Comment attirer du personnel dans un hôpital public - CHU Brugmann

23 juin 2016 - on passe son dimanche à récupérer son tiers- payant auprès des différentes mutuelles. Si vous prenez une secrétaire ou un comptable,.
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La Clinique SaintJean et les Cliniques de l’Europe unissent leurs forces

Ce 1er juin, les Cliniques de l’Europe et la Clinique Saint-Jean sont devenues partenaires privilégiés. L’accord vise à améliorer les soins hospitaliers grâce à une collaboration médicale accrue. Il permet aux deux hôpitaux de développer de nouveaux projets aussi bien médicaux, administratifs que de support. La collaboration est un exemple concret du souhait exprimé par les différents gouvernements fédéral et régionaux que les hôpitaux travaillent plus en réseau. Sont concernés six sites bruxellois faisant partie des deux groupes hospitaliers. Les deux partenaires pourront maintenir une offre de soins complète et de qualité dans un cadre performant et moderne.

Le CHU de Liège continue d’investir

Le CHU de Liège continue son développement sur plusieurs implantations, ce, dans le cadre du plan d’investissement 2015-2020. Il entend notamment redéployer le service d’urgences, la revalidation cardio-pulmonaire, la gériatrie, et un centre du sommeil. Le site des Bruyères est concerné par un investissement important d’environ 47,5 millions qui serviront à la construction d’une aile supplémentaire et à la rénovation d’une autre aile.

Deux sites pour un hôpital à Baudour

Les urgences du site de Baudour ne fermeront pas, a martelé François Burhin, directeur général d’Epicura. Ce pour rassurer une population habituée à vivre avec un hôpital (et des urgences) à proximité. Selon Burhin qui s’exprimait dans la presse locale, « il faudrait être fou pour fermer les urgences d’autant que ces dernières années, les entrées enregistrées sont passées de 61.359 en 2014 à 65.128 en 2015, occasionnant des entrées substantielles dans l’hôpital. » Le plus grand groupe hospitalier

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de Mons-Borinage souligne toutefois la nécessité d’une réorganisation sur deux sites (Hornu et Baudour) pour un seul hôpital afin de mieux servir le patient.

Le futur hôpital Vivalia à Houdemont ?

Le conseil d’administration doit encore le confirmer mais récemment, le conseil médical de l’Ifac (qui regroupe les médecins des hôpitaux de Bastogne et de Marche-en-Famenne) a pris position en faveur du futur hôpital Vivalia dans la ville d’Houdemont. Les médecins s’en expliquent notamment dans La Libre Belgique. Houdemont se situe à proximité de l’E411 et une bretelle d’autoroute sera construite spécialement. C’est ce que précise à nos confrères de la LLB le docteur Ziad El Husseini, vice-président dudit conseil médical. Le site d’HabayGare en revanche est trop reculé surtout en hiver et entraînerait des nuisances pour les riverains. Unanimité ? Non : le Conseil médical des Cliniques du SudLuxembourg est favorable à Habay-Gare car il souligne l’intérêt pour un hôpital d’avoir à proximité une gare sur une ligne ferroviaire fréquentée (la 162) et aussi des lignes de bus (TEC), un bureau de poste et une banque. Quoi qu’il en soit, c’est le conseil d’administration de Vivalia qui tranchera. Le porte-parole de l’institution hospitalière précise à HCM que ces opinions sont connues de la direction mais n’engagent que leur auteur.

Le CHWapi inaugure un nouvel hôpital

Un nouvel hôpital a été inauguré récemment au sein du centre hospitalier de Wallonie picarde (ChWapi) en présence du ministre wallon de la Santé, Maxime Prévot (CDH). L’hôpital qui a exigé 7 années de travaux fonctionne en réalité depuis quelques semaines. 166 millions subsidiés à 10 % par la Région wallonne ont été déboursés dont 141 millions pour les nouveaux bâtiments.

HealthCare magazine • 23 juin 2016 • N° 9

Comment attirer du personnel dans un hôpital public ? Avec ses 700 médecins majoritairement salariés, le CHU Brugmann ne peut pas rivaliser financièrement avec des hôpitaux périphériques qui paient plus du double certains de leurs médecins indépendants à l’acte. Toutefois, le salariat, l’ambiance de travail, la stabilité, les congés scientifiques, la possibilité de faire une thèse de doctorat, le parc et « l’esprit Brugmann » permettent d’attirer ou de retenir non seulement les médecins mais aussi le personnel non soignant, les cadres et les infirmières. Les arguments de Florence Hut, directrice médicale générale et Francis Nicolas de Pape de Drée, directeur général.

