Citoyens & Data CR 2016.09.06

première fiche d'état civil électronique, a lancé le premier vote électronique… En ... de producPon de ses idenPtés est solide sous le couvert de ...
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CITOYENS & DATA 
 Au cœur de la ville connectée ? le 16 juin 2016 de 18h30 à 21h15
 à l’Ecole des Mines de Paris - 60, Boulevard Saint-Michel - Paris 6ème L’idée centrale du concept de « Smart City » est que le numérique va, d’une manière ou d’une autre, perme8re d’apporter des réponses plus intelligentes, durables et sobres aux défis urbains auxquels les villes vont être confrontées dans les prochaines années et décennies. Chaque ville évolue dans son propre contexte, à son rythme, qui varie également. Deux approches de la « Smart City » coexistent actuellement. La première est techno-centrée avec une ville peuplée de capteurs collectant les données et pilotant l’ensemble des services urbains. L’autre approche consiste à posiFonner l’humain au cœur de la ville intelligente ; grâce aux données, services et applicaFons mises à disposiFon, les citoyens peuvent s’impliquer dans la gesFon et les projets de la ville. En combinant ces deux approches, il est possible de construire la ville dont nous avons besoin, où la technologie est au service de l’homme.

Didier Carré
 @didierycarre Président, Club Mines InformaFque
 Secrétaire Général, InsFtut G9+ Marie-Odile Charaudeau @MOC_AllianceBD Coordinatrice, Alliance Big Data

Les avis et points de vue des experts et les témoignages de réalisaFons ont montré qu’au-delà de la ville connectée, c’est la ville du partage qui se profile à l’avenir. La conférence présidée par Didier Carré, Président du club professionnel Mines InformaFque et animée par Marie-Odile Charaudeau s’est déroulée en deux tables rondes, le retour d’expérience de trois mises en œuvre et une présentaFon des leviers de financements.

De la Data à l’Open Data : Quelles données pour quels usages ? Actuellement plus de la moiTé des 7 milliards d’humains habitent en ville ! Et, en 2030, 5 milliards des 8,3 milliards d’habitants du monde seront des urbains. Smart Ci)es, villes intelligentes ? Quelle réalité se cache derrière ces mots ? Les travaux menés par le Professeur Emmanuel Eveno au sein du laboratoire d’étude urbaine LISST et de l’associaFon Villes Internet nous ramènent au temps long. La Smart City ou Ville Intelligente est une noFon d’origine « industrielle » à qui il faut donner une épaisseur historique. La Smart City est la conjugaison de deux tendances fortes des poliFques publiques : les

Pr Emmanuel Eveno 
 @Villes_Internet Professeur, Université de Toulouse II
 Président, Ass. Villes Internet

Technologies de l’InformaFon d’une part et le Développement Durable. L’intervenFon du 1







Professeur Eveno s’intéressera surtout à la première tendance. Au tout début de l’informaFque dans les années 50, dans les grandes villes aux Etats Unis, l’objecFf est surtout de normaliser l’administraFon des grandes collecFvités locales et de lu8er contre la corrupFon, un problème très important à l’époque. En France, l’informaFque arrive beaucoup plus tard, l’une des premières villes à s’y intéresser est la ville de Marseille sous le mandat de Gaston Defferre qui prend en 1967 la décision de l’équiper d’un ouFl informaFque ambiFeux en s’associant avec de grandes insFtuFons publiques. Ce8e informaFque de la grande gesFon ne sera uFlisée que dans les grandes villes de France en perme8ant l’élaboraFon de ce qu’Emmanuel Eveno appelle la « Citadelle InformaFque », un service informaFque au sein de l’organigramme des très grandes villes, première évoluFon technique et organisaFonnelle après un siècle sans innovaFon majeure dans le monde des collecFvités locales. A la fin des années 70 et au début des années 80, la « Citadelle InformaFque » est bousculée par l’appariFon de l’informaFque en réseau avec une redistribuFon des compétences beaucoup plus équitable au sein des différents services des collecFvités locales. C’est aussi l’appariFon, certes très Fmide de la télémaFque, avec une évoluFon des rapports de force. De plus en plus, ce sont les gens de la communicaFon qui rentrent dans le jeu des Technologie de l’InformaFon et de la CommunicaFon. Dans les années 90, vient la déferlante de l’Internet et ce sont plutôt quelques villes peFtes ou moyennes qui s’emparent d’Internet. A la fin des années 90 est créée l’associaFon Villes Internet qui a pour rôle de s’inscrire dans le ra8rapage français dans l’adopFon d’Internet et de sFmuler l’adhésion

