Dimension de Krull explicite. Application aux théor ... - Henri Lombardi

Oct 7, 2005 - Kabbaj S.-E., Wiegand S. Lecture notes in pure and applied mathematics vol 131. M. Dekker. (2002). 477–499 . 6. [3] Coquand T., Lombardi H., ...
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Dimension de Krull explicite. Application aux th´ eor` emes de Kronecker, Bass, Serre et Forster. Henri Lombardi et Claude Quitt´e. Notes de cours. Juillet 2008, avec quelques changements de d´etails en 2012, pour se conformer aux conventions du livre publi´e chez Calvage & Mounet. A, B, C d´esignent des anneaux commutatifs. Si on ne pr´ecise pas un homomorphisme est un homomorphisme d’anneaux.

1 1.1

Dimension et bords de Krull Id´ eaux et filtres

Dans cette section les d´emonstgrations sont laiss´ees en exercice. Nous appelons mono¨ıde une partie S qui contient 1 et qui est stable par multiplication. Nous n’interdisons pas a priori 0 ∈ S. Un mono¨ıde S d’un anneau A est dit satur´e lorsqu’on a l’implication ∀s, t ∈ A (st ∈ S ⇒ s ∈ S) Un mono¨ıde satur´e est encore appel´e un filtre. Si on sature un mono¨ıde, on ne change pas la localisation. Deux mono¨ıdes sont dits ´equivalents s’ils ont mˆeme satur´e. La notion de filtre est une notion duale de celle d’id´eal, tout aussi importante. Les id´eaux sont les images r´eciproques de 0 par les homomorphismes, ils servent `a passer au quotient, c’est-`a-dire a` annuler des ´el´ements par force. Les filtres sont les images r´eciproque du groupe des unit´es par les homomorphismes, ils servent a` localiser, c’est-`a-dire `a rendre des ´el´ements inversibles par force. Cette dualit´e est une forme de dualit´e entre l’addition et la multiplication. Ceci se voit bien sur les axiomes respectifs qui servent a` d´efinir les id´eaux (resp. id´eaux premiers) et les filtres (resp. filtres premiers) : Id´eal J ` x ∈ J, y ∈ J ` x∈J ` premier xy ∈ J `

0∈J x+y ∈J xy ∈ J x∈J∨y ∈J

Filtre F ` x ∈ F, y ∈ F ` xy ∈ F ` premier x+y ∈F `

1∈F xy ∈ F x∈F x∈F∨y ∈F

Un id´eal est premier si et seulement si l’anneau quotient est sans diviseur de z´ero. Un filtre est premier si et seulement si le localis´e est un anneau local. Supposons l’anneau A non trivial. En math´ematiques classiques un id´eal (resp. un filtre) est premier si et seulement si son compl´ementaire est un filtre (resp. un id´eal). En math´ematiques constructives un id´eal d´etachable 6= A (resp. un filtre d´etachable 6= A) est premier si et seulement si son compl´ementaire est un filtre (resp. un id´eal). Notez que selon la d´efinition ci-dessus, l’anneau tout entier est `a la fois un id´eal premier et un filtre premier. Cette convention peut paraˆıtre ´etrange, mais elle rel`eve de l’id´ee qu’un anneau trivial est a` la fois int`egre et local.

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1 DIMENSION ET BORDS DE KRULL

Une bonne fa¸con de comprendre la dualit´e est de traiter simultan´ement id´eaux et filtres. Pour ceci nous introduisons la notion de couple satur´e. Un couple satur´e dans A est un couple (a, f) o` u a est un id´eal, f est un filtre, avec : (as ∈ a, s ∈ f) ⇒ a ∈ a et (a + s ∈ f, a ∈ a) ⇒ s ∈ f R´ecapitulons les axiomes pour les couples satur´es (notez que la derni`ere condition se r´e´ecrit J + F = F). ` 0∈J x ∈ J, y ∈ J ` x + y ∈ J x ∈ J ` xy ∈ J xy ∈ J, y ∈ F ` x ∈ J

` 1∈F x ∈ F, y ∈ F ` xy ∈ F xy ∈ F ` x ∈ F x + y ∈ F, y ∈ J ` x ∈ F

Fait 1.1 Pour tout homomorphisme ψ : A → B, le couple (Ker ψ, ψ −1 (B× )) est un couple satur´e. R´eciproquement : Fait 1.2 Soit (a, f) un couple satur´e, θ : A → A/a l’application canonique. 1. θ(f) est un filtre, et f = θ−1 (θ(f)). 2. Soit φ : A/a → (θ(f))−1 (A/a) l’application canonique, et π = φ ◦ θ. Nous utiliserons la notation abr´eg´ee (abusive) Af /a pour (θ(f))−1 (A/a). 3. On a Ker π = a et π −1 ((Af /a)× ) = f. 4. Tout ´el´ement de Af /a s’´ecrit π(x)/π(s) avec s ∈ f. On a π(x)/π(s) = π(x0 )/π(s0 ) si et seulement si xs0 − x0 s ∈ a. 5. Af /a est local si et seulement si f est un filtre premier (c’est-`a-dire si et seulement si Af est local). 6. Af /a est sans diviseur de z´ero si et seulement si a est un id´eal premier (c’est-`a-dire si et seulement si A/a est sans diviseur de z´ero). Un id´eal et un filtre sont dit associ´es lorsqu’ils forment un couple satur´e. Les deux th´eor`emes de factorisation usuels pour les id´eaux et les filtres se g´en´eralisent en un seul th´eor`eme pour les couples satur´es. C’est le suivant. Th´ eor` eme 1.3 (th´eor`eme de factorisation, 1) Soit (a, f) un couple satur´e de A, π : A → Af /a l’homomorphisme canonique et ϕ : A → B un homomorphisme. Alors ϕ se factorise par Af /a si et seulement si a ⊆ Ker ϕ et ϕ(f) ⊆ B× . Dans ce cas, la factorisation est unique. D´ efinition 1.4 Si (a, f) et (b, g) sont deux couples satur´es de A on dit que (b, g) raffine (a, f) et on ´ecrit (a, f) ≤ (b, g) lorsque a ⊆ b et f ⊆ g. Le lemme suivant d´ecrit le couple satur´e (( engendr´e )) (au sens de la relation de raffinement) par un couple de parties de A. Lemme 1.5 Consid´erons un couple (I, S) de parties de A. 1. Le couple satur´e (a, f) engendr´e par (I, S) est obtenue en consid´erant tout d’abord l’id´eal J et le filtre F engendr´es par I et S. Ensuite on pose a = {x ∈ A|∃s ∈ F, xs ∈ J} et f = {x ∈ A|∃b ∈ A, bx ∈ J + F }.

1.1 Id´eaux et filtres

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2. Si S = ∅ le couple satur´e engendr´e est (a, f), o` u a est l’id´eal engendr´e par I et f est le filtre obtenu en saturant le mono¨ıde 1 + a. Dans ce cas Af /a = A/a. 3. Si I = ∅ le couple satur´e P engendr´e est (a, f), o` u f est le filtre engendr´e par S et a = {x ∈ A|∃s ∈ f, xs = 0} = s∈f (0 : s). Dans ce cas Af /a = Af . Si en outre S est fini et S s est le produit des ´el´ements de S, a = n∈N (0 : sn ) = (0 : s∞ ). Corollaire 1.6 Les couples satur´es de A ont une structure de treillis distributif pour la relation de raffinement, avec : – L’´el´ement minimum est ({0} , A× ) et l’´el´ement maximum (A, A). – (a, f) ∨ (b, g) est le couple satur´e engendr´e par (a + b, f g). – (a, f) ∧ (b, g) = (a ∩ b, f ∩ g). Le th´eor`eme de factorisation admet la variante suivante, qu’on peut lire comme la solution du probl`eme universel (( annuler I, inverser S )). Th´ eor` eme 1.7 (th´eor`eme de factorisation, 2) Soit I, S ⊂ A, (a, f) le couple satur´e engendr´e par (I, S) et ϕ : A → B un homomorphisme. Alors ϕ se factorise par Af /a si et seulement si ϕ(I) ⊆ {0} et ϕ(S) ⊆ B× . Dans ce cas, la factorisation est unique. Pour un couple satur´e (a, f) on a les ´equivalences suivantes : a = A ⇐⇒ 1 ∈ a ⇐⇒ 0 ∈ f ⇐⇒ f = A ⇐⇒ Af /a = {0} . Un id´eal a et un filtre f sont dit incompatibles lorsqu’il engendrent la paire (A, A) c’est-`adire lorsque a ∩ f 6= ∅ (en math´ematiques constructives, il faut avoir explicitement un ´el´ement dans l’intersection). Lorsque a ∩ f = ∅, on dit que l’id´eal et le filtre sont compatibles. Dans ce cas on peut a` la fois annuler les ´el´ements de a et rendre inversibles les ´el´ements de f sans que l’anneau soit r´eduit `a 0. Proposition 1.8 1. Soit ϕ : A → C un homomorphisme et (b, g) un couple satur´e de C, alors (ϕ−1 (b), ϕ−1 (g)) est un couple satur´e de A. 2. Soit (a, f) un couple satur´e de A et π : A → B = Af /a l’application canonique. Alors : (a) L’application (b, g) 7→ (π −1 (b), π −1 (g)) est une bijection croissante (pour les relations de raffinement) entre d’une part, les couples satur´es de B, et d’autre part, les couples satur´es de A qui raffinent (a, f). (b) Si (b, g) est un couple satur´e de B l’application canonique de Aπ−1 (g) /π −1 (b) vers Bg /b est un isomorphisme. (c) Dans cette bijection – l’id´eal b est premier si et seulement si π −1 (b) est premier, – tout id´eal premier de A compatible avec f est obtenu. (d) Dans cette bijection – le filtre g est premier si et seulement si π −1 (g) est premier, – tout filtre premier de A compatible avec a est obtenu. On en d´eduit la comparaison suivante qui est instructive sur la dualit´e entre id´eaux et filtres.

