Franc-Vert vol. 13 no. 5 (octobre-novembre 1996)

Quantité: _ _ _ _ calend rier(s) X 12,99 $* = _ _ _ _ _ _ _$. Paiement ..... sont venus illustrer qu'il est possible de fai- re une gestion ...... C.P. 1000, Suce. M.
27MB taille 0 téléchargements 300 vues
7

111111111111111111111111111111 71766 00581

· En collaboration avec

~ MQÇ~

~ Une partie des pronts sera versée acet organisme sans but lucratif.

Un circuit écotouristiQue des richesses fauniQues et ~oristiQues du Honduras Prévu au programme : randonnées dans les parcs nationaux de la région de ~a Ceiba. rencontre avec les écologistes de RHEOES. lagune de Tela. visite des Ties des Caraïbes [Guanaja. Roaten. Utila]. p~ramide de Copan. Demandez le programme du vo~age écotouristiQue au Honduras. en écrivant ou en téléphonant chez :

GROUPE VOYAGES QUÉBEC 174, GRANDE-ALLÉE OUEST QUÉBEC (QUÉBEC) G1 R 2G9 .

(418) 525-4585 Sans frais : 1 800 463-1598

Détenteur d'un permis du Québe

Volume 13, numéro 5 - octobre-novembre 1996

ART

C L E S 14

Quel sera notre insecte-emblème ? Coccinelle ou demoiselle? Bourdon? Pour choisir l'insecteemblème du Québec, un comité d'entomologistes propose au public cinq candidats qui piqueront votre intérêt. À vous de voter ! Par Monique La/orge Photo de la page couverture : CbristianAutotte La coccinelle maculée, l'un des cinq candidats att titre d'insecte e111blé111atiq11e d11 Québec

20

CHRONIQUES

Richard Sears, notre Grand bleu Il y a 20 ans, le Franco-américain Richard Sears tombait en amour avec la Côte-Nord du Québec et avec ses baleines. Ici comme en Basse-Californie, il a ouvert la voie à l'étude des géants des mers. Par Denyse Perrea11lt

5

24

DE VOTRE PLUME

L'utopie de la voiture verte À défaut d'une voiture non polluante, les années 2000 nous promettent des carburants moins nocifs et quelques solutions de rechange originales au transport individuel. Par Stépbane Gagné

7 ÉDITORIAL Gestion des déchets : aller plus vite, plus loin Pat· Michèle Goyer

28 DOSSIER UQCN :

9 DANS MA COUR Sculpteur de vidanges L'arbre réhabilité Canots contre moteurs Classer est-il une manie?

L'UQCN propose un effort collectif pour mieux isoler les bâtiments ... et créer des emplois.

13

ÊTRE AUX OISEAUX Migration à Tadoussac Par Serge Bea11cher

32 PENSER GLOBALEMENT Bac bleu ou consignation : faut-il choisir? Par Serge Bea11cher 36

AGIR LOCALEMENT En bordure du Saint-Laurent Deux terres humides sauvées des eaux

*

Papier glacé Multifect : recyclé à 50%, dont au moins 10% de fibres postconsommation; partiellement blanchi au chlore. Papier mat Rolland Nouvelle Vie : recyclé à 50%, dont au moins 10% de fibres postconsommation; blanchi sans chlore; a reçu l'Écologo.

FRANC-VERT • Octobre - novembre 1996

3

gratuit our Ces abonnés ! bannez-vous, abonnez un ami ou renouvelez pour deux ans votre abonnement à Franc-Vert et vous obtiendrez en cadeau le calendrier 1997, en plus de recevoir votre magazine préféré et de devenir membre de l'UGCN . Créé à partir de 12 photos spectaculaires, le calendr ier «La nature du Québec en images» saura ravir tout amant de la nature. Parmi ces images, primées dans le cadre du concours de photo de l'UQCN-Franc-Vert, vous pourrez admirer l'irrésistible renard , un macareux au bec multicolore, d'éblouissantes fleurs sous vo ile de rosée, une baleine majestueuse, l'étonnant bain de l'orignal (page couverture de Franc-Vert, juillet-juillet 1996) et bien d'autres merveilleuses images. Comme le veut la tradition, cha cune des photos est accompagnée d'un texte éducatif décrivant l'espèce

La nature

/u,9R!tlblr en images ,

r------------------~===~

ou l'écosystème illustré. plus, plusieurs fois par mois, desDespécialistes des sciences naturelles signalent divers événements ou phénomènes qui se produisent à la date correspondante. Ces capsules touchent plusieurs thèmes dont les oiseaux, les arbres, les ours et le Saint-Laurent.

Aimeriez-vous voir vos propres photos apparaître dans notre calendrie r de l'an procha in ? Choisissez vos dix plus belles diapositives et faites-nous-

les parvenir d'ici le 17 janvier procha in. Tous les détails et le coupon d'inscription dans le prochain Franc-Vert.

r-~---------~-----~ -------------------------, r--- ~---------- - -------------------------,

!

JCochez : o Je m'abonne : o Je me réabonne 1 o J'abo nne un (e) ami (e) 1 1 1 1

OFFREZ NOTRE SUPERBE CALENDRIER POUR NOËL!

COUPON D'ABONNEMENT

!

o Chèq ue inclus

o 3 ans - 59,25 $*et je recevrai le calendrier 1997 o 2 ans - 42,16 $*et je recevrai le calendrier 1997 o 1 an - 23,93 $* avisa o Master

Bon de commande

!1 N'. de carte : - - - - - - - - - - - - - Expir: _ _ __

Adresse: _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __

l' Signature: _ _ _ _ _ _ __ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __

Code postal : _ _ _ _ _ _ Tél.: _ _ _ _ _ _ _ __

1 1

! Nom: _ _ _ _ _ __ _ __ _ _ _ _ _ _ _ _ __

Quantité: _ _ _ _ calend rier(s) X 12,99 $* = _ _ _ _ _ _ _$ ' Taxes et transport inclus

1

: Ad resse: _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __

#TPS . R 119275816 # 1VQ : 1006361354

1

l Ville:

_ _ _ _ _ _ _ _ _ Code postal: _ _ _ _ _ __

!

Paiement

1

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

: Envoyez votre paiement à : UQCN-Franc-Vert 690, Grande-Allée Est, Québec (Québec) G1 R 2K5

1

Téléphone rés.: _ _ _ _ _ _ _ Téléphone bur. :_ _ _ _ _ __

1

): Profession : - - - - - - - ! *Six numéros par année; taxes incluses; cette offre expire le 13 décembre 1996. 1

#TPS : R 119275816 #TVQ : 1006361354

1

:

~----------~~-~------ -------- ~ ---------------~

4

o Chèque inclus

avisa

o Master

N' de carte :_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ Expir: _ __ Signature: _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

Envoyez votre paiement à : UQCN-Franc-Vert : 690, Grande-Allée Est, Québec (Québec) G1 R 2K5 1 L-------------------------------------------~

Octobre - novembre 1996 • FRANC-VERT

r

De votre plume

Une poursuite sans fin ••• 'Association pour la conservation du mont Pinacle (ACMP) se réjouit du jugeL ment rendu récemment par le juge Léo Daigle dans l'action en libelle diffamatoire intentée par le développeur Pierre Tellier à la succession de Guy L. Coté (ex-vice-président de l'ACMP et ex-vice-président de l'UQCN), décédé en 1994, (voir franc-Vert, décembre 1990 et novembre-décembre 1993) . Ce jugement confirme que Guy L. Coté n'avait jamais tenu de propos ou posé des gestes dans l'intention de nuire à Me Tellier, et que lui et les opposants ont «lutté démocratiquement pour la conservation du mont Pinacle à son état naturel». Néanmoins, Pierre Tellier ayant décidé d'en appeler de ce jugement, la famille Coté doit de nouveau encourir des frais pour se défendre, en plus de la somme de 125 000 $ que lui a déjà coûté cette poursuite. Tous les groupes environnementaux et leurs membres sont susceptibles de connaître des poursuites pareilles à celle qui a coûté si cher à Guy L. Coté. C'est par la solidaiité qu'on peut y faire face. Si vous voulez contribuer à alléger le fardeau financier de la famille Coté et démontrer votre suppo11 pour la défense de l'environnement, vous pouvez envoyer un chèque à !'Association pour la conservation du mont Pinacle inc., (avec mention Fonds de défense légale) , ais Mme Cornelia Eyre, 110, chemin des Érables, Frelighsburg, Qc, JO] lCO. Cornelia Eyre

Reproduit avec l'accord de l'auteur

Prenez l'ÉcoRoute de l'information! Depuis le 15 octobre, ce salon permanent de l'environnement a pignon sur Net. On y trouve des adresses de groupes environnementaux ou d'industries, de l'information sur les destinations écotouristiques québécoises, des documents de référence comme le Guide des milieux humides ou Ma santé, mon environnement, un répertoire des ressources gouvernementales et de très nombreux liens hype1textes vers tout ce qui bouge en environnement au Québec et ailleurs. Le site de l'UQCN et de franc-Vert y loge également. Pour prendre l'ÉcoRoute de l'information : ecoroute.uqcn.qc.ca.

