Franc-Vert vol. 11 no. 3 (juin-juillet 1994)

la Baie-James et du Nouveau-Québec, a préséance ...... Grondine-Lotbinière, l'électticité provenant de la Baie James passe désormais ..... Photos Braek Fenton.
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Ils habitent ensemble depuis deux ans!

Au Biodôme de Montréal, quatre écosystèmes cohabitent. Toute la nature de notre continent vit au Biodôme de Montréal. Ne soyez donc pas surpris de vous retrouver en plein monde polaire, dans les Laurentides, d'aboutir dans la jungle ou encore sur les rives du Saint-Laurent. Depuis son ouverture en juin 1992, plusieurs millions de visiteurs ont franchi ses portes. Pas étonnant que le Biodôme soit devenu la plus grande fierté touristique de Montréal.

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Ville de Montréal

Volume 11, numéro 3-juin-juillet 1994

ARTICLES

Pboto de la page co11vert11re: Merlin D. T11ttle, Bat Co11servatio11 /11tematio11al Menacée d'e.i:ti11ctio11, la cba11veso11ris argentée passe l'été ici.

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CHRONIQUES -

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DE VOTRE PLUME

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ÉDITORIAL Pm· Harvey Mead

DANS MA COUR • Le ginseng, la magie disparue • Le monarque bat de l'aile • Les vers de terre vidangeurs • Paysage sans pylônes •Adoption internationale .. . de blanchons

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PENSER GLOBAŒMENT

• Un centre antigaspillage • Petits gestes dans la ville

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CALENDRIER

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Papier glacé Écogloss : recyclé à 50% dont au moins 10% de fibres postconsommation; blanchi au chlore. Papier mat Rolland Nouvelle Vie : recyclé à 50% dont au moins 10% de fibres postconsommation; blanchi ~ chlore à 50%; a reçu l'F.cologo.

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SUIVEZ NOS GUIDES-VEDE1TE ! tion vacances ou d'une idée d'excursion? Nous vous en proposons quatre, identifiées par autant de personnalités qui nous livrent les secrets de leur coin de nature préféré. De Sylvain Lelièvre à Francine Ouellet, de Longueuil à la BasseCôte-Nord, suivez le guide!

ÊTRE AUX OISEAUX

AGIR LOCAIJJMENT

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À la recherche d 'une destina-

La cogénération, une filière contestée Par Clôde de Guise

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Par Lynda Giroux

Par Peter Lane

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La chauve-souris a maintenant ses admirateurs au Québec. Ceux-ci la guériront peut-être de son principal défaut : être restée mystérieuse, tant pour les scientifiques que pour le public.

Pour qui voter?

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IA CHAUVE-SOURIS SOKI' DE L'OMBRE

Par Louise Desautels et Denyse Perreault

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METAMORPHOSE La transformation d'un parc à résidus miniers en un parc tout court passe par un contrôle de l'acidification des eaux d'écoulement. Quelques réalisations et beaucoup de recherches nous laissent espérer la réussite de cette opération «métamorphose». Par Lyne Lauzon

juin-juillet 1994 -

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Tout ce que vous avez à faire, c'est de vous abonner, de vous réabonner ou bien d'abonner un(e) ami(e) à Franc-Vert. Vous courrez ainsi la chance de gagner un des 20 laissez-passer doubles pour une croisière d'observation des baleines, d'une durée de trois heures, à partir de Tadoussac.

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Les règlements du concours sont disponibles au bureau de l'UQCN-FRANC-VERT. Ce concours répond aux exigences de la Régie des loteries du Québec. Comme le demande la Régie , le (la) gagnant(e) devra, pour se procurer son prix, répondre correctement à une question mathématique. Voici cette question : 10+4x2-8+4= _ __

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3 $pour tous les lecteurs de Franc-Vert Sur présentation de ce couponrabais, au comptoir des croisières de l'Hôtel Tadoussac, vous obtiendrez un rabais de 3 $ pour une «croisière safari visuel » aux baleines ou pour la découverte du Fjord du Saguenay.

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Cro1s1eres ·Cru1ses

Pour information et réservation : 1 800 463-5250

VOTRE LUME

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LES CRIS, LES MÉDIAS ET LE DÉNIGREMENT DU QUÉBEC?

DES CLICHÉS !

Dans l'article «Quand les Cris débarquent à New York», publié dans le numéro d'avrilmai 1994, on met de l'avant la simple thèse qu'en allant aux États-Unis, les Cris se sont fait manipuler par les groupes américains. On allègue que les Cris sont inefficaces et naïfs. De leur part, les groupes américains sont trop émotifs, promouvant leurs causes aux dépens des pauvres autochtones sans qu'ils ne s'en rendent compte. Cette perception de pauvres autochtones est inquiétante parce qu'elle diminue les droits, le rôle et la crédibilité des Cris dans le débat sur l'énergie. On suggère que seuls les écologistes québécois sont capables de mener ce débat. Un débat et une décision qui doivent être «Made in Québec». Si c'était le cas, le projet Grande-Baleine serait mort dans l'oeuf, écrasé par le poids de l'opinion publique.

La lecture du numéro d'avril-mai 1994, consacré aux autochtones, m'a laissé sur mon appétit. On y véhicule des clichés usés, des concepts vagues jamais définis, et même des faussetés pures et simples.

Dans la réalité québécoise, les choses se sont déroulées autrement. C'est l'opposition crie qui a mené à la révision du projet. Rappelezvous qu'en 1984, Hydro avait signé des contrats d'exportation et se préparait à investir plus de 62 milliards de dollars. Richard Drouin voulait augmenter les tarifs d'au moins 5% afin de pouvoir se payer la construction des 55 barrages. Hydro et le gouvernement étaient prêts à hypothéquer nos futurs communs pour satisfaire aux lobby du «bulldozer». C'est dans ce contexte qu'on avait décidé de s'opposer au projet Grande-Baleine. Depuis un bon moment, les médias s'en prennent alix Cris et à leur stratégie d'avoir «débarqué» à New York en utilisant des arguments émotifs qui, en conclut-on, cherchent à

Stlite à la page 34

PAS D'EXPLOITATION AU NORD J'aimerais apporter quelques précisions à l'article paru dans votre magazine de janviermars 1994 au sujet des parcs du Québec. Le texte, intitulé «Le temps presse», fait le point sur la protection d'espaces verts au Québec. On y rapporte mes propos sur deux sujets : les territoires nordiques réservés pour des fins de parcs et les parcs régionaux. D'abord les territoires du nord québécois. Contrairement à ce qu'on peut lire dans l'article, les territoires mis en réserve sont soustraits à l'exploration des ressources, en vertu de deux éléments : 1) le 4 avril 1990, le Comité ministériel permanent de l'aménagement, du développement régional et de l'environnement autorisait l'inscription de ces sites potentiels de parcs au plan d'affectation des terres publiques; '

2) en vertu de l'article 304 de la Loi sur les mines, les territoires mis en réserve aux fins de la création de parcs sont soustraits par arrêté ministériel, au jalonnement, à la désignation sur carte, à la recherche minière ou à l'exploitation minière. Par ailleurs, le Plan d'action sur les parcs prévoit qu'avant d'arrêter définitivement le plan de développement des parcs du Nord, le Ministère consultera les communautés

concemée8 pour s'assurer de la concordance de ses projets avec les conventions nordiques. De plus, le droit d'exploitation reconnu aux autochtones, dans la Loi sur les droits de chasse et de pêche dans les territoires de la Baie-James et du Nouveau-Québec, a préséance sur la Loi sur les parcs. Nous avons cependant l'intention de définir avec eux les modalités d'application de ce droit d'exploitation. En ce qui concerne les parcs régionaux que le gouvernement pourrait accréditer, le concept prévoit la délimitation sur les terres publiques d'une zone d'une superficie maximale de l'ordre de 10 km2 où des modalités parnculières de gestion des ressources et du territoire pourraient être appliquées. Ces modalités particulières seront consenties dans le respect des lois et des règlements en vigueur de même que des droits accordés à des tiers et devraient notamment favoriser la protection du milieu naturel. Dans ce contexte, plus cette zone sera grande, plus les ententes particulières seront difficiles à négocier. Tel était le sens de mes propos à ce sujet.