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1 DIMENSION ET BORDS DE KRULL

Fait 1.9 Soit a un id´eal de A et π : A → A/a l’homomorphisme correspondant.

Fait 1.10 Soit f un filtre de A et π : A → Af l’homomorphisme correspondant.

1. L’application b 7→ π −1 (b) est une bijection croissante entre id´eaux de A/a et id´eaux de A contenant a. Dans cette bijection les id´eaux premiers correspondent aux id´eaux premiers.

1. L’application g 7→ π −1 (g) est une bijection croissante entre filtres de Af et filtres de A contenant f. Dans cette bijection les filtres premiers correspondent aux filtres premiers.

2. L’application g 7→ π −1 (g) est une bijection croissante entre filtres de A/a et filtres h de A v´erifiant h = h + a, i.e. ∀a ∈ a ∀x ∈ A (a + x ∈ h ⇒ x ∈ h).

2. L’application b 7→ π −1 (b) est une bijection croissante entre id´eaux de Af et id´eaux c de A v´erifiant : ∀s ∈ f ∀x ∈ A (sx ∈ c ⇒ x ∈ c).

3. Dans cette bijection les filtres premiers de A/a correspondant exactement aux filtres premiers de A compatibles avec a.

3. Dans cette bijection les id´eaux premiers de Af correspondant exactement aux id´eaux premiers de A compatibles avec f.

1.2

Bords de Krull

Treillis de Zariski Notation 1.11 Si a est un id´eal de A on note DA (a) = on notera DA (x1 , . . . , xn ) pour DA (a).



a le radical de a. Si a = hx1 , . . . , xn i

On a donc x ∈ DA (a) si et seulement si une puissance de x appartient a` a. D´ efinition 1.12 On note Zar A l’ensemble des DA (x1 , . . . , xn ) (n ∈ N et x1 , . . . , xn ∈ A). Cet ensemble est ordonn´e par la relation d’inclusion. Rappelons qu’un ensemble ordonn´e est appel´e un treillis lorsqu’il existe un ´el´ement maximum, un ´el´ement minimum, et que deux ´el´ements arbitraires admettent un sup et un inf (en g´en´eral, on note a ∨ b pour le sup et a ∧ b pour le inf de a et b). Le treillis est appel´e distributif lorsque les deux lois sup et inf sont distributives l’une par rapport a` l’autre. Fait 1.13 Zar A est un treillis distributif avec DA (a1 ) ∨ DA (a2 ) = DA (a1 + a2 )

DA (a1 ) ∧ DA (a2 ) = DA (a1 a2 )

On l’appelle le treillis de Zariski de l’anneau A. Dans les textes de math´ematiques classiques (o` u on utilise librement des principes non constructifs tels que l’axiome du choix) on consid`ere le spectre de Zariski Spec A de A qui est l’ensemble des id´eaux premiers de A muni d’une topologie poss´edant pour base d’ouverts les DA (a) = {p ∈ Spec A|a ∈ / p}. Si on note DA (x1 , . . . , xn ) pour DA (x1 ) ∪ · · · ∪ DA (xn ), on obtient alors le r´esultat suivant : Les ouverts quasi-compacts de Spec A sont exactement les DA (x1 , . . . , xn ), l’application DA (x1 , . . . , xn ) 7→ DA (x1 , . . . , xn ) est bien d´efinie, c’est un isomorphisme de treillis distributifs.

1.2 Bords de Krull

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Le spectre de Zariski est l’exemple paradigmatique d’espace spectral. Les espaces spectraux on ´et´e introduits par Stone [15] en 1937. Ils peuvent ˆetre caract´eris´es comme les espaces topologiques pour lesquels la topologie admet comme base d’ouverts les ouverts quasi-compacts, qui par ailleurs forment un treillis distributif. Une application continue entre espaces spectraux est dite spectrale si l’image r´eciproque de tout ouvert quasi-compact est un ouvert quasi-compact. La cat´egorie des espaces spectraux et applications spectrales est anti´equivalente a` la cat´egorie des treillis distributifs. La notion de dimension de Krull peut ˆetre d´efinie pour un espace spectral arbitraire X. Une mani`ere intuitive d’appr´ehender cette notion de dimension est la suivante. La dimension peut ˆetre caract´eris´ee par r´ecurrence en disant que d’une part, la dimension −1 correspond `a l’espace vide, d’autre part, un espace X est de dimension ≤ k (o` u k ≥ 0) si et seulement si pour tout ouvert quasi-compact Y de X, le bord Z de Y dans X (Z est ferm´e donc c’est un sous espace spectral de X) est de dimension ≤ k − 1. Voyons par exemple comment on peut d´efinir le bord de l’ouvert DA (a) dans Spec A. Le bord est l’intersection de l’adh´erence de DA (a) et de celle de son compl´ementaire, que nous notons V(a). Comme V(a) est ferm´e, il est ´egal a` son adh´erence. Quant a` l’adh´erence de DA (a) c’est l’intersection de tous les V(x) qui contiennent DA (a), c’est-`a-dire tels que D(x)∩D(a) = ∅. Comme D(x) ∩ D(a) = D(xa), et comme D(y) = ∅ si et seulement si y est nilpotent on obtient une approche heuristique de l’id´eal bord de Krull de a, qui l’est l’id´eal engendr´e par a d’une part (ce qui correspond a` V(a)), et par tous les x tels que xa est nilpotent d’autre part (ce qui correspond `a l’adh´erence de D(a)). Dimension de Krull Nous noterons Kdim A la dimension de Krull de l’anneau A c’est-`a-dire la borne sup´erieure des longueurs ` de chaˆınes d’id´eaux premiers p0 ( · · · ( p` . Puisque le compl´ementaire d’un id´eal premier est un filtre premier la dimension de Krull est aussi le maximum des longueurs des chaˆınes strictement croissantes de filtres premiers. Un anneau est de dimension de Krull −1 si et seulement si il ne poss`ede pas d’id´eaux premiers, c’est-`a-dire s’il est r´eduit a` 0. Un anneau non nul est de dimension de Krull 0 si et seulement si tout id´eal premier est maximal. Par exemple un corps ou un produit fini de corps est de dimension 0. D´ efinition 1.14 Soit A un anneau commutatif et x ∈ A. u (1) Le bord sup´erieur de Krull de x dans A est l’anneau quotient AxK := A/JAK (x) o` JAK (x) = hxi + (DA (0) : x)

(1)

On dira aussi que JAK (x) est l’id´eal bord de Krull de x. K K (x) o` (2) Le bord inf´erieur de Krull de x dans A est l’anneau localis´e AK u SA (x) = x := ASA N N x (1 + xA). On dira aussi que le mono¨ıde x (1 + xA) est le mono¨ıde bord de Krull de x. Ainsi un ´el´ement arbitraire de JAK (x) s’´ecrit ax + b avec bx nilpotent. Remarque. La terminologie bord de Krull est justifi´ee par le cas g´eom´etrique suivant. Si l’anneau A = K[V ] est l’anneau des fonctions rationnelles sur une vari´et´e affine V , un ´el´ement f ∈ A repr´esente une fonction sur V dont les z´eros forment une sous variete affine W . Alors A/DA (JAK (f )), qui est l’anneau r´eduit associ´e `a AfK , est l’anneau K[W 0 ], o` u W 0 d´esigne le bord de W dans V . Le fait de prendre le bord oblige la dimension a` descendre d’au moins une unit´e, que V soit irr´eductible ou non, que f soit nul, inversible, ou n’importe quoi. Cela tient `a ce que le bord du plein est vide.

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1 DIMENSION ET BORDS DE KRULL

