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Pays de la Loire / Sarthe
Ouest-France Jeudi 21 avril 2016
Comment fonctionne le seul site nucléaire sarthois Trente ans de Tchernobyl. Ionisos traite des matériels médicaux en les irradiant. Le site nucléaire sarthois a vu sa sécurité renforcée avec l’état d’urgence. On vous explique comment il marche. Il existe un blockhaus, à Sablé, où un être humain ne pourrait survivre que quelques secondes. Cette cellule de béton se trouve près des usines LDC et Charal, zone de l’Aubrée. À l’intérieur, du cobalt 60, un élément radioactif artificiel créé par l’homme pour dégager des radiations. Quel intérêt ? L’entreprise Ionisos stérilise des matériels médicaux avec cette source radioactive. « Compresses, poches de sang, beaucoup de prothèses de hanche ou de genoux… », énumère Philippe Palvadeau, le responsable du site. « Il y a deux manières de stériliser, dans le monde, poursuit l’atomicien. Soit avec des radiations, comme ici. Soit avec de l’oxyde d’éthylène, un gaz mortel. Chacune a ses avantages. Celle utilisant le gaz peut polluer. Pas la nôtre. » L’usine peut avaler jusqu’à 50 000 palettes par an. Car c’est par palettes entières, sans sortir de leur emballage, que les marchandises sont stérilisées.
Archives Ouest-France/OUest-France
Hervé Esmilaire (à gauche), directeur général de Ionisos en août 2009, devant des palettes prêtes à partir pour l’irradiation. Des élus locaux, comme un certain François Fillon, avaient visité le site nucléaire, en 2006.
Une fois stérilisées, les marchandises repartent comme elles sont arrivées. Avant d’être vendues, souvent aux hôpitaux. Avec l’état d’urgence, la sécurité a été renforcée au niveau du transport du cobalt. Par contre, aucun risque dans l’usine : « Si quelqu’un tente de piquer la source de cobalt 60, il mourra avant d’y arriver. Et puis, notre installation peut résister à un crash d’avion. » Et le directeur d’ajouter : « Ce n’est pas avec du cobalt qu’on peut fabriquer une bombe. » La vingtaine d’employés, elle, est
protégée des radiations par les deux mètres de béton du blockhaus. Quand le cobalt 60 n’y est pas confiné, il se trouve immergé sous quatre mètres d’eau, un rempart contre les radiations. « Dans cette cellule de béton, quand le colbalt est sous l’eau, vous vous prenez moins de doses de radiations que lors d’une
En quoi consiste l’action de Sortir du nucléaire ? L’association va manifester devant le site sabolien de l’entreprise Ionisos, samedi, à 15 h, pour commémorer les trente ans de la catastrophe nucélaire de Tchernobyl, en Ukraine. Elle milite pour l’arrêt du nucléaire civil et militaire. « Il y a toujours des rejets radioactifs, trente ans après l’accident, précise Martial Chateau, administrateur de Sortir du nucléaire. Il n’y a plus rien là-bas. Le sol y est toujours contaminé. Il suffit d’un incendie pour que les fumées emportent au loin des particules radioactives. » Pourquoi manifester à Sablé ? C’est la seule installation nucléaire du département. Elle présente, selon les militants, des « risques pour les travailleurs. » Et de dissémination des matières radioactives, par exemple lors du transport. Ce qui poserait des problèmes de sécurité. Des accidents ont-il eu lieu ? Depuis l’implantation de Ionisos en 1993, « nous avons eu deux grosses pannes, indique Philippe Palvadeau, le responsable du site. Mais rien de grave, selon lui : « La production a été arrêtée. C’est un peu comme une panne de voiture. Nous n’avons jamais eu de soucis avec le person-
radio », assure le responsable du site. Il insiste : « Il n’y a pas de réaction de fission nucléaire, ici ». Donc l’installation ne peut pas exploser, comme à Tchernobyl, voilà trente ans.
Jérôme LE BOURSICOT.
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Une vingtaine de personnels travaille à Ionisos, un chiffre en hausse, puisque l’activité progresse, avec l’augmentation des commandes. L’entreprise compte 80 personnels, répartis sur quatre sites.
Cobalt
Archives Ouest-France
Sortir du nucléaire mènera une action devant Ionisos, à Sablé, samedi, pour commémorer les trente ans de Tchernobyl.
« Résister à un crash d’avion » D’abord, les palettes arrivent par camion. Elles s’engouffrent ensuite dans l’usine, où le système est totalement automatisé : un « convoyeur aérien » les achemine vers la source de cobalt 60. Leur chemin est semé de chicanes. « Dès que le rayonnement rencontre une paroi, il perd de l’énergie, explique le directeur. Ainsi, aucun rayonnement dangereux n’atteint l’extérieur du blockhaus. Une fois à l’intérieur, les palettes passent sous la source radioactive. « Les rayons du cobalt 60 font péter les molécules », illustre Philippe Palvadeau. Les marchandises ne sont pas contaminées, parce que tout est scellé.
Sortir du nucléaire juge le site dangereux
70 personnes avaient manifesté devant Ionisos, en 2005.
nel et l’environnement. » Les incidents arrivent aussi. « Mauvaise application de la procédure », juge l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire), en 2005. Pour Sortir du nucléaire, « c’est trop souvent dû à des entorses à la réglementation de sûreté et de sécurité. » Comme en 2009, quand un dispositif visant à prévenir les risques d’irradiation n’était pas en place lors d’une inspection inopinée de l’ASN. Le site ne traite plus d’aliments ? Ionisos, à Sablé, ne traite plus d’aliments, comme des épices, auparavant. Une pratique légale, mais « la grande distribution ne veut plus qu’elle ce soit étiquetée sur ses produits, donc nous n’avons plus de commandes », explique le directeur. L’irradiation était jugée nocive pour la santé et l’environnement, par les militants. « Seules les cuisses de grenouilles congelées sont encore irradiées, mais c’est maintenant un marché belge », précise Philippe Palvadeau.
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