Franc-Vert vol. 11 no. 5 (octobre-novembre 1994)

Un seul de ces c:asiers à crabe perdu au fond de la mer peut capturer ...... BRAVO! Voici le nom des gagnants d'une croisière aux baleines sur un des bateaux ...
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MildiJ11,:. CJ.1ire Mead

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La nature du Qy-é6ec en images 1995 Ce concours est organisé par l'UQCN-Franc-Vert, pour favoriser l'art photographique comme moyen d'éducation relative à l'environnement. En 1995, le concours attribuera encore un grand nombre de prix! LES CATÉGORIES 1995 1) La flore sauvage; 2) La forêt; 3) La vie sous l'eau; 4) La faune sauvage; 5) Les paysages du Québec; 6) La nature en ville; 7) Formes, couleurs et textures; 8) Nature et plein air; 9) Le Saint-Laurent; 10) L'hiver Pour la 9e édition du concours , un nouveau thème est ajouté : nature et plein-air. Ce thème remplace celui du reportage-photo. Les participant(e)s sont donc invité(e)s à soumettre toute photo reliée aux activités de plein air : randonnée pédestre, ski de randonnée, canotage, cyclisme, escalade, kayak, etc. Les autres thèmes demeurent inchangés. Les participant(e)s devront faire parvenir leurs diapositives, obligatoirement accompagnées du coupon d'inscription , au plus tard le vendredi 13 janvier (le sceau de la poste en faisant foi). Le coupon d'inscription , les règlements ainsi que le nom des commanditaires seront publiés dans le numéro décembre 1994- janvier 1995 de Franc-Vert, mis en marché le vendredi 25 novembre. Bonne chasse photographique!

PREMIER GRAND PRIX Hydro-Québec 1994

Fraicheur sous les pruches

Denis Gagnon, Hull

Volume 11, numéro 5- octobre-novembre 1994

ARTICLES

Pboto de la page couverture Claude Pontbieux La population de sarcelles à ailes bleues a cbuté au cours des dernières années.

CHRONIQUES 5

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DE VOTRE PLUME

14 ÉDITORIAL

CHOYEE OU PERSÉCUTÉE?

Verdir le budget

Le déclin de certains canards nous fait réfléchir non seulement sur la chasse, mais aussi sur nos pratiques agricoles et forestières.

Par Harvey Mead

8

DANSM4COUR • 100 000 filets sous les mers • La grande évasion des parcs • Le retour du guenillou •Dinosaures et courant d'air • Skier sur le dos des plantes rares • Un rendez-vous botanique

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Par Anne Vézina

18

A

UNE SAISON AJIEC LES PYGARGUES Jaloux de leur vie privée, les pygargues à tête blanche ont rarement laissé des photographes saisir d 'aussi beaux moments de leur intimité.

ETRE AUX" OISEAUX" Par Peter Lane

29

IA SAuyAGINE :

CAŒNDRIER

Par Louis Gagnon

30

PENSER GLOBAŒMENT Des déchets pour l'éternité Par Gilles Drouin

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IAFORÊT

DE TOUS LES ESPOIRS AGIR LOCALEMENT • En commençant par le pire • Un chômage créatif • Un soleil en ville: le Tourne-sol

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Papier glacé Multifect: recyclé à 50% dont au moins 10% de fibres postconsommation; partiellement blanchi au chlore. Papier mat Rolland Nouvelle Vie : recyclé à 50% dont au moins 10% de fibres postconsommation; blanclù sans chlore à 50%; a reçu l'Écologo.

Gilles Tessier figure parmi les 27 métayers qui veulent prouver la viabilité des fermes forestières dans le Bas-Saint-Laurent. Il a confié à notre journaliste ses espoirs et ses craintes. Par Pierre Dubois

octobre-novembre 1994

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Abonnez-vous, réabonnez-vous ou abonnez un(e) ami(e) pour deux ans et recevez en prime le Calendrier La nature dU Q!lébec en images 1995. Cette année, le calendrier est encore plus attrayant que celui de l'année dernière. Chaque photo est présentée dans un passe-partout blanc qui met davantage la photo en valeur! Passez mars à contempler une plage madelinote, digne des Caraïbes; laissez une demoiselle révéler, en juin, qu'elle est bien différente d'une libellule; placez août sous le signe d'un huart, remorquant ses deux petits à travers un lac plein vert ... Le calendrier présente douze des photographies gagnantes du plus grand concours québécois de photo nature, La nature du Québec en images 1995. Chaque mois, une photo grandlormat fera entrer à la maison ou au bureau, couleur et beauté. Un court texte d'information accompagne chacune d'elles. De plus, dans une dizaine de cases par mois, des spécialistes des sciences naturelles signalent divers événements ou phénomènes qui se produisent à la date correspondante. Ces capsules touchent dix sujets: les oiseaux, les fleurs, les chauves-souris, les insectes, le parc du mont Orford, la Côte-Nord, l'astronomie, les oies des neiges, la météo et les pommiers.

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1 *Six numéros par année; taxes incluses; cette offre expire le 9 décembre 1994.

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VOTRE • LUME



CONGRÈS DES MEMBRES ET ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 1994 DE L'UQCN AVIS DE CONVOCATION DATE: UEU :

GARE AUX TACHES! Le spécial photo 1994 m'a procuré joie et fierté. Enfin, une de mes photos qui gagne! Ma recette? Une feuille de nénuphar, une grenouille et un peu de chance. Malheureusement, après quelques minutes de contemplation, je constate que le texte comporte une erreur d'identification. Plutôt que grenouille léopard, on devrait y lire grenouille du nord, ou Rana septentrionalis pour les intimes. Cette dernière se distingue par des taches de grosseur irrégulière et aux contours mal définis. Je suis d'autant plus convaincu de son identité que j'ai entendu son chant caracté1istique, pendant la période de reproduction. L'individu photographié est un mâle puisque le diamètre de son tympan excède largement celui de son oeil. Autres particularités: la grenouille du nord s'approche difficilement et, comme son nom anglais (Minkfrog) l'indique, lorsque manipulée, elle dégage une odeur de vison voire même d'oignon frit. ]'en ai fait l'expérience.