Lt1c Berthiat1me Ministère de !'Environnement et de la Faune du Québec

D'abord quand va-t-on cesser de traiter tous les autochtones comme un bloc monolithique? Les Hurons et les Mohawks n'ont aucun droit territorial au Québec puisqu'ils étaient absents du territoire québécois à la naissance de la Nouvelle-France en 1608. Ce sont des réfugiés accueillis par la suite par nos ancêtres qui leur ont permis de continuer à pratiquer leur mode de vie traditionnelle tant que celui-ci n'entrerait pas en conflit avec les choix de développement de la colonie. Toute autre interprétation est farfelue. Le fameux jugement Sioui de la Cour suprême est clair là-dessus. Mais qui se donne la peine de le relire? D'autre part, depuis quand les autochtones sont-ils des protecteurs de la nature et des environnementalistes? À l'arrivée des blancs, ils faisaient partie de l'écosystème et vivaient de la cueillette de fruits, de la chasse et de la pêche avec des armes primitives qui favorisaient le gibier au dépens du chasseur. Une fois munis de fusils, de haches, puis de scies à chaîne et de motoneiges, ils n'ont ménagé ni la forêt ni le gibier, pas plus que les blancs. Les zones avoisinantes des villages, des réserves ou des campements sont devenues vite des déserts de gibier. Les populations de castor du nord québécois ont périclité à un point tel qu'il a fallu un programme gouvernemental spécial, au début du siècle, pour les rétablir. La conservation, pour les autochtones, se résume aujourd'hui à déranger le moins possible les habitats pour avoir de meilleures populations de faune-gibier auxquelles ils prétendent avoir un droit prioritaire d'utilisation, que ce soit pour la subsistance ou pour le sport. Et puis il y a le «droit fondamental à l'autodétermination». Y a-t-il finalement quelqu'un qui aura le courage d'accrocher une définition à ce concept? Les autochtones refusent systématiquement de définir l'autodétermination de peur de ne pas en mettre assez et les gouvernements font de même

Stlite à la page 34 juin-juillet 1994

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UNION QUÉBÉCOISE POUR LA CONSERVATION DE LA NATURE

«PENSER GLOBALEMENT AGIR LOCALEMENT» Organisme national sans but lucratif, l'Union québécoise pour la conservation de la nature (UQCN) regroupe des individus ainsi que des sociétés oeuvrant dans le domaine des sciences naturelles et ·de l'environnement. L'UQCN favorise la conservation et l'utilisation durable des ressources. Elle fonde son action sur les trois objectifs de la Stratégie mondiale de la conservation : le maintien des processus écologiques essentiels, la préservation de la diversité génétique et l'utilisation durable des espèces et des écosystèmes. Directeur général de l'UQCN : Christian Simard Adjointe au directeur : Diane Pagé Administration : Monique Arteau Secrétariat : Diane Néron Coordonnatrice de STRATÉGIES SAINJ'-IAURENT et projets spéciaux : Ursula Larouche Conseil d'administration de l'UQCN Président : Harvey Mead Premier vice-président : André Desrochers (Faune et biodiversité) Vice-président(e)s : Luce Balthazar (Éducation; Forêt) , Yves Bédard (Concours photo) , Michel Bélanger (Affaires juridiques) , Roger Bilodeau (Parcs et sites protégés), Richard Favreau (Aménagement du territoire) , Louis Gagné (Développement industriel et technologies) , Jean Hamann (FrancVert), Manon Lacharité (Énergie), Réal Lacombe (Réseau et développement social), Carole Leroux (Transport et urbanisme) , Donna Roberts (Gestion des déchets) . Secrétaire-trésorier : Claude Dontigny, c.a. Ambassadeurs de l'UQCN : Frédéric Back, Jacques Dufresne, Pierre Gosselin, Peter Jacobs, Pierre-Marc Johnson, Estelle Lacoursière, Leone Pippard. Organismes affiliés: Anù(e)s de la terre de !'Île d'Orléans; Anù(e)s de la vallée du Saint-Laurent; Anù(e)s du Jardin botanique de Montréal; APEL du lac Saint-Charles; APEL du lac Saint-Joseph; Association de la maîtrise en environnement de l'Université de Sherbrooke; Association des citoyens du nord de Gatineau; Association pour la conservation du mont Pinacle; Association pour la protection de !'environnement de Rigaud; Association pour la protection du lac Mégantic; Association québécoise des groupes d'ornithologues; Association québécoise d'interprétation du patrimoine; Association sportive Chapecamp; Association sportive et écologique de la Bastican; Bloc vert; Centre de conservation de la nature du mont Saint-Hilaire; Centre de fonnation en environnement; Centre de la montagne; Centre de recherche et de fonnation en écotoxicologie de la Montérégie; Centre d'études et de recherche interdisciplinaires sur les communications, la législation et l'éducation environnementales; Centre d'interprétation de la batture de Kamouraska; Centre d'interprétation de la nature du lac Boivin; Centre d'interprétation du milieu écologique du mont Saint-Grégoire; Centre écologique de Port-au-Saumon; Centre marin des blanchons; Centre québécois du droit de l'environnement; Cercles des jeunes naturalistes; CIRADEMQuébec; Comité de santé publique et d'environnement; Club de marche de Québec; Club des ornithologues de BromeMissiquoi; Club des ornithologues de !'Outaouais; Club des ornithologues des Hautes-Laurentides; Club des ornithologues de Québec; Club d'observateurs d'oiseaux de Laval; Club d'ornithologie de la région des Moulins; Comité d'environnement de Chicoutimi; Comité d'environnement de Dolbeau-Mistassini; Comité de citoyens de Saint-Antoine de Tilly; Comité d'environnement du Collège Vanier; Comité de recherche et d'intervention environnementales du Grand-Portage; Comité environnement de !'École polytecllllique; Conseil régional de l'environnement de la Montérégie; Conseil régional de l'environnement du Saguenay-Lac-Saint-Jean; Conservation de la baie Missisquoi; Conservation faune aquatique Québec; Corporation d'amélioration et de protection de l'environnement de Baie-Corneau; Corporation d'aménagement des espaces verts; Corporation de gestion CHARMF.5; Corporation de l'aménagement de la rivière !'Assomption; Corporation de protection de l'environnement de Sept-Iles; Corporation du Parc régional de Pointe-aux-Outardes; Éco-musée de la Haute-Beauce; Éconature de Laval; Entomofaune du Québec; Environnement Haute-Gatineau; Environnement Vert-Plus; Fédération québécoise de la montagne; Fédération québécoise du canot-camping; Fiducie foncière du marais Alderbrooke; Fondation les oiseleurs du Québec; Fondation pour la conservation du mont Yamaska; Fondation pour la sauvegarde des espèces menacées; Fondation québécoise pour la protection du patrimoine naturel; Fondation Québec-Labrador; Fiducie foncière du mont Pinacle; Groupe autonome de recherche et de développement de l'Est; Groupe de recherche appliquée en macro-écologie; Groupe de recherche et d'éducation en milieu marin; Groupe d'initiatives et de recherches appliquées au milieu; Groupe Fleurbec; Groupe nature et patrimoine; Inter-Paysages; La Bande à Bonn'Eau; Llgue intermunicipale pour l'environnement et la nature; Mouvement écologique collégial de Sherbrooke; Mouvement écologiste et alternatif de l'Université du Québec à Montréal; Mouvement pour la valorisation du patrimoine naturel des Îles-de-la-Madeleine; Musée du Séminaire de Sherbrooke; Nature-Action; Option verte; Parc d'environnement naturel de Sullon; Récupération Lotbinière; Recyclage Vanier; Regroupement pour la préservation de l'île et du marais de Katevale; Regroupement pour la protection de l'environnement d'Oka; Société d'aménagement de la rivière Madawaska et du lac Témiscouata; Société d'aménagement récréatif pour la sauvegarde du Lac-Saint-Pierre; Société d'animation scientifique Québec; Société de biologie de Montréal; Société d'écologie de Papineau; Société de conservation, d'interprétation et de recherche de Berthier et ses îles; Société de conservation et d'aménagement du bassin de la rivière Châteauguay; Société d'observation de la faune ailée; Société de protection foncière de Saint-Adèle; Société d'entomologie du Québec; Société d'environnement et de verdure des HautesLaurentides; Société des amis du Jardin Van-den-Hende; Société d'histoire naturelle de la vallée du Saint-Lauren~ Société d'horticulture et d'écologie des Cantons-Unis; Société d'horticulture et d'écologie de Lac-Nominingue; Société d'ornithologie de Lanaudière; Société du loisir ornithologique de !'Estrie; Société éducative pour la diffusion de l'infonnation sur l'eau; Société linnéenne du Québec; Société ornithologique du Centre du Québec; Société pour la protection des parcs et sites naturels du Canada; Société Provancher d'histoire naturelle; Société québécoise de spéléologie; Société québécoise pour la protection des oiseaux; Société zoologique de Granby; Société zoologique de la Mauride; Société zoologique de Québec; Station de recherches des îles Mingan; Vers un monde sans auto. L'Union québécoise pour la conservation de la nature est affiliée à l'Union mondiale pour la nature (UICN), à la Fédération canadienne de la nature, au Fonds mondial pour la nature (Canada) ainsi qn'à Great Lakes United. 690, Grande-Allée Est Québec (Québec) GlR 2K5 Tél.: (418) 648-2 104 Téléc.: (418) 648-0991

