parfois ils portent grès, ils veulent que cela vienne d 'eux-

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le nom de leurs premiers occupants: chemin des Arseneau, chemin des Chevarie.

territoire. Ils ne sont qu'un indice de l'ampleur de la détérioration de l'environnement sur le continent.

Pas le paradis

... mais presque

À l'heure actuelle, les Îles se trouvent confrontées à de graves problèmes écologiques. Avec l'arrivée des usines de traitements du poisson et l'installation de réseaux d'aqueduc dans les municipalités, l'eau douce est pompée en grande quantité et les deux ou trois puits artésiens de chaque municipalité subissent une trop grande demande. L'équilibre existant entre l'eau douce et l'eau salée (à cause de la densité) dans la nappe phréatique risque d'être rompu et avant qu'il ne se rétablisse, il faudra plusieurs années. Les autorités municipales sont alertées, mais les solutions tardent à venir. Beaucoup de produits ,et biens de toutes sortes entrent aux lies chaque année mais peu en ressortent. Des carcasses de voitures jonchent les falaises et les champs, et les dépotoirs supportent des populations importantes de rats. On ne peut continuellement ouvrir de nouveaux sites d'enfouissement car le territoire est limité. Un autre problème non négligeable est celui des eaux usées. Comme les maisons sont très dispersées, les relier entre elles par un système d'égout serait très coûteux. Aussi chaque nouvelle construction doit-elle être équipée d'un champ d'épuration. Va pour les édifices récents, mais les anciennes maisons ne disposent que d'une fosse septique dont le surplus d'eau s'infiltre dans la nappe phréatique ou d'un simple tuyau d'égout donnant directement sur l'extérieur. Tout ceci provoque la contamination de l'eau potable. Ces problèmes, présents à la grandeur du Québec habité, sont ressentis très fortement aux Îles à cause de l'exiguïté du

Les Îles, c'est un coin de pays à voir. Personne ne demeure insensible devant les magnifiques plages à perte de vue et la mer partout présente. Si les visiteurs y viennent d'abord à la recherche de vacances au bord de la mer, ils repartent, non moins contents, la tête remplie d'images de la vie quotidienne des Madelinots. Car, on ne visite pas les Îles, on les vit.•



On retrouve éparpillées, ça et là, de petites maisons proprettes très colorées ..

Pour en savoir plus : Rastoul, Pierre et Gilles Rousseau, 1979. Les Îles-de-la-Madeleine, Itinéraire culturel, Éditeur officiel du Québec, 240 pages.

Madelinienne d'adoption, Louise Caron travaille pour le ministère des Pêches et Océans aux Îles. Elle habite cette région depuis maintenant cinq ans.

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J?ellSef

glôbalement

Pourquoi le sud nourrit-il le nord?

par Marie-France Legault

C'est probablement au déjeuner, en prenant un café, un jus d'orange ou des fruits tropicaux que la plupart des Québécois prennent connaissance des nouvelles du matin à la radio ou dans les journaux. Des nouvelles qui ne cessent de nous bouleverser : famine en Éthiopie, apartheid en Afrique du Sud, dictature dans les pays d'Amérique du Sud et d'Amérique Centrale. Les causes de ces problèmes nous paraissent cependant tellement éloignées de notre quotidien que nous avons l'impression de ne rien pouvoir y faire. Et pourtant, l'une des sources des misères de ces pays, c 'est nous. Sous nos yeux, sur la table à manger, on retrouve du café d'Éthiopie ou d'Amérique du Sud, des bananes d'Amérique Centrale, des oranges d'Afrique du Sud ... autant de produits provenant de pays où les habitants souffrent de sous-alimentation alors que les terres, appartenant à une minorité de privilégiés, sont affectées à la culture de produits destinés à approvisionner les pays de l'hémisphère nord.

Attention au régime

Les riches mélangent

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Le caféier est une plante originaire du Cafa en Éthiopie. Il fut transplanté en France et au Pays-Bas au 18• siècle. En 1720, le directeur du Jardin botanique de Paris confia des plants de café au capitaine d'un bateau en partance pour la Martinique pour qu'il en expérimente la culture en terre américaine. De là, le café s'est propagé ailleurs aux Antilles, en Amérique Centrale, au Brésil et dans plusieurs autres pays chauds du monde. Il existe deux variétés principales de café: l'Arabicas, la plus appréciée, et le Robustas servant surtout pour les mélanges et le café instantané. Les caféiers produisent cinq ans après leur plantation. Pour faire une livre

de café, on doit récolter 8 000 cerises (2 grains / cerise), soit la production d'une dizaine de caféiers. Le café est le second produit en volume dans le commerce international après le pétrole. En 1982, 3,86 millions de tonnes de café ont été exportées pour une valeur de 12 milliards de dollars. Soixante-et-onze pays du sud produisent du café pour 21 pays du nord; 25 millions de personnes vivent de la culture du café, plus ou moins bien ... Brésil. Premier producteur mondial. Dans le secteur du café, 20 % des propriétaires possèdent 97 % de toutes les plantations. La proportion de sousalimentés est passée de 45 à 72 % au cours des dernières années.

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Colombie. Deuxième producteur mondial. Là-bas, 3 % des propriétaires possèdent 70 % des terres cultivables. Les sousalimentés représentent 50 % des adultes et 60 % des enfants. Éthiopie. Sixième producteur mondial. Environ 80 % des terres appartiennent à 3 % de la population. Ce mauvais partage des ressources contribue à la famine qui a fait plus de 300 000 victimes en 1984 et menace plus de 7,7 millions de paysans. Salvador. Onzième producteur mondial. La monoculture du café oblige à acheter à l'extérieur du pays, les haricots noirs, le maïs et d'autres aliments que le pays produisait traditionnellement. La malnutrition touche 73 % des enfants.

Plus de 125 pays produisent des bananes mais seulement une dizaine d'entre eux en exportent. Ces pays sont surnommés « république de bananes » ; leur économie et leur politique ont été complètement soumises aux intérêts des compagnies bananières américaines. Équateur. Quatrième producteur mondial et premier exportateur avec 22 % du total (1 ,5 million de tonnes). Sept Équatoriens sur dix souffrent de sousalimentation. Costa Rica. Dixième producteur mondial. Le Costa Rica est le deuxième exportateur avec 16 % des exportations mondiales de bananes. Les 20 % les plus pauvres reçoivent 3,3 % du revenu national. Honduras. Huitième producteur mondial et prototype de la république de bananes. Les compagnies américaines produisent 66 % des bananes du pays et contrôlent 90 % des exportations. Un million de paysans ne possèdent pas de terre. Dôle, Chiquita et Del Monte contrôlent le commerce de la banane. Elles produisent ellesmêmes ou achètent à des producteurs à qui elles vendent le matériel nécessaire à la culture : insecticides, engrais, emballages, etc. L~ DBCP, pesticide interdit aux Etats-Unis parce qu'il entraîne la stérilité et provoque le cancer, est utilisé massivement dans les plantations de bananes, sans aucune protection pour les travailleurs et leurs familles.

Les oranges oppressées L'oranger est une plante originaire de Chine et d'Indonésie. Il peut atteindre dix mètres de hauteur et donner 10 000 fruits, mais habituellement il est taillé à deux ou trois mètres et porte environ 500 fruits.