Le th´eor`eme suivant (qu’on trouve dans [5]) donne une caract´erisation inductive ´el´ementaire de la dimension de Krull (`a partir de la dimension −1 qui caract´erise l’anneau trivial). Il fournit aussi une bonne signification intuitive pour cette dimension. Th´ eor` eme 1.15 Pour un anneau commutatif A et un entier ` ≥ 0 les propri´et´es suivantes sont ´equivalentes : 1. La dimension de Krull de A est ≤ `. 2. Pour tout x ∈ A la dimension de Krull de AxK est ≤ ` − 1. 3. Pour tout x ∈ A la dimension de Krull de AK x est ≤ ` − 1. D´ emonstration. Montrons d’abord l’´equivalence des points 1 et 2. Rappelons que les id´eaux premiers de S −1 A sont de la forme S −1 p o` u p est un id´eal premier de A qui ne coupe pas S (fait 1.10). L’´equivalence r´esulte alors des deux affirmations suivantes. K (x). En effet si x ∈ m c’est (a) Soit x ∈ A, si m est un id´eal maximal de A il coupe toujours SA clair et sinon, x est inversible modulo m ce qui signifie que 1 + xA coupe m. (b) Si m est un id´eal maximal de A, et si x ∈ m \ p o` u p est un id´eal premier contenu dans m, K alors p ∩ SA (x) = ∅ : en effet si x(1 + xy) ∈ p alors, puisque x ∈ / p on a 1 + xy ∈ p ⊂ m, ce qui donne la contradiction 1 ∈ m (puisque x ∈ m). Ainsi, si p0 ( · · · ( p` est une chaˆıne avec p` maximal, elle est raccourcie d’au moins son dernier K terme lorsqu’on localise en n’importe quel SA (x), et elle n’est raccourcie que de son dernier terme si x ∈ p` \ p`−1 . L’´equivalence des points 1 et 3 se d´emontre de mani`ere duale, en rempla¸cant les id´eaux premiers par les filtres premiers. On rappelle d’abord que les filtres premiers de A/J sont de la forme S modulo J, o` u S est un filtre premier de A qui ne coupe pas J (fait 1.9). Il suffit alors de d´emontrer les deux affirmations duales de (a) et (b) qui sont les suivantes : (a’) Soit x ∈ A, si S est un filtre maximal de A il coupe toujours JAK (x). En effet si x ∈ S c’est clair et sinon, puisque S est maximal SxN contient 0, ce qui √ signifie qu’il y a un entier n et un ´el´ement s de S tels que sxn = 0. Alors (sx)n = 0 et s ∈ ( 0 : x) ⊂ JAK (x). (b’) Si S est un filtre maximal de A, et si x ∈ S \ S 0 o` u S 0 ⊂ S est un filtre premier, alors 0 K 0 n S ∩ JA (x) = ∅. En effet si ax + b ∈ S avec (bx) = 0 alors, puisque x ∈ / S 0 on a ax ∈ / S 0 et, vu que S 0 est premier, b ∈ S 0 ⊂ S, mais comme x ∈ S, (bx)n = 0 ∈ S ce qui est absurde. 2 En outre le th´eor`eme 1.15 redonne la caract´erisation ´el´ementaire de cette dimension en terme d’identit´es alg´ebriques comme dans [2, 14] : Corollaire 1.16 Les propri´et´es suivantes sont ´equivalentes : 1. La dimension de Krull de A est ≤ ` 2. Pour tous x0 , . . . , x` ∈ A il existe b0 , . . . , b` ∈ A tels que DA (b0 x0 ) = DA (0) DA (b1 x1 ) ≤ DA (b0 , x0 ) .. .. .. . . . DA (b` x` ) ≤ DA (b`−1 , x`−1 ) DA (1) = DA (b` , x` )

      

(2)

     

3. Pour tous x0 , . . . , x` ∈ A il existe a0 , . . . , a` ∈ A et m0 , . . . , m` ∈ N tels que m` m1 0 xm 0 (x1 · · · (x` (1 + a` x` ) + · · · + a1 x1 ) + a0 x0 ) = 0

(3)

1.2 Bords de Krull

7

Par exemple pour k = 2 le point 2. correspond au dessin suivant dans Zar A. 1 DA (x2 )

DA (b2 ) • •

DA (x1 )

DA (b1 ) • •

DA (x0 )

DA (b0 ) 0

D´ emonstration. Montrons l’equivalence de 1. et 3. Utilisons par exemple pour 1. la caract´erisation via les equivalence pour la dimension 0 est claire. Supposons la chose ´etablie pour la localis´es AK x . L’´ dimension ≤ `. On voit alors que S −1 A est de dimension ≤ ` si et seulement si pour tous x0 , . . . , x` ∈ A il existe a0 , . . . , a` ∈ A, m0 , . . . , m` ∈ N et s ∈ S tels que m` m1 0 xm 0 (x1 · · · (x` (s + a` x` ) + · · · + a1 x1 ) + a0 x0 ) = 0. m`+1 Il reste donc a` remplacer s par un ´el´ement arbitraire de la forme x`+1 (1 + a`+1 x`+1 ). Il est recommand´e de faire aussi la preuve de 1. ⇒ 3. en utilisant la caract´erisation via les quotients AxK . k On a 3. ⇒ 2. en prenant : b` = 1 + a` x` , et bk−1 = xm k bk + ak−1 xk−1 , pour k = `, . . ., 1. On a 2. ⇒ 1. par r´ecurrence en utilisant la caract´erisation via les quotients AxK . L’implication pour la dimension 0 est claire. Supposons la chose ´etablie pour la dimension < `. Supposons la propri´et´e 2. et montrons que pour tout x0 la dimension de B = AxK0 est < `. Par hypoth`ese de r´ecurrence il suffit de trouver, pour tous x1 , . . . , x` des ´el´ements b1 , . . . , b` tels que   DB (b1 x1 ) = DB (0)    .. .. .. . . . DB (b` x` ) ≤ DB (b`−1 , x`−1 )     DB (1) = DB (b` , x` ) Or par hypoth`ese on a des ´el´ements b0 , . . . , b` tels que DA (b0 x0 ) = DA (0) DA (b1 x1 ) ≤ DA (b0 , x0 ) .. .. .. . . . DA (b` x` ) ≤ DA (b`−1 , x`−1 ) DA (1) = DA (b` , x` )

            

et les in´egalit´es avec DA impliquent les mˆemes avec DB . La deuxi`eme in´egalit´e signifie que (b1 x1 )m = b0 y0 + x0 z0 (pour un certain m) et la premi`ere nous dit que b0 x0 est nilpotent. A fortiori b0 y0 x0 est nilpotent donc b0 y0 + x0 z0 ∈ JAK (x0 ) et b1 x1 est nilpotent dans B. On peut aussi montrer directement 2. ⇒ 3. par un calcul un peu fastidieux. 2 En particulier un anneau est (Krull-)z´ero-dimensionnel (i.e. Kdim A ≤ 0) si et seulement si pour tout x il existe a tel que x(1 − ax) est nilpotent. Remarque. Le syst`eme d’in´egalit´es (2) dans le point 2. du corollaire pr´ec´edent ´etablit une relation int´eressante et sym´etrique entre les deux suites (b0 , . . . , b` ) et (x0 , . . . , x` ).

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1 DIMENSION ET BORDS DE KRULL

Lorsque ` = 0, cela signifie DA (b0 ) ∧ DA (x0 ) = 0 et DA (b0 ) ∨ DA (x0 ) = 1, c’est-`a-dire que les deux ´el´ements DA (b0 ) et DA (x0 ) sont compl´ements l’un de l’autre dans le treillis Zar A. Dans Spec A cela signifie que les ouverts de base correspondants sont compl´ementaires. Nous introduisons donc la terminologie suivante : lorsque deux suites (b0 , . . . , b` ) et (x0 , . . . , x` ) v´erifient les in´egalit´es (2) nous dirons qu’elles sont compl´ementaires. Enfin une suite qui poss`ede une suite compl´ementaire sera dite singuli`ere. Remarque. On peut illustrer le corollaire 1.16 ci-dessus en introduisant (( l’id´eal bord de Krull it´er´e )). Pour x1 , . . ., xn ∈ A, consid´erons (AxK1 )xK2 , ((AxK1 )xK2 )xK3 , etc. . . les anneaux bords sup´erieurs successifs, et notons JAK (x1 , . . . , x` ) le noyau de la projection canonique A → (. . . (AxK1 )··· )xK` . Alors on a y ∈ JAK (x0 , . . . , x` ) si et seulement si ∃a0 , . . . a` ∈ T et m0 , . . . , m` ∈ N v´erifiant : m` m1 0 xm 0 (x1 · · · (x` (y + a` x` ) + · · · + a1 x1 ) + a0 x0 ) = 0.

Et la dimension de Krull est ≤ ` si et seulement si pour tous x0 , . . . , x` ∈ A on a 1 ∈ JAK (x0 , . . . , x` ). Un premier r´esultat important dans la th´eorie de la dimension de Krull est la dimension des anneaux de polynomes sur un corps discret : terminologie des math´ematiques constructives pour d´esigner un corps dans lequel on dispose d’un test d’´egalit´e. Proposition 1.17 Si K est un corps discret, la dimension de Krull de K[X1 , . . . , X` ] est ´egale a `. ` Nous ´etablissons d’abord le r´esultat suivant. Proposition 1.18 Soit K un corps discret, A une K-alg`ebre, et x1 , . . ., x` ∈ A alg´ebriquement d´ependants sur K. La suite (x1 , . . . , x` ) est singuli`ere. D´ emonstration. Soit Q(x1 , . . . , x` ) = 0 une relation de d´ependance alg´ebrique sur K. Mettons un ordre lexicographique sur les monomes non nuls αp1 ,...,p` xp11 xp22 · · · xp` ` de Q, en accord avec les “mots” p1 p2 . . . p` . Nous pouvons supposer le coefficient du plus petit monome non nul ´egal `a 1 (ici on utilise l’hypoth`ese que le corps est discret, car on suppose qu’on peut d´eterminer pour m` 1 m2 ce monome. En suivant l’ordre chaque αp1 ,...,p` s’il est nul ou inversible). Soit xm 1 x2 · · · x` lexicographique, nous voyons que nous pouvons ´ecrire Q sous la forme 1+m`−1

m` 1+m` m1 1 1 Q = xm R` + xm 1 · · · x` + x1 · · · x` 1 · · · x`−1 1 1+m2 1 + · · · + xm R2 + x1+m R1 1 x2 1

o` u Rj ∈ K[xk ; k ≥ j]. Alors Q = 0 est l’´egalit´e voulue.