L'action à l'UQCN: au coeur du changement! VENDREDi 18 NOVEMBRE 19 h OO Ouverture de l'AGA 19 h 30 Rapport du président sur les activités de la corporation 20 h OO Présentation des états financiers vérifiés 1993-1994 Nomination d'un vérificateur 20 h 30 Modification des règlements généraux (concernant la composition du conseil d'administration; pour information, contactez Diane Pagé au (418) 648-2104) 21 h 15 Élection des représentants des membres individuels

SAMEDI, 19 NOVEMBRE 8 h 30

Mot de bienvenue du président de l'UQCN, Harvey Mead Présentation du programme de la journée

8 h 45

Ateliers de travail des commissions 1- Transport et urbanisme Claude Rhéaume et Carok Leroux 2- Forêts Luce Balthazar et Luc Bouthillier

Éric Le Bel

Biologiste et photographe

QUÊTE D'IDENTITÉ

18et19 novembre 1994 Collège Champlain 790, Nérée-Tremblay Sainte-Foy

3- Parcs et sites protégés Juks Dufour et Nathalie Zinger

4- Affaires internationales

Gérard Szaraz et Michèle Jodoin 5- Fiscalité et analyses économiques à confirmer 6- Gestion des déchets à confirmer 7- Franc-Vert Jean Hamann 12 h OO Dîner Conférencier invité : Pierre Lundahl, vice-président principal, SNC Lavalin 13 h 30 Ateliers de travail (suite) 8- Espèces menacées et biodiversité André Desrochers etJacques Prescott 9- Agriculture Joël Rouffigrzat et Pierre Jobin 10- Industries, technologies, pollution, développement Pien-e Lundahl et RobertJoly 11- Aménagement du territoire Richard Favreau 12- Éducation Luce Balthazar et Monique Fitzback (à confirmer) 13- Énergie Manon Lacharité et Ma1·c Beauchemin 17 h OO Élection des administrateurs 17 h 30 Clôture

r----------------------~----, FICHE D'INSCRIPTION

Nom : _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Prénom: _ _ _ _ _ _ _ __ _ Organisme (s'il y a lieu) :_ _ _ __ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __ _ Photo André Tremblay, PhotoGraphex

Voici à nouveau les noms des gagnants et des organisateurs du dernier concours photo, cette fois publiés dans le bon ordre ... De gauche à droite : Lucie Gagnon, W. David Inglis, Charles Dozois, Jean Eckers, Pierre Robillard, Denis Roy, Llsette Pomerleau, Jean Raymond, Jean-Pierre Riffon, Louise Tanguay, Martine Gagnon-Fisk, Guy Grenier, Denis Gagnon, Robert La Salle, François Lussier, Yves Bédard et Jean-François Bergeron.

Adresse : - - - - -- - - - - - - - - - - - - - - - - - Ville : Code postal: _ _ _ _ _ _ __ Téléphone : Information : Retournez à :

Télécopieur : _ _ _ _ _ _ _ __ Diane Pagé Tél. : (418) 648-2104 Télec : (418) 648-0991 UQCN 690, Grande-Allée Est, 4e étage Québec (Québec) G1R2K5

