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Une image vaut mille mots ! La pratique pharmaceutique repose notamment sur une gestion efficace des données. La gestion optimale de ces données inclut la capacité de colliger, d’archiver, de retrouver, de consulter et d’afficher l’information requise en temps opportun. Si la rédaction scientifique obéit à des règles méthodologiques et à des recommandations aux auteurs, la présentation graphique des données relève aussi de l’art. Tout pharmacien est généralement capable d’exploiter les fonctions graphiques de base d’un traitement de texte ou d’un chiffrier. L’objectif de cet article est de présenter les règles de base et quelques pièges dans la création de graphes, et d’identifier quelques outils utiles à leur présentation et à leur visualisation en pharmacie.
Besoin d’un graphe ?
Un graphe est une représentation de données ou d’informations liées qui, par sa forme visuelle, facilite l’interprétation et/ou l’analyse1. On recourt à l’utilisation de graphes notamment pour les motifs suivants : présenter une vue d’ensemble de plusieurs données, mettre en évidence une tendance ou un fait saillant, faciliter la compréhension du lecteur, réduire le nombre de mots requis pour la présentation des données. À notre avis, trois étapes guident la production d’un graphe : a) déterminer l’objectif du graphe (p. ex., démontrer que la prestation de soins pharmaceutiques réduit la morbidité); b) déterminer le type de graphe (p. ex., utiliser un graphe de type secteur pour illustrer la proportion de temps pharmaceutique allouée aux services, aux soins, à l’enseignement, à la recherche ou à la gestion); c) réaliser la mise en forme (p. ex., graphe de couleur ou noir et blanc, titre, unités des axes, légende, etc.). Un bon graphe doit respecter certaines règles de production (tableau 1). Il existe de nombreux types de graphes. La plupart des chiffriers, logiciels de présen-
tation, bases de données et logiciels de traitements statistiques proposent une dizaine de types de graphes de base (figure 1), soit des histogrammes (p. ex., pour illustrer le nombre d’effets indésirables médicamenteux chez quatre populations distinctes), des courbes (p. ex., pour illustrer la variation du nombre d’interventions pharmaceutiques par année consécutive), des secteurs (p. ex., pour illustrer la proportion des différents types d’intervention pharmaceutique), des barres (p. ex., pour illustrer la prévalence d’une maladie par pays; les barres permettent l’affichage d’un grand nombre de catégories à la verticale, contrairement à l’histogramme), des aires, des nuages de points, des surfaces, des anneaux, des bulles, des radars, etc. Il faut utiliser avec prudence les logiciels qui proposent des types de graphe qui peuvent être inappropriés (p. ex., l’utilisation de courbes ou d’aires peut laisser croire que les données sont continues, alors qu’elles sont catégorielles; l’utilisation d’un nuage de points est souvent préférable parce qu’il présente fidèlement les données).
Texte rédigé par Jean-François Bussières, B. Pharm., M.Sc., M.B.A., F.C.S.H.P., CHU Sainte-Justine, chef du département de pharmacie et de l’unité de recherche en pratique pharmaceutique, CHU Sainte-Justine, Cynthia Tanguay, B.Sc., M.Sc., assistante de recherche à l’unité de recherche en pratique pharmaceutique, et Denis Lebel, B. Pharm., M.Sc., F.C.S.H.P., adjoint au chef du département de pharmacie et de l’unité de recherche en pratique pharmaceutique, CHU Sainte-Justine. Texte original soumis le 8 décembre 2010. Texte final remis le 27 décembre 2010. Révision : Jean-François Bussières, Cynthia Tanguay et Denis Lebel.