Frelishburg

En achetant un billet à10 Spour notre grand tirage du 10 décembre 1996. vous aurez une chance sur 2ooo de partir sur la côte nord du Honduras avec Harve~ Mead et Groupe Vo~ages Ouébec! Les billets de tirage sont disponibles dans les librairies Ul~sse de Montréal et de Ouébec, ou en vous adressant àl'UOCN : ~ N

[418] 648-2104

FRANC-VERT • Octobre - novembre 1996

~

uac

5

Ëd ; trn

~

Union québécoise pour la conservation de la nature

«Penser globalement, agir localement»

UOCN

Éditeur~

690, Grande-Allée Est, Québec (Québec) GlR 2K5 Tél.: (418) 648-2104, téléc.: (418) 648-0991 Courrier élec. : [email protected] Site Internet: http://uqcn.qc.ca

Organisme national sans but lucratif, l'Union québécoise pour la conservation de la nature (UQCN) regroupe des individus ainsi que des sociétés oeuvrant dans le domaine des sciences naturelles et de l'environnement. L'UQCN favorise la conservation et l'utilisation durable des ressources. Elle fonde son action sur les trois objectifs de la Stratégie mondiale de la conservation : le maintien des processus écologiques essentiels, la préservation de la diversité génétique et l'utilisation durable des espèces et des écosystèmes. Conseil d'administration de l'UQCN Président : Harvey Mead Première vice-présidente: Michèle Goyer (Gestion des déchets) Vice-président(e)s: Yves Bédard (Concours photo), André Desrochers (Biodiversité),Jules Dufour (Parcs et sites protégés), Louise Gratton (Biodiversité), Jean Hamann (Franc-Vert), Pierre Jobin (Agriculture), Robert Joly (Stratégies Saint-Laurent), Gisèle Lamoureux, Sophie Maheu (Industrie et technologie) , Julie Pelletier (Affaires juridiques), Gérard Szaraz (Affaires internationales) etJean-François Turmel (Énergie). Secrétaire-trésorier : Marc.L. Thibault, adm.a. Ambassadeurs de l'UQCN : Frédéric Back, Jacques Dufresne, Pierre Gosselin, Peter Jacobs, Pierre-Marc Johnson, Estelle Lacoursière et Leone Pippard. Directrice administrative : Diane Pagé Directeur aux des programmes : Denis Bergeron Administration : Monique Arteau Secrétariat : Diane Néron et Carl Leduc Chargés de projet: Romain Coté, Diane Forget, Kateri Lescop-Sinclair, Diane Néron et Martin Savard Organismes affiliés: Ami(e)s de la terre de !'Île d'Orléans; Ami(e)s de la vallée du Saint-Laurent; Ami(e)s du Jardin botanique de Montréal; APEL du lac Saint-Charles; Association de protection de l'environnement du lac Témiscouata; Association des citoyens du nord de Gatineau; Association pour la conservation du boisé Papineau; Association pour la conservation du mont Pinacle; Association pour la protection de l'environnement de Rigaud; Association pour la protection du lac Mégantic; Association québécoise des groupes d'ornithologues; Association québécoise d'interprétation du patrimoine; Association québécoise pour la promotion de l'éducation relative à l'environnement; Attention Frag'Îles; Bloc vert; Centre de conservation de la nature du mont Saint-Hilaire; Centre de développement d'agrobiologie; Centre de la montagne; Centre d'études et de recherche interdisciplinaires sur les communications, la législation et l'éducation environnementales; Centre d'interprétation de la nature du lac Boivin; Centre écologique de Port-au-Saumon; Centre québécois du droit de l'environnement; Comité de santé publique et d'environnement; Club de marche de Québec; Club des ornithologues de Brome-Missiquoi; Club des ornithologues de ]'Outaouais; Club des ornithologues des HautesLaurentides; Club des ornithologues de Québec; Club d'observateurs d'oiseaux de Laval; Club d'ornithologie de la région des Moulins; Comité d'environnement de Chicoutimi; Comité d'environnement de Dolbeau-Mistassini; Comité des citoyens de Pointe-Fortune; Comité de recherche et d'intervention environnementales du Grand-Portage; Comité environnement de !'École polytechnique; Conseil régional de l'environnement de la Montérégie; Conseil régional de l'environnement du Saguenay-Lac-Saint-Jean; Conservation de la baie Missisquoi; Conservation faune aquatique Québec; Corporation d'amélioration et de protection de l'environnement de Baie-Corneau; Corporation de gestion CHARMES; Corporation de gestion du petit marais de Saint-Gédéon; Corporation de l'aménagement de la rivière !'Assomption; Corporation de protection de l'environnement de Sept-Iles; Corporation du Parc régional de Pointe-aux-Outardes; Écomusée de la Haute-Beauce; Éco-nature de Laval; Entomofaune du Québec; Environnement Vert-Plus; Fédération québécoise du canot-camping; Fiducie foncière du marais Alderbrooke; Fondation les oiseleurs du Québec; Fondation pour la sauvegarde des espèces menacées; Fondation québécoise pour la protection du patrimoine naturel; Fondation Québec-Labrador; Fiducie foncière du mont Pinacle; Groupe de recherche appliquée en macro-écologie; Groupe de recherche et d'éducation en milieu marin; Groupe d'initiatives et de recherches appliquées au milieu; Groupe Fleurbec; Groupe nature et patrimoine; Halte écologique des battures de Kamouraska; Inter-Paysages; La Bande à Bonn'Eau; Laboratoire de géographie de l'UQAC; Mouvement écologiste et alternatif de l'Université du Québec à Montréal; Musée du Séminaire de Sherbrooke; Nature-Action; Parc Ami Chic-Chocs; Parc d'environnement naturel de Sutton; Programme semencier du patrimoine; RecyCampus; Recyclage Vallier; Regroupement pour la préservation de l'île et du marais de Katevale; Rivière vivante; Société d'aménagement de la rivière Madawaska et du lac Témiscouata; Société d'aménagement récréatif pour la sauvegarde du Lac-Saint-Pierre; Société de biologie de Montréal; Société d'écologie de Papineau; Société de conservation, d'interprétation et de recherche de Berthier et ses îles; Société de conservation et d'aménagement du bassin de la rivière Châteauguay; Société d'entomologie du Québec; Société de protection foncière de Saint-Adèle; Société des amis du Jardin Van-den-Hende; Société d'histoire naturelle de la vallée du Saint-Laurent; Société d'horticulture et d'écologie des Cantons-Unis; Société d'observation de la faune ailée; Société d'ornithologie de Lanaudière; Société du loisir ornithologique de l'Estlie; Société linnéenne du Québec; Société ornithologique du Centre du Québec; Société pour la protection des parcs et sites naturels du Canada; Société Provancher d'histoire naturelle; Société québécoise de spéléologie; Société québécoise pour la protection des oiseatLx; Société zoologique de Granby; Société zoologique de Québec; Station de recherches des îles Mingan; Union pour le développement durable; Union québécoise de réhabilitation des oiseatLx de proie; Via Agro-écologie; Vivre en ville. L'Union québécoise pour la conservation de la nature est affiliée à l'Union mondiale pour la nature (UICN), à la Fédération canadienne de la nature, au Fonds mondial pour la nature (Canada) ainsi qu'à Great Lakes United.

6

690, Grande-Allée Est, Québec Qc GlR 2K5 Tél.: (418) 648-2104 Courrier élec. : [email protected] Rédactrice en chef Louise Desautels Traitement de texte et secrétariat Mai1he Saint-Hilaire Graphisme Greco communication design Publicité et marketing Hélène Savard Administration et abonnement Monique Al1eau Comité scientifique Président : Cyrille Barrette Colette Ansseau, George Arsenault, Pierre Asselin, Yves Bédard, Jean-François Bergeron, Francine Bigras, Jean Boulva, Anne Charpentier, Johanne Delisle, Luc Gagnon, Léopold Gaudreau, Gilles Gauthier, Yves Guérard, Marianne Kugler, Manon Lacharité, Estelle Lacoursière, Monique Lafarge, Hélène Lair, Gisèle Lamoureux, René Moisan, Serge Payette, Jacques Prescott, Austin Reed, Camille Rousseau, Christian Roy, Angèle Saint-Yves et Jean-Guy Vaillancourt. Éditeur délégué Jean Hamann Révision des textes Cyrille Barrette et Camille Rousseau Conseiller à la photographie Jean-François Bergeron Numérisation et pelliculage Graphiscan Impression Imprin1erie Canada , Préparation postale Editions Le Téléphone Rouge !ne. Distribution Les Messageries de Presse Internationale Média d'information sur la nature et les questions environnementales, Franc-Vert publie six numéros réguliers par année. En 1996, la cotisation pour les membres individuels de l'UQCN est de 21 $ pour un an; celle des organismes affiliés est de 40 $. Les membres de l'UQCN sont automatiquement abonnés à Franc-Vert. L'abonnement est de 18 $ pour un an. Taxes en sus. Cop)'light 1996--FRANC-VERT. Le contenu du magazine ne peut être reproduit ni traduit sans l'autorisation de la direction. La direction laisse aux auteurs l'entière responsabilité de leurs textes. La présence de publicité dans Franc-Vert ne constitue d'aucune manière une accréditation du message publicitaire, ni de l'organisme qui l'émet. Les relations entre l'UQCN et les publicitaires, tout comme entre l'UQCN et les commanditaires du concours photo ou d'autres activités, sont st1ictement d'ordre contractuel. Nous remercions le Collège Champlain - St. Lmvrence de sa précieuse collaboration. Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec et Bibliothèque nationale du Canada, premier trimestre 1984, ISSN-0822-7284. Franc-Vert est indexé dans Repères et dans Cai1adian Periodical Index. Coumer de 2' classe, N' 6284. Port payé à Québec.