L------~----------------------~ octobre-novembre 1994

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UNION QUÉBÉCOISE POUR LA CONSERVATION DE LA NATURE

«PENSER GLOBALEMENT AGIR LOCALEMENT» Organisme national sans but lucratif, l'Union québécoise pour la conservation de la nature (UQCN) regroupe des individus ainsi que des sociétés oeuvrant dans le domaine des sciences naturelles et de l'environnement. L'UQCN favorise la conservation et l'utilisation durable des ressources. Elle fonde son action sur les trois objectifs de la Stratégie mondiale de la conservation : le maintien des processus écologiques essentiels, la préservation de la diversité génétique et l'utilisation durable des espèces et des écosystèmes. Directeur général de l'UQCN : Christian Simard Adjointe au directeur : Diane Pagé Administration:MoniqueArteau Secrétariat : Diane Néron et Frank Thibault Conseil d'administration de l'UQCN Président : Harvey Mead Premier vice-président : André Desrochers (Faune et biodiversité) Vice-président(e)s : Luce Balthazar (Éducation; Forêt), Yves Bédard (Concours photo), Michel Bélanger (Affaires juridiques), Roger Bilodeau (Parcs et sites protégés), Richard Favreau (Aménagement du territoire), Louis Gagné (Développement industriel et technologies), Jean Hamann (FrancVert), Manon Lacharité (Énergie), Réal Lacombe (Réseau et développement social), Carole Leroux (Transport et urbanisme), Donna Roberts (Gestion des déchets). Secrétaire-trésorier : Claude Dontigny, c.a. Ambassadeurs de l'UQCN : Frédéric Back, Jacques Dufresne, Pierre Gosselin, Peter Jacobs, Pierre-Marc Johnson, Estelle Lacoursière, Leone Pippard. Organismes affiliés : Ami (e)s de la terre de !'Île d'Orléans; Ami(e)s de la vallée du Saint-Lauren~ Ami (e)s du Jardin lJo. tanique de Monlréal; APEL du lac Saint-Charles; APEL du lac Saint-Joseph; Association de la mruùise en environnement de l'Université de Sherbrooke; Association des citoyens du nord de Gatineau; Association pour la conservation du mont Pinacle; Associalion pour la protection de l'environnement de Rigaud; Association pour la protection du lac Mégantic; Association québécoise des groupes d'ornithologues; Association québécoise d'interprétation du patrimoine; Association sportive Chapecamp; Association sportive et écologique de la Bastican; Bloc vert; Centre de conservation de la nature du mont Saint-Hilaire; Centre de fonnation en environnement; Centre de la montagne; Centre de recherche et de fonnation en écotoxicologie de la Montérégie; Centre d'études et de recherche interdisciplinaires sur les communications, la législation et l'éducation environnementales; Centre d'interprétation de la batture de Kamouraska; Centre d'interprétation de la nature du lac Boivin; Centre d'interprétation du milieu écologique du mont Saint-Grégoire; Centre écologique de Port-au-Saumon; Centre marin des blanchons; Centre québécois du droit de l'environnement; Cercles des jeunes naturalistes; CIRADFMQuébec; Comité de santé publique et d'environnemen~ Club de marche de Québec; Club des ornithologues de BromeMis.5iquoi; Club des ornithologues de !'Outaouais; Club des ornithologues des Hautes-Laurentides; Club des ornithologues de Québec; Club d'obseraueurs d'oiseaux de Laval; Club d'ornithologie de la région des Moulins; Comité d'environnement de Chicoutimi; Comité d'environnement de Dolbeau-Mistassini; Comité de citoyens de Saint-Antoine de Tilly; Comité d'environnement du Collège Vanier; Comité de recherche et d'intervention environnementales du Grand-Portage; Comité environnement de !'École polytechnique; Conseil régional de l'environnement de la Montérégie; Conseil régional de l'environnement du Saguenay-Lac-Saint-Jean; Conservation de la baie Missisquoi; Conservation faune aquatique Québec; Corporation d'amélioration et de protection de l'environnement de Baie-Corneau; Corporation d'aménagement des espaces verts; Corporation de gestion CHARMF.5; Corporation de l'aménagement de la rivière !'Assomption; Corporation de protection de l'environnement de Sept-Iles; Corporation du Parc régional de Pointe-aux-Outardes; Éco-musée de la Haute-Beauce; Éconature de Laval; Entomofaune du Québec; Environnement Haute-Gatineau; Environnement Vert-Plus; Fédération québécoise de la montagne; Fédération québécoise du canot-camping; Fiducie foncière du marais Alderbroolœ; Fondation les oiseleurs du Québec; Fondation pour la conservation du mont Yamaska; Fondation pour la sauvegarde des espèces menacées; Fondation québécoise pour la protection du patrimoine naturel; Fondation Québec-Labrador; Fiducie foncière du mont Pinacle; Groupe autonome de recherche et de développement de l'llst; Groupe de recherche appliquée en macro-écologie; Groupe de recherche et d'éducation en milieu marin; Groupe d'initiatives et de recherches appliquées au milieu; Groupe Fleurbec; Groupe nature et patrimoine; Inter-Pay.;ages; La Bande à Bonn'F.au; ligue intennunicipale pour l'environnement et la nature; Mouvement écologique collégial de Sherbrooke; Mouvement écologiste et alternatif de l'Université du Québec à Montréal; Mouvement pour la valorisation du patrimoine naturel des Îles-de-la-Madeleine; Musée du Séminaire de Sherbrooke; Nature-Action; Option verte; Parc d'environnement naturel de Sutton; Récupération Lotbinière; Recyclage Vanier; Regroupement pour la préservation de l'ile et du marais de Katevale; Regroupement pour la protection de l'environnement d'Oka; Société d'aménagement de la rivière Madawaska et du lac Témiscouata; Société d'aménagement récréatif pour la sauvegarde du Lac-Saint-Pierre; Société d'animation scientifique Québec; Société de biologie de Monlréal; Société d'écologie de Papineau; Société de conservation, d'interprétation et de recherche de Berthier et ses îles; Société de conserv.ùion et d'aménagement du bassin de la rivière Châteauguay; Société d'observation de la faune ailée; Société de protection foncière de Saint-Adèle; Société d'entomologie du Québec; Société d'environnement et de verdure des HautesLaurentides; Société des amis du Jardin Van-den-Hende; Société d'histoire naturelle de la vallée du Saint-Laurent; Société d'horticulture et d'écologie des Cantons-Unis; Société d'horticulture et d'écologie de Lac-Nominingue; Société d'ornithole>gie de Lanaudière; Société du loisir ornithologique de !'Estrie; Société éducative pour la diffusion de l'infonnation sur l'eau; Société linnéenne du Québec; Société ornithologique du Centre du Québec; Société pour la protection des parcs et sites naturels du Canada; Société Provancher d'histoire naturelle; Société québécoise de spéléologie; Société québécoise pour la protection des oiseaux; Société wologique de Granby; Société wologique de la Mauricie; Société wologique de Québec; Station de recherches des îles Mingan; Vers un monde sans auto. L'Union québécoise pour la conservation de la nature est affiliée à l'Union mondiale pour la nature (UICN), à la Fédération canadienne de la nature, au Fonds mondial pour la nature (Canada) ainsi qu'à Great Lakes United. 690, Grande-Allée Est Québec (Québec) G1R2K5 Tél. : (418) 648-2104 Téléc. : (418) 648-0991

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690, Grande-Allée Est Québec (Québec) GlR 2K5 Tél. : (418) 648-2104 Rédactrice en chef Louise Desautels Traitement de texte et secrétariat Marthe Saint-Hilaire Graphisme Greco Communication Design Publicité et marketing Hélène Savard Administration et abonnement Monique Arteau Comité scientifique Président d'honneur : Pierre Bourque Président exécutif : Cyrille Barrette Autres membres : Colette Ansseau, George Arsenault, Ginette Beaulieu, Yves Béclard, Jean-François Bergeron, Francine Bigras, Jean Boulva, Anne Cliarpentier, Johanne Delisle, lllc Gagnon, Léopold Gaudreau, Gilles Gauthier, Yves Guérard, Marianne Kugler, Manon Lacharité, E5telle Lacoursière, Monique Laforge, Hélène Lair, Gisèle Ullnoureux, René Moisan, Serge l'llyette,Jacques Prescott, Austin Reed, Camille Rousseau, Christian Roy, Angèle Saint-Yves et Jean-Guy Vaillancourt. Éditeur délégué Jean Hamann Révision des textes Cyrille Barrette et Camille Rousseau Conseiller à la photographie Jean-François Bergeron Numérisation et pelliculage Graphiscan Impression Imprimerie Canada Média d'infonnation sur la nature et les questions environnementales, FRANC-VERT a pour objectif de vulgariser les récentes connaissances scientifiques et techniques dans ces deux domaines. FRANC-VERT publie six numéros réguliers par année. En 1994, la cotisation pour les membres individuels de l'UQC.l. La publication de ce périodique est rendue possible grâce à l'aide du ministère del'Induslrie, du Commerce, de la Science et de la Technologie. Courrier de 2• classe, no 6284. Port payé à Québec.

