Franc-Nord vol. 6 no. 2 (printemps 1989)

du vin! semis plantés dans ces bandes connaissent encore une croissance à l'abri ...... Diésel. Gaz naturel t::'. 0. Méthanol ou éthanol c.
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irez es nouve es

LE DEVOIR

ARTICLES 6

Flottage du bois: l'économie vs l'environnement? Le flottage du bois, un mode de transport digne du XIXe siècle, pour des papetières qui n'ont pas su s'adapter aux nouvelles valeurs environnementales?

par Jean-Pierre Drapeau

16

La lutte biologique contre les mauvaises herbes Abondamment utilisés, les herbicides chimiques présentent des risques pour l'environnement. Les scientifiques cherchent donc des solutions de rechange.

par Louise Julie Bertrand

20

On roselin de plus en plus ... familier Espèce introduite vers 1940 dans l'Est américain, le roselin familier a su s'adapter et profiter d'une niche écologique relativement inoccupée. Il connaît présentement une explosion de population.

par Jean Paquin

24

L'érosion des marais intertidaux Comme plusieurs littoraux maritimes du monde entier, les rives du Saint-Laurent sont affectées par l'érosion. Celle-ci viendra-telle à bout des marais intertidaux?

Par Lyne Lauzon

CHRONIQUES 4 5

Votre courrier Éditorial

3 par Harvey-L. Mead

I..:automobiliste et son environnement

12 30

Le calendrier Penser globalement

par Luc Gagnon

Dissidences énergétiques

34

Agir localement Concertation pour un développement durable du Saguenay/Lac-Saint-Jean

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Les actualités

Pag e couverture: Ph oto J ean Sy lva in , MER

par Michel Savard

_ _ _YOirt? COV1VY'iE?r,_ __ On harfang aussi populaire que Mitsou?

faire part de ces dernières afin que la lumière soit faite sur cet aspect important et malheureusement ignoré de plusieurs.

160, 76' Rue est, Charlesbourg, Qc, GlH 7H6 Tél.: (418) 628-9600

Afin de bien comprendre le problème relié

à la nomenclature biologique, il importe d 'abord de faire la distinction fondamentale entre le nom vernaculaire (les termes vernaculaire, populaire , commun et vulgaire sont synonymes), le nom scientifique et le nom technique. Le nom vernaculaire désigne un animal ou une plante dans la langue courante (ex: pigeon, outarde) tandis que le nom scientifique est le nom donné à une espèce animale ou végétale et composé de deux mots latins (ex: Columba livia, Branta canadensis). Le nom technique, quant à lui, est le nom, français dans notre cas, donné à une espèce animale ou végétale (ex: Pigeon biset, Bernache du Canada); il origine de la langue écrite de la spéciali té et n'est donc employé que par une fraction très faible de la population.

Directeur et rédacteur en chef: Jean-Pierre Drapeau Publicité et promotion: Hélène Savard Réalisation graphique: Élizabeth Ann Schofield Traitement de texte et secrétariat: Chantal Masson Administration et abonnement: Lorraine Côté-Ouellet Comité de direction: And ré Delisle , Jean-Pierre Drapeau , Harvey Mead , Jacques Proulx Comité de rédaction: Cyrille Barrette , Nicole Beauli eu, Gisèle Lamoureux , Janouk Murdock, Jacques Prescott Révision des textes: René Moisan, Camille Rousseau

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>, etc.), sans oublier celles qui ne se retrou· vent que sur les montagnes (ronce acaule, renouée vivipare, etc.). Des plantes arctiques· alpines très rares, comme la phléole alpine (seule espèce de 1:' ce genre à être indigène au -g Québec), ornent même les hauts j sommets des monts Groulx.

TOURISME NATURE Un inventaire aux monts Groulx Une étude géologique, floristique et faunique vient d'être réalisée aux monts Groulx par la firme privée Aventure nomade, qui veut y développer le tourisme nature. Les monts Groulx, l'un des six massifs montagneux les plus éle· vés du Québec, sont localisés à proximité et à l'est du réservoir Manicouagan, à environ 325 km de Baie-Corneau. C'est là d'ail· leurs que prend naissance la route 389, récemment prolongée jusqu'à Fermont, qui permet d'accéder au pied du massif.

