Nous constatons une baisse notable du taux de fréquence d ... - GRTgaz

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38 | Le grand témoin et vous | THIERRY TROUVÉ, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE GRTGAZ

« Nous constatons une baisse notable du taux de fréquence d’accidents » Spécialisée dans le transport de gaz par canalisation, l’entreprise GRTgaz a engagé depuis plusieurs années une politique de prévention et de sécurité volontariste, notamment avec l’appui de l’OPPBTP. Elle cherche désormais à démontrer l’impact économique positif de la prévention sur les chantiers. Thierry Trouvé, son directeur général, en donne une illustration claire.

De quoi s’agit-il ? T. T. : C’est un prérequis obligatoire pour toute entreprise qui intervient sur l’un de nos chantiers. Le « Passeport Formation » permet de s’assurer que le personnel d’entreprises extérieures a bien été sensibilisé aux risques du chantier. Il est décliné différemment suivant deux catégories de personnel : opérateur, sur un format 4 heures, et encadrement, sur 3 jours. À l’issue de ces formations, nous délivrons au salarié concerné un « Passeport », dont la durée de validité est de deux ans.

des entreprises, nous avons pris en charge la mise à disposition et l’entretien des locaux modulaires (vestiaires-réfectoires-sanitaires) pour garantir les bonnes conditions d’accueil. Concernant l’intervention du personnel, nous avons conduit une réflexion sur l’adaptabilité des platesformes à l’activité ainsi que sur la gestion de la coactivité. Nous avons également réfléchi à la gestion des flux piétonniers et routiers. Finalement, ce chantier a nécessité 240 000 heures de travail. Nous avons enregistré un taux de fréquence d’accidents de zéro et le projet a été livré dans les temps et dans l’enveloppe financière prévue.

Quels bénéfices avez-vous déjà tirés de ce dispositif en matière de prévention des risques ? T. T. : Depuis le début de cette action, nous constatons une baisse notable du taux de fréquence d’accidents chez les entreprises intervenant sur nos chantiers. En 2006, ce taux était à 14,80. À partir de 2011, il est passé à 9, puis à 8 en 2014. Pour l’instant, le taux de l’année 2015 est de 5,5. Pouvez-vous nous donner un exemple de chantier sur lequel le constat « sécurité = économie » a été fait ? T. T. : Prenons l’exemple de la construction d’une nouvelle station de compression à Etrez, dans l’Ain, de 2012 à 2014. Dès le début du projet, il y a eu une réflexion sur les moyens liés à l’organisation. Côté accueil du personnel Prévention btp – Numéro 193 – Décembre 2015-Janvier 2016

THIERRY TROUVÉ

Nous avons renforcé, dans nos appels d’offres, nos exigences en matière de sécurité, avec, notamment, la révision des spécifications HSE.

© GRTgaz / Vautrin Laurent

Quel est l’objectif de la convention de partenariat que vous avez signée l’été dernier avec l’OPPBTP et le master des risques industriels de l’école des Mines ParisTech ? Thierry Trouvé : Cette convention a deux objectifs principaux. Le premier vise à étudier, de manière objective, l’intuition que nous avons qu’il est économiquement rentable d’investir dans le domaine de la sécurité. Le second est de mesurer l’efficacité du dispositif des « Passeports Formation », mis en place en 2008 avec l’OPPBTP.

| 39 L’essentiel

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La convention signée entre GRTgaz et l’OPPBTP vise à mesurer, de manière académique, l’impact économique de la prévention sur deux projets similaires espacés de cinq ans.

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Cette convention a également pour objectif de mesurer les effets du dispositif des « Passeports Formation », mis en œuvre avec l’OPPBTP en 2008.

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Le taux de fréquence d’accidents des entreprises sous-traitantes de GRTgaz a chuté entre 2006 et 2015, en partie grâce aux « Passeports Formation », mais aussi en lien avec une politique de prévention et de sécurité volontariste.