La nature du Q_uéGec en imaaes

Concours annuel de photographie naturf' - Président : Yves Bédard - Vice-président : Jean-François Bergeron - Coordonnatrice : Hélène Savard - Secrétaire : Marthe Saint-Hilaire - Conseiller scientifique : Cyrille Barrette - Conseiller artistique : Pierre Leduc - Conseiller à la photographie : Stephen Homer - Conseiller à la production : Normand Prescott - Conseiller aux projets spéciaux : Christian Bolduc - Conseiller aux projets spéciaux : Jean-Marc Francoeur

• • • • • • • • • En apparence, la campagne électorale québécoise s'est déroulée sans que la question environnementale n'ait constitué un véritable enjeu. Mais en fait, on n'a jamais autant parlé d'environnement que durant cette période : en promettant de nouvelles routes, des pipelines, des projets de cogénération, etc. On a touché aux questions environnementales, sans même s'en rendre compte, en continuant sur la voie de l'utilisation

ÉDITORIAL

montrer du leadership dans la prise en charge des orientations de base de notre société.

Ion cette proposition, par des incitations fiscales et des réductions d'impôt.

Changer d'orientation signifie utiliser les «instruments économiques» et la révision du système de subventions et de réglementations, pour s'assurer que le développement durable soit pris au sérieux. Ceci est d'autant plus intéressant et important que 20 ans d'expérience nous ont appris que l'idée de réglementer toutes les activités pouvant avoir un effet sur l'environnement comporte des difficultés majeures. Cela exige beaucoup de fonctionnaires et de ressources pour s'assurer que les règlements soient bel et bien respectés.

Depuis trois ans, les Ontariens doivent payer une taxe de vente proportionnelle à la consommation du véhicule qu'ils achètent. Celui qui acquiert une très grosse voiture peut ainsi payer jusqu'à 7 000 $de surtaxe... ce qui pennet de défrayer les subventions dont peuvent se prévaloir les consommateurs qui se tournent vers les petites voitures!

Verdir le budget · insoutenable des ressources. Il nous paraît donc opportun de lancer quelques idées et des mesures concrètes qui permettront aux pressions du développement d'aller «plus naturellement» dans de bonnes directions. Le ministre fédéral des Finances, Paul Martin, a convoqué cet été un groupe de travail spécial, incluant l'UQCN, dont le mandat est de lui suggérer des façons de verdir le budget fédéral pour 1995-1996. Nous constatons avec satisfaction que le ministre s'ouvre à des propositions de taxes vertes («instruments économiques» dans le jargon) et à l'élimination d'instruments économiques antérieurs qui constituent maintenant, peu importe leurs objectifs originaux, des freins à des gestes bien orientés. Même si elle n'est pas en cause pour le moment, la TPS constitue un bon exemple d'un outil fiscal mal conçu du point de vue de l'environnement. Elle taxe tout, ne faisant aucune distinction entre des activités ordinaires qui ne causent pas de problèmes (des coupes de cheveux, des services d'entretien et de rénovation, etc.) et des activités dommageables pour l'environnement et la santé que seul le «vrai prix» va permettre de contrôler. À cet égard, on peut penser à toutes les activités associées à l'utilisation des combustibles fossiles qui risquent d'accentuer le changement climatique et qui sont, en plus, souvent subventionnées. Dans une situation où tous les gouvernements

sont aux prises avec des déficits et avec le problème de la gestion de la dette, l'occasion est bonne pour un changement d'attitude. Ceci pourrait enfin commencer avec un gouvernement du Parti Québécois, dont le chef a une solide expérience en fiscalité et qui doit

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En évitant de subventionner et en taxant des

projets insoutenables, on réduira le déficit public tout en évitant de futurs coûts sociaux. n est peut-être trop tard pour empêcher de dilapider des millions en fonds publics qui financeront le développement du gaz naturel. Il est par contre encore temps d'éviter de construire un nouveau pont entre Montréal et Laval, un gaspillage de 200 millions de dollars qui entraînera une autre extension non souhaitable du périmètre urbain.