C

omment attirer du personnel dynamique et motivé lorsqu’on ne peut offrir à un chef de clinique adjoint avec dix ans d’expérience « seulement » 3.200 euros nets par mois ? Paradoxalement, le salariat offert à Brugmann, séduit de plus en plus un corps médical qui se féminise et qui cherche la stabilité et des horaires connus à l’avance. « Bien sûr, on ne peut pas concurrencer un gastro-entérologue qui travaille en institution privée et qui a une activité médicotechnique in-

« Nous avons pas de débat à propos de qui va prendre les honoraires » téressante. Ce n’est pas 15 % de salaire en plus, c’est multiplié par 2 », explique le Dr Florence Hut. « L’argent représente parfois une valeur. Nous écartons naturellement les gens pour qui la fiche de paie est capitale. D’ailleurs, je ne crois pas qu’ils s’imaginent travailler chez nous. Mais nous au moins n’avons pas de débat à propos de qui va prendre les honoraires. » Et de prendre pour exemple l’énorme service d’ophtalmologie de Brugmann qui occupe 32 ophtalmologues. Pourquoi restent-ils ? Pourquoi le service recrute sans problème ? Idem dans d’autres services, d’ailleurs. L’explication est multifactorielle : modèle de contamination, bouche-à-oreille ou bien un chef de service structuré et motivant. « Le chef de service joue beaucoup pour le recrutement. Un leader qui a

une vision, qui est en accord avec les missions de l’hôpital, qui enseigne à l’université et attire des assistants, c’est un plus », précise Florence Hut.

Sécurité de l’emploi « Chez nous, l’élément de compétition salarial n’est pas l’élément central », reconnaît Francis de Drée, jeune DG de 33 ans. C’est l’ensemble des avantages que notre hôpital peut offrir. Et notamment la sécurité de l’emploi, l’environnement de travail... » « Quand on est gynécologue indépendant, on passe son dimanche à récupérer son tierspayant auprès des différentes mutuelles. Si vous prenez une secrétaire ou un comptable, vous devez le payer. Un échographe, cela coûte 35.000 euros », reprend le Dr Hut. « Les médecins qui ont une spécialité médico-technique, vous les retenez avec l’encadrement, avec des équipements de pointe. Chez nous, quand l’activité augmente, on octroie des mètres carrés supplémentaires, ce qui nous permet de capter des patients nouveaux. On a concédé des investissements importants tant en équipements qu’en personnel qui les assistent. » Certes, Brugmann ne peut pas se passer complètement des chasseurs de tête. Mais en parallèle, outre une équipe de direction rajeunie, l’hôpital utilise au maximum les réseaux sociaux. « On vient de lancer une communication par semaine sur l’ensemble des réseaux sociaux », explique de Drée. « On a ciblé des profils infirmiers et pharmaciens. On veut attirer des jeunes profils. On choisit plutôt LinkedIn pour des postes de responsable d’unités de soins et Facebook pour les plus jeunes. » Dès qu’on arrive sur des profils administratifs ou infirmiers, les salaires varient peu entre hô-

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Le Département infirmier, de son côté, organise chaque année la « semaine des talents ».

pitaux. Brugmann doit donc offrir quelque chose de particulier. Il y a bien sûr le cadre de travail – le fameux Parc imaginé par Horta et « L’esprit Brugmann ». Mais cela ne suffit pas. « Nous proposons également des plans de carrière personnalisés pour donner un horizon et garder nos talents. »

Congés scientifiques C’est pourquoi, Brugmann met en avant, pour les médecins, outre les congés légaux et extralégaux, des congés scientifiques. « Ils sont de 30 jours maximum par an pendant lesquels les médecins peuvent

étudier », explique le Dr Hut. « Attention : le règlement est assez strict. Il ne peut s’agir d’une croisière sur le Club Med 1. Il faut un lien avec un sujet qui concerne la clinique ou le domaine de recherche des personnes. Ils disposent généralement d’un jour avant et après le séminaire. Il n’est évidemment pas possible de prendre deux semaines pour un congrès de deux jours ! » Pour le personnel non médical, des formations existent également. « Des médecins s’engagent aussi dans la réalisation de thèses de doctorat. Nous les soutenons dans leur démarche en étant

lités plus élevées », explique Francis de Drée. « Ces PDP (plans de développement personnels) existent pour vérifier ce dont ils ont besoin. C’est un peu dans l’ADN de Brugmann de pouvoir évoluer métier par métier et fonction par fonction. »

Informaticiens

flexible. Nous menons une médecine concertée et multidisciplinaire qui, selon moi, n’est possible que grâce au salariat. » Ainsi, Brugmann a étendu le principe de la COM (concertation oncologique multidisciplinaire) en gériatrie et d’autres disciplines où plusieurs fois par semaine, l’ensemble des soignants se réunissent autour des patients. Des salles de réunion et des auditoires sont prévus à cet effet. Le Département infirmier, de son côté, organise chaque année la « semaine des talents ». Il repère parmi les jeunes infirmiers qui a le potentiel pour progresser. « Ils suivent un programme personnalisé. La Direction médicale est associée au programme. C’est aussi une manière de leur montrer qu’on est intéressé par leur profil et que les directions travaillent ensemble. Nous soutenons nos équipes pour suivre les formations et passer les examens nécessaires afin d’accéder à des responsabi-