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690, Grande-Allée Est Québec (Québec) GlR 2K5 Tél. : (418) 648-2104 Rédactrice en chef Louise Desautels Traitement de texte et secrétariat Marthe Saint-Hilaire Graphisme Greco Communication Design Publicité et marketing Hélène Savard Administration et abonnement Monique Arteau Comité scientifique Président d'honneur : Pierre Bourque Président exécutif : Cyrille Barrette Autres membres : Colette Ansseau, George Arsenault, Ginette Beaulieu, Yves Bédard, Jean-François Bergeron, Francine Bigras, Jean Boulva, Anne Charpentier, Johanne Delisle, Luc Gagnon, Léopold Gaudreau, Gilles Gauthier, Yves Guérard, Marianne Kugler, Manon Lacharité, Estelle Lacoursière, Monique Laforge, Hélène Lair, Gisèle Lamoureux, René Moisan, Serge Payelle, Jacques Prescott, Austin Reed, Camille Rousseau, Christian Roy, Angèle Saint-Yves et Jean-Guy Vaillancourt. Éditeur délégué Jean Hamann Révision des textes Cyrille Barrette et Camille Rousseau Conseiller à la photographie Jean-François Bergeron Numérisation et pelliculage Graphiscan Impression Imprimerie Canada Média d'information sur la nature et les questions environnementales, FRANC-VERT a pour objectif de vulgariser les récentes connaissances scientifiques et teclllliques dans ces deux domaines. FRANC-VERT publie six numéros réguliers par année. En 1994, la cotisation pour les membres individuels de l'UQCN est de 21 $ pour un an; celle des organismes affiliés est de 40 $. Les membres de l'UQCN sont automatiquement abonnés à FRANC-VERT. L'abonnement à FRANC-VERT est de 18 $ pour un an. TPS en sus. Copyright 1994--FRANC-VERT. Le contenu de FRANC-VERT ne peut être reproduit ni traduit sans l'autorisation de la direction. La direction laisse aux auteurs l'entière responsabilité de leurs textes. Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec et Bibliothèque nationale du Canada, premier trimestre 1984, ISSN-0822-7284. FRANC-VERT est indexé dans «Point de repère». La publication de ce périodique est rendue possible grâce à l'aide du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche du Québec et du ministère de !'Enseignement supérieur et de la Science du Québec. Courrier de 2• classe, no 6284. Port payé à Québec.

LJI. '}{_ftTli'I(_'E 'lJ'U Q'll'É'13'EC 'E'J{I'Jv{Jil.(j'ES Concours annuel de photographie nature - Président : Yves Bédard - Vice-président: Jean-François Bergeron - Coordonnatrice : Hélène Savard - Secrétaire : Marthe Saint-Hilaire - Conseiller scientifique : Cyrille Barrette - Conseiller artistique : Pierre Leduc - Conseiller à la photographie : Stephen Homer - Conseiller à la production : Normand Prescott - Conseiller aux_p_~ets spéciaux : Christian Bolduc

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• • • • • • • • . EDITORIAL

La campagne électorale fédérale d'octobre dernier a été marquée, selon de nombreux observateurs, par une absence presque totale de référence aux questions environnementales. Avec l'approche des élections provinciales au Québec, il nous paraît opportun de voir où les gens préoccupés par ces questions devraient se situer par rapport au choix qui se présente.

POUR QUI VOTER?

L'exemple forestier Au Québec, la forêt se présente comme un cas analogue. Un emploi sur dix dépend directement ou indirectement des activités forestières. Nous avons découvert, dans les années 80, que notre façon traditionnelle de faire cette exploitation ne permettait pas d'assurer des assises permanentes pour ces milliers d'emplois. Plus récemment, nous avons réalisé que ces emplois dépendaient aussi dé la façon dont nos dirigeants géraient les industries «Secondaires», les usines de pâtes et papiers, les scieries, etc. Choisir d'exporter les profits plutôt que de moderniser les usines a entraîné, dans plusieurs cas, de sérieuses difficultés économiques et même, des fermetures. Cette mauvaise gestion a aussi rendu plus difficile l'application de la réglementation environnementale, ce qui se traduit souvent en coûts supplémentaires.

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l'encontre du traité intemational de Rio, signé en 1992 par le Canada et endossé par le Québec. Tout le débat entourant les choix associés à la production et à la conservation de l'énergie constitue pour l'UQCN une priorité, de pair avec le débat sur la forêt. Nous y voyons «l'environnement» - l'exploitation du milieu forestier, la pollution industrielle, les enjeux du domaine de l'énergie- inévitablement intégré à des décisions économiques et politiques, qui, elles, comportent d'importantes conséquences sociales.

Pour une vision globale La réponse à la crise environnementale n'est

pas avant tout une question de recyclage des déchets domestiques, qui touche une part minime des ressources, ou de meilleure utilisation de la bicyclette, qui ne peut combler qu'une part minime de nos besoins de transport. La réponse viendra d'une gestion de notre économie et de nos besoins sociaux permettant d'éviter la dégradation continue de notre environnement social et naturel.

L'émergence de projets de cogénération (projets ctitiqués par les environnementalisIl est évident que, comme individus, comme tes) n'est pas non plus étrangère aux difficitoyens et citoyennes, l'environnement est cultés qu'a connues l'industrie des pâtes et loin d'être notre seule préoccupation. Il est papiers. Les projets actuels ne servent malde plus en plus reconnu, dans les milieux heureusement pas à On ne devra donc pas écologiques, qu'aborder les questions envi- mieux utiliser l' énerse contenter d'insister ronnementales séparément de leurs contex- gie consommée par auprès des leaders des Nous croyons que la tes social et économique s'avère inappro- l'industrie en produipartis politiques, pour prié et inefficace. Mais nous ne pouvons, et sant de l'électricité meilleure façon de qu'ils prennent des enles politiciens ne le peuvent pas non plus, avec l'énergie qui segagements environneoublier le fait que nous vivons une crise de rait autrement perrépondre à la crise mentaux particuliers. l'environnement dont nous allons léguer les due. Cette façon de Il faut plutôt exiger conséquences, définitivement, à nos enfants. faire , ce que nous environnementale dans d'eux une vision d'enEn même temps, nous vivons des crises so- appelons la vétitable semble qui ne fasse les années à venir sera pas ciales et économiques d'importance, même «Co-génération», est de l'environnesi celles-ci ne se font pas sentir de la même plus efficace et comment et de la société par une intégration de façon et ne pèsent pas également sur tout le bine les avantages fides victimes de décimonde. Alors que la dégradation environne- nanciers et les avansions économiques (et ses composantes dans mentale est souvent ressentie par toute une tages environnemenpolitiques) visant le population, le chômage, la pauvreté, le tra- taux. Par contre, les les autres crises. court terme. Dans le vail précaire et les problèmes familiaux projets présentés vipassé, trop souvent, les frappent certains plus que d'autres. sent plutôt la consdécideurs n'ont pas Nous croyons que la meilleure façon de ré- truction de vétitables centrales thermiques tenu compte des multiples conséquences de pondre à la crise environnementale dans les au gaz naturel, et malgré leur lien avec l'in- leurs actes à long terme. Il reste que des proannées à venir sera par une intégration de dustrie des pâtes et papiers, ils n'ont que blèmes d'ordre local, environnemental et soses composantes dans les autres crises, qui très peu à voir avec une utilisation optimale cial peuvent vous amener à questionner les semblent s'installer de façon aussi perme- de l'énergie consommée par les usines. candidats et candidates de votre comté. nante. Dans l'éditorial du numéro marquant L'aventure amène donc une aggravation des La vision esquissée ici est celle du développele dixième anniversaire de Franc- Vert, nous problèmes environnementaux et ne consti- ment durable. Tout le monde risque d'en paravons fait référence à la crise des pêches tue en fait qu'une planche de salut économi- ler au cours de la campagne électorale. C'est pour illustrer cette intégration. La dispari- que pour certaines entreprises. Si ces pro- à vous que revient la responsabilité de décotion des stocks de poissons signifie en même jets se réalisaient, le Québec serait dans une der le vrai et le faux dans les discours à venir. temps la disparition de milliers d'emplois et situation où il augmenterait ses émissions de C02, un gaz à effet de serre; ce geste irait à Harvey Mead la dégradation sociale de toute une région. juin-juillet 1994

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DANS MA COUR

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FLORE

LE GINSENG : LA MAGIE DISPARUE Dans toute l'histoire de la pharmacopée traditionnelle, le ginseng est sans doute la plante qui a le plus fait parler d'elle, et à raison : son histoire est fabuleuse ! Cette · plante qui, disait-on, peut guérir tous les maux de l'humanité, se retrouve à l'état sauvage au Québec. Mais elle fut tellement pillée qu'elle est menacée d'extinction. Aussi, importe-t-il que cette plante soit au plus tôt protégée par la loi québécoise sur les espèces menacées ou vulnérables.