L'intérêt primordial d'une approche par la fiscalité - il s'agit de taxes et d'autres outils qui mettent dans le prix d'un produit ou d'une activité les coûts environnementaux et sociaux qui lui sont associés- est qu'elle Nous croyons donc qu'un défi essentiel pour se gère presque tout seul. Du moins, elle est le nouveau gouvernement est d'intégrer la basée sur l'idée que même les individus les notion d'environnement dans les activités mieux intentionnés prennent normalement économiques. Une telle approche n'est pas leurs décisions en tenant compte prioritairedans les moeurs des politiciens ordinaires. Il ment du prix. Donc, si le «vrai prix» de nos nous faut des politigestes doit être payé à ciens «extraordinaimême le geste, nous «ll budget est sans aucun res», qui vont prendre risquons de nous au sérieux le discours comporter mieux que doute le plus important du développement dusi tout se résume à la rable, même si cela sensibilisation ou à énoncé de politÜJue implique des décila peur d'enfreindre sions qui affectent fienvironnementale un règlement, en renancièrement certains gardant par dessus membres de la sociéd'un gouvernement.» l'épaule pour voir veté, et certaines activinir l'inspecteur du ]im MacNeil, tés de tous les memMinistère... Commission Brundtland bres de la société. Un exemple qui pourDans ce sens, il faut rait «Verdir» le prochain budget serait l'inbien comprendre qu'ils agiront ainsi seuletroduction d'une taxe sur le carbone (équiment si l'électorat les appuie, les pousse à valente à quelques dollars sur un baril de mettre l'environnement à sa vraie place, au pétrole), permettant de donner suite à l'engagement fonnel de réduire de 20% des coeur des activités de la société, avec les émissions de gaz à effet de serre, pris au préoccupations économiques et sociales. La fiscalité constituera un point de départ esSommet de Rio. En plus de mettre l'éconosentiel, et nous suggérons fortement au mie sur la voie du développement durable, nouveau gouvernement de suivre l'exemple cette mesure permettrait de réduire subde M. Martin et de convoquer un groupe de stantiellement d'autres fonnes d'imposition travail pour préparer des interventions dans qui nuisent au développement de secteurs le budget 1996-1997, sinon dans celui de économiques créateurs d'emplois et écologiquement soutenables. L'un des aspects 1995-1996. essentiels de cette «écotaxe» est sa neutraHarvey Mead lité fiscale: son introduction ne devra proPrésident de l'UQCN duire aucune augmentation de la charge fiscale totale car elle serait compensée, seoctobre-novembre 1994

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DANS MA COUR

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Gaspé. Ce travail a permis de retirer de l'eau quelque 500 engins, surtout des filets maillants, d'une valeur totale de 83 000 $.

sur les fonds marins peut capturer plusieurs centaines de ces crustacés. Pêches et Océans a donc subventionné, à l'automne 1993, une deuxième opération de récupération, de l'autre côté de la péninsule, dans un secteur propice à la pêche au crabe.

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PÊCHES

1OO 000 FILETS SOUS LES MERS S'il pouvait sillonner les eaux du golfe et de l'estuaire du Saint-Laurent à bord de son submersible, le capitaine Nemo, célèbre héros de Jules Verne, serait sans doute étonné de voir, sur les fonds marins, un cimetière d'épaves étranges : des casiers à crabes et à homards, des filets, des palangres et d'autres appareils de pêche oubliés là, ou perdus dans quelque tempête, voilà des années.

«L'opération visait plusieurs objectifs, affirme Alain Dugas, directeur du Regroupement. Nous voulions nettoyer les fonds marins, mais aussi protéger la ressource et évaluer l'impact des pertes d'engins sur cet-

Un seul de ces c:asiers à crabe perdu au fond de la merpeut capturer inutilement des centaines de crustacés. PhotoMAPAQ

Cette présence sous-marine d'engins qui continuent inutilement de pêcher préoccupe les pêcheurs. Depuis peu, ceux-ci organisent différentes opérations de récupération des casiers et des filets perdus. D'abord pris en charge par leurs associations, ces efforts seront, dans l'avenir, davantage consentis individuellement par les pêcheurs puisqu'ils se révèlent économiquement rentables. Des mesures de prévention viennent également d'être mises en place. C'est au Regroupement des pêcheurs professionnels du nord de la Gaspésie qu'on doit la première campagne de récupération, menée à l'automne 1991. Après avoir bricolé leur propre équipement capable de sonder le fond sans abîmer la végétation, les membres du regroupement ont passé plus de 1 000 heures à ratisser les secteurs de pêche compris entre Rimouski et Cap-

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octobre-novembre 1994

te ressource.» L'association a ainsi conclu, à sa propre surprise, que l'impact des filets perdus était négligeable : les pêcheurs ayant participé à la récupération ont en effet constaté que les filets étaient souvent tordus sur eux-mêmes, les rendant inaptes à capturer les poissons. Du côté de Pêches et Océans Canada, qui a financé la majeure partie des efforts de récupération du regroupement, on met toutefois un bémol à cette affirmation. «La traction qui se produit lorsqu'on remonte le filet à partir d'une grande profondeur peut le tordre et en expulser les chairs du poisson capturé», souligne Marcel Boudreau, . conseiller principal du secteur primaire au ministère fédéral. Mais, toujours selon M. Boudreau, dans d'autres secteurs de pêche que ceux couverts en 1991, une autre menace pèse : chaque casier à crabes échoué

«Nous avons retiré de l'eau 150 trappes à crabes et une quinzaine de filets, malgré la mauvaise température», rapporte Jean-Guy Mercier de !'Association des pêcheurs de Pabos. L'organisme, qui a également développé son propre équipement, compte mettre de nouveau à l'eau ses «tuyaux à grappins» cette année. Du côté du Regroupement des pêcheurs professionnels du nord de la Gaspésie, on a également dragué les fonds marins l'automne dernier, réitérant ainsi l'expérience de 1991. Cependant, la température peu clémente de cette deuxième édition n'a pas permis d'obtenir d'aussi bons résultats. L'association tente maintenant de rendre les pêcheurs responsables de la récupération en leur prêtant l'équipement. «La récupération d'engins par les pêcheurs eux-mêmes a un taux de réussite de 60%, affirme Alain Dugas. Et environ 50% des engins recueillis sont réutilisables, au moins en partie.,. Comme un assortiment de filets vaut à lui seul jusqu'à 8 000 $, les pêcheurs font de plus en plus d'efforts en ce sens. La prévention est également au menu. À la suite des recommandations du Regroupement des pêcheurs professionnels du nord de la Gaspésie, et en concertation avec les pêcheurs, Pêches et Océans a réduit de presque la moitié le nombre de filets qu'un même pêcheur peut mouiller, de façon à réduire le risque de pertes. De plus, Pêches et Océans demande dorénavant aux pêcheurs de doter leurs casiers de mécanismes de fermeture biodégradables et d'utiliser des filets aux mailles de coton qui se décomposeront plus rapidement que les matières synthétiques.