Les meilleures régions pour la production de fruits frais sont situées entre les latitudes 30° et 40° de part et d'autre de l'équateur (Espagne, Maroc, Californie). Les régions intertropicales (Brésil, Floride) produisent surtout des oranges à jus. En 1982, le monde a produit 36 millions de tonnes d'oranges dont 5, 1 millions de tonnes ont

Afrique du Sud. Avec moins de 1 3 de la production mondiale d'oranges, l'Afrique du Sud est le cinquième plus grand exportateur au monde. L'agriculture « blanche » repose en fait sur 92 3 de main d'oeuvre «non blanche » qui est la plus exploitée d 'Afrique du Sud. Quatre millions de Blancs confinent 20 millions de Noirs dans des

ATTENTION , AU REGIME

tant d'autres de produits importés du Tiers-Monde que nous consommons quotidiennement. Dans ces pays, les cultures d'exportation sont encouragées au détriment des cultures de consommation locale, ce qui a pour conséquences des famines comme au Brésil et en Éthiopie. Y a-t-il des solutions à ces problèmes? « Manger différemment peut être une façon de voter chaque jour contre la dictature qui affame les pays du Tiers-Monde et fait de nous des gaspilleurs», affirme Charles Condamines, directeur de l'organisme français Frère des Hommes. « Faut-il donc renoncer aux kiwis ou aux oranges, aux coeurs de palmier et aux noix de coco? Peut-être pas, écrivait Laurent Laplante dans Le Soleil en novembre 1984. li faudrait, en revanche, que nous ayons la lucidité et la logique d'examiner comment se comportent là-bas ces entreprises que nous mandatons pour approvisionner nos tables. C'est donc à nous qu'il incombe de savoir comment elles agissent et de peser sur elles pour qu'elles se civilisent. » Des gestes concrets - Le café. Depuis juillet 1979, le Nicaragua a mis en

été exportées. Le Brésil et les États-Unis sont les deux plus grands producteurs avec plus de 45 3 de la production mondiale d'oranges. Mais, l'Espagne et le Maroc sont les deux plus importants exportateurs de fruits frais avec 47 3 des exportations. Le Canada occupe le troisième rang mondial au chapitre des importations de jus d'orange.

Au Tiers-Monde, les habitants souffrent de sous-alimentation alors que la culture du café, des bananes et des oranges est encouragée au détriment des cultures de consommation locale.

réserves. Les Noirs ne peuvent en sortir que lorsqu'ils ont un travail et leurs déplacements sont contrôlés à l'aide d'un laisBrésil. Premier producteur ser-passer. Par un ensemble de mondial. Presque toute sa récol- lois racistes, le gouvernement te est vendue à l'étranger, sur- assure aux compagnies sud-afritout aux États-Unis où Coca- caines et aux multinationales Cola est son meilleur client pour une main-d'oeuvre à bon marses marques Snow Crop et Mi- ché. Là-bas, les profits des comnute Maid. Entre 1971 et 1981, pagnies sont 50 3 plus élevés la production d'oranges a aug- que partout ailleurs dans le menté de 203 3 tandis que monde. Le Québec est la seule celle des haricots noirs, produits province canadienne à importer de consommation courante, a des oranges, des poires, des diminué de 8 3 . Les Brésiliens pamplemousses et des citrons consomment entre 15 et 18 3 d'Afrique du Sud. de fruits frais et entre 2,5 et 3,5 3 du jus qu'ils produisent. Que faire? Une forte proportion de la popuLe café, les bananes, les lation présente des carences en oranges ... Trois exemples parmi vitamine C.

- Les bananes. Plus on mange de bananes ou plus on en gaspille et plus les compagnies font des profits aux dépens des paysans producteurs. Même si les bananes sont bon marché, pourquoi ne pas respecter le travail de ceux qui les ont produites et manger toutes les bananes que l'on achète. Achetez trois bananes plutôt que cinq afin d'éviter de jeter les deux dernières ou faites des préparations avec les bananes trop mûres. - Les oranges. Le Québec importe beaucoup de fruits frais .d'Afrique du Sud: les pommes Granny Smith, les oranges Outspan, des pamplemousses, des citrons, des poires, des raisins Cape, des fruits secs, des fruits en boîte, du jus de pomme, etc. Plus de 13M $ en ·1983. Afin de dénoncer le régime raciste d'Afrique du Sud et les conditions lamentables faites aux travailleurs et à leur famille, n'achetons pas de produits sudafricains. Nous avons d'autres choix: les pommes du Québec, les oranges de Californie, etc. Déjà en 1963, le président de l'African National Congress, principal mouvement de libération en Afrique du Sud, écrivait: «Je vous demande instamment ainsi qu'à votre gouvernement, de ne pas vous abstenir d'agir sous le prétexte que les boycottages et les sanctions apporteront plus de souffrances aux Noirs qu'aux Blancs ... Nous ne reculons pas devant les souffrances qui doivent nous conduire à la liberté. » •

branle un processus de reconstruction nationale basé sur le respect des droits et libertés. La priorité va à la production d'aliments de base pour la popula- Ce texte est composé d'extraits de tion et à l'éducation. La réforme trois brochures publiées dans Je cadre de la campagne «Manger en agraire a permis la création de paix? » dont les organismes particicoopératives sur 40 3 des ter- pants sont: Carrefour Tiers-Monde, res. L'achat du café du Nicara- les Centres de Solidarité Tiersgua encourage les paysans pro- Monde d'Alma, de Lanaudière, de ducteurs de ce pays. Le café est Thetford Mines, de Trois-Rivières, acheté directement de l'Àgence Plan Nagua et Jeunesse du Monde. nicaraguayenne de commercia- Pour se procurer ces brochures ou lisation du café et il est distribué pour obtenir plus de renseigneau Québec par la coopérative la ments, adressez-vous à Carrefour Tiers-Monde, 454, Caron, Québec, Balance et par des organismes GJ K BKB, tél.: (418)-647-5853. soucieux de développer un commerce international plus juste. Les profits de la vente du café sont réinvestis dans des projets de développement du TiersMonde.

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printemps 1986

25

Et viennent le soleil et la chaleur, et viennent les oiseaux migrateurs! En avril, aussitôt que le soleil se fait plus chaud, les oiseaux commencent leurs parades nuptiales et la construction de leur nid. C'est le moment idéal pour installer des nichoirs afin d'attirer ces oiseaux près de chez soi pour mieux les observer, les photographier ou jouir de leurs riches coloris et de leurs chants joyeux. Au Canada , une douzaine d 'espèces d 'oiseaux nichent dans des cavités d'arbres morts. Ils creusent le bois mou des souches et des arbres pourris pour y installer leur nid. À cause de l'urbanisation, du déboisement, de l'élimination des arbres ~ morts et de l'émondage des ar- ~ bres, les sites de nidification pré- o; férés de ces espèces deviennent ;1 de plus en plus rares. Il est pos- ~ sible de pallier cette pénurie en tf. - - - - - - - - - construisant des nichoirs pour ces oiseaux. Au Québec, l'une des espèces qui pourrait le plus profiter de ces logis est le merleLes sites naturels de bleu à poitrine rouge. nidification du merle-bleu se

...

font rares au Québec.

