Remplacement des capacités de production: un défi ... - BKW

L'extension du lac du Grimsel nécessite impérativement une modification de la conces- sion. Cette situation ... Toutefois, le résultat opération- nel devrait aussi ...
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Seul le discours prononcé fait foi

Exercice 2008

Remplacement des capacités de production: un défi stratégique majeur pour FMB

Discours de Kurt Rohrbach, président de la direction d’entreprise à l’occasion de la conférence de presse annuelle du 19 mars 2009

Mesdames, Messieurs,

J’ai le plaisir de vous accueillir à la conférence de presse annuelle de BKW FMB Energie SA (FMB). La direction d’entreprise compte cette année un nouveau membre. Monsieur Beat Grossenbacher est le nouveau chef des finances de FMB. Vous connaissez déjà Monsieur Hermann Ineichen, le chef du secteur d’activité Energie Suisse. Je commenc erai par commenter les résultats du groupe et les principales activités de FMB au cours de l’exercice 2008. Je traiterai ensuite de manière plus approfondie des thèmes spécifiques. Monsieur Hermann Ineichen vous décrira en détail les événements majeurs dans ce d omaine et les projets. Quant à Monsieur Grossenbacher, il passera en revue les aspects financiers du résultat.

Avant-propos L’année passée, les feux de l’actualité étaient plus que jamais braqués sur la branche de l’électricité. D’une part, le dépôt des demandes d’autorisation générale pour le remplacement des premières centrales nucléaires suisses a suscité des réactions. Les centrales de remplacement doivent contribuer, à partir de 2025, à pallier la pénurie d’électricité qui se dessine en Suisse. D’autre part, l’adaptation des prix de l’électricité et la première étape de l’ouverture du marché ont mobilisé l’opinion publique et les politiques, car si l’ouverture du marché a créé la concurrence, elle n’a pas apporté la baisse des prix a ttendue. Force est de constater que ce sujet revêt un caractère d’autant plus sensible dans le cadre de la conjoncture actuelle.

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Commentaire du résultat Le groupe FMB a réalisé en 2008 un bon résultat opérationnel. Il poursuit une stratégie prudente dans ses activités de négoce et est pleinement conscient de ses responsabilités en tant qu’entreprise d’approvisionnement. La prestation globale consolidée du groupe FMB enregistre une hausse de près de 25%, pour s’établir à 3469 millions de francs. Cette amélioration est attribuable à l’augmentation des ventes en Suisse et dans les pays voisins, notamment en Italie. La hausse du volume du négoce a aussi contribué à ce r ésultat. FMB a su saisir les opportunités qui se présentaient sur les marchés internati onaux.

Le critère d’évaluation qui prime pour FMB est le résultat d’exploitation, c’est-à-dire l’EBIDTA corrigé. Comparé à l’année précédente, ce dernier est en hausse de 14% pour atteindre 471 millions de CHF. L’évolution positive des ventes d’énergie en particulier a conduit à cette amélioration du résultat. Dans un contexte exigeant caractérisé par une forte volatilité des prix de l’énergie, FMB a poursuivi avec succès sa stratégie .

Comme nous l’avions craint il y a six mois, l’évolution des marchés financiers et nota mment son impact sur le résultat du Fonds pour la désaffectation des installations nucléa ires et du Fonds de gestion des déchets radioactifs a pénalisé le résultat financier. Par rapport à l’année précédente, le bénéfice du groupe FMB est en repli de 39% et s’établit à 139 millions de francs. Les deux fonds étatiques, soit le Fonds pour la désaffectation d’installations nucléaires et le Fonds de gestion des déchets radioactifs, enregistrent une perte comptable de 21% selon le résultat provisoire 2008. Les pertes de ces fo nds reflètent la situation sur le marché. Elles étaient inévitables malgré une stratégie de pl acement largement diversifiée, car presque toutes les catégories de placement (actions, oblig ations, immobilier, matières premières) ont été touchées par la crise. FMB a déjà pris en compte la première partie de ces pertes comptables dans le rapport intermédiaire 2008 et l’a communiqué.

