Melle Marie LAVAULT______Angers, le 9 Juin 2001 - Amazon Web ...

machine, il compte 3 fr pour ramasser, le rentrer et le battre ; il pourrait le payer 13 fr ...... Fay- St Qentin est plus moderne ; tout fonctionne à l'électricité.
462KB taille 19 téléchargements 262 vues
ITINERAIRE DU SOLDAT EUGENE RAZIN PENDANT LA GUERRE DE 1914-1918 L’itinéraire du soldat Eugène Razin a été établi à partir d’une collection de 263 cartes adressées à son épouse Léonie pendant les années 1914-1918. Cette correspondance régulière a permis d’établir les périodes d’activités en fonction des différents lieux de combat et de suivre les principales activités assurées par ce soldat en lien avec sa formation d’automobiliste.

ANNÉE 1914 PÉRIODE DE RAPPEL SOUS LES DRAPEAUX ATTENTE Durant les derniers mois de l’année 1914, le soldat Razin a séjourné au Château de Boisbonnard à Villeperdue en Indre et Loire, attendant son affectation et son départ pour une autre ville. Il espère alors avoir une permission. Le 20 novembre « Je pense aller à Rou les premiers jours de décembre, tu me prépareras 2 paires de chaussettes, pour sabots, 2 chemises, 2 foulards ; je te préviendrai quelques jours avant pour que tu donne ma bicyclette au facteur qui la laissera au magasin de monsieur David. Je couche à côtê de monsieur Poireau de St Nicolas de Bourgueil un ami de Vincent Mortier» Concernant le cheval « Je pense que vous avez le soin de Bayard, donnez-lui un peu d’avoine et des carottes le matin et le sortir dans la cour » (carte 5) Le 27 novembre «Je pense me rendre vers le milieu de la semaine prochaine, envoies ma bicyclette, par le facteur au garage David ; Demande au père Lessire, s’il a l’intention de vendre Perruche, Poireau St Nicolas de Bourgueil, se rendrait avec moi pour l’acheter ; réponse de suite.» «Je connais bien des choses de la guerre, je te dirai de vive voix la semaine prochaine» «En attendant je te souhaite le bonjour ainsi que ma mère» (carte 6) En effet, Il a bénéficié d’une permission au début décembre, comme l’atteste son courrier Le 4 décembre «Je suis arrivé à Villeperdue, le sergent ne m’a pas parlé de mon départ, je pense retourner à Rou à Noël. Aujourd’hui, j’ai reçu des nouvelles de Plantin et de ta sœur Bodineau» (carte 8)

1

Le 15 décembre «Aujourd’hui, je visite la ville de Tours. Demain matin, départ pour Angers» (carte 9) AFFECTATION ANGERS Le 16 décembre Le soldat Razin quitte Villeperdue pour se rendre à Angers, où il va être affecté à un service d’étape dans l’Escadron 33 du 33ème régiment d’Artillerie 74ème Batterie Territoriale Angers Le 17 décembre « Je suis rentré hier soir, à Angers, comme la caserne est complète ; je suis couché dans un jeu de boules couvert, sur la paille ; bien entendu ce soir, je pense coucher à l’hôtel. Je ne pense rien te dire pour l’avenir ; pour le moment, il n’a pas d’effets pour nous habiller » (carte 10) Le 31 décembre, Il reçoit enfin un habit militaire neuf «Je suis militaire, habillé neuf» «J’attends maintenant l’heure du départ. Comme je l’avais dit, je serais à 10 Km de la ligne de feu dans un service d’étape ou d’occupation, soit dans une gare, une ville. Les effets du poste, pas d’écusson c'est-à-dire, je ne fais pas parti d’aucun régiment». (carte11)

ANNÉE 1915 A Angers le soldat Razin va vivre une période d’attente, de service comme planton à la caserne 33ème Artillerie, quartier Langlois. Il fait part de ses conditions de vie notamment de la nourriture. Le 6 janvier « Ayant été libre à onze heures, dimanche dernier, j’ai pris le train pour St Georges Chateaubrison où j’ai passé la soirée avec mon oncle et ma tante.» « Dans ta lettre, tu es heureuse de me voir à Angers ; eh bien moi, je voudrai être parti, car pour bien se nourrir, il faut s’adresser à l’hôtel et ouvrir souvent le portemonnaie. Il m’est impossible de dire, si je pourrais me rendre samedi » (carte 12) Le 28 janvier « Il est impossible de me rendre dimanche prochain, je suis de garde.» « Pour le moment, je ne suis pas vendeur de foin, ni de blé, malgré que le blé vaut 23 fr à l’hectolitre. » « Je te le répette (répète) que nous ne partirons, que lorsque l’ennemi sera repoussé. Nous avons réclamé pour la nourriture et nous sommes un peu mieux » (carte 13) Début février « Tout s’est bien passé aujourd’hui, je suis employé au téléphone au quartier Langlois On demande un téléphoniste pour deux jours ; je me présente, lorsque je viens de téléphoner à un commandant ; je me trouve avec Cordier de Dénezé » (carte 14 non datée)

2

Puis, il a été affecté à l’hôpital Montgazon et enfin à l’entreprise Bessonneau Le 4 février Il raconte le fait suivant « Si tu savais comme ton petit mari rigole, ainsi je viens de porter le café au lait aux jeunes filles allemandes et autrichiennes où je suis de garde à l’hôpital Montgazon » « ne soit pas jalouse…elles sont enceintes ; je ne fais que d’assister à la foire aux nichons ; cette garde est des plus agréable » (carte 3) Le 10 février « Je viens d’écrire à tes parents ainsi qu’à Auguste et Proust (ses beaux-frères) Je suis de service chez Bessonneau, je dois y passer la nuit de garde ; je ne vois pas autre chose à te marquer.» (carte 15). Le 11 février « Demande à Baptiste, un certificat sur papier libre, avec le cachet de la mairie ; comme je suis cultivateur, que j’ensemence e 6 à 8 hectares de blé, avoine vigne etc et que depuis que je suis mobilisé au 33éme d’Escadron d’Etape, il ne reste à la maison que toi et ma mère. Réponds-moi et envoie ce certificat de suite » (carte 16) Le 14 février « Si je t’avais demandé un certificat, ce n’est pas pour obtenir une permission ; c’est un secret que je garde; d’ailleurs, il est faux ; je ne possède pas cinq hectares de vignes, pas plus que cinq hectares à ensemencer pour le printemps.» « Je voudrais bien savoir la personne qui l’a fait. Inutile d’en faire un autre ; je me débrouillerai autrement» (carte 17) Le 20 février « Je t’envoie l’intérieur de ma chambre à coucher, le fameux jeu de boule AngersDoutre. En bas, les camarades sont sur leurs lits. Je suis au milieu en haut, avec ma pipe, mais pas de bouc. » « Aujourd’hui, je suis à Montgazon de garde avec les allemandes » (carte 18)

PÉRIODE DE «VITTEL» DÉPART VERS L’EST ALSACE-LORRAINE Le soldat Razin informe sa femme de son départ d’Angers et de son voyage vers le front. Le 23 février 1915 « J’ai oublié mes guêtres. Vienguet espère aller chez lui, mercredi ou jeudi soir; si tu peux les porter, tu demanderais à Modard, le boucher, où il reste.» « Nous comptons partir pour l’Alsace Lorraine, vendredi ou samedi. Ce sera un voyage de 3 jours; l’on passe par Saumur, Bourges et Lyon etc.» (carte19) Le 26 février « Pas facile d’écrire, le train balance. Je voyage avec Plantin et le cousin Desbois ; le pays est couvert de neige ; je passe près de cette statue dans la Côte d’Or. » « Si tu étais venue à Saumur, hier matin, tu m‘aurais apporté mes guêtres et tu aurais vu le convoi» (carte 20 représentant Vercingétorix).

AFFECTATION « VITTEL » 3

Le soldat Razin est affecté plusieurs mois à Vittel transformée pour accueillir les blessés provenant des zones de combats Le 27 février « Je suis arrivé à la frontière; j’ai entendu le canon pour la première fois. A mon poste ; il ne manque que toi, pour être heureux; je suis dans une villa qui est occupée, en temps de paix, par des rentiers, car dans cette ville, il y a des hôtels de valeurs de 3, 4, 5 millions.» «C’est une ville d’eau. Lorsque je connaîtrai mon travail, je te l’écrirai, ainsi que l’adresse militaire ; je peux te dire que nous sommes dans la neige et qu’il fait froid, c’est très curieux» (carte 21) adresse indiquée : Villa Printania, rue Charney, Vittel Le soldat explique en quoi consiste son service et décrit Vittel Le 28 février «Je suis de planton à l’hôpital c'est-à-dire à la disposition des médecins et des officiers. Je prends mon service de 7 H à 11H et de 3H à 7H ; le lendemain de 11H à 3H ; c’est chacun son tour, nous sommes deux pour assurer le service. Aussi nous avons loué une villa à raison de 10 fr par mois ; 2 lits, une cuisinière, un lavabo, chaises et fauteuils » «Vittel est une ville hydrothermale ou des millionnaires viennent l’été; les hôtels sont transformés en hôpital; celle (celui) où je suis est plus conséquent(e) que l’école de cavalerie de Saumur. Je n’aurais jamais pensé voir de si belle chose, comme tu vois, je suis très heureux» (carte 22) Le 3 mars « J’attends toujours de tes nouvelles. C’est dans cet hôtel (Grand-Hôtel) que je prends mon service (carte 23) Pendant le mois de mars 1915 passé à Vittel, il fait souvent allusion aux conditions climatiques, et à sa santé. Il fait une demande pour obtenir allocation des mobilisés Le 8 mars « Voilà quinze jours que je suis parti de Rou et pas de nouvelles, depuis. Etes-vous malade(s) ? ou ça dépend de la poste » « A Vittel, il tombe toujours de la neige. J’entend le canon sans relâche, figure-toi entendre de l’orage au loin. La croix qui est sur la carte représente la fenêtre où je suis occupé ; cet hôtel est transformé en hôpital » « Si tu m’écris, écris telle que je t’enseigne sans rien rajouter. Je suis toujours en bonne santé et je pense que ma lettre te trouvera ainsi que ma mère de même » (carte 24) Adresses indiquées sur la carte Militaire sans timbre E Razin Planton Hopital n° 10 Pavillon Céres Vittel Vosges Civil avec timbre E Razin Villa Printania rue de Charny Vittel Vosges Le 9 mars « Avant de partir d’Angers, j’ai écris une lettre au préfet, en lui disant qu’il n’y avait que ma récolte, pour me faire vivre et que mes parents ne possédaient plus rien et qu’ils n’avaient d’espoir que la rente que je leur fais en argent , blé et vin. » 4

« Puisque les gendarmes sont venus, tu pouvais leur faire voir les reçus de la faucheuse, du pressoir, de l’engrais, battage etc qui aurait monté à plus de mille francs et en vendant, 30 hectos à 23 fr font que 750 fr.» « Si tu es refusée, tu écriras au Ministre de la guerre ; mais, tu peux demander conseil au tonton Jaudoin » « Tu me crois en danger, j’y suis peut-être moins que toi ; tu me dis que les billets auront toujours leur valeur, pour moi, si l’état fait faillite, ils ne vaudront pas un sou » « Pour moi, si le boulanger veut me payer le blé en or ou en argent, je lui cède le blé à 24 francs, l’hectolitre » « Si Je change d’adresse, c’est que nous sommes divisés en 4 endroits, que le secteur est Contrexeville; ce qui fait du retard » Il indique son adresse militaire : Planton Novohotel, 10 Pavillon Cères, Vittel (carte 26) Le 10 mars « Je t’envoie une carte du cousin Thoreau dont je me suis empressé de faire réponse.» (carte conservée en annexe) « Tu vois, si tu la comprend, comme ont travaille contre moi. Enfin je (prends) le temps de répondre à toute calomnie. Quand tu auras le temps, tu pourras aller leur rendre visite ou faire plaisir à ma marraine » (carte 28) Le 11 mars « Si tu es refusée du préfet, tu t’adresseras a la commission siégeant au ministère de l’intérieur, pour l’allocation des mobilisés » « Hier, le thermomètre est descendu à 10 en-dessous de zéro ; ce matin, à notre levé, nous avons trouvé 20 centimètres de neige. J’ai un mauvais camarade, c’est un rhume, j’ai toujours froid au pied ; mon service ne me permet pas de prendre des sabots, c’est la seule chose dont je souffre » (carte 29) Le 12 mars « Pour les fagots et les choux, ne fais pas de tapage, nous sommes en guerre. Si tu as du travail à faire, je confie Bayard (le cheval) à Yanick » « J’ai reçu des nouvelles de tonton Jaudoin, de Mortier, d’Eugénie (belle-sœur) et de son mari Proust (beau-frère) qui ne me donne pas son adresse et je ne m’en souviens plus. Eugénie me demande quel est mon emploi ? Je vais lui répondre que je suis planton hôpital n° 10 pavillon Cères, sous les ordres du médecin chef » « Tu n’es pas comme la femme de mon camarade de chambre Trébuchet de Varrains, sa femme vient de lui écrire de conserver son or, qu’elle lui enverrai du papier, aussi pour qu’il ne change pas son louis de 20 francs, je lui prête un billet de 20 francs » « Pour les taubes, ils ne viendront pas à Vittel ; les allemands ont des millions de placer dans les hôtels » (carte 30) Le 13 mars « Il est midi, je viens de recevoir ta lettre datée du 12 mars.J’ai reçu deux autres lettres datées du 7 mars et une avant ; pour moi, tous les jours, j’envoie une carte.» « Je ne suis guère plus renseigné par la dernière, En attendant d’autres nouvelles, je t’embrasse » (carte 31) Le 14 mars « Voilà le printemps qui approche, les mauvais jours disparaissent, ce sera un ennemi de moins à combattre, pour les boches ce sera de même » (carte 32)