Photo Daniel Gagnon

Asie-Amérique-Asie Le ginseng, dont le nom scientifique (Pana:x ginseng) a la même origine que le mot «panacée» , est reconnu en Asie depuis plus 5 000 ans pour ses vertus magiques et thérapeutiques, notamment celle de tonifier l'organisme. Mais ce n'est qu'au début du XVIIIe siècle qu'un Jésuite en fait la découverte en Amérique du Nord, dans la région de Montréal. Il s'agit d'un ginseng nord-américain (Pana:x quinquefolium) très similaire à la plante asiatique. Notre découvreur, le Père Lafitau, apprit du même coup que le ginseng était couramment utilisé par les Iroquois. La Nouvelle-France s'engage alors, dès 1718, dans un commerce aussi lucratif qu'éphémère, deuxième en importance après celui de la fourrure : l'exportation des racines de ginseng en Chine. Colons et autochtones mettent tellement d'ardeur à la cueillette qu'en 1751, les seules racines encore présentes sur le territoire sont jugées

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trop petites par les marchands chinois. L'aventure québécoise du commerce du ginseng n'aura donc duré qu'une trentaine d'années et, depuis, Panax quinquefolium ne s'est jamais remis de ce pillage.

D'Est en Ouest Daniel Gagnon, professeur d'écologie à l'Université du Québec à Montréal (UQAM), raconte que les populations de ginseng sont disséminées dans l'extrême sud du Québec. Aujourd'hui, la plus grosse colonie compte 800 plants, cinq ou six colonies totalisent une centaine de plants et il existe plusieurs petits îlots de 10 à 20 plants. M. Gagnon estime la population totale à quelque 5 000 plants. Espérer revenir à l'âge d'or du ginseng au Québec est illusoire, selon lui, et songer à en faire à nouveau la cueillette est inconcevable. Daniel Gagnon, Patrick Nantel et Danielle Charron, du groupe de recherche en écologie forestière de l'UQAM, ont fait de savants calculs pour démontrer cette impossibilité mathématique. «Nous avons évalué qu'une population viable de ginseng doit compter 172 plants, explique M. Gagnon. Il y a tout au plus une demi-douzaine de ces colonies au Québec. Pour donner le temps aux plants de se reproduire, les cueillettes devraient avoir lieu aux trois ans et on ne pourrait cueillir que 10% des plants matures. En vous épargnant toute la démarche de calcul entre le taux de croissance des plants selon leur âge et le taux de mortalité, le résultat est le suivant : la cueillette par colonie viable serait de six plants aux trois ans!» Il n'y a donc pas de quoi faire commerce, si petit soit-il... Mais le ginseng asiatique se cultive, sous nos latitudes. Même si sa racine n'a pas le même attrait aux yeux des connaisseurs, se détaillant le quart du prix payé pour les racines sauvages, la culture du ginseng demeure très lucrative. Elle s'avère cependant difficile. Cette plante craint le soleil et doit être cultivée sous ombrières. Elle se plaît dans un sol sablonneux et bien drainé; les terres à tabac lui conviennent bien. Au Canada, ce sont les Ontariens qui ont le quasi-monopole de cette culture avec une centaine de producteurs. On en compte tout au plus une cinquantaine en Colombie

Britanique et en Nouvelle-Écosse, et aucun au Québec. Les acheteurs sont des grossistes américains qui revendent le ginseng en Asie et à Hong-Kong, alors que celui qu'on retrouve ici est importé de Corée (le plus grand exportateur au monde). Depuis la fin des années 80, on ne trouve plus que du ginseng cultivé dans le commerce. Comme celui-ci est transfrontalier, il s'exerce selon les règles de la Convention sur le commerce international des espèces menacées (CITES). Environnement Canada, responsable de la Convention, émet donc des permis d'exporter, mais possède peu de moyens de contrôle «Nous savons, assure Yvan Lafleur, chef du Service d'application de la loi, à Environnement Canada, que certains producteurs canadiens offrent clandestinement, à leurs meilleurs clients, une certaine quantité de racines sauvages, au prorata des racines cultivées vendues.» Il s'avère difficile d'évaluer la quantité exacte de racines sauvages cueillies pour ces marchés.

La racine aux 1 000 vertus Professeur de biochimie à l'Université de Montréal, Réjean Daigneault a voué une partie de sa recherche à cette plante tellement prisée des Asiatiques. Il y a même consacré un petit ouvrage, intitulé Un tonique de l'énergie vitale, le ginseng. «Le spectre d'action du ginseng est sans doute l'un des plus vastes de toutes les plantes connues, affirme ce chercheur. Il est reconnu que le ginseng possède une action antifatigue, antistress et exerce un effet normalisateur sur plusieurs processus physio1ogi qu es importants.» On prétend par exemple que le ginseng est un bon remède contre l'impuissance ... Si vous êtes convaincus des vertus de cette racine, dont la forme rappelle celle d'un humain, et prêts à vous en procurer sur-le-champ, retenez d'abord la leçon de M. Daignault : «Toutes les préparations du ginseng n'ont pas la même composition chimique; on a même constaté que certains produits ne possédaient aucune activité pharmacologique». Alors, renseignez-vous avant d'acheter du ginseng à prix d'or! Clôde de Guise

FAUNE

LE MONARQUE BAT DEL'AILE Le monarque est un libre-échangiste avant l'heure, passant depuis des siècles ses hivers au Mexique et ses étés aux États-Unis ainsi que dans le sud du Canada. Mais Lincoln Brower, biologiste de l'université de Floride, croit que les visites de ce papillon aux grandes ailes oranges sont comptées. Selon ce spécialiste de renommée mondiale, de passage à Québec au printemps dernier, la migration du monarque serait un phénomène naturel en voie de disparition. «L'espèce elle-même n'est pas menacée, s'empresse-t-il d'ajouter, puisque les populations sédentaires des tropiques se portent bien. » Ce sont les monarques migrateurs qui risquent de disparaître si leurs aires d'hivernage au Mexique continuent de se détériorer au rythme actuel.

Pboto Pierre Saint-Jacques, Musée canadien de la nature

Les sapins du Mexique

Au musée

Fait étonnant, ce n'est que depuis 1976 que les scientifiques connaissent l'emplacement exact de ces lieux d'hivernage : une dizaine de forêts de sapin, totalisant à peine 130 km2 et situées dans un massif montagneux au nord-ouest de Mexico. Le rassemblement des monarques, à raison de dix millions à l'hectare, est un spectacle inoubliable : impossible de reconnaître les arbres derrière les papillons, ces derniers les recouvrant complètement !

Selon Jacques Prescott, conservateur au jardin zoologique de Québec et un des conseillers de l'équipe du Musée canadien de la nature qui a conçu l'exposition itinérante «Monarca : papillons sans frontières», le monarque illustre bien la nécessité d'intégrer la politique environnementale des trois pays nord-américains. En effet, comme le montre l'exposition qui reviendra au Canada ~n 1995 après avoir été en Californie et à Mexico, le monarque quitte le Mexique à chaque printemps pour aller se reproduire dans le sud des États-Unis. Les adultes y meurent, tandis que leurs descendants se rendent jusque dans le sud du Canada. Ils suivent la distribution de l'asclépiade, plante sur laquelle le papillon pond ses oeufs et dont se nourrit la larve. Au Québec, les monarques se dispersent donc dans le sud de la province, incluant la région de Québec et le Bas-Saint-Laurent. À l'automne, les monarques nés dans nos frontières se rassemblent, notamment à Pointe-Pelée en Ontario, pour refaire à l'envers le

C'est ainsi que, tassés les uns contre les autres, les monarques passent l'hiver. Pendant ce temps, ils ne se reproduisent pas et se déplacent peu. En fait, ils survivent en grande partie sur leurs réserves de graisse ! Le papillon doit donc économiser ses lipides, ce que lui permet le climat frais de ces forêts de sapin situées entre 2 900 et 3 300 m d'altitude. Depuis quelques années, Lincoln Brower a cependant observé des changements dans le microclimat de ces sites, consécutifs aux activités forestières. Dans les colonies où la forêt a été éclaircie, ou dans celles situées à proximité d'une coupe à blanc, la perte de chaleur que cela entraîne est néfaste pour les monarques. Plusieurs meurent de froid ou d'avoir épuisé leurs réserves de graisse. Une colonie a déjà disparue sous la pression des coupes forestières et Lincoln Brower estime qui si rien n'est fait pour arrêter la destruction de ces forêts, la migration de monarques à l'est des Rocheuses disparaîtra d'ici 20 ans.

