Année Mondiale Contre la Douleur chez les Femmes De

Malgré son impact important sur la santé publique, on néglige la douleur dont peuvent souffrir les femmes enceintes (1). Les syndromes de douleur aiguë ou ... Les principaux facteurs sont probablement mécaniques, en raison de la modification de la posture nécessaire pour supporter le poids croissant de l'abdomen, ...
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Année Mondiale Contre la Douleur chez  les Femmes De vraies Femmes, une vraie Douleur La douleur pendant la grossesse  Malgré son impact important sur la santé publique, on néglige la douleur dont peuvent souffrir les femmes enceintes (1).  Les syndromes de douleur aiguë ou chronique chez les femmes enceintes sont difficiles à traiter, notamment parce qu’il  est nécessaire de trouver un équilibre entre les meilleurs intérêts de la mère et ceux du nouveau­né.  Si la douleur est mal contrôlée, des effets psychologiques indésirables peuvent survenir (2), susceptibles de causer une  dépression pre­partum ou post­partum. De nombreux cas de dépression post­partum se déclarent avant l’accouchement  (3).  Une douleur mal contrôlée peut accroître le risque d’une période d’alitement prolongée pour la mère, conduisant à  l’immobilité. Ceci peut mener à des problèmes tels que la thrombose veineuse profonde ou l’embolie pulmonaire. Plus les  femmes et leur bébé restent de temps à l’hôpital, plus leur risque de contracter des infections d’origine hospitalière  augmente (4).  Une douleur aiguë non traitée éprouvée par la mère peut résulter en un accouchement prématuré spontané ou déclenché  médicalement (5). L’accouchement prématuré (moins de 36 semaines) nécessite l’admission du nouveau­né en soins  intensifs néonataux, l’une des plus coûteuses à l’hôpital public (6). La séparation à la naissance fait de l’accouchement  un moment éprouvant et stressant aussi bien pour la mère que pour le nouveau­né, pouvant accroître la morbidité  maternelle et néonatale.  Épidémiologie  La douleur est un problème fréquent pendant la grossesse. Environ 25 à 56 % des femmes enceintes souffrent d’une  douleur lombo­pelvienne ou pelvienne périnatale. Environ 8 % de ces femmes enceintes se trouvent gravement  handicapées par cet état, qui peut nécessiter une hospitalisation (7). Chez un tiers des femmes enceintes, la douleur est  un problème grave qui affecte la vie de tous les jours, le travail et le sommeil (7, 8, 9, 10, 11).  Il n’existe pas de définition standard. Parmi les termes employés, on peut citer : la douleur de la ceinture pelvienne liée à  la grossesse et la douleur lombaire liée à la grossesse. On emploie également le terme « altération de la symphyse  pubienne », mais certains considèrent que cette altération est plus souvent un problème secondaire qui coexiste avec  une douleur lombaire ou sacro­iliaque.  Dans une étude menée chez 870 femmes qui ont fait des séances de physiothérapie pour gérer la douleur pendant leur  grossesse, plus de 76 % d’entre elles se plaignaient de douleur des articulations sacro­iliaques et 57 % de douleur de la  symphyse pubienne (11). Chez ces femmes, on a établi une corrélation avec des douleurs lombaires et pelviennes  antérieures, un poids/indice de masse corporelle (IMC) supérieur avant la grossesse et en fin de grossesse, une  augmentation de la parité, des antécédents d’hypermobilité et des syndromes de douleur pendant la grossesse (8).  Mécanismes proposés  Les principaux facteurs sont probablement mécaniques, en raison de la modification de la posture nécessaire pour  supporter le poids croissant de l’abdomen, et hormonaux, à travers les changements au niveau des ligaments pelviens.  L’hormone en cause n’est pas définie avec certitude. Bien que la relaxine agisse sur le tissu utérin humain en régulant  l’expression des métalloprotéinases dans l’utérus, elle ne semble pas générer de problèmes de douleur  musculosquelettique. L’échographie indique un lien entre la largeur de la symphyse pubienne et la douleur ressentie à cet  endroit, quelles que soient les concentrations de relaxine sérique. La grossesse peut affecter la stabilité inhérente des os  et des ligaments rachidiens et pelviens, nécessitant une activité musculaire pour maintenir la stabilité des articulations  associées.  Autres problèmes de douleur  D’autres catégories de syndromes de douleur conduisant à l’hospitalisation des femmes enceintes ont été découvertes à  l’occasion d’un audit rétrospectif (12). Celles­ci comprenaient des syndromes de douleur tels que : la compression des  nerfs, la douleur thoracique, le fibrome dégénératif, la névralgie post­herpétique, le syndrome du canal carpien et le  prolapsus d’un disque lombaire.