On réseau de nichoirs

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Le merle-bleu à poitrine rou- merle-bleu à poitrine rouge n'est ge possède une taille presque cependant pas un phénomène identique à celle du jaseur des unique et particulier au Québec ; cèdres. Le m âle se reconnaît fa- elle a été constatée dans l'encilement par son plumage bleu semble de son aire de répartiazur sur la tête, le dos, la queue tion , so it dans tout l' est de et les ailes, et par sa gorge et sa l'Amérique du Nord. poitrine d'un rouge brique. Les La raison principale de cette plumes du bas du ventre et les diminution est la détérioration tectrices sous la queue sont graduelle de l'habitat propice à blanches. La femelle porte les sa nidificafion causée par: mêmes couleurs que le mâle - le rem placement des vieux mais en plus ternes. Ce bel oipiquets de clôture en bois seau se distingue aussi par son par des clôtures grillagées; chant des plus mélodieux. - l'émondage de plus en plus Le merle-bleu à poitrine roufréquent des arbres secs et ge préfère nicher en milieu rural. des branches mortes ; Il n'y a pas si longtemps, c'était - l'épandage d'insecticides et un oiseau nicheur assez comde pesticides dans les vermun au Québec. Aujourd'hui, gers et les grandes cultures qui réduit la quantité de on le considère comme rare. La nourriture disponible ; forte baisse de population du

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printemps 1986

Construction des nichoirs

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l'introduction du moineau domestique et de !'étourneau sansonnet à la fin du siècle dernier. Ces oiseaux nichent aux mêmes endroits que le merle-bleu et en sont des compétiteurs agressifs. Une façon de rétablir l'abondance et la distribution du merle-bleu à poitrine rouge est l'installation de nichoirs. Comme il s'en accommode très bien, plusieurs personnes et organismes de conservation, surtout américains, ont élaboré des sentiers pour le merle-bleu. Ces sentiers consistent en une série de nichoirs installés dans l'habitat propice à la nidification de cette espèce. À certains endroits, les sentiers peuvent avoir plusieurs kilomètres de longueur. Chez nous, la Société linnéenne du Québec (SLQ) s'est portée volontaire, en 1983, pour coordonner et superviser les efforts des personnes qui voulaient installer des nichoirs pour les merles-bleus.

Afin d'avoir des nichoirs solides pouvant servir pendant de nombreuses années, il est recommandé d'utiliser du contreplaqué d'extérieur mais n'importe quelle planche de bois ayant une épaisseur de 2 cm fera aussi l'affaire. Pour assembler les planches, on suggère d'utiliser des vis plutôt que des clous afin de rendre le nichoir plus solide et plus facile à réparer. On peut recouvrir le nichoir d'une couche de peinture ou de teinture, à condition qu'elle soit d'une couleur pâle qui s'apparente bien à l'environnement. Toutefois, il faut éviter d'utiliser des préservatifs toxiques. Le diamètre de lentrée doit mesurer 4 cm, ni plus, ni moins. Cette grandeur convient bien au merle-bleu et empêche les étourneaux de s'accaparer du nichoir. Les moineaux peuvent cependant y entrer. Pour cette raison, il ne faut pas installer le nichoir près des maisons, des granges ou des remises, où les moineaux abondent, mais plutôt le fixer à un poteau de clôture dans un pâturage, le long d'une route rurale ou en bordure d'un champ.

Autres conseils pratiques : -

Les coins du plancher devront être coupés en biseau afin de perm ettre l'écoulement de l'eau de pluie qui pourrait s'infiltrer dans le nichoir. - La ventilation est assurée par d es trous percés dans le plancher du nichoir et surtout par l'espace de 0,5 cm laissé entre le toit et le haut des deux planches de côté. - Afin d'observer l'état du nid et de nettoyer le nichoir à l'automne, un des côtés doit être amovible. Deux clous

La Société linnéenne du Québec présente

Richard Caron

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La Société Hnnéenne du Québec

Le béluga du Saint-Laurent «

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Vis permettant l'ouverture

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Plan de nichoir pour Je merle-bleu à poitrine rouge (les dimensions sont en centimètres).

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Prix: édition limitée (149 ): épreuve d'artiste (15): encadrement:

150.00 S 250.00S 50.00 S

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1"' tirage de la série sur les mammifères du Saint-Laurent.

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espèce menacée d'extinction

fixés dans le haut du côté permettent la rotation alors qu'une vis située dans le bas sert à l'ouvrir et à le fermer. li est important de ne pas installer de perchoir sous l'entrée du nichoir ; le merle bleu n'en a pas besoin. Le nichoir doit être installé dans un milieu ouvert, où la végétation herbacée n'est ni trop haute, ni trop dense (vergers, jardins, orée des bois, brûlés, bûchés}. On doit le placer entre 1,5 et 3 m du sol et loin des habitations. Les premiers merles-bleus arrivent au début d'avril. Il est donc préférable d'installer les nichoirs dès la dernière semaine de mars. La distance minimale entre chacun d'eux doit être de 1OO à 200 m; plus on installe de nichoirs, plus les chances de succès sont grandes. Pour prévenir la visite de prédateurs, on peut enrouler une plaque de tôle ou un enton-

noir renversé autour àu piquet soutenant le nichoir. La SLQ a mis au point des fiches d'observation pour les nichoirs de merles-bleus. En complétant ces fiches et en les retournant à la SLQ (même si vos nichoirs ne sont pas utilisés), vous participez non seulement à une intéressante activité d'ornithologie mais aussi à un suivi de la situation du merle-bleu au Québec.•

La Société linnéenne du Québec a produit un guide d 'implantation du merle-bleu à poitrine rouge. Cette brochure est disponible au coût de 1 $ l'unité ou de 0, 75 $ l'unité pour cinq brochures ou plus. On peut aussi se procurer les fiches d 'observation en écrivant à : Comité du merle-bleu, Société linnéenne du Québec, 1675, avenue du Parc, Sainte-Foy, QC G1W 4S3.

Natif de St-Jean-Port-Joli, Richard Caron se spécialise dans l'illustration de la faune du Québec. Grand amant de nature et de paix, Caron se consacre à plein temps à son art difficile, l'aquarelle. Grâce à ce médium, il atteint les plus hauts degrés du détail et de la précision. Le souci constant de l'artiste est de donner à son sujet, sa forme, sa position et ses couleurs tout en respectant au plus haut point l'environnement qui l'entoure. Cette petite baleine à dents dont la population a chuté de 5000 à moins de 500 en quelques décennies se retrouve à l'année longue dans l'estuaire du SaintLaurent. C'est en hommage à ce petit cétacé que Richard Caron, en collaboration avec la Société linnéenne du Québec, nous offre cette aquarelle en édition limitée. Conservez-en le souvenir chez-vous. Cette oeuvre originale est reproduite sur papier d'arche sans acide. Chaque reproduction, numérotée et signée, porte le sceau d'authenticité. En plus des 15 épreuves d'artiste, cette édition est limitée à 149. Dimensions hors tout: 30cm x 45cm. La Société linnéenne est un organisme à but non-lucratif dédié à la vulgarisation et à la conservatiorr de la nature. Depuis 1979, elle a contribué à faire connaître les mammifères marins de l'estuaire du Saint-Laurent en y initiant des croisières d'observation animées par des scientifiques et des naturalistes. À partir de 1983, elle gère la Halte côtière de pointe Noire, à l'embouchure du Saguenay, d'où on peut observer Je béluga à qui on a dédié ce site. Son implication dans différents domaines de l'environnement lui a valu les deux prix prestigieux suivants : - Prix du Gouverneur général du Canada en -

matière de tourisme et de conservation (1982). Prix François de B. Gourdeau ( 1985 ): prix de conservation du ministère du Loisir, de la chasse et de la pêche du Québec.

Devenir membre de fa Société linnéenne, c'est s'impliquer maintenant dans la conservation de nos ressources naturelles.