périple entrepris par leurs ancêtres. Mais pour combien de temps? Anne Vézina

juin-juillet 1994

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DÉCHETS

FAUNE

LES VERS DE TERRE VIDANGEURS LE RETOUR DES GRUES BLANCHES Une société québécoise s'apprête à implanter en banlieue de Québec la première usine de traitement et de recyclage des déchets par vers de telTe au Canada. Les vers, de la famille des lombriciens, semblables à ceux que vous accrochez à votre hameçon, auront · pour tâche de dévorer la totalité des matières organiques contenues dans les déchets urbains. Cela comprend bien sûr les déchets de table, mais aussi les papiers et les cartons; en tout, à peu près 50% du tonnage collecté. De cette moitié, des recherches ont montré que les lombtics ingurgitent un bon 90%. L'avantage évident d'utiliser les lombrics, c'est qu'ils se chargent eux-mêmes du travail de t1iage entre les matières organiques et les matières inorganiques. Autre avantage non négligeable, les vers nettoient les verres et les plastiques contenus dans la masse de déchets. Après ce premier traitement, verres et les plastiques peuvent être recyclés. Finalement, les bestioles ayant digéré leur repas, elles produisent le plus naturellement du monde un compost d'excellente qualité pouvant être revendu aux serriculteurs ou aux particuliers.

L'échelle industrielle

(ASP) En 1941, il ne restait plus en Amérique du Nord que 15 grues blanches, ces splendides oiseaux migrateurs autrefois fort abondants. L'espèce compte aujourd'hui environ 145 individus libres et une centaine en captivité. Le seul troupeau sauvage passe l'été dans un parc du nord de !'Alberta, et l'hiver sur la côte du Texas.

Le zoo de Calgary vient d'entreprendre de repeupler de grues blanches le continent. Avec huit couples, l'institution espère produire une vingtaine de petits par année et en relâcher dans la nature à partir de 1996. Reste maintenant à savoir comment ces oiseaux s'adapteront à la transformation de leurs anciens habitats.

duire des éclats de verre ou des lambeaux de plastique si petits qu'ils seraient impossibles à récupérer et se retrouveraient dans le compost. Comment alors ouvtir mécaniquement les sacs, calibrer les déchets, trier les produits recyclables ou valorisables (batteties, pneus, fer, textiles, etc.)?

Le produit final est propre. Les microbes pathogènes, les insectes et les graines de mauvaises herbes subissent le double assaut des germes thermophiles mis au travail dans la phase de préparation du substrat organique, et des vers eux-mêmes. Nos lombtics développent en effet une résistance immunitaire aux agents infectieux en plus de digérer tout bonnement certains pathogènes. Qui a dit que le ver de terre était sale?

SOVABEC a développé une solution otiginale, le tambour rotatif autosélecteur. On y jette les sacs qui sont cuits juste à la température requise pour les ouvrir. Les déchets sont brassés et s'échappent par les trous du tambour, de différents calibres. La cuisson préconditionne en même temps la matière organique pour le lombricompostage. Les déchets sont prêts.

Caprices

Le procédé qu'utilisera la société québécoise est français. Une usine de compostage y a recours depuis peu dans la région de Montélimar dans le Midi de la France, à la satisfaction des promoteurs. Si le vermicompostage avait depuis longtemps fait ses preuves à !'échelle domestique, il a fallu plusieurs années de recherche à la société française SOVABEC pour transposer ce procédé à l'échelle industrielle. Premier problème, on ne peut plus se permettre le moindre broyage ou compactage des sacs à ordure. Cela risquerait d'intro-

Mais les problèmes de SOVABEC n'étaient pas résolus entièrement pour autant. Les lombrics sont de petits capricieux. Il leur faut une température bien précise pour s'activer et le milieu doit être fortement humide quoique bien aéré, deu~ conditions contradictoires puisque l'aération assèche le milieu. Par un prétraitement microbien, le carbone de la matière organique se consume, dégageant la chaleur exactement suffisante pour les vers, tout en désinfectant partiellement les déchets organiques et les débarrassant de ce11ains parasites.

Comme on le voit, c'est l'ensemble de ces dispositifs innovateurs qui a permis de passer du rêve à la réalité. Il y a en effet des années qu'on souhaite utiliser des vers, lombriciens ou autres, pour traiter les déchets domestiques. Le principe était bien compris, mais personne ne s'était jamais attaqué au problème de façon aussi méthodique. C'est sans doute pour cela que toutes ces innovations sont bardées de brevets et que les actionnaires québécois de la société qui a acquis le procédé sont plus que discrets. Franc-Vert a tout de même pu apprendre que l'usine est en construction depuis le dégel à Saint-Augustin de Desmaures, en banlieue de Québec. Le travail de compostage débutera aussitôt les installations en place et, aux dernières nouvelles, les lombtics avaient faim ! G11y Paq11in

Index des dix volumes de Franc-Vert Procurez-vous l'index des numéros parus depuis dix ans! Tous les articles y sont répertoriés par mot-clé. Ce document vous est offert au prix de 6,00 $, taxes et frais d'envoi inclus.

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ÉNERGIE

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ENCYCLOPEDIE

FLEUVE SANS PYLÔNES

LAROUSSE DELA

NATURE Exhaustif, réalisé avec la collaboration de 41 spécialistes, il propose plus de 200 thèmes traités dans 4 grandes sections:

Photo Hydra-Québec

' Hydro-Québec a entrepris le démantèlement des liEn avril dernier, gnes de transport électrique qui enjambent le fleuve à la hauteur de Grondine-Lotbinière, l'électticité provenant de la Baie James passe désormais sous le fleuve. Selon le nouveau calendrier présenté par Hydro-Québec au ministère de !'Environnement et de la Faune, les structures de métal auront disparu avant la fin de cet été, et les empiétements sur le fleuve (jetées et route d'accès), avant la fin de 1995. Cette date représente un retard de deux ans sur l'engagement plis en 1988, qui situait la fin des travaux en décembre 1993. «Le ministre Pierre Paradis nous a garanti qu'il suivrait de près les travaux afin qu'aucun autre retard ne soit encomu, rapporte avec soulagement André Stainier, du groupe Les amis de la vallée du SaintLaurent. Pour nous, chaque été compte, puisque les pylônes affectent la principale ressource sur laquelle s'appuie notre développement régional : le paysage.» La défense de cet argument et le récit complet de la bataille contre le passage de la ligne de transport électrique au milieu d'un site à haute valeur naturelle et patrimoniale a d'ailleurs fait l'objet d'un livre, L'affrontement Hydro-Quibec-Contestention P01tneufLotbinière, signé Paulyne Gauvin.

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l'évolution les micro-organismes les végétaux les animaux

1800 illustrations (schémas, dessins, photos).

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NAnnm

IA PIANÈTE DE lA VŒ

Outre le début des travaux d'Hydro-Québec, une autre bonne nouvelle concernant le Saint-Laurent a été annoncée en avril dernier: la signature de l'accord entre Québec et Ottawa pour la réhabilitation du fleuve, baptisé «Saint-Laurent Vision 2000». Un montant de 191 millions est accroché à cette entente qui prendra fin en mars 1998.

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'Vne équipe solide Un partenaire en environnement"

Le Groupe Environnement Shooner, fondé en 1982, offre des services de consultation dans les domaines sui vants: biologie, écologie, écotoxicologie, géographie, géomorphologie, aménagement du territoire, informatiq ue, géomatique, édition spécialisée, cartographie et graphisme_

!=a Groupe Environnement Shooner inc. 5355, boulevard des Gradins, bureau 101 Québec (Québec) G2J 1C8 Téléphone: (418) 623-2010 Télécopieur: (418) 623-2434

LAROUSSE; ,

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1085, boulevard Sainte-Foy Longueuil (Québec) J4K 1W7 Téléphone: (514) 679-0095 Télécopieur: (514) 670-9076

janvier-février-mars 1994

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FAUNE

PARRAINAGE INTERNATIONAL. •. DE BLANCHONS

PbotoJ P. Sylvestre

Loin des controverses entourant l'abattage des 50 000 phoques au large de TerreNeuve, deux anciens chasseurs de loupsmarins des Îles-de-la-Madeleine se sont, cet hiver, transformés en techniciens de la faune et ont bagué une centaine de blanchons. Leur but est de promouvoir l'étude scientifique du phoque du Groenland par une vaste opération de numérotage, qu'ils financent grâce à un système de parrainage avec fiche d'identité et photo de chaque blanchon. L'idée et la conception de cette opération sont 100 % madelinots. Créée l'an dernier par Serge Solomon et Réjean Vigneault, la fondation PESPEC (Promouvoir l'étude scientifique du phoque avec expertise et compétence) est située à Cap-aux-Meules. «Nous cherchions un moyen d'améliorer notre image et de créer une relation positive entre les chasseurs de phoques et les partisans de l'abolition de la chasse», rapporte Guy Boudreau, de PESPEC. L'organisme a déjà recruté une centaine de parrains, surtout des Européens, qui ont déboursé 50 $ pour un parrainage conjoint ou 100 $ pour un parrainage complet. Les fonds ainsi recueillis ont permis aux ex-chasseurs de se rendre sur la banquise en mars dernier. Une centaine de blanchons sont désormais «fichés» : on note le numéro de son étiquette, son sexe, son poids, son stade de développement ainsi que sa position géographique lors de cette évaluation. En contre-partie, les parrains reçoivent une photo de leur protégé et une copie de sa fiche. Les données recueillies sont également accessibles aux scientifiques.