des collecFvités locales aux technologies de l’Internet. Comme l’avaient fait l’informaFque de gesFon, puis l’informaFque en réseau, l’adopFon d’Internet par les collecFvités a un effet sur l’organisaFon des services. Les compétences sont distribuées différemment e n m e 8 a n t p l u s l ’a c c e n t v e r s l a communicaFon alors que les « Citadelles InformaFques » se consacraient plutôt au contrôle de gesFon et à l’organisaFon. Alors que les citoyens n’avaient pas accès à l’informaFque de gesFon, l’Internet est suscepFble de me8re en relaFon directe les citoyens-administrés et les Services de la collecFvité. C’est à ce moment que se développent de nouveaux labels et appellaFons (French Tech par exemple) et qu’apparait la noFon de « Ville Intelligente ». Mais, autour de ces nouveaux labels, on assiste à un retour des plus grandes villes. Elles sont, en effet, les seules à pouvoir consFtuer des marchés suffisamment importants pour jusFfier les efforts des grandes entreprises mais aussi les innovaFons développées par de peFtes StartUp. Avec le développement très rapide de l’Internet des Objet et des systèmes cyberphysiques, nous entrons dans une nouvelle phase avec le besoin de compétences très pointues et extrêmement onéreuses. Un nombre limité de collecFvités comme les villes de Paris ou d’Issy-les-Moulineaux, deviennent les locomoFves comme dans de très nombreux pays sous l’appellaFon Smart City. Pour autant, le modèle français reste plus « municipaliste » en laissant une place importante aux acteurs locaux alors qu’en Asie en parFculiers ils leurs restent très peu de marge d’intervenFon.

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Issy les Moulineaux est une des grandes références et un précurseur des Smart Ci)es. Comment a démarré le projet ? Pouvez-vous expliquer la démarche menée et les différentes étapes de la mise en œuvre ?

Eric Legale
 @elegale Directeur général, IssyMédia

Ce8e année a été célébrée le vingFème anniversaire du site internet d’Issy-lesMoulineaux. Pour la ville d’Issy-lesMoulineaux, il n’y a pas eu de grand soir où il a été décidé d’avoir une stratégie de Smart City, la ville est passée par tous les stades : Cyber Cité, Ville Connecté, Ville Internet… Dès le départ, André SanFni a eu l’intuiFon que cela pouvait améliorer l’a8racFvité de la ville qui, à l’époque, avait été très fortement sinistrée par la crise économique de l’époque. Quand il a fallu reconstruire sur les friches industrielles, il a fallu choisir un axe de développement : les industries d’avenir bien que ce soit toujours difficile de les définir. C’est avec les médias que cela a commencé avec Jacques Séguéla et son agence de publicité et le journal L’Equipe qui ont eu, les premiers, le courage de traverser le boulevard p é r i p h é r i q u e . P u i s l e s e n t r e p r i s e s d’informaFque sont arrivées et le maire a décidé qu’il fallait les accompagner pour ne pas que la ville et son administraFon soient p o u s s i é r e u s e p a r r a p p o r t à c e bouillonnement. La ville a ainsi édité la première fiche d’état civil électronique, a lancé le premier vote électronique… En accompagnement de l’évoluFon de la populaFon, en travaillant auprès des acteurs

de terrain, la municipalité a fait un lobbying auprès des grands opérateurs télécom pour qu’ils commencent à invesFr à Issy-Les Moulineaux. En 1996, deux avant la libéralisaFon des té l é co m m u n i caF o n s , d e s o p é rate u rs américains ont été sollicités pour se préparer au 1er janvier 1998. Pendant deux à trois ans, les entreprises arrivaient toutes seules à Issyles-Moulineaux, seule commune de l’ouest parisien à offrir de tels services, la première ville de plus 50 000 habitants complètement « fibrée ». Depuis la ville cherche à maintenir toujours ce8e avance. Chaque fois qu’une nouvelle tendance apparait comme les smart grid…, elle essaye d’être présente. Ce n’est pas une quesFon d’argent, c’est une quesFon de volonté poliFque, de stratégie, d’état d’esprit. Une collecFvité ne doit pas avoir peur d’expérimenter et donc d’échouer, ne pas avoir peur du regard des autres et d’être en avance. Cela peut être long : le paiement par téléphone du staFonnement a été testé en 2003/2004, il a fallu cinq ans pour pouvoir le généraliser à Issy-les-Moulineaux et cinq de plus pour le trouver dans d’autres collecFvités et que cela rentre dans les mœurs. Un détail doit être menFonné, IssyMédia dirigée par Eric Legale est une Société d’Economie Mixte qui est plus agile qu’une administraFon communale. IssyMédia peut monnayer le souFen aux Start-up par la communicaFon et la valorisaFon de leur implantaFon dans une ville bien exposée dans les médias.