Concernant certains métiers techniques en pénurie comme les informaticiens, làaussi Brugmann est créatif. Le côté « soins », la finalité sociale, en attirent plus d’un. Francis de Drée : « On a recruté un informaticien de pointe du secteur bancaire. Il était attiré par la finalité de l’hôpital (soigner) mais aussi le côté moins aride dans la matière par rapport à des secteurs informatiques back office. Dans l’hôpital, tout est plus tangible. C’est plus facile d’expliquer ce qu’on fait. Dans les projets informatiques, on voit où on veut aboutir. » Enfin, la Fondation Brugmann distribue 250.000 euros par an à des boursiers (médecins ou non médecins) qui veulent mener des projets scientifiques. « L’important aussi c’est de connaître ses collaborateurs et ses collègues » conclut Florence Hut. « Il y a 700 médecins à Brugmann, on les connais tous. On travaille beaucoup sur l’affiliation. » ●

Saint-Luc (UCL)

« Se sentir bien, c’est essentiel ! » Les cliniques Saint-Luc de Woluwé se veulent « Un hôpital pour la Vie », et cette devise se reflète également dans leur service des ressources humaines. Les nombreuses personnes qui en trouvent le chemin sans hésiter (et sans GPS) sont la preuve vivante que veiller au bien-être des travailleurs est ici un véritable mot d’ordre. Désirée De Poot

S

’il possède d’indéniables atouts, un hôpital universitaire comme celuici a aussi un certain nombre de handicaps... et ce ne sont pas Muriel Van Antwerpen (responsable RH) et Joëlle Durbecq (infirmière-chef) qui nous contrediront ! « Un certain nombre de personnes choisissent de travailler ici justement parce que nous sommes un hôpital universitaire. Nous avons une certaine réputation : les gens savent que nous voulons apporter des soins de qualité à nos patients de toutes les manières possibles. Nos malades sont donc nos principaux ambassadeurs et cette « radio couloir » attire une foule de candidats », explique Muriel Van Antwerpen. « Nous ne faisons par contre pas

trop dans la promotion : notre image est bien là, mais nous n’essayons pas de la « vendre ». » Bonne réputation mise à part, comment faire pour attirer les travailleurs et les convaincre de venir travailler ici plutôt qu’ailleurs ? « Nous essayons d’accorder beaucoup d’attention à tout ce qui touche à l’encadrement. Notre hôpital a beau être très grand, nous travaillons avec des unités plus petites qui forment vraiment une équipe très soudée. Chez nous, un travailleur n’est vraiment jamais seul : chacun a évidemment ses collègues directs, mais aussi ceux d’autres disciplines qu’il peut solliciter sans aucun problème s’il a besoin d’aide. C’est un message que nous es-

sayons de faire passer à nos candidats dès la procédure de sélection. » « L’innovation thérapeutique au sein de l’hôpital représente toutefois également un important pôle d’attraction, tout comme la perspective d’une formation permanente. Cette dernière porte non seulement sur l’aspect technique de la fonction mais aussi sur les aptitudes sociales, et ouvre des perspectives d’évolution. » « La possibilité participer à des projets très divers et très poussés (aussi bien à court qu’à plus long terme) contribue également à l’intérêt du travail. Cet aspect fait l’objet d’une promotion active au sein de notre équipe, et toute personne intéressée peut évidemment poser sa candidature. En 2014, nous avons été l’un des trois finalistes retenus pour le titre d’employeur de l’année, ce qui n’est tout de même pas rien ! »

Roulement de personnel Les deux dames concèdent malgré tout volontiers que, comme tant d’hôpitaux,

Saint-Luc est confronté à un roulement de personnel relativement important. « La concurrence est particulièrement forte en région bruxelloise, impossible de le nier. Et les problèmes de mobilité aussi nous jouent des tours », observe Joëlle Durbecq. Ce n’est toutefois pas le seul facteur qui entre en jeu. « Dans un établissement comme le nôtre, les soins sont aussi plus lourds que dans les hôpitaux périphériques. Les patients sont devenus plus affirmés, mieux (in)formés et parfois aussi plus agressifs physiquement et verbalement. C’est un profil qui attire certaines personnes mais en effraie d’autres. Nous devons donc être doublement attentifs à notre stratégie de fidélisation du personnel, car chaque infirmier qui s’en va emporte avec lui un peu d’expertise. » Comment s’y prendre ? « Nous tablons pleinement sur la mobilité interne », explique Muriel Van Antwerpen. « Notre hôpital dispose d’une foule de spécialisations, ce qui lui permet évidemment d’offrir de

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