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juin-juillet 1994

Mike Hammill, chercheur à la division des mammifères matins de l'Institut MauriceLamontagne, a été consulté lors de la mise au point du protocole scientifique de cette opération. «Je pense que les données recueillies seront très utiles aux chercheurs», affirme-t-il. L'étiquettage des blanchons , leur pesée et celle des adultes qui les accompagnent, permettront à long terme de mieux juger l'état de la population de phoques au large des Îles-de-laMadeleine.

«Cette population ne nous inquiète pas, rappelle M. Hammill. Mais nous savons que leur écosystème subit des changements, on n'a qu'à penser à la chute de la population de morue.» Ces changements ont certainement un impact sur les phoques. L'équipe de M. Hamill a, par exemple, comparé le poids de phoques abattus en 1970 et celui de phoques capturés en 1993 : la diminution de poids est notable. «Comme les budgets d'aujourd'hui nous permettent de moins en moins de nous rendre nous-mêmes sur la banquise pour relever des données, se désole-t-il, nous sommes contents de pouvoir compter sur les données de la fondation PESPEC.» Devant cette situation, les concepteurs de PESPEC ont voulu alimenter les chercheurs tout en conservant une autonomie de travail. «Pendant 20 ans, soutient M. Boudreau, les scientifiques et les groupes écologistes ont eu le monopole de la parole publique sur le phoque. Nous, nous sommes nés aux Îles et nous vivons avec cette ressource : nous avons le droit de parler de no tre environnement car nous en dépendons.» L'année prochaine, les ex-chasseurs madelinots espèrent baguer quelques centaines de blanchons. Pour atteindre cet objectif, ils lancent un appel à toute personne acceptant de parrainer un bébé phoque: Fondation PESPEC, casier postal 130, Cap-aux-Meules, Îles-de-la-Madeleine (Québec) GOB IBO. jean-Pierre Sylvestre



• PARUTIONS •

Voies d'avenir pour le Saint-Laurent. Ce collectif réunit une vingtaine de textes qui vont de l'évocation poétique à l'analyse d'expert et qui s'accordent sur un point : le Saint-Laurent est un malade qu'il faut s'employer à guérir et à maintenir en bonne santé. Sous la direction de Paulyne Gauvin, du groupe Les amis de la vallée du Saint-Laurent. Disponible en librairie ou en téléphonant au (418) 653-6143.

La bernache du Canada. Saviez-vous qu'une des cinq sous-espèces de bernache est dite géante et fréquente le territoire québécois? Voilà, entre autres, ce qu'on apprend dans cette bonne traduction qui fait une synthèse vivante des connaissances. Belles photos en couleur prises par l'auteure, Kit Howard Breen. Disponible en librairie.

Les oiseaux du Québec. Le peintre animalier Carole Bérubé nous offre 140 dessins en noir et blanc d'oiseaux qui se rencontrent au Québec. Accompagnés des renseignements de base (distribution, description, habitat). Disponible en librairie.

R'ff'Dl't annuel sur l'état de /'efficacité énergétique au Québec. Dans ce premier rapport, l'Observatoire de l'efficacité énergétique passe en revue les principaux indicateurs reconnus et les progranimes d'efficacité actuellement en vigueur. L'évaluation de ces progranimes au moyen des indicateurs sera publiée dans le rapport 1995. Disponible auprès de l'Observatoire, (418) 644-0673.

Action énergie Il. Ce recueil d'activités pédagogiques, destiné aux élèves du secondaire, est publié par le Bureau d'efficacité énergétique de l'ancien ministère de l'Énergie et des Ressources (MER) du Québec. Il vise la prise de conscience des jeunes et fait la promotion d'une utilisation rationnelle de l'énergie. Disponible auprès du ministère des Ressources naturelles : (418) 643-4776.



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ETREAUX • • - OISEAUX















Des fruits et des oiseaux par Peter Lane Bien aménager son terrain en plantant des arbustes fruitiers, des vignes et des conifères peut attirer les oiseaux, que vous habitiez en ville, en banlieue ou en campagne. Plus il y aura de plantations diversifiées, tels que massifs de conifères où s'entremêlent différents arbustes fruitiers de taille différente, plus votre jardin d'oiseaux sera vivant de couleurs et de mélodies. Il faut savoir choisir les différentes essences parmi les plus attrayantes pour vos hôtes ailés.

Conifères . Ces arbres appelés résineux ont une confortable avance sur toutes les autres catégories, car ils procurent à la fois abris et nourriture. Ils constituent en effet un nichoir pour les merles, les tourterelles et les brnants familiers, par exemple. Leurs cônes offrent une profusion de graines riches en huile qui ne manqueront pas d'attirer, entre autres, les beès-croisés, les chardonnerets et les sittelles à poitrine rousse. De plus, en hiver, les massifs et les haies denses de conifères procurent un excellent écran où les oiseaux peuvent s'abriter des vents. Parmi les essences les plus belles, je vous suggère l'épinette de Norvège, la prnche du Canada, l'épinette blanche, le pin blanc et le genévrier de Virginie.

Feuillus à graines et à akènes Parmi les plus jolis arbres, notons particulièrement le bouleau blanc dont les strobiles de graines attirent chardonnerets et sizerins. Le frêne blanc, qui produit des samares à graines, intéressera en hiver le superbe durbec des sapins. Le moins élégant érable à

Giguère produit, pour sa part, des disamares dont les graines constituent une nourriture hivernale importante pour le gros-bec errant. Quant aux feuillus qui produisent des akènes (glands, noix, noisettes et faînes), ils attireront en automne geais bleus et sittelles à poitrine blanche, en plus des suisses et des écureuils. Notons entre autres le chêne rouge, le noyer cendré, le noisetier à long bec et le magnifique hêtre à grandes feuilles.

Feuillus à fruits Cette catégorie étant très largement représentée, nous nous limiterons ici à une douzaine d'espèces; toutes produisent des baies, des drnpes ou autres fruits. Cette courte liste d'arbustes fruitiers peut attirer au-delà de 70 espèces d'oiseaux, dont les merles, les jaseurs, les moqueurs et les grives. Notons donc les sorbiers appelés aussi cormiers ou maskouabinas, l'amélanchier du Canada, le cerisier à grappes, le mûrier blanc et les pommetiers décoratifs, surtout les variétés dont les fruits persistent en hiver (Hopa, Radiant, Everett, Royalty, Redjade et Makamik). Diminuons maintenant de taille et passons aux petits arbustes les plus populaires auprès des oiseaux : le cornouiller stolonifère ou hati rouge, le sureau blanc, le sureau rouge, la viorne trilobée ou pimbina, le houx verticillé, le sumac-vinaigrier et finalement, le cotoneaster. Toutes ces espèces possèdent un cachet ornemental particulier qu'il ne faut pas dédaigner.

Ce jaseur boréal s'apprête à croquer le fruit du sorbier.

Photo Peter Jane

Vignes fruitières Je vous suggère trois espèces de vignes pour les mêmes raisons que les feuillus à fruits. En plus d'attirer un grand nombre d'oiseaux, ces plantes grimpantes ont des fruits colorés et un feuillage automnal qui leur confèrent une grande beauté. Elles requièrent un sol sablonneux et peuvent décorer mur de briques ou de pierres, clôture, pergola ou simple poteau. Il s'agit du parthénocisse à cinq folioles ou vigne-vierge, de la vigne des rivages et du célastre grimpant ou bourreau des arbres. Il y aurait tant à dire sur les végétaux ! Ceci n'est qu'un premier regard, à vol d'oiseau, juste pour vous donner envie de l'ornementation végétale.