Vous affichez un objectif « zéro accident » sur vos chantiers. Quels autres moyens déployez-vous pour atteindre cet objectif ? T. T. : La préparation des travaux est un sujet essentiel, qui fait partie de nos douze règles d’or. Nous avons mené un travail participatif d’identification de ces douze règles d’or, mises en place en 2014, à l’issue d’un vote par le personnel (voir encadré). Elles s’appliquent à la fois à notre personnel et aux contractants. Nous les utilisons également lors des retours d’expérience, en cas d’accident, dans un document qui permet de partager avec l’ensemble des salariés l’information relative à l’accident, ses conséquences et les premiers résultats d’analyse. On y ajoute les règles d’or qui ont été respectées et celles qui auraient permis d’éviter l’accident, si elles avaient été respectées. Dans nos appels d’offres, nous intégrons également deux spécifications HSE qui couvrent à la fois les gros et les petits projets en ingénierie et en travaux d’exploitation maintenance. Elles font partie de nos piliers en termes de prévention sécurité, au même niveau que le CPP Gaz et les douze règles d’or. Quels sont les autres dispositifs déployés par GRTgaz autour de la prévention des risques et de la sécurité des salariés ? T. T. : Nous réalisons des actions de contrôle auprès des entreprises sur la conformité et l’intégrité de leurs équipements. Pour la technique, nous nous appuyons sur des documents d’organisation intégrant l’analyse systématique des risques. Et enfin, nous développons notre culture sécurité en travaillant sur le comportement. Le dispositif retenu pour l’interne est la visite comportementale de sécurité. Tous les ans, chaque salarié reçoit une ou deux visites de sécurité par deux managers. Ces derniers l’observent en train de réaliser une opération particulière à l’issue de laquelle un dialogue constructif et précis doit permettre d’identifier les points positifs et des pistes de progrès : les dirigeants amènent le salarié à réfléchir aux risques auxquels il était exposé, aux mesures qu’il a mises en œuvre pour s’en prémunir, à des améliorations possibles… Nous avons aussi organisé des visites de ce type avec certains de nos sous-traitants.

Outre les « Passeports Formation », comment faites-vous passer le message de prévention auprès de vos entreprises sous-traitantes, en particulier concernant les risques liés à la coactivité ? T. T. : C’est une action de chaque instant, menée à toutes les occasions de la relation entre GRTgaz et ses entreprises sous-traitantes. Nous avons renforcé, dans nos appels d’offres, nos exigences en matière de sécurité, avec, notamment, la révision des spécifications HSE. Nous cherchons actuellement à développer les bénéfices qu’on peut obtenir par la préparation au travail, qui nécessite de scénariser la construction et de pouvoir identifier les enjeux et problématiques de coactivité qui pourraient se présenter. Cette année, nous avons également remis à jour un document important, le carnet de prescription au personnel (CPP Gaz). Il définit, de manière très précise, le rôle des différents intervenants sur le réseau. Il était bon de réactualiser le rôle de chacun dans un référentiel commun, à la suite d’accidents ou de presque-accidents que nous avons subis. Comment la convention signée avec l’OPPBTP se déclinera-t-elle ? T. T. : La méthodologie n’est pas encore arrêtée, elle fait actuellement l’objet de discussions avec l’école des Mines et l’OPPBTP. L’idée consiste à apporter un regard académique afin de nourrir des échanges internes dans l’entreprise, quand il s’agit de prendre des décisions sur le niveau d’exigence en termes de sécurité et sur le niveau de dépenses à consentir sur un chantier. Les résultats sont attendus pour septembre 2016, avec un point d’étape en avril 2016, lors de la cérémonie des Trophées sécurité OPPBTP-GRTgaz. La problématique que nous allons rencontrer est d’être capables de mesurer l’impact des « Passeports Formation », sachant que ce n’est pas le seul dispositif lancé au cours des dix dernières années.n PROPOS RECUEILLIS PAR DIANE VALRANGES

ZOOM SUR… Cinq des douze règles d’or de la sécurité

➊ Je me préoccupe de ma santé, de ma sécurité et de celle des autres. ➋ Je prépare le travail en analysant les risques associés et mets en œuvre des mesures adaptées pour leur maîtrise. ➌ Je connais mon rôle et celui des autres intervenants, dispose des documents de travail requis et suis attentif aux risques liés à la non-activité. ➍ Je veille au respect des consignes lors du terrassement et accède à la tranchée ou à la fouille lorsque les dispositions de protection contre l’ensevelissement sont présentes. ➎ Je vérifie le poids, le volume de la charge pour adapter la manipulation en privilégiant la manutention mécanique, et prends des postures/outils adaptés. Décembre 2015-Janvier 2016 – Numéro 193 – Prévention btp