interpellations stratégiques - Mouvement Métropole

consulaires et du monde académique, experts de ..... arts, lettres, langues et sciences humaines ; droit ...... notamment : le russe, le chinois, le japonais, l'hindi,.
9MB taille 18 téléchargements 237 vues
07

interpellations stratégiques MISSION INTERMINISTÉRIELLE POUR LE PROJET MÉTROPOLITAIN AIX-MARSEILLE-PROVENCE

LE NUMÉRIQUE Pour une métropole connectée et innovante

ÉDITORIAL................................................................................................................................................... 3 INTRODUCTION LE NUMÉRIQUE PEUT ACCOMPAGNER L’ÉMERGENCE DE LA MÉTROPOLE ..................................................................................... 4

DES DYNAMIQUES TERRITORIALES À RENFORCER POUR UNE MÉTROPOLE CONNECTÉE ET INNOVANTE

..............................................................

01. Un potentiel économique et des atouts

9

géographiques.................................................................................................................................11 02. Des acteurs mobilisés autour de projets structurants...................................................................................................................................... 16 03. Une taille critique pas encore atteinte pour faire du Numérique un atout différenciant de la métropole............25

RÉUSSIR LA TRANSITION NUMÉRIQUE POUR TOUS SUR LE TERRITOIRE

...................................

29

01. Levier n°1 : réussir l’aménagement numérique

de la Métropole............................................................................................................................. 31 02. Levier n°2 : favoriser de nouvelles pratiques de mobilité........................................................................................................................................... 40 03. Levier n°3 : le numérique pour tous dans des relations de proximité............................................................................................50 04. Levier n°4 : le numérique, pour repenser le territoire et les politiques publiques.......................................................56 05. Levier n°5 : faire du numérique un levier du développement économique de la Métropole..................................... 63 06. Levier n°6 : une organisation transversale au service des territoires et des acteurs.............................................. 68 CONCLUSION DES PRIORITÉS POUR SOUTENIR L’AMBITION D’UNE MÉTROPOLE CONNECTÉE ET INNOVANTE............................................... 71

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

1

2

interpellations stratégiques

ÉDITORIAL La Caisse des Dépôts a fait de la transition numérique, enjeu stratégique pour la France, un axe majeur de ses interventions. Elle accompagne ainsi les territoires pour l’intégration du numérique dans leurs politiques publiques. C’est pourquoi, la Caisse des Dépôts et la Mission interministérielle pour le projet métropolitain ont lancé en avril 2015 une étude stratégique sur la prise en compte des enjeux de la transition numérique dans la construction de la métropole Aix-Marseille-Provence.

Collectivités territoriales, structures publiques et parapubliques, entreprises privées de toute taille, associations,... ont été mobilisées et ont participé aux travaux menés durant 7 mois.

Facteur clé de transformation de notre société, moteur majeur de croissance et de développement des sociétés modernes, le numérique a un impact direct sur la compétitivité industrielle, le partage des ressources, mais aussi sur la cohésion sociale, la santé, l’éducation, la culture... Dans le domaine des systèmes urbains et territoriaux (réseaux d’énergie et de transport, gestion des déchets,….), le numérique peut certes contribuer à moderniser et optimiser la gestion des services existants, mais il peut également faire émerger d’autres formes d’innovation plus disruptives en faisant appel à l’intelligence collective plus qu’à la technologie.

Ce travail collaboratif a permis d’identifier six leviers d’action pour réussir la transition numérique de la métropole, et plusieurs chantiers prioritaires à engager au plus tôt pour lesquels l’échelle métropolitaine est pertinente, dans le domaine : • des infrastructures, socle nécessaire au développement de tout projet numérique ; • de la mobilité, à la fois pour optimiser les dispositifs existants mais également pour imaginer d’autres approches de rupture, par exemple en réduisant les déplacements pendulaires domicile / travail ; • et de la médiation numérique, en capitalisant sur la richesse des ressources existantes en la matière, afin d’assurer une transition numérique appropriée par l’ensemble des citoyens du territoire.

Un appel public à contributions a été lancé et a reçu plus de soixante réponses, venant à la fois confirmer la pertinence des enjeux identifiés lors des phases précédentes de l’étude, et illustrer d’exemples concrets la diversité des projets existants ou à développer sur le territoire.

La filière numérique de la métropole dont la taille critique et le dynamisme ont été reconnus par l’obtention en novembre 2014 du label « métropole French Tech » s’appuiera assurément sur l’ensemble de ces actions. Les décideurs métropolitains disposeront ainsi d’un panel d’actions à lancer dans les mois à venir qu’ils pourront inscrire dans leur projet de développement territorial en fonction des objectifs recherchés, par exemple en matière d’attractivité, d’innovation, d’efficacité ou de qualité de vie.

Elisabeth Viola, Directrice régionale PACA, Caisse des Dépôts Laurent Théry, Préfet délégué, Mission interministérielle pour le projet métropolitain AMP

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

3

INTRODUCTION Le numérique peut accompagner l’émergence de la Métropole Le numérique prend une place croissante dans la valorisation et le fonctionnement des territoires La démocratisation des technologies numériques entraîne de nombreux bouleversements économiques et sociétaux, certains économistes qualifiant ces ruptures de « révolution industrielle », comparable dans l’histoire à celle de la mécanisation, de l’électrification ou du développement de l’automobile. Les technologies numériques constituent en effet des technologies dites « d’usage général* », qui impactent et modifient les organisations traditionnelles. Au départ simple procédé d’amélioration des communications, le numérique réorganise toutes les sphères productives et les liens sociaux, si bien que sa diffusion rapide modifie en profondeur les équilibres établis. Ces technologies sont en effet la source de nombreux changements d’ores et déjà perceptibles, et dont les effets devraient avoir tendance à s’amplifier dans les années à venir : • Le changement des modes de travail, notamment par le développement de l’autoentrepreneuriat et le recul (relatif ) du salariat ; • Le développement des pratiques collaboratives permettant de faire émerger de nouvelles activités marchandes (plate-forme de type Airbnb) ou non * OCDE (2007). Broadband and the economy.

4

interpellations stratégiques

marchandes (logiciels libres, Wikipédia…) ; • La mise en œuvre de pratiques de concertation plus régulières entre les citoyens et leurs instances de représentation ; • La capacité à mieux connaître un territoire et ses habitants, de manière à repenser les politiques publiques et les ajuster en permanence. Dans la sphère productive, de nouvelles entités se saisissent de ces outils pour contester les positions ou les monopoles des acteurs traditionnels. Il est en effet désormais possible de créer son entreprise depuis son domicile, à l’aide d’un simple ordinateur, et de mettre en œuvre des solutions ou des services pouvant répondre aux préoccupations de millions d’utilisateurs à travers le monde sur la base de modèles économiques inédits où les coûts de production sont souvent négligeables. Ces nouveaux modèles peuvent être facteurs de perturbation, tant pour des entreprises ou des activités installées (taxis confrontés à l’offre émergente de VTC à la demande, hôtellerie concurrencée par des offres de mise à disposition de logements de particuliers, acteurs ferroviaires en compétition avec des offres de covoiturage…). Les territoires qui sortiront gagnants de ce bouleversement sont ceux qui auront anticipé et favorisé la généralisation de cette « transition numérique », vers des pratiques de gouvernance, de gestion participative/collaborative de projets, de socle mutualisé optimisant les ressources

publiques et de mise à disposition de platesformes permettant la diffusion de services répondant aux nouvelles attentes des populations, des acteurs économiques et sociétaux.

UN TAUX D’ÉQUIPEMENT CROISSANT EN TERMINAUX NUMÉRIQUES ÉVOLUÉS En 2014, selon le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CREDOC*) , plus de 90 % de la population des plus de 12 ans possède un téléphone mobile, dont environ 50 % est équipée d’un smartphone. En 2011, 17 % de la population seulement était équipée d’un smartphone, ce qui constitue un rythme d’équipement historiquement inédit. Même si les disparités tendent à s’atténuer (le taux d’équipement global progresse), cellesci sont encore sensibles : avant 40 ans, les personnes sont majoritairement équipées de smartphones avec des taux d’équipement de 100 % pour la tranche 20-30 ans. Les écarts peuvent également être mesurés sociologiquement à ce stade : 72 % des cadres sont équipés d’un smartphone contre 49 % des ouvriers. 76%

LE MULTIÉQUIPEMENT DES FRANÇAIS EN 2014 20% DES FRANÇAIS DISPOSENT À LA FOIS D’UN ORDINATEUR PORTABLE, D’UNE TABLETTE ET D’UN SMARTPHONE

46%

25%

20% 55%

29% 22%

* CREDOC (2014). La diffusion des technologies de l’information et de la communication dans la société française.

Le numérique, un outil pour répondre aux défis de la métropole Aix-MarseilleProvence La construction de la dynamique métropolitaine est l’occasion de dresser un diagnostic de la situation et de commencer à identifier les enjeux porteurs de sens, tant pour la compétitivité du territoire que pour l’amélioration de la qualité de vie des habitants. La métropole Aix-Marseille-Provence peut accompagner et accélérer cette transition numérique, en s’appuyant sur ses atouts (qui sont nombreux – compétences, entreprises, clusters d’excellence…) mais en apportant également des réponses « numériques » aux défis structurels du territoire (faiblesse des transports publics, gestion des risques majeurs, développement durable, dispersion des politiques publiques…). Acteurs publics, privés, citoyens doivent donc se mobiliser, être accompagnés pour faciliter cette transition et en faire un atout différenciant. Des acteurs mobilisés au service d’une réflexion métropolitaine Le présent document d’interpellation stratégique ne constitue ni un schéma directeur opérationnel, ni un recensement exhaustif des transformations numériques en cours ou en gestation sur le territoire d’Aix-Marseille-Provence. Il s’agit d’un premier jalon d’aide à la réflexion sur l’anticipation de ces enjeux pour le territoire métropolitain. Ce document est le fruit des réflexions et des échanges menés d’avril 2015 à novembre 2015 par le cabinet TACTIS, dans le cadre d’une étude confiée par la Caisse des Dépôts et la Mission

interministérielle pour le projet métropolitain Aix-Marseille-Provence. Compte tenu du caractère extrêmement transversal des sujets abordés, le parti-pris méthodologique de cette étude a été résolument tourné vers une approche multi-partenariale et participative, afin de tenir compte de la diversité des acteurs et des points de vue. L’étude a notamment été articulée autour : • D’un comité de pilotage élargi, rassemblant aux côtés de la Caisse des Dépôts et de la Mission interministérielle pour le projet métropolitain Aix-Marseille-Provence des acteurs d’horizons différents : services de l’Etat, Région, Département, EPCI, villes, CCIMP, Euroméditerranée, ARII-PACA, acteurs privés tels que Thecamp et MedInSoft. Ce comité de pilotage s’est réuni six fois au cours de l’étude pour discuter et orienter les axes de réflexions pertinents pour le territoire métropolitain. • D’une trentaine d’entretiens individuels avec des acteurs métropolitains (élus, cadres territoriaux, représentants de chambres consulaires et du monde académique, experts de la CDC, experts des structures parapubliques…). • De six ateliers-débats thématiques, rassemblant acteurs publics, parapublics, privés (PME et grands groupes), institutionnels, associatifs,… permettant d’approfondir des thématiques structurantes pour Aix-MarseilleProvence : - Atelier 1 – « Le numérique au service de la mobilité » (17 juillet 2015 - 26 participants), qui a permis de cerner les enjeux de nouvelles pratiques de la mobilité, davantage centrées sur les besoins du voyageur ;

- Atelier 2 – « Les socles techniques et technologiques de la Métropole intelligente » (17 juillet 2015 – 20 participants), où les enjeux de l’aménagement numérique de la métropole ainsi que les opportunités de développement de nouveaux réseaux au service de la collecte des données ont pu être abordés ; - Atelier 3 – « Le numérique au service du « mieux vivre ensemble » » (10 septembre 2015 – 22 participants), dans lequel ont été cernés les apports des technologies numériques dans la promotion d’un territoire « agréable » ; - Atelier 4 – « Le numérique au service de la ville durable » (10 septembre 2015 – 21 participants), où les perspectives d’emploi des technologies numériques pour la réduction des émissions de CO2 ou la gestion des risques ont été abordées ; - Atelier 5 – « Le numérique au service du développement économique » (11 septembre 2015 – 27 participants), qui a permis d’affiner la situation actuelle (premiers retours d’expérience sur la mise en œuvre du label French Tech notamment) et de définir des pistes pour faire de la Métropole un lieu d’excellence sur les technologies numériques ; - Atelier 6 – « Le numérique et les enjeux du tourisme et des commerces de proximité » (11 septembre 2015 – 15 participants), qui a établi un focus sur les opportunités du e-tourisme et la valorisation des commerces de centre-ville. • D’un Appel Public à Contribution (APC) à destination de tous les acteurs intéressés par la dimension numérique du futur territoire métropolitain, et permettant de détecter des projets ou des concepts pour faire émerger la métropole innovante et intelligente. Cet APC a été ouvert sur une période d’un mois, du 25 septembre 2015 au 23 octobre 2015. Il a permis de consolider L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

5

sur cette très courte période une soixantaine de contributions sur le sujet. Ces contributions émanent d’une très large diversité d’acteurs aussi bien métropolitains, régionaux, nationaux et internationaux (entreprises, institutionnels, associations, citoyens…). Plus de la moitié (33) sont des entreprises, 17 contributeurs ont le statut d’association, quatre représentent l’administration ou un service public. Les autres contributions proviennent du monde académique et de la recherche, de think-tank, des chambres consulaires…

PROFIL DES CONTRIBUTIONS RECUEILLIES DANS LE CADRE DE L’APC

Toutes ces contributions témoignent d’un intérêt fort pour la construction d’une métropole innovante dans le domaine du numérique, et constituent une invitation à prolonger ces réflexions dans un cadre de concertation élargie. Au total plus d’une centaine d’acteurs ont ainsi pu contribuer de manière directe, durant l’étude confiée au Cabinet TACTIS, aux réflexions aboutissant au document d’interpellation stratégique. Le contenu de ce document d’interpellation stratégique Le présent document reflète les travaux et propositions qui ont émergé de ces réflexions, ainsi que la pluralité des points de vue exprimés sur l’utilisation du numérique dans la construction de la future métropole. Toutefois ce document d’interpellation stratégique n’ambitionne pas de résumer toutes les dynamiques et initiatives engagées, mais constitue plutôt une invitation à enrichir cette dynamique.

6

interpellations stratégiques

Le document d’interpellation stratégique est structuré en deux parties : • Première partie – « Des dynamiques territoriales à renforcer pour faire d’Aix-Marseille-Provence une métropole connectée et innovante » : Quels sont les atouts, mais aussi les freins à l’émergence d’une métropole innovante et intelligente sur le numérique ? Quelles sont les principales initiatives recensées sur le territoire ? En quoi peuvent-elles préfigurer la construction des axes d’une stratégie métropolitaine ?

• Deuxième partie – « Réussir la transition numérique pour tous sur le territoire de la métropole Aix-Marseille-Provence », autour de six leviers stratégiques en direction des futurs décideurs de la métropole.

PROFILS DE RÉPONDANTS À L’APC ET DOMAINES DE PROJETS/OUTILS FAISANT L’OBJET DU CONTENU DES CONTRIBUTIONS Monde académique et recherche (2,3 %)

Autre (4,7 %)

Particuliers Citoyen (1,2 %)

17,28 %

Domaine de projets Administration Service public (4,6 %) Association (17,28 %)

Culture numérique, e-inclusion, médiation Socles techniques Mobilité Ville durable Autres sujets Tourisme et attractivité du terriotire Développement économique Outils proposés Portail / plateforme Application mobile/web Centre / système de supervision Tiers-lieu Mobilier urbain Logiciel Aménagement numérique Base de données Observatoire / recherche Média citoyen

SOURCE : ÉTUDE TACTIS

Entreprise (33,54 %)

0

5

10

15

20

25

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

7

8

interpellations stratégiques

DES DYNAMIQUES TERRITORIALES À RENFORCER POUR UNE MÉTROPOLE CONNECTÉE ET INNOVANTE Selon le rapport de Christian Saint Étienne rédigé pour la CCIMP*, l’économie productive métropolitaine est diversifiée autour de sept domaines d’activité en expansion : l’aéronautique, le maritime logistique, l’énergie, la santé, l’eau et l’environnement, l’art de vivre dont le tourisme, et le numérique, qui représente un gisement d’emplois comparable à celui du tourisme. De nombreux clusters ou lieux d’excellence viennent compléter cette dynamique (projet Henri Fabre, Marseille Immunopôle, projet ITER...).

Le territoire métropolitain présente de nombreux autres atouts pour réussir sa transition numérique : nœud d’échange mondial de l’Internet du fait de la convergence de plusieurs câbles optiques sousmarins, plusieurs sociétés emblématiques de la high tech (Gemalto, STMicroelectonics, Voyage Privé…), la dynamique engagée dans le cadre de la labellisation nationale French Tech (toutefois restreinte pour le moment aux territoires de MarseilleProvence-Métropole et de la Communauté du Pays d’Aix), un tissu

associatif très dense et créatif (culture, médiation numérique, économie sociale et solidaire...). Ces atouts réels ne doivent cependant pas masquer l’ampleur des défis à relever pour placer la Métropole en acteur de la révolution numérique : de nombreuses fractures territoriales ou sociales, la dilution et la trop grande multiplicité des politiques publiques peuvent constituer des freins à l’émergence métropolitaine. * CCIMP (2015). Aix-Marseille-Provence 2030 : Le grand dessein économique pour réussir la Métropole.

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

9

10 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

UN POTENTIEL ÉCONOMIQUE ET DES ATOUTS GÉOGRAPHIQUES

EMPLOIS SALARIÉS PRIVÉS DE LA FILIÈRE ÉCONOMIE NUMÉRIQUE DANS LES 9 PRINCIPALES AIRES URBAINES FRANÇAISES (HORS PARIS)

FOCUS SUR LA PRODUCTION DE CONTENUS NUMÉRIQUES EN RÉGION PACA, QUI CONSTITUE LE « CŒUR DU CŒUR » DE LA FILIÈRE NUMÉRIQUE Les entreprises qui produisent des contenus ou services numériques concernent les secteurs de l’audiovisuel et du cinéma, de la communication digitale, des applications web et mobiles ou du jeu vidéo. En Région PACA, ce secteur représentait en 2012 : • 2 700 emplois (dont 1 700 emplois sur les Bouches-du-Rhône) • 950 entreprises • 450 M€ de chiffre d’affaires environ, dont 20 % de ce chiffre d’affaires est réalisé à l’export. La production de contenus numériques est répartie en quatre métiers distincts : • La filière audiovisuelle (537 entreprises, 601 emplois et 150 M€ de CA environ en Région PACA) : PACA est une terre de tournages et se positionne au second rang des régions françaises derrière l’Île-de-France (en nombre de jours de tournage). Cette filière s’adresse à un marché national et international car les diffuseurs sont majoritairement implantés à Paris ou à l’étranger. • La filière communication digitale (299 entreprises, 1 155 emplois et 196 M€ de CA environ en Région PACA) : Cette filière est constituée d’agences de communication qui proposent la création de sites web et/ou des conseils en webmarketing, intègrent la

gestion des communautés (community management), mettent en avant des services interactifs (logiques de fidélisation, gamification), et proposent des services multimédia : application mobile, production audiovisuelle, film promotionnel, animation 3D, visite virtuelle…). • La filière Web/Mobile/Multimédia (102 entreprises, 820 emplois et 101 M€ de CA environ en Région PACA) : Leur cœur de métier se situe dans la conception de sites web (> 50 %) et d’applications mobiles (> 30 %), le développement d’outils techniques et de softwares, de systèmes d’information interactifs ou encore d’applications multimédias (interactions, e-learning, serious game). C’est la filière parmi laquelle on trouve le plus grand nombre d’entreprises qui déclarent développer des innovations (technologiques ou pas). • La filière du jeu vidéo (21 entreprises, 121 emplois, 5 M€ de CA environ en Région PACA) : La filière du jeu vidéo est peu développée en région PACA avec une vingtaine d’entreprises et une centaine d’emplois. Les entreprises développent des jeux sociaux (près de 4 entreprises sur 10), des jeux multiplateformes (près d’1 entreprise sur 3) et des jeux sur mobiles (près d’1 sur 4).

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

SOURCE : CCIMP, PÔLE TRANSMÉDIA MÉDITERRANÉE (2013). PANORAMA 2013 : INDUSTRIES DES CONTENUS ET SERVICES NUMÉRIQUES

La métropole d’Aix-Marseille-Provence compte 735 000 emplois dont 545 000 salariés dans le secteur marchand au sein de 130 000 entreprises. La filière numérique, 7 000 entreprises, 8 milliards d’euros de chiffre d’affaires et environ 40 000 emplois, est un élément clé d’une stratégie territoriale misant sur l’innovation. La métropole est au 3e rang des métropoles françaises et compte plus de la moitié des emplois numériques de la région PACA. Selon les données de l’ACOSS et les analyses de l’AGAM (2015), la filière se décompose en deux niveaux : • le « cœur de filière », qui comprend les activités relevant strictement de l’économie numérique (la fabrication de TIC, les logiciels et services informatiques, la production de contenus – notamment audiovisuels – et les réseaux et services télécoms), • les activités liées à la filière, qui sont fortement impactées par le secteur de l’économie numérique (la distribution et réparation comprenant le commerce de gros et de détail spécialisé et les centres d’appel, les activités scientifiques et techniques liées à la fabrication de TIC, la production de contenus notamment publicitaire, et la construction de réseaux et services télécoms).

À l’échelle des grandes capitales régionales, l’aire urbaine de Marseille-Aix-en-Provence, occupe la 3e position, après Lyon et Toulouse (hors Paris). SOURCE : ACOSS, DÉCEMBRE 2013

Près de 40 000 emplois dans la filière numérique (3e rang des métropoles françaises hors Paris)

01

11

Des champions locaux sur le numérique Le territoire d’Aix-Marseille-Provence accueille plus de 150 entreprises à dominante numérique dont le chiffre d’affaires est supérieur à 5 millions d’euros. De l’ordre de 200 start-

Aix-Marseille Université et le monde académique

ups viennent compléter ce paysage, avec un décollage du nombre de start-ups créées ces trois dernières années (+ 68 % pour les entreprises unipersonnelles et + 49 % pour les TPE).

La constitution de passerelles et de partenariats étroits entre le monde de l’entreprise et le monde académique est au cœur de la stratégie

FOCUS SUR QUELQUES ENTREPRISES EMBLÉMATIQUES DU TERRITOIRE MÉTROPOLITAIN : STMICROELECTRONICS, GEMALTO, VOYAGE PRIVÉ, JAGUAR NETWORK, ROYAL CACTUS, SUBSEA TECH STMicroelectronics (« ST ») est le 5e fabricant mondial de semiconducteurs. En activité depuis 18 ans et implantée à Rousset, elle a réalisé un chiffre d’affaires de 556 M€ en France sur l’année 2014. ST compte environ 43 600 employés dans le monde, 11 principaux sites de fabrication, des centres de Recherche & Développement avancés dans 10 pays et des bureaux de vente à travers le monde. ST compte parmi les leaders mondiaux dans un large éventail de segments de marché, parmi lesquels les semi-conducteurs pour applications industrielles, les têtes d’impression à jet d’encre, les microsystèmes électromécaniques (MEMS) et capteurs, les décodeurs et « home-gateway », les circuits intégrés pour cartes à puce, ainsi que les circuits intégrés pour l’automobile, les périphériques informatiques et les puces pour les téléphones et autres applications mobiles.

l’étude de Fevad, en octobre-novembre 2014, le site voyageprive.com a attiré 1,2 millions de visiteurs uniques par mois et 84 000 par jour. Dans le cadre du label French Tech, Voyage Privé porte un projet de campus numérique (12 000 m² environ) qui va servir d’accueil pour les entreprises de l’e-commerce et de l’e-tourisme et d’accélérateur pour les start-ups. Ce campus sera situé au sein de la ZAC de la Constance (100 ha en total au sein du quartier sensible Jas de Bouffan à Aix-en-Provence), dont 15 ha sont dévolus pour le campus numérique, 5 ha font l’objet d’une première phase d’urbanisme et vont accueillir notamment le siège du groupe Voyage Privé et la Salle des musiques actuelles, les deux constituant un bâtiment totem de la French Tech Aix-Marseille.

Gemalto est le leader mondial de la sécurité numérique et de NFC. Son expertise couvre toute la chaîne de création de solutions de sécurité numérique. Gemalto développe des logiciels et systèmes d’exploitation sécurisés pour les cartes UICC (cartes SIM), les cartes bancaires, les jetons tokens, les passeports électroniques ou les cartes d’identité électroniques. L’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 2,5 milliards d’euros en 2014. Sur le territoire métropolitain, Gemalto est implantée sur la commune de Gemenos.

Créé en 2001, Jaguar Network commercialise des prestations d’hébergement de systèmes d’information avec des clients privés et publics français et internationaux. En parallèle, l’entreprise s’est orientée vers le développement d’infrastructures fibres optiques à très haut débit via un réseau privé de plus de 7 000 km, mais a aussi raccordé une grande partie de la ville de Marseille. Elle propose désormais à ses partenaires des services étendus au cœur de ses 30 centres de données et le raccordement aux réseaux IPs de dernière génération. Sur les 5 dernières années, Jaguar Network affiche une croissance de plus de 465 %. En 2014, elle a réalisé plus de 20 M€ de chiffre d’affaires. Dans le cadre du label French Tech, Jaguar Network portera un accélérateur d’entreprises dédié à ce type de services et hébergeant une dizaine de sociétés. Le site sera doté d’un ensemble de technologies de pointe, d’espaces spécifiquement aménagés et de dispositifs répondant aux besoins des entreprises ciblées : téléprésence, meeting points, Internet à haut débit, etc.