La nature du Q!tébec en images Concours annuel de photographie nature - Président : Yves Bédai·d - Vice-président : Jean-François Bergeron - Conseiller scientifique : Cyrille Barrette - Coordonnatrice : Hélène Savard - Secrétaire : Mai1he Saint-Hilaire - Autres conseillers : Gaétane Boisseau, Ouistian Bolduc, Jean-Marc Francoeur, Denis Gagnon, André Girard, Richard Lacombe, Pierre Leduc et Joëlle Malion.

Octobre - novembre 1996 • FRANC-VERT

r

Éditorial

GESTION RESPONSABLE DES MATIÈRES RÉSIDUELLES

Aller plus vite, plus loin ous le titre «Pour une gestion respon- régions afin de contrer la création de mésable et durable de nos matières rési- galieux d'enfouissement, dits de «haute duelles», le ministère de !'Environnement technologie», présentés par le MEF comme et de la Faune a soumis au processus de la solution d'avenir. Plusieur s'opposent à consultation publique un projet de société l'incinération comme moyen d'élimination où les déchets d'hier sont enfin perçus des déchets et à la valorisation énergétique comme des matières porteuses d'un poten- des résidus à fort potentiel dans un contexte où les objectifs de recyclage et de réductiel de valorisation. Le Bureau d'audiences publiques sur tion n'ont pas encore été atteints. l'environnement (BAPE) s'est engagé à perL'UQCN conteste f011ement l'approche mettre aux citoyens d'orienter les choix de de l'enfouissement pêle-mêle des déchets société. À la mi-septembre, se terminait organiques avec les matières inertes, mélandonc la dernière partie des audiences pu- ge entraînant la production de biogaz et de bliques. Près de 400 mémoires ont été dé- lixiviats, complexes et coûteux à gérer. posés, présentant une vision différente de la Certains, dont l'UQCN, proposent plutôt le gestion des résidus, dénonçant des situa- compostage ou la stabilisation des déchets tions problématiques voire dangereuses, putrescibles. Ils exigent la collecte sélective exp1imant des crainobligatoire, de porte en porte, de toutes tes ou partageant des Le gouvernement doit solutions innovatriles matières potences. L'UQCN constate tiellement recyclaprendre des décisions cependant qu'il y a bles, en incluant tous qui reflètent ce que une nette différence les plastiques et les d'appréciation de la composites. De plus, les citoyens ont situation et des soluse dégage le constat tions, selon qu'on que le volontariat a exprimé en audiences. accepte les énoncés atteint ses limites, audu document de tant du coté des enconsultation publique ou qu'on comprenne treprises qui devraient cotiser au fonds de la portée des témoignages et les revendica- Collecte Sélective Québec, que du côté des tions des intervenants. Les choix de société citoyens, dont la pe1formance de récupéraque le MEF propose ne correspondent plus tion plafonne (voir l'ai1icle en page 32) . à ceux d'un bon nombre d'intervenants : ceux-ci sont prêts à une véritable intégra- Des moyens d'action communs tion des principes de conservation des resDepuis une décennie, les mentalités et sources dans la gestion et la valo1isation de les technologies ont grandement évolué, et leurs résidus. Les recommandations des in- plus vite, que ce qu'a constaté le MEF. dividus et des groupes, dont celles de D'une part, plusieurs groupes demandent l'UQCN, vont donc beaucoup plus loin et les de mesurer les impacts de nos modes de échéanciers réclamés sont plus serrés que production et de nos choix de consommaceux proposés par le MEF. tion pai· des analyses de cycles de vie. D'autre pai1, de nombreux exemples de procéDes mégadécharges sans avenir dés avant-gardistes ou de gestion proactive Des groupes environnementaux ainsi sont venus illustrer qu'il est possible de faique certaines municipalités, sous l'égide de re une gestion responsable et durable, en l'UMRCQ, ont défini la notion de régionali- demeurant conscient que les écotechnolosation des résidus et demandent l'interdic- gies ne sont pas une panacée. Le respect de tion de la circulation des déchets entre les la hiérarchie des 3RVE - réduction, réem-

S

FRANC-VERT • Octobre - novembre 1996

ploi et recyclage avant la valorisation et l'élimination - est confirmée et il est urgent de démontrer la véracité de cette hiérarchie autant sur le plan économique qu'écologique et social. Cai· c'est bien de ce choix de société qu'il est question en filigrane de cette audience générique. Une gestion durable des ressources implique une gestion responsable des matières valorisables et, si tout le monde semble s'être mis facilement d'accord sur les mots, il faudra voir si tout le monde sera facilement d'accord sur les moyens d'action et les échéanciers. Deux de ces moyens d'action sont la collecte sélective (boîte bleue) et la consignation, que le débat semble vouloir mettre en opposition : pour l'UQCN, il s'agit d'un faux débat et les deux moyens, débai-rassés des poids politiques et économiques qu'on leur fait porter, se compléteraient efficacement pour permettre de détourner plus de 80% de résidus, et cela d'ici l'an 2000. Pour réaliser ses objectifs, il faudra que le gouvernement accepte de jouer pleinement son rôle de leader et sache donner aux citoyens un cadre de gestion des matières résiduelles qui reflète vraiment ce qu'ils sont venus lui exprimer en audience. Il faudra que le gouvernement résiste au mythe que le développement économique et la protection de l'environnement sont incompatibles : à terme, en comptabilisant tous les coûts directs et indirects, le développement durable est rentable. Que ce développement soit moins profitable pour certains, nous ne le contestons pas. Mais qu'il soit plus équitable pour tous, nous en sommes certains. Et c'est pourquoi nous attendons avec impatience de voir sur quelles avenues de la gestion durable les recommandations du rapport de l'audience générique et les engagements de notre gouvernement nous conduirons. Michèle Goyer Première vice-présidente de l'UQCN et responsable de la Commission Gestion des déchets 7

PROGRAMME

Date:

Date:

Vendredi, le 22 novembre 1996

Samedi le 23 novembre 1996

Lieu:

Université Laval, Pavillon La Laurentienne Centre de formation continue Auditorium Jean-Paul Tardif Sainte-Foy

Université Laval, Pavillon La Laurentienne Centre de formation continue Auditorium Jean-Paul Tardif Sainte-Foy Coût:

Coût:

Gratuit 19 h Ouverture de l'Assemblée générale annuelle 1996 Présentation du programme 19 h 30 Rapport du président sur les activités de la corporation 20h Présentation des états financiers 1995-1996 Nomination d'un vérificateur pour le prochain exercice Ajournement de l'Assemblée générale et ouverture du Congrès des membres

20h 30 Élection des représentants des membres individuels Clôture du Congrès des membres Réouverture de l'Assemblée générale

21 h . Élection du Conseil d'administration Clôture de l'Assemblée générale

r- - - - -- - - -

Gratuit pour les membres, 25, OO$ pour les non-membres et 23, 93 $ pour ceux et celles qui désirent devenir membres (complétez le coupon en page 4) · Invités:

Les membres de l'UQCN, les autorités locales et régionales, les représentants des différents ministères concernés, les organismes de développement et les groupes de conservation ... bref, tous ceux qui s'intéressent au développement régional «durable» Objectifs:

- Créer un lieu d'échanges et de réflexion; - rassembler les acteurs (décideurs, promoteurs, groupes environnementaux) locaux et régionaux pour discuter de problématiques qtù les touchent directement; - identifier les enjeux environnementaux de la régionalisation, les mécanismes à mettre en place pour favoriser le développement durable ainsi que le partage des responsabilités.

-FÏëHEDÏNsëRiPTio-N - - - - - - - - - ,

Nom :_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __

Prénom: _ _ _ _ _ _ _ _ _ __

Organisme:-- - - -- -- - - - - - - - - - - - - - - - - Adresse : - -- - - - - -- -- -- - - - - - - - - - - - - Ville: Code postal : _ _ _ _ __ _ _ __ Téléphone : ]'assisterai à: !'AGA 0

Télécopieur : _ _ _ _ _ _ __ __ au colloque et à l'AGA 0

au colloque 0

Ces ateliers d'une durée de 2 h 30 se dérouleront en parallèle. La moitié du temps est prévue pour les présentations, l'autre moitié pou1· un échange avec la salle. Sont mentionnés ici, à titre indicatif, les noms d'organismes qui seront sollicités pourfaire une présentation. 1. Montréal et les régions :

deux solitudes

Invités : Solidarité rurale, GRAME, Transport 2000 2. La concertation en région : les acteurs se parlent-ils?