n semble que la demande ait été assez bien reçue. Et pourquoi pas? Comme le dit Alain Dugas, «il faut utiliser la ressource intelligemment si on veut l'utiliser le plus longtemps possible». Nadya Laroucbe

FAUNE

LA GRANDE ÉVASION Les grands mammifères qui habitent les espaces protégés du Québec s'en évadent parfois ... à leurs risques et péril! Les orignaux, les loups et les ours du parc national de la Mauricie, tout comme les loups du parc de la Jacques-Cartier, vont régulièrement chercher leur subsistance dans les territoires avoisinants. Et dès qu'ils mettent la patte au-delà de la frontière administrative dont ils font peu de cas, plusieurs d'entre eux sont piégés ou abattus. Pour remédier à cette situation, plusieurs idées sont en discussion, dont celle de zone tampon, telle que proposée par les membres de la Société de développement des activités du parc de la Jacques-Cartier.

Les loups manquent à l'appel Animateur des activités d'interprétation du loup dans le parc de la Jacques-Cartier, Pierre Vaillancourt sait depuis longtemps que les loups sortent de leur territoire protégé pour se nourrir. il en a obtenu la preuve à l'hiver 1993 lorsque deux loups, portant des colliers qu'il leur avait installés luimême au cours d'activités de repérage par télémétrie, ont été capturés par des trappeurs. «Parce qu'il est un prédateur de l'orignal, le loup passe pour un compétiteur auprès des chasseurs, qui veulent l'éliminer», fulmine M. Vaillancourt. C'est pourquoi le grand canidé risque gros dès qu'il sort du parc. Pour diminuer la pression exercée sur les loups en bordure du parc, Pierre Vaillancourt propose de créer, à même la réserve faunique des Laurentides, une zone tampon où la capture du loup serait interdite afin de permettre à l'animal d'accéder sans danger à un habitat recherché par l'orignal. De plus, note M. Vaillancourt, la limite extérieure de cette zone devrait être facilement repérable, par exemple un cours d'eau ou une route, ce qui faciliterait le contrôle du braconnage éventuel. «Si on ne fait rien maintenant, d'ajouter le guidenaturaliste, l'année prochaine, on ne parlera peut-être plus de conservation du loup dans le parc de la Jacques-Cartier, mais de sa réintroduction.»

Espèces sans frontières Au parc national de la Mauricie, un territoire de juridiction fédérale, on reconnaît que plusieurs espèces «transfrontalières», comme les ours, les orignaux et les loups, ne sont pas en nombre représentatif. «Entre 1980 et 1987, deux meutes de loups fréquentaient le parc, explique Denis Masse,

biologiste au parc de la Mauricie. Une meute est disparue en 1987 : on pense qu'elle a été victime des trappeurs. Étant donné le vaste territoire utilisé par le loup, il est clair qu'il risque de disparaître s'il n'est pas protégé à l'extérieur du parc.»

faudrait intégrer davantage les parcs dans leur région, commente Claude Samson. C'est ce que feraient les zones tampons, en graduant l'intensité des activités d'exploitation. C'est un moyen à envisager.» De l'avis du biologiste, une coupe forestière contrôHabitués à couvrir un vaste territoire, lée pourrait ausplusieurs grands mamm!feres habitant les parcs s'avenLe cas de l'ours si être pratiquée turent hors des limites du territoire protégé. est également /À où chasseurs et trappeurs les attendent ... dans certaines bien connu, Photo archives zones protégées grâce à une étuafin de satisfaire de menée entre les besoins de certains animaux qui y trou1990 et 1993 sur la population du parc de vent refuge. Et il faudra agir vite, avant que la Mauricie par Claude Samson, alors étu- nos parcs ne se vident de leurs grands diant au doctorat en biologie à l'Université mammifères. Laval. Ses recherches ont montré que tous les ours sortent du parc pour trouver leur Gérald Baril nourriture et n'y reviennent que pour hiberner. Claude Samson propose de stopper la chasse automnale en bordure du parc et de ne permettre que la chasse au printemps dans certaines zones, alors que les femelles sont à l'intérieur des limites du parc.

Où s'en va le

«il faut essayer de comprendre comment un parc s'insère dans une région», suggère Jean Huot, professeur au département de biologie de l'Université Laval. En raison de la protection efficace contre les feux et les insectes, les forêts des parcs de conservation de l'est du pays connaissent en effet un problème de vieillissement (voir FrancVert, mai-juin 1993, p. 24). «Plusieurs espèces n'y trouvent plus la nourriture adéquate, observe M. Huot. Les orignaux, qui se nourrissent surtout dans les jeunes peuplements, sont donc attirés vers les territoires moins protégés. De plus, ils sortent également lorsque retentit l'appel de la femelle que les chasseurs imitent!» En outre, les orignaux comme les loups ont l'habitude de couvrir un grand territoire; l'îlot de nature qu'est un pardeur suffit rarement. Une zone tampon pourrait minimiser à court terme le risque de voir disparaitre les loups, tant au parc de la Jacques-Cartier qu'au parc de la Mauricie. Mais à plus long tenne, c'est la façon de concevoir un territoire protégé qui est remise en question. «il

MONDE? Si la diversité de la vie sur cette planète vous fascine, avec ses plantes, ses animaux et ses écosystèmes; si vous ne pouvez vous empêcher de vous informer sur les mesures à prendre pour préserver cette biodiversité; et si vous avez l'intention ferme de participer à sa préservation, abonnez-vous aujourd'hui à la revue la biodiversité mondiale, la seule publication canadienne trimestrielle sur la biodiversité! Envoyez 25,00 $ plus la TPS (de 1,75 $)à

La biodiversité mondiale

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octobre-novembre 1994

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DÉCHETS

LE RETOUR DU GUENILLOU Plusieurs fibres sont tout bonnement refilées et réintroduites dans la chaîne de fabrication des tissus, après avoir été revendues à des filatures.