5

Le 15 mars « Si le temps est le même, en Maine et Loire, comme dans les Vosges, les récoltes doivent être belles. Malheureusement, il en sera bien perdu. Tu me diras comme sont les blés. Le 113e et le 77e (régiments) ont été éprouvés » (carte 33) Le 16 mars « Je viens de recevoir deux lettres ; comme elles arrivent ensemble, tu pourras les adresser à l’hôpital sans timbre » « Pour le sainfoin, tu feras comme tu voudras ; si le père Lesirre veut te le changer pour de la luzerne, tu le sèmerais près de chez Maupoint. » « Le temps est meilleur à Vittel, si çà peut continuer, mais c’est variable, dans ce pays » (carte 34) Le 16 mars, carte adressée à sa mère « Pour les vignes, laisser ; les poireaux, les laisser comme ils sont, les vinées devraient être piquées. Pour l’engrais, prendre un homme et le faire semer, c’est trop lourd pour une femme » (carte 35) Le 17 mars « Pour le blé, tu peux attendre ; pour ta demande, tu dois écrire à la commission siégeant au ministère de l’intérieur pour l’allocation des Mobilisés ; leur montrer que tu as fait deux demandes et les dates et que tu n’as pas de réponse du Préfet » « Je viens de recevoir une lettre du cousin Thoreau ; je lui avais écris que je désirais savoir celui ou le criminel qui avait été chez lui, pour lui dire que je préférais aller au front que de rester à Angers, tu vois la réponse qu’il fait. Je ne lui écrirai plus (ceci est le travail de Chevalier) » « Pour le cousin Thoreau, qui se croit malin, je suis en zone dangereuse, mais nous n’avons pas le droit de marquer ce que l’on fait ni l’adresse de l’Escadron d’Etapes ; je lui avais donné l’adresse pour le secteur et il a copié sur le tampon » (carte 36) Le 18 mars « Ne t’inquéte pas pour la moisson, nous n’y sommes pas; la lieuse a Auguste (beau-frère) est la pour un tour.» « A Vittel le militaire est bien vu comme je porte tous les jours des commandes chez les fournisseurs, ont m’offre souvent une cerise.» « Ont vient de faire cadeau de plusieurs livres comme celui là au bureau, je commence par en prendre pour toi. Bonjour ainsi qu’à ma mère » (livret sur Vittel 58*) Le 19 mars « Il est 6 heures du soir, j’arrive de Contrexéville 3 km, j’ai vu Mortier ; mais, pour Vinguet, il est à Marigny. Comme il est 13 heures à Vittel, je ne peux aller le voir. Pour mon service, je suis planton hôpital Cères à la disposition du médecin chef, un point, c’est tout » (carte 37) Le 20 mars « Tu as raison de repiquer les poireaux ; il faudra attacher les vignes. Tu as tord de ne pas mettre d’engrais surtout au Défrou. Envoie-moi l’adresse d’Aristide Ribault, je lui enverrai une carte de Vittel » (carte 38) Le 21 mars « Ne paye pas tes impôts ; pour l’allocation, ne rend compte à personne de tes démarches. Je voudrais que des témoins, comme lequel Madame Bonin a dit qu’elle ferait toucher celle qu’elle voudra, mais sérieux. Ne dire à personne que je suis heureux, ça fait des jaloux» (carte 39) 6

Le 23 mars « Aujourd’hui 18 heures, Mortier est venu me rendre visite, car il est ordonnance à Contrexeville, à 3km de Vittel. Je lui ai fait visiter la ville, puis l’embouteillage ; après nous avons vidé quelques verres de vin et non de Vittel ; aussi, je suis légèrement ému. Je prends tout de même mon service jusqu’à 8 à 9 heures, ce soir » « Je viens de recevoir ta lettre du 20 mars où je vois que c’est dur d’apporter tes choux de Riou (autre village), je tamponne cette lettre, pour la porter au train »( carte 40) Le 24 mars « J’ai écrit que si les vinées sont à piquer, tu dois le faire sans déplacer les poireaux, mais les vinées sont taillées à court ; il est forcé de déplacer les poireaux. Pour les façons, il est trop tôt, tu les attacheras aux poireaux, avant, en commençant par la Roussellière » « A Vittel, le temps est très variable, un jour, il fait chaud, le lendemain, il tombe de l‘eau, après le lendemain, il gèle et ensuite neige » « Le lieutenant Leroy était resté à Angers, sa femme était très malade, mais il n’a pas eu de chance de rester, je viens d’apprendre qu’il part pour la Turquie avec nos camarades qui avaient (étaient) restés à Angers » (carte 41 et dessin) Le 24 mars copie d’une carte adressée à son cousin Thoreau « dans cette première lettre, vous commencez j’ai entendu directement; je vous réponds : je voudrais bien connaître les criminels, vous me répondez : le criminel, c’est moi. Cher cousin J’ai toujours et j’aurais toujours pour vous et ainsi que ma marraine, le plus grand respect, je m’en voudrais bien de traiter vos plus proches parents ainsi et surtout vous qui m’avez fait souvent plaisir. Il a été envoyé à mes plus proches parents, des lettres anonymes, pour nous brouiller ensemble ; j’ai pensé que l’on avait agit de même vis-à-vis de vous.» « Ces lettres sont à la maison et si vous les lisiez, vous diriez, celui qui a fait cela est un criminel. Pour mon service, vous êtes renseigné, je n’ai pas le droit de vous en dire davantage » « Celui qui de vous ainsi que de ma marraine a les meilleurs souvenirs vous envoie toutes ses amitiés » (carte 42) Le 26 mars « Dorénavant, tu m’écriras par le secteur, et si on te demande où je suis, tu diras sur le front, je t’écrirai où je suis; tu ne le diras qu’à une seule personne, ma mère ; tu vois que Proust ( beau-frère) fait le même chose ; nous n’avons pas le droit de dire l’endroit où nous sommes, sous peine de prison A tout ceux à qui je vais écrire, je leur dirais, je suis au front, un point, c’est tout. Trébuchet, Kuippurt , Reveillé vont écrire la même chose à leurs femmes » (carte 43) Le 26 mars carte adressée à sa mère « J’oubliais de dire à Léonie, qu’il est trop tôt pour déchausser les vigne » (carte 44) Le 27 mars « Je t’envoie ces fleurs que j’ai cueilli(es), dans la montagne ; nous étions deux et nous sommes égarés. Je vais bien dormir ce soir » « Pour l’allocation, tu y as droit, vas jusqu’au bout » (photo 5 où il est représenté avec deux camarades de nuit, Trébuchet à droite et Kuippurt au milieu) ( photo 4) Le 28 mars « Je te rappelle que tous les deux jours, je dispose de 6 heures de promenade, c'est-à-dire ce matin, j’ai pris mon service à 7 heures jusqu’11 heures ; de 11 heures 7

à 3 heures je suis allé me promener à 7 Km jusqu’à Darney où j’ai vu ce château et consommer une mirabelle (eau de vin de pays) » (carte 45). Le 1er avril « Si tu écoutes tout le monde, tu n’arriveras à rien ; exemple : étant à Angers, j’ai fait estimé pour 22 francs d’effets ; les camarades me disaient que j’étais fou. Aujourd’hui, ils ont de grands regrets » « Pour les allocations, ce sera la même chose. Tu ne vois pas que l’affaire du cousin Thoreau a pour but de nous faire mettre mal ensemble. Tu devrais le voir d’après l’entretien que tu as eu » « Pour le blé, il est côté plus de 23 fr au commerce. Si il y a du foin de trop sur les écuries, on en vend, car il est plein de poussière; (il) risque de rendre le cheval poussif » « Je vous avez bien dit que l’argent deviendrait rare; vous en verrez bien d’autre » « Continue des démarches pour l’allocation ; du moment qu’il en a qui touchent qui sont propriétaires comme nous telles Beilloin, Bourrasseau , le cousin Desbois .. » (carte 46) Le 1er avril, sur deuxième carte « Je te conseille de ne pas te mettre mal avec la famille. Lesirre, tu pourrais en avoir besoin, pour les foins et peut-être les moissons » « Offre le blé au boulanger ou à Barreau et dit leur qu’il vaut 23 à 26 fr, au commerce » « Pour l’affaire au cousin Thoreau, je demande que l’on conserve les cartes et nous jugerons après la guerre…. Je veux prouver que je tiens ma parole et ne suis pas malicieux » (carte 47) En ce qui concerne, situation des soldats sur le front il donne des nouvelles des combats comme la prise de St Mittiel qui a été brûlé par les allemands Le 3 avril sur une carte représentant l’intérieur du casino, il indique « Ce casino qui fait parti de l’hôpital Céres est rempli de blessés, mais quels blessés, plusieurs sont privés de leurs membres » « Malgré nos pertes, nous progressons beaucoup, vous le saurez plus tard, nous avons peurs des espions ainsi pour St Mittiel…J’enverrai pas de lettre avant le 12 avril, la correspondance militaire est suspendue » « On nous vend le vin rouge à 0.4 fr, le blanc 0.60 fr, mais c’est pas fameux » (carte 48) Le 3 avril 3 heures du soir « Je viens de recevoir deux lettres de toi. Tu me dis que la commission d’Appel a rejeté ta demande » « Adresses-toi au Ministre, l’époque des demandes que tu as fait, joindre la lettre que je t’ai envoyée. Dire qu’il t’est impossible de payer les ouvriers qui ont ramassés ta récolte en 1914 ; que tu ne peux donner la rente à tes parents ; le percepteur qui demande les impôts de 1915 ; que n’ayant pas d’argent, tu es obligée de laisser les terres et les vignes en friches. Enfin, tu as tout en main, fais pour le mieux, mais agit de suite » « Ont vient de prendre St Mittiel mais les allemands l’ont fait brulé avant de fuir » (carte 49) Les lettres reçues lui permettent de suivre les activités de sa femme ; c’est ainsi qu’il continue à lui donner beaucoup de conseils concernant aussi bien, sa demande 8

d’allocation aux mobilisés et ses relations avec ses voisins, que les pratiques culturales. Pendant cette période à Vittel, il a adressé une trentaine de cartes à sa femme représentant Vittel et ses environs. Le 5 avril « Avant de te servir de la faucheuse, tu feras mettre un boulon au brancard et s’assurer si le talon n’est pas rester comme pour faucher dans les prés naturels, car la dernière fois qu’elle a servi, c’est à Saumur.» « Pour les vignes, le père Lesirre et Maurice pourront te les déchausser, en les payant bien entendu ; si Maupoint s’offre, dit lui que tu préférais qu’il te rende du fourrage » « Pour l’allocation, ils ne voudront pas te payer, depuis le mois de janvier ; mais dit leur que tes voisins ont touché depuis le début et que la loi doit être pour toi, comme pour elles. Tu t’adresseras à un homme de loi (Chevalier) » « Dans les Vosges, le vin n’est pas bon, c’est la bière que je bois, c’est nourrissant ; si tu étais dans le pays, tu verrais comme tu engraisserais » (carte 50) Le 7 avril «Je suis content d’apprendre que tu as écrit au Ministre, car nous sommes aussi nécessiteux, comme le cousin Desbois, Leon Piversin, Bourrasseau , Joseph Beilloin, Perdriau et bien d’autres qui ne se font pas connaître ; je suis certain que plusieurs d’entre eux ont un livret d’épargne et des fonds placés » « Je me fais laver et je dépense moins qu’à Angers, mais ne dit rien de cela, je t’envoie un petit papier qui te prouve que l’on est jaloux de nous ; aussi, c’est pourquoi, je te dis d’écrire au secteur » (carte 51) Le 8 avril « Il y a quelques jours, tu m’écrivais que l’on devait accuser personne, sans en être sur. Alors pourquoi accuses-tu Bayard (le cheval) d’avoir fait du mal à ta poule ? » « Tu m’écris que les géraniums sont perdus, pourvu que le sainfoin ne soit pas gelé, s’il était levé » « Dans les Vosges, il tombe de l’eau tous les jours, aussi, j’ai les pieds humides, enfin je ne suis pas enrhumé pour moment. Aujourd’hui 8 avril, je t’écris à 3 heures du soir, je reçois ta lettre datée du 4 avril ; celle que j’écris partira à 6 heures ce soir, elle doit mettre moins de temps, ce train se dirige sur Paris » « Le blé vaut dans le Maine et Loire au commerce 33 fr à 34 fr les 100 kg » (carte 52) Le 9 avril « Non seulement, je suis avec un prêtre, mais avec plusieurs ; on se fait pas de bile, chacun une pipe et l‘on fait du brouillard » « Tu accepteras l’allocation que si l’on paie depuis premier jour que tu as demandé. Taches de savoir celles qui touchent, les propriétaires ; ceci dans le cas où je suis refusé. Je m’adresserais à un homme de loi ; je suis content de voir la cousine Desbois, acceptée » (carte 53) Le 13 avril « Depuis trois jours, je souffre d’un gros rhume ; je prends chaud, aussi, c’est en prenant du café au lait, à 8 heures, chez monsieur François, que le facteur a apporté ta lettre. » « Hier soir, j’avais reçu mes molletières, çà cache mon pantalon qui est trop court ; j’ai honte de garder celle(s) qu’(ils) m’ont donné(es). « A midi, en allant prendre mon service, je reçois une autre carte de toi du 8 ; tu m’annonces que tu as fait semer 3 sacs d’engrais ; tu as bien fait. Enfin, il n’y a pas que ceux qui sont à la guerre qui ont des tourments » 9

« Je croyais t’avoir dit que je tamponne 7 à 800 lettres par jour ; je t’envoie une carte des armées, par le train de 3 heures » « Je t’envoie une carte des Armées par le train de 3 h, celle-ci partira a 6 h » (carte 54) Le 14 avril « Pour le blé, j’avais peur qu’il soit réquisitionné, car quelle perte fait Auguste (beaufrère) ; c’est bien le prix 23 fr, tu as fait bien du travail dans ta Triquandière » (carte 55) Le 17 avril « Tu ferais bien de vendre le blé, car s’il fait chaud, il pourrait se mettre des petites bêtes dedans » « Je viens de recevoir des nouvelles d’Auguste (beau-frère) il est toujours le même, toujours en peurs, tu me disais qu’il était en arrière, c’est que son régiment est au repos, comme Proust (autre beau-frère) que tu disais auprès de Paris » « Vous êtes tous les mêmes à la campagne, vous connaissez tout, mais vous connaissez rien, rien, en fait de la guerre » (carte 56) Le 18 avril « On cherche partout des conducteurs d’autos ainsi, on vient de me dénicher ; je pense partir un jour ou l’autre ; ne parle pas de çà à ma mère ; lorsque je passerai dans les villes, je t’enverrai une carte. » « Celles qui viendront à Vittel, Trébuchet me les enverra, par conséquent, tu peux m’écrire jusqu’avis contraire » (carte 57) Le 19 avril « Pour le blé, vend le, si tu veux, 40 ou 41 hectolitres ; le reste, tu le donneras au boulanger pour le pain » « Aujourd’hui, je reçois aussi une carte du 14 avril qui me dit qu’il a fait mauvais temps, toute la journée ; tu me demandes le temps qui fait dans les Vosges ; il fait très sec, si çà continue, j’aurai beau temps pour voyager en auto ? mais ce sera pas si facile pour t’écrire, tu feras pour le mieux » (carte 59) Le 19 avril, carte écrite à sa mère «Léonie m’écrivais ces jours derniers qu’il y avait de la neige à Rou et qu’elle croyait être dans les Vosges. Comparez avec cette carte » (carte hiver dans les Vosges 60) Le 20 avril « Il fait très beau dans les Vosges, pas un nuage. J’attends toujours mon départ » (carte 61) Le 22 avril « Tu m’écris que tout se vend bien; tu dois le comprendre, par suite des allocations, beaucoup des femmes gagnent plus d’argent, que lorsque leurs maris étaient à la maison ; s’ils gagnaient 3 fr, ils laissaient 4 fr au cabaret. » « Pour le père Lesirre, il a emporté 90 livres de blé châlé, mais, il pourra le rendre à la récolte. J’aimerais mieux qu’(il) règle de cette façon ; il n’y aurait jamais d’erreur et qu’il te dise combien il te prendra par jour ; tu le prendras un jour, pour labourer la vigne de la Roussellière » « La guerre ne cessera que lorsqu’il y aura plusieurs puissances ruinées, il faut encore compter plusieurs mois. Je fais beaucoup d’économie, car un jour viendra que l’argent sera rare ; ceux qui touchent l’allocation font beaucoup plus de dépenses » (carte 62) Le 24 avril « Le blé monte toujours surtout en Maine et Loire au commerce, il vaut 27 fr 70 l’hectolitre soit 33 francs les 100 kg. » 10