Une forêt subarctique, dans la vallée du lac Quintin

L 'on prévoit créer cette année aux monts Groulx une réserve écologique de 11 000 hectares, qui sera la deux ième en impor· tance (après la réserve écologi· que Louis-Babel, dont la création est également prévue en 1989) en termes de superficie. Même si elle est située en zone boréale supérieure, la réserve écologique projetée possède des caractéristiques écologiques des zones boréales et semi-arctiques.

Les lichens de la toundra ont

~ également attiré sur ce territoire E une harde de caribous. On note la présence d'orignaux, fait inusité dans cette région. D'autres espèces fauniques sillonnent régulièrement les habitats de ces montagnes: ours noir, porc-épic d'Amérique, écureuil roux, petite chauve-souris brune, etc.

g aussi

Avec leur superficie de quelque

3000 km 2 , les monts Grou lx ont une importance certaine. Leur p lus haut sommet, le sixième plus élevé au Québec, atteint une altitude de 1104 m (à titre d'exemple, le mont Mégantic a une altitude de 1109 m). Quant à la toundra, elle y couvre un peu plus de 600 km 2 , ce qui place ce massif au troisième rang quant à l'étendue au-dessus de l'altitude de 914 m (3000 pi.). Le massif des monts Groulx représente ce que les géologues appellent « le haut-plateau de la Manicouagan ». Il a un passé géomorphologique très récent. !..'. « inlandsis laurentidien >>, nom du glacier continental ayant recouvert la partie nord -est de l'Amérique du Nord, s'est retiré il y a 7000 ou 8000 ans à la lati· tude des monts Groul x. L 'action glaciaire a fortement marqué le paysage de ce territoire et les traces du retrait du glacier sont encore nettement visibles: lacs des sommets allongés, hautes moraines, blocs erratiques, stries glaciaires, etc. Il est également possible d'y observer certains phénomènes reliés au froid dit périglaciaire. L'action du gel et

printemps 1989

En forêt subarctique et dans la toundra des monts, on aperçoit fréquemment le bec-croisé à ailes blanches. La forêt boréale abrite beaucoup de tétras du Canada ainsi qu'une espèce à distribution nordique, le lago· pède des saules. Toujours au même étage de végétation, il y a également des pics tridactyles et le familier et sympathique geai du Canada. Ce ne sont là bien sûr que quelques-unes des espèces d'oiseaux fréquentant les monts Groulx.

Au loin, la rivière Manicouagan, vue des monts Groulx

du dégel modifie la disposition des matérieux du sol: sols poly.g onaux, combes à neige, etc. Cette région montagneuse pré· sente une succession climatique, et par conséquent floristique, intéressante. Traverser les monts Groulx, c'est un peu comme partir au sud (aux alentours de Baie-Corneau) pour se rendre au nord (Kuujjuaq), ce qui permet· trait de visualiser un changement latitudinal de la flore. Les monts Groulx offrent le même genre de changement, mais dans le sens altitudinal; une randon née vers le sommet des monts permet donc de passer « du sud au nord » en peu de temps. On y rencontre quatre étages de végétation: forêt boréale, forêt subarctique (boisé «ajouré>>, surnommé forêt-parc), toundra forestière et, enfin, la toundra.

Peu de gens ont eu à ce jour l'occasion de découvrir et d'observer de près ce massif, tes, mais aussi de nombreuses véritable cadeau de la nature. autres espèces. Cette variété Des aménagements ont cepenvégétale s'étend d 'espèces très dant été effectués il y a deux communes (cornouiller du ans. Ils comprennent un sentier Canada ou « quatre-temps >>, clin partant du kilomètre 117 et un tonie boréale, etc.) dans tout le autre du kilomètre 147 (à partir Québec, à d'autres croissant spédu barrage Manie-Cinq). Ces sentiers traversent la forêt boréale sur une largeur d'au moins 3 m et mènent à la toundra, où plusieurs « cairns » (amas de pierres) se succèdent à tous les 15 m , sur une distance d'environ 2 km. Un campement de construction simple, situé au début des deux sentiers, est offert en guise d'accueil aux randonneurs. Le reste de la randonnée se fait à la carte et à la boussole. Ce mini· mum d'interventions a pour but Q de préserver le côté sauvage de ~ ce lieu sans pareil de l'arrière· ~ pays de la Côte-Nord. c

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Patricia Landry

~ ~~~~~~~~~~~~~-

Bien entendu, cette flore inclut un grand pourcentage d'épinet-

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Patricia Landry est technicienne en

_._-L_ _,___,;: aménagement de la faune.