Voyage Privé est le premier club privé de tourisme en ligne en Europe, fondé en 2005 et présent dans six pays dont la France, l’Espagne, l’Italie, l’Angleterre, la Pologne et le Brésil. Établie à Aix-en-Provence en 2006, l’entreprise propose un service de ventes flashs comprenant les meilleurs séjours, à des tarifs discount. Elle est considérée comme l’une des leaders français dans le secteur. En 2013, le groupe enregistre un volume d’affaires de près de 400 millions d’euros et compte plus de 11 millions de membres, 4 millions de clients et 350 collaborateurs. Selon

12 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

Créé en 2010, RoyalCactus s’est spécialisé dans la création de jeux sur Facebook et terminaux mobiles. Depuis ses débuts sur Facebook, la société a capté plus de 20 millions de joueurs avec un catalogue de jeux riche et varié. Son chiffre d’affaires en 2014 est de 1,4 M€ (dont 85% réalisés à l’export). RoyalCactus est le deuxième acteur français en volume de jeu sur Facebook. Chaque jour, plus de 100 000 personnes dans le monde s’inscrivent sur l’un des jeux édités par RoyalCactus. Avec plus de 85 % de son trafic à l’export, RoyalCactus a rapidement misé sur l’international, cette croissance étant entièrement pilotée par la gestion de la « data ». En effet, forte de sa propre infrastructure technique BigData, RoyalCactus a développé un moteur d’aide à la décision qui analyse, en temps réel, plus de 50 milliards d’informations issues des données joueurs. Ces informations permettent d’adapter en temps réel les jeux aux désirs des utilisateurs. Le studio de production de Royal Cactus est situé à Aix-en-Provence. Subsea Tech est une société d’ingénierie basée à Marseille et spécialisée dans la conception et la réalisation de systèmes d’intervention et d’instrumentation pour les milieux marins et sous-marins. Subsea Tech commercialise ses propres lignes de produits (mini robots sous-marins, régies vidéos et catamarans, drones de surface et sous-marins) et distribue les produits de plusieurs sociétés étrangères, leaders sur leurs marchés. Subsea Tech propose aussi des prestations de service (ROV + pilote) dans le cadre d’inspection d’ouvrages d’art et de recherches subaquatiques diverses. Grâce à ses 450 m² de bureaux et atelier situés en bord de mer (Port de l’Estaque) et ses 30 m de quai, Subsea Tech réalise ses essais et démonstrations en grandeur réelle. L’entreprise a réalisé 1,3 M€ de chiffre d’affaires en 2014. Subsea Tech poursuit par ailleurs le développement de Lamparo (équivalent d’un WiFi sous-marin), son projet phare qui intéresse à la fois le secteur civil et militaire.

académique rend possible une certaine vitalité dans les activités de recherche comme le montre la production de brevets (1,22 pour 10 000 habitants, 43e rang des métropoles de l’OCDE). AMU est un partenaire naturel des lieux d’excellence de l’aire métropolitaine : laboratoires de recherche de niveau mondial, les sept « pôles de compétitivité », les structures de transferts de technologies, les pôles régionaux d’innovation et de développement économique solidaire. Un territoire nœud d’échange mondial de l’internet Marseille dispose d’une position exceptionnelle en termes d’atterrissement de câbles optiques sousmarins internationaux (desservant notamment

l’Asie et l’Afrique) et d’hébergement de centres de données (datacenters) qui constituent autant d’avantages comparatifs pour capter la valeur ajoutée des métiers du numérique. L’atterrissement de 9 câbles optiques sous-marins. Marseille est historiquement le point de convergence de plusieurs réseaux télécoms internationaux, constituant ainsi une importante voie de transit du trafic internet mondial, provenant notamment des pays émergents qui représentent une part croissante du trafic Internet mondial (Bassin méditerranéen, Afrique, Asie). Cette arrivée de multiples câbles sous-marins constitue un atout important, en

MARSEILLE, POINT D’ATTERRISSEMENT DES CÂBLES OPTIQUES SOUS-MARINS SUR LE POURTOUR MÉDITERRANÉEN

SOURCE : HTTP://WWW.SUBMARINECABLEMAP.COM

de développement des métropoles innovantes (Silicon Valley, Londres, Tel Aviv…). Le vivier de compétences du monde académique est en effet un ingrédient majeur de réussite des stratégies d’innovation. Sur le territoire Aix-Marseille-Provence, le monde académique représente 89 000 étudiants. Aix-Marseille Université (AMU) est la plus grande université francophone au monde avec 74 000 étudiant(e)s (dont 10 000 étrangers) en formation initiale et continue et 8 000 personnels. 361 diplômes d’université sont proposés couvrant tous les champs disciplinaires de la connaissance : arts, lettres, langues et sciences humaines ; droit et sciences politiques ; économie et gestion ; santé ; sciences et technologies. Aix-Marseille Université rassemble 130 structures de recherche et 3 650 doctorants, le plus souvent en partenariat avec les organismes de recherche nationaux : elle est classée entre le 101e et 150e rang mondial en 2015 au classement de Shanghai. AMU rassemble 12 écoles doctorales, 132 structures de recherche et cinq grands campus. Au-delà d’AMU, le milieu académique représente également un atout majeur du territoire avec l’innovation placée au centre des enjeux, par exemple : • l’École Centrale de Marseille, avec 825 étudiants en cycle d’ingénieur, 25 nationalités, deux sites et le développement d’un « Creativity Center» de 4 000 m2. • Des organismes, Kedge Business School, l’École des arts et métiers, l’École de l’air, l’Institut d’Études Politiques, l’École des Mines représentent une offre de formation complémentaire de haut niveau. Cette structuration efficace du monde

A i x- Ma rse i l l e - P rove n c e : c o nt r i bu t i o n à un e ouvert ure i ntern at i on ale ren ouvelée •

13

Les Datacenters constituent les usines du numérique

Les Datacenters constituent les usines du numérique renforçant l’accès à une connectivité abondante et compétitive, et permettant également de disposer de très faibles temps de latence avec les marchés émergents du pourtour méditerranéen. Par ailleurs, ces câbles optiques sous-marins sont interconnectés avec de nombreuses infrastructures optiques « terrestres » sur le territoire Aix-Marseille-Provence, permettant de compléter l’acheminement du trafic vers les principales métropoles européennes. Les centres de stockage de données (datacenters) sur le territoire métropolitain. Le rôle des datacenters dans le fonctionnement des services numériques connaît une importance croissante : • Les usages numériques nécessitent des niveaux de disponibilité et de sécurité toujours plus exigeants ; • Le fonctionnement 24h/24, 7j/7, nécessite une maîtrise accrue de l’environnement technique, la présence d’astreintes techniques avec la gestion des maintenances, la gestion d’incidents et une supervision en temps réel de l’état des équipements… • Les problématiques d’efficacité énergétique se font de plus en plus pressantes, vis-à-vis des économies potentielles mais aussi en termes de responsabilité environnementale ; • L’évolutivité des matériels et des installations rend incompatible l’hébergement de certaines ressources au sein de salles informatiques « classiques».

LES DATACENTERS CONSTITUENT LES USINES DU NUMÉRIQUE 3 2

3

1

5 4 6

2

1

5 4

1

6

2 3 4 5 6

Espace d’hébergement Équipements de refroidissement Équipements de détection et de lutte anti-incendie Accumulateurs Système de génération d’électricité Gestion des accès

1 Espace d’hébergement • La Ciotat : ASPSERVEUR (1 000 m2). La localisation géographique de ces sites 2 Équipements de refroidissement techniques sensiblesde devient stratégique 3 Équipements détection et de luttepour anti-incendieSi l’hébergement « sec » représente toujours une part conséquente du chiffre d’affaires, la les entreprises et les acteurs publics territoriaux, 4 Accumulateurs croissance est majoritairement portée par qui souhaitent associer à cette mutation vers 5 Système l’infogérance et le Cloud Computing, qui portent les services dansdelesgénération réseaux led’électricité maintien d’une 6 Gestion des accès davantage de valeur ajoutée. Certains acteurs relation de proximité qui assure une certaine comme Jaguar Network ou ASPSERVEUR forme de sécurité et de maîtrise directe de leurs identifient ainsi clairement ces activités comme données. Il existe actuellement en France de des priorités commerciales. Dans cette logique, les l’ordre de 130 datacenters qui proposent de la certifications en matière de sécurité et de qualité location d’espace et de serveurs. Ce sont plus de transit permettent de répondre aux besoins des de 300 000 m2 qui sont gérés par une trentaine de prestataires (SFR, Interoute, Cogent, Colt, grands industriels du numérique. Equinix, Interxion, Telehouse, etc.). Sur le territoire d’Aix-Marseille-Provence, * Interxion a récemment acquis le Netcenter SFR à Marseille, avec 6 datacenters sont concentrés sur le territoire un investissement complémentaire de 45 M€ pour réaliser une mise à niveau et un agrandissement du site. À terme, le site d’Interxion de 3 communes et représentent de l’ordre de proposera 5 700 m2 d’espaces équipés et 6 MW de puissance 2 20 000 m de surfaces (soit de l’ordre de 10 à 15 % électrique à destination des clients. Ce site est particulièrement stratégique, car il bénéficie d’un point d’agrégation de 8 câbles sousdes surfaces de datacenters hors Île-de-France) : marins arrivant à Marseille, et sert actuellement de nœud de transit 2 et de cache pour plus de 60 fournisseurs de réseau. • Marseille : Jaguar Network (8 000 m ), ** La construction du proxicenter Aix-Marseille par TDF fait suite Interxion* (5 400 m2), Interoute (> 1 000 m2), à un investissement de 15 M€ sur un site inutilisé (émetteur radio IELO (> 1 000 m2), de Réaltor à Aix-en-Provence). Ce site dispose de 1 700 m2 de surface utile et 520 kVA de puissance IT, permettant l’hébergement 2 • Aix-en-Provence : Acropolis (1 000 m ), de ressources informatiques dans plus de 170 baies. Les clients 2 Proxicenter TDF** (1 700 m ), du datacenter pourront en outre bénéficier des infrastruc-tures optiques longue distance appartenant à TDF.

14 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

Une ouverture méditerranéenne propice aux coopérations internationales

LA MÉTROPOLE, NŒUD D’ÉCHANGE DE L’INTERNET

Au sein de l’espace méditerranéen, Aix-MarseilleProvence peut représenter un des trois sites majeurs du numérique, aux côtés de Barcelone et Tel Aviv qui constituent deux écosystèmes matures et en forte expansion. L’existence de conventions de coopération, et surtout les partenariats opérationnels avec Gemalto*, STMicroelectronics** ou avec le Pôle SCS en Israël, doivent permettre de capter de nouveaux financements attirés par la visibilité du label French Tech. Par ailleurs, les pays émergents du pourtour méditerranéen vont progressivement constituer un débouché naturel pour l’exportation des savoirfaire de la métropole : • L’urbanisation rapide de ces pays pose des difficultés dont une partie des solutions peut être trouvée dans les potentialités permises par le numérique (mobilité, aménagement durable du territoire, visibilité sur Internet, e-réputation…) • Devant l’accroissement des inégalités, ces pays vont être en recherche de solutions pour favoriser l’inclusion numérique des populations exclues, ce qui représente un marché et un champ d’innovation important.

* Gemalto avait acheté en 2006 la start-up Trivnet, pour 40 millions de dollars, spécialisée dans le paiement mobile. En 2013, Gemalto a remporté l’appel d’offre pour les futurs passeports biométriques d’Israël. ** STMicroelectronics a acheté en 2012 la start-up bTendo, qui a créé un pico projecteur avec une technologie laser, destiné à être intégré à un smartphone ou une console de jeux.

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

15

02

DES ACTEURS MOBILISÉS AUTOUR DE PROJETS STRUCTURANTS La dynamique French Tech permet une structuration de l’écosystème numérique

L’initiative French Tech se donne un objectif transversal : renforcer la lisibilité et la cohérence des actions publiques en faveur des start-ups. Le programme est porté par la Mission French Tech, qui collabore étroitement avec les Directions des Ministères de l’économie et des finances (Direction générale des entreprises, Direction générale du trésor), des Affaires Étrangères et avec le Commissariat Général à l’Investissement. Elle s’appuie sur la Caisse des Dépôts, BPIFrance et Business France pour coordonner les actions en faveur des start-ups. L’objectif de la French Tech est d’accompagner la croissance de Start-up et de « Licorne » et de développer des ecosystèmes territoriaux d’innovation et de croissance.

Le gouvernement français a initié en 2013 le label French Tech, qui repose sur trois volets : • une marque qui fédère les acteurs français du numérique, notamment par la labellisation d’écosystèmes métropolitains ; • 200 millions d’euros d’investissements destinés à soutenir des programmes d’accélération des start-ups du numérique ; • une action de promotion à l’international (15 millions d’euros).

SOURCE : MISSION FRENCH TECH - JUIN 2015

Positionnement de la French Tech Aix-Marseille

16 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

La candidature Aix-Marseille, portée conjointement par quatre collectivités (Aixen-Provence, Communauté d’agglomération du Pays d’Aix, Marseille et Marseille-ProvenceMétropole), ne recouvre à ce stade qu’une partie du territoire Aix-Marseille-Provence. Cette candidature a été labellisée au mois de novembre 2014. Le territoire est désormais en phase d’expérimentation pendant l’année 2015, avant une possible confirmation de la labellisation pour trois ans. Le positionnement d’Aix-Marseille

QUELQUES JALONS HISTORIQUES DE LA SILICON VALLEY La plupart des sociétés innovantes et disruptives sont américaines, et plus particulièrement issues de la Silicon Valley. Ce territoire de 3 000 km² et 2,5 millions d’habitants a constitué le creuset de la révolution numérique en cours. On y compte entre 14 000 et 19 000 start-ups, contre 2 500 à 3 000 start-ups à Paris et 200 environ sur le territoire Aix-Marseille-Provence. La Silicon Valley s’est développée sans intervention spécifique, et constitue la résultante d’un fort état d’esprit entrepreneurial, de la mobilisation de crédits de recherche fédéraux et de deux universités mondiales. La présence de Silicium et d’une communauté de capital-risque (venture capital) sur place profite à la filière des entreprises et à la recherche appliquée. Les paramètres ayant permis le succès de la Silicon Valley tiennent en quelques caractéristiques originales : • Un état d’esprit centré sur la coopération, la capitalisation des expériences, l’esprit d’entreprise, l’innovation et le goût du risque, et son corollaire, le droit à l’échec, • Une université ouverte, créatrice d’un écosystème cohérent de partenariats et de réussites industrielles, • Un réseau de financeurs recherchant à la fois la rentabilité et le lancement de nouvelles activités, qui a fortement encouragé le « spill-over  », • L’appui de la commande publique fédérale.

French Tech est centré sur quatre domaines prioritaires : le Big Data, le sans contact- NFC, Smart City, l’e-tourisme.

Le programme d’actions French Tech Aix-Marseille Les objectifs poursuivis dans le cadre du programme d’action sont les suivants : • Accélérer de manière significative la croissance des start-ups et des entreprises innovantes à fort potentiel • Ancrer le positionnement et le bon fonctionnement des quatre « hotspots » et des deux lieux totems • Développer l’emploi dans la filière numérique locale • Rendre plus visible l’excellence numérique des acteurs du territoire à l’échelle européenne et internationale • Attirer des talents étrangers, dans un contexte mondial caractérisé par une mobilité croissante des compétences à l’échelle internationale. Parmi les dispositifs opérationnels qu’AixMarseille French Tech s’est engagée à mettre en œuvre pour voir cette labellisation confirmée, certains sont déjà effectifs (les accélérateurs P/Factory, Start-up studio de Netangels ; « Connectwave » à Rousset, CNRFID) et d’autres sont programmés à court terme (le studio de motion capture à la Belle de Mai ; le programme « Attirer les talents ») ou moyen terme (Thecamp…). Le programme d’actions 2015-2017 intègre la feuille de route suivante : • Animation de l’écosystème numérique : • Pôle numérique de la Constance (Aix-enProvence) : obtention des permis pour la phase 1 de l’opération immobilière (2015), ouverture du nouveau siège de Voyage Privé qui accueillera un

projet d’accélérateur (2017), début de la phase 2 de l’opération immobilière (15 ha minimum) dédié à des entreprises du e-commerce et du e-tourisme (2017 et au-delà). • Thecamp (Aix-en-Provence) : ouverture prévue en 2017 (détaillé ci-après). • Belle de Mai, Pôle Média et Pôle Média 2 (Marseille) : aménagement d’un studio « motion capture » par Telfrance (2015), démarrage des travaux du pôle Média 2 (ouverture prévue début 2018). • Technopôle de Château-Gombert (Marseille) : ouverture du Fab Lab de l’École centrale (2015), mise en service du Marseille Creativity Center, d’une surface estimée à 4 000 m2 (2016). • Carrefour de l’Innovation à Aix-en-Provence : espace d’expérimentation numérique avec un coworking, un lieu de rencontres et d’animations, un lieu de démonstrations et de tests (showroom), un lieu d’accueil pour les créateurs d’entreprises (start-up nursery) et un Fab Lab. Ce lieu doit être inauguré à horizon juin 2016. • Espaces d’expérimentation : aménagement de l’îlot Allar à Marseille en mode « Living lab » (2014-2016), mise à disposition d’une offre immobilière dédiée aux start-ups sur l’îlot Allar (2016-2017). • Visibilité et attractivité : implanter de façon pérenne un comptoir « Aix-Marseille French Tech » à San Francisco (2015-2016), French Tech weeks (chaque mois d’octobre), Festival French Tech (chaque mois de mai). • Programme d’accélération de start-ups et des entreprises du numérique : • Jaguar Networks (Big Data) : lancement de l’accélérateur fin 2015 ; hébergement d’une dizaine d’entreprises sur la période 2016-2017.

• Le SpeedUp Lab par Kedge : lancement officiel de l’accélérateur en 2015 ; objectif de 100 projets d’entreprises entrant dans le dispositif chaque année. • Netangels (accélérateur financier) : existant depuis 2011 ; objectif d’une centaine de start-up créées et accompagnées. • P/ Factory (accélérateur financier) : existant depuis septembre 2014 ; une vingtaine de startup accompagnées au démarrage, 30 à 40 par an à terme. • L’Appcubateur par Stardust (e-commerce) : ce projet initié en 2014 propose d’accueillir durant 3 mois, sur sélection, des porteurs de projets d’applications mobiles, sites web ou encore objets connectés afin de les accompagner dans leurs phases de test. • Accélérateur de Thecamp : ouverture prévue en 2017 (détaillé ci-après). • Voyage Privé (e-tourisme) : Summer camps chaque été ; 3 à 4 start-ups accélérées par an. • Telfrance (contenu multimédia) : lancement de l’accélérateur à horizon fin 2015. • Programme d’entreprises championnes : jury annuel de sélection pour la mise en place de levée de fond pour les entreprises à fort potentiel. • Activités en faveur de la sensibilisation et du développement numérique auprès des entreprises et du grand public : • Développement des compétences : lancement du programme PACA Mode d’emploi : photographie des besoins RH auprès d’une quinzaine d’entreprises du numérique (2015). Maillage entre le dispositif PEPITE et la French Tech : rapprochement de l’enseignement supérieur et des entreprises à fort potentiel de croissance. Lancement des travaux et du site L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

17

THECAMP CONSTITUERA UN LIEU PHARE POUR LE RAYONNEMENT DE L’ESPACE MÉTROPOLITAIN internet de la Commission formation (2015). • Politique d’achats innovants : dispositif régional de Commande publique d’Innovation, centré sur la mise en place d’un premier pilote autour de l’e-santé et des smart cities (2015/2016). Déploiement du dispositif sur l’ensemble des domaines d’activités stratégiques de la Région : mobilité, risques, e-santé, industries culturelles et contenu numérique, énergie. • Inclusion sociale : soutien des acteurs privés aux politiques d’inclusion existantes (2014-2017). • Accueil des talents étrangers : cibler les résidents en France ou à l’étranger qui envisagent de créer leur entreprise sur le périmètre French Tech Aix-Marseille, et qui souhaitent investir ou rejoindre une équipe ou un projet local (20152017), événement « French Tech Provence » en Silicon Valley (2015), Digital Provence Awards (2015).

Thecamp sera un campus dédié à la transformation numérique et à la ville de demain, avec une vocation internationale, transdisciplinaire, transculturelle et transgénérationnelle. Thecamp sera implanté à Aix-en-Provence (Technopôle de l’Environnement Arbois Méditerranée), sur un terrain de 7 ha avec une première tranche de 7 000 m² de bâtiments. Thecamp ciblera cinq activités principales : un pôle de formation post diplôme pour les étudiants, un pôle de formation pour préparer les dirigeants et cadres d’entreprises, un pôle d’accélération pour les start-ups et le PME de croissance, un pôle d’expérimentation, l’organisation de conférences pour le grand public. Le projet prévoit la création de 150 nouveaux emplois pour former 300 étudiants et 2 000 managers chaque année, et pour accueillir 20 start-ups et 40 PME. Cette initiative privée-publique reposera sur un investissement global de près de 60 millions d’euros. Le projet est inspiré par CUSP NYC (Center for Urban Science and Progress), Singularity University (NASA campus) et le MIT (Media Lab). L’inauguration de Thecamp est prévue pour 2017.

La gouvernance stratégique du label French Tech est assurée par un Conseil territorial du numérique (49 membres, dont 31 issus du privé) ; la gouvernance opérationnelle a été confiée à MedInSoft, réseau de promotion des industries du numérique dans les Bouches-du-Rhône. A ce stade, il n’est pas envisagé de création d’une organisation ad hoc, mais de miser plutôt sur une concertation souple et régulière entre des acteurs d’horizons différents (entrepreneurs, monde académique, collectivités). Inspiré par les pratiques de co-production et de transversalité mises en œuvre à l’origine dans la Silicon Valley, la gouvernance French Tech est une première illustration d’une inversion de perspective dans la philosophie de mise en œuvre

18 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

Conseil d’administration Collège entrepreneurs

Collège recherche et formation

Collège collectivités

Équipe opérationnelle Conseil stratégique

Directeur délégué

Observatoire FT

Groupes de travail Animation de l’écosystème

Liens French Tech

Quickwin

Veille techno / marchés

Développement international

Projets structurants

SOURCE : EXTRAIT DU DOSSIER DE CANDIDATURE FRENCH TECH AIX-MARSEILLE (SEPTEMBRE 2014) / TACTIS

Une gouvernance originale qui préfigure une politique d’innovation ouverte

des projets d’aménagement et de valorisation du territoire : il s’agit de privilégier une organisation souple et horizontale à un pilotage centralisé et hiérarchique, de manière à gagner en réactivité et à mettre les acteurs privés en situation de responsabilité. Le Conseil d’administration est le reflet de cette logique multi-partenariale et horizontale, et composé de quatre collèges : • Le collège des entrepreneurs, • Le collège recherche et formation , • Le collège collectivités, • Le collège des financeurs. L’équipe opérationnelle réalisera la feuille de route et rendra des comptes au Conseil d’administration. Cette fonction est assurée par l’association MedInSoft, qui a installé en 2015 une équipe de trois personnes (un directeur de projet, un responsable de communication et un social networker) pour remplir les objectifs à atteindre et animer les différents groupes de travail thématiques. Des réseaux existants permettant de soutenir l’essor du cœur de la filière numérique De nombreux lieux d’excellence permettant de structurer l’essor de la filière numérique sont présents sur le territoire, notamment : • Le technopôle Château-Gombert, qui est un lieu ressource dédié aux activités économiques et académiques. • Le pôle média Belle de Mai, qui est un lieu fédérateur des activités de l’image, du son et du multimédia. • Les différents Fab Lab (L.A.B, La Fabulerie, École Centrale, le ZINC…).

• Le réseau des ERIC, dont certains assument des fonctions de Fab Lab (développé ci-après). Cette dynamique va être encore renforcée par la mise en œuvre d’équipements et de lieux ressources supplémentaires, notamment dans le sillage du label French Tech Aix-Marseille : Thecamp, le Pôle Numérique de la Constance, le Pôle Média 2.0. Par ailleurs, de nombreuses initiatives privées et publiques permettent d’enrichir cette logique d’incubation : • Le CNRFID : initié en 2008 par le MINEFI, le Centre National de Référence RFID (CNRFID) facilite l’adoption et l’appropriation des technologies sans contact (NFC et RFID). Il s’agit d’une plate-forme d’expérimentation et d’usages pour la compréhension des objets connectés et du sans-contact, qui favorise le déploiement de solutions entre offreurs, utilisateurs de solutions RFID, institutions et organismes de recherche. Le centre est basé à Rousset, et devrait être transféré dans la future Maison de l’Innovation, sur la zone industrielle de Rousset-Fuveau-Peynier. • Les accélérateurs privés comme P/Factory : le modèle économique de ces accélérateurs consiste à prélever un pourcentage de la valeur des startups (au stade de leur levée de financement) par un accompagnement très en amont : - Un coaching régulier par des experts et des entrepreneurs afin de les aider à se structurer, - Un apport de réseaux, de privilèges, crucial pour gagner du temps et faciliter les échanges, - Une meilleure préparation à la levée de fonds auprès d’investisseurs (validation marché, tests de plans d’affaires). Ces acteurs ont des budgets d’intervention de

l’ordre de quelques centaines de milliers d’euros à quelques millions d’euros par an ; les accélérateurs sur le territoire AMP ciblent l’accompagnement de quelques dizaines de start-ups par an en régime de croisière. • Les réseaux de Busines Angels, comme Provence Business Angels (hébergé sur le technopôle Château-Gombert), qui en plus des fonctions d’accélérateur, délivrent les premières levées de fonds; à ce titre, PBA est un réseau de 50 Business Angels, ayant investi en 2013 de l’ordre de 2,7 M€ dans une vingtaine de projets. • Le label national « Entreprise du PASS French Tech » est remis depuis juin 2015 par l’ARII-PACA en partenariat avec le pôle SCS et le pôle Eurobiomed et avec le soutien de la Région PACA à des entreprises d’hypercroissance de la région. Le label « Entreprise du PASS French Tech, Promotion 2016 » a été attribué aux 5 entreprises (Avis Vérifiés, Coppernic, Inventy, Jaguar Networks, Myxyty) qui rejoignent les 48 entreprises déjà labellisées dans toute la France en 2014-2015. Les entreprises du PASS French Tech en PACA se verront proposer une feuille de route d’accompagnement par les opérateurs nationaux du PASS French Tech (BPIFrance, Coface, Business France, INPI, DGE) sur une période d’un an. • PACA Accelerator : le premier programme « pilote » d’accélération régional dédié aux entreprises innovantes à fort potentiel pour accompagner leur croissance. Le programme est organisé par l’ARII-PACA en partenariat avec Bpifrance et se déroulera de janvier à juin 2016. 10 entreprises innovantes seront choisies, tous secteurs confondus dans l’innovation (IT, numérique, énergie, biotech/medtech, transport...). L’offre d’accompagnement se présente sous la L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

19

forme d’une participation de l’entreprise à hauteur de 50 % du montant de l’accompagnement. Accélérateur spécifique avec la mise en synergie d’experts et de mentors chefs d’entreprises emblématiques. • Le dispositif PACA Labs, initié par la Région PACA depuis novembre 2008 afin de soutenir les projets innovants d’expérimentations grandeur nature sur le territoire régional. Cette initiative apporte un soutien aux entrepreneurs, collectivités souhaitant favoriser une expérimentation, et laboratoires, par l’intermédiaire d’appels à projets. Sur la période 2008-2014, 53 projets ont été soutenus : parmi les 150 porteurs identifiés, 50 % sont des entreprises, dont 90 % de PME. • Le réseau PACA Innovation fédère plus de 70 organismes régionaux intervenant sur l’ensemble de la chaîne d’innovation. Ces services couvrent la maturation des projets issus de la recherche publique, l’incubation des projets, l’accompagnement des créateurs d’entreprises, le financement de leur croissance et leur développement à l’international. Avec MedInSoft, PRIMI et le pôle de compétitivité mondial « Solutions Communicantes Sécurisées » les acteurs métropolitains bénéficient de trois réseaux territoriaux particulièrement performant pour favoriser le développer d’activités et d’emplois : • Le pôle SCS est un pôle de compétitivité mondial créé en 2005. Son écosystème a un leadership international dans les domaines du Sans Contact, des Réseaux (M2M & services mobiles), de la Sécurité et des Identités Numériques. Il rassemble plus de 260 membres dont de grands industriels mondiaux, des acteurs académiques et de nombreuses TPE/PME/ETI innovantes (200). Le Pôle SCS, accélérateur de croissance, accompagne

20 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

les entreprises, start-ups, TPE et PME au travers de nombreux services dans le cadre d’un parcours de croissance. Le Pôle SCS a été le 3e pôle français à avoir obtenu le « Label Gold » en 2013 par « l’European Cluster Excellence Initiative » en reconnaissance de son excellence dans le management du cluster. • Le pôle Régional Image Multimédia Internet (PRIMI), également dénommé Pôle Transmédia Méditerranée, est le cluster régional des professionnels des industries culturelles et créatives orientées médias, contenus et services numériques (audiovisuel, cinéma, animation, jeu vidéo, Internet et multimédia). • L’association MedInSoft assure la promotion de l’industrie numérique en PACA et fédère l’ensemble de ses composantes, les éditeurs et intégrateurs de logiciels, les sociétés de conseil et de service, les fournisseurs d’infrastructures. De plus, elle est responsable de la coordination opérationnelle de la French Tech Aix-Marseille. Créée en 2003, MedInSoft compte 200 adhérents : les acteurs économiques du territoire du secteur micro-électronique, les écoles de formation, AMU. Au-delà de ces clusters spécialisés dans les différents secteurs du Numérique, la présence d’autres pôles de compétitivité est un atout fort pour travailler sur les différents usages du Numérique. En effet le numérique va profondément modifier les métiers de l’industrie, de l’énergie, de l’image ou de la gestion des risques, qui sont au cœur du positionnement des clusters présents sur le territoire d’Aix-Marseille-Provence : • Le pôle Pégase est l’un des trois pôles de compétitivité français dédié à l’industrie aéronautique et spatiale. Il représente le réseau qui imagine, conçoit et lance sur les marchés une

nouvelle génération d’aéronefs (notamment les systèmes de drones, les dirigeables, et les aéronefs stratosphériques…). Son objectif général est de faire émerger et concrétiser de nouveaux marchés pour l’industrie aéronautique et spatiale. • Le pôle Gestion des risques et vulnérabilités des territoires (« Risques ») a l’ambition de devenir un acteur majeur de la gestion des risques en Europe. Sa vocation est de permettre à ses adhérents, entreprises, laboratoires de recherche, de coopérer et d’accompagner le montage de projets collaboratifs sur la thématique du risque en vue de mettre au point des produits, process ou services commercialisables à court terme, générateurs d’activité économique, de valeurs et surtout créateurs d’emplois. • Le pôle Optitec est positionné sur les systèmes complexes d’optique et d’imagerie et se donne pour mission d’accélérer le développement des entreprises et l’impact de la R&D en création de valeur et d’emploi. Pôle de compétitivité interrégional, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Languedoc-Roussillon, Optitec est reconnu comme un cluster européen photonique avec un rayonnement sur l’arc Méditerranée et le Grand Sud-Est. • Le pôle Capénergies est positionné sur l’ensemble du mix énergétique « décarboné » associant différentes ressources énergétiques (énergies renouvelables et nucléaire), l’efficacité énergétique et l’intégration aux réseaux (vecteurs énergétiques et stockage, équilibrage et smart grids). Son objectif est d’accompagner ses entreprises, ses organismes de formation et ses laboratoires de recherche dans leur démarche d’innovation et de création de valeur, pour répondre aux enjeux de la transition énergétique. Le Pôle Eurobiomed compte 220 membres dont des

Localisation des ERIC sur le territoire

Le réseau des ERIC, acteur clef de la médiation numérique Le dispositif des Espaces Régionaux Internet Citoyen (ERIC) a été créée en 2001 à l’initiative du Conseil Régional PACA, en lien avec le tissu associatif, afin d’accompagner la population régionale dans ses usages numériques. La démocratisation de ces usages et leur appropriation par tous représentent un véritable enjeu sociétal dans lequel les ERIC jouent un rôle essentiel. En 2015, on compte près de 160 lieux sur le territoire régional et un réseau de 300 animateurs, dont une trentaine de lieux labellisés ERIC sur le seul territoire d’Aix-Marseille-Provence. Les ERIC, acteurs essentiels de la médiation numérique, interviennent dans les sphères de l’emploi, l’insertion, la formation tout au long de la vie, le développement économique, l’innovation sociale, les services publics, le développement durable. Ce, à travers trois niveaux de labellisation : • ERIC : pour les espaces souhaitant participer aux actions du réseau et bénéficier d’un accompagnement, • ERIC-Services : pour les espaces souhaitant structurer une offre de services numériques thématiques en faveur des usagers, • ERIC-Lab : pour les espaces souhaitant

LOCALISATION DES ERIC SUR LE TERRITOIRE EN 2015

SALON-ÉTANG DE BERRE-DURANCE

PAYS D’AIX-EN-PROVENCE

10 km

OUEST PROVENCE

PAYS DE MARTIGUES

Espace Régional Internet Citoyen (34)

expérimenter des projets innovants, multipartenariaux, autour des laboratoires de coproduction, du coworking, de l’Open Data, etc. et mettre à disposition des autres espaces les Source : AMP; Tactis résultats de leur expérimentation. Une dynamique régionale engagée sur la valorisation des données : Open PACA L’initiative Open PACA (pilotée par la Région) constitue une initiative de référence dans le domaine de l’ouverture des données. Depuis 2011 l’Etat, les collectivités territoriales et les administrations se sont engagés dans ce mouvement sous l’impulsion d’Etalab*. La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur a décidé de s’inscrire

PAYS D’AUBAGNE ET DE L’ÉTOILE MARSEILLE PROVENCE MÉTROPOLE SOURCE : AMP ; TACTIS

entreprises françaises emblématiques. Eurobiomed s’adresse à des entreprises des secteurs Biotechs/ Medtechs et e-santé. Le pôle Eurobiomed a mis en place des services d’accompagnement et d’accélération des entreprises. Doté d’un comité stratégique et d’un comité de pilotage indépendant, réunissant investisseurs, industriels académiques et cliniciens, le pôle accompagne annuellement plus d’une centaine d’entreprises.

dans cette démarche, avec pour ambition d’offrir une plus grande transparence dans la conduite de ses politiques, de favoriser le développement de services innovants pour les entreprises de la filière numérique et les associations régionales et de permettre une meilleure connaissance du territoire. Dans ce cadre, la Région a mis en ligne sur le portail partenarial Open PACA un premier ensemble de ses propres données. * Etalab est un service du Premier ministre français créé en 2011, en charge de créer notamment un portail unique interministériel des données publiques françaises et en particulier des données stratégiques et de qualité.

