Penser globalement, agir localement

12 avr. 2005 - Le rôle d'un ministre responsable d'aucun développement, comme le ministre du MDDEP, est et sera de sensibiliser et de conseiller ses ...
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« Penser globalement, agir localement »

Québec, le 12 avril 2005

Monsieur Jean Charest, Premier ministre Édifice Honoré-Mercier, 3e étage 835, boulevard René-Lévesque Est Québec (Québec) G1A 1B4 Monsieur le Premier ministre, L’UQCN suit avec intérêt les échanges et le dialogue suscités par la série de consultations menée actuellement par votre ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP), Thomas Mulcair. L’UQCN a participé à ces consultations en soulignant d’importantes lacunes dans l’approche proposée et en insistant sur le fait que ce seront les ministres responsables du développement au sein de votre gouvernement qui détermineront si ce développement sera durable ou non. Le rôle d’un ministre responsable d’aucun développement, comme le ministre du MDDEP, est et sera de sensibiliser et de conseiller ses collègues responsables de programmes et de projets de développement pour le Québec et d’évaluer avec rigueur ces initiatives pour conseiller l’ensemble du gouvernement sur les décisions à prendre en matière de développement durable. Un tel rôle exige que le ministre qui vous sert de conseiller en matière de développement durable se tienne à l’écart d’activités de promotion ministérielles ou même gouvernementales de programmes et de projets de développement, tant et aussi longtemps que le processus d’analyse et d’évaluation de ceux-ci ne soit complété. C’est le sens profond du processus que le ministre Mulcair est en train de présenter à l’ensemble de la population dans sa tournée de consultation. L’intervention du ministre Mulcair sur le projet de route à quatre voies divisées entre Québec et le Saguenay – Lac-Saint-Jean, dans le cadre d’une consultation récente sur le plan de développement durable dans cette région, semble donc éminemment inappropriée. Alors que la consultation par le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement, une partie importante du processus d’analyse et d’évaluation de ce projet et directement sous sa responsabilité comme ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, n’avait même pas commencé, le ministre Mulcair est intervenu publiquement pour annoncer – au nom du gouvernement, faut-il le croire – que la décision est déjà prise et que la route à quatre voies divisées sera construite, peu importe les éventuelles recommandations du BAPE. D’une part, le ministre Mulcair a ainsi mis en cause le rôle même du BAPE et l’importance que lui accorde votre gouvernement. Pour sa part, l’UQCN a insisté dans son mémoire sur un élargissement important du mandat du BAPE pour inclure l’évaluation des politiques et des programmes gouvernementaux. D’autre part, et probablement même plus important, le ministre Mulcair a ainsi mis en cause son rôle, tout nouveau, comme conseiller du gouvernement en matière de développement durable. Les vingt-cinq années d’expérience du BAPE désignent cet organisme parmi les principales institutions québécoises capables d’orienter le gouvernement dans sa prise de décision en matière d’environnement et de développement durable. Le Ministre a indiqué que les décisions vont se prendre sur d’autres bases. L’UQCN comprend qu’il s’agit encore d’une prise de décisions qui se fera dans le contexte de l’approche traditionnelle de développement qui nous a légué de si nombreux problèmes. Union québécoise pour la conservation de la nature (UQCN) 1085, avenue de Salaberry, bureau 300, Québec (Québec) G1R 2V7 • Tél. : (418) 648-2104 • Téléc. : (418) 648-0991 Site Internet : www.uqcn.qc.ca • Courriel : [email protected]

Face à cette mise en cause par le ministre Mulcair du rôle du BAPE, et de son propre rôle au sein du gouvernement, l’UQCN, requérant pour les audiences sur le projet de route 175, a publiquement mis en question sa participation au processus qui s’amorce aujourd’hui. Si le mandat du BAPE ne pourra servir qu’à étudier l’accessoire et non l’essentiel en ce qui a trait à ce projet dont le coût semble frôler le milliard de dollars, l’UQCN se demandait s’il ne serait pas mieux de s’abstenir d’une participation qui pourrait cautionner indirectement le position établie par le ministre Mulcair face au BAPE et face aux engagements de votre gouvernement en matière de développement durable. La présente lettre vise à vous informer de la décision de l’UQCN. Elle sera présente lors du début des audiences ce soir, à Ville de Saguenay, et fera une présentation soulignant ces préoccupations relatives à ce projet, qu’elle considère actuellement comme non justifié de par son envergure et l’hypothèque quant au options de développement qu’il nous impose. Elle ose croire que, en dépit de l’annonce du ministre Mulcair, votre gouvernement n’a pas pris de décision hâtive sur ce projet comportant des investissements majeurs, et cela sans parler des coûts du maintien de l’infrastructure sur plusieurs décennies. Elle maintiendra sa confiance dans le BAPE, qui a démontré moult fois sa capacité à jeter la lumière sur des dossiers complexes où des questions sociales et environnementales aussi bien qu’économiques sont en cause. Elle présumera que le ministre Mulcair tiendra compte des recommandations qui découleront des audiences du BAPE, et présentera des propositions au Conseil des ministres qui respecteront les principes et les exigences du développement durable qui constituent les assises de la tournée de consultation qu’il aura mené pendant plusieurs mois, à travers toute la province. Elle présumera que votre gouvernement prendra une décision sur le projet de route en fonction de ce processus et en démontrant son adhésion au développement durable qui fait partie maintenant de son discours quotidien. Nous profitons de cette intervention, en terminant, pour souligner le principal point du mémoire présenté par l’UQCN dans le cadre de la consultation du ministre Mulcair : votre décision de mandater l’ancien ministre de l’environnement à encadrer le processus gouvernemental en matière de développement durable comporte un risque de confusion importante, mettant un accent sur la prise en compte de l’environnement, déjà acquise en principe, alors qu’il faut plutôt mettre l’accent sur la prise en compte de l’ensemble des facteurs économiques, sociaux et environnementaux dans la prise de décision qui se veut de développement durable. Il nous semble que ceci est plus le rôle du Comité ministériel sur la Prospérité économique et le Développement durable, où siège le ministre du MDDEP comme seulement un des acteurs. Bref, l’UQCN s’attend à ce que la confusion qui semble présente dans la mise en œuvre de cet important engagement de votre gouvernement envers le développement durable s’amenuise pour éventuellement disparaître. Elle espère que la décision à venir sur le projet de route 175, après les audiences du BAPE, constituera un jalon important dans ce processus et démontrera la prise en compte des enjeux des finances publiques soulignés par Briller parmi les meilleurs, comme complément à la prise en compte des facteurs environnementaux et politiques…

Harvey Mead Président, UQCN c.c.:

Thomas J. Mulcair, ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs Claude Béchard, Ministre du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation et président du Comité ministériel sur la Prospérité économique et le Développement durable Michel Audet, ministre des Finances Michel Després, ministre des Transports Médias

Union québécoise pour la conservation de la nature (UQCN) 1085, avenue de Salaberry, bureau 300, Québec (Québec) G1R 2V7 • Tél. : (418) 648-2104 • Téléc. : (418) 648-0991 Site Internet : www.uqcn.qc.ca • Courriel : [email protected]