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Comment gérer les datas et respecter le citoyen ? Comment gérer les idenTtés numériques ? Lorsque nous parlons de donnée et de territoire, c’est la noFon de confiance qui se profile, la légiFmité des élus, de ceux qui interviennent autour de la collecFvité. C’est un sujet extrêmement criFque. Il n’y a pas de projet de « Smart City » qui ne puisse adresser d’un point de vue poliFque ce sujet de la confiance et des données. Au-delà de ça, les enjeux sont beaucoup plus compliqués et peuvent être traités en deux points. Tout d’abord la « Privacy » ou « inFmité » qui n’est pas quelque chose qui tombe du ciel. Le paradoxe de la « Privacy » montre qu’il n’y a pas de profil type de ce8e noFon qui varie beaucoup selon les individus. Nous pouvons aussi vouloir communiquer nos données personnelles comme dans le cas de la recherche médicale où il est primordial de pouvoir accéder à des données personnelles. Il n’est pas possibilité de déterminer simplement ce qui est du domaine privé et du domaine public. La deuxième noFon est celle de « contexte ». Vous pouvez être idenFfié très rapidement avec une probabilité très élevée. Par contre,

Laurent Charreyron
 @LCharreyron Expert idenFté numérique UNIQ.eu

quand des droits vous sont accordés, la situaFon est différente : paiement, accès à un service public, vote électronique… Il s’agit alors de la problémaFque de l’IdenFté régalienne dont l’état est propriétaire et non l’individu. Il faut s’assurer alors que la chaine de producFon de ses idenFtés est solide sous le couvert de réglementaFons en cours de mise en place au niveau européen : le règlement sur l’idenFficaFon électronique et les services de confiance pour les transacFons électroniques au sein du marché intérieur connue sous le sigle « eIDAS » (electronic iden8fica8on and trust services) adopté le 23/07/2014 et le règlement sur la protecFon des données personnelles adopté le 14/04/2016. La mise en place de ses règlements, le premier dès ce8e année, aura un impact très structurant. 


Quelle est la valeur des données dans la ville connectée ? Quels opportunités et quels risques pour le Citoyen ? 
 Il y a un consensus sur la valeur qui peut être créée avec les données, la Data. Elle lie et relie le monde que nous vivons. Elle permet de finaliser, prolonger les produits existants en générant de nouveaux usages qui, eux, créent de nouvelles données avec leurs traces… Ces expériences perme8ent d ’ i mp l i q u er l ’en s emb l e d es a cteu rs , transformant les équilibres, avec la désintermédiaFon, la personnalisaFon, notamment dans la ville. L e c i t o y e n p e u t a v o i r u n d o u b l e comportement : le plus souvent uFlisateur des données dont il n’est pas maitre ou acteurs des données dont il a la maitrise. En tant qu’éme8eur de données sur les réseaux sociaux par exemple, la valeur est souvent



Carole Maurage
 @carolemaurage Directrice du laboratoire des usages
 à Toulouse 2014-15 et de C3 COP21,
 Dirigeante, MyNeedMySoluFon Fabrice Benaut
 @FBenaut Fondateur CEO iDeaTrans SAS, 
 Commissaire aux données C3 


captée par d’autres. Si un jour les citoyens ne voulaient plus donner leurs données à Facebook sans être rémunérés, que se passerait il ? Un pouvoir rendu au citoyen ?! 4





S’il y a un encouragement à partager les données avec l’open data, beaucoup de q u e s F o n s r e s t e n t o u v e r t e s s u r l a confidenFalité, le périmètre, la granularité pour que ce8e richesse puisse réellement bénéficier au bien commun. Ce n’est pas le cas à l’heure actuelle. Peu de données sont effecFvement disponibles à l’usage. Ce sont, le plus souvent, des experts qui peuvent Frer parF des données comme celles mise à disposiFon par la mission Etalab. L’open data reste néanmoins une opportunité de développement de nouveaux services dans la cité comme c’est déjà le cas dans les applicaFons qui facilitent l’uFlisaFon des transports dans la ville. Le risque est que ces données qui nous sont renvoyées « prémâchées » nous enferment d a n s d e s c o m p o r te m e n t s fo r m a té s .