Les déchets textiles atteignent annuellement les 100 000 tonnes métriques au Québec. Ils peuvent pourtant devenir une matière première intéressante. Photo Ateliers Les recycleurs

Depuis deux ans, on peut encore améliorer la cure d'amaigrissement de nos poubelles! Cela, grâce au guenillou qui, au lieu d'entrer dans la légende, s'est reconverti dans la fibre recyclée. Hier, cet as de la récupération faisait du porte à porte pour récolter les tissus usés. Il les transformait notamment en guenilles destinées à combler les besoins des garagistes. Aujourd'hui, au Québec, ils sont une dizaine de travailleurs indépendants, dont huit en milieu rural, qui effectuent la cueillette des vêtements usagés ou démodés auprès des particuliers, des organismes communautaires, des paroisses, des compagnies privées de textile et même, des institutions scolaires. Une fois leur camion bien garni, ils prennent le chemin de Montréal et des Ateliers Les recycleurs, une usine qui recueille, trie et effiloche les vêtements usagés. Les Ateliers ont également mis au point un projet expérimental de collecte sélective, en collaboration avec la Ville de Montréal. «Il y a trois ans, une vingtaine d'employés travaillaient dans nos ateliers, rapporte Roland Pednault, attaché au service administratif des Ateliers Les recycleurs. Mais la demande augmente tellement vite que nous avons dû changer de local l'an dernier et qu'il nous faut déjà de l'espace supplémentaire.» En 1993, les Ateliers ont récupéré 3 000 tonnes métriques de vêtements et maintenu 150 emplois. Les travailleurs classent les vêtements par type de fibre ou par couleur et enlèvent les accessoires, avant de passer au stade de l'effilochage des tissus endommagés et de la mise en ballot de la fibre. Les vêtements en bon état sont redistribués gratuitement ou vendus à très bas prix aux organismes communautaires qui en font la de-

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octobre-novembre 1994

mande. La friperie compose 60% de l'ensemble des vêtements manipulés par les Ateliers. Mais, selon M. Pednault, la fibre recyclée prendra le dessus d'ici quelques années.

Métamorphose Une visite aux Ateliers Les recycleurs, les seuls effilocheurs d'importance au Québec, donne l'impression de se retrouver dans la caverne aux trésors d'Ali-la-guenille! Les ballots sont empilés les uns par dessus les autres, pratiquement jusqu'au plafond, en attendant d'être acheminés vers leur destination et leur métamorphose finales. La fibre d'acrylique peut par exemple être transformée en toile géotextile pour la construction et l'aménagement paysager, les fibres mixtes (nylon, polyester) peuvent devenir des sous-tapis, des feutres ou des matériaux isolants pour les automobiles.

Elles peuvent alors servir de matière première à des designers comme Julie Lefebvre, copropriétaire de la boutique Calico, située à Montréal. Mme Lefebvre se spécialise à la fois dans les textiles issus d'une culture douce pour l'environnement et dans les fibres recyclées, avec lesquelles elles a créé sa propre ligne de vêtements. «Pour l'instant, explique-t-elle, je dois m'approvisionner en Ontario et en Europe, là où on peut fournir sur commande aux petits clients comme moi des tissus de fibres recyclées du type et de la couleur souhaités.» Une partie de sa clientèle étant d'abord venue par intérêt envers l'environnement, Julie Lefebvre suppose que les Québécois ne tarderont pas à se mettre davantage à l'heure de la fibre recyclée. Même si les progrès sont manifestes, le Québec en est encore à l'ABC de la réutilisation des vêtements. Selon les chiffres du ministère de l'industrie, du Commerce, de la Science et de la Technologie, près de 178 000 tonnes métriques de textiles et de vêtements sont utilisés chaque année, au Québec. On estime que les déchets textiles atteignent les 100 000 tonnes métriques par an. De plus, il est établi que certaines fibres synthétiques, qui représentent 80% de ce total, mettent plus de 200 ans avant de commencer à se décomposer.

Denyse Perreault

FAUNE

DINOSAURE ET COURANT D'AIR La théorie en vogue sur l'extinction des dinosauriens fait de ceux-ci les victimes d'un cataclysme mondial causé par la chute d'un gigantesque météorite dans le Yucatan. Mais les recherches d'un savant canadien, Art Sweet, et de deux américains, Kirk Johnson et Dong Nichols, tous trois spécialistes des paléopollens, présentent un autre scénario.

Selon eux, le tout a commencé par une sorte de courant d'air froid, une ère semiglaciaire qui a éliminé les insectes pollénisateurs indispensables à la reproduction des plantes à fleurs. Plus de fourrages, plus d'herbivores, donc plus de brontosaures. Plus d'herbivores, finis les carnivores. Les

trois chercheurs ont des preuves très solides quant à la disparition massive des angi os permes, les plantes à fleurs, en Amérique du Nord, il y a 65 millions d'an- · nées, justement à l'époque où les dinosauriens commencent à décliner sérieusement. Pourrait-il exister un lien entre la disparition des insectes et la chute du météorite? Kirk Johnson croit que l'astéroïde pourrait être à l'origine d'un nuage de débris voilant le ciel pendant plusieurs mois, refroidissant ainsi l'atmosphère. Beau scénario pour M. Spielberg!

