26 juillet 2016 - Ville de Saint-Etienne-du-Rouvray

26 juil. 2016 - du grand port maritime de Rouen. «… Monsieur le Maire, nous avons tous un rôle important, de rappeler qu'il ne faut pas céder au racisme et ...
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Jeudi 28 juillet — Parc Youri-Gagarine : les religieuses, victimes de l’attentat, ont reçu l’hommage des citoyens.

le stéphanais NUMÉRO SPÉCIAL JOURNAL D’INFORMATIONS DE SAINT-ÉTIENNE-DU-ROUVRAY

26 juillet 2016

FRATERNITÉ

Hommage

« Que nous soyons les derniers à pleurer… » Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées jeudi 28 juillet pour rendre hommage à Jacques Hamel, le prêtre auxiliaire de la paroisse stéphanaise, assassiné mardi 26 juillet 2016 lors de l’attentat perpétré par deux terroristes se revendiquant de l’organisation État islamique.

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’émotion et le recueillement étaient lisibles sur les visages des Stéphanaises et Stéphanais et des habitants de la région venus saluer la mémoire du prêtre assassiné à 85 ans. Ces femmes, ces hommes, ces enfants, unis dans un esprit de solidarité, étaient également venus soutenir Guy Coponet, lui aussi âgé de 85 ans et grièvement blessé par les deux terroristes, son épouse Jeanine, et les trois religieuses de Sa i nt-Vi ncent- de -Pau l, les sœu rs Danièle, Huguette et Hélène, tous retenus en otages dans l’église Saint-Étienne, ce tragique mardi de juillet. « L’église de Jacques Hamel, l’église de notre ville, notre ville, sont devenus la représentation d’un monde meurtri dans un vertigineux et tragique écrasement de la réalité internationale, et ce à nos pieds, sous nos yeux, dans le sang », a déclaré le maire, Hubert Wulfranc, à la tribune, en présence des parlementaires de Normandie, des présidents et maires des principales collectivités de la région, de l’archevêque de Rouen,

Mgr Dominique Lebrun, et de représentants Liberté, Égalité, Fraternité que nos enfants vont des cultes juif, protestant et musulman. devoir s’approprier et respecter ». Présentant Jacques Hamel comme un prêtre Après une minute de silence, le public a qui « n’a jamais cherché les honneurs », chanté une vibrante Marseillaise. Les paroles l’archevêque de Rouen l’a dépeint en « citoyen belliqueuses ont résonné dans le ciel stéphaparmi les autres citoyens. Il participait à la nais comme une déclaration de guerre à la vie commune, dans la confiance, tissant des haine, à l’intolérance et au racisme. Restée liens d’amitié. Ces liens humains formaient le en famille, comme beaucoup d’autres réunis terreau pour des rencontres qui élèvent l’âme. » dans le parc Gagarine, afin de prolonger cet Le maire et l’homme d’Église ont tous deux instant d’intense fraternité, Armelle s’est appelé au vivre ensemble, confiant à chacun déclarée très touchée par la « mission » que lui la mission essentielle de respecter donnait le maire. « C’était important l’autre. « Mettons nos idées, nos et juste de dire cela. Saint-ÉtienneVibrante talents, nos différences au service du-Rouvray, ce sont ces valeurs-là, Marseillaise c’est cette union de vies qui fait notre de la communauté humaine », a dit l’archevêque. commune. » « On a beaucoup aimé « Très bientôt, nos enfants vont rentrer le message de paix, ont souligné à l’école. C’est de notre responsabilité collective Malika, Anne et Charlotte, spécialement que dans ce contexte, nous nous assignons venues de Canteleu, on avait besoin de ce le devoir de fraternité », a exhorté le maire, message de paix et d’amour, quelles que soient soulignant que « seuls des paroles et des actes nos différences culturelles et religieuses. » de paix au quotidien aideront à la sérénité et L’INTÉGRALITÉ DES ALLOCUTIONS DU MAIRE à la cohésion des familles d’ici et d’ailleurs et ET DE L’ARCHEVÊQUE DE ROUEN EST À LIRE éclaireront le sens de notre devise républicaine SUR SAINTETIENNEDUROUVRAY.FR

Mgr Lebrun, archevêque de Rouen et Mohammed Karabila, président du comité régional du culte musulman.