R`−1 2

Peuve de la proposition 1.17 Nous notons d’abord que la suite (X1 , . . . , X` ) est non singuli`ere : dans (3) avec xi = Xi le membre de gauche est non nul (consid´erer le coefficient de X1m1 X2m2 · · · X`m` ). Pour prouver que la dimension de K[X1 , . . . , X` ] est ≤ ` il suffit, vu la proposition 1.18, de montrer que ` + 1 ´el´ements K[X1 , . . . , X` ] sont toujours alg´ebriquement d´ependants sur K. Voici une preuve ´el´ementaire de ce r´esultat classique. Soient y1 , . . . , y`+1 ces ´el´ements, et d une δ`+1 borne sur leurs degr´es. Pour un entier k ≥ 0 consid´erons la liste Lk de tous les y1δ1 · · · y`+1 tels  P`+1 k+`+1 que δ = i=1 δi ≤ k. Le cardinal de Lk ´egale . Ceci est un polynome de degr´e ` + 1 en k. k Les ´el´ements de Lk vivent dans l’espace vectoriel des ´el´ements de K[X1 , . . . , X` ] de degr´e ≤ k d,

9  qui a pour dimension d dk+` . Ceci est un polynome de degr´e ` en k. Donc pour k assez grand, k le cardinal de Lk est plus grand que la dimension de l’espace vectoriel o` u ses ´el´ements vivent, et il y a une relation de d´ependance lin´eaire entre les ´el´ements de Lk . Ceci fournit une relation de d´ependance alg´ebrique entre les yi ’s. 2 On peut aussi traiter de cette fa¸con la dimension de Krull des anneaux g´eom´etriques (les K-alg`ebres de pr´esentation finie). Donc les th´eor`emes des sections 2 et 3 ont un contenu algorithmique clair pour ces anneaux (comme pour tout anneau o` u l’on est capable d’expliciter la dimension de Krull au sens du corollaire 1.16). Remarque. On a aussi des algorithmes pour les r´esultats suivants (en prenant la dimension de Krull au sens du corollaire 1.16) : – Si B est un quotient ou un localis´e de A, alors Kdim B ≤ T Kdim A. m – Si (ai )1≤i≤m une famille finie d’id´eaux de A et a = i=1 ai , alors Kdim(A/a) = supi Kdim(A/ai ). – Si (Si )1≤i≤m une famille finie de mono¨ıdes comaximaux de A alors Kdim(A) = supi Kdim(ASi ). Rappelons aussi que, en math´ematiques classiques, Kdim(A) = supm Kdim(Am ), o` u m parcourt tous les id´eaux maximaux (mais il est difficile de concevoir un algorithme correspondant `a ce r´esultat).

2 2.1

Le th´ eor` eme de Kronecker et le stable range de Bass (versions non nœth´ eriennes de Heitmann) Le th´ eor` eme de Kronecker

Ce th´eor`eme a d’abord ´et´e d´emontr´e par Kronecker [12] sous la forme suivante : une vari´et´e alg´ebrique dans Cn peut toujours ˆetre d´efinie par n + 1 ´equations. Il a ´et´e ´etendu au cas des anneaux nœth´eriens (par van der Waerden, dans [17]) sous la forme suivante : dans un anneau nœth´erien de dimension de Krull n, tout id´eal a mˆeme radical qu’un id´eal engendr´e par au plus n + 1 ´el´ements. La version de Kronecker a ´et´e am´elior´ee par divers auteurs dans [16, 9] qui ont montr´e que n ´equations suffisent en g´en´eral. Une preuve constructive de ce dernier th´eor`eme est dans [6]. Par ailleurs on ne sait toujours pas si toute courbe dans l’espace complexe de dimension 3 est ou non intersection de deux surfaces. Heitmann [11] a enfin g´en´eralis´e la version van der Waerden au cas non nœth´erien. La preuve ´el´ementaire qui suit est dans [1]. Le lemme suivant, bien que terriblement anodin, est une clef essentielle. Lemme 2.1 Pour u, v ∈ A on a DA (u, v) = DA (u + v, uv) = DA (u + v) ∨ DA (uv) En particulier si uv ∈ DA (0), alors DA (u, v) = DA (u + v). D´ emonstration. On a ´evidemment hu + v, uvi ⊆ hu, vi donc DA (u + v, uv) ⊆ DA (u, v). Par ailleurs u2 = (u + v)u − uv ∈ hu + v, uvi donc u ∈ DA (u + v, uv). 2

10

´ ` 2 LE THEOR EME DE KRONECKER ET LE STABLE RANGE DE BASS

Rappelons que deux suites qui v´erifient les in´egalit´es (2) dans le corollaire 1.16 sont dites compl´ementaires. Lemme 2.2 Soit n ≥ 1. Si (b1 , . . . , bn ) et (x1 . . . , xn ) sont deux suites compl´ementaires dans A alors pour tout a ∈ A on a : DA (a, b1 , . . . , bn ) = DA (b1 + ax1 , . . . , bn + axn ), c’est-`a-dire encore : a ∈ DA (b1 + ax1 , . . . , bn + axn ). D´ emonstration. On les in´egalit´es DA (b1 x1 ) = DA (0) DA (b2 x2 ) ≤ DA (b1 , x1 ) .. .. .. . . . DA (b` x` ) ≤ DA (b`−1 , x`−1 ) DA (1) = DA (b` , x` ) On en d´eduit celles-ci DA (ax1 b1 ) = DA (0) DA (ax2 b2 ) ≤ DA (ax1 , b1 ) .. .. .. . . . DA (ax` b` ) ≤ DA (ax`−1 , b`−1 ) DA (a) ≤ DA (ax` , b` ) On a donc d’apr`es le lemme 2.1 DA (a) ≤ DA (ax` + b` ) ∨ DA (ax` b` ) DA (ax` b` ) ≤ DA (ax`−1 + b`−1 ) ∨ DA (ax`−1 b`−1 ) .. .. .. . . . DA (ax2 b2 ) ≤ DA (ax2 + b2 ) ∨ DA (ax2 b2 ) DA (ax2 b2 ) ≤ DA (ax1 + b1 ) ∨ DA (ax1 b1 ) = DA (ax1 + b1 ) Donc finalement DA (a) ≤ DA (ax1 + b1 ) ∨ DA (ax2 + b2 ) ∨ · · · ∨ DA (ax`−1 + b`−1 ) ∨ DA (ax` + b` ) = DA (ax1 + b1 , ax2 + b2 , . . . , ax` + b` ). 2 Th´ eor` eme 2.3 (de Kronecker, avec la dimension de Krull, sans nœth´erianit´e) Soit n ≥ 0. Si Kdim A < n et b1 , . . . , bn ∈ A alors il existe x1 , . . . , xn tels que pour tout a ∈ A DA (a, b1 , . . . , bn ) = DA (b1 + ax1 , . . . , bn + axn ). En cons´equence, dans un anneau de dimension de Krull ≤ n, tout id´eal de type fini a mˆeme radical qu’un id´eal engendr´e par au plus n + 1 ´el´ements. D´ emonstration. Le premier point est clair d’apr`es le lemme 2.2 et le corollaire 1.16 (et si n = 0 l’anneau est trivial et DA (a) = DA (∅)). La deuxi`eme affirmation en d´ecoule car il suffit d’it´erer le processus. En fait, si Kdim A ≤ n et J = DA (b1 , . . . , bn+r ) (r ≥ 2) on obtient en fin de compte J = DA (b1 + c1 , . . . , bn+1 + cn+1 ) avec les ci ∈ hbn+2 , . . . , bn+r i. 2 Remarque. Pour le cas n = 1 la preuve donn´ee ci-dessus dit ceci. Puisque Kdim A ≤ 0 il existe x1 tel que b1 x1 ∈ DA (0) et 1 ∈ DA (b1 , x1 ). A fortiori b1 ax1 ∈ DA (0) et a ∈ DA (b1 , ax1 ). Le lemme 2.1 nous dit que DA (b1 , ax1 ) = DA (b1 + ax1 ), donc a ∈ DA (b1 + ax1 ).

2.2 Le th´eor`eme (( stable range )) de Bass

2.2

11

Le th´ eor` eme (( stable range )) de Bass

Le th´eor`eme suivant est dˆ u a` Bass dans le cas nœth´erien avec la dimension de Krull. La version non nœth´erienne avec une dimension (inf´erieure `a la dimension de Krull) qu’il a introduite dans [11] est due `a Heitmann. Nous donnons tout d’abord la version non nœth´erienne avec la dimension de Krull. Nous donnerons ensuite une version a` la Heitmann [11], l´eg`erement plus forte que dans [11], et, surtout, constructive. Th´ eor` eme 2.4 (de Bass, avec la dimension de Krull, sans nœth´erianit´e) Soit n ≥ 0. Si Kdim A < n, pour tous b1 , . . . , bn ∈ A. il existe x1 , . . . , xn tels qu’on ait l’implication suivante ∀a ∈ A

(1 ∈ ha, b1 , . . . , bn i ⇒ 1 ∈ hb1 + ax1 , . . . , bn + axn i).

D´ emonstration. Cela r´esulte directement du premier point dans le th´eor`eme 2.3.

2

Nous introduisons maintenant la notion de dimension de Heitmann d’un anneau commutatif, calqu´ee sur le d´efinition inductive de la dimension de Krull. Notation 2.5 Si a est un id´eal de A on note JA (a) son radical de Jacobson. Si a = hx1 , . . . , xn i on notera JA (x1 , . . . , xn ) pour JA (a). En particulier JA (0) = Rad A. On a donc x ∈ JA (a) si et seulement si pour tout y ∈ A, 1 + xy est inversible modulo a. D´ efinition 2.6 On note Heit A l’ensemble des JA (x1 , . . . , xn ). Lemme 2.7 1. Pour un id´eal arbritraire a on a JA (a) = JA (DA (a)). En cons´equence Heit A est un treillis distributif quotient de Zar A. 2. Pour u, v ∈ A on a JA (u, v) = JA (u + v, uv) = JA (u + v) ∨ JA (uv) En particulier si uv ∈ JA (0), alors JA (u, v) = JA (u + v). D´ emonstration. On a a ⊆ DA (a) ⊆ JA (a) donc JA (a) = JA (DA (a)). L’´egalit´e DA (u, v) = DA (u + v, uv) (lemme 2.1) implique alors JA (u, v) = JA (u + v, uv). 2 On peut montrer (voir [4]) que la Jdim d´efinie par Heitmann dans [11] est la dimension de l’espace spectral correspondant au treillis distributif Heit A. D´ efinition 2.8 Pour x ∈ A le bord de Heitmann de x dans A est l’anneau quotient A/JAH (x) avec JAH (x) := hxi + (JA (0) : x) qui est aussi appel´e l’id´eal bord de Heitmann de x dans A. On notera aussi AxH pour A/JAH (x). D´ efinition 2.9 La dimension de Heitmann de A est d´efinie de mani`ere inductive comme suit : – Hdim A = −1 si et seulement si 1A = 0A .