« Dans les Vosges, le mauvais temps est revenu, il tombe de l’eau, tous les jours et il fait un vent froid » (carte 63) Prix du blé indiqué aussi sur la carte 64 Le 24 avril à 6 heures du soir « Tu t’es peut-être un peu trop pressée pour le blé, mais c’est fait, n’en parlons plus. Il savait qu’il allait monter » « Maintenant, pour l’allocation, prends patience, tu l’obtiendras ; il y a de mes camarades qui sont plus riches à 30 mille francs et qui l’ont. » « On dit que la guerre va finir au mois de mai ; n’y compte pas, ceci pour calmer le peuple.» « Je viens de reprendre ma pipe que j’avais abandonnée à cause de mon gros rhume ou bronchite que j’avais depuis une quinzaine de jours » (carte 65) Le 25 avril « Je me presse de donner cette carte à un monsieur qui va à Paris. Je suis en bonne santé et toujours à mon poste. » « Le blé est vendu, il faut plus en parler » (carte 66) Carte adressée de Vittel en avril « Dans ce pays les hommes sont mobilisés jusqu’à 48 ans. Ce sont les garçons et les filles de 15 à 17 ans qui font les travaux des champs. Je viens de voir une jeune fille de 16 ans tenir une charrue trainée par 4 chevaux » (carte 67*) FORMATION A LA CONDUITE D’AUTOMOBILE Le soldat Razin écrit à sa femme qu’il a accepté la proposition faite le 18 avril pour conduire une automobile ; il va se rendre dans les environs de Dijon Le 1er mai, à 5 heures du soir « J’ai répondu pour le père Lesirre, c’est que tu n’as pas reçu la carte, j’ai écrit qu’il avait pris 90 livres et il ne les paye pas, qu‘il les rendent à la récolte prochaine. » « Je suis toujours à mon poste. Ce soir, à 4 heures, le colonel a remis la croix de la légion d’honneur à un capitaine blessé, en traitement où je suis.» « Il a fait très chaud toute la semaine, si c’est de même à Rou, les vignes et les blés doivent progresser » (carte 67) Le 2 mai « Puisque tu as des billets de banque, tu peux prendre des obligations de la défense nationale ; c’est aussi sur et çà rapporte beaucoup (si tu as de l’or, garde la). » « Si tu vas aux Ulmes, met tes lettres à la boite qui est à la porte de l’église, côté gauche, au lieu d’être cinq jours pour parvenir, elles ne feront que deux » (carte 68) Le 8 mai « Je retourne à Cères, prendre un peu de repos ; j’espère bientôt aller à Lyon » (carte 69) Le 10 mai «Je rappelle encore une fois que ceux qui sont dans la zone des Armées n’ont droit à aucune permission et la guerre ne sera pas terminée à la moisson. Ne comptez pas sur moi. » « Le marché pour Mortier est simple, par exemple, le blé vaut 20 fr sortant de la machine, il compte 3 fr pour ramasser, le rentrer et le battre ; il pourrait le payer 13 fr et la paille (en) bénéfice ; mais il serait libre de le mettre dans son grenier et de le 11

vendre 23 fr, plus tard ; donne- moi une réponse de lui (c’est pour vous faire voir comme il faut pour faire son prix). » « Je viens de faire un voyage à Vaucoubrun, je te dirai le motif, plus tard » (carte 71). Le 14 mai « J’attends de jour en jour, mon nouveau voyage Je suis en bonne santé et je désire que ma lettre te trouve ainsi que ma mère de même » (carte 72) Le 18 mai « Je suis à Dijon, mais je ne suis pas certain de rester longtemps » (carte 73) Le 20 mai « Je dois partir de Dijon dans la nuit du 21 au 22 pour aller prendre ma voiture Peugeot dans le département du Doubs entre Besançon et Belfort. Dans ces conditions, je ne suis pas près d’avoir de tes nouvelles, car après avoir reçu une auto neuve, je prendrai un autre poste ou peut-être un service régulier » (carte 74) Le 21 mai « Je quitte Dijon cette nuit à minuit pour aller près de Belfort. Comme je te l’ai dit hier » « Je n’ai pas reçu de lettre pas plus de Vittel comme de Rou, tu ne seras pas étonnée si tu n’as pas de réponse » « Inutile de cacher que je suis dans l’automobile » « Reveillé avait déjà écrit à sa femme que j’ai été passé un examen à Vaucoubrun. Je porte les insignes. C’est fatiguant, mais je me porte bien mieux qu’à Cères, je respire le grand air.» « L’Italie va marcher et d’autres, ca durera moins longtemps mais plusieurs mois, enfin nous passerons pas l’hiver » (carte 76) Le 23 mai « Je pars de Montbéliard, en bonne santé, dès que tu pourras, écrits- moi TM-464 Dijon ; Je dois arriver que ce soir à mon cantonnement ? (je) souffre de la poussière » (carte 77) Le 23 mai, sur une deuxième carte, il raconte son voyage « C’est avec une joie difficile à exprimer que je te raconte mon voyage de Montbéliard à Docelles dans les Vosges ; que de beau pays que nous avons traversés Plombières, Rimeremont etc … » « La voiture, que je conduis, est organisée pour transporter de 20 à 25 hommes, armes, bagages ; souvent, elle me sert de chambre à coucher, nous sommes deux par voiture un conducteur et un mécanicien, on conduit chacun son tour ; on peut s’entendre ensemble.» « Depuis que l’Italie marche, il y a beaucoup de déplacements de troupes, aussi nous nous attendons à de partir un jour ou l’autre. » (carte 78) Le 24 mai « Je suis toujours enbonne santé et désire que ma lettre te trove ainsi que ma mère, de même » (carte 78) Le 28 mai, il est encore à Docelles « Ce matin, en épluchant les pommes de terre, je fais connaissance de Monsieur Fricatelle, le cousin de Monsieur Fricatelle de Marson ; il m’a dit que c’était lui qui a fait le relevé de la propriété à la mairie de Rou, avant l’achat. Il doit écrire à son cousin que nous sommes ensemble. Il me dit que Monsieur Fricatelle de Marson était aussi automobiliste et demandait à faire partie d’un convoi comme nous. » « Tu vois, que je suis en bonne société, la plupart sont des industriels, des ingénieurs, des mécaniciens ; Les convois se composent de 19 voitures dont 94

12

hommes pour les faire manœuvrer ; la 19e c’est des ouvriers, pour réparer. Chaque convoi est évalué à 400000 francs. » (carte79) Le 29 mai « Je viens de recevoir ta lettre datée du 23 mai, celles que tu as écrit du 13 au 23 ne sont pas parvenues, elles sont probablement à Dijon, mes camarades sont dans le même cas. » « Tu me dis que ma voiture n’est pas conséquente ; c’est une chambre traînée par un moteur de 30 à 40 chevaux ; Il me faudrait une heure pour aller de Saumur à St Georges et avec 25 voyageurs. » « Pour les impôts, les bordereaux dans mon nom Razin, ne paye pas, mais Razin Leroy (nom de sa mère), si tu veux.» « J’attends une réponse de Mortier, si çà ne convient pas, je proposerais autre chose. Ne te fatigues pas avec les vignes, il faut mieux qu’elle(s) ne soit (ent) pas rechaussé(es)) » « Je suis encore à Docelles, mais je vais partir bientôt pour faire un service entre Bussang et Thann (Alsace annexée). » « On écrit que le 463 TM a eu 3 voitures de brûler à Gérardmer ; les conducteurs n’ont pas eu de mal, ils s’étaient éloignés des voitures » (carte 80) PÉRIODE DE L’ALSACE - SERVICE DE BUSSANG A THANN

Le soldat Razin, informe sa femme de sa présence en Allemagne Le 30 mai 1915 « Je suis en Allemagne, je rentre ce soir à Bussang où je resterai longtemps à faire le service Bussang-Thann. Je ne suis pas en danger mais garde-le pour toi » (carte 82) De cette région frontalière il a adressé à sa femme plusieurs cartes sur lesquelles, il décrit le parcours emprunté et ses activités accompagné d’un petit schéma Le 31 mai « Je fais le service De Bussang à Wesserling par une route très accidentée comme tu vois ci-dessus ; la route est large mais si tu voyais les montées et descentes, tu voudrais pas monter dans l’auto ; enfin, je ne crains les boches, même pas les taules ; cette route est bien gardée par des canons.» « Ne paye pas les impôts, tant que tu ne toucheras l’allocation et continue de demander toujours, en montrant que tes voisines touchent et que tu es malade.» « Ne fais pas tant de façon aux vignes, surtout s’il tombe de l’eau.» « Rappelles-toi ce que j’ai dit avant de partir, c’est après la guerre, que l’on verra la misère ; ceux qui restent ne demandent qu’à s’enrichir à notre dépend.» « Il ne fait pas chaud à Bussang, il y a encore de la neige sur la montagne » (carte 83 accompagné d’un schéma du parcours) Le 1er juin « Ce tunnel qui est éclairé à l’électricité est situé entre la France et l’Alsace avant la guerre (Allemagne) ; j’y passe presque tous les jours et quelques fois 2 fois par jour.»

13

« Je pense que vous avez bien chaud à bêcher les pommes de terres, eh bien moi, j’ai attrapé l’onglée à travers ces montagnes, on voit encore de la neige sur le sommet » (carte 84) Le 5 juin « J’arrive de Thann, un tringlot qui revenait de ravitailler le front, voulait me vendre un fusil boche 6 fr, mais le temps que je retourne à ma voiture chercher une couverture pour l’envelopper, un autre lui paye 10 fr ; enfin j’espère en trouver un autre ou un casque » « Je voudrais bien que Angèle ou d’autre (voisin) fasse travailler Bayard (le cheval), çà lui ferait du bien.» « Tu trouves que c’est long, je comprends que tu es embêtée pour les récoltes, mais ne t’en fais pas pour moi ; je me figure que la guerre va toujours durer et pourtant, j’ai parti ce matin à 4 heures et je suis arrivé à 1heure ; j’avais pris simplement pris un quart de café et un morceau de pain, que j’ai trempé dedans.» « On dit que la guerre va durer deux ans, mais c’est pour se moquer de toi ; peutêtre des gens qui touchent l’allocation. Cà ne durera pas toujours et c’est après qu’il y aura de la misère.» « Mes effets sont propres, j’avais fait laver à Docelles. Je suis le seul qui ne se fait pas de bile; tous mes camarades s’ennuient ; mais à quoi que çà sert. Je me trouve heureux, lorsqu’il y a des hommes de 43 ans dans les tranchées » (carte 86) Le 7 juin « Je viens de recevoir une carte d’Eugénie (une belle-sœur) qui me dit qu’Eugène (son mari) est en Lorraine ; j’ai perdu son adresse et je ne peux pas lui écrire ; quand tu m’écriras, tu me la donneras » « Pour le sainfoin, voici les contenances : Dufrou 10 h, Charnières 7 h, Pièce Méchante 7 h, Noyer 4 h, Lantre 3 h, Louche 8h, la Clais 3 h 5 . Si c’est comme Eugénie m’écrit, il ne doit pas faire bon pour sécher. » « Pourtant, il fait très sec, je trouve qu’elle(s) le tourne(nt) le foin les alsaciennes. Hier, dimanche, j’étais à Villers 3 Km de Thann, on a célébré les fêtes Dieu, tu parles qu’elles font de la toilette ces alsaciennes » (carte 87) Le 8 juin «Je suis encore moins en danger, que je viens de marquer; j’aurais peur que tu t’en vantes.» « Pour Bayard (le cheval), çà me déplait bien mais c’est le paiement qui va me déplaire le plus, s’il n’est pas payé le prix. Si c’’est payé chez le percepteur, je ne veux pas que mes impôts soient diminués sur la somme. Pour moi, le cheval vaut deux mille francs. Tu diras qu’il y a des choses à régler, que je ne dois pas payer patentes etc, d’ailleurs pas de mobilisé les paye.» « Dire à ma mère de ne pas se contrarier, il y en aura d’autres (chevaux), après la guerre, elle avait l’embarras pendant peut-être 6 mois » (carte 88) Le 9 juin « Pour le cheval, j’avais dit 2000 francs, mais pour moi, mais s’ils le paient 1400 à 1300 francs, c’est sa valeur réelle. Pour le paiement, je désire des obligations nationales pour toute la somme ; c’est bien plus sûr que les billets de banque.» « Inutile de te dire de ne pas acheter de lieuse maintenant, tu pourrais peut-être avoir celle à Auguste (un beau-frère), pour deux jours, pour couper. Enfin, nous reparlerons de çà.» « Je pense bien que ma mère doit être contrariée, surtout qu’elle en avait bien eu soin, depuis 8 mois. Il sera peut-être heureux à Bussang, il y en plusieurs cents qui 14