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Le 26 juillet 2016 restera

une date à jamais gravée dans l’esprit des Stéphanais, mais aussi plus largement de Français et d’habitants du monde entier. Parce que la communauté stéphanaise a été profondément meurtrie par cet assassinat, parce qu’elle a immédiatement, dans sa diversité, témoigné de sa grande tristesse et de sa volonté que chacun puisse continuer à vivre, ensemble, ce Stéphanais se veut être une empreinte de la mémoire commune, le témoignage de ces jours au cours desquels les manifestations de paix, de fraternité et de respect mutuel ont fait bloc face à la haine.

Le maire Hubert Wulfranc et les élus du conseil municipal

Le message du chef de l’État aux Stéphanais Le maire et le premier adjoint ont été reçus lundi 1er août par le président de la République, à l’Élysée. Hubert Wulfranc a transmis aux Stéphanais le commentaire officiel du chef de l’État : « La réaction digne de la population stéphanaise a été décisive dans la période troublée que traverse la France. » L’humanité et la fraternité exprimées par les citoyens ont été pointées avec force. « Et de cela les Stéphanais peuvent être fiers », a conclu le président.

le stéphanais | spécial 26 juillet 2016

« Nous avons l’impérieuse nécessité de dire et de faire ce qui est bon et bienveillant pour l’autre en fraternité », Hubert Wulfranc.

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Témoignages

Les mots de la solidarité

Quelques heures à peine après le drame qui a frappé Saint-Étienne-du-Rouvray, des milliers de messages ont été adressés en mairie aux otages et à leurs proches, au maire, aux élus et aux habitants pour les soutenir dans cette épreuve. Nicolas C. « Que notre union face à ces criminels soit le meilleur reflet de notre intelligence et notre fraternité. » ALLISON THOMPSON

maire de Gateshead, ville jumelle « En respect et en solidarité avec vous, nous avons choisi d’illuminer le Gateshead Millennium Bridge aux couleurs du drapeau français. »

DIDIER DAENINCKX

écrivain « Cher monsieur. De tout cœur avec les habitants de votre ville en ces heures où la barbarie frappe un homme coupable d’aimer son prochain. Les mots que vous avez trouvés pour dire le désastre et refuser le désespoir m’ont fortement touché ainsi que mes proches. Je ne peux que vous assurer de ma solidarité. »

SYLVIE M.-P. « Nous saurons dépasser l’émotion et la colère pour faire face ensemble. »

MADELEINE B. « C’est bien dans la solidarité que nous garderons foi en la République et la démocratie. »

Stephan B. « Je partage votre peine, suis solidaire de votre épreuve. Nos valeurs de justice, d’humanisme, de fraternité sont le chemin et le rempart face à la barbarie. » ÉVELYNE C.-T. « La résolution du problème, s’il y en a une, viendra par l’union et l’humanité. »

GILBERT K. « Très touché par votre souhait si fort et commun pour nous, que votre commune soit la dernière touchée. Je souhaitais vous adresser mes vœux de jours meilleurs. “  Un jour viendra couleur d’orange, un jour d’épaules nues où les gens s’aimeront ” Louis Aragon nous l’insuffle encore. »

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Michèle F. « Debout et solidaire dans le respect de chacun. » MARIE-CLAUDE B. « Que la paix, la lumière et la joie reviennent vite au cœur de votre ville. »

CHRISTINE S. « Ayant perdu mon époux et mes deux enfants au Bataclan, je comprends votre douleur, votre colère et votre incompréhension. »

JEAN-PIERRE B. « L’amour entre les humains, entre toutes les cultures, entre toutes les religions doit être une force, une ligne de conduite partagée par tous. »

FABRICE LOTTIN

secrétaire du syndicat CGT du grand port maritime de Rouen «… Monsieur le Maire, nous avons tous un rôle important, de rappeler qu’il ne faut pas céder au racisme et que nos valeurs sont plus fortes que leurs haines. »

JEAN-YVES B.