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Ouverture du marché et prix de l’électricité er

Depuis le 1 janvier 2009, la première étape de la libéralisation du marché de l’électricité est devenue réalité. Un tel changement de système ne se fait pas en un jour; il nécessite des adaptations importantes notamment en matière de processus commerciaux. Grâce à des préparatifs coûteux, FMB a assuré le déroulement sans faille de ce changement technique.

Avec la nouvelle loi sur l’approvisionnement en électricité (LaPEI), la Suisse s’aligne sur ses pays voisins, qui «vivent» au quotidien l’ouverture du marché depuis plusieurs a nnées déjà. Il y a quelques années, un arrêt du Tribunal fédéral avait certes décidé une ouverture factuelle du marché suisse. Etant donné l’absence de réglementation, peu d’acteurs, de partenaires distributeurs ou d’entreprises avec une consommation élevée profitaient de cette ouverture à la concurrence. Et ce sont eux justement qui ressentent le plus fortement les effets de la hausse des prix; ils ont conclu leurs contrats il y a quelques années quand les prix étaient bas et doivent aujourd’hui faire face à des augmentations substantielles. Le fait que ces augmentations soient en partie dues à des facteurs qui n’ont rien à voir avec l’ouverture du marché, à savoir l’entrée en vigueur de la rétribution de l'injection à prix coûtant et les nouvelles exigences concernant les réserves de pui ssance que la Suisse doit mettre à disposition, n’a intéressé ni les clients concernés - ce que je peux comprendre - ni les politiques. Dans ce contexte, l’augmentation des prix de FMB de 9,5% était plutôt modérée et ne méritait pas des réactions aussi virulentes. Défenseurs d’un marché libéralisé, nous savions dès le début que le passage de l’ancien au nouveau régime devait faire l’objet d’une préparation minutieuse et un calendrier de mise en œuvre adéquat en fait partie.

Nous avions déjà souligné cette problématique l’année dernière: d’un côté des autorités qui disposent d’assez de temps pour élaborer l’ordonnance et, de l’autre côté, seulement quatre mois pour mettre en œuvre les mesures qui en découlent. Cette préoccupation est toujours d’actualité et l’histoire risque de se répéter. L’ordonnance modifiée par le Conseil fédéral en décembre dernier prévoit, pour tous les fournisseurs d’électricité, la publication de leurs prix 2009 au 1

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avril. Les prix pour le réseau très haute tension décidés par

l’Elcom sont connus depuis le 9 mars. Je n’arrive pas à imaginer comment toute la branche va pouvoir, en l’espace de trois semaines, calculer de nouveaux prix, les vér ifier et

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les fixer tout en veillant à ce qu’ils soient conformes à la loi. Monsieur Hermann Ineichen vous fournira de plus amples informations sur la démarche que FMB compte adopter en la matière.

Il est aussi préoccupant de constater que, en plus de la modification de l’ordonnance, d’autres idées pour tirer davantage encore profit de la situation voient le jour. Ces tentatives ne contribuent nullement à désamorcer la situation. Il s’agit ici avant tout de notre sécurité d’approvisionnement, qui, - j’en suis persuadé – est plus menacée que nous voulons bien l’admettre. Pour garantir la sécurité d’approvisionnement, il s erait judicieux de ne plus continuer à modifier la loi et l’ordonnance, mais de recueillir des e xpériences et puis – si nécessaire – de procéder à des adaptations bien pensées sur la base de propositions largement débattues.