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_ _ _ _ _Les actV1alités_ _ _ _ __ PATRIMOINE Trois Québécois honorés, dont Estelle Lacoursière Au Canada, le 20 février est la Journée du patrimoine. À l'occasion de cette journée, le ministre fédéral de !'Environnement remet à dix Canadiens un Certificat du mérite du patrimoine. Cette année, trois Québécois ont été honorés par le nouveau ministre de !'Environnement du Canada, Lucien Bouchard. Ce sont Mme Estelle Lacoursière, une botaniste qui enseigne à l'Université du Québec à TroisRivières, M . Donat Martineau, de Rouyn-Noranda, fondateur de la Société du patrimoine de l'Abitibi-Témiscamingue, et feu

Bill Mason, d'Old Chelsea, membre actif de la Société pour la protection des parcs et des sites naturels du Canada. Estelle Lacoursière est très connue dans le monde des sciences naturelles au Québec. Elle est en effet l'auteure d'une vingtaine de volumes dans ce domaine, dont «L'étang, un milieu de vie » et « L'arbrier québécois ». Au plan de la botanique, on lui doit, entre autres, un inventaire de la flore en Gaspésie.

Soulignons qu'en 1987, Benoît Gauthier, l'un des membres du Comité fondateur (1984) de FRANC-NORD, s'était vu décerner un tel Certificat.

ZONAGE AGRICOLE

En novembre 1988, le gouvernement du Québec déposait à l'Assemblée nationale le projet de loi 100 modifiant la Loi sur le zonage agricole. Et en janvier dernier, le gouvernement du Québec consultait les représentants des associations agricoles et municipales pour connaître leur point de vue sur ce projet de loi, mais refusait d'entendre les groupes écologiques!

projet de loi ainsi que sur ses décisions touchant le dézonage récent de 1OO 000 hectares de bonnes terres ... par la Commission de protection du territoire agricole! Parmi les aspects inacceptables, Mme Lacharité souligne la proposition de soustraire les agriculteurs aux poursuites qui pourraient être intentées contre eux relativement aux poussières, aux odeurs ou aux bruits résultant de leurs activités et le fait de créer un fonds spécial , à même les deniers publics, afin d'assurer la défense des producteurs aux prises avec des poursuites.

Voilà qui a amené la porteparole de l'UQCN pour les questions agricoles, Manon Lacharité, à accuser le gouvernement de vouloir restreindre le débat pour ne pas avoir à répondre à des questions embarrassantes sur certains aspects inacceptables du

Notons que Mme Lacharité a rédigé à cet égard, au nom de l'UQCN, un mémoire intitulé « Le projet de loi 100 ou l'art d'essayer de faire plaisir à tout le monde aux dépens du gros bon sens... et de l'environnement».

Le gouvernement refuse d'entendre les écologistes

FLORE On répertoire de la végétation nord-américaine

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Estelle Lacoursière, photographiée lors du Festival des sciences de la nature, tenu en 1987 à Port-au-Saumon

Gilles Shooner

(g Associés tnc.

printemps 1989

CONSEILLERS EN ENVIRONNEMENT

40, Racine, Loretteville, (Québec) G2B 1C6 (418) 843-2769

Pendant les 12 prochaines années, des centaines de botanistes passeront l'Amérique du Nord au peigne fin , afin de rédiger la " Flora of North America» , la future bible de l'identification végétale nord-américaine. "Le projet, sous l'égide du Jardin botanique du Missouri, sera le premier répertoire complet des quelque 17 000 plantes tapissant les États-Unis, le Canada, le Groenland et les îles Saint-Pierre et Miquelon », rapporte le Dr Luc Brouillet, de l'Institut de botanique de Montréal, l'un des 20 promoteurs du projet.

d'introduction, le premier tome sera un véritable portrait de la végétation actuelle », poursuit le Dr Brouillet. La géologie, le climat, la végétation, la flore, son évolution, son utilisation et une histoire de l'exploration botanique en Amérique du Nord y seront traités. " Nous ne rédigeons pas la flore pour les systématiciens, mais pour tous les utilisateurs éventuels », soutient le botaniste. On y trouvera la description complète de chaque plante: des illustrations mettront en relief ses caractéristiques; sa répartition sera visible d"un coup d'oeil sur une carte et de nombreuses clefs faciliteront son identification. Enfin, des notes sur la biologie, sur l'écologie et sur l'habitat complèteront les descriptions.

