Jeanne Deroin

ne pas lui causer de préjudice !), mère de trois enfants, elle participa au journal La. Femme libre et dirigea La Voix des Femmes avec Eugénie Niboyet et ...
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Jeanne Deroin (1805-1894) Femme de son temps et parfois en avance sur ses mœurs, née dans une famille ouvrière, largement autodidacte, Jeanne Deroin mit le journalisme militant au service de sa cause. Mariée à un fonctionnaire dont elle ne voulut pas porter le nom ( pour ne pas lui causer de préjudice !), mère de trois enfants, elle participa au journal La Femme libre et dirigea La Voix des Femmes avec Eugénie Niboyet et Désirée Gay : saint-simonienne et fouriériste convaincue, elle y réclamait l’instruction des femmes, l’organisation de coopératives et l’égalité des droits politiques. Sa priorité fut le droit de la femme au travail salarié, clef de « la liberté et de l’égalité sociale » surtout pour les femmes mariées dont la condition était encore « plus humiliante que celle de la servante et de la femme entretenue qui, elles, sont rétribuées et qui ont au moins la liberté de changer de changer de maître. » Elle fonda le Club de l’Emancipation des Femmes. En 1849 elle se présenta aux élections législatives sur la liste démocrate socialiste mais n’obtint que quinze voix. Elle prit aussi part à la création de l’Union des associations ouvrières. En 1851, elle fut jetée en prison par le régime de Louis-Napoléon Bonaparte pour idées subversives, puis exilée en Angleterre où elle ouvrit une école pour les enfants des réfugiés politiques, travailla aux côtés des socialistes anglais et publia encore un Almanach des femmes. Très déçue de l’oubli des femmes par le suffrage « universel » masculin de la République de 1848, qui avait oublié de libérer les femmes du Code Napoléon, elle eut aussi à guerroyer contre des ennemis de l’intérieur du camp socialiste : Proudhon surtout, connu pour sa misogynie virulente. Sa Lettre à M. Proudhon, en 1849, affirme le caractère politique de la domination patriarcale et ouvre la voie à d’autres anti-proudhoniennes, comme Hubertine Auclert dans le journal suffragiste et anticlérical La Citoyenne et Marguerite Durand dans La Fronde, premier journal entièrement dirigé par des femmes. Dans cette lettre, elle démonte l’argument principal du célèbre adversaire de l’égalité entre hommes et femmes qui clamait : « Plutôt ménagères que courtisanes » parce qu’il craignait l’atteinte « aux saintes lois de la morale ». Elle lui écrit à propos des femmes : « Favorisez le libre développement de leur intelligence ; donnez un noble but à leur activité, les faiblesses du cœur et les écarts de l’imagination ne seront plus à craindre. »Elle fait appel à l’intelligence et à la justice : « Vous demandez quelle sera sa mission en dehors de la famille ? Elle viendra vous aider à rétablir l’ordre dans ce grand ménage qu’est l’État, et substituer une juste répartition des produits du travail à la spoliation permanente des durs labeurs du prolétaire » Et d’ajouter que la femme « fera pour la grande famille sociale ce qu’elle fait dans son intérieur lorsqu’elle agrandira le cercle égoïste des affections domestiques en s’élevant à la hauteur des questions humanitaires. »

Civisme et démocratie – CIDEM