Satisfaire la demande, un défi Tout le monde s’accorde à dire aujourd’hui que des capacités de production doivent être remplacées à moyen terme en Suisse pour faire face à la demande croissante en électr icité. En tant qu’entreprise d’approvisionnement en électricité, FMB entend releve r le défi. C’est pourquoi elle investit dans des projets visant l’augmentation de la production ou l’extension du réseau. Monsieur Hermann Ineichen vous donnera aussi des précisions à ce sujet. A long terme, FMB vise une production autant que possible exem pte de CO2. Un objectif aussi ambitieux ne se réalise pas en un jour et est soumis à une condition, à s avoir le remplacement physique de l’énergie nucléaire issue de la centrale de Mühleberg et des contrats de prélèvement avec la France.

Même si ce remplacement ne devait finalement pas avoir lieu, FMB doit pouvoir conserver sa marge de manœuvre. Jusqu’à ce que le remplacement des plus anciennes centr ales nucléaires en Suisse soit clarifié, FMB ne peut pas se permettre d’abandonner défin itivement la production issue des centrales thermiques conventionnelles.

Là où FMB opte pour une production issue de centrales thermiques conventionnelles après avoir analysé sérieusement toutes les conséquences de ce choix, elle ne retient que des types d’installations modernes pour réduire au maximum les émissions de CO 2.

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Et ceci est valable en Allemagne également. En plus de la centrale en construction à Wilhelmshaven, FMB poursuit un projet de centrale à charbon à Dörpen. Nous vous avions informés l’année dernière que nous étions à la recherche de partenaires afin de diminuer notre participation. C’est chose faite aujourd’hui. FMB remet la direction du pr ojet de Dörpen aux mains d’un partenaire industriel expérimenté, Energie-BadenWürttemberg AG (EnBW). FMB vend également à EnBW 75% du projet, c’est-à-dire une part majoritaire. Cette nouvelle donne permet à FMB de continuer à assumer sa responsabilité envers le projet, les autorités et la population de l’Emsland.

Outre le renforcement de son engagement en Suisse, FMB a décidé d’investir à l’étranger dans les nouvelles énergies renouvelables. L’accent est mis sur les coopérations. La collaboration avec EnBW crée dans ce domaine également de bonnes conditions. FMB s’est fixé pour objectif d’acquérir des participations substantielles à l’étranger pour augmenter ses capacités de production éolienne à 1,5 TWh de production annuelle, ce qui correspond à des investissements de plusieurs centaines de millions de francs suisses. Le développement de son portefeuille éolien permet à FMB d’asseoir sa position sur les marchés étrangers. Pour le développement, la planification et la réalisation des premiers projets éoliens en Allemagne, FMB a tout d’abord approuvé un crédit de l’ordre de 50 millions de CHF.

En Italie, en plus de ses huit centrales hydroélectriques – qui produisent aussi de l’énergie renouvelable – FMB mise sur la production d’électricité à partir du gaz. Cet engagement reflète le mix énergétique du pays. Près de la moitié de l’électricité produite en Italie provient en effet de centrales combinées à gaz. Depuis septembre dernier, l’installation la plus moderne de ce type, la centrale combinée à gaz de Livorno Ferraris, est connectée au réseau. FMB détient une participation de 25% dans cette installation de 800 MW, dont E.on Energie AG détient une part majoritaire. Cette nouvelle centrale a permis de stopper presque entièrement la production d’une ancienne installation non rentable située à proximité du site.

Comme mentionné préalablement, FMB a renforcé en 2008 sa position de leader dans le domaine des nouvelles énergies renouvelables en Suisse. Par rapport à l’année préc é-