Invités : Conseils régionaux de l'environnement (CRE) , Conseils régionaux de développement (CRCD), Municipalités régionales de comtés (MRC) 3. Les régions et les bassins versants : limites administratives ou limites écologiques ?

MRC, Comités de bassin 12 h Dîner et conférence de Normand Maurice «Le réseau des CFER : un cas concret de prise en main dans les régions» 13 h 30 La régionalisation : des cas vécus

Chacun des ateliers traite d'une problématique particulière en utilisant un exemple précis. 1. La conservation d'un milieu naturel :

la Pointe aux Anglais (Parc du Bic) 2. Le développement de l'industrie porcine : 3. La gestion des barrages :

membership - abonnement (p.4) ainsi que mon paiement de 23, 93 $;

0 Je ne suis pas membre de l'UQCN, ci-joint mon paiement de 25 $.

0 Chèque

Numéro: _ _ _ __

0 Visa

Information : Diane Pagé 690, Grande-Allée Est, Québec (Québec) GlR 2K5 Tél. : (418) 648-2104, téléc. : (418) 648-0991 Courrier élec. : [email protected]

La régionalisation : quelques éléments de réflexion

le Bas-Saint-Laurent et la Mauricie

0 Je suis déjà membre en règle de l'UQCN 0 Je désire devenir membre de l'UQCN, ci-joint le coupon de

Signature _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ __

9h Mot de bienvenue et présentation du programme M. Harvey Mead, président, UQCN 9h 30

0 Master

L-----------------------------~

les cas du Saguenay, de la Côte-Nord et de Charlevoix 4. L'étalement urbain: le boulevard Sainte-Anne, en banlieue de Québec 5. La gestion des déchets:

le site de Saint-Nicéphore 6. L'implication des communautés locales : la certification forestière

16 h 30 Plénière et mot de la fin

r

Dans ma cour

ARTS

Sculpteur de vidanges egarde-moi cette belle rouille ... », (( murmure Normand Toupin, en caressant une vieille penture rongée par le temps. Dans l'atelier où s'amoncelle un bticà-brac de ferrailles et d'objets défraîchis, Normand Toupin passe des heures à ranger ses vidanges, à les classer, les démonter, les assembler et à y voir des trésors et des merveilles là où le commun des mortels n'y trouve que rouillure et vert-de-gris. Artiste de la «Scrap», il en fera des oeuvres uniques. Il a créé jusqu'à maintenant plus de 90 sculptures qui amusent et étonnent autant les enfants, les ados que les adultes. Depuis plusieurs années, ce ramasseux fouille dans les poubelles, les dépotoirs et récupère ce qui n'intéresse plus personne : téléviseurs, réfrigérateurs, laveuses, anciennes machines agricoles, chaises, bicyclettes, skis, grille-pains, réveillematins ... Il trie les objets qui peuvent encore servir et empile dans son atelier ceux qui sont brisés et les démonte en mille morceaux. «Enfant, j'aimais fouiller au coeur de mes jouets, je les défaisais et les remontais pour mieux les comprendre», se souvient-il. Puis, il transforme ces détritus en sculptures qui ont de l'audace, de l'humour et quelques brins de folie.

R

Passer pour un fou «Vous êtes tombé dedans quand vous étiez petit, c'est certain», lui a-t-on dit un jour. «J'ai été élevé dans une mentalité de recyclage, approuve Normand Toupin. Ma mère cousait nos vêtements dans de vieux habits. Jeune, j'étais fasciné par les guenilloux qui circulaient avec leurs chevaux dans les rues de Montréal pour acheter des vêtements usagés.» Lorsque ce professeur à l'éducation aux adultes quitte la métropole, durant les années 1970, pour s'installer sur une terre à Saint-Adrien de Ham, en Estrie, il démolit de vieilles granges pour bâtir sa maison, récupère portes et fenêtres dans les poubelles. «C'est inimaginable tout ce que le monde jette, s'indigne+il. C'est absurde !» Il y a 15 ans, M. Toupin s'est mis à faire de drôles de sculptures avec ses rebuts, pour son propre plaisir. «Je m'amusais, je riais aux larmes. Des amis m'ont suggéré de les exposer, mais j'avais peur de passer pour fou». Sa première exposition, qu'il présente en 1993 à Saint-Camille, en Estrie, fait tout

simplement fureur. «Je n'en revenais pas !>>, dit-il. Depuis, il en a tenu une trentaine dans les maisons de la culture, les musées et les centres d'art, sous des titres aussi évocateurs que «La récolte des vidanges», «Le rêve du clochard», «Le musée de l'incroyable». «C'est en voyant une pièce que !'oeuvre s'impose à moi. Je ne pars jamais d'une idée ou d'un concept, raconte Normand Toupin. C'est la pièce qui amène l'idée. Je procède par flash.» C'est ainsi qu'un vieux fer à repasser se transformera en un canard élégant, une selle de bicyclette en tête de chevreuil, d'anciennes pentures de portes et des barreaux de chaises se métamorphoseront en une gracieuse volée d'oiseaux ... Assemblés avec cohérence et équilibre, des débris deviendront, grâce à un choix judicieux des formes et des textures, autant d'animaux étranges, d'objets surréalistes, de machines fantastiques, coiffés de titres savamment recherchés, comme «Le nez qui voque» ou «J'ai un p'tit beu dans mon salon» . . . Couvercles de laveuses ou intérieurs de cuisinières leur serviront de cadre ou de support.

Créativité sans prétention Cet artiste de 55 ans au coeur d'enfant sait décoder dans les vidanges une étonnante poésie; dans sa pièce «Le P'tit bonheur Blues Band», il a fait d'une bille de bois une tête, un débouche toilette s'est métamorphosé en bouche, des fiches électtiques, un pinceau et des ressorts de chaises sont devenus des cheveux, des fourchettes, des mains, et des fusibles, des yeux .. . «Une créativité qui coule de source; sans prétention, simple et géniale», approuve Monique Garneau, de la Maison de la culture Rosemont-Petite-Patrie, qui classe ce sculpteur dans la lignée de nos bons patenteux québécois. «Toupin n'a tien de naïf, commente pour sa part Monique Saumier, conservatrice du Musée des Beaux-Arts de Sherbrooke. C'est un contemporain qui travaille à partir d'objets trouvés, un peu à la manière d'un Picasso.» «La récupération de détritus était pratique courante au début du :XXe siècle, rappelle Eliott Moore, professeur d'histoire de l'art à l'Université Laval. Dans un contexte de guerre mondiale, les at1istes européens prônaient la renaissance du monde à partir de sa destruction. Mais il faut comprendre qu'une telle démarche n'a plus le même sens aujourd'hui.»

FRANC-VERT • Octobre - novembre 1996

Le •P'tit bonheur Blues Band• ou comment des déchets peuvent rendre heureux. Photo Serge Viau

L'artiste-recycleur utilise ses rebuts tels que trouvés dans les poubelles. Pas de couleur ajoutée, ni de rouille enlevée. «J'aime la patine des vieux matériaux, explique+il. Plus ils sont vieillis, plus ils ont du caractère.» Parfois, !'oeuvre s'impose rapidement. D'autres fois, elle s'élabore sur une longue période. Il la démonte, la recommence ou la met de côté jusqu'à ce qu'il déniche la pièce rare qui viendra y mettre la touche finale. Normand Toupin refuse de vendre ses oeuvres, car il les aime trop. Il promène son petit musée de la récupération partout où il est question de recyclage et d'écologie, que ce soit à la corvée du Mont-Royal, dans des congrès sur l'environnement ou aux activités de Recyc-Québec. «Je crée ces sculptures par passion, confesse l'artiste. Mais je reconnais que mon travail est aussi pédagogique. En fait, je donne l'exemple. Mes sculptures, c'est une tonne de déchets de moins dans les vidanges.» «Son message est celui d'un citoyen responsable», affirme Monique Garneau. Oeuvre-miroir que celle de Normand Toupin : celle de notre société de surconsommation ... Sylvie Ruet

9

F L 0

R E

L'arbre réhabilité endant longtemps, les citadins et les producteurs agricoles l'ont banni de P leurs propriétés et les forestiers n'y ont vu que de la pâte et de la planche . Mais ajourd'hui, l'image de l'arbre comme «source de vie» est en voie de réhabilitation. C'est dans cette lignée qu 'en mai dernier était créée la Société de l'arbre du Québec (SODAQ) et qu'en juillet, le Jardin botanique de Montréal inaugurait la Maison de l'arbre.

la propriété, qu'elle soit de type résidentiel ou industriel. On peut aussi désirer planter des arbres pour agrémenter un espace récréotouristique ou créer un arboretum. La SODAQ offre actuellement, aux promoteurs de projets de plantation, un service de consultation sur la sélection des végétaux (toutes les variétés d'arbres proposées sont des espèces indigènes) , les meilleurs emplacements, la plantation, l'entretien et la protection. Elle distribue aussi, sur demande, des guides techniques adaptés selon le type de plantation retenu. «Dans l'avenir, la SODAQ conclura des ententes avec divers partenaires afin de créer un fonds de soutien à la plantation d'arbres et d'arbustes», explique Éric Garnache.

