RAPPORT DE MISSION SANTE NOFLAYE – SENEGAL

RUSQUET Emilie

SEPTEMBRE 2013

I - Présentation

Étudiante en médecine à Rennes, j'avais pour souhait depuis longtemps de vivre une expérience humanitaire avant la fin de mon cursus scolaire. Ayant terminé l'externat en médecine en Juin dernier et l'internat ne commençant qu'en novembre 2013, j'ai saisi l'opportunité de concrétiser mon projet durant cette période de temps libre. Dès lors, après avoir pris connaissance d'Urgence Afrique via Internet, l'organisation en fut rapide. J'en profite d'ailleurs pour souligner le sérieux, l'efficacité et le travail consciencieux et de confiance de l'association, effectué aussi bien au près des futurs bénévoles pour la préparation de la mission que sur place en Afrique dans la réalisation des divers projets. Du 1er au 30 Septembre 2013, j'ai effectué une mission Santé à Noflaye, village de la commune rurale de Sangalkam, situé à environ 40 Km de Dakar. Dans ce rapport, je vais décrire ce mois passé à la case de santé, le déroulement de la mission et les difficultés rencontrées. P.S : Les parties en rouge tout au long du rapport correspondent aux points sur lesquels il me semble utile de travailler ou de continuer à insister si cela a déjà été entrepris lors de précédentes missions...

II - La mission Santé

1- Présentation de la case de santé La case de santé du village de Noflaye se situe au sein du centre polyvalent (cf photo cidessous), bâtiment comprenant également l'espace bibliothèque – informatique, où interviennent d'autres bénévoles.

Lorsque l'on rentre dans ce bâtiment, la case de santé se trouve sur la droite. A l'extérieur, un banc est installé chaque matin et cet espace est improvisé comme salle d'attente. Ceci dans l'espoir d'appliquer davantage de confidentialité, principe il faut le souligner de mieux en mieux respecté!

Voici ensuite la case de santé en elle-même : –

Une première grande pièce avec le bureau, pour l'interrogatoire et les prises de constantes hémodynamiques. Il est important d'insister auprès de Mansour, l'ASC (Agent de santé communautaire) qui travaille à la case de bien noter toutes ces données sur le registre dédié à cela ( nom / prénom / âge / motif de consultation / prescription(s) et conseils ), afin d'assurer un meilleur suivi des patients.

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Une deuxième pièce avec une table de consultation, pour les soins.

2- Déroulement de la mission santé a) Observation au poste de santé de Sangalkam Au cours des deux premiers jours, j'ai été observer le fonctionnement du poste de santé de Sangalkam, auquel est rattachée la case de santé de Noflaye. On y trouve une première pièce de consultation, où l'I.C.P. (Infirmier Chef de Poste) consulte et prescrit selon les besoins. Ensuite selon le motif de la consultation, le patient peut être amené à se rendre dans une seconde pièce, où infirmier(e)s font des pansements, posent des perfusions, font des sutures... Une autre pièce avec environ 4 lits est la salle d'hospitalisation. Il y a aussi la salle d'accouchement, une pièce avec 4 lits pour recevoir mère et enfant en postpartum, et une autre pièce pour les consultations gynécologiques et les suivis de grossesse, où exerçent les matrones. Pendant ces deux journées, j'ai tout d'abord passé une bonne partie de mon temps dans la salle de consultation avec l'I.C.P. L'élément le plus frappant fut le manque de confidentialité; sans arrêt la consultation est interrompue pour diverses raisons, et les propos du patient sont à la portée de tous... De plus, il n'y a pas réellement d'examen clinique, l'I.C.P. s'en tient à un interrogatoire succin. Ensuite, il prescrit parfois de manière inadaptée, voire abusive concernant la prescription des antibiotiques, point sur lequel il faut vraiment insister à la case de santé.

Les motifs de consultation majeurs : – – –

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paludisme en ce mois de septembre état pseudo-grippal plaies, très souvent négligées donc vues à un stade avancé et donc graves! Et bon nombre de dermatoses diverses... et de parasitoses cutanées Traumatismes, avec possibilités de sutures sur place

En second, j'ai pu être présente dans la salle de soins. Là, deux choses m'ont interpellé. Tout d'abord, le manque d'hygiène et de respect des règles d'asepsie!!! Sur ce point où nous sommes intransigeants en France. Là, le tout dans une même pièce, on perfuse, on refait les pansements, on suture...un infirmier passant d'un patient à l'autre sans précautions particulières... Deuxième point, la gestion de la douleur. Pour exemple, les pansements de jeunes garçons circoncis arrivant très douloureux (car très souvent surinfectés justement par un manque d'hygiène stricte), qui sont fait sans antalgie préalable... Voir ces enfants hurler de douleur aura été une épreuve difficile et inacceptable pour moi tout au long du mois, et source de nombreuses discussions mouvementées avec Mansour!