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

21

CARTOGRAPHIES DES 240 VILLES S’INSCRIVANT DANS UNE DES THÉMATIQUES SMART CITY

Exemples des applications utilisant des jeux de données fournies par Open PACA : PACA mobilité, Vamos a la playa, Cartes AirPACA, Wannago*, My Galoo**. Le programme d’actions 2015-2017 est résumé dans une feuille de route stratégique devant permettre d’atteindre les objectifs suivants : • Massifier les jeux de données ouverts, en mettant en œuvre une nouvelle version de la plate-forme Open PACA et en définissant une méthodologie généralisée d’ouverture des données. • Soutenir les socles de données ouverts et mutualisés, en mettant en place un SIG régional ouvert et mutualisé et en déployant un Système d’Information Touristique (SIT) à l’échelle régionale.

GOUVERNANCE (OPEN DATA, INFRASTRUCTURE, ADMINISTRATION, SERVICES EN LIGNE...)

ÉCONOMIE (CULTURE D’ENTREPRISE ET D’INNOVATION, PRODUCTIVITÉ, CONNEXIONS LOCALES ET GLOBALES...)

ENVIRONNEMENT (BÂTIMENTS DURABLES,GESTION DES RESSOURCES, URBANISME DURABLE...)

• Renforcer la médiation aux données, en soutenant les médiateurs et les tiers lieux et en intégrant les données crowdsourcées dans la démarche Open PACA.

l’amélioration de la qualité de vie et donner une place centrale aux citoyens dans les services métropolitains. De nombreuses métropoles ont fait du numérique l’un des socles de leur stratégie de valorisation des territoires. Selon un rapport du Parlement Européen***, une Smart City est une «  ville qui cherche à résoudre les problèmes publics grâce au numérique sur la base de partenariats d’initiative municipale et mobilisant de multiples parties prenantes, avec pour objectif de générer un

* L’activité de Wannago est centrée sur la géolocalisation d’activités et de produits touristiques, et sur la mise en œuvre d’une plateforme d’échanges entre les offices de tourisme et leurs socioprofessionnels. Wannago utilise 15 jeux de données sur Open PACA.

Un territoire mobilisé dans des projets de Ville numérique

** My Galoo est un annuaire national des associations (1 500 000 associations référencées) permettant notamment le crowdfunding local. My Galoo utilise 4 jeux de données sur Open PACA.

Au-delà d’une course à la compétitivité, le numérique est une technologie clé pour permettre

*** Parlement Européen (2014). Mapping Smart Cities in the EU.

22 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

MOBILITÉ (INFRASTRUCTURE ET TECHNOLOGIE, EFFICACITÉ DES TRANSPORTS, MOBILITÉ MULTIMODALE...)

SOURCE PARLEMENT EUROPÉEN, MISE EN FORME TACTIS

Le portail était ouvert dans un premier temps à tous les partenaires de Marseille-Provence 2013 Capitale Européenne de la culture, puis, dans un second temps, à l’ensemble des acteurs de Provence-Alpes-Côte d’Azur. En 2015, l’initiative compte 31 partenaires territoriaux, 566 jeux de données, abondés par 42 contributeurs (plus de 260 000 téléchargements) sur trois thématiques prépondérantes : tourisme, culture/patrimoine, transports. Une quarantaine d’applications utilisatrices de données ont été créées avec des fonctions de visualisation de données, de services mobiles et web.

Dans ce panorama général, les villes de Marseille et d’Aix-en-Provence ont été répertoriées pour certaines de leurs actions sur la qualité de vie ou le développement économique.

SOCIÉTÉ (CRÉATIVITÉ, ÉDUCATION, INCLUSION...)

QUALITÉ DE VIE (CULTURE ET BIEN-ÊTRE, SANTÉ, SÉCURITÉ...)

développement économique plus durable et une meilleure qualité de vie ». Le rapport du Parlement Européen identifie ainsi de l’ordre de 240 villes de plus de 100 000 habitants (sur 468 dans l’Union Européenne) traitant au moins l’un des aspects de six thématiques majeurs, preuve d’un intérêt marqué pour ces enjeux et de l’intégration progressive de ces priorités dans les stratégies territoriales.

La stratégie de la ville de Marseille La ville de Marseille développe ses propres projets ou favorise l’émergence d’initiatives autour de trois axes : • Simplifier la ville : - Mise en place d’un site mobile pour le site internet de la Ville de Marseille depuis l’été 2014 ; - Expérimentation des technologies NFC pour l’accès aux services publics (bibliothèques, paiement des horodateurs...) ; - Elaboration d'un Schéma Directeur d'Aménagement Numérique et chartes opérateurs « GSM » et « Déploiement de la fibre » • Améliorer la qualité de vie : - Réseau sans fil (Wireless) municipal : une première phase a permis la mise à disposition d’une connexion publique par l’intermédiaire de quarante « bornes WiFi » dans Marseille... ; - Compteurs de fluides intelligents pour lesquels Marseille a gagné le Label d’argent de « Territoire innovant » aux Interconnectés en 2014 • Rendre la ville attractive : - Accès numériques aux contenus culturels de Marseille : parcours culturels sur mobile, audioguides dans les musées, numérisation du patrimoine… ; - Ouverture des données publiques (Open Data) ; - Accueil d’événements de la filière numérique : -W  orld Smart Week, forum annuel des technologies approuvées et services mobiles depuis 2014 -F  inancial IT Day, forum du financement des start-ups depuis 2013

-H  ackathon Open Data depuis 2012 dédié aux données ouvertes… Le conseil municipal de la Ville de Marseille a par ailleurs voté le 29 juin 2015 deux délibérations relatives à la « ville numérique » : « fixer un cadre dans lequel seront développés en cohérence l’ensemble des projets et services qui contribueront à faire de Marseille une ville intelligente ». La Ville entend pour cela agir autour de quatre axes principaux : une meilleure gestion de la ville dans les différentes fonctions qu’elle doit assurer (transport, sécurité, déchets…) ; l’intégration du numérique dans les enjeux d’aménagement urbain (quartiers attractifs et connectés, smart grids…) ; le développement de l’attractivité et de l’emploi ; le renforcement de la cohésion entre les populations et la proximité avec le citoyen. L’atteinte de ces objectifs nécessite la mise en place d’offres de services mutualisés entre acteurs du territoire, qui reposent sur : le développement d’infrastructures de réseau très haut débit ; des équipements de collecte et de transmission des données ; des datacenters et des outils de traitement de la donnée. Pour ce faire, Marseille inscrira 4 millions d’euros de crédits au budget primitif des exercices 2016 à 2020. Un autre champ d’investigation concerne la valorisation des dispositifs de sécurisation des espaces publics (vidéo-surveillance, verbalisation électronique) au travers de l’opération « Big Data de la tranquillité publique », porteuse d’une « nouvelle approche de résolution de situations ». Celle-ci reposera notamment sur le développement d’outils d’intelligence décisionnelle basés sur la masse des données récoltées par les dispositifs de surveillance.

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

23

Le 9 juillet 2015, la Ville d’Aix-en-Provence a communiqué sa stratégie smart city à horizon 2020. Le projet, axé sur l’amélioration de la qualité de vie, est notamment structuré autour des objectifs suivants : • Infrastructures : suivi du déploiement du très haut débit, programme de déploiement du WiFi

24 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

gratuit, mobilier intelligent, zones de coworking… • E-administration : développement de plus de 20 nouveaux e-services, promotion d’un guichet unique pour la relation Usagers. • Web municipal : uniformisation de tous les sites web et les applications mobiles. • Transformation numérique : programme d’équipement des écoles de la ville en faveur de l’apprentissage (ENT, câblage interne des bâtiments…) • Services numériques pour faciliter la Ville : « Ma ville à la carte », un service mobile permettant de faciliter les parcours dans Aixen-Provence et « ParticipAix » la plate-forme participative des Aixois. Les villes ayant reçu le label Ville Internet Le label national « Ville Internet » est remis chaque année, depuis 1999, par L'Association Villes Internet aux collectivités locales qui mettent en œuvre une politique publique numérique locale. Ce label, symbolisé par un panneau de @ à @@@@@ à afficher en entrée de ville et dans les supports de communication, permet à la collectivité locale, d'évaluer, de montrer et de faire reconnaître la mise en œuvre d'un Internet local citoyen à la disposition de chacun dans l'intérêt général. La liste des villes labellisées sur le territoire métropolitain est la suivante :

SOURCE : ASSOCIATION VILLES INTERNET

La stratégie de la Ville d’Aix-en-Provence La ville d’Aix-en-Provence a également intégré le numérique dans sa stratégie territoriale : • L’office du tourisme de la ville, inauguré en mai 2012, utilise les outils numériques pour valoriser le patrimoine culturel local : WiFi gratuit, écrans et bornes tactiles pour la conception d’itinéraires personnalisés, vidéoprojecteur interactif… • La ville d’Aix-en-Provence a inauguré en juin 2014 les mobiliers urbains innovants installés en partenariat avec l’entreprise JCDecaux : les totems e-Village permettront aux citoyens et touristes d’accéder à un ensemble d’informations sur la ville (agenda culturel, informations pratiques, déplacements, art de vivre, commerces et plan de ville). • Plusieurs applications smartphone ont été développées : « Ville d’Aix » (actualités de la ville, géolocalisation de points d’intérêt, information sur la disponibilité des parkings, informations pratiques…), « Requêtes Aix’press » (signalement d’anomalies sur l’espace public), « Aix-en-Bus » (pour organiser et faciliter les déplacements sur le réseau Aix-en-Bus). • En 2012, le Poste Central MAGALI (« Moyens Aixois de Gestion des Automobiles par Localisation Informatique ») a été modernisé. Ce système de gestion de trafic automobile centralise toutes informations issues de capteurs, de caméras, de postes de mesures.

Ville Miramas Marignane Salon-de-Provence Les Pennes-Mirabeau Rognes Éguilles Allauch Charleval Alleins

Année 2015 2015 2014 2011 2011 2010 2007 2007 2002

Label @@ @ @@@ @@ @@ @@ @@ @ Mention

Les trois communes participantes pour l’année 2016 ont formalisé les initiatives suivantes : • Port Saint Louis du Rhône : formations au numérique pour les responsables associatifs, géolocalisation des services, annuaire associatif, blogs pour les associations, système d’alerte, les élections en direct • Martigues : espaces partagés pour les agents de la ville, migration vers LibreOffice, dématérialisation du Contrôle de légalité, don de matériel informatique aux associations, transformation de la Maison de l’Emploi en Maison de la Formation et des Jeunes • Aubagne : Espaces publics numériques, gestion des courriers avec OpenCourrier, soutien à l’accès au numérique pour des résidents handicapés, acquisition d’un médiabus numérique, initiation d’autoentrepreneurs aux logiciels libres et gratuits.

UNE TAILLE CRITIQUE PAS ENCORE ATTEINTE POUR FAIRE DU NUMÉRIQUE UN ATOUT DIFFÉRENCIANT DE LA MÉTROPOLE Si la métropole bénéficie d’atouts incontestables pour réussir sa transition numérique, le territoire souffre de nombreuses fractures, tant territoriales, socio-économiques que d’accès aux compétences, qui peuvent freiner ou empêcher son développement. Ces lignes de fracture sont résumées dans un rapport de l’OCDE de décembre 2013* : « les défis les plus importants pour l’aire métropolitaine de Marseille ne viennent pas tant de l’extérieur et de la concurrence avec les autres grandes métropoles européennes et mondiales, que de l’intérieur. AixMarseille est, en effet, l’une des métropoles les plus inégalitaires de France, que ce soit en matière de revenus, d’accès à l’emploi ou d’éducation. Ces inégalités socio-économiques sont très déterminées territorialement et posent des défis considérables pour la croissance inclusive et soutenable du territoire. » Si l’OCDE partait d’un postulat général sur les caractéristiques de la métropole, ce diagnostic est également valable (voire renforcé) dans le domaine du numérique : • Les près de 40 000 emplois de la filière numérique (inférieurs à la filière numérique toulousaine par exemple) sont en réalité inégalement répartis sur le territoire métropolitain : 73 % de ces emplois sont en effet

concentrés sur 3 communes : - Marseille (14 350 emplois), soit 37 % des emplois de la filière numérique métropolitaine. - Aix-en-Provence (10 100 emplois), soit 26 % des emplois. - Rousset (3 850 emplois), soit 10 % des emplois (très majoritairement dû à la présence de STMicroelectronics). • Cette concentration des talents et de compétences va être renforcée par le développement du label French Tech, qui est à ce stade restreint aux territoires de la Communauté du Pays d’Aix et de Marseille Provence Métropole ; tous les lieux d’excellence du numérique (bâtiments totems, accélérateurs, lieux ressources) vont encore renforcer cette logique centripète au détriment du reste du territoire métropolitain. • L’accès au très haut débit, voire au simple haut débit, est à ce stade très loin d’être une réalité sur le territoire métropolitain : certains territoires de la métropole demeurent dans une situation de fracture numérique, tant sur les services « fixes » (accès à l’ADSL de base) que mobile (accès à la 3G/4G). Or l’accès à des infrastructures numériques de qualité est une condition essentielle de réussite de la transition

03

numérique de l’ensemble de l’espace métropolitain. • Pour les entreprises souhaitant intensifier leurs pratiques des outils numériques, la fibre optique de qualité « professionnelle » n’est pas disponible au même prix sur le territoire, la compétitivité des tarifs étant inversement proportionnelle à la diversité concurrentielle et à la densité des réseaux optiques présents sur le territoire concerné. Or l’accès à des infrastructures de télécommunications de qualité constitue désormais le 3e critère d’implantation des entreprises (derrière l’accès aux marchés et la qualification de la main d’œuvre locale) . Il s’agit donc là aussi d’un puissant facteur de concentration des entreprises dans les zones urbaines. Par exemple, la société Provence Studio (installée à Martigues) souhaite disposer d’un accès fibre à un coût abordable sous 24 mois, ce qui pose le problème du maintien de son implantation à Martigues . • Une population présentant une forte diversité, tant socio-économique que culturelle, ce qui nécessite de penser des politiques de médiation à même d’inclure tous les publics dans les usages numériques et éviter tout effet de décrochage. * OCDE (2013). Vers une croissance plus inclusive de la métropole Aix-Marseille : Une perspective internationale ** Cushman & Wakefield (2010) *** Source : atelier « Le numérique, levier du développement économique »

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

25

CARTOGRAPHIE DE LA COUVERTURE NUMÉRIQUE SUR LE TERRITOIRE

Eyguières

Pertuis Lambesc

Salon-de-Provence

Peyrolles-en-Provence

Pélissanne

Istres Aix-en-Provence Berre-l'Étang

Gardanne

Vitrolles Port-Saint-Louisdu-Rhône

Trets

Marignane Les PennesMirabeau Châteauneufles-Martigues Allauch

Offre estimée par local : 100 Mbit/s et plus

Roquevaire

Aubagne

Marseille

De 30 à 100 Mbit/s De 8 à 30 Mbit/s De 3 à 8 Mbit/s Moins de 3 Mbit/s Inéligible

urs télécom, IGN, Tactis is

La Ciotat

Limites des communes Limites des intercommunalités Métropole Aix-Marseille-Provence © Copyright - Tactis - 2015 © Copyright - IGN Paris - 2015

26 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

0

10 km

CARTOGRAPHIE TACTIS – SOURCE ARCEP – OPÉRATEURS

Martigues

DES NIVEAUX DE COUVERTURE 4G CONTRASTÉS SELON LES TERRITOIRES ORANGE

SFR

Pertuis

Eyguières SalonLambesc de-Provence Pélissanne

Istres

Vitrolles

PortSaint-Louisdu-Rhône

Istres

Aixen-Provence

Berrel’Étang

Marignane Martigues

Allauch Marseille

Vitrolles

PortSaint-Louisdu-Rhône

PeyrollesenProvence

Aixen-Provence

Berrel’Étang Trets

Gardanne Les PennesMirabeau

Pertuis

Eyguières SalonLambesc de-Provence Pélissanne

PeyrollesenProvence

Marignane Martigues

Allauch

Roquevaire Aubagne

Marseille

Roquevaire Aubagne

La Ciotat

FREE

Pertuis

Eyguières SalonLambesc de-Provence Pélissanne

Istres

Vitrolles Marignane

Istres

Martigues

Trets PortSaint-Louisdu-Rhône

Allauch Marseille

Roquevaire Aubagne

La Ciotat

PeyrollesenProvence

Aixen-Provence

Berrel’Étang

Gardanne Les PennesMirabeau

Pertuis

Eyguières SalonLambesc de-Provence Pélissanne

PeyrollesenProvence

Aixen-Provence

Berrel’Étang PortSaint-Louisdu-Rhône

La Ciotat

Vitrolles Marignane

Gardanne Les PennesMirabeau

Martigues

Trets

Allauch Marseille

Roquevaire Aubagne

La Ciotat

SOURCE : ARCEP, DÉCEMBRE 2014 / CARTOGRAPHIE : TACTIS

BOUYGUES

Trets

Gardanne Les PennesMirabeau

Enfin, les points forts de l’espace métropolitain (compétences académiques, présence de réseaux télécoms internationaux, filière numérique, dispositifs d’accompagnement, dynamique French Tech…) ne doivent pas masquer le fait qu’Aix-Marseille-Provence ne fait pas partie des territoires en pointe de la Révolution numérique (Silicon Valley, Los Angeles, New-York, Tel Aviv, Londres…), révolution qui se joue à l’échelle mondiale et dans laquelle même le Grand Paris ne joue à ce stade qu’un rôle secondaire. À l’échelle nationale, Aix-Marseille-Provence ne dispose pas d’une avance significative sur des territoires comparables : à titre d’illustration, le nombre d’emplois de la filière numérique y est inférieur à celui de la métropole toulousaine, et AMP compte moins de 10% des surfaces de datacenters français. Le défi sous-jacent est donc bien de mettre en place les conditions d’un changement d’échelle à même d’imposer la métropole comme un acteur identifié sur la scène internationale. Dans cette logique, il est vraisemblable que l’addition de stratégies locales infra-métropolitaines sera largement insuffisante pour peser et rayonner à long terme. En partant de ces différents constats, six leviers stratégiques sont formulées dans la suite du document afin d’assurer la mise en place de nouveaux objectifs à horizon 2020 et au-delà.

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

27

28 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

RÉUSSIR LA TRANSITION NUMÉRIQUE POUR TOUS SUR LE TERRITOIRE Le présent document a pour but d’apporter aux élus et décideurs d’Aix-Marseille-Provence des éclairages décrits sous la forme de « leviers stratégiques » afin de leur permettre de se forger une conviction et construire une ambition et un plan d’actions pour la prise en compte du numérique dès la naissance de la Métropole. Le travail de concertation mené pour élaborer ce DIS a permis de mettre en évidence l’enjeu que représente le succès d’une transition numérique parfaitement adoptée par tous les acteurs du territoire d’Aix-Marseille-

Provence. La métropole pourrait s’incarner à travers un ensemble d’actions et de mesures ambitionnant une appropriation du numérique par tous les acteurs (publics, privés, citoyens, associatifs…). Cette approche consiste à accomplir le basculement du territoire vers une métropole d’excellence sur les usages et le développement du numérique. Cette transition numérique tirerait sa force en valorisant les spécificités et atouts du territoire, présentés ci-avant, mais également en concourant à la conception de réponses innovantes aux faiblesses

structurelles du territoire (carence des transports publics, prévention des risques, sécurité, dispersion des politiques publiques…). Les politiques numériques qui seraient ainsi mises en place pour répondre à ces défis pourraient stimuler l’émergence de nouvelles compétences et de nouveaux savoir-faire susceptibles d’être exportés tout en améliorant la qualité de la vie des habitants et l’accueil des visiteurs. Cette transition numérique pour tous permettrait de relever quatre défis majeurs identifiés au cours de l’étude.

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

29

LES DÉFIS DE LA TRANSITION NUMÉRIQUE

IVE CT

Défi de la Métropole «agréable» Maximiser la satisfaction des habitants et l’amélioration des conditions de vie au quotidien

AG RÉ

LE AB

ATT RA

Défi de la Métropole «attractive» Valoriser les pôles d’excellence et les savoir faire pour renforcer le rayonnement économique et la notoriété internationale

OV

AN

TE

CA

IN N Défi de la Métropole «innovante» Développer la filière innovation et numérique, les terrains d’expérimentations des services et favoriser l’innovation ouverte

CE

Aix-Marseille-Provence : la transition numérique pour tous

EF

FI

Défi de la Métropole «efficace» Promouvoir un pilotage efficient des services de la Métropole

Le présent document formule en première approche six leviers stratégiques qui pourraient contribuer à la réussite d’une transition numérique pour tous: • Levier n°1 : Réussir l’aménagement numérique de la métropole • Levier n°2 : Favoriser de nouvelles pratiques de mobilité • Levier n°3 : Le Numérique pour tous dans des relations de proximité • Levier n°4 : Utiliser les technologies numériques pour mieux comprendre le territoire et pour repenser les politiques publiques • Levier n°5 : Faire du numérique un levier du développement économique de la Métropole • Levier n°6 : Une organisation transversale, au service des territoires et des habitants

30 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

LEVIER N°1 : RÉUSSIR L’AMÉNAGEMENT NUMÉRIQUE DE LA MÉTROPOLE Cet enjeu, qui constitue un corollaire de la stratégie de transition numérique, est axé autour de trois dimensions complémentaires : • équiper le territoire métropolitain en très haut débit fixe et mobile, • sécuriser les réseaux et les données, • déployer une stratégie intégrée de collecte, d’exploitation et de mise à disposition des données. Équiper le territoire métropolitain en très haut débit fixe et mobile Le déploiement de la fibre optique pour tous à horizon 2020 sur le territoire de la métropole. L’arrivée de la fibre optique dans tous les logements et dans toutes les entreprises va permettre de distribuer des débits potentiellement illimités (de plusieurs centaines à plusieurs milliers Mbit/s, soit des dizaines à des centaines de fois la capacité d’un lien ADSL) et renforcer les usages numériques résidentiels et professionnels (vidéo interactive haute définition, généralisation du cloud computing…). L’une des conditions essentielles de réussite du plan France Très Haut Débit est le respect des intentions de déploiement Fibre à l’abonné des opérateurs Orange et SFR. Ce Plan prévoit que les intentions de déploiement des opérateurs soient converties en engagements de déploiement, et que ces engagements soient formalisés par des conventions de programmation et de suivi des déploiements (CPSD) locales signées entre l’Etat, les collectivités territoriales concernées et les opérateurs investisseurs.

Les opérateurs Orange et SFR ont déclaré en 2011 leur intention de déployer sur leurs fonds propres un réseau FttH couvrant les 92 communes de la métropole à horizon 2020. En l’état actuel, il est très probable que les logiques de marché (concurrence par les infrastructures) conduisent à prioriser le déploiement « privé » de la fibre optique sur les emprises du câble très haut débit (8 communes a maxima sur le territoire d’AMP). L’autre scénario probable est que la fibre optique ne soit pas éligible pour les zones du territoire les plus difficiles à raccorder (certaines zones pavillonnaires par exemple), le coût de raccordement des habitations les plus éloignées pouvant être prohibitif et incompatible avec les objectifs de rentabilité des opérateurs privés. Dans le cadre du SDTAN, le Département des Bouches du Rhône estime que cette proportion de prises « à risques » pourrait être de l’ordre de 8% (81 000 logements et entreprises), dont la quasi-totalité serait située sur le territoire AixMarseille-Provence. Dans le cadre du Schéma Directeur Territorial d’Aménagement Numérique (SDTAN) en cours de rédaction par le Département des Bouches du Rhône, les acteurs métropolitains (sous

01

la coordination du Département) pourraient achever la formalisation des CPSD avec Orange et SFR. Le suivi de ces conventions nécessitera la mise en place de deux comités de pilotage (l’un avec SFR, l’autre avec Orange), dont la fonction consistera à : • Assurer le suivi des déploiements des réseaux Fibre à l’abonné (à un rythme semestriel), • Mettre en place un cadre de suivi des actions de facilitation des déploiements (obtention des permissions de voirie, validation rapide de l’emplacement des armoires, participation à la notoriété du réseau auprès des populations…), • Le cas échéant, instruire la défaillance de l’opérateur si les déploiements ne sont pas conformes aux engagements initiaux, et engager la mise en œuvre d’un réseau d’initiative publique de substitution sur les zones du territoire qui n’auront pas été couvertes par les réseaux Fibre à l’abonné. * La stratégie gouvernementale pour le déploiement du très haut débit a été présentée le 20 février 2013 par le Président de la République. Cette stratégie est déclinée au sein du « Plan France Très Haut Débit » officialisé par un arrêté du Premier Ministre en date du 29 avril 2013. ** Un modèle de convention de programmation et de suivi des déploiements (CPSD) a été publié par la Mission Très Haut Débit en octobre 2013.

