Éducation inclusive et de qualité pour tous en Francophonie : Défis, priorités et perspectives pour l’après 2015
Exposé de cadrage Thème 3
Financement durable des systèmes éducatifs des pays membres de la CONFEMEN pour plus d’efficience et un meilleur coût-efficacité Réunion-débat, Dakar, 17-19 mars 2014
Serge Peano
Les défis structurels
Les enjeux
- démographie - base fiscale
- restaurer la qualité - accroitre la scolarisation
Acteurs et problématiques - dépense des parents et politiques de gratuité - écoles privées et conditions des écoles publiques - aide extérieure : incertitudes et inégalités - gestion : la question centrale des enseignants
Perspectives -
le niveau des financements publics des enseignants formés et bien encadrés gestion et allocation des ressources des priorités explicitées
Premier défi : la démographie…
les moins de 15 ans représentent plus de 40% de la population dans la plupart des pays d’Afrique, alors qu’ils constituent moins du quart dans les pays les plus développés
…qui pèse différemment sur le financement des systèmes éducatifs… Population
Taux annuel de croissance
Rapport de dépendance 0-14
Afrique Centrale
132,1
2,9%
88
Afrique de l’Est
361,6
2,8%
85
Afrique de l’Ouest
322,3
2,7%
82
Afrique du Nord
205,9
1,7%
50
Afrique Australe
59,9
1,3%
48
Asie de l’Ouest
241,0
2,4%
48
Asie du Sud-Est
611,5
1,2%
42
Caraïbes
41,2
0,7%
41
Amérique du Nord
352,5
0,9%
29
Europe de l’Ouest
193,5
0,2%
24
Europe de l’Est
294,9
-0,1%
21
7 078,3
1,2%
41
Région
Monde
100 adultes « actifs » ont la charge économique de 88 enfants de moins de 15 ans en Afrique Centrale, contre 21 en Europe de l’Est
…avec une évolution lente et un effet à très long terme 100
Afrique Subsaharienne Afrique du Nord
80 Asie du Sud et Centrale
60
40
Asie de l'Ouest
Amérique Latine & Caraïbes Asie du Sud-Est MONDE
20
Amérique du Nord Asie de l'Est
0
Europe
Deuxième défi : la base fiscale…
…qui limite la capacité de financement des États
La dépense publique d’éducation 20,00%
en % de la dépense publique
15,00% 10,00%
et un plus grand effort pour l’éducation ne permet pas de compenser la faiblesse des bases fiscales
5,00% 0,00%
en % du PIB 6,00% 4,00% 2,00% 0,00%
2010
des ajustements qui ont compromis la qualité du service d’éducation Espérance de scolarisation 7,4
Elèves par enseignant dans le primaire 63
Taux d’ achèvement du primaire 35 %
Burkina Faso
7,2
53
58 %
Djibouti
6,4
35
52 %
Bénin
11,0
44
70 %
Cameroun
10,4
45
69 %
Afrique Subsaharienne
9,3
43
70 %
États Arabes
11,2
22
85 %
RDP Lao
10,3
27
90 %
Amérique Latine & Caraïbes
13,8
21
102 %
Europe/Ouest & Amérique/Nord
16,6
14
101 %
7 078,3
1,2%
41
Pays Tchad
Monde
Durée de scolarisation et niveau de dépense d’éducation Dépense publique d'éducation en % du PIB 10,0% Sao Tomé E Principe
9,0%
Une durée longue de scolarisation nécessite maitrise de la démographie et un bon niveau de dépense
Djibouti 8,0% Union des Comores
7,0% Congo Tunisie France Belgique Burundi Guinée-Bissau Maroc Canada Bénin Vanuatu Suisse Mali Rwanda Monde Cap-Vert Luxembourg Niger Togo Afrique Subsaharienne Roumanie Égypte Bulgarie Mauritanie RDP Lao Macédoine Cameroun Guinée Burkina Faso Madagascar Seychelles Cambodge Tchad RD Congo Liban Sénégal
6,0% 5,0% 4,0% 3,0% 2,0% 1,0%
Centrafrique
0,0% 0,0
2,0
4,0
6,0
8,0
10,0
12,0
14,0
Espérance de scolarisation(nombre d'années d'études du primaire au supérieur)
16,0
18,0
L’enjeu de l’allongement des scolarités
Généraliser l’accès au 1er cycle secondaire suppose de que tous les enfants finissent le cycle primaire et décident de poursuivre dans le secondaire
Pays
Taux survie fin primaire
Taux de transition vers le 1er cycle
Taux d’accès en 1ère année 1er cycle
Niger
69% 2010
64 %
36 %
Tchad
38 %
87 %
38 %
Rwanda
36 %
79 %
38 % 2012
Mauritanie
81 % 2008
58 %
41 % 2012
Congo
70 % 2007
76 %
56 % 2010
Sénégal
61 %
93 %
61 %
Cambodge
66 %
81 %
75 %
Égypte
99 % 2010
94 % 2003
98 % 2009
Seychelles Bulgarie
94 % 2010 97 % 2010
97 % 2010 99 % 2010
101 % 100 %
7 078,3
1,2%
41
Monde
L’enjeu de l’allongement des scolarités Aspect logistique de la réalisation de l’objectif de quasi universalisation du premier cycle secondaire Assez Facile
Assez Facile