Un musée de l'arbre

Ce musée présente l'importance écologique, économique et même sociologique de l'arbre. Photo Maison de l'arbre

Planter des arbres La Société de l'arbre du Québec (SODAQ) est née dans la foulée du programme Mon milieu, mes arbres, mis en place en 1992 dans le cadre du Plan vert du Canada. Elle poursuit d'ailleurs les mêmes buts et objectifs, soit la plantation communautaire d'arbres et d'arbustes à des fins environnementales non commerciales. Pourquoi planter des arbres ? «Pour lutter contre les changements climatiques puisque les arbres purifient l'air en emmagasinant le gaz carbonique et en libérant l'oxygène et pour restaurer les terres en friches et les milieux dégradés », répon d spontanément Éric Garnache, agent de communication à la SODAQ. Mais il-précise que les arbres et les arbustes ont de multiples fonctions environnementales, notamment comme brise-vent pour diminuer l'érosion des sols le long des berges, en milieu agricole, en bordure des autoroutes, etc. De plus, ajoute-t-il, la création d'îlots boisés et de jardins d'oiseaux favorisent la biodiversité locale et ajoutent de la valeur à 10

Quand on pense au Jardin botanique de Montréal, on voit les jardins fl.emis , les serres de plantes exotiques, dont la magnifique collection d'orchidées. Mais combien ont exploré l'arboretum qui occupe pourtant plus de la moitié de la superficie de ce grand jardin ? Quelque 7 000 arbres indigènes et exotiques (859 genres et 756 espèces différentes) ont une histoire à raconter. Le Jardin botanique vient de leur consacrer un musée. «En créant la Maison de l'arbre, nous voulons faire collllfÛtre au public l'importance écologique, économique et même sociologique de l'arbre», affirme Paul-Émile Rocray, responsable de la Maison de l'arbre. Sise dans la section de l'arboretum, cette Maison a été conçue en harmonie avec son environnement et le bois y est, il va sans dire, le matériau de prédilection.

L'exposition permanente, intitulée «Au coeur de l'arbre», nous fait découvrir la vie secrète de ce grand végétal qui semble à priori pétrifié. Ce témoin des époques, qui a une fonction écologique importante et dont les utilisations sont extrêmement variées, nous est présenté de façon fort dynamique. On y apprend une foule de détails qui ne vous feront jamais plus voir les arbres de la même manière. Saviez-vous, par exemple, que lorsque le tremble frissonne de toutes ses feuilles , c'est pour mieux capter la lumière solaire ? Et que le plus vieil arbre au monde serait un pin, découvert en Arizona (États-Unis), âgé de plus de .. . 4 000 ans ? Tandis que vous êtes sur les lieux, profitez-en pour vous balader dans cet immense parc qu'est l'arboretum du Jardin; vous y ferez des découvertes intéressantes. Les animatrices de la Maison de l'arbre préparent d'ailleurs, pour l'an prochain, une visite autoguidée de l'arboretum.

Adopter un arbre La Maison de l'arbre et la Société de l'arbre du Québec (SODAQ) unissent leurs efforts pour favoriser la plantation d'arbres en lançant le projet «L'arbre ... source de vie !». Les visiteurs de la Maison de l'arbre sont invités à verser un dollar pour adopter un arbre. Les fonds ramassés serviront à des projets de plantation, parrainés par la SODAQ, qui se feront dans quelques municipalités du Québec au cours de l'automne 1997. Clôde de Guise

HONNEURS

Gisèle Lamoureux, Chevalier de l'Ordre a botaniste, éditrice et activiste Gisèle Lamoureux a reçu au printemps dernier L !'Ordre national du Québec. Cette distinction vient souligner la contribution marquante de Mme Lamoureux à la reconnaissance de la flore comme élément essentiel de notre patrimoine naturel. Gisèle Lamoureux est surtout connue des Québécois à travers les huit livres de la collection des guides d'identification du Groupe Fleurbec, organisme dont elle est la fondatrice. La botaniste a également fait en-

tendre sa voix à plusieurs reprises, notamment pour la protection de l'ail des bois, à la fin des années 1970, et, depuis plusieurs mois, pou r la préservation des milieux fragiles contre le passage de véhicules motorisés. Mme Lamoureux est d'ailleurs vice-présidente de l'UQCN depuis 1994 et participait l'an dernier à la fondation de FloraQuebeca - les Amis des plantes sauvages du Québec. Franc-Vert lui a consacré un article dans son édition de septembre-octobre 1993.

Octobre - novembre 1996 • FRANC-VERT

S 1T E S

NATURELS

Canots contre moteurs ur la plupart des cartes de géographie de !'Outaouais, le lac Vert paraît isolé. La seule façon de s'y rendre, semble-t-il, c'est avec un canot sur les épaules. Mais un petit barrage artisanal, fait de poches de sable, de billots, de tôle et de matières plastiques, situé au nord du plan d'eau, fait mentir ces cartes. Il permet l'inondation des terres qui séparent le lac Vert, aux eaux diamantines uniques, de son voisin à l'ouest, le lac Bangall. «D'un côté, l'eau est d'un beau vert et de l'autre, elle est brune», témoigne la dame qui opère un débarcadère donnant accès au lac Bangall. Pour sept dollars par jour, on peut y garer sa voiture et mettre son bateau à l'eau. Et de plus en plus de propriétaires de bateaux à moteur en profitent pour se rendre jusqu'au lac Vert, jadis l'apanage des canoteurs. Trop, disent certains.

S

Silence perdu «En 1990, il n'y avait pas de bateaux à moteur; en étant plus accessible, Je lac est devenu surexploité», se plaint Éric Jacques de Hull, un ancien moniteur à la base de plein air des Outaouais, qui connaît la région comme le fond de son canot. Paul Calvé, professeur d'éducation physique au cégep de !'Outaouais, amène camper chaque année des étudiants sur un circuit qui inclut les lacs Vert, Pémichangan et Poisson blanc. Le lac Vert, selon lui, est désormais surutilisé : il manque de bois sec et ses sites de camping ne cessent de s'agrandir. «On aime mal, dit-il en parlant des humains. Ce lac est menacé parce qu'il est beau.» Selon M. Calvé, la solution réside dans l'éducation des utilisateurs. La municipalité de Lac-Saint-Marie, dont le territoire comprend une partie de ce populaire réseau de canot-camping, offre une solution différente - sans consulta-

lion avec les groupes de canoteurs. Elle souhaite construire d'ici peu une aire de services - quai, toilettes, poubelles, tables de pique-nique et panneau de règlements près du lac Vert. Une douzaine de places de stationnement sont prévues, si les droits de passage sur un chemin privé peuvent être négociés. «Nous cherchons à offrir un service à nos contribuables et aux touristes», explique Johanne D'Amour, secrétaire-trésorière de la municipalité.

Implacable développement Claude Cousineau réagit vivement au projet. «Un autre lac sauvage de perdu !, s'exclame Je professeur en sciences du loisir à l'Université d'Ottawa. Plus les infrastrucnires de la région seront développées,

_J_J

tJ, -

Daniel Leblanc

FAU N E

Des poissons consanguins ? (ASP) - On ne produit pas nécessairement des poissons ayant les meilleures caractéristiques génétiques dans les piscicultures , estiment des biologistes du Lac Saint-Jean. Constatant que la ouananiche périclitait dans cette région depuis quelques temps, on commença par y interdire l'exploitation sportive. Puis, on entreprit, en pisciculture, la reproduction accélérée de l'espèce. Partie gagnée ? Pas vraiment. . . Les scientifiques se sont rendu compte qu'à cause d'impératifs économiques, on ne gardait pas assez de géniteurs dans les bassins (théoriquement un mâle et quelques femelles suffisent) pour assurer la transmission d'un bagage génétique suffisant. On risquait

Le Saint- r aurent

pour

moins les générations futures pourront la protéger. » La contestation reste cependant peu organisée : pas de représentations officielles auprès des autorités, pas de formation de groupe d'intérêt. Par contre, on a assisté à du vandalisme visant à limiter l'accès aux adeptes de la moto-marine ou du ski nautique, qui agacent plus que tout les canoteurs du lac Vert. Certains «écoterroristes» parmi ceux-ci ont donc détruit le barrage artisanal au moins deux fois, pour le voir aussitôt reconstruit. Une drôle de façon de faire entendre la voix de la conservation du patrimoine naturel .. .

r-

ainsi de produire des poissons peu diversifiés sur le plan génétique, ce qui en ferait des cibles faciles pour les maladies liées à la consanguinité. Des chercheurs de l'Université Laval, Nathalie Tessier, Louis Bernatchez et Bernard Angers, en collaboration avec un scientifique français , viennent de publier, dans la revue journal of Fish Biology, les résultats de l'utilisation de sondes, qui permettent de tracer précisément le profil génétique des poissons. Cela leur a permis de découvrir que les quatre rivières qui se jettent dans le lac Saint-Jean ont des ouananiches au profil génétique différent. De quoi ouvrir, désormais, les piscicultures, à une plus grande diversité !