Présentation des catégories de syndromes de la  douleur  (N = 110)  Douleur  pelvienne  Compression des  nerfs 

Douleur thoracique  Douleur de la  symphyse pubienne  Canal carpien 

Douleur  lombaire  Autre 

Autres non classés

Activité utérine non  progressive  Prolapsus de disque  lombaire 

Fibrome  dégénératif  Névralgie post­  herpétique  Tumeur 

Arthropathie  pelvienne 

(12)  Traitement  Éviter l’hospitalisation est le principal objectif. Si la douleur s’est aggravée au point de compromettre les activités  quotidiennes de la femme, l’hospitalisation devient nécessaire.  En premier lieu, les objectifs du traitement consisteront à utiliser des techniques non­médicamenteuses ; en effet, il est  important de comprendre que le fœtus reçoit passivement tout médicament pouvant être administré.  Les techniques non­médicamenteuses comprennent l’éducation, les conseils et exercices prescrits par un  physiothérapeute. Outre la neurostimulation électrique transcutanée (TENS), les pochettes chauffantes ou  rafraîchissantes, l’infiltration locale à l’aide d’anesthésique et de corticoïdes locaux, et la physiothérapie peuvent procurer  un soulagement efficace (5, 13, 14).  Exercices de stabilisation, étirements des muscles spécifiques et massages peuvent contribuer à soulager la douleur au  cours de la grossesse en rompant le cycle de la douleur causée par une mauvaise posture, une lordose accrue, des  spasmes musculaires et une immobilité plus importante (5, 9, 13, 15, 16). L’utilisation de supports tels que les béquilles,  le déambulateur, les oreillers de soutien avec positionnement assis ou allongé, la ceinture pelvienne et l’utilisation de  ceintures de soutien lombaire peuvent augmenter la mobilité et réduire les risques associés à un alitement prolongé et à  l’inactivité, comme la formation de caillots et le déconditionnement musculaire (16, 17).  Deux examens systématiques doivent également proposer des conseils d’exercices aux femmes enceintes qui souffrent  de douleurs non spécifiques pelviennes ou lombaires. Un examen de Cochrane a mis en évidence que l’aquagym,  l’acupuncture et l’utilisation d’oreillers dont la forme est spécialement conçue pour le sommeil peuvent être bénéfiques  (9). En raison de l’hétérogénéité des essais, le second examen systématique n’a pu étendre les conclusions de l’examen  de Cochrane. Il semble bien exister des preuves que la physiothérapie personnalisée et l’acupuncture apportent un  certain soulagement à ces problèmes (15). On a exprimé une certaine inquiétude au sujet de l’utilisation de l’acupuncture  et de la fausse couche qui en résulterait. Quoi qu’il en soit, une analyse documentaire n’est pas parvenue à identifier  l’existence d’un tel lien (18, 19).  En complément, des traitements psychologiques tels que l’auto­hypnose et les consultations de psychologie  peuvent être bénéfiques. 

L’efficacité des analgésiques n’a pas encore été tout à fait établie (20, 21) et l’un des moments faisant le plus redouter  l’utilisation de médicaments pendant la grossesse est la période vulnérable de l’organogénèse (semaines 4 à 10). Il est  important de restreindre l’utilisation des médicaments à ceux dont l’innocuité est prouvée, afin de minimiser les effets  néfastes sur le fœtus en développement (22). Des médicaments tels que le paracétamol et la codéine sont sûrs pendant  la grossesse, même si la prise d’anti­inflammatoires non stéroïdiens doit être évitée. Pour que le traitement soit efficace, il  est vital de veiller au soutien et à l’implication d’une équipe multidisciplinaire (5, 13).  Copyright International Association for the Study of Pain, September 2007.  References available at www.iasp­pain.org.