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

31

Zones d’intentions d’investissement privé ZONES D’INTENTIONS D’INVESTISSEMENT PRIVÉ À HORIZON 2020

FOCUS SUR L’ACCÈS DES ENTREPRISES À LA FIBRE OPTIQUE DE « QUALITÉ PROFESSIONNELLE »

SALON-ÉTANG DE BERRE-DURANCE

La question de l’accès équitable des entreprises à la fibre optique de qualité professionnelle est un sujet qui pourrait être traité dans le cadre du SDTAN départemental, et suivi avec une vigilance particulière dans la mise en œuvre du projet métropolitain. Un dispositif de soutien des entreprises souhaitant se raccorder à la fibre optique pourrait également être envisagé dans ce cadre, par exemple dans le cadre d’un guichet d’aide au raccordement fibre optique des entreprises.

PAYS D’AIX-EN-PROVENCE

PAYS DE MARTIGUES

PAYS D’AUBAGNE ET DE L’ÉTOILE

MARSEILLE PROVENCE MÉTROPOLE

Commune câblée (8) Commune de la zone très dense (1) Commune de l’accord de cofinancement SFR/Orange : SFR (30) Commune de l’accord de cofinancement SFR/Orange : Orange (60) Commune Orange hors accord (1) 10 km

Sources : Opérateurs télécom; AMP; Tactis

32 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

SOURCES : OPÉRATEURS TÉLÉCOM; AMP; TACTIS 2015

OUEST PROVENCE

Équipement du territoire en réseaux radio très haut débit (3G/4G/WiFi). Les technologies mobiles (téléphonie mobile, et plus particulièrement haut débit mobile) sont désormais une commodité recherchée par les usagers, en tout point du territoire. Le déploiement de la 4G mobile est encore partiel sur le territoire ; or le haut débit mobile se doit d’être accessible, abordable, sûr, et fiable, pour tenir compte des évolutions de consommation de bande passante des mobinautes. Cette tendance fait peser un risque structurel et durable d’engorgement des réseaux cellulaires (3G, 4G…), en particulier dans les zones urbaines denses ou à forte concentration de flux (aéroports, gares…). Une compétition mondiale s’est par ailleurs engagée entre les grandes métropoles pour attirer les populations « mondialisées » (tourisme, tourisme d’affaires, congressistes, investisseurs…), qui exigent une connexion confortable sur l’ensemble du territoire afin de pouvoir utiliser leur environnement numérique quotidien, sans être pénalisés par les tarifs de l’itinérance entre opérateurs (« roaming »). Pour toutes ces raisons, les réseaux mobiles devront être densifiés en milieu urbain pour tenir

émetteurs radio ; • La possibilité de géolocaliser les utilisateurs sans recourir au GPS, ou d’envoyer des messages « broadcast » sur des zones précises de la ville (alertes, informations) ; • La mise en place de nœuds de connectivité pour les réseaux de capteurs des objets connectés ; • Un développement des réseaux en harmonie avec l’esthétique de la ville, les émetteurs étant de taille plus réduite ; • Une réduction des puissances d’émission pour répondre aux préoccupations sanitaires des populations.

Pour toutes ces raisons, les acteurs métropolitains pourraient définir une politique de déploiement de réseaux très haut débit radio « sans couture » sur le territoire de la métropole. La question de l’équipement des lieux touristiques en accès WiFi gratuit peut constituer un axe de réflexion stratégique pour les acteurs de la future métropole.

HTTP://WWW.OPUSCAPITALVENTURES.COM/

les promesses d’une connexion « sans couture », complétée le cas échéant par des réseaux WiFi (ces derniers permettant de se soustraire à la pratique du roaming). La densification des réseaux radio représente donc un enjeu pour la qualité de service et l’attractivité du territoire. Cette densification va nécessiter l’implantation en milieu urbain de cellules de tailles réduites, les « small cells ».

Les technologies qui seront utilisées pour cette densification ne sont pas encore définies. Une utilisation concomitante des technologies mobiles et WiFi est probable. Parmi les bénéfices attendus de l’implantation de Small Cells dans le tissu urbain, les éléments suivants sont mis en avant : • Une amélioration des débits en envoi et réception, couplé à un niveau de service constant et de qualité, limitant les effets de latence ; • Une réduction de la consommation d’énergie des

© ADRIENNESERRA VIA FOTER.COM / CC BY

DES CELLULES RADIO PLUS DENSES, HÉBERGÉES SUR LE MOBILIER URBAIN, POUR TENIR LA PROMESSE DU TRÈS HAUT DÉBIT MOBILE

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

33

DES HYBRIDES DE MOBILIER URBAIN CONNECTÉ ET DE HOTSPOTS WIFI : L’EXEMPLE DU PARTENARIAT DE LA VILLE D’AIX-EN-PROVENCE AVEC JCDECAUX ET DU PROJET LINK NEW-YORK CITY 15 totems digitaux ont été installés à Aix-en-Provence ; ces bornes numériques intégrées dans le mobilier urbain et équipées d’un écran tactile, proposent aux habitants et aux visiteurs un bouquet de services variable selon les bornes : accès WiFi, actualités, culture, transports… Ces bornes proposent des informations pratiques mises à jour en temps réel, transférables sur smartphone. Sur le même concept, la Ville de New-York a retenu le consortium City Bridge pour la réalisation du réseau WiFi municipal LinkNYC, représentant 10 000 hotspots WiFi, intégrés à des bornes multifonctions qui fourniront aussi d’autres services : appels gratuits vers les services d’urgence ou n’importe quel numéro téléphonique aux ÉtatsUnis, carte interactive sur écran tactile et rechargement de smartphone ou tablette. Ce réseau couvrira les cinq arrondissements de New York (Manhattan, Brooklyn, Queens, le Bronx et Staten Island) et représente un investissement estimé à 200 millions de dollars.

34 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

Les questions stratégiques à traiter en priorité pourraient être les suivantes : • Dans le cadre du SDTAN départemental, permettre une couverture du territoire AMP proche de 100 % aux réseaux 4G mobiles à horizon 2020, sur la base d’une approche partenariale avec les opérateurs : - Dresser une cartographie précise de la couverture radio sur le territoire afin d’identifier les « macrozones blanches » (territoires périurbains) et les « micro-zones blanches » (à l’échelle de quartiers ou de blocs d’immeubles). -L  a détection de ces zones pourrait notamment être réalisée par le biais d’outils numériques collaboratifs, dans lesquels les mobinautes réaliseraient eux-mêmes leurs tests de débits géolocalisés, le traitement de ces données massives constituant un utile contrepoint aux cartes nationales de couverture communiquées par les opérateurs. -L  a mise en œuvre de tels outils serait susceptible de constituer un modèle réplicable d’applications permettant des fonctions « sociales* » où les habitants sont appelés à améliorer la connaissance fine du territoire pour éclairer les politiques publiques. - Sur la base de ce diagnostic détaillé des besoins, établir une concertation avec les opérateurs mobiles pour faciliter les investissements nécessaires à une meilleure couverture du territoire par les technologies 4G. • Entamer une réflexion sur un équipement étendu du territoire en mobilier urbain connecté, qui permette d’évaluer les questions suivantes : - Les zones ciblées prioritairement par ce type d’équipement : par exemple, le port de Marseille (zone touristique accueillant plus d’un million de croisiéristes par an), les gares… - Les fonctionnalités de ces mobiliers urbains

connectés : totems multi-services (exemple d’Aixen-Provence) ? Simple hébergement d’émetteurs radio small cells / WiFi sur les candélabres, les panneaux publicitaires ou les abribus ? - Le modèle économique de telles solutions, intégrant une vision des coûts de déploiement et d’exploitation mais aussi de valorisation des recettes (déchargement des réseaux des opérateurs mobiles, collecte de capteurs dans le cadre du développement de l’internet des objets, publicité, commercialisation des données sur la ville dans le respect des règles édictées par la CNIL…). Sécuriser les réseaux et les données La qualité de service est un enjeu crucial pour attirer les entreprises et assurer les besoins des acteurs de la recherche et de l’innovation. Pour la future métropole, qui est un point d’arrivée de câbles sousmarins interconnectant l’Europe avec l’Afrique du Nord et l’Asie, il s’agit d’un enjeu fort. Cette localisation stratégique peut faire de la réduction du temps d’accès au marché, un atout territorial complémentaire à l’accueil des datacenters et à leurs interconnexions. Les réflexions sur l’implantation de datacenters sont par ailleurs une occasion d’anticiper le défi de leur alimentation électrique et des problématiques centrales de refroidissement de ces équipements (réflexions autour des « green datacenter »). L’un des enjeux consistera également à anticiper les révolutions à venir concernant la sécurité des données, telles que la « blockchain** », pour évaluer dans quelle mesure ce type de pratique pourrait faire * Dites « crowdsourcées ». ** Cette technologie de sécurisation des échanges est un système cryptographique décentralisé. Plutôt que de consigner toutes les transactions dans un grand livre comptable (comme le font par exemple les banques centrales), il s’agit de décentraliser l’historique des transactions, par bloc interdépendants.

l’objet d’expérimentations sur le territoire AMP. Ces enjeux de sécurité des réseaux et des données pourraient faire l’objet : • d’une coordination étroite entre le pôle SCS et les acteurs métropolitains, de manière à faire de la métropole le territoire d’expérimentation privilégié, • la métropole pourrait par ailleurs fixer des règles de commande publique qui permettent de généraliser rapidement des processus de sécurisation des données au sein des administrations, en utilisant le levier de la commande publique comme un fonds d’amorçage de projets de grande ampleur. Déployer une stratégie intégrée de collecte, d’exploitation et de mise à disposition des données La Ville, prise au sens large, est la source d’une masse considérable de données créées ou collectées par les différents acteurs qui la composent. L’exploitation et la diffusion de ces données sont désormais un enjeu stratégique de premier plan, mis en œuvre dans le cadre du concept d’Open Data sous lequel se regroupent les initiatives visant à rendre les données publiques accessibles, utilisables et transformables par chacun. Ces données, sauf lorsqu’elles possèdent un caractère sensible ou personnel, sont considérées aujourd’hui comme un patrimoine au service de tous. L’Open Data permet d’accéder à ces données, mais aussi de s’informer : c’est donc un vecteur de transparence de l’action publique. Parallèlement, il offre la possibilité de créer des services novateurs sur la base des données collectées et constitue l’un des socles d’une politique d’innovation ouverte.

PROJET DE LOI « POUR UNE RÉPUBLIQUE NUMÉRIQUE » (OCTOBRE 2015) Le projet de loi « Pour une République numérique » (loi Lemaire) étend l’obligation d’ouverture aux données des collectivités territoriales, des entreprises publiques et aux données d’« intérêt général » détenues par des personnes privées (données produites par les délégataires de services publics ou les organisations recevant des subventions de plus d’un million d’euros).

L’enjeu de la collecte, de la standardisation et de la valorisation des données existantes Les données peuvent provenir de multiples sources, et être fédérées dans le cadre d’une politique globale de mise à disposition auprès des acteurs territoriaux (entreprises, start-ups, monde académique, citoyens, collectivités pour ses propres usages) : • Les données métiers des collectivités et de leurs partenaires : l’une des sources importantes de données ne nécessitant pas d’investissements en infrastructures, sont les logiciels métiers et systèmes d’information existants, provenant des collectivités territoriales, de leurs délégataires (transports, eau, énergie…) et du secteur parapublic ou associatif. Ces données, qui devront être ouvertes pour être en conformité avec la loi Lemaire, peuvent constituer un premier socle d’informations à mettre à disposition. • Les données issues des médias sociaux (comme Facebook par exemple) : une manne d’informations spontanées est disponible sur les réseaux sociaux. Cela en fait un média incontournable pour toute organisation souhaitant identifier les sujets du moment. Si le secteur privé a bien compris l’intérêt de l’analyse des médias sociaux , les acteurs publics sont encore très

éloignés de ces pratiques. L’analyse des médias sociaux permet d’identifier les sujets d’actualité, de les géolocaliser ou encore de générer des tendances sur des sujets larges ou récurrents. Il s’agit là donc d’une source d’informations permettant d’obtenir des indications à même d’orienter des réflexions voire des décisions et de mieux cibler ses actions en situation de crise. • Les données issues des terminaux mobiles habitants, sur la base du volontariat (« crowdsourcing ») : cette technique implique l’utilisateur qui est invité à contribuer en créant ou en enrichissant un contenu. Cela peut permettre de générer un grand nombre de données sans investissement dans des infrastructures réseaux, mais peut nécessiter la mobilisation de nombreux usagers volontaires pour être efficace. - Exemples d’applications : dans la mobilité, cette technique est utilisée pour les applications Moovit ou Waze. Le contributeur crée une information nouvelle par simple sélection (accident, travaux…) ou enrichit celles des d’autres. - Autre exemple : le test de débit géolocalisé pour affiner les cartes de couverture en réseaux mobiles (cf. chapitre précédent). • Les traces mobiles : il s’agit d’informations de géolocalisation laissées par un téléphone portable/ smartphone lors de sa connexion aux antennes relais. Le déplacement du téléphone permet d’en déduire un trajet et d’en faire une représentation. Ces données, sécurisées par les opérateurs mobiles, sont strictement confidentielles et leur éventuelle utilisation suppose d’en garantir l’anonymat. L’intérêt premier de ces données est de modéliser les flux de déplacements. - Exemple : l’analyse des flux touristiques réalisée par le Comité Départemental du Tourisme des Bouches-du-Rhône (projet FluxVision d’Orange). L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

35

L’expérimentation a duré entre juin et août 2013, et a permis de collecter des données auprès d’1,85 millions de personnes. Cette application a permis l’évaluation de la fréquentation des événements, l’analyse de la fréquentation quotidienne dans différents secteurs géographiques du département, et la mesure de la mobilité des flux touristiques au sein de ces secteurs. - Autre exemple : l’expérience «  Empreinte de mouvement » réalisée à Rennes avec Orange, qui a permis d’analyser les traces mobiles de certains de ses abonnés (volontaires) pendant 5 semaines, afin d’enrichir les données des urbanistes dans le cadre du projet urbain du quartier Blosne.

Equiper le territoire de capteurs connectés dans le cadre de projets publics ou publicprivé ? Au-delà de ces sources de données existantes, l’un des enjeux de moyen/long terme pour les acteurs métropolitains pourrait consister à accélérer le processus de dissémination des capteurs sur l’ensemble du territoire pour basculer sur une logique de données massives en temps réel. Ces capteurs pourraient être mis en place en ciblant prioritairement les directions « métiers » des collectivités territoriales, dans des environnements différents : • urbains (mobilier urbain, trafic, stationnement, qualité de l’air…), • réseaux (eau, électricité, gaz, transports en commun, routes…),

SOURCE : ORANGE – CDT 13

STATISTIQUES DE FRÉQUENTATION DE MARSEILLE DU 2 JUIN AU 30 AOÛT 2013

36 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

• bâtiments (bâtiments publics, logements sociaux, copropriétés…), • environnement : cours d’eau, forêts... (prévention des risques naturels). La baisse des prix des capteurs (quelques centimes d’euros à quelques dizaines d’euros par unité) permet de disséminer ces objets à des coûts abordables, et constituer avec les infrastructures numériques un système élargi de captage des données.

Exemple de la Société des Eaux de Marseille : la SEM a opté pour l’équipement en compteurs d’eau télé relevés. 185 000 compteurs d’eau sur 17 communes de MPM vont être remplacés sur la période 2015-2018 (programme qui fait suite au remplacement de 36 000 appareils sur le territoire d’Agglopole Provence en 2014). La solution technique est basée sur une solution radio (fréquence : 868 Mhz), des répéteurs (installés en hauteur) tous les 20 compteurs, qui envoient les données vers des concentrateurs (coffrets disposés sur les points culminants des communes).

DISSEMINATION DE CAPTEURS VÉLOS EN LIBRE SERVICE DISTRIBUTEURS DE BILLETS SMARTPHONE RÉSEAUX GSM

CAMÉRAS APPAREIL PHOTO NUMÉRIQUE

CAPTEURS DE STATIONNEMENT

RÉSEAUX WIFI NCF

CAPTEURS DE POLLUTION

• Des déploiements plus ordonnés que le simple jeu du marché, dont la résultante serait de multiples interventions sous différents protocoles et différentes technologies ; les réseaux de type SIGFOX ou LoRA sont opérés sur des bandes de fréquence « libres », ce qui peut poser des problèmes de saturation du spectre radio à terme. • Aménager de manière plus efficace l’espace urbain, de manière à rendre possible l’accueil de plusieurs millions de capteurs à long terme. • Disposer d’un modèle économique plus efficace, en permettant la collecte d’informations à des coûts marginaux par un meilleur remplissage des équipements de collecte de trafic. • Disposer de meilleures garanties sur la pérennité du système de collecte des données sur le territoire métropolitain.

RFID

Mutualiser la gestion des infrastructures et des plateformes de données Pour permettre une modernisation des services publics en optimisant les investissements, une démarche d’urbanisation numérique de la métropole Aix-Marseille-Provence peut-être engagée, en s’appuyant sur un socle technique

couvrant un large spectre de ressources partagées depuis la gestion des infrastructures passives (type fourreaux et fibre optique…) jusqu’aux plates-formes de gestion des données pour favoriser le développement des innovations, de l’écosystème numérique et une transformation numérique accessible à tous. Ce type de socle pourrait être constitué par un assemblage d’une diversité de projets portés ou mis en cohérence à l’échelle métropolitaine. L’intérêt de concevoir des réseaux mutualisés d’initiative publique (« socles techniques de données ») pourrait résider dans les arguments suivants :

SOURCE : TACTIS

Ce type de réseau pourra être réalisé dans le cadre de réseaux bas débit radio d’initiative privée (réseaux de type SIGFOX, ou LoRA porté par Orange et Bouygues Télécom), ou bien sur la base de réseaux mutualisés qui seraient mis en place par les collectivités.

SOCLE TECHNIQUE DE DONNÉES

RÉSEAUX FIXES

1

INFRASTRUCTURES RÉSEAUX

2

CAPTEURS ET OBJETS CONNECTÉS

3

DATA, PLATEFORMES DE SERVICES

(services urbains, compteurs, capteurs, objets connectés, mobiliers connectés)

(open data / big data) OPEN DATA

Open innovation, écosystème numérique

BIG DATA

Application grand public Pilotage de la ville et des services urbains

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

37

Exploiter et publier les données. La publication des données qui seraient mises en œuvre par les acteurs métropolitain pourraient être réalisée : • Sur une plate-forme métropolitaine, permettant notamment la diffusion automatique des données en temps réels par le biais d’interfaces de programmation*. • Sur la plate-forme existante Open PACA, qui bénéficie d’une notoriété et d’un certain effet d’échelle et dont une version 2 est en cours d’élaboration.

* En anglais : Application Programming Interface (API).

PREMIÈRES PRÉCONISATIONS SUR L’ENJEU DES RÉSEAUX D’OBJETS CONNECTÉS ET DES DONNÉES DANS LE CADRE DU PROJET MÉTROPOLITAIN Une stratégie de valorisation des données devra relever un triple défi : la massification des données, leur collecte en temps réel, leur traitement et leur analyse. Pour se hisser au niveau de ces enjeux, les composantes d’une stratégie métropolitaine pourraient intégrer les actions suivantes : • Concernant les données existantes ne nécessitant pas de déploiement de nouvelles infrastructures (données métiers des collectivités et de leurs partenaires, données issues des médias sociaux, données « crowdsourcées », traces mobiles), nommer un Chief Data Officer (CDO) à l’échelle métropolitaine permettrait d’assurer une gestion efficace et pérenne de ces données territoriales. Les missions de ce CDO consisteraient à : - a ssurer et structurer le recueil des données auprès des acteurs du territoire métropolitain (en traitant notamment la question difficile de l’interopérabilité des logiciels métiers) et animer les réseaux des contributeurs, - a rticuler la publication des données sur la plate-forme Open PACA, - f aire respecter l’éthique sur l’usage des données (anonymisation, confidentialité…), - r éaliser des études croisées de données et produire des analyses prédictives, développer des indicateurs de mesure de la performance* des services publics, - é tablir la promotion des jeux de données auprès des acteurs de la filière numérique pour assurer dans la durée la réussite de la politique métropolitaine d’innovation ouverte. • Sur la question de la dissémination massive des objets connectés liés aux missions de services public sur le territoire métropolitain, privilégier une politique de réponse collaborative (avec les collectivités locales, Autorités Organisatrices de Transport et Autorités Organisatrices de Distribution et leurs opérateurs de services urbains) progressive, graduée et coordonnée à des besoins établis ; la méthode d’approche pourrait respecter les jalons suivants : - réaliser un audit précis de la localisation et de la fonction des capteurs déjà mis en place sur le territoire métropolitain, - mettre en place un schéma directeur collectif des besoins en collecte de données et en implantation de capteurs (transports, environnement, mobilier urbain, commerces…) avec la recherche de lignes directrices partagées par tous les acteurs publics afin d’optimiser les coûts d’investissements et d’exploitation, et qui permettraient de s’assurer du caractère interopérable et ouvert des solutions retenues, évaluer dans quelle mesure les solutions des acteurs du marché (Sigfox, Orange/Bouygues Télécom avec LoRA) sont efficaces pour répondre à ces besoins ou si tout ou partie de ces besoins doivent être réalisés dans le cadre d’un Réseau d’Initiative Publique métropoli-tain permettant d’offrir un socle unique mutualisé pour l’Internet des objets, - placer in fine cette politique d’équipement du territoire sous la coordination du Chief Data Officer métropolitain de manière à garantir l’intégration de ces réseaux de capteurs dans la stratégie plus globale de valorisation des données. * En anglais : Key Performance Indicators (KPI)

38 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

RÉCAPITULATIF DES DÉCLINAISONS POSSIBLES DU LEVIER STRATÉGIQUE N°1 : RÉUSSIR L’AMÉNAGEMENT NUMÉRIQUE DE LA MÉTROPOLE • Équiper le territoire métropolitain en très haut débit fixe et mobile. -O  bjectif de la fibre optique pour tous à 2020, dans le cadre de Conventions de Programmation et de suivi des déploiements d’Orange et SFR. -P  orter une réflexion sur l’équipement du territoire en réseaux radio « sans couture ». • Sécuriser les réseaux et les données. -L  ancer des projets d’expérimentation de solutions innovantes de sécurité en partenariat avec le pôle SCS. -F  ixer des règles de commande publique qui permettent de généraliser rapidement des processus de sécurisation des données au sein des administrations, en utilisant le levier de la commande publique comme un fonds d’amorçage de projets de grande ampleur.

• Déployer une stratégie intégrée de collecte, d’exploitation et de mise à disposition des données, en anticipant l’organisation de la métropole pour gérer cette compétence. - Concernant les données existantes : initier une démarche multi-partenariale sous l’égide d’un Chief Data Officer métropolitain. - Concernant la dissémination massive d’objets connectés sur le territoire métropolitain : mettre en place une gouvernance élargie pour définir un schéma directeur collectif en matière d’objets connectés liés aux missions de services publics, de collecte des données et d’implantation, de stockage, de contrôle / certification de l’accès aux données et des traitements associés. Évaluer l’opportunité d’un Réseau d’Initiative Publique (« socle technique numérique ») pour soutenir le développement de l’internet des objets.

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

39

02

LEVIER N°2 : FAVORISER DE NOUVELLES PRATIQUES DE MOBILITÉ Le Livre blanc des transports métropolitains Aix-Marseille-Provence a permis de dresser un constat préoccupant des conditions de mobilité sur le territoire : le recours quasi-exclusif à la voiture (650 000 déplacements métropolitains par an – usage de la voiture 96 %) dans des corridors étroits et très urbanisés (auquel s’ajoute le trafic des poids lourds…) produit des phénomènes de pollution qui entraîne de graves conséquences sanitaires : • de nombreux axes routiers sont saturés, • 250 000 personnes sont exposées quotidiennement à la pollution d’origine automobile, • Marseille est classée 4e ville européenne la plus polluée* (derrière Sofia, Milan et Cracovie), • le respect des normes de l’OMS sur l’émission de particules fines permettrait de gagner 7,5 mois d’espérance de vie (valeur la plus élevée des villes françaises étudiées), • le livre blanc estime que le temps perdu dans les embouteillages est de 5 jours par an par actif, soit environ 6 mois au bout de 35 ans de vie professionnelle. Comme l’évoquait le rapport de l’OCDE**, « la première action prioritaire pour la quasi-totalité des acteurs nationaux et locaux vise à apporter des réponses stratégiques à la question des transports publics. Il apparaît notamment nécessaire de repenser les transports collectifs inter-pôles. Aix-Marseille est l’une des rares métropoles françaises à ne pas disposer d’un réseau de transport en commun intégré, tant sur le plan physique que tarifaire. L’urgence est de parvenir à la mise en place d’un tel réseau ». Le Livre blanc des transports métropolitains AixMarseille-Provence envisage de doubler l’usage des transports collectifs en 15 ans, correspondant à un projet de 7 milliards d’euros sur 15 ans. Pour la future métropole, la mobilité est donc le défi le plus important à relever***. En plus du pilotage des investissements massifs dans les infrastructures de transport en commun, le numérique peut apporter une réponse de plus court terme sur l’optimisation

40 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

des modes de déplacement et l’intensification de la multi-modalité, en repositionnant le voyageur au centre du dispositif, et en élargissant la problématique des modes de transport vers une notion plus complète de la mobilité qui inclut notamment des formes de non-déplacement ou de réduction de trajets (coworking, télétravail …).

* Source : Association de lutte contre la pollution RESPIRE, Basé sur le nombre de pics de pollution annuels. ** OCDE (2013). Vers une croissance plus inclusive de la métropole Aix-Marseille : Une perspective internationale *** Il s’agit également d’un enjeu fort de pouvoir d’achat, qui n’impacte pas les ménages de la même manière selon leur localisation sur l’espace métropolitain : le coût de la mobilité oscille entre 96 € / mois (travail dans l’hypercentre de Marseille) à 213 € / mois (pôles économiques périphériques).

L’introduction du numérique dans les pratiques de mobilité offre les perspectives suivantes : • Concernant le transport collectif, le numérique permet un voyage plus fluide : recherche d’itinéraires, consultation des horaires, choix du mode, billettique, clarification du partage tarifaire entre opérateurs (applications du type Pass Navigo)... Le numérique aide aussi à fluidifier les trafics grâce à la connaissance en temps réel de la circulation et des perturbations, permettant aux opérateurs d’adapter l’offre de transport, d’automatiser des fonctions et d’améliorer la maintenance et la sécurité. L’essor de la billettique et de la vente à distance va modifier la consistance des services offerts dans les gares et stations : moins de guichets de vente tout en maintenant un service pour les voyageurs non-connectés, mais plus de services d’aide en cours de déplacement.

SOURCE : AGAM (2014). COMPRENDRE L’ESPACE MÉTROPOLITAIN. ATLAS CARTOGRAPHIQUE – VOLUME 1

SYNTHÈSE DES FLUX MÉTROPOLITAINS

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

41

• Concernant le transport individuel, le numérique favorise le développement rapide de l’économie collaborative, dans laquelle l’usage l’emporte sur la propriété. Le service n’est plus prédéfini, l’offre devient partagée et multiforme grâce à des plates-formes de services simples à utiliser qui mettent en relation un grand nombre d’offres et de demandes : covoiturage longue distance ou domicile-travail, autopartage, voiture avec chauffeur (VTC), auto-stop organisé, vélo en libre-service (VLS), location par des particuliers de leur voiture à l’heure ou à la journée… • Le numérique peut également faciliter le non-déplacement, principalement le télétravail (à domicile ou de plus en plus dans des tiers-lieux de type télécentres ou maisons de services) qui limite les flux domicile-travail ou le téléenseignement qui optimiserait les déplacements domicile-université avec un développement de formations en ligne de type MOOC (70 % des déplacements métropolitains sur AMP relèvent de ces deux catégories). Une telle stratégie n’a de chance d’être portée avec succès que dans le cadre d’une gouvernance d’innovation ouverte à la multiplicité des intervenants. L’intégration d’un volet numérique dans les schémas métropolitains des mobilités (en articulation avec les schémas régionaux de mobilité) pourrait constituer une piste privilégiée.