L’opportunité serait que ces données nous reviennent et nous perme8ent de mieux nous connaître, que les citoyens ne soient pas juste des consommateurs mais des acteurs, les données contribuant à leur apprenFssage. La France, classée au 3ème rang mondial de l’Open Data index 2014, parFcipe acFvement à ce8e vague d’ouverture des données depuis les années 2000, dynamique renforcée et facilitée par l’émergence des nouvelles technologies, les iniFaFves de Data Gouv et des collecFvités via l’Open Data France. Laurent Charreyron ajoute que le Royaume Uni est très en pointe sur la problémaFque d’appropriaFon des données qui s’appliquent à tous les collecteurs de données publics ou privés.

Retours d'expérience sur le partage de données, Synerthon et la méthode My Need My Solu)on A l’occasion du Climate Change Challenge (C3) de la COP21, plusieurs grands groupes se sont posés la quesFon de l’existence de problémaFques communes, la résoluFon de ces dysfoncFonnements devant perme8re l’amélioraFon de la compéFFvité et ainsi le financement de nouveaux services et la créaFon d’entreprises. Le premier exemple concerne le réseau régional de distribuFon dirigé par Jean P a o l e z . L e s a l é a s c l i m a F q u e s , parFculièrement dans le monde rural, ont un impact important sur les nombreux poteaux électriques et donc sur la qualité du service. Pouvoir anFciper les endroits où les poteaux vont tomber perme8rait de pré-posiFonner les équipes de dépannage et ainsi une remise en service plus rapide. Le réseau de capteurs de Météo France n’est pas suffisamment dense pour pouvoir a8eindre le niveau de précision permise par les disposiFfs mis en place, par exemple, lors des InternaFonaux de France de Tennis à Roland Garros. L’idée est venue alors d’équiper le réseau de

Jean Paolez
 @jean_paolez ENEDIS (ex ERDF)

distribuFon de capteurs. Les données ainsi collectées seront exploitables par Météo France pour améliorer ses prévisions et éventuellement être distribuée sous le format Open Data ou Share Data. L e d e u x i è m e exe m p l e co n c e r n e l e s arrachements de câbles de distribuFon lors des travaux dans les villes avec les risques pour la sécurité des intervenants de chanFer et les conséquences économiques. Le partage de ce8e problémaFque par les différentes e n t r e p r i s e s c o n c e r n é e s a p e r m i s l’idenFficaFon d’une Start-Up capable de repérer les câbles électriques en sous-terrain. Au final, ce8e collaboraFon a permis une réducFon des accidents sur les chanFers, une amélioraFon du service de distribuFon d’électricité et la créaFon d’une entreprise au potenFel de développement mondial. 5







Ces deux exemples nous incitent à partager nos dysfoncFonnements, ce sont notre richesse principale ! Le troisième exemple est parF d’une démarche Laboratoire des Usages (Stratégie Smart-city de Toulouse Métropole) dirigé par Carole Maurage et uFlisant sa méthode My Need My Solution. Les citoyens ont idenFfié comme problémaFques les désagréments des travaux publics vus par les entreprises comme des opportunités d’acFvité et donc de créaFon d’emplois et les choix d’urbanisme des gesFonnaires de la cité. Le partage de ces

problémaFques et ressenFs entre acteurs publics, privés et citoyens peut aider à réduire les gênes pour les uns ou pour les autres. Une applicaFon a été développée pour exploiter les données Open Data de la ville et indiquer où sont les travaux et les raisons les jusFfiant. L e s c i t o y e n s p e u v e n t s i g n a l e r l e s d y s f o n c F o n n e m e n t s e t l e u r s mécontentements, ce qui permet de mesurer la qualité des prestaFons des intervenants. Avec l’applicaFon info’travaux, la qualité des intervenFons et la percepFon qu’en ont les citoyens peut être améliorée.