Cette chronique est rendue possible grâce à la contribution financière de Laban lnc. Vous pouvez vous procurer les graines Laban et CRIC CROC ® dans toutes les bonnes graineteries, centres de jardinage, meuneries et animaleries. juin-juillet 1994

1:

SORTD

LA

par Lynda Giroux

Il suffit souvent de mieux connaître pour apprécier... Pboto Jacques Saint-Pierre

La chauve-souris a maintenant ses admirateurs au Québec . Ce ux-ci la guériront peut-être de son principal dé/aut : être restée mystérieuse, tant pour les scientifiques que pour le public. juin-juillet 1994

n octobre 1992 , aprè s qu'on y eut cessé toute activité d'extraction, la mine de Capelton, en Estrie, a été hermétiquement scellée, selon les exigences du ministère de !'Énergie et des Ressources (MER). À la grande surprise des autorités, ce geste p osé pour des raisons de sécurité suscite aussitôt une vague de protestations. Pourquoi ce tollé? Une colonie de 3 000 chauves-souris se trouvait ainsi emprisonnée dans la mine, vouée à une mort certaine si, avant la fin de la période d'hibernation, aucune

E

ouverture n 'était pratiquée. Ce qui fut fait, révélant au public que le Québec compte ses défenseurs efficaces de la chauve-souris ! Mammifère méconnu, souvent victime de superstition, la chauvesouris commence à peine à être le sujet d 'attentions au Québec . Le comportement fascinant de cette petite bête volante, son impact économique en tant que démoustica teur et son impressionnante adaptation au froid méritent d 'être découverts. Huit espèces se trouvent sur le territoire québécois, dont cinq passent l'hiver dans les grottes et les puits de mine du sud du Québec, principalement en Estrie, en Beauce et dans !'Outaouais. Dans 13 mines estriennes explorées, on a dénombré plus de 40 000 individus. La population totale pour le Québec pourrait atteindre les huit millions. Sur les huit espèces rencontrées au Québec, quatre sont susceptibles d'être menacées ou vulnérables : la pipistrelle de l'est, la chauve-souris argentée, la chauve-souris cendrée et la chauve-souris rousse. Outre les pertes d'habitats causées par la fermeture des mines, plusieurs facteurs influencent la situation de la chauvesouris en Amérique du Nord : le déboisement, l'usage des pesticides, le dérangement causé par les spéléologues amateurs ainsi que l'absence de stratégie de conservation. Fais ant figure de pio n n ier au Québec, Donald W. Thomas, chercheur et professeur en écologie à l'Université de Sherbrooke, se p assionne pour les chauves-souris depuis 1976. C'est d'ailleurs grâce à lui, et à quelques biologistes et amateurs d e faune c ave rnicole,

Les chauve-souris cendrée et rousse font partie de la liste québécoise des espèces susceptibles d'être désignées menacées 011 vulnérables. Photos Braek Fenton

qu'on doit la réaction à la fermeture de la mine de Capelton. De son côté, le ministère Environnement et Faune (MEF) entreprend, ce printemps, d 'inventorier les sites d'hibernation de la chauvesouris à travers le Québec : grottes naturelles et puits de mine. Cet effort devrait conduire à un plan de protection du petit animal. «Lorsqu'est survenu l'incident de Capelton en 1992, le Ministère commençait tout juste à s'intéresser aux chauves-so.u ris», rapporte Michel Lepage, coordonnateur des dossiers sur la petite faune au MEF. En plus de mener des études sur l'état des populations de chauve- souris, le MEF prévoit l'installation de grillages à l'entrée des mines désaffectées. Déjà répandues en Europe et aux États-Unis, ces grilles sont simplement constituées de gros barreaux laissant passer les petits animaux, mais pas les humains. Le Ministère

s'attend toutefois à de vives réactions des spéléologues sportifs qui n'apprécient pas plus cette mesure que la fermeture hermétique des galeries. Si certains spéléologues veulent en effet accéder librement aux vieilles mines, tous ne sont pas de cet avis. «D'après moi, ça serait bon de laisser l'exclusivité des anciennes mines aux chauves-souris et aux scientifiques qui les étudient puisque, en hiver, les déranger trop souvent peut les mettre en danger, considère Pascal Samson, un spéléologue qui, depuis 15 ans, a largement contribué à la découverte de souterrains au Québec. Et puis, n'oubliez pas que les spéléologues sont des alliés naturels des chauves-souris : aux États-Unis, c 'est grâce à eux si le gouvernement a promulgué une loi qui assure leur protection.»

Chut! elles dorment L'état d 'hibernation de la chauvesouris est l'objet principal des recherches de Donald Thomas. La petite chauve-souris brune ou vespertilion brun, la plus répandue des espèces observées ici, vit sur ses réserves de graisse pendant huit mois. Tirée de son sommeil léthargique, la petite bête agrippée aux parois souterraines se réveille aux 15 jours pour boire et déféquer. À chaque réveil naturel, elle utilise 6% de ses graisses, ce qui ne lui laisse qu'environ 20% de ses réserves au terme de l'hibernation. Cinq à six réveils supplémentaires, causés par des intrus, sont donc suffisants pour l'empêcher de survivre à l'hiver. juin-juillet 1994

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L'hibernation de la petite cha11ve-so11ris brune d11re b11it mois. Dans un milieu humide à 90%, la température de son corps se stabilise à 4°C. Photo Brock Fenton

«La température corporelle de la chauve-souris peut passer de 39°C à 4°C en état d'hibernation, dans un milieu humide à 90%. Elle ralentit son métabolisme à une respiration à l'heure», mentionne M. Thomas, fasciné par l'extraordinaire adaptation au froid de ce petit mammifère de sept grammes. «Il y a plusieurs raisons de se préoccuper de la chauve-souris, poursuitil. L'une d'elle est son impact économique en termes de contrôle d'insectes en milieux urbain, rural et sauvage. Une chauve-souris ingurgite une bestiole chaque cinq secondes et, en une semaine, elle peut manger une quantité de moustiques correspondant à huit fois son poids ! Son effet démousticateur est convaincant: la présence d'une colonie à proximité d 'un verger en Oregon a permis de réduire de 50% l'utilisation de pesticides.» Les deux espèces cavernicoles que nous côtoyons le plus sont la petite '~

juin-juillet 1994

chauve-souris bru- tional, a démontré l'efficacité des ne, abondante en nichoirs artificiels. «Nous ne campagne, et la sé- connaissons pas l'utilisation de ces rotine, plus urbai- abris au Québec, mais un projet de ne. Historique- recherche conduit par un étudiant ment, elles vivent de la maîtrise à l'Université de en été dans le Sherbrooke est en développement, creux des arbres. soutient le chercheur. Pour le réaliMais avec la dispari- ser, nous sollicitons la participation tion de nombreuses d'Hydro-Québec. Le corridor de pyforêts , elles ont dû lônes que possède la société d'État s'adapter à de nou- traverse des habitats représentatifs veaux habitats, à fréquentés par nos espèces, en l'intérieur de bâti- Estrie entre autres. Les pylônes serments de bois, dans viraient à installer des nichoirs.» les greniers et dans Sur la route des noctambules les avant-toits. Si certaines chau- Malgré les travaux de M. Thomas et ves-souris ont be- de ses étudiants, nous en savons soin des grottes encore très peu sur les chauvesl'hiver, les colonies souris qui fréquentent le territoire de femelles allaitan- québécois. L'état des populations tes convoitent les est encore inconnu. Comme il est greniers de maison, impossible d'inventorier les popuen été. Les mères lations d ' été, certaines nichant trouvent en ces es- dans le feuillage des arbres, le MEF paces d'une extrê- considère qu 'une route d 'écoute me chaleur, le lieu de chauve-souris comblerait cette idéal pour allaiter lacune. leur petit. Les nou- Pour s'orienter dans la nuit et dévelles méthodes de tecter ses proies, la chauve- souris rénovation et de émet une série de sons, à la manièconstruction de maisons, qui ren- re d'un système radar. Chez certaident celles-ci plus étanches, auront nes espèces, ce phénomène certainement un impact sur leurs d'écholocation se fait exclusivement par l'émission d'ultrasons. populations. Donald Thomas propose des ni- Connaissant les habitudes des choirs à chauve-souris comme alter- chauves-souris qui volent dans de native aux gîtes d'allaitement. Une longs corridors, M. Marc Gauthier, étude, menée par l'organisme amé- un biologiste qui a participé aux ricain Bat Conservation Interna- travaux de Donald Thomas comme

DES CHAUVES•SOURIS À MONTRÉAL Certains craignent les chauves-souris, d'autres les attirent dans leur milieu de vie. Devant l'intérêt croissant pour la conservation et l'observation des chauves-souris, le Biodôme de Montréal a conçu un programme de construction et de distribution de nichoirs, en collaboration avec le Metropolitain Toronto Zoo. Le Biodôme vend des nichoirs (environ 30 $)à quiconque veut se débarrasser des colonies pensionnaires de greniers ou pour offrir un nouvel abri aux petites bêtes nocturnes déjà aperçues par un beau soir d'été. Un de ces soirs d'ailleurs, vers la fin juin, le Biodôme organisera une soirée d 'observation en plein air. Voilà une occasion de se familiariser avec les chauves-souris en mouvement et de découvrir leurs comportements de chasse. Animée par des spécialistes, l'activité aura lieu au Jardin botanique de Montréal. À défaut d 'observer la petite chauve-souris brune, une visite au Biodôme conviendra : une grotte abrite une impressionnante colonie de 400 chauves-souris néotropicales.