42 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

Selon le Livre blanc des transports métropolitains Aix-Marseille-Provence, sur les 1,8 million d’habitants de la métropole : • plus d’1 million d’habitants sont des automobilistes exclusifs ; • environ 500 000 habitants sont dits « multimodaux », c’est-à-dire qu’ils varient leurs modes de transport entre la voiture, le bus, le métro…. En intégrant cette diversification, ces habitants utilisent environ 30 % moins leur voiture. Les parents actifs multimodaux l’utilisent même 42 % moins que les autres ; • environ 250 000 habitants vivent sans voiture, soit pour des raisons de budget, soit pour des raisons plus culturelles, le livre évoquant une « génération postvoiture » recouvrant les 30 000 étudiants et jeunes actifs sans permis. Compte tenu de la situation décrite précédemment, l’un des défis de la mobilité métropolitaine est de réduire la part des automobilistes exclusifs dans la population et donc d’accroître les pratiques de multimodalité et d’inter-modalité.

Rendre l’offre de transport collectif plus visible L’une des conditions de l’intensification des déplacements collectifs consiste à donner suffisamment d’informations en temps réel aux individus pour qu’ils puissent intégrer ce mode de déplacement comme un moment de leur mobilité personnelle. Il s’agit de permettre l’émergence d’applications numériques rendant possible une « individualisation de l’offre de transports collectifs » en répondant au plus près aux besoins individuels : itinéraires personnalisés en fonction de l’état du réseau et de la localisation de l’usager, information en temps réel des modes disponibles et des meilleures solutions tarifaires. L’objectif est de mettre en avant « l’expérience client » et d’inciter celui-ci à revenir sur le réseau en tenant compte de son point de vue. L’information est au cœur des systèmes numériques. Pour être efficace, elle doit être de qualité, fiable, « fraîche » et neutre et être délivrée en temps réel (voire être prédictive) pour permettre à l’usager de revoir son itinéraire en cas de besoin. Cette politique ne peut durablement être réalisée que dans la mesure où une politique ouverte et transversale de captage des données transporteurs sera mise en place (cf. Levier n°1), principalement : • la géolocalisation en temps réel de tous les matériels roulants, • les alertes incidents, • les calculs d’itinéraires.

Rationaliser l’usage de l’automobile

Pour les acteurs publics métropolitains, l’amélioration de la visibilité de l’offre de transports publics peut passer par deux voies complémentaires : • continuer à développer des applications publiques (type Lepilote.com) qui permettent de garder un lien avec le voyageur ; • miser sur une politique d’Open Data pour alimenter des plates-formes privées qui vont intégrer les données transporteurs dans leurs services. Cette forme « d’ubérisation » de l’organisation des transports publics présente pour inconvénient d’insérer un tiers entre le transporteur et le voyageur, mais permet d’accélérer très fortement l’audience* et l’utilisation concrète et quotidienne des données publiques.

C’est dans l’utilisation de l’automobile et dans l’organisation de son partage, que la révolution numérique apporte le plus d’opportunités d’innovations.

PROFIL TYPE D’UN « SUR-TRAITANT » : LA SOCIÉTÉ UBER

* À titre d’exemple, Google est le principal concurrent de la SNCF pour la consultation des horaires de trains.

SOURCE WIKIPEDIA

EXEMPLE D’APPLICATION PUBLIQUE D’INFORMATION VOYAGEUR : LEPILOTE.COM Le site Lepilote.com, mis en place par le SMT13, permet de diffuser les informations suivantes sur smartphone : • totalité des transports en commun de la métropole couverts, • multimodalité (recherche en silo) et intermodalité, • réglage distance marche et vélo, • alertes trafic contextuelles, • prise en compte des parcs relais de voitures. Le site va continuer à évoluer, notamment en ergonomie et en prenant en compte des données connexes de mobilité comme le covoiturage.

Le numérique peut tout d’abord rendre possible une meilleure répartition des flux automobiles pour limiter ou déplacer les points de congestion : les solutions de parking intelligent, ou l’adaptation des feux tricolores aux pointes de trafic sur certains axes fréquentés peuvent constituer un premier niveau de rationalisation de l’usage de l’automobile et de limitation des émissions de particules fines.

Uber est une société basée à San Francisco, fondée en 2009. En 2015, elle est valorisée à 50 milliards de dollars et ses applications sont commercialisées dans plus de 250 villes dans le monde. Un utilisateur pourra utiliser l’application Uber dans toutes les villes où le service est distribué. L’application permet de localiser, via un smartphone, une tablette ou un ordinateur, le véhicule le plus proche de soi pour ensuite le réserver. Les utilisateurs peuvent suivre l’approche de la voiture qu’ils ont réservée sur l’application. Le paiement est réalisé automatiquement à la fin de chaque course par prélèvement bancaire. Il n’y a donc pas d’échange d’espèces entre conducteur et passager. Sur le marché français, Uber propose plusieurs types de services accessibles : • Des chauffeurs professionnels : UberX (berlines standards) ; Uber Berline (berlines de luxe) ; UberVan (vans de capacité 6 personnes) ; • Des chauffeurs « particuliers occasionnels » : UberPOP, conducteurs particuliers occasionnels au volant de leur véhicule personnel (ce service a été suspendu en France depuis le 3 juillet 2015) ; • Un outil de mutualisation des courses entre utilisateurs : UberPool, permettant de partager son trajet avec un autre passager situé au même endroit et allant dans la même direction ;

• Un service de livraison de repas : UberEats est disponible à Paris depuis le 14 octobre 2015, pour une livraison garantie en moins de 10 minutes. Polémiques. En France, les taxis cherchent à organiser leur riposte en mettant à disposition des clients les informations sur la localisation et la disponibilité des voitures. Ainsi, des groupements radios ou de taxis (comme la G7) ont développé des applications smartphone à l’usage des taxis et de leurs clients. Des associations de VTC souhaitent également mettre en place leur propre plate-forme suite à la décision unilatérale d’Uber de baisser ses tarifs de 20% à Paris en octobre 2015. À Marseille, la société Saytaxi propose une application mobile multilingue de réservation taxi à destination d’habitants et de touristes de la future métropole Aix-Marseille-Provence. Aujourd’hui, plus de 110 taxis sont enregistrés dans cette application existante depuis 18 mois. L’application est gratuite pour les clients de taxi et leur permet d’avoir une estimation de prix, une évaluation de chauffeur et de véhicule, et de choisir une langue de communication.

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

43

PARKING INTELLIGENT À LONDRES La Cité de Westminster (un district du Grand Londres 219 396 habitants) a lancé en 2013 un projet de parking intelligent réalisé par la société « Smart Parking » dans certaines zones à fort trafic (Mayfair, Soho, quartier des théâtres). Le dispositif est articulé autour des éléments suivants : • un dispositif de captage des données : sur chaque place de parking, des capteurs de véhicules (les smarteye) incluant une batterie de 5 à 7 ans, le trafic de ces capteurs étant agrégé sur la technologie radio 3G ; • l’application mobile ParkRight : information temps réel sur la disponibilité de plus de 3 000 places de stationnement autour de la West End et les données statiques sur plus de 40 000 places de stationnement à travers la Cité de Westminster. Intègre le paiement et les itinéraires vers les places disponibles. Les évolutions programmées de l’application sont de : • repérer plus efficacement les conducteurs qui ont dépassé la durée de leur temps de stationnement payant, • modifier les prix de stationnement dans les zones à forte demande.

BOSTON ET L’ADAPTATION DES FEUX TRICOLORES AUX FLUX DE TRAFIC CONSTATÉS En bénéficiant des données agrégées et recueillies par l’application Waze, les ingénieurs du Traffic Management Center de Boston peuvent reprogrammer très rapidement les 550 feux des carrefours de la ville, pour fluidifier au maximum la circulation automobile.

En favorisant l’usage de modes alternatifs tels que le covoiturage ou l’autopartage, le numérique constitue un moyen de mobiliser de nouvelles ressources inexploitées notamment pour compléter les transports en commun traditionnels. • Le covoiturage*  : Blablacar a fondé son succès sur la mise à disposition d’offres de transport occasionnelles sur des trajets longue distance, en faisant un concurrent direct des lignes de train ou de bus. Dans le cas d’espèce très particulier de la métropole, le mode de covoiturage le plus prometteur pour limiter la congestion du trafic serait le covoiturage pendulaire domicile-travail, c’est-à-dire un modèle permettant de capter de la valeur sur un créneau différent de Blablacar : de courtes distances quotidiennes.

IMPACT POTENTIEL DU COVOITURAGE DOMICILE-TRAVAIL SUR LA MÉTROPOLE AIX-MARSEILLE-PROVENCE Le taux de remplissage moyen est de 1,35 passager par véhicule. En augmentant ce taux à 1,5 passager par véhicule en moyenne, c’est l’équivalent de 50 000 trajets automobiles qui seraient économisés chaque jour pour les déplacements métropolitains (650 000 déplacements réalisés à 96% en voiture individuelle).

Ce nouveau service émerge à l’initiative de startup telles que Wayz-Up, iDVroom, Webdrive… Il permet de mettre en relation des conducteurs et des passagers au travers de plates-formes, le plus souvent dans le cadre d’un service assuré pour le compte d’entreprises. Corrélativement, l’attractivité de ces services doit être renforcée par des incitations à mieux remplir les véhicules. * Le covoiturage est l’utilisation conjointe et organisée (à la différence de l’auto-stop) d’un véhicule, par un conducteur non professionnel et un ou plusieurs tiers passagers, dans le but d’effectuer un trajet commun (source Wikipedia).

44 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

PLATE-FORME DE COVOITURAGE DOMICILE-TRAVAIL : L’EXEMPLE DE LA START-UP FRANÇAISE WAYZ-UP Wayz-Up est une start-up française ayant débuté son service en Île-de-France. La société a annoncé le 16 septembre 2015 l’entrée à son capital de Via-ID (groupe Mobivia, propriétaire de Norauto ou Midas). Depuis septembre 2015, 10 000 trajets par jour environ sont proposés en Île-de-France sur l’application mobile de la start-up. La stratégie de Wayz-Up est de concentrer le développement de son service sur certaines zones, et de faire contribuer les entreprises pour ne pas prélever de marge sur le partage de frais entre conducteur et covoitureur. Depuis 2013, Wayz-Up a intégré dans son offre une vingtaine de grandes entreprises, comme Danone, Thalès, Vinci ou Engie, ce qui a permis de bénéficier d’une première masse critique. À mesure que l’offre augmente, des personnes devant se rendre à proximité des zones desservies accèdent au service.

• L’autopartage* représente également une piste intéressante pour mutualiser l’offre de véhicules existants : - des réseaux d’autopartage comme Citiz, réseau coopératif qui promeut l’autopartage à l’échelle régionale en regroupant des opérateurs locaux d’autopartage ayant mutualisé leurs moyens, qui est déployé sur 80 villes françaises. S’appuyant sur des initiatives locales, le réseau s’intègre dans les offres locales de mobilité alternatives avec une tarification et une offre commerciale combinées. Citiz propose des services d’autopartage aux critères communs de qualité, coordonnés et connectés entre eux. En 2014, ses services permettaient à plus de 15 000 adhérents le partage de 700 voitures via 300 stations.

* L’autopartage est un système dans lequel une société, une agence publique, une coopérative, une association, ou même un groupe d’individus de manière informelle, met à la disposition de « clients » ou membres du service un ou plusieurs véhicules (source Wikipedia).

- À Paris et en Île-de-France, le réseau de véhicules électriques Autolib, lancé en 2011 compte 186 000 abonnés pour plus de 800 000 combinaisons possibles de déplacements dans l’espace francilien (de borne à borne, qui peuvent aussi être louées à des particuliers pour recharger leurs propres véhicules électriques). Lyon et Bordeaux se sont également récemment équipées*. L’organisation des transports sur la future métropole pourrait être complétée par le développement du covoiturage et de l’autopartage. Cette intégration pose un véritable défi de coordination de l’ensemble des offres de mobilité, publiques et privées, dans chaque bassin de vie de la métropole. Concernant le covoiturage, l’un des axes de réflexion prioritaire pourrait consister à passer par les Plans de Déplacements d’Entreprises (PDE**), et plus généralement de repenser les Plans de Déplacement Urbains en intégrant toutes les potentialités du covoiturage et de l’autopartage.

* Des agglomérations étrangères se déclarent aussi intéressées par le concept : Londres, Indianapolis, ainsi que des villes du continent asiatique et d’Amérique latine. ** La loi de Solidarité et de Renouvellement Urbain (SRU) impose aux Autorités organisatrices de transport urbain des agglomérations de plus de 100 000 habitants d’encourager les entreprises et les collectivités publiques à « mettre en place des plans de mobilité et à favoriser le transport de leur personnel, notamment par l’utilisation des transports en commun et du covoiturage ». Ces plans de déplacement d’entreprise (PDE) recouvrent une approche générique qui concerne aussi les administrations, les zones d’activité (Plan de déplacement interentreprises), les établissements scolaires.

Réduire les trajets domicile-travail en créant un réseau métropolitain de tierslieux favorisant le télétravail Une option des nouvelles pratiques de mobilité revient à mettre en place des politiques publiques permettant d’éviter certains déplacements. Dans ce cadre, le développement des pratiques de télétravail peut offrir des perspectives intéressantes pour limiter les flux domiciletravail. Le télétravail, s’il est en nette croissance en France, est encore en retrait par rapport aux pays anglo-saxons ou aux pays scandinaves : il concerne à 2014 près de 12 % des salariés français (contre 7 % seulement en 2005), mais il reste toutefois très loin des 20 % à 35 % observés en moyenne dans ces pays (États-Unis, Finlande, Suède…). En France, une définition légale du télétravail a pu être stabilisée depuis l’entrée en vigueur de la Loi « Warsmann » en mars 2012* (article L. 1222-9 du code du travail) : « Le télétravail désigne toute forme d’organisation du travail dans laquelle un travail qui aurait également pu être exécuté dans les locaux de l’employeur est effectué par un salarié hors de ces locaux de façon régulière et volontaire en utilisant les technologies de l’information et de la communication dans le cadre d’un contrat de travail ou d’un avenant à celui-ci ». Plusieurs formes complémentaires de télétravail sont distinguées, selon les lieux où il est pratiqué et les modalités de son organisation : • Le télétravail à domicile concerne les activités exercées au domicile du travailleur et nécessitant notamment une connexion internet performante.

• Le télétravail en nomadisme qui n’est pas a priori localisé dans un lieu dédié et qui nécessite dans la majorité des cas l’usage de solutions technologiques ad hoc (ex : connexions mobiles et logiciels nomades…). • Le télétravail dans des tiers lieux concerne les activités exercées hors des locaux de l’entreprise et du domicile du travailleur, dans des locaux proposant des conditions de travail professionnelles (outils informatiques, connexion internet, téléphonie, visioconférence…). Parmi les pratiques de télétravail en tiers-lieux, les télécentres peuvent être définis comme « des espaces dédiés à l’accueil de tout type de télétravailleur, dans des conditions professionnelles (environnement de travail, connectivité, services,…), et situés au plus proche des lieux d’habitation des grandes agglomérations et/ou de nœuds de transport importants. Ces équipements peuvent à la fois offrir des solutions concrètes aux salariés et aux travailleurs indépendants (accès à des espaces de travail collaboratifs). Par rapport au télétravail à domicile, les télécentres permettent d’augmenter significativement l’accès au télétravail pour les personnes ne disposant pas d’un logement adapté ou ceux dont l’employeur est réticent à devoir gérer certaines problématiques liées au télétravail à domicile (acceptabilité par les CHSCT, gestion du parc informatique…)** ».

* Loi n° 2012-387 du 22 mars 2012 (article 46) relative à la simplification du droit et à l’allégement des démarches administratives. ** Source : Caisse des Dépôts (2014). Externalités des télécentres

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

45

EXEMPLE D’ORGANISATION D’UN TÉLÉCENTRE

1 7

6

Espaces d’accueil professionnel

2 Salons d’affaires et cafés 3 Vidéo conférences

4 5

et de conseil de direction

5 Salles de réunion et de formation

SOURCE : REGUS

1

6 Bureaux à la journée

à temps plein ou partiel

3

2

46 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

4 Salles de conférences

7 Services professionnels

à la demande • Service téléphonique entièrement géré • Lignes téléphoniques professionnelles • Assitance administrative sur site • Bande passante dédiée • Impression, copie et scan • Réseau informatique et connectivité haut de gamme

Il pourrait être intéressant de poser les bases d’une réflexion sur les perspectives d’un maillage du territoire métropolitain en réseaux de télécentres. Ces tiers lieux pourraient permettre de modifier une partie des déplacements domicile-travail en permettant à des publics non rompus au télétravail (assistantes de direction, fonctions supports, certains cadres…) de travailler à proximité de leur domicile (dans une limite maximale d’un à deux jours par semaine). L’une des conditions clés de réussite de ce type d’équipement est de pouvoir emporter l’adhésion des employeurs sur ce type de pratique, ce qui nécessite un travail important de concertation et de pédagogie. Par ailleurs, ce type de politique publique n’aura de chance de succès qu’en s’adossant sur une offre de qualité professionnelle, si possible sur une échelle régionale ou nationale. L’initiative Stop&Work initiée par la Caisse des Dépôts constitue dans cette perspective un premier niveau de réponse intéressant.

INITIATIVE STOP&WORK (RÉGUS, ORANGE, CDC) La Caisse des Dépôts a notamment favorisé le développement de l’écosystème et du marché en créant en 2014 un acteur dédié (société Stop&Work, créée en partenariat avec Regus et Orange) pour répondre à la carence de l’offre dans la périphérie des grandes agglomérations. Le métier de ce nouvel acteur est de mettre en place et exploiter un réseau de télécentres. Chaque projet est un projet d’aménagement et de développement territorial qui est mis en place en partenariat avec la collectivité. Le premier télécentre a ouvert ses portes le 1er octobre 2014 à Fontainebleau.

Le maillage de télécentres sur le territoire d’AixMarseille-Provence ciblerait en priorité les zones périurbaines, et pourrait notamment s’appuyer sur les travaux de formalisation des PDE. Il pourrait également être structuré en synergie avec les tiers lieux existants, dans une optique de valorisation et de mise en réseau autour de la promotion des nouvelles formes de travail (coworking, travail collaboratif, Fab Lab).

Il s’agira de valoriser ces totems en les insérant dans le tissu de la centaine de tiers-lieux existants sur le territoire métropolitain.

ERIC et autres tiers lieux sur le territoire

ERIC ET AUTRES TIERS LIEUX SUR LE TERRITOIRE AMP

Ces lieux visibles (des « totems ») seraient situés dans les centres-villes (en complément des télécentres plutôt localisés dans le périurbain), au cœur des flux de mobilité. Ces totems seraient orientés sur la mise en œuvre des nouvelles formes de travail collaboratif (coworking, Fab Lab…) et viendraient en complément et non en concurrence directe des incubateurs et pépinières d’entreprises déjà présents sur le territoire (Belle de Mai, Impulse, Château Gombert…). Ces totems seraient des accélérateurs pour les nouvelles formes de travail, qui bénéficieraient ainsi à toute une filière qui se développe de façon peu structurée et avec peu de visibilité. Les totems pourraient ainsi se voir confier une diversité de missions complémentaires (exemple Camping NUMA …) :

• communauté & événements (ateliers en immersion profonde, programme personnalisé pour les grandes entreprises), • espaces de travail / espaces de coworking, • lieu d’échanges et de relations intergénérationnelles, notamment dans la perspective d’une politique de médiation numérique (cf. Levier stratégique n°3).

PAYS D’AIX-EN-PROVENCE

OUEST PROVENCE

PAYS DE MARTIGUES

SOURCE : AMP, IGN, TACTIS / CARTOGRAHIE . D. RAGU

• incubateur, accélérateur de start-ups, laboratoire d’innovation ouverte,

SALON-ÉTANG DE BERRE-DURANCE

Espace Régional Internet Citoyen (34) Autre lieu tiers (71)

PAYS D’AUBAGNE ET DE L’ÉTOILE

MARSEILLE PROVENCE MÉTROPOLE

10 km

Source : AMP; Tactis

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

47

Unifier l’accès à tous les types de transport (publics ou privés) en une seule application Les fonctions d’une telle application, accessibles depuis un smartphone ou une montre connectée, pourraient concerner en priorité : • L’aide à la mobilité, permettant de délivrer les informations usuelles relatives au choix du mode de transport (informations temps réel, calculs d’itinéraires, alerte incidents, prédictions de trafic…), ces données étant livrées dans le cadre d’une politique d’Open Data. • Le paiement unifié, permettant de payer / valider les titres de transport pour toutes les solutions de mobilité disponibles sur le territoire métropolitain : transports publics (métro, bus), vélo*, VTC, taxis, covoiturage, autopartage, accès télécentres/coworking, parkings… Ce type d’option nécessiterait de disposer des empreintes carte bancaires des utilisateurs (à l’exemple d’Uber) et de revoir tout le système de billetterie / validation des titres de transport (validation par NFC à partir d’un smartphone ou d’une montre connectée). Ce type d’application permettrait de rendre transparente, du point de vue de l’usager, le recours aux différents types de mobilité et permettrait de mettre en place des tarifications à l’usage réel. • Des incitations à une mobilité plus efficace, comme le « péage positif » (décrit ci-après) ou la modulation des tarifs de parking selon l’horaire ou la fréquentation.

* L’intégration de la location des vélos libre-service au système de billettique du Passe Navigo en Île-de-France a favorisé l’usage ainsi que la pratique de ce mode de transport. Fort d’une flotte de 23 600 vélos répartis dans 1750 stations à Paris et dans les communes limitrophes, le Vélib’ compte 275 000 abonnés annuels.

48 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

APPLICATION « PASS UNIQUE » MÉTROPOLITAIN › Aide à la mobilité : informations temps réel, calculs d’itinéraires, alerte incidents › Paiement unifié : transports publics (métro, bus), vélos, VTC, taxis, covoiturage, autopartage, accès › Incitations à une mobilité plus efficace : péage positif, modulation du prix des places de parking selon l’horaire et la fréquentation…

Ce type d’application nécessite un intense travail de concertation pour fédérer l’ensemble des offres existantes de mobilité ; compte tenu de sa complexité de mise en œuvre, elle ne serait susceptible d’être développée que progressivement, et pourrait être développée soit par le secteur public, soit par des entreprises privées agissant dans le cadre d’un Service d’Intérêt économique général (notamment du fait de la mise en œuvre des incitations de type « péage positif », qui dépassent la simple logique du jeu du marché).

ILLUSTRATION : LE PÉAGE POSITIF À ROTTERDAM Le service « Wild ! Van de spits » est expérimenté aux Pays-Bas par BNV Mobility à Rotterdam du 16 mars au 18 décembre 2015. L’objectif est de réduire le trafic aux heures de pointe dans les grandes villes des Pays-Bas, sans installer d’infrastructures supplémentaires. Le service est ouvert à participation pour les individus, les employeurs (pour les voitures d’entreprise), les sociétés de location de voitures. Le concept est suivant : lorsque les automobilistes acceptent de ne pas utiliser leur véhicule aux heures de pointe, ils touchent une gratification de quelques euros (3 € en cash ou 3,5 € sur une carte de transport, au total jusqu’à 140 € par mois). Les automobilistes peuvent soit différer leur trajet, soit avoir recours aux transports en commun, à un autre système de transport, au covoiturage, ou au télétravail. La récompense est basée sur la récurrence de non-utilisation des autoroutes spécifiées le matin (6h-9h) et / ou les heures de pointe du soir (15h30-18h30). Ceci est combiné avec le nombre de jours ouvrables par mois. Les résultats provisoires obtenus : plus de 10 000 participants inscrits sur l’application, 4100 trajets en voiture évités chaque jour à Rotterdam.

Promouvoir une mobilité plus inclusive en direction des publics fragiles (séniors, PMR…) Un autre objectif des pouvoirs publics métropolitains dans le cadre d’une stratégie numérique appliquée à la mobilité pourrait consister à mettre en œuvre des solutions dédiées auprès des séniors et des personnes à mobilité réduite. Selon le Livre blanc des transports métropolitains Aix-Marseille-Provence, 60 000 personnes à mobilité limitée sont sans permis de conduire ou sans voiture.

Les spécificités de ces publics pourraient être prises en compte de façon beaucoup plus fine. Par exemple : • Dans les transports en commun, les personnes âgées préfèreront sans doute rallonger leur temps de parcours du moment qu’elles sont certaines de trouver une place assise ; un outil d’aide à la mobilité doit permettre de prioriser ce type de choix. • La mise à disposition de transports à la demande (bus, VTC ou taxis) pourrait participer à un projet de mobilité « pour tous ». • Enfin, le covoiturage de proximité peut constituer un puissant outil de mobilité pour ces profils de population.

TROIS ILLUSTRATIONS D’UNE MOBILITÉ « POUR TOUS » Handimap : une innovation territoriale née de l’ouverture des données publiques En 2010, Rennes Métropole et Keolis Rennes lancent un concours pour développer des services grâce aux données produites dans les systèmes d’information de deux organisations. Parmi ces données, se trouve notamment la hauteur des trottoirs et l’emplacement des passages piétons sur l’ensemble de la ville. Deux ingénieurs développent l’application Handimap à partir de ces données. Cette application permet notamment de calculer des itinéraires accessibles aux personnes à mobilité réduite, en tenant compte par exemple des trottoirs surbaissés ou non, et d’afficher différents points d’intérêts liés à l’accessibilité : arrêts de bus et établissements accessibles, places de parking réservées aux personnes à mobilité réduite, etc. L’application est aujourd’hui disponible à Rennes, Lorient, La Rochelle, Montpellier et Nice. L’application «Accessible ? » : déplacements facilités pour les personnes ayant des besoins spécifiques L’application développée par l’entreprise The 6th Sense (opérationnelle dès 2016) s’intègre sur un système de balises permettant aux personnes déficientes visuelles, ayant des problèmes d’orientation ou aveugles de trouver aisément et en toute sécurité leur chemin. L’application permettra aux personnes ayant des besoins spécifiques de gérer leur quotidien en termes de déplacements et transports, de loisirs, de besoins d’assistance. Casino et les séniors : assistance à mobilité Dans le cadre de l’Appel à projet e-santé 2 du Programme des Investissements d’Avenir, le Groupe Casino a mis en place un projet de mobilité ciblé sur les séniors et les personnes à autonomie réduite. L’objectif est de produire une assistance pour « faire ses courses », depuis la constitution de la liste de courses à domicile, l’aide au déplacement (mobilisation de VTC ou de bus à la demande) et jusqu’aux produits/services recherchés en magasin.

RÉCAPITULATIF DES DÉCLINAISONS POSSIBLES DU LEVIER STRATÉGIQUE N°2 : FAVORISER DE NOUVELLES PRATIQUES DE MOBILITÉ • Rendre l’offre de transports publics plus visible (politique d’Open Data sur la géolocalisation des matériels roulants, les alertes incidents, les calculs d’itinéraires). • Rationaliser l’usage de l’automobile : parking intelligent, adaptation des feux tricolores aux flux de trafic, développement du covoiturage domiciletravail, développement des réseaux d’autopartage. • Réduire les trajets domicile-travail en créant un réseau métropolitain de tiers-lieux favorisant le télétravail, en étudiant notamment l’opportunité de mailler certaines zones du territoire métropolitain en réseaux de télécentres. • Unifier l’accès à tous les types de transport (publics ou privés) en une seule application à destination des voyageurs, permettant : l’aide à la mobilité, le paiement unifié, les incitations à une mobilité plus efficace. • Promouvoir une mobilité plus inclusive en direction des publics fragiles - Concevoir des applications d’aide à la mobilité adaptées aux préoccupations des séniors et des PMR. - Élargir l’offre de transports à la demande pour les séniors et les PMR.