Les leviers de financement pour l’innovaTon L e s 2 0 0 i n g é n i e u rs e t d o c t e u rs d u d é p a r t e m e n t I n n o v a F o n d ’A y m i n g accompagnent les entreprises dans le financement de leurs innovaFons. Un grand nombre de disposiFfs existent en foncFon du type de financement (subvenFons, avance remboursable…) et de la maturité du projet. Ces financements sont proposés par plusieurs organismes : l’Agence NaFonale de la Recherche (ANR), La Banque Publique d’InvesFssement (BPI France), le Fond Unique Interministériel (FUI) au niveau naFonal. A

Romain Chery
 @ayming_fr Consultant en financement de 
 l’innovaFon, Ayming

spécifiques pour les Smart Ci8es sont en cours. Le Crédit d’Impôt Recherche est le principal disposiFf indirect d’aide à la recherche et à l’innovaFon pour toutes les sociétés, Start-Up o u g ra n d g r o u p e e n a m é l i o ra n t l a compéFFvité de la recherche française par rapport à ses concurrents internaFonaux. Le déploiement des expérimentaFons Smart C i t y r e p r é s e n t e d e v é r i t a b l e s invesFssements. Plusieurs modes de financement cumulaFfs sont accessibles pour ce type de projet. Les financements directs (e.g. FUI) sont condiFonnés par le niveau de m a t u r i t é d e l a t e c h n o l o g i e e t l e s financements indirects (e.g. CIR) sont condiFonnés par la levée d’incerFtudes techniques.

l’échelle européenne dans le cadre du programme Horizon 2020, les appels d’offre

De la data à l’acTon : Comment faire du citoyen un acteur de sa ville ? Privowny, l’une des Start-Up dans lesquelles Fabrice Benaut a invesF, a développé une plateforme qui redonne aux uFlisateurs le



contrôle de l’usage de ses données en définissant à qui et pendant combien de temps un certain type de données est 6





partagé. Il s’agit d’installer de la confiance par le choix. Comme le définit le Data Ci8zenship de Forrester, donner le pouvoir de sa donnée pour co-construire en confiance dans sa ville. De manière pragmaFque, pour Eric Legale, le citoyen à Issy-les-Moulineaux comme dans les autres villes, recherche des services qui facilitent sa vie quoFdienne. Depuis le lancement du portail Open Data, il n’y pas eu d’enthousiasme pour exploiter les données de la part des citoyens. Le but du portail est de montrer aux citoyens quelles données sont publiées et démontrer la volonté de transparence de la ville. Si les données perme8ent de meilleurs services, le citoyen sera ravi et paradoxalement l’Open Data a d’avantage amélioré le travail des services municipaux dans leur quoFdien. Le service communicaFon a, par exemple, uFlisé l’Open Data pour visualiser le budget primiFf et perme8re des simulaFons. Contrairement à ce qui a pu être observé dans d’autres villes, il n’y a pas eu à Issy-les-Moulineaux de réacFons négaFves sur l’usage des données qui y sont vues comme sources de services pour faciliter la vie des citoyens. Il faut disFnguer ce qu’ils font dans leur vie quoFdienne et les craintes que nous imaginons à leur place. Du côté de Toulouse, l’approche rapportée par Carole Maurage est sensiblement différente. Le postulat de départ est que la « ville intelligente » doit être définie par ceux qui y vivent et la praFquent. Citoyens, acteurs publics et privés, étudiants, start-ups, designers, universitaires, experts ont été fédérés dans une démarche d’innovaFon ouverte et d’intelligence collecFve pour définir ce que devait être la ville de demain : poser une vision commune, faire émerger et définir les défis qu’elle pose et les ressources qu’elle demande, puis de créer les services perme8ant de concréFser ce8e vision. C’est ainsi qu’a été défini le schéma directeur de la Smart City à Toulouse. Les méthodes d’intelligence collecFve perme8ent d’aller audelà de la somme des intelligences composants le groupe. A parFr des besoins



présents et des usages futurs imaginés par les citoyens, les services sont co-construits avec les entreprises, les startups, les services municipaux et métropolitains, comme info’travaux présenté par Jean Paolez. Impliqués dès la phase stratégique, le regard des citoyens est changé, ils ne sont plus en a8ente mais deviennent acteurs avec le reste de la communauté tout en créant des liens de confiance. Pour relever les trois défis majeurs des villes - la densificaFon croissante, le défi climaFque et les changements du numérique dans la vie des citoyens - Issy-les-Moulineaux mobilise la ville collaboraFve en associant tous les acteurs pour démontrer comment la vie quoFdienne est changée. Par exemple, les 170 applicaFons listées par la Caisse des Dépôts et ConsignaFons améliorent les condiFons de transport des franciliens, bien avant la mise en service du Grand Paris. Pour Carole Maurage, préfigurant ce qu’elle a p p e l l e l a « d é m o c r a F e d i r e c t e collaboraFve », le type de démarche menée à Toulouse par le Laboratoire des Usages en 2014 et 2015 uFlise le numérique ainsi que les ouFls de l’intelligence collecFve pour imaginer la ville de demain. Avec la producFon de soluFons, pourquoi ne pas intégrer la proposiFon de lois et leur vote par tous les citoyens, les ouFls numériques perme8ant aujourd’hui d’élargir avec confiance les panels représentaFfs à l’ensemble quasi exhausFf des citoyens. L’innovaFon poliFque, selon Carole Maurage, consiste ainsi en des poliFques partagées pour de vraies villes collaboraFves. Eric Legale souligne que pour leur grande majorité, les citoyens n’uFlisent ces ouFls que s’ils sont directement concernés. En outre, les citoyens sont mieux informés, il n’est plus possible de leur raconter n’importe quoi ou de leur proposer des projets clés en main. Ils veulent pouvoir donner leurs avis. Par exemple, le projet de remplacement des anciens locaux d’Orange R&D a été présenté aujourd’hui par André SanFni et le président de la Caisse des Dépôts et ConsignaFons, 7