Les étudiants de Donald Thomas, à l'Université de Sherbrooke, deviennent vite d'ardents défenseurs des chauves-souris. Photo Donald Thomas

étudiant et assistant de recherche, et qui agit comme consultant pour le ministère, explique que pour concevoir une route d'écoute, on doit d'abord repérer le circuit de chasse des chauves-souris et y installer des décodeurs d'ultrasons. Les ultrasons captés seraient alors comparés à des enregistrements de références connues, ce qui permettrait d'identifier les espèces.

La route d'écoute des chauves-souris

étant pour l'instant un concept à inventer, d 'autres méthodes d'inventaire sont actuellement appliquées. «Les pièges de fils transparents sont très efficaces, placés sous un pont pour les espèces migratrices ou à l'entrée d'une grotte avant l'hibernation», indique Marc Gauthier. Malgré le manque de renseignements scientifiques, l'information

sur les chauves-souris commence à circuler au Québec. Une activité du Biodôme de Montréal (voir l'encadré) et l'incident de la mine de Capelton en témoignent. Mais cette amorce ne se compare pas encore à l'engouement que suscitent les chauves-souris aux ÉtatsUnis depuis quelques années. Làbas, il existe même une revue trimestrielle, Bats, publiée par l'organisme Bat Conservation International. Mais des deux côtés de la frontière, les mythes ont la vie dure, plusieurs continuant de croire que la mystérieuse chauvesouris colle aux cheveux, qu'elle suce le sang ou qu'elle est porteuse de rage . «On exagère le problème parce qu'on a peur des chauves-souris, lance M. Thomas. Les cas de rage chez la chauve-souris sont négligeables . On n 'en connaît que 0,5% chez une seule espèce au Canada, la sérotine. Le meilleur moyen d'éviter ce risque, c'est de ne pas manipuler les chauves-souris», conseille-t-il.

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juin-juillet 1994

Suivez n À la recherche d'une destination vacances ou d'une idée d'excursion? Nous vous en proposons quatre, identifiées par autant de personnalités qui nous livrent les secrets de leur coin de nature pré/éré. De Sylvain Le lièvre à Francine Ouellet, de Longueuil à la Basse-Côte-Nord, suivez le guide !

Pour l'amonr 1

mettant en vedette les oiseaux qui fréquentent le territoire québécois, M. Grondin habite un petit paradis de silence et de verdure, au creux des montagnes, près de la réserve faunique des Laurentides. On pourrait donc comprendre son hésitation à nous dévoiler l'emplacement d'un site naturel qu'il affectionne, d 'un coin de parc connu de lui seul, de peur qu'une horde de curieux s'y précipite ... «Ça dépend de ce que vous entendez par naturel, reprend-il. Moi, un lieu que je fréquente avec plaisir, plusieurs fois par année, et où je passe de longues heures à observer les oiseaux, c'est ... le parc de Longueuil, celui qui longe le fleuve .» Longueuil! Voilà qui explique l'hésitation! «Je ne connais pas d'autre endroit au Québec où les oiseaux se laissent aussi facilement approcher; assure Jean-Luc Grondin. Là, il suffit de s'avancer doucement et de rester assis sans bouger pour observer dans tous leurs détails, même sans jumelles, des oiseaux aussi timides que le grèbe à bec bigarré ou le grand héron. Pour moi, ce parc est une source inestimable de plaisir.et de documentation.»

Un milieu de vie

La prochaine peinture de jean-Luc Grondin présentant un grand héron s'inspirera de scènes saisies à Longueuil

«Mon site naturel préféré ? ]'aurais envie de vous nommer un parc dont je •uis tombé amoureux il y a trois ans, ça dépend ... » juin-juillet 1994

Celui qui hésite ainsi à parler estJeanLuc Grondin. Peintre animalier de son état , connu à travers toute l'Amérique du Nord pour ses toiles

Cette bande verte qui s'étire sur cinq kilomètres le long du Saint-Laurent, entre le pont Jacques-Cartier et le tunnel Louis-Hippolyte-Lafontaine a été baptisée promenade René-Lévesque. La municipalité de Longueuil y a aménagé une piste cyclable et en a facilité l'accès grâce à quelques passerelles qui enjambent la route 132. Avec de

Fle urbe c

auteur

et

11 x 18 cm: 75 espèces: 252 pages; 86 photos couleurs.

Fleurbec Le groupe Fleurbec, une corporation sans but lucratif, regro upe une douzaine de membres et une quarantaine de collab o rateurs, recherchistes, réda cteurs et photographes. Il e st l' auteur d'une série de v olumes destiné s à rendre nos plante s sau v a g es source de plaisirs. Ces livres, de format d e p o ch e, sont rédigés dans un langage à la portée de tous, abondamment illustrés en couleurs et s' appo rtent bien en excursion . Fac iles d 'utilisation et con ç us autant pour l' écolier, l' amateur a v erti ou le professionnel de la b otanique, ces volumes permettent d 'identifier les plantes par l'image. Fleurbec is a non-profit corpo ration of about twelve members, researchers, writers and p hotographers. The group authors a collection o f books purposed for the discovery and enjoyment of North American wildf/owers.

éditeur

© 1975. ISBN 2-920174- 11-8

12,5 x 19 cm; 84 espèces; 512 pages; 390 phot os couleurs. 60 cartes de répartition (Amérique du No rd).

© 1993. ISBN 2-920174-13-4

Les lieux secs (centrevliles et champs cultivés, jardins, pelouses, etc.).

Les lieux un peu moins secs, par exemple les banlieues et les bordures des chemins.

Le guide tout désigné pour commencer à s'intéresser aux plantes.

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© 1978. ISBN 2-920 174-00-2

45 cartes de répartition (Québec).

....

Loi.l~~.:;,;;.;.;;..:~.-;.;~;,;_

© 1983. ISBN 2-920174-07-X

Collection scientifique L' e ssentiel de c ette p u b li c ati o n est c o nstit ué par p lu s d ' un m illier d e c artes inédites. Elle p ermet de connaître la répartition d es espéces sur ce territoire pour évaluer l'intérêt phytog éographiq ue d 'une récolte .

12.5 x 19 cm: 55 esp èces; 288 pages; 114 photos couleurs.

12,5 x 19 cm; 65 espèces; 400 pages: 161 photos couleurs.

55 cartes de répartition (Amérique du Nord).

© 1985. ISBN 2-920174-08-8

65 cartes de répartition (Amérique du Nord).

© 1987. ISBN 2-920174-10-X

The Atlas consists of over a thousand unpublished maps. lt helps in knowing the geographic distribution of a given p lant and to assess the p hytogeographic interest of a collection. Allas des plantes vasculaires de l'ile de Terre-Neuve et des iles de Saint-Pierre-et-Miquelon Atlas of the vascular plants of the island of Newfoundland and of the Islands of Saint-Pierre-et-Miquelon

Plantes sauvages au menu

12.5x 19cm: 44 espèces: 168 pages; 120 photos couleurs.

© 1981. ISBN 2-920174-03-7

Un livre de recettes basé sur les espèces traitées dans nos guides d 'identification. 28 x 22 cm; 784 pages: 11 97 cartes (11x13 cm).

© 1992. ISBN 2-920174-12-6

A wl/dplant cookbook. 12,5 x 19 cm; 160 pages.

© 198 l. ISBN 2-920174-04-5

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Fleurbec avec la contribution du ministère de !' Environnement et de la Fa une du Québec

2. L'épilobe / The river-beauty 6 1 X 68,6 cm (24 X 27 ')

1. La saxifrage / The saxifrage 50,8 X 94 cm (20 X 37')

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No ms franç ais et ang la is proposés

Osmonde de clayton

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Oomond•••- ctayt~-..r"""ctoyton.,nowamo'Ol•I ""' -Ofll"'lcl111.."'p1