´ ` 2 LE THEOR EME DE KRONECKER ET LE STABLE RANGE DE BASS

12

– Pour ` ≥ 0, Hdim A ≤ ` si et seulement si pour tout x ∈ A, Hdim(AxH ) ≤ ` − 1. Cette dimension a ´et´e introduite dans [3] (voir aussi [4]). Elle est a priori inf´erieure `a celle d´efinie par Heitmann dans [11] (la Jdim). Dans le cas d’un anneau nœtherien la Hdim, la Jdim de Heitmann et la dimension du spectre maximal qui intervient dans les th´eor`emes de Serre et de Swan [18] sont les mˆemes (voir [4]). Fait 2.10 1. La dimension de Heitmann ne peut que diminuer par passage `a un anneau quotient. 2. La dimension de Heitmann est toujours inf´erieure ou ´egale `a la dimension de Krull. 3. Plus pr´ecis´ement Hdim A ≤ Kdim(A/JA (0)). 4. Enfin Hdim A ≤ 0 si et seulement si Kdim(A/JA (0)) ≤ 0. D´ emonstration. La preuve du point 1 est par r´ecurrence en remarquant que pour tout x ∈ A, (A/a)xH est un quotient de AxH . La preuve du point 2 est par r´ecurrence (en utilisant le point 1) en remarquant que AxH est un quotient de AxK . Pour les points 3 et 4 on pose B = A/JA (0). On a alors 2 JB (0) = h0i et on v´erifie que AxH ' BxH = BxK pour tout x ∈ A. En particulier la dimension de Heitmann d’un anneau local est nulle (du point de vue constructif il faut pr´eciser que le corps r´esiduel doit ˆetre discret, c’est-`a-dire qu’on doit avoir un test d’´egalit´e a` 0 dans ce corps). Th´ eor` eme 2.11 (de Bass, avec la dimension de Heitmann, sans nœth´erianit´e) Soit n ≥ 0. Si Hdim A < n et 1 ∈ ha, b1 , . . . , bn i alors il existe x1 , . . . , xn tels que 1 ∈ hb1 + ax1 , . . . , bn + axn i. D´ emonstration. La mˆeme preuve donnerait le th´eor`eme 2.4 en rempla¸cant le bord de Heitmann par le bord de Krull. On remarque que 1 ∈ hLi ´equivaut a` 1 ∈ JA (L) pour toute liste L. On raisonne par r´ecurrence sur n. Lorsque n = 0 l’anneau est trivial et JA (1) = JA (∅). Supposons n ≥ 1. Soit j = JAH (bn ) l’id´eal bord de Heitmann de bn . Puisque A/j est de dimension de Heitmann ≤ n − 2 l’hypoth`ese de r´ecurrence nous donne x1 , . . . , xn−1 ∈ A tels que 1 ∈ hb1 + x1 a, . . . , bn−1 + xn−1 ai

dans A/j .

(4)

Notons L pour b1 + x1 a, . . . , bn−1 + xn−1 a. Un ´el´ement arbitraire de j = JAH (bn ) s’´ecrit bn y + x avec xbn ∈ JA (0). L’appartenance (4) signifie donc qu’il existe xn tel que xn bn ∈ JA (0) et 1 ∈ hL, bn , xn i .

(5)

1 ∈ JA (L, bn , xn ) = JA (L, bn ) ∨ JA (xn ).

(6)

A fortiori Notons que par hypoth`ese 1 ∈ ha, b1 , . . . , bn i = hL, bn , ai. Donc 1 ∈ JA (L, bn , a) = JA (L, bn ) ∨ JA (a) Enfin (6) et (7) donnent par distributivit´e 1 ∈ JA (L, bn ) ∨ JA (xn a) = JA (L, bn , xn a)

(7)

2.2 Le th´eor`eme (( stable range )) de Bass

13

Puisque bn xn a ∈ JA (0) le lemme 2.7 nous dit que JA (bn , xn a) = JA (bn + xn a), et donc que 1 ∈ JA (L, bn + xn a) = JA (L, bn , xn a), ce qui ´etait le but recherch´e. 2 On peut ´egalement d´emontrer la version am´elior´ee suivante du th´eor`eme de Kronecker (voir [4], et [11, Heitmann] o` u le th´eor`eme est obtenu avec la Jdim `a la place de la Hdim). Th´ eor` eme 2.12 (de Kronecker, avec la dimension de Heitmann, sans nœth´erianit´e) Soit n ≥ 0. Si Hdim(A[a−1 ]) < n et a, b1 , . . . , bn ∈ A alors il existe x1 , . . . , xn ∈ A tels que DA (a, b1 , . . . , bn ) = DA (b1 + ax1 , . . . , bn + axn ). En cons´equence, si a1 , . . . , ar , b1 , . . . , bn ∈ A et Hdim(A[a−1 i ]) < n pour i = 1, . . . , r alors il existe y1 , . . . , yn ∈ ha1 , . . . , ar i tels que DA (a1 , . . . , ar , b1 , . . . , bn ) = DA (b1 + y1 , . . . , bn + yn ). Remarque. Dans le cas d’un anneau local nœth´erien A, l’id´eal maximal est radicalement engendr´e par n = Kdim A ´el´ements, mais pas moins. Ceci montre que parmi n (( g´en´erateurs radicaux )) du maximal, il n’y en a aucun v´erifiant Hdim(A[x−1 ]) < n − 1. Par ailleurs Hdim(A) = 0 puisque A est local. Rappelons qu’un vecteur L de Am est dit unimodulaire lorsque ses coordonn´ees engendrent l’id´eal h1i, c’est-`a-dire encore lorsque DA (L) = 1. Ce qui finit cette section est classique et peut ˆetre trouv´e par exemple dans [13]. Corollaire 2.13 Soit n ≥ 0. Si Hdim A < n et V ∈ An+1 est unimodulaire, il peut ˆetre transform´e en le vecteur (1, 0 . . . , 0) par des manipulations ´el´ementaires. D´ emonstration. Posons V = (v0 , v1 , . . . , vn ), avec 1 ∈ hv0 , v1 , . . . , vn i. On applique le th´eor`eme 2.11 avec a = v0 , on obtient x1 , . . . , xn tels que 1 ∈ hv1 + x1 v0 , . . . , vn + xn v0 i. Le vecteur V peut ˆetre transform´e par manipulations ´el´ementaires en le vecteur V 0 = (v0 , v1 +x1 v0 , . . . , vn +xn v0 ) = (v0 , v10 , . . . , vn0 ) Pn et on a des yi tels que i=1 yi vi0 = 1. Par manipulations ´el´ementaires on peut donc transformer 2 V 0 en V 00 = (1, v10 , . . . , vn0 ) puis en (1, 0, . . . , 0). Corollaire 2.14 Si Hdim A ≤ n tout A-module M stablement libre de rang ≥ n + 1 est libre. D´ emonstration. Si M ⊕ Ar ' Ap+r , (avec p ≥ n + 1 et r > 0), M est isomorphe au noyau d’une application lin´eaire surjective ϕ0 = ϕ : Ap+r → Ar . Posons m = p + r. Puisque ϕ est surjective, il existe ψ : Ar → Am telle que ϕ ◦ ψ = IdAr . Si F0 = F et H sont les matrices de ϕ et ψ (pour les bases canoniques) on a F H = Ir et les lignes de F sont unimodulaires. On a M ' Ker F . D’apr`es le corollaire 2.13 il existe une matrice inversible A ∈ Am×m (produit de matrices ´el´ementaires) telle que F A = G admet le vecteur (1, 0, . . . , 0) pour premier vecteur ligne :   1 0 ··· 0  c1  G :=  .. F1  . cr−1 De sorte que M ' Ker F0 ' Ker G ' Ker F1 . F1 est la matrice d’une application lin´eaire ϕ1 : Am−1 → Ar−1 . On peut donc faire une preuve par r´ecurrence sur r pour montrer que M ' Ap . D’un point de vue algorithmique cela revient a` continuer le processus qui a remplac´e F0 par F1 jusqu’`a obtenir Fr , qui sera la matrice (vide) de l’application nulle Ap → A0 dont le noyau est bien isomorphe `a Ap . 2

14

´ ` 3 LE SPLITTING OFF DE SERRE ET LE THEOR EME DE FORSTER-SWAN

Remarque. Si ϕ : Am → Ar est une application lin´eaire surjective, il existe ψ : Ar → Am telle que ϕ◦ψ = IdAr . Alors π = ψ◦ϕ : Am → Am est une projection. Si on pose M = Ker π = Ker ϕ on a M ⊕Im π = Am et puisque Im π ' Im ϕ = Ar , le module M est stablement libre, isomorphe a` Im(IdAm − π). Ainsi les modules stablement libres sont exactement les modules isomorphes aux noyaux de matrices surjectives.