propriétaire du terrain. Trois ans auparavant, un mois après l’annonce du départ par Orange, des « conversaFons citoyennes » ont été organisées pour demander aux citoyens comment ils imaginaient le nouveau centreville avec des ouFls numériques et, surtout, avec des enquêtes sur le terrain. Les plus de 5 000 contribuFons qui ont été recueillies ont été prises en compte par le maire pour établir un compromis entre les objecFfs du propriétaire et les besoins exprimés par les citoyens. Alors qu’il y a trop de concentraFon de pouvoir dans le numérique comme le montre encore l’acquisiFon de LinkedIn par Microso~, les ouFls numériques pourraient contribuer selon Fabrice Benaut à faciliter la mise en place de nouvelles démocraFes plus parFcipaFves, plus transparentes. Laurent Charreyron a quesFonné Eric Legale sur les difficultés résultant de la différence de temporalité entre le développement agile des services et des gouvernances encore compliquées.

En « off », Eric Legale répond en encourageant l’innovaFon à contourner l’administraFon en prenant l’exemple des transports : ils ont t o u j o u r s é t é r a i s o n n é s e n t e r m e s d’infrastructures par des ingénieurs. Dans l’équipe de campagne d’André SanFni pour les Municipales de 2004, comme à chaque fois, des experts sont apparus pour faire des proposiFons de prolongaFons de ligne ou de nouvelles lignes de transport. Eric Legale avait, au contraire, proposé l’amélioraFon du confort des lignes existantes dont personne ne parle mais qui sont au cœur des préoccupaFons des électeurs. Il ne faut pas penser qu’aux infrastructures mais aussi aux usages avec, par exemple, les nouveaux ouFls que sont les Smartphones qui perme8ent d’éviter des heures de galère dans les transports. Il encourage les Start-Up d’éviter les retards et les obstacles de l’administraFon. C’est en prenant conscience qu’« Innover c’est désobéir » que les choses peuvent changer.

Pour Carole Maurage la ville de demain est une ville intelligente où la technologie est au service de l’humain qui est, plus que jamais, au centre des préoccupaFons. C’est une ville durable, vivante, où le lien social aura la plus grande place. Les indicateurs seront plutôt des indicateurs de bonheur et les citoyens seront très impliqués, dès l’amont des stratégies, jusqu’à la décision et l’acFon. C’est une ville de démocraFe collaboraFve, du bienvivre ensemble. Eric Legale imagine une ville dans la lignée des citée de l’AnFquité comme une communauté d’hommes et de femmes qui vivent et

construisent ensemble ce8e ville plus efficace. Il craint surtout que ce8e ville ne soit pilotée, régulée par des algorithmes comme ces cités Coréennes qui nous sont montrées en exemple et qui sont, certes très efficaces mais terriblement ennuyeuses. Les villes doivent avoir une âme. Fabrice Benaut veut une ville qui (re)crée du lien, proche de la nature, dans laquelle se retrouve la solidarité qu’il trouve encore dans des villages africains. La Data étant un support, voire un levier si elle est correctement générée et uFlisée. La gouvernance dépendra de l’intenFon.


Quels espoirs pour une ville réconciliant les Citoyens et la Data ?

Cette conférence était organisée par les clubs professionnels 
 Mines Informatique et Mines Aménagement & Construction (www.inter-mines.org) en partenariat avec l'Institut G9+ (www.g9plus.org, @G9plus) et l’Alliance Big Data (www.alliancebigdata.com)







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