L'état du Saint-Laurent vous préocccupe? Vous avez une vision d'avenir au sujet de ce grand Fleuve! L' Association des biologistes du Québec et les ministères partenaires de Saint-Laurent Vision 2000 vous convient au colloque Le Saint-Laurent pour la vie. Frais d'inscription Membre de l'ABQ Non-membre Étudiant à temps plein

Avant le 11 octobre 90 $ 110 $ 50 $

après le 11 octobre 120 $ 150 $ 50 $

Secrétariat du colloque C.P. 38015, Québec, Québec, GIS 4W8 Téléphone: (418) 648-3444 (514) 279-7115 Internet: http://multim.com/colloqueABQ-SLV2000.html

Canada

Québec::

obq

FRANC-VERT • Octobre - novembre 1996

Saint-Laurent Vision 2000

11

BIODIVERSITÉ

Classer est-il une manie ? lus les scientifiques passent au peigne fin les écosystèmes, plus la liste des espèces P connues s'allonge. Malheureusement, plusieurs d'entre elles font aussitôt le saut à la liste des espèces menacées. Les tenants du développement économique n'apprécient guère ce goût de tout catégoliser qui conduit à un désir de protéger non seulement les espèces, mais aussi les sous-espèces, les valiétés et les populations locales. On ne peut guère reprocher aux biologistes de s'intéresser à la biodiversité sous toutes ses formes, mais certains écologistes se demandent si on n'est pas en train de mettre trop d'emphase sur la taxonomie, la science de la classification des organismes vivants. D'autant plus qu'il vaut mieux ne pas attendre qu'une espèce soit en danger d'extinction pour agir. . . Une approche plus «écosystémique», qui préconise la protection des habitats, et du coup celle des espèces qui y vivent, gagne de plus en plus de pai1isans. Mais peut-on aborder la biodiversité des écosystèmes sans passer pai· la taxonomie ?

Un débat ancien ... d'actualité C'est la question qu 'est venu poser Jean-Mai·c Drouin, philosophe des sciences au Muséum d'histoire naturelle de Paris, lors d'un colloque sur la biodiversité tenu à Montréal au plintemps dernier. Une question qui n'est pas entièrement nouvelle puisque les naturalistes du XVIIIe siècle tenaient des discussions assez semblables aux nôtres,

12

même si le mot biodiversité n'existait pas. Jean-Marc Drouin en veut pour preuve les idées véhiculées par Jacques-Henri Bemardin de Saint-Pierre et Carl von Linné. Bernardin de Saint-Pierre, surtout connu du grand public pour son roman Paul et Virginie, était intendant du Jardin des plantes à Palis. «Holistique» avant l'heure, il s'intéressait beaucoup aux rapports entre les plantes et leur milieu. Il avait peu de patience envers les botanistes qui se contentaient de faire sécher les plantes et de les mettre en herbier. «Il voulait faire une géographie des plantes, souligne Jean-Marc Drouin, mais sans faire le détour pai· la taxonomie. C'était, à mon avis, une impasse. » Pour comprendre comment fonctionnent les écosystèmes, il faut connaître la dist1ibution des espèces anintales et végétales. On n'en sort pas, la classification des organismes vivants est un prérequis à toute connaissance et à toute action de conservation, juge-t-il. Quant au naturaliste suédois Linné, père du système de classification utilisé pai· les biologistes, il pensait que chaque espèce était essentielle et que toute disparition aurait des conséquences catastrophiques. Même si une seule espèce de lombric manquait, écrit-il, «l'eau stagnante altérerait le sol et la moisissure ferait tout pourrir». Aujourd'hui, fait remarquer Jean-Marc Drouin, nous savons que la plupart des espèces qui ont vécu sur terre ont dispai·u. «On ne peut plus parler d'équilibre de la nature au singulier, mais au pluriel, soutient-il. Le système tout entier ne s'effondre pas lorsqu 'une espèce disparaît. On passe plutôt d'un équilibre A à un équilibre B, moins agréable.» Plus actuelle est l'idée que la diversité du vivant permet de faire face au changement. Cette diversité comprend aussi bien le nombre d'espèces, la diversité génétique à l'intérieur d'une espèce que la diversité des écosystèmes. Si, pour d'aucuns, l'être humain est de trop sur la planète, compte tenu du tort qu'il lui fait, Jean-Marc Drouin nous donne une raison pour ne pas désespérer de nous-mêmes : «L'être humain est la seule espèce qui se soucie des autres espèces».

Guide d'observation des oiseaux Ce guide d'identification de quelque 150 oiseaux regroupés selon leur habitat, précédé de sections sur l'observation aux mangeoires et dans la nature, est ponctué de photos et de dessins . Bon souci d'adaptation au Québec. Publié par Sélection du Reader's Digest. Disponible en librairie. Attirez les oiseaux au jardin Pour connaître les aménagements et la nourriture qui attireront dans votre cour une grande variété d'oiseaux . Rédigé par le biologiste et photographe Denis Faucher, en collaboration avec deux horticulteurs, cet ouvrage est publié chez Spécialités Terre à Terre et est disponible dans les jardinelies. Les champignons Cette série de trois affiches de la collection «]'apprends seul» présente 48 espèces de champignons. Le mycologue Yvon Leclerc a réuni sur les deux premières affiches les espèces comestibles, et sur la dernière, les champignons vénéneux. Utile aide-mémoire. Publiée chez Braquet et vendue en librailie. Introduction aux sciences de la nature Un manuel surprenant puisqu'il s'adresse d'abord aux étudiants en enseignement, mais permet une mise à jour rapide des connaissances de base de tout amateur de sciences naturelles. Conçu par un spécialiste de la didactique des sciences, Marcel Thouin, cette introduction est publiée au Éditions MultiMondes. Disponible en librailie. Si la Terre m'était contée Les géologue s Pierrette Tremblay, Louise Corriveau et Robert-André Daigneault viennent de signer ce livre de petit format, rempli d'illustrations, qui présente très agréablement la géologie, en s'arrêtant surtout sur celle de la réserve Papineau-Labelle. Édité par INRS-Géoressources. Disponible en téléphonant au (418) 654-2677.

Anne Vézina Octobre - novembre 1996 • FRANC-VERT

~Être aux oiseaux l monte. Parti à mi-hauteur de la montagne, il a trouvé un courant d'air ascendant dans Ilequel il tournoie lentement. Il monte, monte, sans donner un seul coup d'aile, passe le sommet, monte encore, jusqu'à devenir un minuscule point noir dans le ciel, avant de disparaître complètement. .. même à travers les jumelles. Est-il allé rejoindre les dieux ? Peut-être. Mais plus probable, une fois rendu à son altitude maximum, à des milliers de mètres, l'oiseau s'est mis à glisser dans le vent, descendant doucement jusqu'au sommet voisin. D'où il reprend son ascension en volutes.

de proie qu'à Hawk Mountain ! L'automne dernier, ils en ont compté au delà de 20 000, dont près de 10 000 buses à queue rousse. Dans le village même, certaines journées d'octobre, on aperçoit des éperviers bruns partout, assure Jacques Ibarzabal, le biologiste qui a découvert le trésor en 1992. L'atout de Tadoussac, c'est qu'on y a une bonne vue à partir des dunes (4 km à la ronde) , que les oiseaux passent assez bas et, surtout, que ces dunes sont situées sur le bord du fleuve. Tous les rapaces qui arrivent du nord et du nord-est se butent au fleuve, un obstacle pour

Migration à Tadoussac Par Serge Beaucher C'est ainsi que, de sommet en vallée, en sommet, des milliers de rapaces traversent l'Amérique, du nord au sud, à chaque automne, pour revenir de la même manière au printemps. Dans l'est, ils suivent les crêtes de la chaîne des Appalaches, où de nombreux passages étroits permettent de les observer en concentrations inouïes. Tous les ans, la célèbre Hawk Mountain, en Pennsylvanie, voit défiler plus de 20 000 rapaces en quelques semaines, surtout les «planeurs typiques» que sont les buses avec leurs ailes longues et larges. Les observateurs, ravis, y sont presque aussi nombreux. Plus près de la côte, on peut également voir des concentrations notables, en bonne partie constituées, celles-là, de «rameurs» (faucons, éperviers ... ) , qui dépendent moins du vol plané et des courants ascendants. Cape May, dans le New Jersey, est l'un des sites côtiers les plus fréquentés par ces oiseaux.