3

Le splitting off de Serre, le th´ eor` eme de Forster-Swan et le th´ eor` eme de simplification de Bass

Dans cette section les versions (( sans hypoth`eses nœth´eriennes )) avec la dimension de Krull de la plupart des grands th´eor`emes (en particulier de Serre et de Forster) sont dues `a Heitmann [11]. Dans cet article il donne en plus des variantes des th´eor`emes de Swan et Serre, avec une dimension un peu compliqu´ee d´efinie `a partir de la Jdim. Ici nous donnons les preuves avec la Hdim (meilleure que la Jdim, et surtout plus simple a` utiliser) et sans hypoth`ese nœth´erienne. Ces th´eor`emes semblent donc parachever le travail de Heitmann. Les preuves constructives ´el´ementaires que l’on trouve ici sont dans [4]. Elles am´eliorent la pr´esentation et certains r´esultat de [3] et sont inspir´ees de [7].

3.1

Manipulations ´ el´ ementaires de colonnes

Lemme 3.1 Soient L, L1 . . . , Lk ∈ Am et b1 , . . . , bk ∈ A. Si Hdim(A) < k et 1 = DA (a, b1 , . . . , bk ) ∨ DA (L) alors il existe x1 , . . . , xk ∈ aA tels que 1 = DA (b1 + ax1 , . . . , bk + axk ) ∨ DA (L + x1 L1 + · · · + xk Lk ) D´ emonstration. La preuve est par induction sur k. Pour k = 0, c’est clair. Si k > 0, soit j = JAH (bk ) l’id´eal bord de Heitmann bk . On a bk ∈ j et Hdim(A/j) < k − 1, donc par induction, on peut trouver y1 , . . . , yk−1 tels que 1 = D(b1 + a2 y1 , . . . , bk−1 + a2 yk−1 ) ∨ (L + ay1 L1 + · · · + ayk−1 Lk−1 ) dans A/j

(α)

Posons L0 = L + ay1 L1 + · · · + ayk−1 Lk−1 , X = (b1 + a2 y1 , . . . , bk−1 + a2 yk−1 ) et remarquons que DA (L0 , a) = DA (L, a) et DA (X, a) = DA (a, b1 , . . . bk−1 ). L’´egalit´e (α) signifie qu’il existe yk tel que bk yk ∈ JA (0) et 1 = DA (X) ∨ DA (L0 ) ∨ DA (yk ) ∨ DA (bk ) (β) On a DA (X) ∨ DA (L0 + ayk Lk ) ∨ DA (a2 ) ∨ DA (bk ) = DA (a, b1 , . . . , bk , L) = 1

(γ)

et, d’apr`es (β), DA (X) ∨ DA (L0 + ayk Lk ) ∨ DA (yk ) ∨ DA (bk ) = DA (X) ∨ DA (L0 ) ∨ DA (yk ) ∨ DA (bk ) = 1 (δ) (γ) et (δ) impliquent DA (X, L0 + ayk Lk , bk , a2 yk ) = 1 = JA (X, L0 + ayk Lk , bk , a2 yk )

(η)

3.1 Manipulations ´el´ementaires de colonnes

15

et d’apr`es le lemme 2.1 puique bk a2 yk ∈ JA (0) 1 = JA (X, L0 + ayk Lk , bk + a2 yk ) c’est-`a-dire

1 ∈ b1 + a2 y1 , . . . , bk−1 + a2 yk−1 , bk + a2 yk , L + ay1 L1 + · · · + ayk−1 Lk−1 + ayk Lk . 2 Remarques. 1) Lorsqu’on remplace la dimension de Heitmann par celle de Krull, le lemme pr´ec´edent admet une version (( uniforme )) dans laquelle les xi ne d´ependent pas de a (comme dans le lemme 2.2). 2) Le lemme ci-dessus peut ˆetre vu comme une variante raffin´ee du th´eor`eme 2.11. En fait dans la suite, nous utilisons ce lemme uniquement avec l’hypoth`ese renforc´ee comme suit : Si Hdim(A) < k et 1 = DA (a, L) . . . On en d´eduit le corollaire suivant (qui simplifie l’argument dans [3] et a ´et´e sugg´er´e par Lionel Ducos [7]). Corollaire 3.2 Supposons que C, C1 , . . ., Ck sont des vecteurs dans Am et ν est un mineur d’ordre k de [ C1 · · · Ck ]. Si 1 = DA (ν) ∨ DA (C) et Hdim(A) < k alors il existe x1 , . . ., xk ∈ A tels que 1 = DA (C + x1 C1 + . . . + xk Ck ). D´ emonstration. On prend a = ν et bi le mineur obtenu en rempla¸cant Ci par C dans C1 , . . . , Ck . On applique le lemme 3.1. On remarque alors que bi + axi est aussi le mineur obtenu en rempla¸cant Ci par C + x1 C1 + · · · + xn Cn dans C1 , . . . , Cn de sorte que bi + axi ∈ DA (C + x1 C1 + · · · + xn Cn ) et 1 = DA (b1 + ax1 , . . . , bn + axn ) ∨ DA (C + x1 C1 + · · · + xn Cn ) implique que DA (C + x1 C1 + · · · + xn Cn ) = 1.

2

Nous fixons les notations suivantes : Notation 3.3 Soit F une matrice dans An×p avec pour colonnes C0 , C1 , . . . , Cp , et G la matrice ayant pour colonnes C1 , C2 , . . . , Cp . Soit Dk (F ) l’id´eal d´eterminantiel d’ordre k de F (l’id´eal engendr´e par les mineurs ν d’ordre k de F ). Lemme 3.4 Si DA (C) ∨ Dk (G) = 1 et Hdim(A) < k alors il existe t1 , . . . , tp tels que C + t1 C1 + . . . + tp Cp est unimodulaire. D´ emonstration. Comme DA (C)W∨ Dk (G) = 1, on a une famille ν1 , . . . , νp de mineurs de G d’ordre k tels que 1 = DA (C) ∨ i DA (νWi ). On applique alors le corollaire 3.2 pour avoir DA (C) ∨ DA (νk ) = 1 dans A/Jk avec Jk = i>k DA (νi ) jusqu’`a ce que nous obtenions DA (C) = 1 dans A. 2 Th´ eor` eme 3.5 Fixons k ≤ p. Supposons que la dimension de Heitmann de A est < k et Dk (F ) = 1. Alors il existe t1 , . . . , tp tels que 1 = DA (C0 + t1 C1 + · · · + tp Cp ). D´ emonstration. Cela r´esulte directement du lemme 3.4.

2

´ ` 3 LE SPLITTING OFF DE SERRE ET LE THEOR EME DE FORSTER-SWAN

16

3.2

Le th´ eor` eme (( splitting off )) de Serre, version non nœth´ erienne

On d´eduit directement du th´eor`eme 3.5 la version suivante (( am´elior´ee )) du Splitting-off de Serre. Th´ eor` eme 3.6 (th´eor`eme de Serre, version dimension de Heitmann) Soit M un A-module projectif de rang ≥ k sur un anneau A tel que HdimA < k. Alors M ' N ⊕ A pour un certain N . D´ emonstration. On suppose sans perte de g´en´eralit´e que M est l’image d’une matrice de projection F . L’hypoth`ese que M est de rang ≥ k signifie que Dk (F ) = h1i. Le th´eor`eme 3.5 nous donne dans l’image de F un vecteur unimodulaire u = t(u1 , . . . , u` ). On consid`ere y1 , . . . yn qui v´erifient P i yi ui = 1. On va voir que Au, qui est clairement un module libre de base u, est facteur Pdirect dans M . Pour cela on consid`ere la forme lin´eaire λ : A` → A d´efinie par t(x1 , . . . , xn ) 7→ i yi xi , puis la restriction µ de λ a` M . Soit N = Ker µ ⊂ M . On a N ∩ Au = 0 car si µ(au) = 0 alors a = aµ(u) = µ(au) = 0. On a M = N + Au car si z ∈ M on peut ´ecrire z = µ(z)u + z 0 avec µ(z 0 ) = µ(z) − µ(z)µ(u) = 0 donc z 0 ∈ N . 2 Remarque. Dans le fonctionnement de cette preuve, on voit qu’on aurait pu se contenter de supposer que M est un module image d’une matrice F telle que Dk (F ) = 1. Dans le cas nœth´erien le th´eor`eme est ´equivalent (en math´ematiques classiques) au th´eor`eme classique qui utilise la dimension du spectre maximal. Dans le cas non nœth´erien Heitmann a donn´e la preuve pour la dimension de Krull d’une part et pour une dimension d´efinie a` partir de la Jdim d’autre part. Le th´eor`eme ci-dessus peut ˆetre consid´er´e comme la vraie version non nœth´erienne du th´eor`eme de Serre. Il implique le mˆeme th´eor`eme formul´e avec la Jdim, qui ´etait conjectur´e par Heitmann.