transportent vin, foin, paille etc ; de Bussang à Wesserling, ils ne font qu’un tour par jour et ils en bon état. Tache de savoir où il sera versé, si c’est possible. Dire à ma mère de ne pas se contrarier ; un de mes camarades de grande agriculture, ils lui en ont pris 6 ; il m’a dit qu’il va perdre beaucoup » (carte 89) Le 10 juin « De Bussang à Thann, il y a 26 Km, voici les villes où je passe en Alsace, Wesserling, St Amarin, Mosch, Villers, Kehenvillers, Thann, c’est une belle vallée serrée par des montagnes. De Bussang à Wesserling, c’est très accidenté, mais de Wesserling à Thann, c’est la vallée dont je te parle » « Nous nous entendons très bien, Balland et moi, celui qui est mécanicien ; il habite Alger, il n’a pas d’enfant ; sa femme lui a envoyé des colis, conserves et cigarettes, ce n‘est pas cher dans son pays ; il n’était pas heureux les premiers jours pour traverser la montagne de Bussang à Thann 14 Km , il était obligé de prendre sa capote, il avait froid ; mais de Wesserling à Thann, il fait très chaud, on bouffe de la poussière.» « Nous sommes pas souvent au même endroit, mais je suis en meilleure santé qu’à Vittel, c’est sain ces pays là « (carte 91) Le 13 juin « Si le père Lesirre a besoin de la faucheuse et du cheval, tu peux leur procurer ; il te donnera du temps. D’ailleurs plus Bayard travaillera et plus il sera facile à mener, si le collier le gêne; on le fait réparer ou on en trouve un autre » « Pour les vignes, attends après la fenaison, tu les relèveras et faire sulfater seulement le gros Chillou et la Roussillière et c’est tout. » «Occupe-toi plutôt de l’allocation et ne crains pas de dire que les autres qui sont plus aisés touchent. J’irai consulter un homme de loi; je suis content que l’on te fait ce tour là ; çà va t’apprendre ce que sont les gens de Rou, car ce n’est pas au préfet ni au sous- préfet, qu’il faut en vouloir.» « Je t’envoie des fleurs d’Alsace ; pendant que je les cueillais, un taube est passé, mais il a été mal reçu » (carte 92) Le 16 juin « Hier, j’ai oublié de te rappeler de ne pas payer les impôts, tu n’as qu’à répondre que tu n’as même pas d’argent pour te soigner et que tu ne peux envoyer de l’argent à ton mari qui ne mange pas son content (ceci je le prouverai ; d’ailleurs, je pars à 3 heures, le matin et j’ai rien dans le ventre jusqu’à 11 heures, un quart de café) » « Tu peux leur prouver que tu ne m’as jamais envoyé d’argent ; puisqu’on agit par malice, nous agirons aussi et en disant la vérité. J’aimerais mieux que tu vois monsieur Perreau et lui dire que tu vas aller chez un homme de loi ; que ceci est fait pour que çà tombe sur lui et pour nous faire mettre mal ensemble. Mais les Bailler, Bourrassault, Dubois sont plus riches que toi, puisqu’ils ont des fonds placés ; tu me dis que la Sébille ne touche pas ; ils ne le diront pas ; mais, j’ai pas confiance dans ces gens là » « Je t’écris au son du canon ; on se bat fort depuis deux jours en Alsace, je t’écrirai le résultat. Pour le moment, ils arrivent des blessés, jour et nuit. Je vais trouver ou voir des prisonniers boches qui arrivent ; ils ont de la chance ceux-là, dar les Alpins ne veulent plus en faire, pas de pardon, ils les tuent tous » Comme il écrit sur une carte représentant la mosquée d’Alger, Il précise « C’est la femme de mon camarade (mécanicien) qui envoie ces cartes (vues d’Alger), il m’en a donné plusieurs » (carte 93) Le 17 juin

15

«Je trouve très bien ton marché, il t’aidera à rentrer les gerbes ; j’aurais pourtant bien voulu que Bayard travaille ; si tu avais vu Angèle, elle doit en avoir besoin » (carte 94) Le 18 juin « Si Bayard marche à reculons, c’est que collier le gêne, il faut le faire réparer ou en trouver un autre.» « Pour la moisson, je ne vois qu’un moyen, c’est de prendre une moissonneuse, si tu pouvais avoir celle d’Angèle en payant, car j’ai réfléchi pour en acheter une, il faudrait mieux attendre après la guerre, elles seront moins chers et nous en aurons pas besoin l’année prochaine, je ne serais pas rendu pour semer le blé ni l’avoine d’hiver » « J’ai déjà écrit que l’Alsace, était un beau pays, les maisons très propres ; elles sont peintes partout, même les toitures sont vernies et les gens plus travailleurs que chez nous et pour la guerre, ils étaient bien prêts et si d’autres puissances viennent pas nous aider, je (serai) bien obligé de passer l’hiver prochain » « Ainsi, c’est pourquoi, j’insiste pour l’allocation, c’est à toi de dire que tu n’as pas de sou et toujours leur montrer que les autres de Rou qui touchent sont moins nécessiteux que toi et c’est vrai » « Hier, j’ai vu une bataille, deux avions un français et un allemand, le français a réussi à faire tomber l’allemand ; tu le verras peut-être sur le journal ; ceci s’est passé près de Thann » (carte Alger 95) Le 19 juin « Je suis content d’apprendre que Bayard est rentré à la maison, il aura été content lui de se promener. Si Massé veut s’en servir pour faucher soit pour lui, soit pour nous, car Massé n’a pas de faucheuse, ça ferait du bien au cheval, mais s’il fait le même temps qu’en Alsace, ce sera pas agréable à le faire sécher. » « De l’orage tous les jours. Il est midi, je mets le moteur en route pour Wesserling » (carte 96) Le 21 juin « J’ai écris que nous avions descendu un taube et que nous avions des prisonniers, il y en a 2000, nous couchons près. nous progressons beaucoup en Alsace ; aussi, il faut la faire rouler l’auto » « Tu as une bonne idée de donner la Roussellière à Beaumard ; elle sera mieux traitée que si tu (l’)avais envoyée (à) des hommes de Rou. » « Tu me diras si nos blés sont couchés et si le foin est sec » « Pour Mortier, si c’est bon marché le foin, tu seras plus hardi(e) pour lui demander de rentrer les gerbes » (carte 97) Le 24 juin « Je suis enchanté d’apprendre que Bayard va à Chavais (chez ses beaux-parents); c’est le bon moyen pour commencer à le mettre devant les bœufs ; je suis certain qu’après, il tiendra sont bout et qu’ils en feront ce qu’ils voudront. Cà nous arrangerait pour nos blés » « Pour l’allocation, je te le répette (répète), c’est pour voir si je vais me fâcher vis-àvis de Monsieur Perreau, mais je ne dirai rien ; c’est à toi de réclamer, c’est à toi que l’on fait la sottise. Tu vas peut-être voir que c’est de la malice, puisque tous les jours, tu as de nouvelles preuves que tu y a droit.» « Pour les impôts, je te défends de payer, même ceux de ma mère, une seule réponse à leur faire, je n’ai pas d’argent ; adressez-vous à mon mari » « Pour la guerre, nous avons commandé des canadiennes, des gants, des pares brises pour que nous ayons pas froid l’hiver prochain ; est-ce que parce que nous 16

avons progressé ces derniers jours que Auguste ( beau-frère) croit que çà va finir. Ca finirait certainement, mais la fin des hommes, je n’en dit pas d’avantage » (carte 100) Le 26 juin « Pour Bayard, je pense que Angèle en sera contente.» « Pour l’allocation, tu as raison, c’est Monsieur Perreau qui peut faire tout, je te conseille d’aller le trouver.» « Tu te rappelles que j’ai gardé pendant un mois une bronchite, sans me faire porter malade, eh bien, à la suite des combats qui ont eu lieu en Alsace, j’ai eu à supporter beaucoup de fatigue et des pluies torrentielles. J’ai été à la visite et j’ai dit à Monsieur le Major que j’avais eu une bronchite et que je ne l’avais pas soignée, il m’a répondu qu’il allait m’évacuer vers l’intérieur » « Si je sors de la zone des Armées, je vais essayer d’avoir une permission de 15 jours ; mais ne compte pas dessus et garde cela pour toi ; je ne suis pas aussi malade que cet hiver à Vittel. J’attends mon départ avec impatience, c'est-à-dire que je voudrais bien connaître la ville où je vais » (carte101) ÉVACUATION ET CONVALESCENCE L’évacuation du soldat Razin de la zone des armées n’a pas été facile ; il n’est pas considéré comme assez malade. Le 27 juin « Je vois que ce sera difficile de sortir de la zone des Armées, mais ce n’est pas couteux d’essayer, c’est pas que je suis mal au contraire, je voudrais bien passé là, la durée de la guerre, mais si je pouvais passer une quinzaine chez moi, çà (me) ferait plaisir ; nous avons tous la même idée et c’est pourquoi ce sera très difficile. Si j’étais aussi malade qu’au mois de mars, çà irait tout seul, mais j’ai bonne mine, enfin attendons » « Si le temps est le même qu’à Bussang, il doit pas faire bon à sécher es fourrages ; c’est de l’orage et la pluie, tous les jours ; c’est presque général , ces pluies là ; mes camarades me disent que c’est le même temps chez eux, dans beaucoup d’endroits ; surtout la vigne est perdue de maladie. » (carte 102) Le 28 juin « La lettre du sous-préfet est l’enquête des gendarmes. Il est impossible de faire le commerce puisque je suis mobilisé, pas plus pour exploiter mes terres.» « Je n’ai pas le temps de m’occuper de cela, puisque je m’occupe d’une chose que tu connais qui est à désirer, mais qui est difficile. Enfin, je viens d’apprendre que l’on va m’évacuer ce soir, je t’écrirai demain, si c’est vrai » (carte 103) Le 28 juin deuxième carte « Je continue ma route vers Montpellier » (104) Le soldat Razin adresse à sa femme une plusieurs cartes représentant de vues des villes traversées Chalons sur Saône, lyon, Montpellier, Cette, attestant de son voyage en direction de Béziers Le 1er juillet « Après 2 jours de voyage, je suis installé à Bédarieux, dans l’Hérault. Voici le nom des villes que j’ai trouvé : Bussang, Remiremont, Epinal, Vesoul, Gray, Chalon sur Saône, mâcon, Lyon, Nîmes, Montpellier, Cette, Béziers ; J’ai maintenant droit à 7 17

jours de permission ; je vais essayer d’avoir davantage ; ne parle pas de çà au public » « Dans le midi, on fait la moisson ; tu me diras comme c’est avancé à Rou. » « Je ne suis pas malade, je suis libre de partir, pourtant la sœur me conseille de rester, que je serais très heureux. Ceci est vrai, je t’en mettrai plus long dans une lettre. Je ne suis pas à mon aise pour t’écrire, j’écrits sur mon lit, c’est défendu de se lever avant 8 heures et je veux que cette carte parte tout de suite à 9 heures du matin » Adresse indiquée Hôpital St Louis, Bédarieu, Hérault (carte 107) Le 4 juillet « Il est 8H30, je viens de cirer mes souliers pour aller à la messe, le temps et beau et j’espère passer un bon dimanche. Je dois aller au cinéma à3heures, je suis bien accoutumé dans ce pays » « J’ai envoyé une carte à Mortier où je lui ai marqué que je faisais un grand voyage dans le midi et prochainement, je devais passer à Toulouse, Bordeaux et peut-être Rou » (carte 108) Le 6 juillet « Ne soit pas inquiète pour les lettres qui sont à Bussang, Ballard (mécanicien) me les fera parvenir.» « Pour ma permission, je ne peux rien dire si le médecin inspecteur passe, il faudra que je parte le lendemain, mais tu peux compter sur moi et laisser la porte du chemin avec la clef au clou, en cas où j’arrive la nuit à partir du 12 juillet » « Je pense que les avoines d’hiver seront mures à cette date. En attendant le plaisir de vous voir, je te souhaite, ainsi qu’à ma mère, un grand bonjour » (carte 110) Le 13 juillet « Aujourd’hui, je devais aller visiter le vignoble, mais ce matin, il pleut. Rien de nouveau à marquer » (carte 111) Le 14 juillet « Je dois partir de Bédarieux samedi matin, je passe une contre visite à Béziers ; c’est là que l’on signe les permissions.» « Je dois partir de Béziers à 8H 29 soir, arrivée à Bordeaux à 5H 49 matin dimanche. Regarde sur l’indicateur de l’Etat Bordeaux-Paris, en prenant le premier train partant de Bordeaux, après 5H 49 ; tu verras l’heure que je dois arriver à Saumur. En attendant le plaisir de se trouver réuni(s) à la maison, je te souhaite, ainsi qu’à ma mère le bonjour » (carte 112) Mais il va rester à Béziers pour obtenir une convalescence plus longue Le 18 juillet « Si je reste à Béziers, c’est pour obtenir une convalescence ; si j’avais (étais) parti samedi soir, je n’avais que 7 jours de permission ; maintenant, je suis certain d’avoir davantage. Donc prends patience. Je peux partir demain, comme jeudi ou samedi, mais il faut attendre » (carte 113) Le 20 juillet « Je suis sorti de Béziers ; après avoir passé à Toulouse, je reste une journée à Bordeaux jusqu’à mercredi. J’irai peut-être chez mon oncle, avant de rentrer à la maison ; à bientôt » (carte 114)

18

Aucune carte n’ayant été envoyée à la fin de juillet et au début août 1915, on peut penser qu’il a alors bénéficié d’une période de convalescence chez lui à Rou. PÉRIODE DE L’ARGONNE ET DE LA CHAMPAGNE L’ARGONNE Le soldat Razin informe sa femme qu’il est arrivé en Argonne où il a retrouvé quelques camarades. Le 16 août 1915 « Je viens de trinquer avec Camille Bompas,,aux Jilettes, en Argonne. C’est là que je suis cantonné ; nous devons nous revoir mercredi, car je pars demain matin pour 24 heures Tu le diras à tonton et à tante. Nous avons fait une carte, que j’ai envoyé(e) à St Georges » « Nous sommes à 8 Km de Ste Ménehoulte » (carte 115) Sur plusieurs cartes, il décrit l’atmosphère de combat qui règne lors de ses trajets en Argonne Le 27 août « Je suis content d’apprendre qu’il fait beau pour battre, surtout quand les tas sont dans les champs » « Sur le front, il fait beau aussi ; mais les nuits sont déjà froides. Mais ne t’inquiètes pas, j’ai touché une canadienne à Dijon et je peux lutter avec le froid, pour la nuit. On est heureux de ce moment; il fait clair de lune » (carte 116) Le 5 septembre « J’arrive de Clermont où j’ai acheté cette carte ; comme tu le vois, la ville est détruite, les allemands ont mis le feu avant de l’évacué(er) » « J’attends de tes nouvelles; j’ai reçu qu’une carte cette semaine qui est passée à la poste, le 28 août, tu es donc bien occupée pour ne pas avoir le temps d’écrire ? » « Je n’ai pas de nouvelles de Camille Dupuis qu’il est reparti aux tranchées ; peut être serait-il au repos dans un autre endroit ?» 5 (carte 117) Le 19 septembre « Aujourd’hui, je suis sous les obus, mais il n’a que la voiture qui risque, je suis dans une cagnotte recouverte de troncs d’arbres et de boue. Nous ne manquons pas d’argent, un emprunt franco-anglais de cinq milliards se fait en Amérique » carte 118) La Chalade en Argonne carte sans date « Ce petit pays est bombardé très souvent, malgré çà je pense y passer demain matin, notre poste est à 2 Km plus loin, par conséquent les obus boches passent audessus de moi » (carte 119 sans date) LA CHAMPAGNE Le soldat Razin change de cantonnement pour aller en Champagne. Le 4 octobre « J’ai quitté Vaucouleurs, avant que sa voiture soit réparée et je suis maintenant en Champagne » 19