Cette flore comprendra 12 volumes. Le premier tome, une introduction à la végétation nordaméricaine, serë' publié en 1990. Les autres tomes verront le jour pendant les 11 années suivantes. Ils traiteront des arbres, des autres plantes à fleurs ainsi que des fougères, mais ils n"aborderont pas les mousses, les champignons, les lichens, ni les algues.

Ces détails descriptifs, uniformisés dans tous les volumes, permettront de différencier chaque espèce de celles qui lui ressemblent. L'.uniformisation du langage sera aussi une première en systématique nord-américaine, un avantage pour tous les grands voyageurs.

« Plus qu·un simple volume

Alain Mc Lean est journaliste pigiste.

Alan Mc Lean

BÉLUGAS FRANC-NORD aide des étudiants à adopter un béluga Dans le cadre de la course annuelle à l'exploit de la Faculté des sciences et de génie de l'Université Laval, des étudiants de biologie ont réussi cette année un triple coup de maître : mystifier les représentants de la presse et même des biologistes du gouvernement avec leur échouage d'un béluga ... en matière synthétique, sensibiliser nombre d'étudiants aux problèmes toxicologiques qui menacent le béluga du Saint-Laurent (voir "Plan de survie pour le béluga », FRANC-NORD, Hors série sur le béluga et les espèces menacées, 1988) et ramasser les 5000 $ qui leur ont permis d'adopter l'un des 40 bélugas offerts en adoption symbolique par l'Institut national d'écotoxicologie du Saint-Laurent pour

MILIEUX HUMIDES Ça grenouille à Lanoraie Cette grosse éponge gorgée d'eau qu'est la tourbière de Lanoraie, riche en terre noi re recherchée pour la production de légumes, deviendra-t-elle un gruyère tout sec? Malgré la vigilance des écologistes, le doute plane encore sur l'avenir de cet écosystème de 62 km 2 , où les résidents de Lanoraie, au sud-est de Jol iette, s'approvisionnent en eau potable, de surcroît naturel lement pure. D'un côté, quatre « développeu rs», deux entrepreneurs indépendants l'un de l'autre, ayant déjà leur permis d'extraction de terre noire et qui voudraient bien pouvoir augmenter la surface exploitée de la tourbière; un homme d'affaires de Lavaltrie, le village voisin, désireux d'implanter un élevage de grenouilles et enfin une entreprise de Lachine qui souhaite pouvoir creuser une vaste carrière de sable. De l'autre côté de la clôture idéologique, un groupe d'écologistes de Lanoraie, largement appuyé par la popu lation: la Bande à Bonn'Eau, soucieuse d'assurer à la fois la préservation et la mise en va leur harmonieuse de ce milieu unique.

printemps 1989

financer ses recherches sur la contamination qui menace le béluga du Saint-Laurent. Comme nous l'explique Guy Bourassa, l'un des organisateurs de cet exploit, les 5000 $ nécessaires à l'adoption ont été amassés à coups de contributions de 2 $, de 5 $ et de 10 $ et grâce à la mise en vente, entre autres, d'exemplaires du numéro thématique hors série de FRANCNORD sur le béluga et les espèces menacées, que l'UQCN avait fournis gracieusement aux organisateurs de cet exploit. Le béluga adopté par les étudiants de biologie de l'Université Laval se nomme Slash. Reconnaissable par une longue cicatrice et par sa crête noire, cet adulte d'au moins 15 ans a été identifié pour la première fois à l'été 1980 grâce aux travaux de Leone Pippard (voir «Des gens qui protègent les espèces menacées », FRANC-NORD, Hors série sur le béluga et les espèces menacées, 1988).

" À force de creuser ici et là dans la tourbière, on pourrait à la longue perturber son équilibre fragile et même provoquer son assèchement, craint Normand Dugré, porte -parole de la Bande. Le proj et de grenouillère, qui comprend l'aménagement d'au moins six »piscines" aussi grandes que des terrains de football, risque de polluer l'eau très pure qu'elle contient.» «Or, c'est la tourbière qui alimente les résidents de Lanoraie en eau potable et qui pourvoit aux besoins des agriculteurs voi sins. Nous n'avons pas envie de perdre un parei l privi lège ! Si j amais la source devait se tarir, Lanoraie devrait, à l'instar des agglomérations voisines, pomper l'eau du Saint-Laurent, faire constru ire une usine d'épuration ... et doubler ou tripler les taxes pour payer la facture! Cela, les édi les municipaux le savaient depuis un an. C'est la Bande qui les a obligés à informer la population ... » Six mois durant, la Bande a tout mis en oeuvre pour mobiliser la population. Elle a même sensibilisé les jeunes de l'école primaire de Lanoraie ; les élèves de sixième ont d'ailleurs recréé à l'école une « tourbière de Noël " qui a remporté un franc succès. Selon la Bande à Bonn'Eau, la