Des défilés au Québec Même s'il est situé plus au nord, au début de la chaîne de migration, le Québec a aussi droit à ses défilés. Valleyfield et Saint-Fabien (près de Rimouski) au printemps, la réserve nationale de Cap-Tourmente et Senneville (sur l'île de Montréal), l'automne, sont des endroits connus depuis longtemps des amateurs de rapaces. Mais ce qui s'avère jusqu'à maintenant le meilleur site au Québec a été découvert très récemment. Ce n'est que depuis quelques années qu 'on sait que Tadoussac n'a rien à envier aux endroits les mieux cotés d'Amérique du Nord. Voilà deux ans, des bénévoles postés sur les dunes y ont dénombré plus d'oiseaux

eux infranchissable. Piètres navigateurs, les oiseaux de proie volent à vue. Survient un brouillard, et ils se mettent à tourner en rond parfois jusqu'à épuisement. En outre, l'eau froide du fleuve ne crée pas de «thermiques» (comme le sol chaud) qui pourraient les porter jusque sur l'autre rive. Les rameurs ne s'en tireraient peutêtre pas mal, mais il n'est pas sûr que les planeurs typiques compléteraient la traversée, même par beau temps. Certains traversent peutêtre tout de même à Tadoussac, mais la plupart continuent en amont sur la rive nord jusqu'à ce qu'ils jugent le fleuve franchissable. Difficile, cependant, de connaître leur itinéraire précis après le Saguenay. Le programme de baguage qu'on a entrepris cet automne, de façon expérimentale, sur les éperviers bruns, en dira plus long avec le temps. Tadoussac deviendra d'ailleurs une station d'étude importante pour les rapaces nordiques (et tous les passereaux boréaux). Pour l'instant, ce qu'on sait, c'est que ces oiseaux iront grossir le flot qui coule tranquillement sur la côte américaine et sur la crête des Appalaches.

FRANC-VERT • Octobre - novembre 1996

Pas d'observation garantie Mais par beau temps seulement. Et uniquement lorsque les vents sont favorables : dans le cas de Tadoussac, des vents du nordouest qui frappent l'oiseau sur le côté droit, à 90 degrés par rapport à sa route migratoire. «Un tel vent plutôt qu'un autre qui vient du nord-est, par exemple, explique Jacques Ibarzabal, fait toute la différence entre voir 2 500 oiseaux en une journée, ou tout juste une quarantaine. » Incidemment, c'est entre le 20 et le 30 octobre qu'on peut voir le plus grand nombre de rapaces à Tadoussac. Une bonne journée amènera certainement 500 buses à queue rousse, quelques centaines d'éperviers bruns, des crécerelles à la douzaine, des petites buses, peutêtre quelques faucons pèlerins et, avec un peu de chance, un aigle royal. Bon vent !

La buse à queue rousse, 11n «pla11e11r» q11'011 risque d'apercevoir à des centaines d'exemplaires, à Tadoussac, jJelldant la migration d'octobre. Photo Denis Faucher

13

Qnrl srra notrr insrrtr--rmblfmr Par Monique Lafarge

La cicindèle à six points



Coccinelle ou demoiselle ? Bourdon ? Pour choisir l'insecte-emblème du Québec, un comité d'entomologistes propose au public cinq candidats qui piqueront votre intérêt. À vous de voter !

a

près une fleur, un oiseau et un arbre, un insecte pourrait s'ajouter à la liste des emblèmes officiels du Québec . Le projet est encore au stade larvaire, mais la métamorphose s'annonce réussie, avec l'émergence d'un insecte-emblème choisi par les Québécois. La pré-sélection fut serrée, mais les candidats sont maintenant

14

connus et les lecteurs de FrancVert ont droit à leur première présentation publique. Quant à l'élection officielle, elle se tiendra en 1998. Pour la communauté entomologique , la longue campagne électorale permettra aux insectes de montrer leurs nombreux atouts et de briser enfin leur image de «bibittes» indésirables.

(Cicindela sexguttata sexguttata Fabrici11s) Cet agile Coléoptère de la famille des Carabides se rencontre généralement sur les terrains sablonneux et ensoleillés. Selon l'angle avec lequel on le regarde, son corps vert métallique a parfois des reflets bleu-violet. Le bord de ses élytres est marqué de six points ivoire. Les yeux proéminents de l'insecte, ses puissantes mandibules et ses pattes bien adaptées à la course en font un chasseur efficace. Il est aussi très habile au vol. Pboto l11sectariu111 de Montréal

Vers un nouvel emblème naturel L'idée est venue par la poste. À l'automne 1993, une lettre d'un ci-

toyen de Charlesbourg, Jacques Carl Morin, se glisse parmi les demandes de renseignements entomologiques

Octobre - novembre 1996 • FRANC-VERT

Le bourdon fébrile (Bombus impatiens (Cresson)) Membre de l'ordre des Hyménoptères, ce bourdon vit en colonie, comprenant une reine et des ouvrières. Souvent appelé «taon», il butine d'une fleur à l'autre et joue ainsi un rôle très important comme pollinisateur. Le bourdon fébrile se distingue des autres bourdons par la coloration de son abdomen : celui-ci est complètement noir, sauf pour son premier segment jaune vif.

reçues chaque jour à !'Insectarium des diverses associations québécoide Montréal et suggère la nomina- ses en entomologie est amorcée. tion d'un emblème entomologique Le but de l'exercice consiste alors pour le Québec. L'idée fait son che- à vérifier la justesse des critères min. Après tout, les insectes-emblè- proposés ainsi que de préciser, et d 'allonger au bemes existent déjà L'amiral (Basilarchia arthemis soin, la liste des ailleurs dans le arthemis (Drury)) monde; chez nos insectes candiAussi appelé amiral blanc, ce papillon voisins du Sud, dats. Les critères de la famille des Nymphalides se reconau moins 23 États de sélection, qui naît aisément par les deux larges bandes s ' inspirent diaméricains ont blanches qui tranchent sur le velours adopté un insecrectement de noir de ses ailes bordées de points route, entre autres ceux retenus ges et bleus. L'amiral adulte est actif de lors de la démarsymboles de leur juin à août. On l'observe fréquemment che de nominaidentité. en groupe. Son vol, souvent saccadé ou À !'Insectaplané, devient rapide et puissant lorsrium , l' idée stiqu'il cherche à fuir ses prédateurs. mule les ardeurs du personnel. Mais dès le départ, l'équipe souhaite que le projet ne soit pas associé à leur seule institution. En 1994, un groupe de scientifiques et d 'éducateurs issus d'associations et d 'institutions diverses forme le comité Insecte-emblème (CIE). Celui-ci compte officiellement six membres, mais il bénéficie au b esoin des conseils et des appuis d 'autres collègues.

tion de l'oiseau-emblème, sont ensuite arrêtés par le CIE. On exige de chaque espèce candidate , qu'elle soit entre autres bien répartie sur le territoire québécois, facilement reconnaissable , indigène et ... belle ! L'insecte ne doit pas non plus avoir été retenu comme emblème ailleurs en Amérique du Nord. Ces critères et quelques autres (huit au total) ont servi à sélectionner les insectes candidats, maintenant soumis au public. Des 21 candidats présentés par les

Des insectes triés sur le volet À cette époque , le CIE p roduit d 'abord une liste préliminaire de critères de sélection des insectes. Il su ggère aussi un premier choix de candidats . De là, une consultation écrite des membres FRANC-VERT • Octobre - novembre 1996

15

La demoiselle

bistrée (Calopteryx maculata (Beauvois))

On peut observer ce gracieux insecte aux ailes sombres et au corps vert métallique aux abords des eaux courantes qui constituent son habitat. La demoiselle bistrée est active de la mi-juin à la fin août. On peut alors admirer sa remarquable habileté au vol et ses talents pour la chasse. Elle se nourrit de moustiques et d'autres insectes, et elle joue un rôle important dans le réseau alimentaire de plusieurs amphibiens, poissons et oiseaux. Photo Insectarium de Montréal

membres de la communauté entomologique, cinq insectes seulement se retrouvent sur la liste finale : la cicindèle à six points, le bourdon fébrile , l'amiral, la demoiselle bistrée et la coccinelle maculée.

Candidats en tous genres L'originalité du projet de l'insecte-emblème tient entre autres à son caractère populaire. Les instigateurs du projet souhaitent en effet que la population québécoise soit partie prenante du choix d'un insecte représentatif. «La communauté entomologique est relativement petite au Québec , et nous avons donc eu l'idée de faire un vote populaire», rappelle Marjolaine Giroux, responsable du projet à l'insectarium de Montréal. Pour cette grande première, l'âge requis pour voter sera abaissé à cinq ou six ans, afin de permettre la participation des jeunes des écoles primaires et secondaires. Une action concertée de plusieurs associations d 'entomologistes et de loisirs scientifiques, ainsi que de nombreux collaborateurs techniques et financiers seront nécessaires pour mener à b ien ce vote à la grandeur du Québec. Si tout va bien, vous serez appelés aux urnes dès le printemps 1998. Surveillez Franc-Vert !

faire adopter officiellement. «D'après ce qu'on a pu voir avec les autres emblèmes, il faudra de deux à cinq ans pour y arriver», estime Jean-Pierre Bourassa, entomologiste à l'Université du Québec à TroisRivières et représentant de la

Société d'entomologie du Québec sur le CIE. Cependant, pour les membres de ce comité, le processus légal n'est pas l'aspect primordial de l'exercice : «Ce qui est im-

La coccinelle maculée (Coleomegilla maculata lengi (Ttmberlake)) Ce petit coléoptère rouge framboise, marqué de plusieurs taches noires, fait partie de la famille des Coccinellides, dont 77 espèces vivent au Québec. La coccinelle maculée est un prédateur très actif, se nomTissant de nombreux insectes considérés comme nuisibles aux cultures. Une larve de coccinelle à son dernier stade, par exemple, peut manger jusqu'à 100 pucerons par jour! Photo Christian Autotte

D'abord u n projet éducatif Une fois l'insecte-emblème choisi par voie de scrutin, le CIE deviendra son porte-parole devant les autorités législatives afin de le 16

Octobre - novembre 1996 • FRANC-VERT

.l.