« Je suis très occupé à prendre des blessés sur le front et les conduire aux hôpitaux ; je marche jours et nuits. Je suis seul sur mon auto, on nous promet toujours un second, c’est dur la nuit.» « Enfin ce qui me déplait le plus, c’est de ne pas avoir des nouvelles; » (carte 120) Le 7 octobre « Je viens d’écrire à monsieur Perreau, pour me faire dégréver de l’impôt » « Tu me dit que l’on veut que l’on fasse une autre demande ; il ne faut pas ; on te ferait toucher qu’un mois ou deux ; ça ne vaut pas la peine. Je vais écrire au Ministre, puis au Président des droits de l’homme à Paris. Vois que c’est de la malice de quelqu’un » (carte 121) Le 8 octobre « Je t’écris d’une tranchée que les boches habitaient la semaine dernière. C’est là que j’ai trouvé cette carte ; je trouve bien des choses, mais difficile de te les faire parvenir. Dans leurs tranchées, ont trouvent de véritables salons, poutres en fer et plancher en parquet, le tour est tapissé sur le devant des chalets ; enfin, je pense qu’ils songeaient à y passer l’hiver … » « Ont trouvent beaucoup de bouteilles, des caisses de biscuits, des boites de conserves ; je crois qu’ils ne se font pas de bile.» « Je suis caché de (dans) leurs maisons et je m’attends que les obus détruisent ma voiture, ils tombent tout près » (carte 122, bord du Thann) Le 11 octobre « Envoie- moi la valeur locative de ma maison, si tu es en peine, demande à mon oncle » « Je viens de trouver un fusil boche 1912, je vais le conserver et peut-être te l’envoyer. » « Je suis de service, toujours dans les anciennes tranchées boches, il y a moins de blessés que la semaine dernière Tes lettres ne sont toujours pas parvenues, mais soi(t) tranquille, elles viendront. Je suis en bonne santé » (carte 123) Le 14 octobre « Les lettres ne me sont pas encore parvenues. Tu dois être occupée aux fameuses vendanges. » « Si le temps est à Rou comme dans la région de Perthes tu dois être heureuse, car il fait sec » « Aujourd’hui, j’étais au repos, j’ai bien nettoyé mon fusil boche, mais il n’est pas rendu à Rou ; enfin je vais le garder dans ma voiture.» « Je ne dis pas que la guerre va être terminée avant la fin de l’année, ne compte pas là-dessus ; les journaux vous disent, on avance, c’est vrai, mais ils disent pas nos pertes ; je peux te dire que les automobilistes dont je fais parti, ont évacué du front, 10000 blessés depuis que je suis dans la région » « Je n’enverrai pas de carte demain ; on envoie que tous les deux jours ; j’attends samedi » (carte 124) Le 17 octobre « J’ai eu froid cette nuit dans ma voiture, aussi je n’hésiterai pas à te dire que l’on profite qu’un homme est à souffrir et au risque de se faire tuer sur le front, pour agir par malice contre sa femme et à chercher à ruiner sa maison ; tu verras que cette affaire n’aura que son temps » (carte 125) Le 19 octobre « Je suis au repos à Sivry sur Ante, le pays de la grande culture, mais abandonnée pour le moment. En me promenant, j’ai fait la rencontre de Trébuchet et de plusieurs

20

camarades qui étaient à Vittel ; ils font du ravitaillement en munitions, ils sont à la même division que moi ; ils étaient aussi près de Tahure » « J’ai vu aussi Pannetier qui était à Villeperdue, avec moi. Je suis en bonne santé et j’espère prendre un verre avec mes camarades, ce soir. Ils y a longtemps qu’ils ont gouté au vin » (carte 126) Le 21 octobre « Hier, j’ai pris le vin blanc avec Trébuchet et Guastault de Pocé ; on paye le blanc 93 ct et le rouge 73 ct. » « Je suis mieux couché que dans ma voiture, je couche dans un grenier, sur du foin. Il fait froid le matin, mais nous sommes encore mieux que par la pluie ; il fait très sec » « Je suis en bonne santé et je n’ai qu’une inquiétude, c’est que j’ai peur que tu fasses labourer et ensemencer mes terres. » (carte 127) Le 26 octobre, Il envoie une carte de Sainte-Ménéhoult « Je suis dans cette ville, mais je ne connais pas encore le service que nous aurons à faire. Eh bien, tu vois que ce n’est pas difficile d’exécuter mes ordres…J’ai écrit à ma mère que je lui devais 200 francs et que la récolte lui appartenait ; tu dois comprendre. » « Tu vois avant d’agir, je prends des précautions, mais il y a une chose qui m’embête, mes chefs m’ont dit que le maire serait blâmé, c’est malheureux, s’il est innocent ; si je peux sortir en ville, je vais aller consulter un homme de loi. » « Je n’ai pas reçu de lettre recommandée, mais mes camarades sont dans le même cas, conserve ton talon, en ce cas. » « Ne parle pas de mes dépenses, il y a des camarades qui ont dépensé près de 2000 fr et qui commence(nt) à être gêné(s). Ce sera bien triste après la guerre. » « Surtout ne parle pas de l’affaire que tu as fait avec le tonton à Saumur » (carte 127) Le 30 octobre « Je viens de recevoir ta lettre recommandée, au complet, avec 35 jours de retard. » (carte 129) Le soldat Razin a poursuivi l’évacuation des blessés, nuits et jours, pendant la période de novembre et de décembre 1915, dans des conditions climatiques devenues difficiles. Comme il gèle, il neige, la neige couvrant le sol, il souffre beaucoup du froid. Le 1er novembre « Je t’envoie l’enveloppe de la fameuse lettre recommandée que j’ai reçu(e) quarante jours après son départ » « Nous recevons des lettres tous les 2 jours, nous en avons pas reçu le 29 et le 31, sauf celles qui ont un mois de retard; si nous n’avons pas demain soir, nous réclamons; ta dernière est datée du 23. » « Je suis en bonne santé et je n’ai besoin de rien ; rien à te répondre ; je t’écrirai que lorsque reçu tes lettres. Mon camarade ne reçoit pas de lettre de sa petite ; on ne reçoit pas de saucisson ni cigare, enfin c’est embêtant » (carte 130) Le 3 novembre « Le clocher de Somme-Suippes est marqué avec des branches de sapin ; c’est là, où je transportais les blessés, pendant la prise de Tahure » (carte 132) Le 9 novembre, il envoie une carte représentant l’église de Ville sur Tourbe détruite 21

« Aujourd’hui, pas de lettre et pas de colis » « J’ai été prendre des blessés près de cette église, mais à 2 h du matin et sans lumière ; ce pays qui est encore bombardé n’est plus habité que par des rats » « A Vienne la Ville où il ne reste plus que des murailles, nous avons trouvé un chat qui voyage maintenant avec nous ; nous lui avons confectionné un manteau sur lequel est inscrit 46e Art et la croix rouge .On le met sur le moteur, pour lui réchauffer les pattes » (carte 133) Le 11 novembre « Je reçois tes lettres tous les deux jours, mais je n’ai rien reçu le 6, 8 et 10 » « Qu’est-ce qui est donc arrivé ? Je suis en bonne santé » (carte 134) Le 15 novembre « C’est de ce patelin (Chaudefontaine), que je suis de service pour 24 heures, aujourd’hui la neige.» « Tu as fait deux demandes, une, à la commission cantonnale, l’autre, à la commission supérieure. Quand j’ai envoyé mon dossier à monsieur Girard, j’ignorais qu’il m’offrait une permission.» « La toilette, c’est pour celle qui touche l’allocation.» « Pour l’auto, je vais demander une permission avant le 1erjanvier, peut-être qu’il sera encore temps, on m’en a promis une ; pour l’allocation, il n’y a pas d’avocat » (carte 135) Le 17 novembre « Pour le bordereau de la maison, je te défends de payer ; fais toujours la même réponse ; je ne m’occupe de rien car j’ai espoir de rentrer avant le 1er janvier. » « Ecris-moi une lettre où tu me marques que tu n’as plus de sou, que tu es ennuyée de demander l’hospitalité à ma mère et qu’elle en a pas de trop pour elle, en me demandant quelle mesure tu dois prendre à l’avenir » « Oui, il y a longtemps que je n’ai pas écrit au tonton, ainsi qu’à tes parents, j’attendais d’être plus en sécurité, mais maintenant, je vais leur conter ce qui s’est passé. Le plus grand ennemi c’est le froid » (carte 136) Le 21 novembre « Ce matin, il a gelé très dur, mais je m’en fiche, je ne roule pas ; je suis rentré hier soir à 6 heures à Vitry-le-François, ma machine a fait 33 Km/heure, tu vois, çà file. » « Le nouveau ministre de la guerre les fait sortir les embusqués, ils vont trouver ça dur, pour commencer » (carte 137) Le 21 novembre, sur une deuxième carte Les destructions des villages et des campagnes sont importantes. Pour montrer l’ampleur des dégâts. Il envoie à sa femme une carte représentant une forêt détruite « Je t’envoie cette carte pour te faire voir que les bois souffrent de la guerre, il ne reste que le tronc des arbres; ils sont déshabillés par les obus. » « Mais, tu ne l’a pas vu mon béret, si tu savais, comme il est mignon et sa couleur bleu ciel, il n’ya que les rupins qui portent çà. J’espère bien l’emporter à Rou, dans le courant décembre. » « Cette nuit, j’étais de service, malgré le froid, j’ai été heureux pour voyager, il faisait très clair » (carte 138). Le 27 novembre « Cette statue (de Valmy) domine les environs. J’ai passé la nuit à rouler, le matin la terre est couverte de neige et il fait très froid » (carte 139) Le 17 décembre « Il est huit heures du matin, je termine mon service de 24 heures, hier, toute la journée, je n’ai pas roulé. J’ai écouté la musique du 102 qui nous a joué le grand 22

succès du jour. Si tu veux faire mon bonheur, Margueritte, Margueritte, donne-moi ton coeur. » « Cette nuit, j’ai été faire un voyage sur le front ; il faisait très clair, les boches nous ont envoyé quelques mouches. A part cela, je suis en bonne santé » (carte 140) PÉRIODE DE REPOS DANS L’OISE Le soldat Razin qui a assuré, pendant plus de 4 mois, un service d’automobiliste va enfin pouvoir bénéficier d’un temps de repos. Le 24 décembre « La section qui doit nous remplacer est arrivée, j’ai été avant-hier de nuit à Ville en Tourbe, pour leur montrer le service ; Ils ne trouvent pas ça de leur goût de voir les obus éclatés mais c’est bien leur tour, voilà deux mois qu’ils sont au repos ; si nous en avions seulement autant ; les jours seraient plus longs après » (carte 141) Le 28 décembre « Je m’achemine tout doucement vers le repos ; je te souhaite ainsi qu’à ma mère une bonne heureuse année.» « Je suis à une vingtaine de 20 Km de mon ancien cantonnement ; nous attendons que toute la division soit relevée. Je suis en bonne santé et content de prendre un repos bien mérité » (142) Le 29 décembre « Demain, je quitte le pays. Je suis en bonne santé » « II fait pas trop chaud la nuit, dans ma voiture. Enfin, je vais chercher une chambre où l’on va au repos » (carte 143)

ANNÉE 1916 Sur sa carte de vœux du 1 janvier 1916, « Pour l’assurance, vois la police d’assurance.» « J’ai passé au bourg où est cantonné Gastault. Comme j’avais une course de 30 Km à faire, il est venu avec moi, mais nous n’avons pas parlé d’Allemagne. » « Forgues ( mécanicien) est en permission, je lui dis deux mots, pour lui indiquer où nous rejoindre . J’espère qu’il apportera du saucisson, en revenant. Il n’est pas content, il ne faut plus que les seconds conduisent ; une voiture a été complètement renversée et brisée, par miracle, les conducteurs n’étaient que légèrement blessés » (carte 144). COMPIEGNE Au début de janvier 1916, il conduit des blessés au château de Compiègne qui est transformé en hôpital. Le 3 janvier « Hier, j’ai conduit des malades à Compiègne ; j’ai profité de cette course pour visiter la ville ; tu vois sur cette carte la statue de Jeanne d’Arc » (carte 145) Le 5 janvier « La croix qui est sur la carte indique l’endroit où descendent les malades de ma voiture.» « Les lettes ne nous parviennent pas aussi j’ignore ce qui se passe à la maison. » 23

« Si je reste 2 mois au repos, comme on nous l’a dit, l’hiver sera vaincu, et je répette, c’est le plus grand ennemi des poilus « (carte 146) Le 8 janvier « Que Jeanne Meigneau cire ses bottes. Tous les hommes et sans exception, depuis les classes 1887 inclus, vont être appelés sous les drapeaux » « J’ai envoyé une carte à Eugénie et lui est demandé l’adresse d’Eugène » « Tu n’as qu’à laissé le garde tambouriner et ne pas t’en faire. Si nous avons quelque chose à réclamer, adressez-vous à mon mari, je ne connais pas ses affaires. Voila la réponse » « Je suis en bonne santé et attend le moment où nous irons faire un voyage en Allemagne » (carte 147) Le 9 janvier « Hier, en faisant ma tournée à Compiègne, j’ai été rendre visite à Louis Bailler de Pocé. Comme il était 11 heures du matin, nous avons cassé la croute ensemble, ainsi qu’un autre de Varrains et de St Cyre » « En voyant ma voiture, ils ont constaté qu’il ne faisait pas bon où j’ai passé » « Je vois également Trébuchet et Gastault » (carte148) Au service du médecin chef en visite sur le terrain, il parcoure le pays de Gournay sur Aronde, ce qui lui permet de voir de grosses propriétés et des cultures modernes. Le 10 janvier « Je suis à la disposition du médecin chef pour 4 jours, je suis content de visiter ce beau pays (Gournay sur Aronde), comme c’est des gros propriétaires ; je m’intéresse à la culture » (carte 149) Le 12 janvier « Demain matin, je dois rejoindre mon cantonnement. » « Je suis content d’avoir été dans ce pays où j’ai pu constater les avantages de l’agriculture moderne » (carte 150) Le 13 janvier « De service dans ce pays du 9 au 13 janvier 1916 » « Aujourd’hui en faisant une course, j’ai regardé sur un poteau indicateur et j’ai vu Lassigny 17 Km, je crois que c’est là que se trouve Auguste (beau-frère) ; j’attends de ses nouvelles » (carte 151) Le 15 janvier « Tu ferais pas mal de prévenir tes parents de tes démarches, afin de prouver que tu n’as aucun revenu.» « Car, ce qu’il faut, c’est prouvé que le dossier est faux et malicieux. Si tu n’as pas déclaré que tu n’avais aucun revenu à ma maison, comme c’est la vérité, tu n’arriveras pas.» « Si tu travailles, tu dois penser que les autres font leur possible pour te faire échouer.» (carte 152) Le soldat Razin rejoint ensuite son cantonnement, près de Compiègne, où Il va continuer à transporter des blessés. Le 16 janvier Il écrit sur une carte représentant le palais de Compiègne « La croix (dessinée) indique l’endroit où je rentre la voiture.»