Pour commander s'adresser à: La Société linnéenne du Québec 1675, ave. du Parc, Québec, G1W4S3 (418) 653-8186

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MARIE-VICTORIN DE L'HUMANISTE AU BOTANISTE Découvrez les multiples facettes de la personnalité du frère Marie-Victorin dans un numéro spécial du Bulletin de la Société d'animation du Jardin et de l'Institut botaniques (SAJIB). Ce document regroupe les textes du colloque organisé en avril dernier à l'occasion du centenaire de cet éminent scientifique, l'auteur de la Flore laurentienne et le fondateur du Jardin botanique de Montréal. Des annexes photographiques, biographiques et bibliographiques complètent et mettent davantage en relief les voyages, les écrits et les interventions politiques d'un frère des Écoles chrétiennes hors du commun.

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N.B. Ces programmes sont non contingentés et n'exigent pas de structures d 'accueil spécifiques de niveau collégial. Dates limites: Sessi on d'automne : Temps partiel : 1er juillet. Session d ' hiver : Temps complet et temps partiel : 3 novembre.

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Le syndrome de la belle pelouse

agir localement

par Véronique Boutin Beaucoup de gens croient qu'un aménagement paysager doit nécessairement faire une place importante à la pelouse, le reste étant comblé par quelques plantes strictement ornementales. Pour obtenir une pelouse uniformément verte et bien entretenue, les conseillers recommandent généralement: quatre applications d'engrais chimiques par année, dont les trois premières avec un engrais riche en azote (N) sous forme d'urée formaldéhyde; des herbicides pour détruire les plantes indésirables (pissenlit, plantain, ... ); des fongicides et des insecticides pour détruire les champignons et les insectes, responsables éventuellement de taches sur le tapis vert. Laisserait-on un enfant jouer sur une pelouse ainsi traitée? Se soucie-t-on des gens qui circulent dans la rue lorsqu'on asperge les arbres ou le gazon avec des pesticides? Peut-on, encore aujourd'hui, plaider l'ignorance sür la nocivité de ces produits de synthèse utilisés en quantités non contrôlées? Nous réalisons peu à quel point les parterres traditionnels contribuent à la pollution de notre environnement et à l'appauvrissement de notre milieu. Du point de vue écologique, d'autres aspects sont à considérer. De plus en plus, on utilise le gazon en plaques pour faire l'aménagement d'une propriété. Bien sûr, c'est plus rapide que de procéder par semis sur place. Mais, pour cultiver ce « tapis au mètre carré >>, des producteurs (subventionnés par l'État) utilisent les meilleures terres agricoles du Québec. Qu'arrivera-t-il à ces terres après 10 ou 15 ans de monoculture de gazon, à grand renfort d'engrais chimiques et de pesticides? La couche arable supportera-t-elle longtemps le décapage nécessairement fait lors du prélèvement des plaques? Les mélanges de graines à gazon sur le marché ne contien-

nent que deux ou parfois trois tilisants soient utilisés sur ces espèces de graminées. Pourtant, terrains qu'on veut toujours plus des dizaines d'espèces mieux verts que le vert. En 1984, le adaptées pourraient germer et chiffre d 'affaires des compase développer, créant plus de gnies spécialisées dans l'arrosadiversité dans le milieu. Ces ge de produits phytosanitaires plantes auraient une meilleure sur les pelouses s 'élevait à résistance aux maladies et aux 1,3 milliard $US pour l'ensemble insectes en plus d'offrir un as- du Canada et des États-Unis. pect visuel plus intéressant.

sibles, mais également les insectes utiles et les organismes vivants du sol. Les oiseaux s'intoxiquent à leur tour et finalement, toute la chaîne alimentaire est brisée. La plupart des scientifiques reconnaissent que les produits de synthèse changent le méta-

L'attrait du vert Selon une étude (de 10 ans!) menée par John Falk, écologiste au Smithsonian Institution, les facteurs pouvant expliquer l'engouement des gens pour les pelouses sont: le conditionnement, l'effet domino, une préférence innée, héritée de nos ancêtres lointains, pour les paysages ressemblant à des savannes, et surtout, le statut social. L'aspect esthétique compte et les gens se font une fierté d'avoir un parterre plus beau que celui des voisins. On y consacre beaucoup de temps et d'argent. Les centres-jardins se multi- ~ plient; leurs propriétaires ont vite~ compris que la manne allait.9 tomber dans leurs plates-ban-~ des. Ils offrent maintenant toute une gamme de produits d'entretien (engrais spéciaux et pesticides de plus en plus sophistiqués et toxiques), de fleurs et de plantes pas toujours acclimatées à nos conditions, exigeant beaucoup de soins, une suiveillance et un entretien constants.

À

La moitié de l'argent dépensé annuellement pour des insecticides va à l'entretien des parterres, des terrains de golf et à d'autres usages à l'extérieur des fermes.

Plus vert que vert Dans un rapport américain, publié en 1980 par l'université Cornell, on estime que la moitié de tout l'argent dépensé annuellement pour l'achat d'insecticides va à l'entretien des parterres, terrains de golf et à d'autres usages à l'extérieur des fermes. On note également qu'il y aurait en Amérique du Nord entre 24 et 30 millions d'hectares de pelouse; il n 'est donc pas étonnant qu'environ 17 3 de tous les fer-

Les fertilis ants chimiques (presque toujours fabriqués à partir de ressources non renouvelables) sont solubles dans l'eau et lessivés en partie dans le sol. Ces engrais perdus se retrouvent donc un jour ou l'autre dans l'eau des rivières et des lacs où ils favorisent la croissance d'algues consommatrices de l'oxygène de l'eau, ce qui occasionne la mort des poissons. Les insecticides pour leur part tuent non seulement les insectes nui-

bolisme des plantes. En conséquence , celles-ci deviennent plus susceptibles aux maladies et aux attaques des insectes. De leur côté, insectes et plantes nuisibles développent des résistances aux pesticides utilisés, de sorte qu'il faut créer des produits toujours plus toxiques. Ainsi, chaque année, de nouveaux produits arrivent sur le marché. Chaque année aussi, un certain nombre de pesticides (souvent utilisés depuis plusieurs années) sont retirés du marché parce qu'ils sont jugés cancérigènes ou trop toxiques. De plus, la fabrication de ces produits est, en elle-même, dangereuse et elle accroît les risques de catastrophes écologiques. Souvenonsnous de Bophal, en Inde, en décembre 1984, et de l'énorme

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quantité de déchets toxiques retrouvés récemment dans les eaux de la rivière Sainte-Claire en Ontario.

Les plantes indigènes offrent une alternative intéressante au gazon et aux plantes ornementales exotiques.

Des aménagements différents Il y a plusieurs façons d'aménager son terrain tout en tenant compte des principes écologiques et de l'aspect esthétique. Voici quelques suggestions : utilisez des plantes indigènes, transformez la pelouse en jardin potager écologique ou faites un compromis entre les deux.