J

102.J

Un malentendu qui s'éternise

~1~~.0l~)1~.2:2.J

CJJ JJsJ-2:12.J

Un grand hibou blanc

Issue d'un projet d'émission de timbres sur les emblèmes Arrivé bon premier devant le bruant à gorge blanche floraux du Canada, la nomination du lis blanc comme emblème lors du vote des ornithologues amateurs pour le choix de du Québec a fait l'objet de controverses et continue de soulever l'oiseau-emblème, le harfang des neiges a fait l'objet de lonl'indignation. «Pour nous les botanistes, c'est une véritable hon- gues démarches avant sa nomination. Officialisé le 17 déte !>>, déclare dans ambages Gisèle Lamoureux, du Groupe Fleurbec. En effet, notre plus vieil emblème, nommé le 23 janvier 1963, n'est pas une plante indigène du Québec. À la suite de pressions publiques, un mémoire proposant une modification de la loi sur l'emblème floral a été rédigée l'année dernière. «Le processus était bien amorcé», nous dit Paul Etterlin, du Service d'identification visuelle du Québec, un partisan avoué de l'iris versicolore. La ministre d'alors a signé le mémoire en mai 1995. Depuis, il y a eu plusieurs changements politiques et le projet est resté lettre morte.» Mais peut-être pas pour longtemps ... En mai dernier, un petit groupe comprenant, entre autres, des représentants de l'UQCN, de Fleurbec et de FloraQuebeca réactivait le dossier auprès du nouveau gouvernement. L'iris versicolore remplacera-t-it bientôt le lis blanc comme emblème floral ? «Nous avons reçu une lettre du cabinet du président du Conseil du Photojea11-Fra11çois Bergeron Trésor qui nous assure que la modification sera faite en 1997, déclare Mme Lamoureux. La loi exis- cembre 1987, notre emblème aviaire bénéficie également tante doit d'abord être abrogée, puis il sera possible de nommer d'une image stylisée approuvée par décret. «Le fait que le l'iris versicolore comme emblème floral par décret.» Souhaitons harfang des neiges soit un rapace a influencé le vote des que cette fois-ci soit la bonne pour l'iris ! ornithologues, assure Normand David, directeur général de !'Association québécoise des groupes d'ornithologues . Ils savaient qu 'ils pourraient ainsi aider, à long terme, à changer les mentalités face à ce groupe d'oiseaux.» Les rapaces font encore trop souvent l'objet d'abattage inutile. En faisant mieu x connaître ces oiseaux, les divers produits éducatifs issus de la nomination de l'emblème aviaire contribuent à leur protection. «] e pense que l'image de l'emblème circule, ajoute M. David. S'il y a un club de hockey dans la région de Québec qui s'appelle «Les Harfangs de Beauport» et que la Société des alcools a mis en marché un vin qui porte son nom, Un emblème choisi lui aussi par vote populaire: le harfang des 11eiges c'est un signe!». >Photo Denis Faucher

FRANC-VERT • Octobre - novembre 1996

17

Le dernier-né de nos emblèmes Bientôt un fossile comme emblème ? Avec sa belle écorce dorée et son bois très recherché, le bouleau jaune a reçu le titre officiel d'emblème arborescent le 17 novembre 1993. Trois ans plus tôt, le gouvernement du Québec avait dû réviser son intention de faire nommer à ce titre l'orme d'Amérique. La candidature de cet arbre trop souvent attaqué par les champignons fut rejetée par de nombreux opposants, qui ne voulaient pas d'une espèce malade comme emblème. Avec le bouleau jaune, pas de problème de ce côté ! «Depuis qu'il est devenu notre arbre-emblème, nous mettons de l'avant le bouleau jaune pour les plantations symboliques, indique Lyne Caron, agente d'information au ministère des Ressources naturelles. Nous le prince de Miguasha, 1111 emblème venu de Gaspésie .. . et du passé. voulons sensibiPhoto de Miguasha liser les gens à cette espèce, la Mise de l'avant par des élèves de l'école primaire de faire connaître Nouvelle, en Gaspésie, l'idée de faire nommer un poisson davantage.» À fossile comme emblème du Québec a rapidement fait boule cet effet, le de neige. «En moins de deux ans, 17 000 signatures et quelMinistère a pu- ques centaines de lettres d'appui, dont plusieurs de paléontoblié un dépliant logues du monde entier, ont été recueillies pour soutenir le décrivant les ca- projet, raconte Paul Lemieux, responsable du Service à la ractéristiques et clientèle du Parc de Miguasha. Le dossier a été déposé à l'habitat du bou- l'Assemblée nationale en juin dernier et nous espérons que la leau jaune, mais loi sera adoptée l' hiver prochain .» Il faut dire que le dernier-né de l'Eusthenopteron foordi sort de l'ordinaire. Les paléontolonos emblèmes gues le considèrent comme un chaînon important dans le naturels reste passage de la vie aquatique à la vie terrestre chez les vertépeu connu du brés. Il possède en effet des poumons et a des os dans les nagrand public. geoires. Surnommé le Prince de Miguasha, ce poisson fossile datant du Dévonien a fait l'objet d'études fouillées , et il ne se Le bo11lea11ja1111e, le moins connu de nos emblèmes. trouve nulle part ailleurs dans le monde. Photo ministère des Ressources 11aturefles

portant, ajoute M. Bourassa, c'est que les gens prennent le temps de s'arrêter au projet, qu'ils puissent y prendre une pait active. Nous souhaitons que ce processus puisse faire en sotte que les gens s'ouvrent davantage au monde des insectes.» Les insectes candidats , et la faune entomologique du Québec en général, bénéficieront d'une publicité bien méritée durant cette période de vote populaire. Des outils pédagogiques seront créés pour favoriser la découverte des cinq espèces

en nomination. En avril 1998, une exposition spéciale à l'insectarium de Montréal présentera les caractéristiques et l'écologie des candidats. «Les insectes constituent le plus important groupe d 'animaux vivant sur la Terre, à la fois en nombre et en quantité, rappelle Serge Laplante , le représentant de l 'Association des entomologistes amateurs du Québec au sein du CIE. Les rôles qu 'ils ont joué, et qu'ils jouent encore aujourd 'hui , dans l'évolution de la vie sur la planète

sont majeurs. Malheureusement, les insectes restent très méconnus. » Le projet de nomination d'un insecte-emblème pour le Québec vise beaucoup plus que l'ajout d'un nouveau symbole à la liste de nos emblèmes naturels. Il veut surtout favoriser une meilleure connaissance de notre faune entomologique et, de ce fait, contribuer à la protection et à la conservation de cette faune mal aimée. Après tout, les insectes comptent parmi les animaux les plus utiles à l'humanité !

+

SI UNE TEMPÊTE se pointe à l'horizon ... · ... BRISE est accessibl e sans fra is pa r tél épho ne, au num é ro 1-800-33-BRISE





BR 1SE BUREAU DE RESSOURCE ET D'INFORMATION EN ENVIRONNEMENT ET SANTÉ

18

Le Service BRISE de l' UQCN apporte réponses, support et éclaircissements à vos préoccupations en matière d'environnement ainsi qu'aux problèmes de santé qui y sont reliés. Le Service BRISE est rendu possi ble grâce aux co nt ri butions fin ancières de Santé Canada et de la Fondation de la fa mille J.W. McConnell. Octobre - novembre 1996 • FRANC-VERT

es Débrouillards Reportages illustrés, B.D., expériences, jeux. Drôlement scientifique! pour les 9-14 ans.

Veuillez m'abonner au(x) magazine(s) suivant(s) pour un an

0

Les Déb rou illards (28.43

0

Québec Science (37,60 Sl 10 nos incluant plusieurs suppléments thématiques

0

lnfo-Tech {31,13 $) 11 nos Incluant 11 11os techno + Guide informatique

Sl

10 nos

0 0 0 0 0

Astronomie-Québec (32 $) 6 nos

0 0

L'Enjeu (17 $, étudiants : 15 $) 4 nos

Franc-Vert (23,93 S) 6 nos Interface (41,02 $,étud iants: 20,51

Sl

Quatre-Temps (28 $) 4 nos Québec Oiseaux (16 S) 4 nos Spectre (27,35 Sl 5 nos

6 nos

Nom .......................................................................................... Prénom ...................................................... . Adresse ........................................................................................................... App.: ................................. . Vi lle ........................................................................................... Province ..................................................... Code postal ......................................................................... .Tél .: ............................................................. . Faites votre(vos) chèque(s) à l'ordre du(des) magazine(s) choisi(s) et postez-le(les) à: Agence Science-Presse , 3995 , Sainte-Catherine Est, Montréal , Québec, H1W 2G7 (SVP, un chèque par abonnement). Toutes taxes incluses.

FRANC-VERT

Il y a 20 ans, le Franco-américain Richard Sears tombait en amour avec la Côte-Nord du Québec et avec ses baleines. Ici comme en BasseCalifornie, il a ouvert la voie à l'étude des géants des mers. el Ulysse en perpétuel flagrant délit