24

« Tu vas dire à ma mère qu’elle s’occupe de Landreau, de tacher d’avoir le plan du morceau et de le porter sur les lieux ; mais s’assurer le jour qui y sera. C’est elle, bien entendu qui le fait façonner ; songez à ça.» (carte 153)

HETOMESNIL Le soldat Razin va cantonner dans la région de Fay-St Quentin ; il est en attente d’un autre service. Le 25 janvier 1916 « Demain, nous quittons ce pays, toujours pour rester dans l’Oise » (carte 154). Le 3 février « Forgues ( mécanicien) est rentré (de permission) nous sommes en train de déguster le vin de Bordeaux. « J’attends toujours des nouvelles d’Auguste, d’Eugénie et de ta mère » (carte 156) Le 7 février « Rien à signaler, si ce n’est que je suis occupé à ma voiture, à boucher les trous faits par les éclats d’obus » (carte 157). Le soldat Razin a alors l’occasion de visiter deux fermes à Hetomesnil et à Fay-St Quentin. Le 9 février Il écrit sur une carte représentant la ferme école d’Hetomesnil « Hier, j’ai visité cette ferme; c’est comme une caserne, tout se fait par le mécanisme ainsi une machine à vapeur pour broyer les betteraves, pour le repas des vaches »; « Fay- St Qentin est plus moderne ; tout fonctionne à l’électricité. Les cours sont éclairées et la nuit, il n’y a qu’à tourner le bouton et il fait aussi clair que la nuit. Si l’on veut battre du blé, tourner le bouton et la machine fonctionne etc,etc…» « Pour le personnel, j’ai vu un gamin de treize ans conduire 4 chevaux dont le plus petit était comme Bayard (le cheval) » (carte 158) PÉRIODE DE LA SOMME Le soldat Razin se rend ensuite dans la Somme, dans les environs d’Amiens. Le 11 février 1916 « Je quitte Hetomesnil (Oise), pour aller dans la Somme. » « Aujourd’hui, il tombe de la neige et il fait froid ; c’est dur pour voyager. Enfin, le principal, c’est qu’il fasse beau pour le mois de mars pour aller à Rou » (carte 159) Il est cantonné, d’abord à Folleville, puis à Mareuil. Il adresse à sa femme une série de cartes représentant la cathédrale d’Amiens et l’église de Folleville. Le 15 février « J’ai été visité la ville d’Amiens dont la cathédrale, avec mes sabots. Je quitte Folleville pour aller prés de Mareuil. » (carte 160) Le 16 février « Je suis étonné que les hommes labourent des vignes ; il fait donc beau à Rou ? » « Dans la Somme, c’est la tempête, le vent souffle et il tombe de l’eau tous les jours. » 25

« Comme nous changeons tous les jours de pays, les permissions sont suspendues, mais je suis des premiers à partir, aussi çà peut-être dans quelques jours comme dans un mois » (carte 161) Le 19 février « Voilà deus jours que j’ai pas reçu de lettre. Nous avons encore changé de cantonnement, mais nous évacuons toujours les malades vers Amiens » (carte 162) Le soldat se trouve, cantonné dans le pays de Caix. Le 20 février « Nous sommes dans ce pays, près du front, notre division est aux tranchées, c’est un secteur tranquille, trop tranquille pour nous » « J’attends une permission d’ici quelques jours.» « Le percepteur n’a pas le droit de retenir de l’argent.» (carte 163) Le 21 février « Ce matin, nous avons été réveillé par les gaz; il a fallu prendre les masques; au moment où j’écris, le canon tonne sans relâche. Cà va me retarder pour partir à moins que çà cesse bientôt.» (carte 164) L’évacuation des blessés gazés se poursuit sans relâche. Il fait part de ses réflexions sur les conditions de service Le 23 février « Depuis lundi, je conduis des poilus à la gare d’Amiens. Les gaz asphyxiants nous ont fait beaucoup de mal. Je reçois un ordre pour partir pour Amiens, 40 Km » (carte 165) Le 25 février « Hier, j’ai conduit des blessés, près de cette église (Moreuil) » « Dans notre métier, c’est très bon ou très mauvais. De ce moment, c’est très mauvais ; au danger, rouler jour et nuit. Il gèle très dur et la terre est couverte de neige. » « De ce moment, les permissions sont suspendues, dès qu’elles seront rétabli(es), je partirai » « Malgré que je souffre du froid, je suis en bonne santé. » (carte 166) Le 27 février « A côté de cette église (de Folleville), il reste sur un vieux château, une tour où je suis monté au sommet, là on découvre la campagne à 20 Km à la ronde » (carte 167) Le 3 mars A sa femme qui se plaint sur une lettre de la neige et du froid qui sévit aussi à Rou, il répond « Qu’est-ce que je vais dire, lorsque le matin, je trouve sur mon lit une couverture blanche de neige ? » (carte168) Le 8 mars « Je viens de recevoir une lettre de toi, datée du 2 mars et une du tonton Jaudoin. » « La note de Marchand est exacte ; je lui avait offert l’argent et il m’avait refusé ; tu peux le payer.» « Les permissions sont et seront suspendues, tant que le calme ne sera pas rétabli » « Pour la bataille de Verdun, c’est une victoire pour nous .»

26

« Les allemands voudraient des succès, pour arriver à faire leur 4 e emprunt, mais nous les attendons sur le front, c’est pourquoi, on donne pas de permission » (carte 169) Le 10 mars « Il fait toujours très froid, cette nuit, il est tombée de la neige ; je suis toujours en bonne santé » (carte 170) Le 13 mars « Je crois que les boches vont faire tuer le dernier de leurs hommes et la guerre sera terminée. » « Mais, il faut tenir, et ces pourquoi les permissions ne sont pas rétablies.» « J’aurais pourtant bien voulu me rendre, pour faire exécuter certains travaux, champs, vignes à labourer » « Nous avons perdu des hommes par les gazs, mais c’est peut-être notre bonheur, nous restons dans ce secteur. » (carte 171) Durant les mois de mars et d’avril, le soldat Razin poursuit son service de transport des blessés à dans des conditions climatiques très variables. Le 16 mars « Hier, j’ai fait le tour de Parmentier, de la statue. C’est agréable de voyager. Dans ce pays ( Montdidier), il y a de très belle route, hier soir, il faisait un beau clair de lune » (carte 172) Le 17 mars « Je suis en très bonne santé et je désire que ma carte (de Villers-Bretonneux) te trouve, ainsi que ma mère, de même » (carte 173) Le 24 mars « Aujourd’hui vendredi, 7h du matin, j’arrive de Méharicourt, où j’ai pris 4 blessés que j’ai conduit à Harbonnières ; j’ai voyagé par la neige ; c’était difficile de suivre la route et il faisait très froid » « Tu vois, tout n’est pas rose. Dans notre service, il faut marcher à n’importe quelle heure et par n’importe quel temps » carte 174) Le 26 mars « Jai reçu la demande pour ma permission ; mon lieutenant l’a signée, mais le serat-elle au divisionnaire ? » « Tu vas faire chauffer du lait pour ton rhume ; soignes toi, tu peux le faire.» « Malgré que le passe les nuits au froid et à la neige, je suis en très bonne santé » « Bonjour à ma mère et meilleure santé pour toi. » (carte 175) Le 13 avril « J’ai reçu ton papier ; depuis plusieurs » « Mon régiment où (est) mon courrier était au repos à Caix .Il a reçu l’ordre de partir cette nuit, pour Verdun. » « De ce moment, il fait beau de voyager la nuit, il fait très clair. » « J’attends toujours la permission, je voudrais bien passé 6 jours à la maison » (carte 176) Le 15 avril « Je viens d’apprendre que si les permissions viennent à être rétablies, je ne serais pas des premiers à partir, vu qu’il y a beaucoup de nouveaux à la section qu’il y a 7 ou 8 mois qu’ils n’ont pas eu de permission.» « J’attends toujours pour pouvoir aller à la maison, afin de diriger le travail ; je vais t’écrire ce qu’il faut faire. »

27

« Quand il fera beau, labourer les vignes (rechausser) ; pour la Pierre Couverte joignant Bailler, il y a moins de friche, tu pourras mettre des carottes et ailleurs des choux et des pommes de terre. » « Pour moi, je ne désire qu’une chose, je suis dans un secteur tranquille, c’est d’y rester ; tant pis pour la permission. » (carte 176 bis) Le 17 avril « Hier, jour des Rameaux, j’ai conduit des blessés à Amiens » « Il faisait très beau. Aujourd’hui, il pleut aussi ; si le temps est le même à Rou, attend pour faire labourer.» « Le blé, le beurre, le lait les légumes sec etc sont taxés ; mais, le bois de chauffage ne l’est pas. Aussi, je tiens que Landreau fasse les Cottrets. » « Je suis de service à l’auto, de 24 heures ; je rentre ce soir ; si j’ai des lettres, j’écrirai demain matin » « J’écris sur le volant » (carte 177). Le 23 avril Il adresse une carte d’Amiens, celle-ci porte le tampon Société de Secours aux Blessés Militaires – Amiens - Abri du Soldat « Je te souhaite ainsi qu’à ma mère, le bonjour et bonne santé » (carte 178) Durant les mois de mai et juin, les cartes envoyées se font plus rares. On peut cependant relever qu’à cette période, le temps est très pluvieux et la zone où il se trouve est tranquille. Le 8 mai « Ce matin, en me promenant, je suis allé voir un cultivateur qui sème des betteraves avec un cheval et un semoir, ‘ça va vite’ Ainsi pour semer la pièce des Avoineries, il faudrait une demi-journée avec Bayard et les rangs à 30 centimètres, l’un de l’autre. » « Ces graines ne seront pas longtemps à lever, il tombe de l’eau tous les jours » (carte 179 représentant le presbytère de Cappy). Le 9 juin Il se fait aussi photographier auprès d’une église, comme l’atteste la petite photo collée à la carte représentant un village détruit sur le front « Je t’envoie une vue d’un village de sur le front ; j’ai été pris près d’une église où je roule une cigarette. » « Rien à te dire, si ce n’est qu’il fait toujours très mauvais temps » (carte 180) DANS LES TRANCHÉES Début juillet 1916, Les combats ont repris dans la Somme, les troupes françaises progressent sur le terrain. Le soldat Razin, pour donner de ses nouvelles à sa femme, il va alors écrire sur des cartes trouvées dans les tranchées abandonnées par les allemands. C’est ainsi qu’il adresse à sa femme pendant les mois de juillet et d’août, cinq cartes allemandes et une carte de Pointe à Pitre, donnant des informations sur sa vie au front et son environnement. Le 6 juillet « Je suis installé dans une cagnas boche, figure-toi que dans la pièce des Armoireries, notre plus belle chambre soit dans la terre et que tous les environs, la 28

terre représente les vagues de la mer. Cette cagnas (ou salon), ont trouvent table, lace, buffet, etc.. C’est épatant, mais rien à se mettre sous la dent » « Nous progressons tous les jours, mais les villages ne sont plus qu’amas de terre, pierre et cendre ; c’est pourquoi notre bureau est dans le milieu dune plaine et en terre » « Figure-toi que dans cette plaine, il y a des territoriaux pour faire une route. Soudain, les boches envois un obus, ils se sauvent et se terrent comme des lapins, moi, je rigole de voir çà, et pourtant ce n’est pas rigolo ! » « Carte trouvée dans les tranchées boches. » (carte 181) Le 24 juillet « J’ai changé, je suis plus près des boches mais à 10 mètres en profondeur, tout boisé, une table, une belle pendule, une chaise et un lit; c’était autrefois occupé par un officier boche » « Je suis toujours en bonne santé et je désire que cette carte boche vous trouve de même. » (carte182) Le 26 juillet « Je t’envoie la forme d’un trou d’obus figure (I) et une sape construite par les boches que j’habite figure (II) » ; (carte 183, texte illustré de schémas) Le 4 août « Puisque le blé est coupé, c’est de le rentrer sous le hangar et vous serez tranquille.» « Pour le colis, je ne peux pas te dire, s’il est parti. Toutes ses affaires sont à 10 Km. J’en suis pas plus heureux pour changer, ainsi aujourd’hui je vais quitter mon linge, le laver et le reprendre. On est dévoré par les puces et les poux » (carte184) Le 8 août « Il est impossible que j’envoie des lettres, pas plus à ma mère qu’à Proust (son beau-frère), ni à tes parents, faute d’enveloppes ». « L’argent ne peut nous servir que pour allumer notre cigarette et encore, il faut avoir des allumettes. Je viens de recevoir par un camarade le reçu du colis que j’ai envoyé, tu vois un mois après. » « Tu trouveras une montre boche, elle marche mais il lui faudra une aiguille et un verre ; quand tu iras à Saumur, tu la feras mettre, le casque, j’ai encore la pointe ». « Tous les articles boches nous manquent pas, mais le vin, les allumettes, les bougies sont rares et c’est ce que nous avons besoin le plus » (carte 185) Le 10 août « Voilà trois jours, que nous ne recevons pas de courrier, heureusement, j’ai trouvé une enveloppe boche pour t’écrire ; j’avais bien fait une provision d’enveloppes, mais comme je loge dans la terre, l’humidité les a fait collé ensemble ; elles sont perdues. Aujourd’hui, il pleut, nous attendons toujours le repos » (carte 186) Le 12 août Il écrit sur cette carte allemande portant des timbres représentant l’empereur « Je suis en bonne santé » Adresse indiquée Etat Major A.D.3 Secteur 14 (carte 187)

