Les limites du « tout sauf Trump - PDFHALL.COM

de votes par un média de cette influence est une sortie de piste qui met à mal l'idéal démocratique qu'il prétend incarner. ... en Irak, en Afghanistan et en Libye.
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Les limites du « tout sauf Trump »

« By all means vote, just not for Donald Trump ». C'est par cette phrase que, vendredi dernier, le comité de rédaction du US Today recommandait officiellement à ses lecteurs de ne pas soutenir le candidat républicain à la présidence des Etats-Unis, brisant ainsi une tradition d'information non-partisane en vigueur depuis la création du journal. Cette prière vient également renforcer le tournant anti-Trump amorcé par plusieurs autres médias américains depuis l'investiture républicaine. Les reproches adressés au candidat sont nombreux : mensonges décomplexés, opinion changeante, ignorance des dossiers, propos xénophobes et sexistes. Soyons clairs : ces critiques sont fondées et le débat du 26 septembre ne leur a pas donné tort. Pour autant, cet appel à l'action par le plus grand diffuseur de nouvelles à travers l'Amérique doit-il être cautionné ? Plus qu'un détour ponctuel pas la presse d'opinion, l'impression de consignes de votes par un média de cette influence est une sortie de piste qui met à mal l'idéal démocratique qu'il prétend incarner. Mise au ban des électeurs Le premier problème que pose la posture de US Today est qu'elle fait fi des 40% d'intentions de vote dont le républicain bénéficiait à la veille du premier round des débats présidentiels. En appelant à la mobilisation contre Trump, la presse trahit le mépris qu'elle nourrit à l'encontre de tout un électorat et de ses revendications. Le deuxième point est que l'épinglage systématique des manquements de l'homme d'affaire -dont les déclarations provocatrices signent les apparitions- n'est pas opéré sur la candidate démocrate. Est-ce par souci de fidélité à une actualité qui tombe du ciel ou par manque de curiosité vis-à-vis de celle n'étant pas encore établie ?

L'emprunte Clinton Bien que d'apparence « lisse » au regard de son concurrent, Hillary Clinton a laissé dans la politique américaine une marque bien à elle, notamment par son engagement dans les interventions militaires en Irak, en Afghanistan et en Libye. Si la complexité de la situation au Proche et au Moyen Orients nous garde de nous prononcer à ce stade sur la pertinence du soutien au renversement de Kadhafi, le recul démocratique et la situation instable du pays nous garde tout autant d'affirmer qu'il s'inscrira comme un bienfait dans les livres d'histoire. Quant aux prises de position de Clinton s'inscrivant plus à gauche de l'échiquier politique (positionnement en faveur du mariage gay, contre le sauvetage des banques et contre le Partenariat Transatlantique de Commerce et d'Investissement), elles sont autant de retournements de veste peinant à convaincre de l'ADN véritablement progressiste de sa vision de la société. Si elle rejette Donald Trump, la rédaction du US Today ne soutient pas pour autant la candidate démocrate qui, à l'instar de son homologue républicain, «a ses défauts ». Ils ajoutent cependant que ceux-ci sont « moins susceptibles de menacer la sécurité internationale ». Une affirmation surprenante lorsqu'on sait que le journal a précisément adressé ce reproche à Clinton suite à son utilisation d'un serveur de messagerie privée, alors qu'elle était secrétaire d'Etat. Ce qui dérange ici n'est pas tant l'affirmation du doute contre le magnat de l'immobilier que l'unitéralité entourant sa condamnation par des médias de plus en plus nombreux (The Daily Beast , thenewyork times, cnn, The New Republic, the week). La « fidélité aux faits », rempart contre le travail d'enquête ? Il est à prévoir que les prochains débats renforcent l'opinion de nombreux journalistes sur l'inaptitude de Donald Trump à revêtir l'habit présidentiel. Dans un exercice qui récompense les qualités rhétoriques, Clinton domine l'impulsif républicain par sa répartie de femme de loi et sa prudence diplomatique. Mais si les déclarations fracassantes de ce dernier sont largement relayées par les médias américains, force est de constater qu'elles le sont au détriment d'une enquête de rigueur sur les pratiques du clan démocrate. Le principe de « fidélité aux faits » que prônent les journalistes qui frappent Trump d'anathème ne se limite pourtant pas à commenter l'évidence, il se situe aussi dans la capacité à excaver ces faits et ce, dans les deux camps.

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