Tableau 1 Règles de production d’un bon graphique2 n En ce qui concerne les objectifs n En ce qui concerne le type de graphe n n En ce qui concerne n la mise en forme n n n n n n n n n
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Selon le public cible, il faut déterminer au préalable si le graphe a pour objectif d’informer, de démontrer, de vulgariser, de convaincre, etc. De façon générale, on peut recourir à un graphe lorsqu’on dispose d’un minimum de quatre points de données; autrement, il est préférable de présenter les données en texte. La catégorie de graphe choisie relève directement de son objectif et de la relation que l’on souhaite démontrer, tandis que la sous-catégorie sera un choix personnel guidé par le média ciblé. Restreindre le nombre de figures selon les recommandations aux auteurs d’un périodique ou selon les commentaires de réviseurs et présenter des données supplémentaires en annexe, si nécessaire. Il faut éviter le recours à la couleur lors de la conception si le graphe est publié en noir et blanc. Le titre retenu et le texte des légendes doivent être descriptifs (p. ex., éviter les termes génériques tels que groupe A c. groupe B. si chacun réfère à un bras de traitement ou de placebo) et complets, permettant une compréhension adéquate du graphe sans le texte de soutien. Les unités de mesure des échelles choisies doivent être indiquées clairement sur les axes du graphe (p. ex., mg, mg/mL, $CAN, jours, jours-patient, mm Hg, etc.). L’échelle de mesure doit être appropriée (suffisamment précise pour permettre de pointer les valeurs clés, etc.). Préférer les trames de texture différentes (p. ex., carrelé, triangle, points, etc.) aux trames d’intensités différentes (p. ex., 5 %, 10 %, 15 %; un écart de 5 % à 10 % est souvent perdu à la photocopie ou au transfert en noir et blanc, etc.). Éviter le recours aux quadrillages en arrière-plan qui nuisent à l’interprétation. Porter une attention aux lignes qui se croisent, surtout en noir et blanc. Limiter l’utilisation d’abréviations et de caractères spéciaux (p. ex., #, /, -, *, |, etc.). Assurer un alignement approprié des textes par rapport au contenu du graphe. Éviter les effets en 3D. février – mars 2011 vol. 58 n° 1 Québec Pharmacie
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InfoROUTE Figure 1 Graphes de base proposés dans ExcelMD (Microsoft, Seattle, WA)
D’autres logiciels comportent des fonctions gra- Figure 2 phiques. Par exemple, PrismMD (www.graphpad. Illustration graphique de l’importance relative des termes utilisés com/welcome.htm) est un logiciel de traitement dans le Rapport canadien sur la pharmacie hospitalière 2007-2008 statistique de base qui propose une interface conviviale et guide la démarche de l’usager en liant le choix d’un graphe à l’analyse statistique. Ainsi, l’utilisateur est invité à choisir parmi l’un des cinq types de graphe suivants : XY, colonnes, groupés, contingence et survie. Le choix du graphe est associé à des analyses statistiques. À partir de ce choix, PrismMD propose une table de données de format adapté aux données à saisir. Par ailleurs, il est préférable d’utiliser un logiciel statistique plus performant (p. ex., SPSSMD) qui comporte pour quelques versions (i.e. > 16,0) des fonctions graphiques élaborées. Toutefois, ce type de solution est plus coûteux. Nous suggérons quelques liens pour explorer les graphes et leur utilisation (http://en.wikipe dia.org/wiki/Chart, http://en.wikipedia.org/ wiki/Diagrams, http://en.wikipedia.org/wiki/ Infographics, http://graphjam.memebase.com) ou encore les mauvais usages (http://lilt.ilstu. Suite à la page 34
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Une image vaut mille mots !
La citation de graphes hors contexte et sans référence est à proscrire. L’utilisation des graphes hors contexte peut mener à de fausses affirmations. Il est important de noter l’adresse Web et d’afficher la citation complète de la source. Figure 3 Diagramme d’Ishikawa – Analyse des causes et des effets de l’utilisation inappropriée des échantillons de médicaments en établissement de santé3 Distribution des échantillons par les représentants
Gestion inappropriée des déchets Recel
Entreposage au point de service
Distribution du mauvais produit
Gestion inappropriée des déchets Recel
Remise complaisante Ingestion accidentelle Réduction de l’efficacité du médicament dû à un entreposage inadéquat
Mauvais choix de traitement par rapport aux données probantes Médecins et pharmaciens contournés Format inapproprié par rapport au besoin Étiquetage différent des produits commerciaux ou pouvant être mal interprété
Distribution de la mauvaise dose
Absence de documentation au dossier médical et difficultés de suivi en cas de non-réponse thérapeutique, d’effets indésirables ou nécessité de vérifier ce qui a été remis au patient
Distribution du produit périmé
Absence d’information transmise au patient
Consommation par le personnel Ingestion accidentelle
Distribution comme dépannage à l’entourage sans consultation médicale
Réduction de l’efficacité du médicament dû à un entreposage inadéquat
Mauvais choix de traitement par rapport aux données probantes
Produits périmés demeurent en circulation
Inobservance par non-complétion du traitement sur ordonnance
Mauvais choix de traitement par rapport aux données probantes Médecins et pharmaciens contournés Retraçage des produits impossible en cas de rappel ou d’effet indésirable
Disponibilité de certains médicaments en échantillons par les fabricants de médicaments
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Distribution des échantillons par le médecin, l’infirmière ou un tiers
Problèmes d’efficacité, d’efficience ou d’innocuité liés à la prise de l’échantillon
Le patient subit les risques d’interaction médicamenteuse, de duplication, d’allergie, d’intolérance ou de contre-indication
Ingestion accidentelle Utilisation inappropriée du médicament (mauvaise voie, dose, durée, horaire)
Gestion des échantillons par l’établissement
Pharmacien contourné avec risque de non-détection d’interaction médicamenteuse, de duplication, d’allergie, d’intolérance ou de contre-indication
Perception que les échantillons sont des médicaments sans risque ou qui ne requièrent pas d’ordonnance
Consommation de l’échantillon par le patient
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InfoROUTE edu/jpda/charts/bad_charts1.htm#Junk, http://planetoftheweb.com/ components/promos.php?id=177).