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dente, elle a doublé sa production à partir des nouvelles énergies renouvelables pour atteindre 28 GWh. Par l’intermédiaire de sa filiale Sol-E Suisse SA, FMB mène quelque 200 projets dans tout le pays. L’objectif de FMB consiste à produire jusqu’en 2025 1 TWh d’électricité issue de l’éolien, de la biomasse, du solaire, de la petite hydraulique et de l’énergie thermique. Malgré tout, la production d’électricité provenant de sources renouvelables ne sera pas suffisante à court terme pour faire face à l’augmentation de la dema nde. Et elle ne sera pas suffisante non plus pour remplacer entièrement - ou en majeure partie – les capacités électronucléaires qui viendront à manquer. Les grandes centrales restent donc indispensables. J’ai mentionné l’énergie nucléaire à plusieurs reprises. Comme vous le savez, FMB a déposé en décembre dernier avec Axpo deux demandes d’autorisation générale auprès de l’office fédéral compétent. Les autorités doivent traiter en tout trois demandes, Atel ayant aussi déposé une demande d’autorisation générale. Pour remplacer les capacités électronucléaires qui feront défaut, seules deux centrales sont nécessaires et ces trois entreprises en sont parfaitement conscientes. C’est pourquoi elles continuent à mener entre elles des négociations. Je suis sûr que nous trouverons une solution.

Maintenir à long terme un mix de production d’électricité exempt de CO 2 n’est possible que si le souverain dit oui au remplacement des centrales qui seront déconnectées du réseau. Mais l’électronucléaire ne suffira pas. L’exploitation optimale de la force hydraul ique reste aussi une condition nécessaire. La stratégie énergétique du Conseil fédéral préconise une augmentation de la production hydroélectrique suisse de 2000 GWh jusqu’en 2030. Au cours des années à venir, de nombreuses concessions arriveront à échéance. Il faut s’attendre à ce que les nouvelles concessions imposent des débits rés iduels élevés. Cette situation et des interventions politiques comme l’initiative «Eaux v ivantes» réduisent la production d’électricité et remettent même en question le maintien des quantités actuellement produites. FMB est confrontée concrètement à cette situation dans le cadre de sa participation dans les Forces motrices de l’Oberhasli (KWO). L’extension du lac du Grimsel nécessite impérativement une modification de la conce ssion. Cette situation bloque de nombreux projets de construction de KWO. Dans le cadre du programme d’investissement KWOplus, des projets de l’ordre de 900 millions de francs sont prévus. Et ces derniers – en particulier celui concernant l’extension du lac du Grimsel – sont désormais en suspens.

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Perspectives Je passerai maintenant aux perspectives sur le plan financier: sa position de marché restant forte, le groupe FMB table pour 2009 sur un chiffre d'affaires proche de celui de 2008 et sur une évolution stable des activités liées à l'énergie. Toutefois, le résultat opératio nnel devrait aussi pâtir de la faiblesse des prix internationaux de l'énergie, de l'incertitude de l'évolution conjoncturelle, des nouvelles directives en matière de régulation ainsi que des

dépenses

induites

par

les

projets

stratégiques,

notamment

ceux

liés

à

l’accroissement de la production et à l’ouverture du marché suisse de l’électricité. Tous ces éléments laissent penser qu’il sera quasiment impossible de dégager en 2009 un EBITDA aussi élevé qu’en 2008. Néanmoins, en supposant que les marchés d’actions parviendront au moins à se stabiliser à un niveau bas, et tout en sachant que le résultat financier dépendra de l’évolution des marchés financiers, l’on peut s’attendre en 2009 à un bénéfice net supérieur à celui de 2008.

Conclusion J’ai mentionné précédemment le programme d’investissement KWOplus. De nombreux autres projets sont bloqués que ce soit dans les domaines de la production d’électricité conventionnelle, des nouvelles énergies renouvelables ou des lignes. Ce sont tous des projets rentables qui seraient nécessaires à l’approvisionnement de notre pays. Les crédits sont en partie déjà accordés. Personnellement, cela me préoccupe de voir que nous n’avançons pas avec des projets qui apporteraient une réelle plus-value en Suisse. Et cela m’interpelle d’autant plus quand je vois que des programmes de relance de la conjoncture sont lancés à tous les niveaux par les parlements et doivent être financés. Peut-être serait-il nécessaire d’élargir le débat aux rapports et aux interdépendances entre l’approvisionnement en énergie et l’économie.