À l'aube, les étudiants préparent l'échouage de leur «béluga» sur les glaces du fleuve, en face de Québec.

solution alternative au développement sauvage pourrait être fondée en partie sur le tourisme. La tourbière abrite une faune et une flore très particulières, notamment le bouleau nain et la sarracénie pourpre, une plante carnivore dont la «découverte» a littéralement enflammé l'imagination des élèves du primaire de Lanoraie. "Un milieu sub arctique au sud du Québec et à deux pas du Saint-Laurent, il me semble que c'est là un potentiel éducatif et récréatif intéressant, poursuit M. Dugré. Un minimum d'aménagement suffirait à attirer les touristes et les promeneurs du d i manche de la région montréalaise." En décembre dernier, devant la Commission de protection du territoire agricole du Québec, la Bande a emporté de justesse une première victoire contre le projet de grenouillère. Mais aux dernières nouvelles, le promoteur n'avait pas dit son dernier mot. " Nous avons affaire à forte partie, reprend Normand Dugré. Les grenouilles n'aiment pas fréquenter des mi l ieux aussi acides que les tourbières. Le comportement du promoteur nous paraissa it donc illogique ... jusqu'à ce que l'on apprenne qu'il espérait disposer de la terre noire prélevée sur le site pour installer ses piscines! Au prix où est la terre

noire, le profit aurait été juteux, grenouilles ou pas!»

À peine remise de ses émotions, la Bande doit déjà affronter l'entreprise d'extraction et de commercialisation de sable. " Comme par hasard, souligne Normand Dugré, cette entreprise a besoin de ce sable au moment même où on parle de réfection et de construction d'autoroutes dans la région métropol itaine. La bataille sera rude, d'autant p lus que nous ne pourrons peut-être pas compter sur les autorités municipales. Le maire de Lanoraie, qui est aussi préfet de la MRC, clame sa bonne foi. N'empêche que sans nos pressions, les entrepreneurs auraient bel et bien obtenu le feu vert pour leu rs projets. Et ce, en dépit du fait que nous ne connaissons pas encore les données de l'étude commandée par la MRC, il y a deux ans, en vue d'identifier les vocations possib les de la tourbière et d'orienter les politiques futures de développement. Mais la crédibi lité de cette étude est en jeu, depuis que nous avons appris que l'expert de la firme engagée par la MRC et celui du promoteur de la grenouillère ne sont qu 'une seule et même personne ... »

Denyse Perreault Denyse Perreau lt est journaliste pigiste.

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_ _ _ _ _Les actlAalités_ _ _ __ TOURISME NATURE

milieu à la gestion. De p lus, au plan fédéral, on ne tient plus seulement à protéger, mais aussi à développer le territoire et à augmenter l'achalandage.

Hautes Gorges: quel type de parc? Le ministre du Tourisme du Québec, Michel Gratton, a inauguré, l'automne dernier, le parc régional des Hautes-Gorges de la rivière Malbaie. Il avait alors déclaré que le gouvernement n'a pas l'intention de faire de ce territoire un parc provincial. Mais le site deviendra-t-il un parc fédéral? En effet, selon le secrétaire de la Corporation de développement des Hautes Gorges de la rivière Malbaie, Charles Roberge, il est probable que d'ici quelque temps, un projet de création d'un parc fédéral des HautesGorges soit mis sur pied, même si les démarches en ce sens sont plus complexes. "Si le gouvernement du Québec ne fait rien pour donner un statut légal de parc provincial aux Hautes Gorges d'ici quelques années, on va se tourner vers le fédéral , dit-il.,, Actuellement, au Québec, on compte trois parcs fédéraux: Mauricie, Forillon et Mingan. Et un autre devrait être créé bientôt, soit le parc marin du Saguenay.