Aspect logistique de la réalisation de l’objectif de maintien Assez difficile du taux de transition du primaire au secondaire Très difficile
Ghana, Lesotho République du Congo, Togo, Zimbabwe
Assez difficile
Très difficile
Cameroun, Côte d’Ivoire, Nigéria, Zambie
Malawi
Bénin, Erythrée, Gambie, RD Congo
Ethiopie, Guinée, Rwanda, Sénégal, Sierra Leone, Tanzanie Burkina Faso, Burundi, Guinée Bissau, Madagascar, Mali, Mauritanie, Mozambique, Niger, Ouganda, Centrafrique, Tchad
Les dépenses des parents pour l’éducation Paiements aux écoles Contributions, cotisations APE, parfois rémunérations d’enseignants Frais de scolarité, public ou privé Repas scolaires
Achats directs Uniformes Livres et fournitures
Transport Leçons particulières
Kenya 2010: les ménages financent 34% de la dépense d’éducation
Dépense des parents : un levier pour développer les scolarités L’éducation: une part parfois non négligeable des dépenses des ménages
En abaissant la charge restant aux familles les États peuvent encourager la scolarisation des enfants des milieux les plus modestes. Les politiques de gratuité scolaire sont une composante des politiques de généralisation de l’éducation de base
Dépense des familles en moyenne par élève, selon l’établissement fréquenté, US $ PPA
Les politiques de gratuité scolaire dans l’enseignement de base Quelle gratuité ? ► Les paiements aux écoles /APE ► les manuels scolaires ► d’autres coûts liés à l’éducation
Gratuité pour tous ou ciblée ? Remplacer le financement des parents ► compensation par un financement public ► préserver l’implication des parents et des communautés
Faire face à l’afflux des élèves dans les écoles
Le développement écoles privées…
un acteur historique au réseau ancien des écoles des organisations religieuses, se sont ajoutées des écoles à vocation commerciale, et d’autres communautaires
une grande diversité -
Laïc/confessionnel Complément ou concurrent du public Rural/urbain Communautaire/individuel Non lucratif/commercial Chères/faibles coûts de fonctionnement
Évolution du pourcentage des effectifs du primaire scolarisés dans des écoles privées, année proche de 1990 et 2012 50 40 30 20 10
0
vers 1990
vers 2012
…est aussi un signe des mauvaises conditions des écoles publiques La demande des familles recherchent le meilleur investissement éducatif pour leurs enfants raisons religieuses ou familiales, discipline, meilleur encadrement, langue d’enseignement acceptent de payer plus pour une éducation de qualité répondant à leurs attentes. Dans beaucoup de pays, la classe moyenne urbaine se détourne des écoles publiques pour des raisons d’effectifs surchargés, de discipline et de laisser-aller
La réponse : un marché segmenté le marché des services éducatifs s’est naturellement segmenté pour s’adapter à la demande diversifiée des familles, avec des réponses stratifiées selon le niveau des frais solaires demandés ou selon des critères communautaristes. Risque d’un réseau public centré sur les ruraux et les populations modestes
L’aide extérieure: incertitudes et inégalités En millions US$ constants (2011) 15 000
30,0% 13 387 11 959
12 500 10 000
8 580
8 343
10,5%
11,5%
14 474
25,0%
APD pour l'Education millions US$ constants
20,0%
7 500
15,0%
5 000 2 500 0
9,4%
8,7%
7,3%
10,0% 5,0%
% de l'aide publique au développement
0,0%
La crise financière, notamment dans la zone Euro, ont pu arrêter la tendance positive de la dernière décennie et rendent difficile une anticipation en hausse des décaissements futurs
l’aide publique en faveur de l’éducation a représenté en 2008, 14$ par habitant en Afrique subsaharienne, 5 à 7$ en Asie, et 20$ dans les pays arabes Pour les pays africains, une variation de 2$ à 167$ par habitant et l’absence de lien avec la richesse du pays ou les niveaux de scolarisation
Gestion de l’aide Des progrès mitigés rapport de l’OCDE sur l’efficacité de l’aide et le suivi de la déclaration de Paris (2011): des progrès réels mais en deçà des objectifs. - pays avec stratégie nationale multiplié par 3 - disponibilité des statistiques & indicateurs suivi - systèmes de gestion des finances publiques - donateurs utilisent un peu plus les syst nationaux Des points noirs subsistent - sur la prévisibilité de l’aide - transcription dans docs comptables nationaux.