3.3

Le th´ eor` eme de Forster-Swan, une version non nœth´ erienne

Dans cette section, on d´eduit du th´eor`eme 3.5, comme dans [8, 11], une version (( non nœth´erienne )) du th´eor`eme de Forster-Swan. Modules de pr´ esentation finie Un module de pr´esentation finie est un A-module M donn´e par un nombre fini de g´en´erateurs et de relations. De mani`ere ´equivalente, c’est un module M isomorphe au conoyau d’un homomorphisme γ : Am −→ Aq La matrice G ∈ Aq×m de γ a pour colonnes les (coefficients des) relations entre les g´en´erateurs g1 , . . . , gq (une relation α1 g1 + · · · + αq gq = 0 est cod´ee par le vecteur colonne t(α1 , . . . , αq ), et les gi sont les images de la base canonique de Aq par la surjection canonique π : Aq → M ). Une telle matrice s’appelle une matrice de pr´esentation du module M . Cela se traduit par : – (g1 , . . . , gq ) G = 0, et – toute relation entre les gi est une combinaison lin´eaire des colonnes de G, c’est-`a-dire encore : si (g1 , . . . , gq ) C = 0 avec C ∈ Aq×1 il existe C 0 ∈ Am×1 tel que C = G C 0 . On constate qu’on ne change pas la structure de M lorsqu’on fait subir a` la matrice de pr´esentation G une des transformations suivantes : 1. ajout d’une colonne nulle, (ceci ne change pas le module des relations entre des g´en´erateurs fix´es)

3.3 Le th´eor`eme de Forster-Swan, une version non nœth´erienne

17

2. suppression d’une colonne nulle, sauf a` aboutir a` une matrice vide, 3. remplacement de G, de type q × m, par G0 de type (q + 1) × (m + 1) obtenue a` partir de G en rajoutant une ligne nulle en dessous puis une colonne `a droite avec 1 en position (q + 1, m + 1), (ceci revient `a rajouter un vecteur parmi les g´en´erateurs , en indiquant sa d´ependance par rapport aux g´en´erateurs pr´ec´edents) : 0

G 7→ G =



1 C

01,m G



4. op´eration inverse de la pr´ec´edente, sauf a` aboutir a` une matrice vide, 5. ajout `a une colonne d’une combinaison lin´eaire des autres colonnes, (ceci ne change pas le module des relations entre des g´en´erateurs fix´es) 6. ajout a` une ligne d’une combinaison lin´eaire des autres lignes, (par exemple si nous notons Li la i-`eme ligne, le remplacement de la ligne L1 par la ligne L1 + γL2 revient `a remplacer le g´en´erateur g2 par g2 − γg1 ) 7. permutation de colonnes ou de lignes, 8. multiplication d’une colonne ou d’une ligne par un ´el´ement inversible (facultatif). On peut voir sans difficult´e que si G et H sont deux matrices de pr´esentation d’un mˆeme module M , on peut passer de l’une a` l’autre au moyen des transformations d´ecrites ci-dessus. On rajoute les nouveaux g´en´erateurs un `a un. Puis les relations entre les nouveaux g´en´erateurs peuvent ˆetre rajout´ees car elles sont cons´equences des relations entre les anciens g´en´erateurs et des relations qui d´efinissent les nouveaux. Puis les anciens g´en´erateurs peuvent s’exprimer en fonction des nouveaux : ce sont des relations cons´equences de celles qu’on a d´ej`a. Ceci permet alors de supprimer un a` un les anciens g´en´erateurs. Enfin on se d´ebarasse des relations inutiles entre les nouveaux g´en´erateurs Lemme 3.7 On consid`ere un A-module M de pr´esentation finie avec une matrice de pr´esentation G ∈ Aq×m . Alors l’id´eal d´eterminantiel Dq−k (G) (avec par convention Dm (G) = A si m ≤ 0) ne d´epend pas du syst`eme g´en´erateur ni de la matrice de pr´esentation choisies pour d´ecrire M . En particulier si M peut ˆetre engendr´e par k ≤ q ´el´ements. alors Dq−k (G) est ´egal a A. ` D´ emonstration. L’id´eal d´eterminantiel Dq−k (G) ne d´epend que de M et k, et non pas de la matrice de pr´esentation qu’on peut prendre pour M : cela tient `a ce que les manipulations 1 `a 8 d´ecrites ci-dessus sur les matrices de pr´esentation conservent toutes cet id´eal. Si donc M est enk×p gendr´ e par k´el´ements, il admet une matrice de pr´esentation F ∈ A , donc aussi la matrice 1 0 F0 = ∈ A(k+1)×(p+1) , et l’id´eal d´eterminantiel D1 (F 0 ) est clairement ´egal `a A. 2 0 F Remarque. L’id´eal Dq−k (G) est appel´e le k-`eme id´eal de Fitting du module M , et not´e Fk (M ). Lemme 3.8 On consid`ere un A-module M de pr´esentation finie avec une matrice de pr´esentation G ∈ Aq×m . Supposons A local. Soit un entier k < q. Alors le module M est engendr´e par k ´el´ements si et seulement si la matrice G contient un mineur inversible d’ordre q − k. Cela ´equivaut aussi `a Dq−k (G) = A.

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´ ` 3 LE SPLITTING OFF DE SERRE ET LE THEOR EME DE FORSTER-SWAN

D´ emonstration. La condition est suffisante mˆeme si l’anneau n’est pas local : En permutant ´eventuellement les lignes et les colonnes on ram`ene le mineur inversible en haut a` gauche. Puis en multipliant `a droite (ou `a gauche) par une matrice inversible on se ram`ene `a la forme   Iq−k A G1 = B C puis par des manipulations ´el´ementaires de lignes et de colonnes, on obtient   Iq−k 0q−k,m−q+k G2 = 0k,q−k G3 Et G3 est aussi une matrice de pr´esentation de M . Lorsque l’anneau est local la condition est n´ecessaire parce que si l’id´eal d´eterminantiel Dq−k (G) est ´egal `a A un de ses g´en´erateurs (les mineurs d’ordre q − k) doit ˆetre inversible : dans un anneau local, si une somme d’´el´ements est inversible, l’un de ces ´el´ements est inversible. 2 Lemme 3.9 On consid`ere un A-module M de pr´esentation finie avec une matrice de pr´esentation G ∈ Aq×m . Soit un entier k < q. Les propri´et´es suivantes sont ´equivalentes : 1. L’id´eal d´eterminantiel d’ordre q − k de G contient 1. 2. Apr`es localisation en n’importe quel id´eal premier, M est engendr´e par k ´el´ements. D´ emonstration. On remarque d’abord que si un module M admet une matrice de pr´esentation G alors le module localis´e MS (o` u S est un filtre) admet la mˆeme matrice de pr´esentation, vue comme une matrice a` coefficients dans AS . L’´equivalence r´esulte alors du lemme 3.8 et du fait qu’un id´eal de type fini contient 1 si et seulement si il contient 1 apr`es localisation en n’importe quel id´eal premier. 2 Le th´ eor` eme de Forster-Swan Voici maintenant une version du th´eor`eme de Forster-Swan [10, 18]. Th´ eor` eme 3.10 (th´eor`eme de Swan, version dimension de Heitmann) Si Hdim(A) ≤ d et si M est un A-module de pr´esentation finie localement engendr´e par r ´el´ements, alors M peut ˆetre engendr´e par d + r ´el´ements. Plus pr´ecis´ement si M est engendr´e par (y1 , . . . , yp ) avec p = d + r + s on peut calculer z1 , . . . , zd+r dans hyd+r+1 , . . . , yd+r+s i tels que M soit engendr´e par y1 + z1 , . . . , yd+r + zd+r . D´ emonstration. Soit m0 , m1 , . . . , mp un syst`eme de g´en´erateurs de M et F une matrice de pr´esentation de M correspondant `a ce syst`eme g´en´erateur. Si p ≥ d + r nous avons 1 = Dd+1 (F ) d’apr`es le lemme 3.9. Notons L0 , . . . , Lp les lignes de F . Nous appliquons le th´eor`eme 3.5 `a la matrice transpos´ee de F . Nous obtenons t1 , . . . , tp tels que la ligne L0 +t1 L1 +· · ·+tp Lp soit unimodulaire. Remplacer la ligne L0 par la ligne L0 +t1 L1 +· · ·+tp Lp revient a` remplacer (m0 , m1 , . . . , mp ) par (m0 , m1 − t1 m0 , . . . , mp − tp m0 ) = (m0 , m01 , . . . , m0p ). Puisque la nouvelle ligne L0 est unimodulaire, une combinaison lin´eaire convenable des colonnes est de la forme t(1, y1 , . . . , yp ), cela signifie que m0 + y1 m01 + · · · yp m0p = 0 dans M , et donc que m01 , . . . , m0p engendrent M . 2

3.4 Le th´eor`eme de Swan, forme sophistiqu´ee

3.4

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Le th´ eor` eme de Swan, forme sophistiqu´ ee

Un raffinement du th´eor`eme 3.5 est le r´esultat suivant. Th´ eor` eme 3.11 Supposons que 1 ∈ D1 (F ) et que pour k = 1, . . . , p, l’anneau A/Dk+1 (F ) est de dimension de Heitmann < k. Alors il existe t1 , . . . , tp tels que le vecteur C0 +t1 C1 +· · ·+tp Cp est unimodulaire. D´ emonstration. On applique le lemme 3.4 successivement avec A/D2 (F ), A/D3 (F ), . . ..