29

PÉRIODE DE L’OISE ET L’AISNE LE REPOS DANS L’AISNE Le soldat Razin annonce à sa femme sur une carte allemande qu’il est en route vers le repos. Le 14 août 1916 « Je suis maintenant hors de danger, je suis en route vers le repos bien mérité. Aussitôt que les permissions seront rétablies, je suis le premier à partir. En attendant le plaisir de vous voir, je te souhaite ainsi qu’à ma mère, le bonjour et bonne santé » (carte 188) Le 16 août Il envoie une photo de quatre militaires (le soldat Razin avec trois camarades). Sur le revers de cette photo, il écrit « Nous ne recevons pas de lettre de ce moment, je ne peux répondre à tes lettres. » « Mais, ce qu’il y a de bon pour nous, c’est que nous nous dirigeons vers l’intérieur » (carte 189). Le 27 août « Je suis à Crépy-en-Valois, à la gare régulatrice; ma division est partie au repos, mais on ignore la destination; j’attends une solution » (carte 190). Le soldat Razin se rend à Paris, puis il rejoint sa division mise au repos. Le 28 août « Je trace ces mots, en prenant un bock, boulevard Sébastopol. Je prends le train à la gare de l’Est, à 12H13, pour rejoindre Troyes. » (carte de Paris 191). Le 30 août « Après quatre jours de voyage, j’ai rejoint ma division ; nous sommes au repos. Les officiers de l’Etat Major sont en permission, je prends mon service à la 48e batterie, 50e artillerie, secteur 14. » « La Roumanie a déclaré la guerre à l’Autriche et à l’Allemagne ; cela va nous faire du bien. » « Je suis en bonne santé et je désire que ma carte vous trouve, de même » (carte 192). Ce temps de repos se poursuit au mois de septembre. Le 18 septembre « On profite que nous sommes au repos, pour combler le vide ; parmi les hommes qui sont venus nous rejoindre, il y en a un de Saumur (Daburon), je l’ai fait couché à côté de moi, il doit aller prochainement en permission, il ira te rendre visite » (carte allemande, écrite sur du papier collé193) Le 24 septembre « J’ai donné ma gourde à Daburon ; tu la rempliras de vin rouge ; c’est pour remplacer la bouteille ; ne pas mettre dans le colis (carte allemande, écrite sur papier collé 194)

30

Le 6 octobre « J’ai reçu ton colis, poulet, beurre, chocolat noir. Comme je trouve çà bon ; dans le désert de St Suippé, il est impossible d’acheter du vin sans avoir une permission et le marchand le plus près est à 3 Km. Il pleut tous les jours » (carte allemande 195) Le soldat Razin explique à sa femme pourquoi il lui défend de souscrire à l’emprunt Le 7 octobre « Je te défends de souscrire à l’emprunt ou retire les 1300 francs que tu as à la Caisse d’Epargne ; là, tu es libre, mais, je ne te donne aucun conseil. Je suis patriote, mais je trouve que je participe pour une très grande part à la défense nationale, je suis toujours sur le front à souffrir ; que ceux qui sont à l’intérieur donnent leur argent » (carte allemande 196) Le 7 novembre « Je suis à St Déniscourt, à 3 Km de Mervillers ; je suis au repos, assez tranquille ; mais, dans ce pays, il n’y a ni épicerie, pas de marchand de vin, pas de tabac. Enfin, nous avons fait venir des pommes de terre, que nous mangeons en frites avec du cresson » (carte de Mervilers 197) Le 14 novembre « J’avais demandé un délai pour déclarer le vin, si nous avons tout le mois de novembre, attends le dernier jour. Je travaille pour avoir une permission » « En attendant, je te souhaite, ainsi qu’à ma mère, le bonjour et bonne santé » (carte 198) Le soldat Razin va enfin bénéficier de sa première permission en décembre 1916. Sa venue à Rou a été évoquée sur une carte de l’an du 11 janvier 1917(carte écrite par son beau- frère Proust à Léonie Razin)

ANNÉE 1917 PRES DU FRONT DANS L’OISE ET DANS L’AISNE Les premiers mois de l’année 1917, le soldat Razin se déplace dans la région de l’Oise et de l’Aisne. Il adresse à sa femme une carte représentant le village d’Eterfay, situé près de Montdidier, dans lequel il cantonne. Le 23 janvier 1917 « C’est à droite, sous les arbres que je prend du repos ; comme tu le vois, il n’y a pas de mur, pour nous garantir du froid, de la neige, de la pluie, du vent ; très souvent, le couteau nous échappe des mains qui sont gelées » « Enfin, si nous avons souffert pendant les mois de décembre et de janvier, nous avons espoir de beaux jours. A Eterfay, le vin se vend 1franc quatre vingt dix le litre, le fromage 1 franc cinquante etc » (carte 199) Les conditions climatiques sont très difficiles, en hiver dans cette région de l’Oise et de l’Aisne. 31

Le 5 février « Voilà trois semaines que la terre est couverte de neige, il fait très froid ; le pain, le vin, les pommes de terre sont gelées. Heureusement, j’ai plusieurs couvertures et je suis heureux que lorsque je suis enveloppé dedans ; inutile de dire que nous sommes exempts de feu, malgré cela. Je suis en bonne santé » (carte 200) Sur deux cartes allemandes représentant des personnages importants, il n’écrit que quelques phrases, sans donner de précision sur sa position. Le 24 mars « Souvenir du 17 au 24 mars » «Couché sur la terre, par la pluie et la neige, dans les plaines de l’Oise et de l’Aisne » (carte 201) Le 28 mars « Il fait toujours très froid, accompagné de pluie et de neige et cependant je suis sous la tente » « Enfin, j’ai espoir d’aller en permission, il fera peut-être beau » (carte 202). En avril, le soldat Razin séjourne dans un secteur de Bessons-le-Long, entre Compiègne et Soissons. Le 6 avril « La terre est couverte neige; je suis dans cette ferme qui se trouve entre Compiègne et Soissons.» « Avant la guerre, il y avait 60 chevaux et 80 bœufs de travail. Les chevaux peuvent boire en mangeant ; dans une crèche est installée une cuvette, le cheval n’a qu’à s’appuyer le nez dessus et l’eau vient; lors qu’il le retire, une soupape referme le conduit à eau. » « La contenance de cette ferme est de 600 hectares. La batteuse, le concasseur, le coupe racines sont actionnés par une dynamo; la maison ainsi que les servitudes sont éclairées par l’électricité » (carte 203 représentant la ferme en activité). Le 20 avril « Aujourd’hui 20 avril, je visite la ville ou les ruines de Soissons. Il est impossible de trouver du pain, mais nous nous sommes payés du vin à 8 fr le litre » (carte 204). Il donne quelques précisions concernant leur campement et leur mode de vie Le 22 avril « Souvenir du mois d’avril 1917.» « Camper dans la forêt et coucher sous la toile de tente par le froid, la neige et la pluie ; souvent être obligé de faire les cent pas pendant la nuit ; les effets étaient trop mouillés pour se coucher ; défense de faire du feu de crainte d’être vu de l’ennemi.» « Je trace ces mots sous la tente, le 22 avril 1917. Il fait très froid » (carte 205 représentant le château de la Folie à Braisne). Les conditions climatiques s’améliorent à la fin du mois d’avril. Le 25 avril « Le temps devient plus beau, ainsi nous assistons à des combats d’avions ; hier soir, un français a abattu 2 boches dont un est tombé en flamme » « Je suis en bonne santé désire que tu soi(s) ainsi que ta mère, de même » (carte 206 représentant la cathédrale de Soissons).

32

L’ATTENTE A CHERBOURG Le soldat Razin quitte la zone des Armées à la fin d’avril 1917 pour se rendre à Cherbourg. Le 30 avril, Paris 6h du matin « Je prends le train, gare St Lazare pour Cherbourg où se trouve le dépôt de mon régiment mais je dois rester là; je pense aller au Service Automobile. Je t’enverrai mon adresse dès que je la connaitrai ; j’enverrai une vue de Cherbourg » (carte 208) Le 1er mai Il indique sa nouvelle adresse 2 Artillerie Coloniale, 71 Batterie, Cherbourg « Je vais rester quelques jours, avant d’être envoyé dans une formation Automobile » « En attendant, je me promène, en fumant une cigarette, au bord de la Manche » « Comme, je dois partir à la fin de la semaine, il est impossible de m’écrire à cet endroit ; attend que je sois dans mon nouvel emploi ; aussitôt, je t’enverrai l’adresse » (carte 209) Le 3 mai « Je viens de casser la croute sur un rocher, voici le menu, pain, beurre, radis, j’ai payé le beurre 3fr 30 la livre, le cidre 0 fr 25. Après avoir tant souffert de froid de la neige, de la pluie, privé de beaucoup choses, je crois être au paradis » (carte 210) Le soldat Razin a adressé à sa femme une dizaine de cartes pendant les mois de mai et de juin ; elles représentent le port de Cherbourg et ses environs. Le 4 mai « Je devais rester que 4 jours, mais on me dit que je ne partirai pas avant le 10 ou 12 » « Les dernières nouvelles de Rou, c’est une carte datée du 24 avril. » « Je pars faire une collation sur le bord de la Manche ; j’aimerais aller en permission, mais il faut attendre » « Je suis très heureux et en bonne santé » (carte 211) Le 6 mai «Dimanche 6 mai, tempête sur la Manche. Cette carte représente la vue que j’ai de mon lit, sur la Manche. Hier soir. » « J’ai sorti prendre le café avec Cesbron de Rou, il est au Génie. Je suis toujours tranquille, peu de travail ; il n’y a que la permission que je désirerais » (carte 213) Le 21 mai « A un capitaine; je vais profiter d’avoir, en ma possession, la lettre de monsieur Etienne » « Prépare les vignes de façon, que je puisse passer soit la charrue ou la houe. » « Cesbron m’avait parlé, hier, de la chasse aux sangliers et que Martial Landreau été (était) tué » « Tu peux attendre quelques jours, avant de m’écrire. » (carte 214) Le 4 juin « Jai fait bon voyage » adresse 2éme Art Coloniale, 91éme Batterie (carte 215) Le 6 juin « J’ai déposé ma demande de permission agricole sur le bureau ; sera t elle accordée ? Impossible de savoir. » 33

« On dit que je dois aller à l’automobile le 10 juin, c’est toujours la même chanson. » « Enfin, tu n’est pas en retard pour les travaux . J’espère que tu as hersé la Pierre Couverte et , si tu eu une journalière 4 jours, cette semaine, que le sainfoin est en tas ; songe aux vignes. » (carte 216) Le 8 juin « Pour la valeur de la paille que j’ai laissé, je te défends de la porter à Saumur. Si tu fais cadeau de la tienne, qu’il me reste cella (celle-là) . Les gros font comme tu as fait. » « Je suis toujours à Cherbourg, en bonne santé » (carte 217) Le 10 juin « Aujourd’hui, je suis en écriture, j’ai envoyé des cartes à Eugénie Proust, Auguste Chazal … » « Je suis toujours avec mes neuf camarades, et on se demande toujours ce qu’ils vont faire de nous » « Je suis content que vous ayez hersé la Pierre Couverte, il restera de la cordelle, mais cela n’empêche pas de planter des choux ; en mettant les rangs plus loin, on pourra passer la houe » « Si la machine était arrivée, j’irais la faire marcher. Serait-ce qu’une permission de 48 heures. » (carte 218) Le 12 juin « Je crois que ton cousin m’avait marquer sur une lettre, de lui donner le résultat de ma permission ; je t’envoie le brouillon de la lettre que je lui ai adressé. Tu vois que je fait le possible pour aller t’aider. » « Je comprends que tu as du travail, mais fais ton possible pour avoir une journalière. » (carte 219) Le 17 juin, dimanche 5 heures du matin « Il fait très beau temps, aussi j’espère aller mettre les pattons à la mer. » « Si c’est de même à Rou, ce sera facile à sécher le foin. » (carte 220) Le 20 juin « Je suis toujours à Cherbourg, où je vais tous les jours griller une cigarette sur le bord de la Manche ; je ne fais rien, mais impossible d’obtenir de permission agricole ; j’espère pourtant en parler au capitaine tout à l’heure ; car Je veux savoir, si l’on accepte ou l’on refuse ma demande, afin de prouver que j’ai passé deux mois au repos et que l’on m’a refusé une permission agricole. » (carte 221). Son séjour en Normandie se prolonge au mois de juillet. Le 25 juillet « Je suis arrivé à Pontarsen, mais je dois repartir dimanche pour Orléans. Tu vas faire faire un certificat agricole au nom E Razin, Automobiliste actuellement au camps des Tourelles Orléans, puis l’envoyer le plus tôt possible, en me donnant de tes nouvelles ainsi que de la maison » « Mettre le tout dans une enveloppe où tu mettras envoi de madame Razin de RouMarson à monsieur Razin , camp des Tourelles, Orléans. Placer cette lettre, dans une autre enveloppe à l’adresse de Monsieur Letourneur, Planton camp des Tourelles Orléans. Donc ce sera une avance, je n’aurai qu’à aller trouver monsieur Letourneur qui me remettra ma lettre, quelle combine. » « On m’assure que j’obtiendrais 20 jours, en arrivant à Orléans. » « Je vais profiter de mes trois jours pour aller au Mont St Michel situè à 8 Km de l’abbaye de Pontersen » (carte 222) 34

Le 27 juillet « Aujourd’hui, j’ai visité l’abbaye du Mont St Michel ;Il a fallu cent ans pour la construire, sous la direction des moines. J’ai visité l’église qui se trouve au sommet » (carte 223). Par la suite, il adressera à sa femme, plusieurs cartes représentant ce haut lieu du Mont St Michel (cartes 224 - 227) Le 29 juillet « Notre voyage est reculé pour partir mardi matin à Orléans. Il fait très chaud, enfin c’est un beau temps pour les foins et la moisson. Je voudrais être arrivé à Orléans pour avoir de tes nouvelles et savoir si je vais obtenir une permission » (carte 224) Le 30 juillet « Hier, j’ai (suis) retourné voir le Mont St Michel ; je n’avais pas visité le manoir, ce qui est le plus intéressant » « Malgré mes promenades, j’emploie tous les moyens pour obtenir une permission, j’ai écrit et je t’envoie la réponse du colonel Rouch ; elle m’a été refusée. » (carte 225)

L’INSTRUCTION AUTOMOBILISTE A ORLEANS Le soldat Razin arrive le 1er août au camp des Tourelles - Parc des AutomobilesInstruction Orléans er

Le 1 août 1917 « Je suis rentré ce matin à Orléans. De ce moment, je cours de bureau en bureau ; impossible de dire, si j’obtiendrais une permission. J’ai reçu le certificat agricole avec la lettre dont tu m’écrits que tu tiens la clef de la machine. » (carte 226 photo de la promotion) Le 2 août « Très difficile d’obtenir une permission agricole, cette carte représente ma promotion » « Il faut essayer autrement, si la machine est arrivée ; c’est de demander un certificat ; comme je possède un matériel à battre, soit à monsieur Perreau ou à Girard, comme (pour) Joseph Beilloin. Dire que ce matériel, c’est moi qui le fais fonctionner.» « On ne me refuse pas une permission, mais il faut apprendre la théorie, cela peut demander 15 jours ou un mois. Le blé a le temps de pourrir ; il pleut tous les jours » (carte 227) Le soldat Razin va expliquer, sur la carte suivante, comment il suit la théorie. Le 5 août « Aujourd’hui dimanche, 6 heures du matin, je vais prendre ma théorie et aller l’étudier sur le bord de la Loire, ce que je fais tous les soirs de 6 à 9 heures. Ce n’est pas pour être instructeur, mais je travaille pour obtenir une permission « (carte 228) Le 9 août «Je n’ai pas le droit à une permission ; il n’y a pas de permission de 48 heures ; je vais essayer une permission de 24 heures, mais ce n’est pas certain. Ainsi sur 100 demandes,30 l’obtiennent ; on inscrit son nom et on tire au sort. » 35