L’enseignement de base reçoit une part moindre que les enseignements postsecondaires
le secteur de l’éducation : - stratégies et plans de développement, grâce notamment à EPT et financements PME - coordination à travers les Groupes Locaux mais toujours éparpillement des initiatives et vision exhaustive de l’aide difficile
Gestion: la question centrale des enseignants Statut, recrutement, formation, salaires Les politiques menées ces dernières décennies ont été plus guidées par le souci de limiter rapidement et durablement les coûts et la masse salariale que par la préoccupation d’efficacité du service rendu coexistence de statuts de fonctionnaires, contractuels et maîtres communautaires alimentant des revendications égalitaires
Absentéisme
Affectation
- de 1,4 jour à une semaine par mois. - Image négative de l’école publique Raisons: santé, famille, grèves, percevoir son salaire, activités complémentaires, poursuites d’études, éloignement du domicile et aussi manque de motivation semble moins fort chez les enseignants contractuels et maîtres communautaires provenant de l’environnement de l’école
Une répartition sur le territoire et entre les écoles peu rigoureuse et insuffisamment liée aux effectifs des élèves accueillis
Encadrement pédagogique et administratif au cœur de la problématique de l’efficacité de l’utilisation des ressources publiques - moyens limités des services d’inspection, présence insuffisante - responsabilisation des Directeurs d’écoles et des inspecteurs, sanction,
Enseignants : La question salariale Les statuts et la rémunération des enseignants sont potentiellement porteurs de conséquences financières lourdes. Un marché de l’emploi des diplômés favorable avec l’existence d’un grand nombre de jeunes diplômés en recherche d’emploi a pu faciliter la mise en œuvre des politiques passées et peser sur le niveau moyen de rémunération.
Elèves/enseignant
Des arbitrages variables entre coût par élève, salaire moyen et encadrement
100
Dépense par élève 10% PIB par habitant
80
Congo
Ethiopie
70
Tchad Cameroun Sierra Leone Rwanda Malawi Madagascar Zambie Mozambique Ouganda Nigeria Bénin Sénégal Moyenne Mauritanie Tanzanie Lesotho Côte d’Ivoire, Erythrée
60 Guinée
50 40
Guinée Bissau RD Congo Soudan
Zimbabwe Gambie Ghana
30 1
2
3
4
5
Mali
Burkina Faso Burundi
Niger Kenya Togo
6
Salaire moyen en multiple du PIB par habitant
7
8
Perspectives : pour un bon niveau de financement public Avec 6% de la richesse nationale consacrée à l’éducation, les pays développés peuvent offrir à leurs jeunes un peu plus de 16 années de scolarisation dans de bonnes conditions
Avec 3 fois plus de jeunes à éduquer, les financements publics doivent être beaucoup plus élevé que 4 à 5% du PIB - pour pouvoir accroître le nombre d’années d’études - et retrouver un niveau de qualité perdu au cours des dernières décennies de massification de l’enseignement primaire.