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tenir compte du temps dont on dispose, des goûts et des be~ soins de la famille . On peut ~ choisir de faire surtout des planIr. tes vivaces si on a peu de temps ~ ou des légumes pour la conser~ vation si on possède une chambre froide. ~ On profitera de l'hiver pour lire un bon livre de jardinage comestibles, riches en vitamine de faire un potager convention- écologique, faire le plan du poLes plantes indigènes C), des amélanchiers, noisetiers, nel, en rangs bien alignés ou en tager, décider des plantes à culPlusieurs plantes indigènes aubépine ou chèvrefeuille. Pour plates-bandes rectangulaires; on tiver, commander les graines et offrent une alternative intéres- des plantes à fleurs : iris versico- peut imaginer toutes sortes de le compost. On peut même sante aux graminées à gazon et lore, achillée mille-feuille, popu- formes : du simple rond avec commencer à récup érer des aux plantes ornementales intro- lage des marais, tanaisie (éloi- des rangs disposés en étoile aux matériaux à composter tels des duites. Pour le gazon, on peut gne les puces), anémone du Ca- plates-bandes à contours sinu- coquilles d'oeufs et des cheveux. laisser pousser la végétation na- nada, immortelle, vipérine, vio- eux. On peut aussi couvrir l'es- Au printemps, lorsque le sol est pace entier en plaçant les plan- dégelé , on délimite l'espace turelle (qu'on coupera comme lette, etc. le gazon traditionnel) ou semer choisi et on enlève le gazon qu 'on empile soigneusement des plantes vivaces, à port rampour en faire du compost. Enpant ou de toutes petites plantes Nous réalisons peu à quel point les parterres qu'on n'a pas besoin de tondre. traditionnels contribuent à la pollution de notre suite, lorsque le sol est assez Des exemples: trèfle (couché, environnement et à l'appauvrissement de notre sec, on peut commencer à jardides champs ou blanc), lierre ter- milieu. ner. Les conseils du livre de jarrestre, lupuline, mauve négligée, dinage écologique pour la fertilisation, le compostage, le comoxalide, véronique, fraisier sauOn peut choisir des plantes tes ici et là selon l'effet désiré et pagnonnage des plantes et la vage, violette, etc. Ces plantes donneront un beau tapis fleu ri et qui, en plus d'être ornementales, en aménageant de petits sen- lutte contre les ennemis vous odorant. Plus les espèces seront ont un intérêt culinaire, médici- tiers. seront d'un précieux secours.• nombreuses, meilleur sera l'effet nal, mellifère ou autre . Elles De nombreuses plantes potaet on aura plus de chance d'y créeront de plus un environne- gères sont très décoratives et trouver des plantes très bien ment très vivant en attirant des plusieurs espèces de fleurs sont adaptées à notre sol. Ainsi, la insectes pollinisateurs et des oi- comestibles. Par exemple, la floraison sera plus variée et du- seaux. On évitera cependant les courgette zucchini forme un rera plus longtemps. Le mélan- plantes toxiques ou irritantes plant compact (sans courants) Pour en savoir plus: ge devrait contenir des légumi- (herbe à puce ou herbe à poux) aux feuilles très découpées avec no 55 Juin-Juillet, neuses qui enrichissent le sol en et celles qui pourraient devenir des marbrures argentées. C'est Harrowsmith, 1984. ou un problème pour les voisins azote. Si le sol est pauvre en une plante très productive et Quelques volumes québécois de jarphosphore, on pourrait ajouter les champs cultivés adjacents même ses fleurs se mangent. dinage écologique: (pissenlit, ortie royale, asclépiadu phosphate naturel ou de la La violette septentrionale jardin potager, Jean-Claude poudre d'os avant le semis pour de). donne des fleurs décoratives qui Le Trait; Le principal problème est aider à la formation des racines. peuvent rehausser une salade Par la suite, la fertilisation peut que peu de compagnies ven- p rintanière . On utilisera aussi Jardin 90, Centre d 'étude sur les se limiter à un apport de com- dent des graines de plantes indi- d'autres fleurs comestibles selon produits toxiques, Rivière-du-Loup ; post bien émietté chaque au- gènes. On peut parfois en cueil- la saison : bourrache, capucine, Introduction au jardinage écologitomne ou au début du prin- lir dans son entourage. trèfle ou calendula. Dans un po- que, Yves Gagnon ; temps. tager-parterre on mettra donc Guide d'un jardin organique, RayQuant aux plantes ornemen- Le jardin potager écologique beaucoup de fleu rs qui aideront mond Deschênes ; tales, on a l embarras du choix D'après un sondage fait par également dans la lutte contre Le ja! dinage biologique, m inistère mais on devra tenir compte de le magazine American Gardens les insectes . Plusieurs autres de /"Education du Québec (en cinq l'habitat naturel de ces plantes. for Ali pour 1983-1 984, l'entre- plantes peuvent être intéressan- modules), Claude Gélineau. Par exemple, les pla ntes de tien du gazon se situe au troisiè- tes (voir les ouvrages de référensous-bois comme les fougè res me rang des passe-temps les ces cités en fin d'article). seront placées dans un endroit plus populaires aux États-Unis, Lorsqu'on décide de transfor- Véronique Boutin est agronome et pédaombragé et humide. (Voir à ce après la télévision et la musique. mer cette zone improductive gogue. Son intérêt pour la culture écologique remonte à 1973. Elle a enseigné à sujet: La Flore Iaurentienne, du L'entretien des fleurs et le pota- (parterre) en zone productive /"/TA de La Pocatière pendant deux ans. Frère Marie-Victorin ou les livres ger se classent respectivement Uardin potager), il faut com- Elle travaille maintenant pour /"éducation de Fleurbec). mencer. .. tout de suite. Premiè- des adultes à la Commission scolaire récinquième et huitième. gionale Honoré-Mercier où elle participe à Ne vaudrait-il pas mieux join- rement: planifier. Il vaut mieux un cours de « Culture écologique autogéPour des haies ou des bordures, on a encore l'embarras du dre l'utile à l'agréable en trans- échelonner la transformation sur rée ». choix: des rosiers sauvages ou formant notre parterre en jardin quelques années et commencer églantiers (ils donnent des fruits potager? Il n'est pas obligatoire par une petite superficie. On doit ~

••• La sterne commune disparaîtra-t-elle du lac Saint-Jean? Dans l'est de l'Amérique du Nord, la sterne commune devient de moins en moins « commune » ! En effet, les biologistes notent depuis 1945 un déclin constant des populations de ce magnifique oiseau. Des colonies entières sont disparues dans le nord-est des États-Unis, en Ontario et au Québec. La sterne commune (Sterna hirundo), appelée aussi sterne pierregarin ou hirondelle de mer, est un oiseau aquatique qui ressemble à un petit goéland, mais s'en distingue par ses ailes pointues, sa queue fourchue, sa calotte noire et son bec pointu rouge. Elle niche généralement en colonies sur des îles jouissant d'une certaine tranquillité. Chaque nid comprend de deux à quatre oeufs blanchâtres tachetés de brun, pondus dans une petite dépression du sol, près du niveau de l'eau. La sterne commune hiverne le long des côtes de l'Amérique du Sud e; pour ensuite revenir au Québec ~ en mai. ~ Les principales causes du~ déclin pour le moins dramatique ,.t des populations de sternes corn- ~ munes sont la navigation de 5': plaisance, la prédation par les animaux urbains (rats, ratons laveurs, etc.), la pollution de l'eau qui élimine les poissons dont se nourrissent les sternes, l'accroissement fulgurant des populations de goélands et la manipulation du niveau des eaux. Le lac Saint-Jean était jadis reconnu pour l'abondance de ses colonies de sternes communes. Avant l'exhaussement des eaux en 1926, la GrandeDécharge accueillait sûrement plusieurs colonies dans ses quelque 125 îles et îlots. Sur la quinzaine d'îles qui restent aujourd'hui, les autres ayant été emportées par l'érosion, quelques couples nichent encore,

mais ils sont constamment dérangés par les navires de plaisance et par les « Robinsons » improvisés. La sterne commune nichait aussi en nombre sur les îles de l'est du lac. Aujourd'hui, les rares couples solitaires qui tentent une nidification voient le plus souvent leur nid submergé ou balayé par les hautes vagues de tempête, ou encore pillé par des goélands. Dans l'embouchure de la Mistassini, le site de

draconnienne au cours des dernières années. Peut-on faire quelque chose pour éviter la disparition des sternes communes autour de ce grand lac? li faut au plus vite leur redonner des sites et des conditions de nidification acceptables afin d'assurer une augmentation des populations . Deux mesures urgentes s'imposent. Premièrement, une gestion adéquate du niveau des eaux du