« Les maires ont droit de faire rendre 2 hommes par commune comme entreprise de battage » (carte 229) Comme il l’a déjà fait dans des courriers précédents ne pouvant pas venir à Rou, il donne des conseils à sa femme concernant la machine. Le 10 août « Impossible d’obtenir une permission de 24 heures, il faut que mes études soient terminées. » « Il faut que la batteuse soit bien à l’abri, mais pour le manège, tu peux le laisser dans la cour, tu n’as qu’à lire sur le modèle, que l’on a envoyé, qu’on conseille. » « Je te conseille de faire travailler la Pierre Couverte. » (carte 230). VERSAILLES Le soldat Razin attend sa nouvelle affectation. Elle est à Versailles. Le 24 août 1917 « Je suis à Versailles, j’ai passé la première nuit dans une église, en compagnie de Garnier de Mégné ; je n’avais pas encore couché dans une église. » « Maintenant, je suis versé aux voitures légères ; ce qui m’exempte d’aller à Salonique. Je vais essayer d’avoir une permission » (carte 231). =Il suit les travaux agricoles grâce aux lettres écrites par sa femme Le 29 août « Je suis content d’apprendre que les gerbes sont rentrées car il pleut depuis deux jours. Pour la machine, les manivelles étaient pleines de menues pailles, il fallait les nettoyer et les graisser, tourner les graisseurs. J’attends pour savoir si ma permission va être acceptée ou refusée » (carte 232) Le 31 août « Hier, j’ai été à Paris, je me suis occupé pour une scie (de chercher), il est impossible de s’en procurer, tout est réquisitionné pour l’armée; je me suis adressé à une fabrique, l’on m’a fait voir une affiche défense de vendre aux civils ou qu’il présente un certificat comme il travaille dans l’armée ; je vais attendre, après la guerre, cela se revendra à bas prix » « J’attends toujours la réponse, pour ma permission » (carte 233)

SERVICE AUTOMOBILISTE Le soldat Razin a reçu sa nouvelle affectation, comme automobiliste, à la section de réserve de touristes. Le 1er octobre « Je suis maintenant à la T M 801, section de réserve de Touristes » « Je pilote tous les jours des voitures neuves et de vitesse ; je vais rester encore quelques temps à Versailles » « Il fait toujours un temps sec, je pense que Massé est sorti des prés ? ; j’ai revu Gasnier qui est toujours à Versailles. » (carte 234)

36

EN ZONE LIBEREE Le 15 octobre « Je pars demain matin avec une belle voiture neuve, 6 places, conduire un officier que je viens de voir à l’instant, il m’a fait l’impression d’un brave homme » « Tu vois, si j’ai travaillé à Orléans et que j’ai eu la note très bien, que cela me sert. Je ne serai pas en danger, c’est un service spécial relatif à la remise en état des régions reconquises ; je dois être cantonné à Villers-Cotterets, près de Compiègne » « Inutile de te dire que je n’ai qu’à conduire l’officier et entretenir ma voiture. » (235). Le 17 octobre « J’ai fait bon voyage, mais je vais être plusieurs jours sans recevoir de vos nouvelles, je change de ville tous les jours. » « Enfin, c’est agréable, il fait beau et j’ai un très bon chef ; la voiture roule très bien » (carte 236 représentant Meaux); Le 19 octobre « Hier, j’ai été à Soissons, aujourd’hui mercredi, je pars pour Compiègne » (carte 237 représentant Villers-Cotterets) . HAM Le soldat Razin est affecté à la sous-préfecture de Ham (Somme), ville qui a subi des bombardements. Le 26 octobre « Je suis toujours sans nouvelles ; mes chefs sont dans le même cas. Aussi, il faudra adresser les lettres E. Razin T M-118 Sous-Préfecture Ham Somme » « Le service que commande mon officier est sous les ordres du sous-préfet » (carte 238) Il fournit quelques précisions concernant ses conditions de vie dans la Somme. Le 1 novembre « J’ai reçu tes lettres du 15, 18, 22, 26 octobre. J’apprends que nous avons trois barriques de vin. J’avais bien fait de semer mon avoine ; pour le blé, il n’y a qu’à labourer, semer et herser et pourvu que ce soit en novembre » « Pour ma permission, ce sera quand mon officier prendra la sienne, de façon que nous soyons ensemble. » « Tu as raison de faire ta corvée de fumier.» « Je suis très très bien avec mon chef. Je lui fais tout son boulo. Quand nous allons loin, il lui arrive, qu’il me paie le dîner à l’hôtel ; il est content de moi et content de la voiture ; elle fait 80 Km à l’heure ; j’ai même la figure enflée par suite de vitesse. » « Enfin, je peux tenir, assez bien nourri, je me couche sur une paillasse que j’ai dans ma petite chambre, près de ma voiture. Je ne manque de rien à Ham, les magasins sont garnis » (carte 239) Le 6 novembre « J’écris cette carte sur mon volant et au pied de cette cathédrale (Noyon) » « Il fait beau et si le temps est le même à Rou, tu n’auras pas froid à garder ton troupeau. » (carte 240) Le 9 novembre « Je roule beaucoup, j’arrive le soir très tard quelquefois à 7heures ou 8 heures et même à minuit » 37

« Enfin, je suis tout de même plus heureux qu’au mois de mars 1917, où j’ai couché près de Ham, dans la boue.» (carte 241) Adresse donnée Inspection permanente , Services Automobiles de la région de l’Est TM-118 S.R.R.E Sous-Préfecture de Ham, Somme Le soldat Razin est amené à donner des conseils à sa femme, au sujet de son argent à placer. Le 14 novembre « Si j’ai écrit de mettre ton argent au troisième emprunt, c’est qu’elle rapporte plus que les bons et tu peux les vendre quand tu veux. Je ne te conseille rien » « Pour la maison, je n’en suis pas partisan, c’est beaucoup d’argent et au lieu de donner des rentes, ce sera beaucoup de dépenses, beaucoup d’impôts et du moment que achète des maisons, on t’enlèveras ton allocation. Je suis toujours partisan des vaches ; c’est la plus grande fortune, et pour l’engrais, lorsque je rentrerai, au lieu de payer 47 francs les 100 kg. » « Enfin, je n’ai pas le temps de répondre à tes châteaux en Espagne » (carte 242) Le 18 novembre « Je t’’écris près d’une église en ruines (de Roye). » « Je suis venu avec un sous-officier de notre section qui avait l’autorisation de venir voir sa maison ou l’emplacement, car il ne reste plus que des pierres, des morceaux de fer et de bois. Sa maison était comme l’ancienne poste de Saumur et aussi bien placée sur la place de Roye « (carte 243). Le 25 novembre « Je viens de recevoir ta lettre de mercredi et je vois que tu vas m’écouter ; je suis partisan à 6 mois » « Que tu as de la chance de payer un homme 3 francs, pendant que par ailleurs, il se paie 10 et 15 francs ; on m’offre 20 francs par jour, pour mes dix jours de permission » (carte 244). Le 29 novembre « Je suis toujours très content de mon chef, ainsi nous sommes allés à la foire en Tardénois, nous avons dîné côte à côte, dans un grand hôtel. » « Il m’a dit qu’il m’enverra en permission de dix jours de façon à passer Noël et le jour de l’an, chez moi » (carte 245) En décembre, les conditions climatiques se dégradent dans le nord. Il peut suivre les travaux agricoles effectués à Rou. Le 2 décembre « Je suis content d’apprendre que les trois champs de blés sont labourés et peuvent être semés » « Pour l’Ouch, il faudra le fumer, avant de le labourer mais si Massé en à labourer pour lui, qu’il continue pendant que les chevaux sont habitués » « Il se pourrait que je parte en permission d’ici quinze jours » (carte 246). Le 9 décembre « Les gelées sont passées, le temps est couvert et il n’y a plus de lune, aussi nous n’avons plus la visite des boches » « Je peux partir vers le milieu du mois en permission, pour vous voir et votre travail et pour en faire » (carte 247) En effet sa permission a été établie pour la fin du mois de décembre.

38

Le 12 décembre « Je vais partir prochainement. De ce moment, il fait très beau, je voudrais bien en profiter » (carte 248, tamponnée cinq fois Service Automobile, service matériel n° 118).

ANNÉE 1918 Les cartes se font plus rares cette dernière année de guerre 1918 Le soldat Razin est de retour à Ham avant la fin de l’année 1917 et il adresse ses vœux de bonne et heureuse année à sa femme et à sa mère sur une carte représentant les ponts sautés sur le canal à Ham. Le 1er janvier 1918 « Je te souhaite ainsi qu’à ma mère, une bonne et heureuse année. » « Aujourd’hui, j’ai installé un poêle dans ma chambre. J’écris cette carte sur une table, que j’ai construite ; mon mobilier est au complet « (carte 250) Aucune carte concernant les mois de janvier et février, n’a été retrouvée dans l’album ; le soldat Razin a certainement envoyé des lettres qui n’ont pas été conservées. En mars, il a adressé à sa femme un ensemble de cartes. Le 10 mars « J’ai parlé pour partir en permission le 1er avril, on va soumettre cette demande au chef de groupe à Villers-Cotteret» (carte 251) Sur les cartes suivantes écrites pendant le mois de mars, il donne des conseils à sa femme. Le13 mars « Puisqu’il fait un temps sec, il faudra laisser Bayard (son cheval) le plus possible dans la cour » « Pour trouver une servante, nous verrons quand je rendrai » « En attendant, je te conseille de te soigner et de prendre Marie Calmet, pour ton ménage. » (carte 252) Le 17 mars « Je pense partir en permission les premiers jours d’avril, ce sera toujours avant le 15. » « Il faut laisser Bayard, le plus possible dans la cour, de façon que je puisse l’atteler le premier jour. J’espère mettre du seigle aux Rius » (carte 253) Le 20 mars, à 6 heures du matin « Tu as bien fait d’avoir fait semer, car il pleut depuis deux jours ; çà va lever de suite. Maintenant, je sémerai le reste au mois d’avril » « Je me presse, je pars pour Amiens. » (carte 254) VILLERS-COTTERETS Il est de retour à Villers-Cotterets à la fin mars ; il continue de circuler en voiture. Le 24 mars « Je suis en très bonne santé et désire que tu sois, ainsi que ma mère, de même » adresse donnée E Razin TM-118, groupe Duheim, Villers-Cotterets (carte 255) 39

Le 25 mars « Je serai plusieurs jours sans recevoir de lettres, enfin, pense bien aller en permission, dans les premiers jours d’avril » (carte 256) Le 28 mars « Je suis toujours sans nouvelles et mes camarades sont dans le même cas. » « Les permissions sont suspendues, cela va me retarder ; mes camarades ont eu raison de leurs permissions agricoles ; ils y sont en ce moment. « » « En attendant les événements, je suis en bonne santé, ce que je vous souhaite » (carte 257) Le 31 mars « Je suis rentré aujourd’hui, à midi, à Villers-Cotterets, fatigué. Voilà deux nuits, que je me repose que quelques heures, dans ma voiture. » « Hier, il a plu toute la journée ; s’il fait de même à Rou, il ne faut pas toucher à la terre. » « Il est deux heures, je vais déjeuner. » (carte 258)

REPLI VERS L’INTÉRIEUR Le soldat Razin a quitté Villers-Cotterets et se dirige vers l’intérieur en direction de l’est. CROUY SUR OURCQ

Le 16 avril « Je suis maintenant à Crouy-sur-Ourcq à 8 Km de Meaux . comme tu vois, je fonce vers l’intérieur. Je ne resterai pas dans ce pays, mais je peux y faire une purge de quinze jours » Nouvelle adresse TM-118 Crouy-sur-Ourcq, Seine et Marne (carte 259 représentant le château de Crouy). En juin, le soldat Razin est avec son chez chef, il se trouve dans la région de Château-Thierry CHATEAU-THIERRY

Le 4 juin Il donne de ses nouvelles « Les boches vont encore nous chassés vers l’intérieur, ils sont près de ChâteauThierry. » « Je pense aller dans le département de l’Yonne ; on dit à St Florentin. » « C’est embêtant de quitter le château que l’officier avait loué ; j’avais pourtant fait de jolis massifs ; mais voilà, les boches viennent bombarder toutes les nuits ; si bien qu’on a un tué et deux blessés de notre section. Le départ peut demander 6 à 8 jours » (260) Au mois juillet, il va s’installer, avec son chef officier, dans l’Yonne, à St Florentin SAINT FLORENTIN

Le 15 juillet « La croix qu’est sur la carte indique le jardin qui est devant la maison qu’il (le chef) a louée où nous habitons » 40

A propos d’un chien trouvé « Je viens de dire à mon chef que le chien a fait noyer la pire pintade ; il a dit c’est un signe qu’il est intelligent, s’il fait des tours de même. Je lui ai demandé s’il fallait le garder, il m’a répondu que oui, que je le ramènerais au mois d’août » « Il fait très chaud, quelle terrible année » Il est amené à répondre à sa femme et à sa mère en fonction de ce qu’elles lui ont écrit « Tu me parles toujours de tes vaches, tu ne pourrais donc pas les mettre au marais » « Comprenez vous enfin que la guerre finira que par la ruine » (carte 261) Aucune carte de la période septembre à décembre n’a été retrouvée dans l’album. Il se peut qu’il ait écrit des lettres qui auraient disparu. Selon les souvenirs de jeunesse rapportés par ses deux nièces, bien plus tard, au cours des réunions de famille , l’oncle Razin a ramené le chien chez lui, lors d’une permission (en août), puis, il a poursuivi son service de chauffeur d’ officier, jusqu’à à la fin de la guerre, dans l’est de la France.

ANNÉE 1919 Deux cartes attestent que le soldat Razin était encore mobilisé en janvier 1919, dans le département de l’Yonne Le 2 janvier 1919 Il a adressé ses vœux de bonheur à sa femme et à sa mère, pour l’année 1919, en ces termes « Voilà l’année 1919 qui commence l’année de la libération » « Je t’envoie, ainsi qu’à ma mère, tous mes vœux de bonheur. » « Je vous embrasse de loin » (carte 262) Le 9 janvier Sur une carte représentant les environs de St Florentin, il donne quelques informations ; il se trouve alors avec des camarades du cantonnement de St Florentin « Hier, il a fait beau, mais aujourd’hui, il pleut » « Un de mes camarades avait expédié un colis à sa femme, vers le milieu de décembre ; il m’a dit qu’il est pas encore arrivé. Prends patience, pour celui que j’ai expédié le 2 janvier » (carte 263)

41