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

49

03

LEVIER N°3 : LE NUMÉRIQUE POUR TOUS DANS DES RELATIONS DE PROXIMITÉ Les enjeux du « mieux vivre ensemble » sont liés au concept de la ville agréable qui cherche à maximiser la satisfaction des habitants et à améliorer les conditions de vie au quotidien, tant sur un plan individuel que collectif. Les opportunités permises par le numérique, et plus largement la Smart city, peuvent proposer des éléments de réponse à ces enjeux. En effet, le numérique ne constitue pas une fin en soi mais bien un moyen pour répondre aux enjeux de la qualité de vie au sein de la métropole. Le numérique est aussi un moyen de redonner accès à la citoyenneté, de se réapproprier l’espace public et de renforcer le sentiment d’appartenance au territoire. Le numérique doit donc être également pensé dans la perspective de rendre le territoire métropolitain plus désirable, en développant notamment les relations de proximité et la participation des citoyens à la gouvernance de l’espace métropolitain : les réseaux sociaux de voisinage, la promotion des circuits courts du « producteur au consommateur » pour valoriser les espaces agricoles, ainsi que la valorisation des commerces de proximité peuvent constituer des outils adaptés à la poursuite de ces objectifs. Une politique de médiation numérique ciblant tous les publics (des publics fragiles aux entrepreneurs) Le Conseil National du Numérique précise ce qu’est l’inclusion numérique dans son rapport de 2013 portant sur les questions de « littératie numérique » : « L’inclusion numérique ne se résume plus à l’utilisation des outils du numérique, avec lesquels une part importante de la population se débrouille à défaut

50 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

de parfaitement les maîtriser : elle désigne la capacité à fonctionner comme un citoyen actif et autonome dans la société telle qu’elle est. Il n’y a pas une « e-inclusion » d’un côté et une « inclusion » de l’autre : les deux se confondent. …/… Il faut faire en sorte que chacun dispose, selon sa trajectoire, son point de départ, son but, des connaissances qui l’aideront à réaliser ses objectifs immédiats comme à développer ses projets, à comprendre son environnement et à le changer. En conséquence nous aurons toujours besoin de médiateurs, avec bien entendu des rôles très variables en fonction des publics, des services, des territoires. Ces fonctions couvrent et continueront de couvrir un large éventail, de la simple explication à la formation, de l’adaptation à la réparation, de l’assistance à la gestion de conflit, de l’aide à la qualité de service, etc. » Par conséquent, la réussite de la Transition numérique de la société passe par le développement de cultures numériques chez les citoyens. C’est là la mission essentielle des professionnels de la Médiation numérique qui exercent dans des EPN, des ERIC, des Fab Labs, des tiers-lieux, des médiathèques, etc. Plus précisément, le rapport Camani-Verdier d’octobre 2014 définit ce qu’est la médiation numérique :

« La médiation numérique désigne l’accompagnement humain, qualifié et de proximité, au service de l’inclusion numérique. Elle s’inscrit dans des lieux où des liens s’organisent entre des individus médiateurs et des collectifs humains (habitants, associations, entreprises, élèves, étudiants, parents, professionnels) autour d’outils numériques qui favorisent les coopérations. Elle permet à la fois l’appropriation des techniques d’usages de ces outils et la dissémination des connaissances ainsi acquises. La démarche de la médiation numérique propose aux populations d’« apprendre en agissant ». Elle se matérialise, en effet, avec la meilleure efficacité « pédagogique », à l’occasion de la réalisation concrète de projets, d’actions, et d’expérimentations (projets de développement local, projets de création économique, culturels, artistiques), de fabrication (prototypage, design, objets, sites, etc.), de co-constructions d’objets numériques conceptuels, virtuels et matériels (valorisation du patrimoine, chemins de randonnées interactifs, coopérations scientifiques, logiciels, prototypes,…). Au-delà de la maîtrise des outils matériels et logiciels et de leurs usages, il s’agit aussi de développer l’aptitude à comprendre et à utiliser le numérique dans la vie courante, à la maison, au travail et dans la collectivité en vue d’atteindre des buts personnels ou collectifs et d’étendre ainsi ses

compétences et capacités (littératie). Les citoyens peuvent dès lors acquérir une culture numérique suffisante pour être intéressés par les enjeux citoyens, économiques, culturels, sociaux concernés par les transformations numériques et participer, en conscience, au développement des usages. La médiation numérique doit s’effectuer de manière continue, tout au long de la vie, car elle suppose la prise en considération de la nécessaire adaptation des acquis à l’évolution permanente des technologies numériques. »

• la CCIMP avec les sessions de formation au numérique pour les entrepreneurs dans le cadre du programme « Transition numérique ». A noter que la Communauté d’Agglomération du Pays de Martigues est le seul EPCI intégrant AixMarseille-Provence à disposer de la compétence « Médiation numérique ». Cette politique se concrétise par trois Espaces Publics Numériques labellisés ERIC (deux à Martigues, un à Port de Bouc, un nouvel espace étant prévu dans les prochains mois à Saint-Mitre-les-Remparts), une équipe de près de 20 agents, un parc informatique fixe et mobile conséquent et un tissu partenarial important. Ces lieux œuvrent dans les champs thématiques suivants : emploi, insertion, formation, e-administration, culture, jeux vidéo, médias participatifs, logiciel libre, etc.

Principes et valeur ajoutée d’une stratégie métropolitaine de médiation numérique. Sur le territoire d’Aix-Marseille-Provence, de nombreux acteurs de la médiation numérique sont présents : • le réseau des ERIC*, co-animé par l’association ARSENIC et la Région ; • des acteurs associatifs thématiques comme ZINC** ou Emmaüs Connect Marseille ; • cinq Fab Labs et une formation Simplon.co (apprentissage du code informatique) ; • O2Zone et UrbanProd, spécialisés dans les usages numériques collectifs à travers notamment les MédiaLab et les Médias citoyens participatifs ; • les services numériques de Pôle Emploi, des CAF, des CCAS, des missions locales, etc. ;

SOURCE : WWW.PIMEN.FR

* Annuaire des ERIC : http://opendata.regionpaca.fr/donnees/ detail/annuaire-des-eric-centres-de-ressources-numeriques.html ** ZINC est un centre de création des arts et des cultures numériques, situé depuis plus de 17 ans à la Friche la Belle de Mai, pôle artistique et culturel marseillais. À la fois producteur accompagnant les artistes de l’écriture à la démonstration des œuvres - et lieu - animé en permanence et dédié à tous pour pratiquer, s’initier, se cultiver, au numérique et aux nouvelles technologies.

FOCUS SUR LE PÔLE INTERRÉGIONAL DE LA MÉDIATION NUMÉRIQUE : LE PIMeN ARSENIC, avec Zinc, est missionné par le Secrétariat d’Etat au numérique en qualité de Pôle Interrégional de la Médiation numérique pour le Grand Sud-Est : le PIMeN. Le Pôle coordonne les dynamiques de réseaux existants et en devenir afin de valoriser leurs actions, participer à la professionnalisation des acteurs, renforcer les liens avec les secteurs d’activité impactés par le numérique et favoriser l’émergence de projets d’envergure. Il est donc l’interlocuteur privilégié des élus et des décideurs dans l’élaboration et la mise en œuvre de politiques et de stratégies numériques dans les territoires. Les actions du PIMeN relèvent de 4 missions : • L’Observatoire Permanent interrégional de la Médiation numérique, • La valorisation et la professionnalisation du secteur, • L’animation des Accords nationaux de coopération en régions, • La mise en place d’événementiels.

Une politique métropolitaine de médiation numérique doit permettre : • d’offrir un cadre politique cohérent aux multiples acteurs (professionnels de l’éducation et de la formation, médiateurs, formation professionnelle…) qui aujourd’hui agissent parfois en ordre dispersé. Ce cadre doit leur permettre de se mettre en réseau, de se coordonner, de partager une vision et ce faisant de gagner en efficacité, • d’appliquer une politique cohérente sur l’ensemble de l’espace métropolitain, en bénéficiant d’effets d’échelle et en intégrant toute la diversité des publics qui pourraient être ciblés par la démarche. Au-delà de cette incontournable mise en réseau des acteurs, une politique de médiation numérique d’envergure métropolitaine pourrait notamment investiguer les champs suivants : • Capitaliser sur les acquis des tiers lieux que constituent les ERIC, et œuvrer à une extension de leur maillage et de leur mission : -D  esservir toutes les typologies de territoires et de publics sur l’espace métropolitain -A  ssurer une diversité de formats adaptés à différentes situations territoriales en associant notamment les ERIC à certains projets de tierslieux / télécentres (cf. Levier stratégique n°2) -C  onstituer un relais privilégié pour toutes les politiques de médiation numérique -S  outenir la mise en réseau des acteurs par l’intermédiaire du Pôle Interrégional de la Médiation numérique porté par ARSENIC, avec Zinc -A  ccueillir et initier des événements d’envergure dans le champ de la médiation numérique

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

51

- Investiguer des champs d’innovation sociale, comme : - La sensibilisation, l’acculturation, la formation aux données, et notamment permettre aux citoyens de maîtriser leurs données personnelles* - Les pratiques de co-production de données (perspectives de développement du crowdsourcing) - L’information et les bonnes pratiques afin d’étendre les pratiques de concertation citoyenne au travers des outils numériques. - Favoriser l’apprentissage du numérique par tous notamment en ciblant des actions intergénérationnelles (junior/sénior). • Accorder un soin particulier à la sensibilisation des commerçants au maniement des outils numériques : les commerçants présents en ligne adoptent des stratégies allant du site internet à l’utilisation de plateformes de marchés telles qu’e-bay, ou à une simple présence en ligne type Google my business. Certains commerces restent cependant sans présence en ligne (offline) parfois par choix (ce n’est pas leur cœur de métier), parfois par manque de temps. Une politique de médiation numérique sur la durée, pour l’ensemble des commerçants de proximité, est donc nécessaire et devra être animé en partenariat avec les chambres consulaires malgré la difficulté de mobiliser ces publics, principalement pour des questions de disponibilité des professionnels.

* Cf. initiative de la Fondation Internet Nouvelle Génération http://mesinfos.fing.org

52 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

EXEMPLE DU PARTENARIAT ENTRE LA CCIMP ET GOOGLE Pour renforcer la sensibilisation des professionnels, une convention a été signée entre la CCIMP et Google. Cette campagne d’accompagnement des TPE et PME marseillaises par des coachs Google a rencontré un vif succès et visait à renforcer la présence sur Google my business (référencement, description des commerces…).

• Comme évoqué dans le rapport du Conseil National du Numérique, la mise en place d’un « trousseau numérique » qui peut comporter une « domiciliation numérique », une identité certifiée par un agent public et rattachée à une adresse e-mail qui, elle, peut changer ; un espace de stockage en ligne des principaux documents administratifs numérisés ; un numéro de téléphone et une messagerie, pour faciliter le travail des acteurs de l’insertion. • Le soutien au déploiement d’InfoLabs sur le territoire d’Aix-Marseille-Provence. Les InfoLabs, dont le modèle a été conçu par la FING, consiste en des lieux de médiation à la donnée afin de permettre à des professionnels, des militants ou de simples habitants de découvrir les enjeux de la Data, l’utiliser, la compléter, la créer, etc. • La mise en œuvre à travers les ERIC du Pass Numérique Citoyen tel que déployé par la Région Rhône-Alpes. À la suite d’un parcours d’animations et de débats sur des enjeux comme l’identité numérique ou l’e-administration, chaque citoyen est gratifié d’un Pass numérique qui consiste en une première validation d’un niveau de culture numérique. • Faire de l’accessibilité des sites web et des applications numériques métropolitaine une obligation : l’accessibilité des sites web publics aux handicapés (malvoyants, malentendants…)

reste insuffisante et constitue un axe important d’amélioration des services publics. Un travail commun avec l’ensemble de la filière numérique pourrait permettre de : - dresser un diagnostic de la situation, - évaluer les axes d’évolution de chacun des sites web de la sphère publique métropolitaine, - définir le calendrier et le budget de mise en œuvre, dans la perspective de faire de la métropole un territoire exemplaire en matière d’accessibilité. Favoriser les pratiques collaboratives Les plates-formes numériques peuvent faciliter l’intégration d’une dimension plus participative dans tous les projets métropolitains. Des plates-formes numériques, notamment pour tous les projets urbains programmés à 15 ans, permettraient de prendre en compte l’avis des habitants sur les projets à engager ; le retour de ces participations et l’analyse des données qualitatives et quantitatives recueillies lors de ces campagnes pourraient constituer un élément d’aide à la décision pour les acteurs métropolitains. Ce type de plate-forme nécessite toutefois que les débats publics soient alimentés en amont (et non pas a posteriori comme c’est le cas habituellement) par des documents ouverts, permettant au citoyen de documenter son choix. Les cartographies interactives, pour les projets urbains, sont souvent un outil cité en exemple car ils permettent une certaine pédagogie.

EXEMPLES DE NOUVEAUX OUTILS PARTICIPATIFS EN LIGNE CARTICIPE est un outil de participation citoyenne pour aménager Marseille ; il a été lancé en collaboration avec le journal en ligne MARSACTU.fr, en tant qu’outil de débat citoyen sur l’aménagement de la ville, dans la perspective des élections municipales de 2014 et avec en perspective la mise en place de la métropole Aix-Marseille-Provence. Au 1er septembre 2015, le site avait recueilli près de 550 idées citoyennes, 1100 commentaires, 7700 votes, 500 contributeurs inscrits ou « carticipants ». Le site avait par ailleurs généré à cette date plus 46 600 pages vues. « Habiter la Friche » est le premier projet d’habitat participatif en locatif social du territoire Aix-Marseille-Provence. Il implique une « coproduction » de la maîtrise d’usage (les habitants) et du bailleur et poursuit plusieurs objectifs du développement durable : mixité sociale et culturelle, qualité environnementale et architecturale, réflexion autour des nouvelles technologies et du numérique. Les usagers sont des personnes éligibles au logement social, souhaitant participer à toutes les étapes de conception de leurs futurs logements. Piloté par la SCIC SA Friche la Belle de Mai, la gouvernance de ce projet regroupe un groupement de bailleurs sociaux (Sud-Habitat, Maison Familiale de Provence), une Assistance à Maîtrise d’Ouvrage (Regain, Toits de Choix), et un Collectif d’Habitants. Au Royaume-Uni, FixMyStreet est une application mobile qui permet aux citoyens, à l’aide d’une carte interactive,

Une autre tendance, plus ambitieuse encore, est de mettre en place des plates-formes de financement participatif. Le principe de ces plates-formes est de faire participer financièrement les habitants à la mise en place de nouveaux services ou nouvelles infrastructures à l’échelle de leur quartier. Ces modes de collaboration entre la puissance publique et ses habitants pourraient préfigurer une nouvelle forme de contribution, volontaire, pour envisager d’aller plus loin sur certains équipements de quartiers.

d’informer leurs autorités locales des problèmes qui doivent être adressés dans leur quartier (ex. : lampadaires brisés, mauvais éclairage, nids de poule, rues non-sécurisées, etc.). FixMyStreet est une initiative de crowdsourcing et d’e-démocratie qui fait le lien entre les citoyens et leurs institutions municipales, favorise les échanges et contribue au mieux-être dans la ville. Le projet initie les citoyens aux bénéfices de l’utilisation des outils communautaires et les collectivités aux nouveaux usages d’Internet. Ce projet est élaboré par mySociety et UK Citizens Online Democracy qui a pour objectif de construire des « outils sociaux ciblés qui ont des impacts au-delà du Web ». FixMyStreet a été lancé en 2007 et depuis, plus de 25 000 problèmes ont été signalés au Royaume-Uni. Le logiciel open source « FixMyStreet Platform » a été adapté dans plusieurs pays (Canada, Suède, Australie, Malaisie, Chili…). A Amsterdam, la société Glamour Manifest collabore avec l’architecte Burton Hamfelt afin de développer l’application « Model Me » pour le compte de la Ville. L’objectif est d’engager les acteurs locaux (les citoyens, les employés, les entreprises, les investisseurs…) à participer au design urbain au travers de cartes et de données ouvertes. Les acteurs du territoire peuvent utiliser cette application pour publier leurs initiatives de développement du quartier Amstel3, espace inoccupé à 30 %.

Promouvoir les proximités Les réseaux sociaux de proximité. Le renforcement du lien social peut aussi passer par la création de liens directs entre les habitants, via des plates-formes numériques. Cela est en particulier vrai dans les cas suivants : • Consommation collaborative : covoiturage, échange d’appartements, etc. • Financement participatif (ou crowdfunding) : de produits, de films, de projets, etc. • De réseaux visant à améliorer la sécurité via un appel au voisinage (exemple de l’application

« Voisins vigilants » décrite ci-après). Le développement des réseaux sociaux de proximité pourrait être soutenu par les villes dans le cadre d’une politique métropolitaine concertée, de manière à renforcer le sentiment d’appartenance au territoire, et à servir de point d’appui à des politiques publiques plus réactives (aménagement, localisation de services publics). Ces réseaux sociaux de proximité peuvent également constituer une source d’informations précieuses sur le territoire (cf. Levier stratégique n°1).

ILLUSTRATION DE RÉSEAUX SOCIAUX DE PROXIMITÉ MA-RÉSIDENCE.FR ET « VOISINS VIGILANTS » Ma-résidence.fr est un réseau social local permettant : • d’avoir accès aux annonces de voisins : revente/prêt/ échange d’objets, échange de services (bricolage, cuisine, covoiturage…), demande de renseignements (informations sur le quartier, recherche d’une place de parking, …), • solliciter l’aide de voisins via de petites annonces, • recommander des commerces de proximité ou des événements (un restaurant, une fête de quartier…), • rejoindre des communautés, des groupes, des associations locales, • échanger avec des voisins via une messagerie privée. La plate-forme « Voisins Vigilants » est un site web communautaire permettant de mettre en relation les habitants d’un même quartier pour lutter ensemble contre le fléau des cambriolages de manière simple et gratuite. Créé en 2012, Voisins Vigilants organise la surveillance citoyenne de rues, de résidences et de quartiers. L’application « Voisins vigilants » est une plate-forme qui regroupe 200 000 foyers. Il s’agit d’échange d’information quartier par quartier par l’intermédiaire de la plate-forme. Cela répond aux enjeux de sûreté, de la santé et des services entre voisins. La plate-forme donne aussi la possibilité aux collectivités de renvoyer de l’information aux citoyens (1 600 communes ont déjà contacté la start-up ; 250 communes ont souscrit pour les services d’information). Ce type de concept existe également en Angleterre (5 millions de foyers sur la plate-forme http://www.ourwatch.org.uk) et aux États-Unis (https:// nextdoor.com). L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

53

Promouvoir les circuits courts, contribuer à maintenir les espaces agricoles. La métropole Aix-Marseille-Provence est composée à 24 % de territoires agricoles (760 km2). L’agriculture représente 4 400 emplois, et participe au maintien d’un certain art de vivre et à l’entretien des paysages. Les outils numériques peuvent contribuer à populariser les circuits courts, « du producteur au consommateur ». Selon le Ministère de l’alimentation, de l’agriculture et de la pêche, est considéré comme « un circuit court un mode de commercialisation des produits agricoles qui s’exerce soit par la vente directe du producteur au consommateur, soit par la vente indirecte, à condition qu’il n’y ait qu’un seul intermédiaire ».

INITIATIVE DE CIRCUITS COURTS SUR LE TERRITOIRE AMP : TERRE DE PROVENCE (COMMUNAUTÉ DU PAYS D’AIX) Depuis 2013, entre avril et octobre, les amateurs de produits frais de la région d’Aix-en-Provence peuvent apprécier le marché de productions locales « Terres de Provence ». Un marché qui s’adresse à la fois aux professionnels et aux particuliers, où des producteurs vendent leur marchandise par cagettes de deux à cinq kilos. Les consommateurs profitent de prix moins élevés qu’en grande surface et plébiscitent le lieu : le marché accueille en moyenne 1200 visiteurs par jour.

Une application numérique facilitant les circuits courts pourrait constituer un axe de réflexion dans le cadre de la construction de l’espace métropolitain. Ceci permettrait de valoriser les initiatives locales existantes et d’accroître leur visibilité. En particulier, l’effet d’amorçage de la commande publique (notamment pour les besoins en restauration des administrations ou des cantines scolaires)

54 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

pourrait constituer un effet de levier pour faciliter l’émergence de telles applications. Valoriser les commerces de proximité. Les commerces de proximité participent de l’identité et de l’animation de chaque ville de la métropole. Ces commerces connaissent toutefois une décroissance continue de leur activité à l’échelle nationale (baisse de 15 % de chiffre d’affaires entre 2007 et 2014). Au niveau national, ils représentent 70 % du parc de magasins, mais seulement 30 % du chiffre d’affaires du commerce de détail, cette érosion s’expliquant principalement par la place des grandes surfaces. Comme vu précédemment, la massification des usages numériques entraîne de nouvelles attentes de la part des consommateurs « mobinautes » : obtenir les coordonnées du point de vente (adresse, téléphone, horaires d’ouverture…), obtenir des informations spécifiques sur les produits ou services des commerçants, localiser le commerce le plus proche de l’endroit où il se trouve… En face de cette réalité, il est estimé que moins de la moitié (46 %) des commerces sont équipés d’un site web en 2014, ce qui signifie qu’une grande partie de la valeur permise par le numérique n’est pas captée par les commerces de proximité. Les technologies numériques constituent un réel potentiel de croissance pour les commerces de proximité, puisque selon des études récentes : • 78 % des consommateurs s’informent en ligne avant d’effectuer leur achat en magasin*, • 73 % des internautes recherchent le magasin le plus proche qui propose le produit qui les intéresse**.

* BVA, Mappy (2015). 3e édition du Baromètre « Web-to-Store » ** IFOP, OrderDynamics (2014). Étude sur les préférences d’achat des internautes.

Notamment les mobinautes peuvent faire leurs recherches en ligne mais réaliser leur acte d’achat dans des commerces physiques de proximité*. Dès lors, les réflexions stratégiques pour les acteurs métropolitains pourraient concerner les questions suivantes : • Compte tenu de la faible présence en ligne des commerçants, mener des campagnes régulières de sensibilisation dans le cadre d’une politique plus globale de médiation numérique (décrite précédemment). Des associations de commerçants comme Marseille Centre ont déjà pris des initiatives qui pourraient être réplicables à l’échelle de la métropole.

MARSEILLE CENTRE, UN ACCOMPAGNEMENT DES COMMERCES DE PROXIMITÉ Marseille Centre est une association fédérant les commerces du centre-ville de Marseille (associations de commerçants, enseignes locales et internationales, cabinets immobiliers, réseaux bancaires, professions libérales, sociétés de transport et parking, sites culturels et institutions publiques…). Les trois missions de l’association sont : 
 • faire vivre, valoriser, promouvoir les 15 000 commerces du centre-ville de Marseille, • écouter, informer, représenter, défendre, • valoriser les spécificités des commerces marseillais. Cette stratégie se décline également sur le numérique, avec des actions visant à renforcer le référencement des commerces en ligne, à mettre en place et animer un portail des commerces (marseille-centre.fr) et à décliner des parcours urbains selon l’identité des commerces (concept stores, mode & accessoires, décoration…).

*Pratique dite du ROPO : « Research Online, Purchase Offline »

• Mettre en place des « services mutualisés » entre les commerçants de proximité d’une zone donnée, de manière à accroître leur capacité à innover en mutualisant les coûts : équipements (terminaux de paiement sans contact ou solutions de type beacons* par exemple), services de géolocalisation site web « ombrelle » sur une zone, logistique mutualisée de livraison, meilleure connaissance du consommateur en croisant les données de vente… • Faire des commerces de proximité des maillons de la logistique urbaine liée au e-commerce (points relais notamment) : l’activité en forte croissance du e-commerce oblige les distributeurs à adapter et optimiser leurs chaînes logistiques. L’une des solutions est le regroupement des expéditions en points de livraison localisés à proximité des clients, appelés points relais ou relais de proximité. Souvent situés chez des petits commerçants, ces points relais constituent un maillage d’autant plus fin que le milieu urbain est dense. La valorisation des commerces de proximité réside dans le trafic de clients potentiels générés pour aller chercher les colis. Certaines réflexions sont en cours pour faire des magasins de proximité des entrepôts déportés.

* iBeacon (beacon = balise) est un système de positionnement en intérieur conçu par Apple. Le système permet d’opérer des communications entre le beacon et le smartphone et permet donc de géolocaliser le client, d’envoyer des notifications personnalisées sur des produits en vente à proximité, voire à terme le paiement au point de vente directement depuis le smartphone. Aux États-Unis en 2015, 29 % des commerces sont équipés de beacons (source : RetailTouch Point (2015). Store Operations Survey).

RÉCAPITULATIF DES DÉCLINAISONS POSSIBLES DU LEVIER STRATÉGIQUE N°3 : LE NUMÉRIQUE POUR TOUS DANS DES RELATIONS DE PROXIMITÉ • Une politique de médiation numérique évolutive et globale pour une meilleure appropriation du numérique par tous - Capitaliser sur les acquis des tiers lieux existants (ERIC), participer à une extension de leur maillage et de leurs missions en lien avec le Pôle Interrégional de la Médiation numérique. - Initier et soutenir des campagnes régulières de sensibilisation des acteurs économiques et sociaux non experts du numérique (commerçants, artisans, associations…) aux cultures et pratiques numériques. - Engager la réflexion sur la mise en place d’un « trousseau numérique » pour les populations et les acteurs économiques (hors secteur numérique : commerçants, artisans). - Soutenir le déploiement d’InfoLabs (lieux de médiation permettant de démocratiser l’usage des données). - Participer à la mise en œuvre d’un Pass Numérique (première validation d’une culture numérique). - Devenir une métropole exemplaire en termes d’accessibilité des sites web et des applications numériques en direction des publics à handicaps.

• Entrer dans l’ère du participatif - Systématiser la mise en place de platesformes numériques participatives pour tous les grands projets urbains de la métropole. - Expérimenter les plates-formes de financement participatif pour des projets de quartier. • Promouvoir les proximités - Favoriser l’essaimage des réseaux sociaux de proximité. - Soutenir les projets de réseaux sociaux de proximité tels que ma-residence.fr ou Voisins vigilants. - Promouvoir les circuits courts, contribuer à maintenir les espaces agricoles. - Faciliter l’émergence d’applications numériques facilitant les circuits courts, « du producteur au consommateur ». - Valoriser les commerces de proximité. - Intensifier et cibler les pratiques de médiation numérique. - Mettre en place des services mutualisés entre les commerces de proximité d’une zone donnée. - Renforcer le rôle des commerces de proximité dans la logistique urbaine liée au e-commerce.

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

55

04

LEVIER N°4 : LE NUMÉRIQUE, POUR REPENSER LE TERRITOIRE ET LES POLITIQUES PUBLIQUES L’analyse des données massives collectées sur le territoire métropolitain est une opportunité de repenser l’ensemble des politiques publiques : prévention des risques naturels et de la délinquance, optimisation de la gestion des ressources (énergie, eau, déchets…), programmation plus avisée des offres de transport publiques par l’analyse en temps réel des flux voyageurs, mise en œuvre et suivi d’indicateurs de performance permettant une meilleure évaluation des politique publiques… Favoriser une approche multirisque territorialisée Le territoire de la métropole est exposé à de multiples risques majeurs : inondation1, incendies, mouvement de terrain, séisme, incident industriel2, transport de matière dangereuse3. Des systèmes de vidéoprotection d’échelle métropolitaine peuvent être mis en place, dont les fonctions permettraient d’offrir une supervision globale du territoire (prévention de la criminalité, sécurité routière, péage urbain, prévention des risques industriels et environnementaux…). Ces technologies nécessiteront des infrastructures réseau de plus en plus pointues pour la communication, le stockage et le partage des images. L’échelle métropolitaine peut constituer un cadre légitime pour construire des politiques mutualisées de vidéoprotection intelligente4, sur la base du parc de caméras existant dans les villes5. La mise en réseau de l’ensemble de ce parc de caméras pourrait ainsi s’inscrire dans une politique métropolitaine de gestion des risques.

56 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

SYSTÈME DE SUPERVISION MIS EN PLACE À RIO Le Centre d’opérations de la ville de Rio élaboré par IBM et inauguré en 2010 intègre une trentaine d’organismes municipaux afin de : • surveiller et optimiser le fonctionnement de la ville, • anticiper des solutions et minimiser les occurrences, • alerter les secteurs responsables de risques en cas d’urgence tels que les fortes pluies, les accidents de la circulation et des glissements de terrain. Il est estimé que le temps de réaction des services d’urgence a été diminué de 30 % en moyenne.

