Une Adèle en chacun de nous

Peu à peu, le malaise s'installe entre l'institutrice et l'artiste. La réalité d'une France homophobe, sans les clichés, est sacrément bien présentée. Cet œuvre signe ... pousse à retrouver son ancienne petite amie enceinte. Avec ce réalisme étonnant, le réalisateur est au sommet de son art. La caméra scrute les visages sous ...
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Une Adèle en chacun de nous

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'amour lesbien tel que vous ne l'avez jamais vu. Cela commence comme dans un rêve. La vie d'Adèle, c'est le portrait d'une fille qui tombe amoureuse d'une autre fille. Inspiré d'une bande-dessinée de Julie Maroh, le film d'Abdellatif Kechiche retrace le parcours, la vie et la fin d'un amour. L'entrée en matière est directe et on se retrouve rapidement dans la vie d'Adèle. Gênée, elle se résigne à sortir avec le séduisant Thomas. Le désir est ailleurs et la jeune fille fait la rencontre d'Emma. Naît alors une histoire d'amour bouleversante, où l'on oublie qu'il s'agit de deux femmes. Le monde gay n'a alors plus aucun secret pour cette «hétéro curieuse». Avec Emma, le paradoxe est troublant. Adèle voit la vie en rose. Les scènes intimes se mêlent à la beauté de la nature. L'action se déroule sur plusieurs années. Peu à peu, le malaise s'installe entre l'institutrice et l'artiste. La réalité d'une France homophobe, sans les clichés, est sacrément bien présentée. Cet œuvre signe ainsi l'apprentissage à la vie et aux différences sociales. Des premières frictions aux flirts avec un homme, Adèle réalise les aléas d'une vie à deux. Au final, l'envoûtante étudiante des beaux arts aux fascinants cheveux bleus choisit la raison sur la passion. Son envie de famille la pousse à retrouver son ancienne petite amie enceinte. Avec ce réalisme étonnant, le réalisateur est au sommet de son art. La caméra scrute les visages sous ses joies et ses peines. Les émotions nous submergent, et sont d'autant plus puissantes, qu'elles sont souvent silencieuses. Les deux actrices impressionnent par leurs superbes dialogues des corps. Des scènes de sexe, généralement très crues, qui nous renvoient aux tableaux de nu artistique. Une palme d'or méritée, Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos sont en état de grâce. Trois heures de pellicules, auxquelles on en redemanderait presque. La Vie d'Adèle reste un film que le public n'est pas prêt d'oublier■ Par Benjamin Lévêque