Guy PlllJUin

FLORE

- DERNIÈRE HEURE

SKIER SUR LE DOS DES PLANTES RARES S'il vous arrive, cet hiver, de pester contre la bordée de neige qui vient de recouvrir le pas de votre porte fraîchement pelleté, ayez une pensée émue pour les plantes du mont Logan, ensevelies sous 6,4 m de neige, quand elles ne sont pas exposées à des vents de 185 km à l'heure. Curieusement, de l'avis des spécialistes, cette poignée d'irréductibles préfèrent demeurer dans un climat qui donnerait froid à un réfrigérateur et se contenter d'une saison végétative de seulement 140 jours, plutôt que de risquer la mort sous des cieux plus cléments. Il faut dire que les plantes rares qui poussent sur le flanc du mont Logan, à l'extrême ouest du parc de la Gaspésie, appartiennent à la flore arctique-alpine datant de la dernière glaciation. Les pentes abruptes et les sommets élevés du mont constituent un véritable habitat relique, quatre des plantes qui y poussent étant rares au point de n'avoir été répertoriées, au Québec, qu'en moins de cinq autres lieux.

Ski au mont Logan Mais voilà que la tranquillité millénaire de l'endroit se voit remise en cause par un projet de développement touristique. Une société immobilière montréalaise, «Station grande nature», envisage en effet de proposer à une clientèle fortunée des forfaits récréatifs dans la région. Une véritable aubaine pour un coin de pays où les emplois d'hiver se font aussi rares que la morue dans les filets de pêcheurs gaspésiens. Règlement oblige, l'hébergement et la majorité des activités se dérouleraient dans la réserve faunique de Matane, toute proche. Par contre, le promoteur, Philippe O'Brian, président de la Chambre de commerce du Canada, envisage d'organiser au mont Logan des randonnées pédestres, du ski de fond sur des pistes tapées, ainsi que du ski alpin avec transport en hélicoptère jusqu'au sommet de la montagne. «Station grande nature» souhaite ainsi offrir à sa clientèle un point de vue unique sur les montagnes environnantes et un cadre exceptionnellement sauvage. La société immobilière serait sur le point d'obtenir du ministère de !'Environnement et de la Faune (MEF) l'autorisation de pratiquer le ski et la randonnée dans le parc de la Gaspésie ... Et en particulier sur le mont Logan. Classée pour l'instant dans la catégorie «ambiance», cette zone peut, en théorie, accueillir certaines activités touristiques. Mais à condition que la manière de les pratiquer soit clairement définie et acceptée.

NEUF ESPÈCES DÉSIGNÉES

Des pentes convoitées L'intérêt que porte «Station grande nature» à la région a poussé le Ministère à se pencher de plus près sur ce territoire. Une réserve écologique proche du mont Logan devrait ainsi voir le jour prochainement: aucune activité n'y serait alors autorisée. Pour sa part, le mont Logan a fait l'objet d'un inventaire détaillé. Grâce au rapport présenté par Normand Dignard, botaniste à !'Herbier du Québec, on sait désonnais où se situent les 14 espèces susceptibles d'être désignées menacées ou vulnérables selon la loi adoptée en 1989, et le type d'habitat qu'elles privilégient. La survie de ces plantes rares, qui poussent à flanc de montagne dans les ravins ou les versants abrupts, semble assez précaire, selon le botaniste, car le terrain est très instable. «Leurs conditions d'existence pourraient encore se dégrader, indique Nonnand Dignard, car les principales activités récréotouristiques proposées par le promoteur doivent se dérouler précisément là où sont concentrées la majorité des espèces qui nous préoccupent, c'est-à-dire là où les pentes sont fortes.»

Trois des plantes rares du mont Logan figurent parmi les huit espèces qui venaient tout juste d'être désignées menacées par le gouvernenment québécois au moment de mettre sous presse : l'athyrie alpestre (une fougère), ainsi que l'arnica de gtiscom sous-espèce de griscom et le sénéçon fausse-symbalaire (deux plantes herbacées). Depuis cette désignation il est légalement interdit d'altérer les plantes mentionnées et leur habitat. Si une telle plante est inventotiée là où on projette de modifier le milieu, le promoteur devra présenter une liste des mesures qu'il entend prendre pour assurer sa protection. Dans le cas des trois espèces du mont Logan, le règlement étant plus fo11 que toute entente signée, cela signifie que le ministère pourra exiger des modifications au projet de ski.

L'ail aussi L'ail des bois a également hétité d'un statut officiel, celui d'espèce «vulnérable». Cette dernière désignation fait davantage référence à un danger lié à l'exploitation qu'à la rareté de l'espèce, comme dans le cas des plantes dites «menacées». Le règlement interdit notamment la cueillette de l'ail dans les parcs et sa commercialisation, mais permet sa possession individuelle lorsqu 'infétieure à 200 bulbes. La désignation de ces neuf premières espèces vient donner sa raison d'être à la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables entrée en vigueur en 1989. La liste des espèces susceptibles d'être désignées compte encore 365 autres plantes ainsi que 76 animaux.

Malgré tout, certains des fonctionnaires qui ont examiné le projet pensent qu'on peut protéger les espèces, tout en autorisant l'accès à la zone. Raymonde Pomerleau, biologiste au MEF, remarque ainsi «que certains travaux d'aménagement pourraient permetL.D. tre aux skieurs d'éviter les secteurs sensibles». Léopold Gaudreau, responsable de la Direction de la conservation et du Patrimoine signé. Comme il s'agit malgré tout d'une zone écologique au MEF, estime de son côté que abritant des plantes rares, les activités tourisplusieurs questions restent en suspens. tiques organisées par «Station grande na«Station grande nature n'a pas encore fait la ture» se verront soumises à certaines restricdémonstration que la pratique du ski au tions. Ainsi, des balises interdiront l'accès mont Logan ne perturberait pas le milieu, aux sites qui abritent les reliques de la flore soutient-il. Il faut s'assurer que le couvert arctique. Cela sera-t-il suffisant? neigeux demeure suffisant tout au long de la Pascale Guéricolas saison pour protéger les plantes rares sur les pentes balayées par le vent. Il est aussi inquiétant que, en haut de la montaAtelier~~ gne, les skieurs n'utilisent pas de sentiers balisés.» Ces quelques bémols ne semblent pas constituer de véritables obstacles, puisqu'un protocole d'entente avec le promoteur devrait être prochainement