Réussite dans un contexte difficile - BKW

Rudolf von Werdt, l'un des fondateurs de la Société Mont-Soleil. Dans son rapport annuel 2009, BKW FMB Energie SA parle de «réussite dans un contexte.
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SOCIÉTÉ MONT-SOLEIL C/O BKW FMB ENERGIE SA

Mont-Soleil, le 17 septembre 2010

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Seul le discours prononcé fait foi

«Réussite dans un contexte difficile» Rudolf von Werdt, l’un des fondateurs de la Société Mont-Soleil Dans son rapport annuel 2009, BKW FMB Energie SA parle de «réussite dans un contexte difficile», une appréciation qui vaut aussi pour la conception, la naissance et les premiers pas de la Société Mont-Soleil pendant les 5 premières années de son existence, c’est-à-dire de 1988 à 1992. Le contexte A l’époque, le contexte était marqué par de vives discussions sur la politique énergétique, auxquelles participaient des acteurs mus par des souhaits et des craintes souvent contradictoires; un débat porté par des impératifs politiques et idéologiques, des idéaux, mais aussi par des arguments factuels et par la traditionnelle opposition entre économie de marché et économie étatique. Et au milieu de tout ça il y avait les entreprises électriques comme FMB. 



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C’était l’époque de Tchernobyl, de la panne du filtre de la centrale nucléaire de Mühleberg, de l’abandon de Kaiseraugst, des votations fédérales et cantonales relatives à la sortie du nucléaire et au moratoire sur l’énergie atomique ainsi que des multiples scénarios et modèles concernant l’approvisionnement en électricité, élaborés sur les plans fédéral, cantonal et communal; des projets supervisés par des commissions parlementaires et extraparlementaires. C’était l’époque des postulats exigeant des mesures d’économie d’énergie, par exemple l’utilisation d’ampoules basse consommation et de pompes à chaleur, mais aussi le non aux escalators dans les gares, aux vitrines allumées et aux bougies du sapin de Noël du siège FMB. C’était l’époque des modes de production alternatives par le vent, le soleil, le bois, le gaz de décharge et le couplage chaleur-force, ainsi que du thermoréseau (FEMBE) de la centrale nucléaire de Mühleberg. C’était le temps où l’on exigeait à tour de bras des taxes, des subventions, des rabais et d’autres mesures d’incitation. Et où la gauche réclamait des hausses de tarifs avec des «coûts marginaux à long terme». C’était aussi le temps où l’on tentait de mettre FMB sous tutelle en l’étouffant sous des modèles, des mandats de prestations, des stratégies, des projets de régulation et des initiatives muselant l’opinion publique.

Bref, c’était une époque où l’on se livrait à des joutes verbales sans merci, où chacun avait raison, où chacun apportait les «preuves» de ses thèses et rabattait les oreilles de ses contradicteurs avec des statistiques définitives, notamment certaines qui ne voulaient ou ne pouvaient pas faire la distinction entre «énergie» et «électricité». Nous étions dans une sorte de dialogue de sourds où il fallait tout faire tout de suite. Les positions irréconciliables semblaient rendre impossible l’instauration d’un vrai dialogue. La politique et l’économie avaient de la peine à se comprendre. Entreprises partenaires: BKW FMB Energie SA, Axpo Holding AG, Forces motrices de la Suisse Centrale SA, AEW Energie AG, Energie Wasser Bern, ABB Suisse SA,AEK Energie AG, EBM Energie AG, Groupe E SA, onyx Energie Mittelland.

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Et qu’en est-il aujourd’hui? No comment. Le projet Phalk 500 et les initiateurs de 1988 C’est donc dans ce «contexte difficile» que les initiateurs du projet Mont-Soleil se réunirent au printemps 1988. ELEKTROWATT (EWI) mis en place les bases d’une centrale photovoltaïque alpine d’une puissance de 500 kW, baptisée Phalk 500. Proposition de projet de 1988: «la production d’électricité au moyen de cellules photovoltaïques (cellules solaires)» était jusqu’à présent limitée à de petites applications spéciales dans les secteurs de l’aéronautique et des télécommunications, dans le domaine des petits appareils bon marché (calculatrices de poche, montres, etc.), ainsi que dans l’approvisionnement en électricité décentralisée et couplée au réseau. En tant que grand projet de recherche et de développement, PHALK 500 doit lancer la discussion sur les possibilités de produire de l’électricité photovoltaïque en Suisse sur une base réaliste.» «La proposition de projet s’adresse à des partenaires optimistes et réalistes à la fois, prêts à participer à un projet intéressant de recherche, de développement et de démonstration…» A la recherche de sites appropriés dans l’arc alpin, EWI prit également contact avec le canton de Berne qui envoya des signaux positifs à FMB. En créant le Club FMB pour les économies d’électricité et le «Service solaire» destiné aux petites installations photovoltaïques montées sur toit d’une part, et en proposant un certain nombre d’installations de production alternatives d’autre part (gaz de décharge, installations de couplage force-chaleur, Darius, FEMBE), FMB s’était déjà intéressée aux postulats réclamant une utilisation rationnelle de l’énergie et des énergies renouvelables. L’intérêt de FMB, «partenaire optimiste et réaliste», à réaliser Phalk 500 sur un site situé dans sa zone d’approvisionnement fut spontanément confirmé (contrat de consortium EWI / FMB de juin 1988) et un emplacement au-dessus de Saint-Imier fut retenu pour accueillir la centrale. Le site Le site de Mont-Soleil sur les hauteurs du Jura fut choisi en raison de son ensoleillement – il est au-dessus de la nappe de brouillard –, des infrastructures déjà en place, de son accessibilité pendant toute l’année aux visiteurs, son funiculaire, mais aussi et surtout de l’ouverture d’esprit, voire de l’enthousiasme des autorités et de la population locale ainsi que de l’École d’ingénieurs de Saint-Imier. Le terrain de plus de 20 000 m2 fut mis à disposition par la bourgeoisie en droit de superficie. A peine une année plus tard, c’est-à-dire en 1989, la demande de permis de construire «pour la plus grande centrale solaire» fut déposée. Le permis fut octroyé en 1991! Constitution de la société de partenaires Mont-Soleil en 1990 Dès le début, il fut décidé d’impliquer des partenaires de toute la Suisse dans le centre de développement et de recherche Phalk Mont-Soleil. Le 6 juin 1990, le «contrat de constitution et de partenariat» réglementant la construction et l’exploitation de la centrale solaire fut conclu avec 11 partenaires, dont 9 compagnies d’électricité alémaniques et romandes.