Pour aller plus loin…
L’utilisation de certains logiciels permet des représentations graphiques qui peuvent éclairer la réflexion, donner une perspective complémentaire sur un ensemble de données, faire réfléchir, etc. Par exemple, l’utilisation d’un logiciel de présentation (p. ex., PowerPointMD, PublisherMD, etc.) permet de réaliser un diagramme d’Ishikawa qui peut être utile à l’évaluation des causes et des effets, notamment en prestation sécuritaire de soins. La figure 3 illustre un Ishikawa sur les problèmes entourant l’utilisation d’échantillons de médicaments en hôpital3.
26e journée annuelle
de pharmacothérapie du cip
De l’hôpital du sacré-cœur de montréal
ManyEyesMD permet de générer un graphe permettant l’agrégation de tous les termes d’un document. En utilisant les 104 pages du Rapport canadien sur la pharmacie hospitalière 2007-2008 (www.lillyhospitalsurvey.ca), on obtient une vue d’ensemble de la terminologie utilisée dans le rapport (figure 2). Bien que la pratique pharmaceutique clinique soit évoquée principalement dans le chapitre sur les services cliniques, il est intéressant de constater que ce terme est dominant dans l’ensemble du rapport. Cette représentation graphique confirme que la pratique de la pharmacie est sans aucun doute clinique.
Attention aux citations hors contexte !
Avec les moteurs de recherche, il est facile de trouver des graphes a priori pertinents, notamment aux fins de présentations scientifiques à des groupes de patients ou de professionnels. Toutefois, la citation de graphes hors contexte et sans référence est à proscrire. Il est important de noter l’adresse Web et d’afficher la citation complète de la source (i.e. auteur, adresse du site, date de citation, date de visite). L’utilisation de graphes hors contexte peut mener à de fausses affirmations; certains auteurs parlent du concept de « contextomy ».
Conclusion Vendredi 25 mars 2011 Lieu : Sheraton laval
Programme Salle Laval 07 : 50 Inscription (Café, croissants) 08 : 40 Mot de bienvenue Michèle Lavallée, pharmacienne CIP 08 : 45 Antipsychotiques en gériatrie : êtes-vous confus ? Martine Joncas 09 : 30 Aspirine en prévention, où en est-on ? Martine Lacroix 09 : 55 Pause et visite des stands 10 : 30 Tdah : comment faire face aux cas spéciaux ? Karine Cloutier 11 : 15 Effientmd : la famille des antiplaquettaires s’agrandit Sylvia Audet
Si le pharmacien n’est pas toujours en mesure d’apprécier le choix des tests statistiques utilisés dans une publication scientifique compte tenu de la complexité et de l’évolution des modèles et des techniques, il doit toutefois être en mesure d’interpréter et de critiquer la présentation graphique des données. n
Références 1. Office québécois de la langue française. Grand dictionnaire terminologique. [En ligne. Page consultée le 7 décembre 2010.] www.olf.gouv.qc.ca/ressources/gdt. html 2. Browner WS. Publishing and presenting clinical research. 2e éd. Philadelphia : Lippincott Williams & Wilkins; 2006. 3. Soucy G, Bussières JF, Lebel D, Tardif L, Bailey B. Analyse proactive du risque associé à la distribution et à l’utilisation des échantillons de médicaments. Pharmactuel 2008; 41: 310-4.
11 : 40 Dîner 12 : 50 Visite des stands 13 : 25 Butransmd: un timbre pour quelle douleur ? Robert Thiffault 13 : 50 Uloricmd : du nouveau dans le traitement de la goutte Maxime Doré 14 : 15 Pause et visite des stands 14 : 40 Analyse d’article scientifique : sachez lire entre les lignes David Williamson 15 : 25 Mot de la fin et tirage.
Pour plus de renseignements, vous pouvez communiquer avec madame Louise Pepin au Centre d’information pharmaceutique en composant le 514 338-2213, numéro sans frais 1 888 265-7692 ou www.infocip.com
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Question de formation continue 9) Dans le domaine de la publication scientifique, les graphes sont utilisés couramment. Parmi les énoncés suivants entourant les graphes, lequel est faux ? A. Un graphe est une représentation de données ou d’informations liées qui, par sa forme visuelle, facilite l’interprétation et/ou l’analyse. B. Il faut utiliser avec prudence les logiciels qui proposent des types de graphe qui peuvent être inappropriés. C. L’utilisation de graphes hors contexte peut mener à de fausses affirmations. D. Il faut préférer les trames d’intensité différentes aux trames de texture. Veuillez reporter votre réponse dans le formulaire de la page 50