•La

lac Saint-Jean empêcherait la disparition de certaines îles due à l'érosion excessive, et le retour à des périodes de crues correspondant aux conditions naturelles assurerait une protection contre les inondations des nids. Deuxièmement, un contrôle de l'activité humaine sur les îles occupées, ou susceptibles de l'être, par des colonies d'oiseaux (en leur accordant un statut de sanctuaire) permettrait une réglementation sévère de la navigation de plaisance sur le lac Saint-Jean et la GrandeDécharge. Les colonies de sternes communes constituent l'un des élé-

sterne commune se raréfie dans l'est de l'Amérique du Nord.

la plus importante colonie de sternes communes de la région s'est vu totalement inondé en 1977. Sur d'autres lacs situés en périphérie du lac Saint-Jean, quelques couples nichaient autrefois sur certaines îles et sont aujourd'hui disparus, suite au développement intensif de la villégiature. En résumé, la population de sternes communes du lac Saint-Jean a chuté de façon

ments de la grande richesse faunique du lac Saint-Jean. Plus que jamais les utilisateurs de cette mer intérieure doivent prendre conscience de son fort potentiel naturel et voir à sa conservation, si l'on ne veut pas qu'un jour le lac Saint-Jean ressemble à une grande piscine communautaire. L'issue des négociations entre le Gouvernement et la compagnie Alcan concernant le programme de

stabilisation des berges du lac Saint-Jean sera déterminante sur les perspectives d'avenir. Michel Savard

Michel Savard est président du Club des ornithologues amateurs du SaguenayLac-Saint-Jean.

~

nrintemns 1986

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Prévenir ou guérir? La critique principale adressée à

«Valoriser le futur »: On pas en avant, deux pas .••

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Quarante kilomètres de rives polluées à Matane, épandage de BPC dans !'Outaouais, catastrophe industrielle à Bhopal causant la mort de 2 500 personnes, pollution de la rivière Sainte-Claire, pluies acides et drame des lacs et des forêts ... Toutes ces catastrophes écologiques et les problèmes qui en découlent illustrent bien l'importance des dégâts environnementaux auxquels notre société doit faire face à une fréquence accélérée. Et pourtant, on croyait tellement en la technologie! C'était la clef du succès, celle qui devait apporter des réponses à tous les problèmes et permettre la réalisation de l'impossible. Mais il faut bien admettre aujourd'hui que la technologie a surtout contribué à son propre avancement. Quinze ans après avoir mis en place le Comité ministériel des politiques scientifiques, le Québec a voulu savoir où il en était en matière de développement dans le domaine de lenvironnement. Au printemps de 1983, monsieur Adrien Ouellette, alors ministre de l'environnement, constituait un groupe de travail chargé d'analyser la situation dans ce secteur et de proposer des orientations pour les années à venir. Douze personnes provenant de l'entreprise privée et des milieux gouvernemental et universitaire, étaient alors nommées pour composer ce groupe d'étude ; à leur tête, André Marsan, directeur d'une firme conseil en environnement qui s'est fait connaître au cours des dernières années par des études d'impacts sur la tordeuse des bourgeons de l'épinette et la stabilisation des berges du lac Saint-Jean. Fait étonnant, aucun représentant de mouvements écologistes n'a été invité à se joindre au groupe. Au printemps dernier, après neuf rencontres, le groupe déposait un rapport intitulé Valoriser le futur. Depuis sa parution, ce document a été critiqué de verte façon par les écologistes.

l'endroit du rapport est qu'il mise davantage sur la restauration des écosystèmes touchés par des problèmes environnementaux que sur la prévention de ceux-ci. C'est fondamentalement dans l'approche même du groupe de travail que réside le principal travers qui biaise tout le rapport. Le groupe de travail privilégie une approche curative des problèmes environnementaux de façon à maintenir la croissance industrielle. C'est léconomie de la restauration!

VALORISER LE FUTUR

«

Valoriser le futur



continue de s'attirer de nombreuses critiques. »

Ainsi, fait-on tout un battage publicitaire autour du programme d'assainissement des eaux usées alors que les eaux industrielles et agricoles (65 % des eaux usées) continueront d'être rejetées dans les cours d'eau sans aucun traitement préalable. Concevoir l' environnement sous l'angle de ses problèmes et des moyens techniques pour y remédier n'est certes pas mauvais en soi, mais l'heure n'est plus aux visions parcellaires qui dissèquent l'environnement en une constellation d'objets oeuvrant chacun dans un sens et à sa façon sans aucune interaction. Rejoignant en cela les remarques d'André Bouchard, membre du groupe de travail qui a

tenu à se dissocier des idées exprimées dans le rapport, nous croyons que- la solution aux problèmes d ' environnement ne passe pas que par la restauration des milieux ou par des moyens de prévention qui seraient incorporés aux procédés mêmes de production. Tout en mettant de lavant la nécessité d'intégrer une vision plus globale de l'environnement, nous prétendons qu'il y aurait place pour une réflexion plus fondamentale sur les causes mêmes de ces problèmes. Bien que le groupe de travail soulève la nécessité d'adopter une vision globale et systémique de la problématique environnementale, il véhicule ce qui nous apparaît être une conception extrêmement étroite de l'environnement, conception que nous ramènerions à la somme des polluants chimiques qui posent actuellement problème. Quant aux études d'impacts, le rapport laisse entendre que les experts devraient avoir davantage leur mot à dire dans les prises de décisions. Nous croyons de notre côté qu'il faut éviter de rendre le processus trop scientifique pour ne pas décourager la participation des citoyens. Nous doutons aussi des prétentions du rapport quant à l'existence d'une vive conscience environnementale chez les Québécois. Bien qu'un intérêt pour l'environnement se soit développé depuis les années 1960, nous ne sommes pas convaincus que cela constitue le gage d'une implication concrète dans ce domaine. Ces quelques remarques auront fait ressortir la nécessité de tenir un débat public sur ce rapport, afin de recueillir la diversité des points de vue et de permettre qu'une éventuelle politique de la recherche et du développement en environnement puisse prendre appui sur une véritable problématique de la recherche. Des rumeurs veulent qu'un nouveau rapport ait été commandé, le premier ayant été jugé irrecevable. Il serait donc souhaitable que le nouveau gouvernement dont le Québec s'est doté fasse connaître ses intentions à ce sujet le plus rapidement possible et établisse les modalités de ce débat. Au-delà des critiques formulées, Valoriser le futur demeure,

à bien des égards, représentatif d'un regard nouveau sur la société: aux remises en question fondamentales du début des années 1970, on cherche à substituer une vision plus pragmatique qui n'est pas sans lien avec la récession économique que nous avons connue. Mais la question environnementale appellera toujours une réflexion tant sur les causes que sur les effets. « L'utopie ne consiste pas, aujourd'hui , à préconiser le bien-être par la décroissance et la subversion de l'actuel mode de vie; l'utopie consiste à croire que la croissance de la production sociale peut encore apporter le mieux-être et qu'elle est matériellement possible » (M . Bosquet, Écologie et liberté). Michel Gariépy, Joseph Zayed, Jean-Luc Bourdages et Gérald Dornon Michel Gariépy, Joseph Zayed, Jean-Luc Bourdages et Gérald Dornon sont respectivement: professeur, responsable du programme d 'études en environnement et étudiants au doctorat, à /'université de Montréal.