2

Th´ eor` eme 3.12 (th´eor`eme de Swan g´en´eral, version dimension de Heitmann) Soit M un module de type fini sur A et fk son id´eal de Fitting d’ordre k. Si Hdim(A/fk ) < m−k pour k = 0, . . . , m, alors M peut ˆetre engendr´e par m ´el´ements. D´ emonstration. Si le module est de pr´esentation finie il suffit d’appliquer le th´eor`eme 3.11 a` la matrice transpos´ee d’une matrice de pr´esentation de M (de la mˆeme mani`ere que pour le th´eor`eme 3.10). Le raisonnement dans le cas g´en´eral est un peu plus subtil. Notons h1 , . . . , hq des g´en´erateurs de M et supposons q > m. Notons h = (h1 , . . . , hq ). Toute relation entre les hi peut ˆetre ´ecrite comme un vecteur colonne C ∈ Aq qui v´erifie hC = 0. L’id´eal de Fitting fq−i de M est l’id´eal ∆i = Di (F ) engendr´e par les mineurs d’ordre i des matrices F ∈ Aq×n qui v´erifient hF = 0 (c’est-`a-dire les matrices dont les colonnes sont des relations entre les hi ). Nous les appelerons des (( matrices de relation )). Comme DA (∆q ) = DA (f0 ) = DA (Ann(M )) et que nous pouvons remplacer A par A/Ann(M ), nous supposons sans perte de g´en´eralit´e que DA (∆q ) = DA (0). Les hypoth`eses impliquent que Hdim(A/∆k ) < k − 1 pour k = 1, . . . , q (ce sont les hypoth`eses lorsque q = m + 1). On a donc ∆1 = 1, ce qui se constate sur une matrice de relations F . On peut alors appliquer le lemme 3.4 avec la matrice F , l’entier k = 1 et l’anneau A/∆2 . Ceci nous donne une relation C telle que DA/∆2 (C) = 1, c’est-`a-dire encore telle qu’il existe a ∈ ∆2 v´erifiant 1 + a ∈ DA (C). Le fait que a ∈ ∆2 se constate sur une matrice de relations G et on consid`ere la nouvelle matrice F = (C|G). On a donc DA (C) ∨ ∆2 (G) = 1 et Hdim(A/∆3 ) < 2. On peut alors appliquer le lemme 3.4 avec la nouvelle matrice F , l’entier k = 2 et l’anneau A/∆3 . Ceci nous donne une relation C telle que DA/∆3 (C) = 1, et ainsi de suite. On obtient en fin de compte une relation C telle que DA (C) = 1, puisque DA (∆q ) = 0. Et Hdim A = Hdim(A/∆q ) < q − 1. En cons´equence le corollaire 2.13 du th´eor`eme stable range de Bass s’applique et nous pouvons transformer la colonne C en (1, 0, . . . , 0) par des manipulations ´el´ementaires, ce qui revient `a remplacer le syst`eme g´en´erateur h par une autre syst`eme de q ´el´ements dont le premier est nul, bref `a r´eduire de 1 le nombre de g´en´erateurs. 2 Remarque. Notons qu’il n’y a pas a priori de version (( avec points )) du th´eor`eme pr´ec´edent car la Hdim n’est pas (`a notre connaissance) la dimension de Krull d’un espace spectral. Pour obtenir une version avec points, nous devrions consid´erer la variante (conjectur´ee par Heitmann, et a priori plus faible) dans laquelle la Hdim est replac´ee par la Jdim. On aurait alors sans doute une formulation classique utilisant les points du J-spectre de Heitmann.

3.5

Le th´ eor` eme de simplification de Bass, avec la dimension de Heitmann, sans hypoth` ese noth´ erienne

Nous prouvons maintenant le th´eor`eme de simplification de Bass. Dans le lemme suivant nous reprenons les notations 3.3.

´ ERENCES ´ REF

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Lemme 3.13 Si ∆k (G) = 1 = DA (C) ∨ DA (a) et Hdim(A) < k alors il existe t1 , . . . , tp tels que 1 = DA (C + at1 C1 + . . . + atp Cp ). D´ emonstration. Il suffit d’appliquer le lemme 3.4 aux vecteurs C, aC1 , . . . , aCn (ce qui remplace G par aG). 2 Th´ eor` eme 3.14 (th´eor`eme de simplification de Bass, version dimension de Heitmann) Soit M un A-module projectif de rang ≥ k sur un anneau A tel que HdimA < k, et N, Q deux autres A-modules projectifs de type fini. Alors M ⊕ Q ' N ⊕ Q implique M ' N . D´ emonstration. Pour ˆetre complet, on redonne l’argument de [8]. On peut supposer que Q = A et que N ⊂ Am est image d’une matrice idempotente. On a un isomorphisme φ : M ⊕ A → N ⊕ A ⊂ Am+1 . Soit (C, a) ∈ Am+1 le vecteur φ(0, 1). Il nous faut construire un automorphisme de N ⊕ A qui envoie (C, a) sur (0, 1). Soit α : M ⊕ A → A, (U, x) 7→ x. La forme lin´eaire α ◦ φ−1 envoie (C, a) sur 1, d’o` u DA (C) ∨ DA (a) = 1. Donc, par le lemme 3.13, il existe C 0 ∈ N tel que DA (C + aC 0 ) = 1. est On a donc une forme lin´eaire λ : N → A v´erifiant λ(C + aC 0 ) = 1 (obtenue comme restriction d’une forme lin´eaire sur Am ). On a alors les trois automorphismes suivants de N ⊕ A qui par composition r´ealisent le but fix´e : ψ1 : (V, x) → 7 (V + xC 0 , λ(xC − aV )) , (C, a) → 7 (C + aC 0 , 0) 0 ψ2 : (V, x) → 7 (V, x + λ(V )) , (C + aC , 0) → 7 (C + aC 0 , 1) ψ3 : (V, x) → 7 (V − x(C + aC 0 ), x) , (C + aC 0 , 1) → 7 (0, 1) (on v´erifie que ψ1 est un automorphisme en remarquant que si ψ1 (V, x) = (W, y) alors x = y + aλ(W )). 2 Remarques. Dans le fonctionnement de cette preuve, on voit qu’on aurait pu se contenter de supposer que N est un module image d’une matrice F telle que ∆k (F ) = 1 et M ⊕ Q ' N ⊕ Q pour un module projectif Q. Notons aussi que les automorphismes ψi sont r´ealis´es en pratique comme des automorphismes de An+1 qui fixent N ⊕ A. De mani`ere plus g´en´erale tous les th´eor`emes d’alg`ebre commutative que nous avons d´emontr´es se ram`enent en fin de compte a` des th´eor`emes concernant les matrices et leurs manipulations ´el´ementaires.

R´ ef´ erences [1] Coquand T. Sur un th´eor`eme de Kronecker concernant les vari´et´es alg´ebriques C. R. Acad. Sci. Paris, Ser. I 338 (2004), 291–294. 9 [2] Coquand T., Lombardi H. Hidden constructions in abstract algebra (3) Krull dimension of distributive lattices and commutative rings. dans : Commutative ring theory and applications. Eds : Fontana M., Kabbaj S.-E., Wiegand S. Lecture notes in pure and applied mathematics vol 131. M. Dekker. (2002) 477–499 . 6 ´ C. Generating non noetherian modules constructively. Manuscripta [3] Coquand T., Lombardi H., Quitte mathematica 115, (2004), 513–520. 12, 14, 15 ´ C. Dimension de Heitmann des treillis distributifs et des anneaux [4] Coquand T., Lombardi H., Quitte commutatifs. Publications Math´ematiques de Besan¸con, Th´eorie des Nombres (2003-2006). 11, 12, 13, 14 [5] Coquand T., Lombardi H., Roy M.-F. An elementary characterisation of Krull dimension. From Sets and Types to Analysis and Topology : Towards Practicable Foundations for Constructive Mathematics (L. Crosilla, P. Schuster, eds.). Oxford University Press. (2005) 239–244. 6

` TABLE DES MATIERES

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[6] Coquand T., Lombardi H., Schuster P. A nilregular element property. Archiv der Mathematik 85 (2005), 49–54. 9 [7] Ducos L. Vecteurs unimodulaires et syst`emes g´en´erateurs. Journal of Algebra. Available online 7 October 2005. 14, 15 [8] Eisenbud D., Evans E. G., Jr. Generating modules efficiently : theorems from algebraic K-theory. J. Algebra 27 (1973), 278–305. 16, 20 [9] Eisenbud D., Evans E. G., Jr. Every algebraic set in n-space is the intersection of n hypersurfaces. Inventiones math. 19 (1973), 107–112. 9 ¨ [10] Forster O. Uber die Anzahl der Erzeugenden eines Ideals in einem Nœtherschen Ring. Math. Z. 84 (1964) 80–87. 18 [11] Heitmann, R. Generating non-Nœtherian modules efficiently. Michigan Math. 31 2 (1984) 167–180. 9, 11, 12, 13, 14, 16 [12] Kronecker L. Grundz¨ uge einer arithmetischen Theorie der algebraischen Gr¨ ossen. J. reine angew. Math. 92, (1882) 1–123. R´eimprim´e dans Leopold Kronecker’s Werke, II, 237–387. 9 [13] Lam T.Y. Serre’s conjecture. Lecture Notes in Mathematics, Vol. 635. Springer-Verlag, Berlin-New York, 1978. 13 ´ [14] Lombardi H. Dimension de Krull, Nullstellens¨ atze et Evaluation dynamique. Math. Zeitschrift, 242, (2002), 23–46. 6 [15] Stone M. H. Topological representations of distributive lattices and Brouwerian logics. Cas. Mat. Fys. 67, (1937), 1–25. 5 [16] Storch U. Bemerking zu einem Satz van M. Kneser. Arch. Math. 23, (1972), 403–404. 9 [17] Van der Waerden Review Zentralblatt f¨ ur Math 24, (1941) 276. 9 [18] Swan R. G. The Number of Generators of a Module. Math. Z. 102 (1967), 318–322. 12, 18

Table des mati` eres 1 Dimension et bords de Krull 1.1 Id´eaux et filtres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.2 Bords de Krull . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

1 1 4

2 Le th´ eor` eme de Kronecker et le stable range de Bass 9 2.1 Le th´eor`eme de Kronecker . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 2.2 Le th´eor`eme (( stable range )) de Bass . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 3 Le splitting off de Serre et le th´ eor` eme de Forster-Swan 3.1 Manipulations ´el´ementaires de colonnes . . . . . . . . . . . 3.2 Le (( splitting off ))de Serre . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.3 Le th´eor`eme de Forster-Swan, une version non nœth´erienne 3.4 Le th´eor`eme de Swan, forme sophistiqu´ee . . . . . . . . . . 3.5 Le th´eor`eme de simplification de Bass . . . . . . . . . . . . R´ ef´ erences

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14 14 16 16 19 19 20