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Rappelons que vers les années 1975, des négociations avaient eu lieu entre le ministère de !'Énergie et des Ressources et le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche (MLCP), dans le but de faire du territoire des Hautes Gorges un parc provincial. Mais le projet a dû être retardé parce qu'il se faisait du flottage de bois sur la rivière Malbaie, les forêts avoisinantes étant abondamment exploitées. En 1982, le plan quinquenna l du M LCP prévoyait la création de 18 parcs au Q uébec, incl uant le te rritoire des Hautes Gorges comme dernier parc à être créé. Cependant, le changement de gouvernement en 1985 a fait en sorte que le projet de création d'un parc provincial des HautesGorges a été presque oublié, même si, à ce moment-là, il ne s'y faisait désormais p l us de flottage de bois ni de coupe forestière. Selon le MLCP, le parc n'a jamais vu le jour parce que le gouvernement a manqué d'argent et que, dans le passé, le milieu n'aurait pas assez appuyé le projet. M. Roberge mentionne que pour les gens du milieu, le projet d'un parc provincial. c'est un peu comme un vieu x rêve non réa-

printemps 1989

M. Roberge se réjouit du fait que le territoire des Hautes Gorges ait été inclus au territoire de la réserve mondiale de la biosphère de Charlevoix (voir "Une réserve de la biosphère dans Charlevoix», FRANC-NORD, Été 1988). Cela permettra, selon lui, une plus grande visibilité du territoire des Hautes Gorges. Ce vaste territoire de 233 km 2 renferme des caractéristiques tout à fait particulières: des parois rocheuses de plus de 1000 m de hauteur, une chute de 110 m, une érablière à ormes et une végétation plus nordique sur les hauts sommets (voir " Tourisme nature, sauce Charlevoix», FRANC-NORD, Été 1988).

À l'été, un bateau-mouche permet maintenant d'explorer les

Hautes Gorges de la rivière Malbaie.

lisé. "Mais on ne sait pas si l'objectif d:un parc provincial vaut la peine d'être poursuivi, surtout qu'au gouvernement du Québec, il n'y a plus de gens qui croient vraiment à la participation du milieu», aj oute M. Roberge. Sel on lui, il est important de reconnaître que les gens du milieu doivent contribuer au développement du territoire.

Malgré le refus du gouvernement de créer un parc provincial dans les Hautes Gorges, M. Roberge se montre tout de même satisfait de pouvoir avoir accès au programme des parcs régionaux du gouvernement du Québec.

'Pour les touristes qui viennent apprécier les beautés de ce paysage, il est possible de faire du ... vélo de montagne, du canot, des .!! croisières, des visites sur les ~ sommets et de l'escalade de ': rochers et de glaces. La Corpora~ tion de développement des Hau~ tes Gorges de la rivière Malbaie ë compte augmenter le nombre 5: des activités offertes en créant un réseau de sentiers de 150 km dont l'un permettra de voir de près la chute de 110 m. M. Roberge espère que le parc régional des Hautes-Gorges de la rivière Malbaie attirera dans la région près de 15 000 personnes durant la prochaine saison touristique. L'an dernier, plus de 10 000 personnes ont visité ce territo ire.

Diane Parent Et il lui reste bien sûr l'alternative d'un parc fédéral, qui intégrerait davantage les gens du

Diane Parent est j ournaliste pigiste.

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(Cette offre, valide au Canada seu lement, expire le 31 décembre 1989.)

U nion q uébécoise pour la conservation de la nature 160, 75• Rue est, Charlesbourg, Qc, GlH 7H6. N° té l. : (418) 628-9600

Délicat. Comment concilier concurrence mondiale, fluctuation des marchés, activités industrielles, niveau d'emploi et protection de l'environnement. Tout un défi! Depuis la naissance d'Alcan, la conscience écologique et les connaissances technologiques ont progressé à pas de géant. Au Saguenay-Lac-St-Jean, Alcan a investi plus d'un milliard de dollars, depuis 1970, dans un processus de modernisation où la dimension environnement constitue une des priorités. Une équipe de 75 spécialistes veille sans relâche à réduire l'impact de nos activités sur l'environnement, sans oublier les nombreux projets éducatifs et programmes de protection faunique auxquels nous participons pour le bénéfice de la collectivité québécoise. Les problèmes sont délicats mais Alcan demeure vigilant. L'environnement est un élément-clé de notre stratégie d'entreprise.

La qualité de la vie, c'est aussi un de nos produits.

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