Au-delà de la vidéoprotection, les technologies numériques peuvent contribuer à diminuer la vulnérabilité du territoire et de ses habitants : • Les environnements sources de risques peuvent être équipés de multiples capteurs (cf. Levier stratégique n°1) de manière à recueillir des informations ciblées et en temps réel permettant d’anticiper les risques. Par exemple, le niveau des eaux peut être mesuré avec précision et minute par minute. • Des systèmes d’alerte instantanée de la population peuvent être mis en œuvre pour améliorer les

processus de prévention et d’évacuation des zones impactées. • L’analyse des données peut permettre de disposer d’une vision prédictive des événements, de définir l’enchaînement des causes pouvant mener à une catastrophe naturelle ou industrielle, et de mieux cibler sur la durée les actions de prévention les plus efficaces.

1. Il est estimé par exemple que 130 000 habitants seraient concernés par les risques d’inondation (source : pôle Risques). 2. Présence d’une trentaine de sites SEVESO classés « AS » (seuil élevé) sur le territoire métropolitain (notamment dans le triangle Fos/Berre/Martigues où se concentrent la sidérurgie, le raffinage, l’aéronautique, la chimie et la pétrochimie). 3. Par voies routière, ferroviaire, maritime, oléoducs et gazoducs. 4. Les perspectives d’évolution s’orientent vers une « vidéoprotection intelligente » intégrant les fonctionnalités suivantes : des techniques d’enregistrements de données biométriques permettant de reconnaitre un véhicule, des visages ou des silhouettes, des systèmes de tracking/autofocus (suivi) de l’objet ou de la personne repérée. 5. La ville de Marseille a investi plus de 9 M€ pour la création du Centre de Supervision Urbain (CSU) et l’implantation d’un millier de caméras pour lutter contre la délinquance et les incivilités. La vidéosurveillance existe à Istres depuis 2011. À ce jour, la ville compte 82 caméras installées dans quasiment tous les quartiers. 37 autres vont être mises en service en 2016, dont 16 avec le concours financier des bailleurs sociaux. Aix-en-Provence est équipée d’un réseau d’une quarantaine de caméras depuis 2007.

LES OUTILS D’ANALYSE PRÉDICTIVE DES RISQUES Depuis juillet 2013, le New York City Fire Department (service incendie) utilise un algorithme qui analyse 60 facteurs de risque d’incendie. Parmi les données exploitées : l’ancienneté du bâtiment, le signalement de problèmes électriques, le niveau de vie des habitants, l’existence de systèmes d’arrosage ou encore la présence d’un gardien. L’algorithme mis en place établit un score de risque pour 330 000 immeubles et fournit une feuille de route des priorités. Ces données servent aux pompiers lors de leurs visites hebdomadaires, afin qu’elles ne soient plus effectuées au hasard mais selon l’échelle de risque identifiée. Grâce à un algorithme qui compile les données spatiotemporelles et la nature/récurrence des infractions commises, la ville de Los Angeles a été en mesure de cibler la fréquence des rondes de police dans les zones à risques. Le quartier de Foothill, qui a expérimenté le dispositif, a vu son nombre d’actes délictueux baisser de 20 % entre janvier 2013 et janvier 2014.

Une organisation collective dédiée à ces problématiques pourrait être mise en place afin de développer une approche multirisque territorialisée. Les partenaires d’une telle organisation (villes, Métropole, Pôle Risques*, SDIS, délégataires eau/ énergie/transports, filière numérique, Région….) pourraient mener des actions concertées de manière à promouvoir l’usage des technologies numériques et les besoins en infrastructures et en gestion de données pertinentes.

manière fragmentée, alors qu’elles sont typiquement des biens communs qui dépassent les frontières administratives. Ainsi, de nombreux documents d’orientation, prévus notamment dans le cadre de la loi Grenelle 2, sont élaborés localement de manière morcelée : les plans énergie-climat, plans des déchets, plans pour la lutte contre la pollution de l’air, etc. ». Pour piloter des politiques de développement durable dans une logique globale, la donnée est essentielle : elle permet de suivre et d’optimiser les flux, de vérifier que les objectifs ont été atteints, de prévisualiser certains projets… La valeur ajoutée d’une exploitation des données serait particulièrement importante sur les champs d’investigation suivants : • encourager les gestes « éco-responsables » ; • faciliter le déploiement des énergies renouvelables ; • améliorer la performance énergétique des services urbains (éclairage, ramassage des ordures ménagères) ; • déployer l’économie circulaire (cf. exemple de Smart Cycle ci-après).

S’inscrire pleinement dans le développement durable et la gestion économe des ressources

L’encouragement des gestes éco-responsables Le numérique permet de promouvoir de manière simple les gestes éco-citoyens, dans le domaine de l’énergie (exemple de GridPocket), du tri sélectif des déchets (exemple de Terradona), de la mobilité douce, de la promotion des circuits courts… Dans le domaine de l’énergie, il est par exemple estimé que la consommation d’énergie est réduite de 8 % lorsque les consommateurs disposent d’un « tableau de bord » sur l’utilisation d’énergie***.

Selon le rapport de l’OCDE**, sur la métropole AMP, « les problématiques environnementales, nombreuses en raison d’une grande richesse écologique, mais aussi de la pollution et d’un haut niveau de risques environnementaux, sont également gérées de

* Le pôle est axé sur le développement des systèmes de surveillance environnementale et de gestion des risques ; son siège est à Aix-enProvence. ** OCDE (2013). Vers une croissance plus inclusive de la métropole Aix-Marseille : Une perspective internationale. *** Source : projet européen Digital Environment Home Energy Management System.

Les applications les plus répandues concernent l’estimation des consommations en conditions réelles (Direct Energie, EDF Eco-gestes, EDF Étiquette énergie, EcoTroc…), le déclenchement programmé des appareils électriques en fonction de la géolocalisation de l’utilisateur (Lifedomus, EverSense), la domotique intelligente pour piloter le chauffage, la climatisation, l’éclairage et visualiser les impacts en termes de consommation d’énergie (Nest/Google, CISCO). Ces applications pourraient être encouragées et étendues à une échelle métropolitaine, de manière à multiplier les micro-initiatives en faveur d’un développement économique plus harmonieux. Ces applications représentent également un gisement d’emplois et d’innovations potentielles, qui pourraient être exportées.

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

57

DEUX EXEMPLES D’APPLICATION FAVORISANT LES GESTES ECO-CITOYENS EN RÉGION PACA : GRIDPOCKET ET TERRADONA La start-up française GridPocket a mis au point une plate-forme logicielle de gestion énergétique destinée aux fournisseurs d’énergie. La solution Smart Grid Time Series Lab permet : • de proposer aux clients des solutions de maîtrise de la consommation d’électricité via une interface web ou mobile, • de modéliser et de faire des pronostics de consommation, • d’améliorer la capacité d’adaptation de la production en fonction de la demande (demande response management), • de procéder, lors d’un pic de demande, à une réduction (ou « effacement») de consommation énergétique. Ce dispositif a été labellisé par le pôle de compétitivité Capénergies et soutenu par la région PACA. La première expérimentation est en cours dans la ville de Cannes.

L’entreprise Terradona, à Aix-en-Provence propose un dispositif incitatif sur le tri des déchets : un système de plugs (la solution « cliiink ») posés sur les containers rend les containeurs intelligents et communicants et permet d’identifier des objets déposés. L’application mobile permet d’identifier l’usager lors de son dépôt dans une borne. Pour chaque bon dépôt de déchets, le consommateur reçoit des points qu’il peut utiliser chez les commerçants locaux. Avec cette approche, les gestes éco-responsables sont valorisés, les citoyens sont encouragés à recycler leurs déchets, et dans un même temps les liens avec le commerce de proximité sont renforcés.

Une meilleure connaissance du territoire peut permettre de faciliter le déploiement des énergies renouvelables ou de mieux identifier les « passoires » énergétiques dans le bâtiment. La modélisation du potentiel photovoltaïque des toitures de bâtiments industriels, logistiques et commerciaux permet une installation optimisée de panneaux photovoltaïques sur les toits et non plus au sol. Les applications de type « cadastre solaire », obtenues par le recoupement de multiples données (hauteur des bâtiments, ensoleillement, raccordement au réseau de distribution), permettent de diffuser une information fiable aux porteurs de projets et aux investisseurs.

LE CADASTRE SOLAIRE À PARIS Le cadastre solaire de Paris réalisé par l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) permet d’identifier les lieux propices à l’installation de panneaux solaires. Il présente le potentiel solaire de chaque bâtiment de la capitale (en KWh/ m²/an) en indiquant son niveau d’insolation, calculé à partir de la simulation du rayonnement solaire annuel moyen et en prenant en compte les effets d’ombres des immeubles ou des arbres. Le potentiel est jugé « favorable » s’il est supérieur à 1 000 kwh/m² par an.

58 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

Une autre application de la donnée au service d’une gestion plus durable de l’énergie consiste à cartographier la consommation énergétique des bâtiments, de manière à prioriser et moduler efficacement les politiques publiques de soutien à l’isolation des logements et des bureaux.

LE CADASTRE ÉNERGÉTIQUE (NEW-YORK) La cartographie de la consommation énergétique par les bâtiments à New York réalisée par Columbia Engineering School permet de repérer les bâtiments qui nécessitent des aménagements en efficacité énergétique.

Rationaliser la performance énergétique des services urbains. Une utilisation ciblée de la donnée peut également permettre de diminuer les consommations en ressources des services urbains : • L’éclairage public est un poste de dépenses important puisqu’il représente près de 41 % de la consommation d’électricité des collectivités locales. Le gisement d’économies d’électricité permis par les technologies numériques est évalué à un tiers environ de ce total, par des opérations de modulation du service (à distance ou automatisé) : régulation de l’intensité par télégestion, détection de présence*, modélisation du redimensionnement des mâts…

• Les technologies numériques peuvent optimiser les tournées de collecte des ordures ménagères par mesure du niveau de remplissage des containers. Ces outils permettent notamment de disposer de prévisions de volume, de tonnage, de distances et de temps de cheminement, en permettant une gestion plus efficiente et « temps réel » (statistiques de remplissage, gestion fine du volume des colonnes, augmentation des apports et de la durée de vie des colonnes, tableaux de bord en automatique) qui permet de programmer au mieux les tournées de collecte et donc d’économiser les déplacements des camions bennes. • Dans les réseaux d’eau, la loi Grenelle 2 introduit notamment l’obligation d’un calcul de rendement de réseau. Il s’agit d’un indicateur quantifiant le pourcentage d’eau effectivement consommé par les usagers, et qui traduit la proportion de fuite dans les canalisations. Dans cette perspective, l’exploitation des réseaux de transport et de distribution d’eau potable nécessite de plus en plus de s’équiper en capteurs, permettant d’obtenir des bilans d’efficacité à différentes échelles de temps et d’espace. L’intégration de ces données et de ces tableaux de bord vont constituer des éléments d’aide à la décision de plus en plus structurants pour les délégataires et les délégants en charge du service de l’eau. • Le développement des smart grids représente également une perspective d’innovation importante : l’ambition de ces réseaux, dans le domaine de l’énergie, est d’associer sobriété énergétique et production locale d’énergies renouvelables avec des solutions de stockage et en combinant la gestion coopérative de l’énergie pour effacer les pointes de consommation. Sur le territoire Aix-MarseilleProvence, l’Ilôt Allar permet l’expérimentation d’un smart grid thermique dit « boucle de mer », qui

consiste à refroidir les bâtiments en utilisant l’eau du port de Marseille ; historiquement, le premier démonstrateur français de réseaux électriques intelligents PREMIO a été mis en place à Lambesc et de nombreuses initiatives, notamment dans le cadre des réponses aux appels à projets du Programme des Investissements d’Avenir, sont en cours sur le territoire. Dans ce contexte, la Région PACA, en partenariat avec de nombreuses collectivités territoriales et des industriels de la région, a déposé le 17 juillet 2015 sa candidature FLEXGRID à l’appel à projets lancé le 15 avril 2015 par le Gouvernement pour choisir un territoire de déploiement à grande échelle des Réseaux Electriques Intelligents (REI), ou smart grids. À travers cette dynamique territoriale, les partenaires de FLEXGRID souhaitent encourager le développement des REI en PACA qui revêt des enjeux économiques, sociaux et environnementaux majeurs. Déploiement de l’économie circulaire. Les outils numériques peuvent également contribuer à la popularisation des pratiques d’économie circulaire et de valorisation des déchets. Le projet Smart Cycle, qui sera expérimenté à Marseille, représente une bonne illustration de ces possibilités.

* Par exemple, l’agglomération de Grenoble a mis au point un système de lampadaires interconnectés qui ne s’allument qu’en cas de détection de présence humaine, et qui sont programmés pour garantir une continuité de 100 mètres de luminosité. Ce système permet de générer une économie de 80 % par rapport au coût d’un éclairage classique.

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

59

Doter la métropole d’outils d’analyse et de pilotage de ses grands projets d’aménagement

EXEMPLE DE SMART CYCLE Smart Cycle est un projet en cours de développement, porté par une association et soutenu par la Fondation AMU, P/Factory, Provence Création d’Entreprise, La Ruche, Start’Aix, le Pôle Pépite PACA Ouest, etc. Smart Cycle est une plate-forme web et mobile de revalorisation locale et solidaire des rebuts urbains de tous types (objets, équipements, matériels, matériaux, gravats, déchets...) qui fonctionne par géolocalisation d’objets trouvés, à donner ou échanger. Elle met en relation les utilisateurs et/ou transmet l’information aux différentes parties prenantes de la revalorisation et du recyclage alternatif des déchets. De cette façon, elle incite au développement de méthodes locales de valorisation des déchets et le désencombrement des rues.

L’utilisation performante de la donnée peut influencer les politiques d’aménagement et les rendre plus efficaces : • Les politiques de développement des infrastructures de transport en commun pourraient être mieux ciblées en exploitant les statistiques de mobilité des habitants heure par heure. Ceci pourrait par exemple influer sur le nombre de dessertes d’une ligne de tramways, ou sur la priorisation de certaines solutions de desserte en tenant compte d’une analyse prédictive de trafic (aménagement d’un nouveau lotissement ou d’une nouvelle zone d’activités à proximité par exemple).

Un utilisateur recherche, donne ou repère des objets et rebuts qui peuvent être recyclés ou réutilisés. Les particuliers peuvent récupérer les objets qui les intéressent pour s’équiper

Après 24 h sans enlèvement les objets sont signalés aux services de la mairie

Ferrailleurs, chiffonniers et entreprises du recyclage récupèrent les déchets

En quelques clics les objets peuvent être géolocalisés et consultables sur notre plateforme web ou mobile. L’utilisateur reçoit alors des récompenses.

Les associations récupèrent les objets pour les distribuer à un prix équitable

Les ressourceries réparent et mettent les objets à disposition du public

SOURCE : HTTP://WWW.AGAM.ORG

Professionnels, écoles, artistes et créateurs tels que les ateliers de Do It Yourself détournentet upcyclent les objets

EXEMPLE DU TRANSPORT ANALYST SUR LE TERRITOIRE AMP

60 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

Transport Analyst est un outil d’accessibilité novateur et inédit développé par la start-up franco-américaine Conveyal à l’initiative d’un groupe de travail associant le CEREMA, la Mission interministérielle pour le projet métropolitain Aix-Marseille-Provence, l’AGAM et la DREAL qui l’a financé sur le fonds «Innovation transport ». L’AGAM est en charge de son pilotage sur le territoire de la future métropole Aix-Marseille-Provence. Transport Analyst présente et compare de manière dynamique l’accès global à un territoire et à ses services à partir d’un point et selon différents modes de transports (à pieds, en voiture, en transport en commun). Le développement de Transport Analyst est distribué en open source. Les données sont issues de l’Open Data disponible : Le Pilote, SNCF, Open street map. Réservé aux techniciens dans un premier temps, il facilite l’analyse du système global de transport existant mais aussi la mesure de l’impact des projets. Cet outil va apporter une vraie plus-value dans la manière d’analyser en temps réel et de concevoir les systèmes de transports. Il sera décliné dans une version simplifiée ouverte aux acteurs du territoire sur différentes thématiques : tourisme, emploi, équipements,…

• Les habitants pourraient être mieux informés en cas de déménagement : des outils de mesure de l’accessibilité de certaines zones et du budget carburant associé selon le lieu de travail pourraient être mis en place. • Les entrepreneurs pourraient choisir de manière plus avisée l’implantation de leur entreprise sur le territoire d’Aix-Marseille-Provence, à l’exemple des applications mises en ligne par la ville de New-York.

EXEMPLE DE NEW-YORK CITY BUSINESS ATLAS En 2014, le bureau d’analyse des données de la mairie de New York a développé le NYC Business Atlas, qui permet aux créateurs de petites entreprises de mieux comprendre le contexte économique du quartier où ils souhaitent s’implanter, par l’intermédiaire d’une carte interactive qui recense les statistiques de chaque quartier : données démographiques, flux de trafic automobile et piétonnier, montant des taxes, salaires moyens, nombre de commerces en activité…

• Les perspectives de généralisation des maquettes numériques à l’échelle de bâtiments ou de quartiers permettraient de dégager des optimisations dès la conception et la gestion d’un ensemble d’immeubles, et de systématiser les modélisations préalables, dès la phase de conception, de l’impact des choix d’architecture sur les coûts et les consommations afin de faciliter un urbanisme plus harmonieux.

* Les chercheurs de l’Université de Technologie de Vienne ont mis au point divers critères pour évaluer le degré de « smartness » de 70 villes européennes. Sera intelligente la ville qui satisfera le plus grand nombre d’indicateurs dans cette grille normative. L’ISO a également adopté en octobre 2014 la norme ISO 37120 qui recense des indicateurs de « ville intelligente », applicables à toute ville quelle que soit sa taille ainsi que sa situation géographique. Ces indicateurs s’appliquent à plusieurs secteurs comme l’éducation, l’énergie, les transports, la gouvernance.

UNE INITIATIVE DE BIM PORTÉE PAR L’EPAEM Le Building Information Modeling (BIM) est une technologie et des processus associés pour produire, communiquer et analyser des modèles de construction. Il implique la création et l’utilisation d’un modèle 3D intelligent pour permettre de concevoir, visualiser, simuler et collaborer plus facilement tout au long du cycle de vie du projet. Le City Information Modeling (CIM) reprend les mêmes principes mais à l’échelle d’un quartier ou d’une ville ; cette technologie ouvre la perspective de modélisation en 3D des villes de manière à promouvoir des systèmes d’immersion. Sur le territoire Aix-Marseille-Provence, l’Établissement Public d’Aménagement Euroméditerranée (EPAEM) a formalisé un projet de recherche visant à expérimenter une démarche maquette numérique BIM pour les opérations d’aménagement du périmètre d’Euroméditerranée. L’EPAEM en partenariat avec le Centre scientifique et technique du bâtiment et le CEREMA doit développer une méthodologie innovante pour constituer le socle numérique urbain, mettre en place une démarche méthodologique BIM, pour le développement et le suivi des projets immobiliers et particulièrement de l’ilot XXL. Cela impliquera la création d’un Protocole BIM de communication entre opérateurs, Euroméditerranée et les acteurs métropolitains.

Les acteurs métropolitains pourraient entamer une stratégie de mise au point d’indicateurs et d’outils de pilotage transversaux sur l’ensemble des politiques mises en œuvre. Cette approche est peu à peu devenue centrale dans les stratégies de « ville intelligente », principalement pour trois raisons. • Proposer des outils de pilotage de la ville à l’intention des décideurs et des élus, qui, par-delà les silos, intégreraient divers types de données provenant des services de la ville, des délégataires ou des citoyens eux-mêmes, pour produire des indicateurs intégrés ; • Mesurer les progrès réalisés et évaluer la rentabilité des investissements engagés ; • Donner des éléments concrets pour la réussite de politiques intégrant plus de participation citoyenne (cf. Levier stratégique n°3). Ces indicateurs pourraient également correspondre à des classements internationaux sur les villes intelligentes*. La mise en place de tableaux de bord (« dashboard » en anglais) peut concourir de cette logique. Ce type d’outil permet la visualisation de données les plus importantes, nécessaires pour atteindre un ou plusieurs objectifs. Ces données sont consolidées et disposées sur un seul écran afin que l’information puisse être contrôlée facilement. Ce dispositif permet aux décideurs : • de suivre la situation en temps réel par quartier, • d’observer des tendances historiques, • d’établir des prévisions et d’entreprendre des actions avisées, • de surveiller et d’optimiser le fonctionnement de la ville, • d’alerter les secteurs responsables de risques en cas d’urgence tels que les fortes pluies, les accidents de la circulation et des glissements de terrain. Ces données sont directement consultables en ligne par les citoyens. L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

61

LE DASHBOARD URBAIN DE LONDRES Le dashboard urbain de Londres initié en 2012 synthétise l’information en temps réel sur la qualité d’air, le statut de trains, la consommation énergétique, la congestion, la météo, etc. Les données provenant des agences publiques sont complétées par les données de capteurs.

RÉCAPITULATIF DES DÉCLINAISONS POSSIBLES DU LEVIER STRATÉGIQUE N°4 : UTILISER LES TECHNOLOGIES NUMÉRIQUES POUR MIEUX COMPRENDRE LE TERRITOIRE ET REPENSER LES POLITIQUES PUBLIQUES • Favoriser une approche multirisque territorialisée -V  idéoprotection (prévention de la criminalité, sécurité routière, péage urbain, prévention des risques industriels et environnementaux…) à l’échelle métropolitaine. - Systèmes d’alerte de la population. - Analyse prédictive des risques. • S’inscrire pleinement dans le développement durable et la gestion économe des ressources -D  évelopper les applications favorisant les gestes écoresponsables (type Terradona). - Faciliter le développement des énergies renouvelables par la mise en ligne d’un cadastre solaire, définir un outil de cadastre énergétique pour mieux prioriser les politiques d’isolation de l’habitat et des bureaux. - Utiliser les données pour rationaliser la performance énergétique des services urbains (éclairage, collecte des déchets, développement des smart grids…). - Favoriser le déploiement de l’économie circulaire.

62 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

• Doter la métropole d’outils d’analyse et de pilotage de ses grands projets d’aménagement - Améliorer les études préalables d’impacts pour le développement des nouvelles infrastructures. - Mieux informer les habitants et les entreprises souhaitant s’installer sur le territoire métropolitain. - Généraliser les maquettes numériques à l’échelle de bâtiments ou de quartiers (BIM et CIM). - Rendre publics et obligatoires les indicateurs de suivi et de pilotage des projets. - Mettre en place un tableau de bord métropolitain consultable en ligne.

LEVIER N°5 : FAIRE DU NUMÉRIQUE UN LEVIER DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DE LA MÉTROPOLE

05

Le cinquième levier stratégique concerne la mise en capacité des acteurs du territoire pour faire du numérique un levier de développement économique. Ce champ d’action est d’autant plus stratégique que le développement de la filière numérique sur le territoire AMP pourrait être plus intense, à l’image de territoires comme la métropole de Toulouse.

Les actions coordonnées dans le cadre du label French Tech sont focalisées sur les territoires de Marseille Provence Métropole et de la Communauté du Pays d’Aix, qui sont historiquement les territoires les plus denses en compétences et en ressources sur le numérique. Mener des actions d’accélération de projets et de mise en place de bâtiments « vitrine » du numérique est une dynamique potentiellement vertueuse, mais qui présente le risque d’accentuer les écarts au sein de la métropole si cette action s’inscrit en méconnaissance du territoire des quatre autres EPCI de la métropole (CA du Pays d’Aubagne et de l’Etoile, CA du Pays de Martigues, CA Agglopole Provence, SAN Ouest Provence). Par ailleurs des initiatives sur ces territoires pourraient être mises en valeur à une échelle métropolitaine : réseau des ERIC, écoles, pépinières d’entreprises, pôles de compétitivité… Le périmètre historique du label French Tech pourrait donc être élargi à l’ensemble de l’espace métropolitain, dans un horizon de temps

rapproché (2016/2017). Ceci supposerait de redéfinir en partie la composition du Conseil d’Administration du label French Tech, la feuille

de route opérationnelle et les budgets affectés à l’opération, à l’issue d’un travail de concertation entre tous les acteurs de la métropole.

LE PASSAGE D’AIX-MARSEILLE FRENCH TECH À AIX-MARSEILLE-PROVENCE FRENCH TECH Périmètre actuel : MPM et la CPA

Conseil d’administration Collège entrepreneurs

Collège recherche et formation

Collège collectivités

Extension de périmètre : territoire métropolitain (CA du Pays d’Aubagne et de l’Étoile, CA du Pays de Martigues, CA Agglopole Provence, SAN Ouest Provence…)

Équipe opérationnelle Conseil stratégique

Directeur délégué

Observatoire FT

Groupes de travail Animation de l’écosystème

Liens French Tech

Quickwin

Veille techno / marchés

Développement international

Projets structurants

Suppose de redéfinir en partie : • La composition du Conseil d’Administration (collège collectivités, collège entrepreneurs le cas échéant) • La feuille de route opérationnelle pour intégrer tous les territoires dans la dynamique. • Les moyens alloués à l’opération et la composition des groupes de travail

SOURCE : EXTRAIT DU DOSSIER DE CANDIDATURE FRENCH TECH AIX-MARSEILLE (SEPTEMBRE 2014) / TACTIS

Étendre la dynamique French Tech à l’ensemble du territoire métropolitain

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

63

Renforcer la notoriété du territoire La visibilité de tous les acteurs de la métropole sur les médias numériques est un enjeu important, notamment dans le domaine du tourisme ou dans la communication des savoir-faire des acteurs numériques locaux. Cette visibilité renforcée sera rendue possible par la construction de la « marque » Aix-Marseille-Provence. Ce sujet est particulièrement sensible sur les enjeux de l’accueil des touristes (8 à 9 millions de touristes sur le territoire AMP, mais seulement 15 % de touristes étrangers) : l’application numérique permettant de donner aux touristes l’envie de visiter la métropole doit être ouverte sur le monde (traduite en plusieurs langues). Or, à titre d’illustration, il existe deux sites principaux pour le tourisme (www. tourismepaca.fr et www.visitprovence.com), tous les deux en évolution continue, mais qui ne sont traduits qu’en un nombre limité de langues*. Une réflexion pourrait être menée pour faire évoluer l’ensemble de l’Internet métropolitain vers un multilinguisme plus large, intégrant notamment : le russe, le chinois, le japonais, l’hindi, l’arabe… L’objectif étant de démultiplier les canaux de notoriété des acteurs du territoire pour faciliter la logique d’export des savoir-faire et d’accueil des talents.

« PROFIL TYPE » D’UN GÉANT DE L’HÉBERGEMENT : AIRBNB Airbnb est une plate-forme communautaire de location et de réservation de logements de particuliers fondée en 2008 à San Francisco, l’entreprise est valorisée dans une fourchette de 20 à 25 milliards de dollars à 2015. Airbnb permet à des particuliers de louer tout ou partie de leur propre habitation comme logement d’appoint. Le site offre une plate-forme de recherche et de réservations entre la personne qui offre son logement et le vacancier qui souhaite le louer. Airbnb revendique plus de 17 millions d’utilisateurs et propose des hébergements dans plus de 34 000 villes de 190 pays. La France est l’un de ses plus gros marchés : Airbnb y consacre plus de 100 000 annonces, dont 40 000 uniquement pour l’Île-de-France. Le Wall Street Journal estime la valorisation de l’entreprise à 24 milliards de dollars, soit plus de deux fois le groupe français Accor et ses 482 000 chambres à travers le monde. Avec les commissions que s’adjuge le site sur chaque réservation, Airbnb devrait réaliser 900 millions de dollars de chiffre d’affaires en 2015, contre 250 millions en 2014. Airbnb souhaite devenir un partenaire institutionnel des collectivités : en août 2015, la plate-forme a annoncé qu’à partir d’octobre 2015, elle collectera elle-même la Taxe de séjour pour le compte de ses hôtes à Paris. À titre d’illustration, durant l’été 2014, pas moins de 66 320 personnes ont séjourné dans les 3e et 4e arrondissements de la capitale, soit un chiffre supérieur au nombre d’habitants (64 795 habitants). Débat sur Airbnb lors de l’Atelier « e-tourisme » du 11 septembre 2015 : Une étude (non publiée mais dont les résultats provisoires ont fait l’objet d’un compte rendu par un participant de l’atelier) a été réalisée sur l’impact d’Airbnb aux États-Unis et a démontré qu’à New-York, 10 % de croissance d’Airbnb générait une baisse de moins de 0,37 % pour les autres hébergements marchands. L’étude met également en évidence un effet de vases communicants dans les dépenses des usagers avec 632 millions de dollars générés dans les autres commerces (à New York sur 1 an). Une autre statistique intéressante montre que la durée

des séjours à New-York est plus longue pour les usagers d’Airbnb (6,4 nuitées en moyenne) que dans les hôtels (3,9 nuitées en moyenne). En région PACA, le constat a été fait qu’Airbnb jouait positivement sur la fréquentation globale de l’année 2015. Il n’y a donc globalement pas de pertes économiques, mais un transfert et des externalités positives qu’il faut considérer et apprendre à capter, tout en accompagnant la mutation de l’offre hôtelière confrontée à cette nouvelle concurrence. Le fait que le nombre de nuitées moyen soit relativement faible sur le territoire métropolitain (4,7 nuitées en moyenne) comparativement à la moyenne régionale (6,5 nuitées en moyenne) est une considération intéressante pour estimer le positionnement des acteurs publics face à une offre innovante d’hébergement telle qu’Airbnb.