Le prix François de B. Gourdeau décerné à Harvey Mead À loccasion du 40' congrès de la Fédération québécoise de la faune tenu à Montréal en novembre dernier, Harvey Mead, président fondateur de l'Union québécoise pour la conservation de la nature (UQCN) et instigateur de la revue Franc-Nord, recevait le prix François de B. Gourdeau, décerné par le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche (MLCP), afin de souligner sa contribution et son implication soutenue en matière de conservation de la faune et de la nature. Harvey Mead est professeur de philosophie au collège régional Champlain, à Sainte-Foy. Il a occupé les postes de viceprésident et de responsable du comité de conservation de l'ensemble des clubs d'ornitholo-

(suite à la page 37)

CONCOURS DE PHOTO 1985

Félicitations aux Cégépiens gagnants!

À l'occasion de l'année internationale de la jeunesse et dans le prolongement de la Semaine de la conservation de la faune de 1985, le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, et la Fédération québécoise de la faune, de concert avec l'Union québécoise pour la conservation de la nature, organisaient un concours de photographie réservé exclusivement aux étudiant(e)s des Cégeps inscrit(e)s à la session d'automne 1985, ayant pour thème : «La faune du Québec, dans son habitat et dans son intimité» .

Les cinq gagnants de ce concours sont Stéphane Cayouette, pour deux prix (Cap-de-la-Madeleine), Guy Bourassa (Sainte-Foy), Eric Parent (Longueuil) et Martin Fiset (Charlesbourg). Ils se sont mérités une paire de jumelles compacte.

STAGES ANIMATUR 1986

Réseau

Le Groupe d'animation en sciences naturelles du Québec inc. (G .A.S.N.Q.) , organisme sans but lucratif ayant comme objectif principal d'offrir des services d'animation en sciences naturelles , vous invite à participer à l'u n ou plusieurs stage(s) de sa programmation de 1986.

Plein Air V)

Changez pour un séjour-n ature dans une des 18 bases de plein air du Québec. Accueil chaleureux, pleine nature, activités variées, animation, équ ipement à votre disposition, bonne table, gîte confortable et grande détente. Tout ça, dans un forfait à prix plus qu'abordable.

Pour réserver:

l·Bf18iJ61·4714 (sans frais)

• Animer la nature, dans les camps et les centres de nature et de plein air, 28 (soir}, 29, 30 et 31 mars 1986 • Étude des oiseaux, 16 (soir) , 17, 18et19 mai 1986 • Avec les oiseaux de plaisance (stage réservé aux anciens stagiaires d'ornithologie), 16 (soir), 17, 18 et 19 mai 1986 • Étude des fossiles, 6 (soir) , 7 et 8 juin 1986 • Habitats et comportements, 13 (soir}, 14 et 15 juin 1986 • Introduction à l'entomologie, 13 (soir) , 14 et 15 juin 1986 • Les algues marines, 20 (soir), 21 , 22 et 23 juin 1986 • Étude des plantes à fleurs, 11 (soir}, 12 et 13 juillet 1986 • Semaine Animatur 1986, 9 au 16 août 1986 • Les limicoles (bécasseaux et espèces similaires), 22 (soir), 23 et 24 août 1986

Pour information concernant le lieu et le coût de chaque stage, vous pouvez contacter: à Montréal: Michel Maynard (514) 653-4247 ou C.D.L.S. (514) 252-3027 et à Québec: Michel Lacroix (418) 687-4691 ou Louis Fortin (418) 839-5376 ou encore écrire à: G.A.S.N.Q. inc., C.P. 568, Sillery, ac. GH 2W3.

llOllLoisir, Chasse et Pêche

KllOuébec ........................................

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printemps 1986

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Les chutes, spectacle son et lumière par Marc Hardy Le Québec, c'est le pays de l'eau: un million de plans et cours d'eau, la plupart innommés, quasiment un par famille. Nulle surprise donc que cette omniprésente hydrographie soit ponctuée de centaines de milliers de chutes, cascades et rapides, lesquels, sans revendiquer des records d'altitude ou de débit, n'en constituent pas moins un fascinant réseau de beautés naturelles. Envoûtant spectacle de son et lumière, éternellement renouvelé, que ces intarissables descentes de nos grandes rivières comme de nos humbles ruisseaux. Quel excellent leitmotiv donc pour les escapades ou les vacances de nos citadins que de vouloir ainsi retracer les itinéraires de ces cascades qui s'offrent comme autant de haltes rafraîchissantes ! Voici donc trois circuits où vous pourrez aècrocher, au jalonnement des chutes, des parcours d'une journée, d'une fin de semaine ou de vacances complètes, au gré de votre fantaisie, de vos loisirs et... de votre porte-monnaie. Lanaudière

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En quittant la métropole par la route 125, on accède d'abord à l'île des Moulins. Un barrage dans la rivière des Prairies y fournissait l'énergie à plusieurs moulins dès le 18' siècle mais n'offre maintenant que le spectacle d'une large cascade. C'est un haut lieu de tourisme. On y visite plusieurs édifices rénovés dans l'important parc historique de l'île de m êm e qu'au coeur du village adjacent de Terrebonne. Poursuivant sa route vers le nord, le visiteur atteindra Rawdon, ville coquette et bien ombragée. Un bref crochet sur la route 337, et le voilà au parc de la chute Dorwin, site naturel ma- Î gnifiquement aménagé en ter- ~ rasses, offrant d'amples espaces~ de pique-nique, et une vue ad- ~ mirable depuis le sentier de na- 5:

ture accroché à la paroi du gouffre. Surplombant la cataracte, une protubérance rocheuse prend figure de sorcier indien. À quelques kilomètres de là, à la tête du lac Pontbriand, la rivière Ouareau forme Les Cascades, curiosité géologique spectaculaire présentant l'aspect d'une main de cartes a JOUer, décalées obliquement dans le sol. Cap vers le nord sur la 125, le visiteur se rend ensuite au parc du Mont-Tremblant. Celuici fourmille d'activités, dont la visite de la chute aux Rats, sur la rivière du même nom, la pêche et le canotage, les sentiers d'interprétation de la nature et le camping au lac Monroe.