b) Fonctions à la case de santé de Noflaye Du lundi au vendredi de 9h30 à 13h, moi-même et Mansour, l'ASC (photo ci-dessous) étions présents à la case de santé de Noflaye. L'objectif est d'y assurer les soins de base, le suivi médical de certains patients et de savoir juger les situations afin de les adresser si nécessaire, au poste de santé de Sangalkam, voire plus haut dans la pyramide des structures médicales selon la gravité et les besoins du cas. (Noflaye => Sangalkam => Rufisque => Dakar)

Au cours de la première semaine de mission, nous avons décidé d'un commun accord avec Mansour d'aller faire du porte à porte dans le village afin de sensibiliser les habitants à la présence de cette structure médicale dans leur village, et aussi pour me présenter. La première surprise fut de voir que beaucoup d'entres eux avaient des plaintes, des besoins de médicaments, des questions, des plaies...mais ne consultaient pas! L'important fut donc de les inciter à venir à la case et non pas de les traiter à domicile! Nous avons pu constater rapidement le fruit de notre démarche avec une nette augmentation de le fréquentation de la case au cours du mois de Septembre.

Les motifs de consultation de la case de santé : –

Beaucoup de dermatoses en cette période d'hivernage, avec pour ma part souvent beaucoup de difficultés à les identifier par rapport à ce que je connais en France, ne serait-ce que par l'aspect sur une peau de couleur différente! De même pour les parasitoses cutanées (de petits vers sous la peau) que je n'avais jamais vu. Eux y sont habitués et savent comment le traiter efficacement (3 jours de traitement oral par : Albendazole).

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Beaucoup de personnes consultent pour des plaies qu'ils ont souvent négligé et il n'est malheureusement pas rare de constater de profondes ulcérations cutanées et surinfections majeures. Concernant les pansements, il est primordial de répéter chaque jour à Mansour les règles d'hygiène de base : lavage des mains, port de gants, utilisation unique des compresses stériles d'un même paquet une fois ouvert... pour ma part je restais à ses côtés mais le laissait faire tous les gestes. Très vite, j'ai remarqué son envie de bien faire et de respecter ce que j'avais pu lui dire plus tôt; Le chemin est encore long, mais il faut noter la belle évolution dans sa pratique au cours du mois!

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A partir de mi-septembre, les consultations pour fièvre et état pseudo-grippal ont augmenté. Très souvent il s'agissait du Paludisme. A la case de santé, nous disposons de TDR (=Test de Diagnostic Rapide), qui permettent de le savoir en quelques minutes. Pour le traitement, les cas de paludisme simples sont pris en charge en ambulatoire avec des médicaments disponibles à la case. En cas de présence d'un seul signe de gravité, le patient doit être référé à Sangalkam pour une prise en charge par voie intra-veineuse. Par rapport à cela, j'ai pu être confrontée à une histoire difficile et marquante : un patient d'une trentaine d'années amené par ses parents, son frère et un ami dans un état critique, étant resté à domicile avec une fièvre à 40° depuis plus de 48 heures. Le TDR est réalisé et confirme le paludisme, dans sa forme grave puisqu'il est instable au niveau hémodynamique, fébrile à 40°, très amaigri et présente des vomissements. J'informe donc ses proches du caractère extrême urgent et de la nécessité de le transférer tout de suite à Sangalkam; malheureusement, ils ont du soigner une de leur fille il y a peu de temps et n'ont plus d'argent pour le soigner lui...Il a fallu plus d'une heure de discours acharné pour finalement réussir à les convaincre de l'emmener au poste de santé se faire perfuser. Selon moi, la leçon de cette anecdote est qu'afin que la mission se déroule au mieux, il faut tout de suite prendre conscience des réalités locales, des difficultés du quotidien et des préoccupations de la population, parfois aux antipodes des nôtres et surtout faire preuve de beaucoup de patience et savoir répéter avec acharnement un message s'il paraît primordial!

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Suivi de pathologies chroniques principalement diabète et H.T.A.

c) Programme « Nutrition » avec les Relais Ce programme a été très bien décrit dans un précédent rapport de mission (celui d'Hélène et Solmaz intervenues en Juillet 2013). Pour rappeler brièvement, il s'agit d'un programme s'adressant aux enfants malnutris, mis en place sur 15 jours, avec une pesée au début et à la fin de la session (cf photo ci-dessous). Les Relais ( 4 femmes du village; photo ci-dessous ) sont les principales actrices dans l'organisation de ces séances et ont un rôle primordial au sein du village pour la promotion de la santé. Ces après-midi à leurs côtés ont été un réel plaisir pour moi!