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Je me rappelle encore très bien que dans son message en faveur du Service d’électricité de la ville de Berne, le conseiller communal bernois en charge du dossier s’était réjoui de pouvoir «approvisionner l’équivalent de la moitié de la ville de Berne en courant solaire et de pouvoir ainsi se passer de l’énergie nucléaire».

Il fallut ensuite définir l’organisation du projet et son financement. Les coûts d’investissement qui représentaient plus de 8 millions de francs, furent supportés par le Fonds national pour la recherche énergétique (2,2 millions), le canton de Berne (2 millions) «conformément aux crédits à disposition» et 11 partenaires du secteur de l’électricité. Malgré la «situation financière extrêmement difficile» du canton de Berne, «une série de mesures d’économie drastiques» et des «coupes massives», Berne honora sa promesse de soutien généreux en 1992, avec cependant une lenteur toute bernoise. Construction en 1991 La construction commença au cours de l’été 1991. Sur une superficie de 20 000 m2 grande comme trois terrains de football, on construisit quelque 10 000 panneaux solaires (Siemens) sur une surface de production de 4 500 m2. On dégagea également un terrain afin de procéder à des tests comparatifs avec d’autres cellules solaires. Le battage médiatique autour d’une cellule d’un genre basée sur des principes complètement différents, la cellule de Grätzel, suscita à l’époque des critiques au sein de l’opinion publique. En 2010, le professeur Grätzel a reçu un prix très convoité pour le perfectionnement de son invention. Force est de constater qu’il faut attendre entre 20 et 30 ans entre l’invention et la production proprement dite! C’est dire qu’en matière de technique solaire également, il faut savoir faire preuve de patience. Du lancement du projet en 1988 à la mise en service de la centrale de Mont-Soleil en 1992, quatre ans seulement se sont écoulés. Mise en service en 1992 L’inauguration de la centrale le 28 avril 1992 a suscité beaucoup d’enthousiasme. «La plus grande centrale solaire d’Europe officiellement mise en service», titrèrent à l’unisson les journaux. Dans un discours passionné tenu dans le chapiteau dressé sur le terrain de MontSoleil, le Conseiller fédéral Adolf Ogi félicita les initiateurs du projet, rappelant que dans l’Antiquité, Diogène avait défendu son droit à jouir librement du soleil auprès d’Alexandre le Grand, n’hésitant pas à lancer au grand conquérant «Ôte-toi de mon soleil» et qu’Archimède avaient incendié la flotte qui menaçait Syracuse grâce à l’énergie solaire et à des miroirs géants. A l’époque, la Suisse produisait déjà 2 400 kilowattheures d’énergie photovoltaïque sans l’aide de l’Etat et la centrale de Mont-Soleil permettait d’en produire 500 de plus. L’objectif d’Energie 2000 d’atteindre une part d’énergie renouvelables de 0.5% ne permettait manifestement pas de renoncer aux centrales nucléaires. Le Conseiller d’Etat bernois Ueli Augsburger loua l’esprit d’entreprise des partenaires et qualifia Mont-Soleil de «sanctuaire suisse» et même de «sanctuaire européen de l’énergie solaire». Alors même que l’objectif déclaré du projet était de montrer les possibilités et les limites du photovoltaïque, un problème posé par cette énergie survint bien involontairement lors de la fête d’inauguration lorsqu’un terrible orage éclata juste au moment où Adolf Ogi et Ueli Augsburger s’apprêtaient à lancer les festivités. Nos cellules flambant neuves refusèrent obstinément de produire le moindre watt et le show TV prévu dut être purement et simplement annulé.

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Au cours des 20 dernières années, les installations de Mont-Soleil ont répondu aux attentes et obtenu des résultats réjouissants dans un contexte difficile. Voilà, nous voici arrivés au terme de cette histoire. Les similitudes, mais aussi les différences, entre la situation d’hier et celle d’aujourd’hui peuvent parfois prêter à sourire mais globalement, nous sommes très fiers de la Société Mont-Soleil dont nous fêtons aujourd’hui l’anniversaire.