AIRBNB ET LES GROUPES HÔTELIERS MONDIAUX Capitalisation boursière ou valorisation (en milliards de dollars) 30

28

25

24 21,48

20 15

12,49 10,18

10

9,9

5 0

Hilton (EU)

Airbnb (EU)

Marriot (EU)

AccorHotels Wyndham Intercontinental (Fr) (EU) (GB)

* Les touristes sont en effet souvent de passage sur le territoire, soit pour rejoindre l’arrière-pays, soit en étape pour le cas des croisiéristes.

* Tourisme-paca.fr : anglais, français ; visitprovence.com : anglais, français, italien, allemand.

64 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

Par ailleurs, l’organisation d’événements (tels que Marseille-Provence Capitale européenne de la culture en 2013) pourrait être rendue plus efficiente par les technologies numériques : prévoir, planifier et organiser les accès, anticiper les mouvements de foule, aménager la ville de manière à minimiser les nuisances pour les riverains, mettre en place des mobiliers numériques urbains adaptés aux visiteurs concourent de cette notoriété et de cette visibilité. Soutenir l’innovation et la création de services à une échelle industrielle L’un des enjeux pour Aix-Marseille-Provence est de réussir la phase d’industrialisation des services numériques, c’est-à-dire leur « passage à l’échelle » au-delà de la simple logique du foisonnement d’expérimentations. Cette logique pourrait être renforcée dans une logique de participation accrue des acteurs du territoire aux projets programmes européens, ce qui renforcerait le rayonnement international de la métropole. Repenser l’accompagnement de la croissance des projets numériques. Si le label French Tech a permis de dresser une cartographie des acteurs de l’accompagnement des projets numériques (Fab Labs, accélérateurs, pépinières, réseaux comme les ERIC), et d’imposer une feuille de route collective pour valoriser la filière, d’autres enjeux complémentaires restent à construire pour conforter cette dynamique, notamment : • Disposer de protocoles d’expérimentation : le fait d’encadrer les expérimentations avec de véritables protocoles, qui définissent notamment leur durée, mais aussi les conditions de leur suivi et les modalités concrètes de leur évaluation (indicateurs, entité responsable, etc.), est un élément

essentiel pour disposer de retours d’expériences réplicables. Il s’agit également d’une contrepartie aux tests de nouvelles règles ou de nouveaux concepts, qui n’ont pas encore fait la preuve de leur intérêt et qui comportent donc par définition une part de risque. • Définir une stratégie en matière de financements de projets innovants : un travail d’identification des aides et appels à projets européens a été initié dans le cadre de la dynamique French Tech. La CCI de France propose également un site (les-aides.fr) qui permet aux entrepreneurs de prendre connaissance des différents régimes de financement. Une préoccupation plus structurelle pourrait concerner les moyens de favoriser la présence plus importante de fonds de capital-risque sur le territoire d’AMP. • Favoriser l’accès des PME innovantes, notamment issues de la filière numérique, aux marchés publics, en : -d  éveloppant la culture de l’innovation au sein des décideurs et des acheteurs publics de la métropole, -m  assifiant le référencement des PME innovantes (partenariats avec l’UGAP, salons inversés...). Ceci contribuerait à faire passer certains services du stade d’expérimentation à des phases de déploiement et d’industrialisation, en valorisant l’ensemble des compétences (alliance de TPE / PME locales avec des grands groupes internationaux). • Expérimenter les procédures d’achat innovant (PI, PCP, PPI...) sur des territoires démonstrateurs de la métropole : - l e partenariat d’innovation est un nouveau type de marché public créé en 2014 par l’article 31 de la directive européenne 2014/24/UE afin de favoriser la recherche et l’innovation. Le partenariat d’innovation permet à un acteur

public de co-développer une solution innovante avec un acteur privé de son choix (sélectionné par le biais d’une procédure de mise en concurrence) et de l’acquérir ultérieurement si les niveaux de performance et de coût convenus sont satisfaits. L’acquisition de la solution innovante n’est pas précédée d’une remise en concurrence. Par ailleurs, par cette procédure, l’acteur public devient partenaire d’un projet innovant qu’il contribue à développer. Il peut donc revendiquer un droit sur la propriété intellectuelle de la solution développée, ce qui peut se traduire concrètement par l’octroi de royalties en cas de diffusion large de la solution à d’autres territoires. Il s’agit donc d’une forme de « retour sur investissement », comme l’illustre le cas du tramway de Bordeaux*. - Horizon 2020 prévoit des interventions communautaires qui cofinancent des consortiums d’acheteurs publics d’au moins de trois États membres et / ou pays associés pour mettre en œuvre conjointement des PCP ou des PPI : - l ’achat public avant commercialisation (pre-commercial procurement ou PCP) est une approche d’achats de services de R&D qui permet aux acheteurs publics de créer les conditions optimales pour une commercialisation et une adoption à grande échelle des résultats de la R&D grâce à la normalisation et / ou la publication, et de mutualiser les moyens de plusieurs acheteurs ; * Suite à une collaboration avec Alstom ayant abouti à l’invention d’un nouveau système d’alimentation par le sol (APS) du tramway de Bordeaux, la Communauté Urbaine de Bordeaux a signé avec Alstom un accord qui prévoit que l’industriel verse à la collectivité des royalties pour chaque contrat qu’elle signera pour le déploiement dans une autre ville de ce système innovant. Alstom, dont la filiale, Innorail a conçu le procédé d’alimentation électrique par le sol, a rémunéré la CUB à hauteur de 12,50 euros HT pour chaque mètre linéaire vendu par les deux sociétés, entre avril 2006 et fin mars 2011. La somme a ensuite été dégressive de 20 % par an.

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

65

Ces deux dernières modalités permettent d’inscrire les acteurs publics de la métropole dans des projets européens comme le Partenariat Européen d’Innovation (PEI) pour le vieillissement actif et le PEI pour les villes intelligentes. L’adaptation des besoins de formation. Le capital humain va constituer le facteur central de la croissance de la productivité de la métropole Aix-Marseille-Provence, particulièrement dans les métiers du numérique qui vont nécessiter une adaptation continue de l’offre de formation (tant initiale que continue), et une articulation entre le monde de l’entreprise, le monde académique et les pouvoirs publics métropolitains. Dans cette perspective, Aix-Marseille Université constitue un partenaire de premier plan du développement économique de la métropole : • Dans le domaine de la recherche : par exemple, articulation et planification des programmes de thèses qui entreraient en résonnance avec des projets d’expérimentation de services ou d’innovations sur le territoire métropolitain. • Dans le domaine de la formation : favoriser la montée en compétence sur des métiers en émergence (par exemple, data-scientists ou Chief Data Officer).

66 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

SOURCE : AGAM (2015). LE TERRITOIRE À L’HEURE NUMÉRIQUE. REGARDS DE L’AGAM, N °38, SEPTEMBRE 2015

- l’achat public de solutions innovantes (Public Procurement of Innovative Solutions ou PPI) se réfère aux marchés dans lesquels les autorités contractantes agissent en tant que client précoce («early adopter ») pour acheter / déployer des biens ou des services innovants qui sont nouvellement arrivés sur le marché et qui ne sont pas encore disponibles sur une base commerciale à grande échelle.

FOCUS SUR L’INITIATIVE DE LA MAISON DE L’EMPLOI DE MARSEILLE Depuis 2014, la Maison de l’Emploi de Marseille anime, dans le cadre de la Plate-forme d’appui aux mutations économiques de la métropole Aix-Marseille-Provence, une démarche de Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences territorialisée (GPECT) sur la filière Commerce-Economie numérique. Cette démarche vise deux priorités : • permettre au territoire de mieux répondre aux besoins nouveaux des entreprises (avec un focus sur l’industrie du contenu) : avec l’appui du pôle PRIMI, des diagnostics sont lancés auprès des entreprises pour définir les réponses à apporter ; • sécuriser les parcours professionnels, accompagner les personnes face aux transformations des métiers (avec un focus sur les commerces du centre-ville) : en vue d’une transformation des exigences des clients constatée par les commerçants, en lien avec le développement du tourisme, la montée du e-commerce et la généralisation des TIC, un processus de transférabilité des compétences entre des métiers «menacés» et des métiers porteurs semble nécessaire. Les outils de cette expérimentation seront, dès 2016, diffusés et appropriés par le territoire au service d’une fluidité améliorée du marché du travail.

Renforcer le rayonnement international de la métropole et la capacité des entreprises à l’export. L’un des objectifs d’une stratégie territoriale de développement économique est de mettre en place un écosystème local permettant aux entreprises d’exporter leurs savoir-faire. Dans cette perspective, il convient de souligner les opportunités suivantes à l’international : • Le label French Tech va permettre une représentation permanente d’Aix-Marseille à San Francisco. Les acteurs de l’accompagnement des entreprises à l’international (comme la CCIMP, les CCI Internationales et l’ARII-PACA) disposent également de méthodes et de moyens humains qui ont permis d’initier de véritables succès à l’international. • Cette stratégie doit être articulée sur des projets « phares », mais également sur des initiatives de dimension plus modeste ; les logiques de coopération (notamment méditerranéennes) déjà engagées par certains EPCI peuvent constituer un relai. Sur le numérique, les relations avec Barcelone et Tel Aviv vont rapidement revêtir une importance stratégique majeure, pouvant également être porté par des initiatives privées (présence de Gemalto à Tel Aviv, par exemple). • La création en 2010 d’un Réseau des opérateurs et aménageurs urbains en Méditerranée à l’initiative de l’EPA Euroméditerranée et regroupant cinq pays, 10 villes de la Méditerranée et 11 opérations urbaines permettra de faciliter la coordination des interventions des opérateurs, aménageurs et bailleurs de fonds sur le terrain et ainsi diffuser le savoir-faire des acteurs régionaux à l’international. Il conviendra de donner un volet numérique à ce réseau, notamment dans le cadre de l’outil « Vivapolis » dont l’objet est de promouvoir les villes françaises à l’international.

RÉCAPITULATIF DES DÉCLINAISONS POSSIBLES DU LEVIER STRATÉGIQUE N°5 : FAIRE DU NUMÉRIQUE UN LEVIER DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DE LA MÉTROPOLE • Étendre le label French Tech à l’ensemble du territoire métropolitain • Renforcer la notoriété du territoire - Faire évoluer l’ensemble de l’Internet métropolitain vers un multilinguisme plus large. - Introduire le numérique dans l’organisation d’événements : organisation des accès, mobilier urbain connecté…

• Soutenir l’innovation et la création de services à une échelle industrielle - Repenser l’accompagnement de la croissance des projets numériques (protocoles d’expérimentation, financements, accès aux marchés publics, procédures d’achats innovants…) - Adapter les besoins de formation - Renforcer le rayonnement international de la métropole et la capacité des entreprises à l’export (capitaliser sur le label French Tech, articuler les logiques de coopération avec la promotion des savoir-faire numériques…)

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

67

06

LEVIER N°6 : UNE ORGANISATION TRANSVERSALE AU SERVICE DES TERRITOIRES ET DES ACTEURS À ce stade, il est important de souligner que la métropole pourra endosser des rôles à géométrie variable selon la typologie des projets et les besoins constatés ; trois types de rôles sont à ce stade envisageables : • « Maître d’ouvrage » : la métropole assume en direct la réalisation du projet ; • « Appui et animation » : donner une dimension métropolitaine et une cohérence d’ensemble à des projets inframétropolitains, avec des degrés de mutualisation qui pourraient être adaptés selon les moyens opérationnels et financiers des villes ; • « Partenaire d’instances spécifiques » : la métropole est un membre actif d’un pilotage plus large (ex : Open PACA, ou gouvernance du label French Tech). Une coordination métropolitaine des enjeux liés à l’aménagement numérique de la métropole

ILLUSTRATION DES RÔLES POSSIBLES DE LA MÉTROPOLE SUR TROIS EXEMPLES DE PROJETS CONCERNANT LA MOBILITÉ Mobilité métropole 2020

Objectif 2020

Partenaires concernés

Favoriser la multimodalité

Application numérique « tous transports »

Région, CD13, transporteurs…

Pass unique métropole

Coworking / télécentres

Rôles possible de la Métropole Maître d’ouvrage

Appui et animation

Partenaire pilotage

X

X

Paiement tous Région, CD13, transports transporpar smartteurs… phone

X

X

Collectivités, Réseau employeurs, métropolitain salariés, indéde télécentres pendants…

X

68 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

X

La métropole interviendra en s’inscrivant dans les démarches collectives initiées sur le territoire, notamment la Stratégie de Cohérence Régionale d’Aménagement Numérique (SCoRAN) portée par la Région, et le Schéma Directeur Territorial d’Aménagement Numérique (SDTAN) piloté par le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône. Dans cette logique, la métropole : • Assurera la coordination et le relai de la stratégie régionale et départementale définie dans la SCoRAN et le SDTAN. À cet égard, la constitution d’un comité de pilotage unique associant notamment la Région, le Département et la Métropole pourra être institué pour orienter les actions de suivi et de facilitation des déploiements privés de réseaux fibre à l’abonné, et programmer le cas échéant un réseau d’initiative

publique de substitution en cas de défaillance des opérateurs. • Pourra explorer des pistes de compétences nouvelles et complémentaires : déploiement d’un réseau de capteurs de données, mise en place d’une couverture radio « sans coutures », développement d’une stratégie structurée sur l’exploitation et l’usage des données (Chief Data Officer, plate-formes mutualisées d’accès aux données…). Ces pistes de compétences nouvelles auraient vocation à être portées sous la maîtrise d’ouvrage de la métropole et en articulation avec les villes.

Une organisation en mode projet pour apporter des réponses « numériques » aux problématiques métropolitaines Il pourrait également être intéressant de favoriser le passage d’une organisation verticale en « silos » déconnectés les uns des autres (transports, énergie, réseaux de distribution, social…) à une organisation plus horizontale et transversale. La puissance publique doit évoluer vers un rôle d’accompagnateur et de tiers de confiance qui collabore horizontalement avec l’ensemble des acteurs territoriaux. Les attentes des usagers sont par ailleurs de plus en plus personnalisées et complexes à satisfaire et évoluent rapidement, tout comme les technologies et le contexte économique global, d’où l’intérêt d’initier au sein des politiques publiques : • la culture de « l’essai-erreur », • les savoir-faire liés au prototypage rapide et au test de solutions, pour disposer rapidement de retours terrains permettant de réorienter et d’améliorer en continu ces politiques. L’objectif est ainsi d’identifier les modèles économiques viables qui soutiendront la dynamique d’innovation à long terme. Pour ce faire, de nouvelles formes de coopération sont rendues nécessaires, associant l’ensemble des acteurs territoriaux : • acteurs publics (communes, future métropole, département, région, établissements publics…) ; • acteur privés (filière du numérique, de l’énergie, des transports) ; • acteurs académiques ; • acteurs du financement (banques, fonds d’investissement,…) ; • acteurs associatifs (représentants d’usagers, secteur de l’insertion…) ; • population, en ciblant des outils de coproduction et

de partage d’opinions. Comme évoqué dans le présent document, les thèmes se prêtant particulièrement à ces logiques transversales peuvent concerner les enjeux de la mobilité , de la médiation numérique ou de la prévention des risques sur le territoire d’AixMarseille-Provence : • sur le thème de la Mobilité : associer les AOT (Région, Métropole) ; les délégataires de transport, les villes ainsi que les acteurs de la filière numérique ; le monde académique, les associations d’usagers…. • sur le thème de la médiation numérique : associer la Région, la Métropole, les villes, les ERIC / Arsenic, les acteurs associatifs, la CCIMP, les acteurs du monde éducatif… • sur le thème de la prévention des risques : la Région, la Métropole, les villes, le pôle SCS… La participation aux dynamiques de projets territoriaux. La métropole pourra également renforcer et structurer les dynamiques en cours, en apportant une dimension métropolitaine aux dynamiques engagées, comme notamment : • L’extension du label French Tech • Le suivi de la feuille de route Open PACA • L’enrichissement des actions portées par les réseaux de la Médiation numérique.

RÉCAPITULATIF DES DÉCLINAISONS POSSIBLES DU LEVIER STRATÉGIQUE N°6 : UNE ORGANISATION TRANSVERSALE AU SERVICE DES TERRITOIRES ET DES ACTEURS • Une coordination métropolitaine des enjeux liés à l’aménagement numérique de la métropole (suivi SCoRAN et SDTAN, mise en place de compétences nouvelles autour des capteurs, des données et de la couverture radio très haut débit du territoire). • Une organisation en mode projet pour apporter des réponses « numériques » aux problématiques métropolitaines (mobilité, médiation numérique, prévention des risques…). • La participation aux dynamiques de projets territoriaux (French Tech, Open PACA, Médiation numérique…)

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

69

70 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

CONCLUSION : DES PRIORITÉS POUR SOUTENIR L’AMBITION D’UNE MÉTROPOLE CONNECTÉE ET INNOVANTE L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

71

72 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

La mise en œuvre d’une stratégie de transition numérique n’aura réellement de sens qu’en fédérant l’ensemble des acteurs métropolitains dans un projet collectif, qui permette de planifier les actions à l’échelle requise dans un contexte de compétition mondiale pour attirer les talents et les savoir-faire. Au-delà des problématiques d’échelle territoriale, l’intégration du numérique dans la construction de la métropole Aix-Marseille-Provence nécessite de modifier l’approche des politiques publiques et la gouvernance des projets, dans une logique plus transversale, réactive et mettant l’expérimentation et « l’essai-erreur » au service de la mise en œuvre d’innovations exportables et créatrices d’emplois. Dans cette perspective, le numérique ne permettra pas uniquement de faire « comme avant », en mieux et moins cher, mais également de faire « autrement ». Le travail collectif mené dans le cadre de l’étude a permis d’identifier des projets numériques permettant d’adresser les principaux enjeux du territoire (sous-développement de l’offre de transports publics, congestion des axes routiers, développement des inégalités territoriales et des inégalités socio-économiques), dans une logique d’innovation ouverte inspirée des principes de gouvernance du label French Tech (qui devra par ailleurs être étendu à l’échelle métropolitaine).

Dans cette logique, il semble que les trois leviers les plus structurants à mettre en œuvre en priorité dès 2016 concernent : • Le levier de la métropole connectée, qui consiste à réussir l’aménagement numérique de la métropole (accès universel à la fibre optique à horizon 2020, pour les foyers et les entreprises), mettre en œuvre des actions en faveur d’une couverture mobile et radio « sans couture », et instaurer une politique ambitieuse de collecte, traitement et d’ouverture des données massives. Dans le cadre des démarches stratégiques engagées par la Région (SCoRAN) et le Département (SDTAN), mettre en place une coordination métropolitaine des enjeux liés à l’aménagement numérique de la métropole (concrétisation des intentions de déploiement de la fibre optique par les opérateurs à horizon 2020, mise en place d’un Chief Data Officer, définition d’une stratégie de déploiement des capteurs, du Big Data …). • Le levier de la mobilité à l’ère du numérique, qui permettra de repenser les politiques publiques de déplacement (ou non-déplacement) sur la métropole dans une logique centrée sur les besoins du voyageur, en influençant si besoin son comportement. Dans cette logique de promouvoir de nouvelles pratiques de mobilité, la mise en œuvre d’un maillage métropolitain

de télécentres pourrait constituer un premier thème exploratoire ; de façon plus globale, toutes les réflexions stratégiques concernant le développement de la mobilité à l’échelle métropolitaine devront inclure un volet numérique. • Le levier de la médiation numérique, qui revêt un aspect d’autant plus central du fait de la diversité des populations sur le territoire métropolitain. De nombreux acteurs de la médiation, dont l’action s’appuie notamment sur un maillage de lieux (ERIC notamment) sont présents sur le territoire Aix-Marseille-Provence. Des projets structurants (notamment listés dans le présent document) peuvent donc être initiés dans un horizon de temps resserré. La mise en œuvre de ces leviers va nécessiter la mobilisation de moyens humains, financiers et d’expertise qui pourront être déclinés dans le cadre d’un schéma directeur métropolitain ; les différents niveaux d’ambition et de phasage des actions s’inscrivant dans la réalisation de ces leviers stratégiques auront un impact sensible sur la nature et l’étendue du dispositif à mobiliser. Il semble donc important de prolonger la dynamique engagée dans le cadre de cette étude afin d’affiner la feuille de route sur l’ensemble de ces actions.

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

73

Bibliographie • AGAM (2014). Comprendre l’espace métropolitain. Atlas cartographique – volume 1

• Cushman & Wakefield (2010). European cities monitor

• AGAM (2015). Le territoire à l’heure numérique. Regards de l’AGAM, N °38, septembre 2015

• Deloitte (2014). Usages mobile 2014 en France : (r)évolution ?

• BVA, Mappy (2015). 3e édition du Baromètre « Web-to-Store »

• Dossier de candidature d’Aix-Marseille au label « Métropole French Tech » (2014)

• Caisse des Dépôts (2014). Externalités des télécentres

• Dudragne B. (2014). Les chiffres clés du e-tourisme et du numérique. http://www.salon-etourisme. com/wordpress/2014/05/les-chiffres-cles-duetourisme-et-du-numerique

• Caisse des Dépôts (2015). Guide à usage des collectivités locales : Télécentres et tiers-lieux • CCIMP (2015). Aix-Marseille-Provence 2030 : Le grand dessein économique pour réussir la Métropole

• eEurope Advisory Group (2005). e-Inclusion : New Challenges and Policy Recommendations

• CCIMP, Pôle Transmedia Méditerranée (2013). Panorama 2013 : Industries des contenus et services numériques

• IFOP, OrderDynamics (2014). Étude sur les préférences d’achat des internautes • OCDE (2007). Broadband and the economy

• Colin N., Verdier H. (2012). L’âge de la multitude: Entreprendre et gouverner après la révolution numérique

• OCDE (2013). Vers une croissance plus inclusive de la métropole Aix-Marseille : Une perspective internationale

• Compass (2015). The Global Start-up Ecosystem Ranking 2015

• Parlement Européen (2014). Mapping Smart Cities in the EU

• Conseil National du Numérique (2013). Citoyens d’une société numérique

• RetailTouch Point (2015). Store Operations Survey

• CREDOC (2014). La diffusion des technologies de l’information et de la communication dans la société française

74 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

Glossaire Cloud computing : littéralement « informatique dans les nuages », désigne l’utilisation de serveurs distants (en général accessibles par internet) pour traiter ou stocker l’information.

fabrication), est un lieu ouvert au public où il est mis à sa disposition toutes sortes d’outils, notamment des machines-outils pilotées par ordinateur, pour la conception et la réalisation d’objets.

Coworking : un type d’organisation du travail qui doit comprendre deux notions : un espace de travail partagé, mais aussi un réseau de travailleurs encourageant l’échange et l’ouverture.

Internet des objets : un « réseau de réseaux » qui permet, via des systèmes d’identification électronique normalisés et unifiés, et des dispositifs mobiles sans fil, d’identifier directement des entités numériques et des objets physiques et ainsi de pouvoir récupérer, stocker, transférer et traiter, sans discontinuité entre les mondes physiques et virtuels, les données s’y rattachant.

Crowdfunding (financement participatif) : un moyen de financement de projets qui fait appel à un grand nombre de personnes différentes pouvant faire de petits ou gros investissements. Une fois cumulés, ces investissements peuvent permettre de financer des projets qui auraient potentiellement eu des difficultés à recevoir un financement traditionnel (banque, investisseur). Crowdsourcing (production participative) : un mode de réalisation d’un projet ou d’un produit faisant appel aux contributions d’un grand nombre de personnes, généralement des internautes Cybersécurité : la sécurité des systèmes d’information est l’ensemble des moyens techniques, organisationnels, juridiques et humains nécessaire et mis en place pour conserver, rétablir, et garantir la sécurité du système d’information. Fab Lab : un Fab Lab, contraction de l’anglais « fabrication laboratory » (laboratoire de

Smart grid : un réseau de distribution d’électricité « intelligent » qui utilise des technologies informatiques de manière à optimiser la production, la distribution, la consommation et qui a pour objectif d’optimiser l’ensemble des mailles du réseau d’électricité qui va de tous les producteurs à tous les consommateurs afin d’améliorer l’efficacité énergétique de l’ensemble. Start-up : une jeune entreprise à fort potentiel de croissance et qui fait la plupart du temps l’objet de levée de fonds.

NFC (Near Field Communication) : une technologie d’échanges de données à une distance de quelques centimètres. Open data (comme la démarche) : mettre à disposition des citoyens, des entreprises, de la recherche et des acteurs publics les masses de données numériques que les collectivités produisent dans leur activité quotidienne. SCoRAN : Stratégie de Cohérence Régionale d’Aménagement Numérique. SDTAN : Schéma Directeur Territorial d’Aménagement Numérique, porté à une échelle a minima départementale, et défini par l’article L14252 du Code Général des Collectivités Territoriales.

L e n u m é r i q u e : pour un e mét ropole c on n ec tée et i n n ovante •

75

Remerciements Ce Document d’Interpellation Stratégique, est publié à l’initiative de la Caisse des Dépôts et de la Mission interministérielle pour le projet métropolitain Aix-Marseille-Provence. Il s’inscrit dans la stratégie de la Caisse des Dépôts, dirigée au niveau régional par Elisabeth Viola, et dans la démarche de co-production placée sous l’autorité de Laurent Théry, préfet délégué. La production de ce document a été coordonnée par Julien Fabre pour la Caisse des Dépôts, par Nicolas Frachon et Vincent Fouchier pour la Mission. Le document a été rédigé par le cabinet Tactis, représenté par Stéphane Lelux, Nicolas Potier et Alina Akhmerova, avec les contributions d’un comité de rédaction élargi composé de : • Marie Christine Bouillet, Communauté du Pays d’Aix • Arielle Muller, Ville de Marseille • Audrey Pic, Marseille Provence Métropole • Nathalie Ohayon, Agence Régionale pour l’Innovation et l’Internationalisation (ARII) • Stéphane Delahaye, agglomération du Pays de Martigues.

Conception graphique : Flgraf Impression : Azur Offset, Marseille Décembre 2015

76 i n t e r p e l l a t i o n s s t r a t é g i q u e s

Les travaux menés par le cabinet Tactis ont été suivis par un comité de pilotage réunissant Arielle Muller et Jean Marie Angi (Ville de Marseille), Carine Schlewitz et Audrey Pic (Marseille Provence Métropole), Marie Christine Bouillet (Communauté du Pays d’Aix), Jérôme Richard (Ville d’Aix en Provence), Mireille Rill et Philippe Michel (SAN Ouest), Stéphane Delahaye (agglomération du Pays de Martigues), Marie Pierre Callet et Dominique Hanania (Conseil départemental des Bouches du Rhône), Gino Bontempelli, Thomas Bekkers et Pierre Paul Penillard (Conseil régional PACA), Anne Françoise Robert, Isabelle Gérente et Zile Soilhi (Chambre de Commerce et d’Industrie Marseille Provence), Thierry Arpin-Pont (Secrétariat Général aux Affaires Régionales PACA), Nathalie Ohayon (ARII PACA), Lionel Minassian (Thecamp), Olivier Cazzulo (MedInSoft), Jean François Royer et Franck Geiling (EPAEM Euroméditerranée).

Nous remercions également l’ensemble des participants aux six ateliers de travail organisés en juillet et septembre 2015, ainsi que la soixantaine de contributeurs ayant répondu à l’Appel Public à Contribution ouvert du 25 septembre au 23 octobre 2015.

MISSION INTERMINISTÉRIELLE

PROJET MÉTROPOLITAIN

Aix/Marseille/Provence