Le déroulement d'une séance : –

Vers 15 h : Les Relais débutent la préparation de repas enrichis à la case de santé. Le but est que les mamans des enfants inclus dans le programme soient présentes dès ce début d'après-midi pour assister à la confection du plat; en connaître la composition et savoir le refaire seule à la maison. Malheureusement, les mamans ne respectaient pas cela et arrivaient plus tard...Les Relais préparaient seules le plat la plupart du temps; mais toujours dans la joie et la bonne humeur!!!

-Vers 17 h : Tontine (discussion en petit groupe) sur différents thèmes : M.S.T.., Paludisme, Diarrhée aiguë (définition, causes, traitement...) animée par les Relais en wolof la plupart du temps, donc difficile pour moi de m'y intégrer complètement mais elles faisaient toujours l'effort de me traduire ce qu'elles disaient donc je pouvais participer! Le point positif est l'intérêt porté par les femmes sur les différents sujets abordés, ce qui rendait toujours le débat animé et très enrichissant pour tous.

- Vers 18h30 : distribution du repas.

d) Sensibilisations Au cours du mois, j'ai aussi eu l'occasion d'animer une sensibilisation auprès d'un groupe de jeunes du village. Celle-ci s'est faite en soirée et portait sur le thème du diabète. Le but est de présenter brièvement et simplement la maladie, ses causes et conséquences, les possibilités thérapeutiques et surtout les moyens de prévention si il en existe. Ensuite, les participants posent leurs questions ( nombreuses et intérressantes !). Les sensibilisations sont des actions faciles à mener; leurs préparation et organisation sont simples et rapides, motivantes car intérêt majeur du public et enrichissantes par le caractère interactif du débat. Faute de temps, je n'ai malheureusement pu en réaliser qu'une seule, mais je pense qu'il s'agit d'un très bon moyen d'action pour nous, bénévoles en santé, pouvant s'adresser à tout public, sur maintes et maintes sujets : – – – – –

risques liés au tabac ( à la demande de jeunes du village) M.S.T paludisme H.T.A. Diabète

...tout en veillant bien-sûr à vérifier ce qui a pu être traité précédemment pour éviter de lasser les gens avec des redites ou des sujets qu'ils maîtrisent déjà très bien ! (ex : SIDA, Paludisme...)

III- Conclusion Le bilan au terme de ce mois de mission en santé à Noflaye est plus que positif. Il s'agit d'une expérience hors du commun qui, j'en suis certaine, me servira tout au long de ma vie professionnelle, comme personnelle. J'ai beaucoup appris au contact d'une population accueillante, généreuse, toujours de bonne humeur et souriante du matin au soir. J'ai vu pratiquer la médecine d'une manière opposée à la nôtre mais je me suis sentie utile et écoutée. Tout au long de cette mission santé, ce fut un partage des connaissances et savoir-faire de chacun; sans doute le meilleur moyen d'évoluer! Ce sentiment énorme de reconnaissance que m'ont porté les gens que j'ai pu aider ou soigner n'a fait qu'augmenter le plaisir, la motivation et l'envie à oeuvrer sur place! Parallèlement pendant les week-end, j'ai pu m'enrichir en découvrant le Sénégal; le pays, sa culture, sa population... en présence de Jérémy et Victor, deux autres bénévoles sans qui d'ailleurs, cette mission n'aurait pas été aussi réussie. En un mois, cette mission santé au Sénégal a réuni : des découvertes, de l'aventure, de belles rencontres, des émotions, un apprentissage sur moi-même; connaître mes capacités et mes limites. Tous ces bénéfices et souvenirs apportés sont une leçon inoubliable pour toute une vie! Pour terminer, je tiens à remercier Ibra pour son accueil et son aide dans toutes les démarches sur place, et bien-sûr Urgence Afrique. Un énorme merci à Ousman et sa famille, qui m'ont hébergé et se sont occupés de moi avec tant de bienveillance et de générosité. Un énorme clin d'oeil à vous deux, Jérémy et Victor, très contente d'avoir fait votre rencontre! Ainsi qu'à Omar qui nous a souvent si bien accompagné pour nos virées touristiques. Merci à Mansour pour sa gentillesse, sa motivation et son envie d'apprendre, ainsi que la confiance qu'il a su m'accorder, établissant d'emblée une entente et un climat de travail idéaux. Tata France que je n'oublierais pas; avec ses recommandations précieuses et toutes ses histoires que je suis restée écouter pendant des heures, et surtout sa gentillesse, son sourire et sa générosité. Bref, la liste serait encore très très longue si je devais citer les nombreuses personnes qui ont contribué à rendre ce mois génial et inoubliable, mais je pense bien à eux et je n'oublierais pas!