L’exemple des pays d’Afrique Australe : jusqu’à 8% en Namibie et 13% au Lesotho En Afrique de l’Est, la Tanzanie et le Kenya dépassent 6% au Kenya l’effort éducatif représente 7% du PIB en dépense publique, 12% en ajoutant les dépenses privées Parmi les pays de la CONFEMEN, seuls le Congo, le Burundi et l’Union des Comores dépassent le seuil de 6%
Dans les pays où les budgets de l’éducation représentent sensiblement moins de 20% des dépenses publiques totales, une priorité marquée pour l’éducation pourrait déjà permettre un accroissement substantiel des moyens
Perspectives : des enseignants formés et bien encadrés Les enseignants ne peuvent pas être regardés seulement comme un coût ; l’efficacité de leur travail conditionne la bonne utilisation de l’argent public Les politiques éducatives doivent considérer leurs statuts et rémunérations, mais aussi leur motivation, leur développement professionnel et leurs conditions de travail qui sont autant de sujets sensibles. la baisse tendancielle dans certains pays a abouti à un coût salarial moyen qui n’est plus très éloigné du niveau de 3,5 fois le PIB par tête du cadre indicatif de l’IMOA Cette baisse moyenne a été obtenue par le recrutement sur des statuts moins coûteux, entraînant des inégalités. Les États seront conduits à considérer un rapprochement des situations salariales. En revanche, la situation des marchés de l’emploi devrait continuer à être favorable La motivation salariale n’est pas l’unique option pour une pratique engagée et efficace: encadrement et supervision des écoles et des enseignants, conditions matérielles
Enseigner: un métier nécessitant des professionnels niveau de recrutement et durée de formation peuvent être reliés aux bénéfices d’un recrutement local (présence et insertion dans la communauté) Un niveau élevé de recrutement favorise les recrutements dans les milieux urbains plus favorisés, avec des difficultés pour leur affectation en milieu rural
Perspectives : rigueur de gestion et de l’allocation des ressources
La contrainte de ressources exige une gestion efficace des moyens disponibles à tous les niveaux de l’administration et dans tous les processus de gestion.
Discipline, absentéisme, sécurité, doivent trouver des réponses locales par les responsables immédiats de l’encadrement et de la supervision des écoles et des enseignants: Responsabilisation des chefs d’établissement, implication des parents et communautés, moyens pour les inspecteurs, afin de créer un environnement de travail propice, même dans des conditions matérielles non optimales.
Il semble difficile de diminuer sensiblement les ratios moyens d’encadrement et les tailles de classe. En revanche une meilleure répartition des ressources, notamment en enseignants, basée sur les effectifs et les besoins des écoles devrait prévaloir sur les demandes individuelles. Une meilleure répartition permettrait d’éviter des situations extrêmes de classes accueillant cent élèves ou plus. Composition des classes et affectation des enseignants. Les premiers niveaux de formation se font souvent dans des classes plus chargées avec les enseignants moins expérimentés, les directeurs et enseignants plus qualifiés enseignant plutôt dans les niveaux élevés où les effectifs sont réduits par suite des abandons. Cette organisation n’est pas propice à favoriser la poursuite d’études des plus grands nombres. Les enseignants doivent pouvoir trouver la meilleure répartition des élèves et des maîtres y compris en mixant les élèves de différents niveaux Au niveau de l’administration, le système de pilotage doit apporter un suivi et une analyse systématiques des moyens alloués pour permettre de maîtriser les coûts et d’assurer un contrôle des répartitions effectuées.
Perspectives : Des priorités explicitées Conséquences pour les autres niveaux Les niveaux prioritaires Éducation de base - politiques de gratuité pour encourager accès et poursuite d’études. - restauration d’un niveau de qualité Technique et professionnel - pour développement économique et de l’emploi
Ces priorités appellent une concentration des moyens de l’État et de ses partenaires institutionnels
- limitation de l’offre publique - recours au paiement des usagers et aux écoles privées offre publique compatible avec les budgets disponibles et le maintien d’une qualité de référence pour le système - bourses ou prêts pour les meilleurs élèves issus des familles modestes pour poursuivre des études Dans l’enseignement préscolaire, mobilisation des communautés
Concentrer les moyens sur l’enseignement cibler les actions de soutien ou d’accompagnement à la scolarisation comme les repas scolaires ou les allocations aux familles. les groupes ciblés: minorités désavantagées, zones géographiques défavorisées, ou critères économiques