La côte de Beaupré et Charlevoix

Je, on aperçoit tout de suite à sa gauche une autre jolie chute sur la même rivière, au pied de la Colonisée dès la fondation de côte des Pères. À l'intersection Québec, la côte de Beaupré, sur du boulevard des Chutes et de la rive nord du Saint-Laurent, l'avenue Royale, une allée oms'émaille des plus anciennes pa- bragée conduit au manoir Montroisses et des plus vieilles fer- morency, autrefois Kent House, mes de la Nouvelle-France. Plus pour avoir abrité sporadiqueà l'est, à une petite heure de la ment, entre 1791 et 1794, le capitale, c'est Charlevoix, région duc de Kent, père de la reine scénique par excellence et ·patrie Victoria. Le manoir est devenu des peintres au Québec. un hôtel pour la clientèle de À moins de 1 km passé l'égli- l'âge d'or. Sa véranda découvre se de Giffard, on s'engage à un inoubliable panorama sur gauche sur la rue Chabanel l'île d'Orléans, le Saint-Laurent dans un parc où un court et et la chute Montmorency. pittoresque sentier débouche Poursuivant sur l'avenue près de la chute dite du Moulin à Royale, juste après le pont, se l'Huile, sur la rivière Beauport. trouve à droite le palier supéRebroussant sur l'avenue Roya- rieur du parc Montmorency, à la fois historique et scénique, parsemé d'aires de pique-nique et de belvédères, d'où vous admirerez, d'un autre angle, la chute Montmorency, haute de 83 m , soit une fois et demie celle du Niagara. Débutant sous le pont et longeant la rivière Montmorency, un sentier de 3 km, allerretour, traverse le parc des Marches naturelles, qui recèle d'intéressants phénomènes géologiques et conduit à une autre chute fort impressionnante débordant le barrage d'une ancienne centrale électrique. Vous traversez ensuite les localités de Boischatel, L'AngeGardien et Château-Richer, où abondent, de part et d'autre de l'avenue Royale, vieilles maisons, éhapelles de procession, croix de chemin, caveaux à légumes, fours à pain, érablières et bâtim ents de ferme. Près de SaintJoachim se trouve le parc du canyon de la rivière Sainte-Anne où se déploie un réseau de sentiers, belvédères et ponts autour

La chute Saint-Georges, près de Rivière-Ma/baie, tombe en deux paliers. Un belvédère permet de l'observer sous plusieurs angles.

ou au-dessus des cataractes 20 minutes, depuis la rue Principale, conduit à la jolie chute de sculptées dans les rochers. Juste en face du parc du la rivière des Boudreau. À Rivière-Malbaie, on bifurMont-Sainte-Anne, vous ne pouvez manquer, au sud de la route, que à gauche sur le chemin de le sentier vers la chute de la la Vallée que l'on quitte au bout Jean-Larose (68 m), où un esca- de 1 km à droite sur le chemin lier conduit au bas de la splendi- des Loisirs. Sur la gauche prend de cascade. Pour compléter une petite route menant à la cette trilogie de cataractes, éton- chute Saint-Georges sur la riviènamment regroupées dans un re Comporté, et qui tombe en rayon de 10 km, vous voudrez deux paliers; des sentiers de nature, conduisant à un belvédère, permettent de l'obseiver de plusieurs angles et niveaux. Revenu La rivière Chaudière plonge chemin des Loisirs, on peut dans un gouffre poursuivre jusqu ' au mont impressionnant à Charny. On Grand-Fonds, quelques kilomèpeut obseIVer la chute à partir tres plus loin, ou rebrousser jusd'une passerelle reliant les qu'au chemin de la Vallée où deux rives. l'on prendra sur la droite, la route du camping Fraser menant à

En quittant Québec et Sainte-Foy sur le pont Pierre Laporte, se trouve le nouveau parc splend idement aménagé de Charny, où la rivière Chaudière plonge d'un barrage désaffecté dans un gouffre impressionnant. Un réseau de sentiers relie, au moyen d'une passerelle, les belvédères qui s'accrochent aux deux rives. Sur la 218, passé Sainte-Agathe, on peut admirer le pont couvert et la chute sur la rivière Palmer. Bien avant Inverness, on rencontre une vaste halte routière, aménagée avec goût dans un décor sauvage, où il fera bon pique-niquer non loin de la chute, du gouffre et du pont couvert de la rivière Bécanc ou r . À Saint-Joseph-deBeauce, la rivière des Fermes

vaste presbytère qui compte 18 lucarnes, ainsi qu'à la halte routière située à la sortie du village, où la rivière Etchemin se précipite en une cascade tumultueuse (chute Rouillard) dans une gorge taillée dans le roc. À 6 km plus au nord, on admirera à gauche de la route une autre cascade intéressante, la chute Atkinson. Un itinéraire d'intérêt historique autant que scénique conduira le Québécois en une journée le long de la route 132, à travers les localités riveraines du Saint-Laurent, depuis le pont de Québec jusqu'à la limite est du comté de L'lslet. Dès la sortie du pont, on s'engage vers l'est sur la route 132, jusqu'à Beaumont. Ce village compte une vingtaine de maisons historiques. Son moulin ( 1821 ) a été parfaitement rénové par monsieur Arthur Labrie, qui n'est pas peu fier d'y seivir d'hôte et d'offrir sa farine de blé entier de marque La Friponne. Un escalier y longe la chute à Mailloux qui cascade sur 35 m en deux paliers, dans la verdoyante falaise. À Montmagny, la rivière du Sud se précipite du haut d'un barrage désaffecté pour former un large estuaire d'où partent les croisières à travers l'archipel de la Côte-du-Sud et le bac pour l'île aux Grues. Notre périple se termine à Village-des-Aulnaies, par une visite animée du moulin banal rénové ainsi que du manoir seigneurial attenant (classé) situés le long d'une jolie cascade qui coule sous le pont piétonnier. D'autres circuits

vous arrêter aux Sept-Chutes, sur la rivière des Roches, 6 km à l'est de Saint-Ferréol-les-Neiges, où un promontoire vous dévoile d'un seul coup d'oeil ce septuor de cascades dévalant chacune dans son bassin. Arrivé à Baie-Saint-Paul, vous vous engagez à votre droite sur le chemin du Bas-de-la-Baie, où dévalent trois charmantes cascades, dont deux sur le même torrent. À Saint-Joseph-de-la-Rive, un sentier de 1 km (rue de l'Anse) menant à la chute à Simon, dévale la falaise au-dessus d'un kiosque d'obseivation. Au centre du village , une marche de

la chute du même nom, qui dégouline comme les mèches d 'une longue chevelure. Le pays de !'Érable

Cette immense région touristique englobe les comtés de Lotbinière, Beauce, Lévis, Bellechasse, Montmagny et L'lslet. Elle se projette sur 175 km le long de la rive sud du SaintLaurent jusqu'à la frontière du Maine. De nombreuses rivières, issues des Appalaches, la sillonnent et engendrent des centaines de cascades, dont nous ne signalerons que les plus importantes.

s'écoule en trois jolies cascades dans le Trou du diable, près des ruines d'un moulin. Il ne faut pas manquer le parc des Sept-Chutes de Saint-Georges, avec son sentier de randonnée pédestre accroché à la falaise du canyon. Reto ur ve rs l' e st à SaintMalachie, la rivière des Abénaquis, au lieudit du même nom, se jette à droite de la route 277 en une cascade superbement aménagée dans un îlot de verdure qui fait les délices des amateurs de beaux paysages. Le vieux moulin y a été rénové. Saint-Anselme est un autre splendide village, aux maisons centenaires. On s'arrêtera au

Avec l'aide de guides touristiques et du personnel des associations touristiques régionales, vous pourrez imaginer d'autres itinéraires dans chacune des 15 autres régions touristiques du Québec. •

/11arc Hardy a été directeur du se1Vice des Renseig nem ents touristiques pendant près de 30 ans au Gouvernement du Québec. Il jouit maintenant d'une retraite fort active, partagée entre /'écriture, la photographie, la bicyclette, le ski de fond et les voyages. Il est président-fondateur de la Société des photographes artisans de Québec.

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