André J. B. Ville de Québec «… L’ensemble des Québécoises et Québécois sympathisent sincèrement avec vous et l’ensemble de La France qui vit, ces temps-ci, des épreuves vraiment difficiles. »

« J’ai quitté Saint-Étienne-du-Rouvray en 1973 mais mon cœur est resté fidèle à ma ville. Je veux vous témoigner ma fidélité et mon soutien. »

ROLAND LEROY

membre honoraire du Parlement « Saint-Étienne-du-Rouvray est toujours pour moi la ville normande et cheminote chère à mon cœur. L’odieux assassinat du prêtre dans son église me bouleverse et m’atteint comme tous les Stéphanais. Notre riposte est celle de l’union des habitants de notre pays quelles que soient leur origine et leur particularité, pour faire vivre les valeurs humaines. »

JEAN-CLAUDE D. « Que chacun à sa place lutte pour la paix, la justice et la fraternité. »

Ann J. « J’ai des souvenirs très heureux de votre petite ville quand je passais l’été 69 chez ma correspondante qui avait une épicerie rue Lazare-Carnot. Je veux offrir mes condoléances à tous ceux qui sont touchés par cet événement. »

Pascale L. « Catholique pratiquante, je suis de tout cœur avec vos citoyens. » AISSA M.

Messaoud M. « De culture musulmane, j’étais toulousain, puis Charlie, puis parisien, puis niçois. Aujourd’hui, je suis chrétien. Vive la France. »

« Français, fonctionnaire, musulman, père de famille, je voulais exprimer ma grande tristesse et mon empathie aux familles des victimes et à tous les habitants de votre commune. »

JOSÉ G. « Merci à tous les élus et à tous les agents pour leur solidarité dans le désastre qui s’est joué chez nous. Comptant sur vous, comptez sur nous ! »

Le maire Hubert Wulfranc et l’ensemble du conseil municipal tiennent à remercier chaleureusement toutes les personnes qui se sont mobilisées, dès les premiers instants du drame. Policiers, bénévoles de la protection civile, psychologues, partenaires institutionnels, associatifs, prestataires de la Ville et particulièrement les agents municipaux… chacun à son niveau a tenté de faire face à cette situation inédite, en accompagnant, orientant, soutenant au mieux les victimes et leurs proches, mais aussi les très nombreux Stéphanais touchés au cœur. En quelques jours, des milliers de personnes à travers le monde ont exprimé avec beaucoup d’humanité, de fraternité et de dignité leur soutien aux victimes et à la commune. Ces témoignages ont constitué un profond réconfort.

le stéphanais | spécial 26 juillet 2016

Remerciements chaleureux

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Vivre ensemble

Ensemble, tout simplement

Donner chair au vivre ensemble, c’est offrir à chaque Stéphanais, quelle que soit son origine ou sa situation personnelle, la possibilité de grandir, de s’épanouir et de vivre dans sa ville en harmonie avec les autres. Au quotidien – et de longue date – de nombreuses initiatives associatives, personnelles, municipales contribuent à donner vie à cet impératif. Demain encore plus qu’hier, chacun aura la responsabilité de poursuivre cet engagement fort, pour que décidément Stéphanaises et Stéphanais continuent à… vivre ensemble. Joëlle C.

JULIEN LAUPRÊTRE

président du Secours populaire français « Le Secours populaire français et son mouvement enfants « Copain du monde » appellent à décupler encore leurs activités pour apprendre aux hommes, aux femmes et aux enfants les sentiments d’amitié et non de haine, de vivre ensemble, en faisant reculer par la solidarité les idées nauséabondes du racisme, de l’antisémitisme et de la xénophobie. »

MARIE-ESTELLE G. « J’aimerais tant que nous sortions tous, croyants et non croyants, de la tristesse et de l’effroi pour unir nos voix et agir ensemble contre ce nouveau fascisme. »

GUY CASTELAIN

Club gymnique stéphanais

Maylis de B.

«… La nouvelle saison sportive permettra de lier des liens encore plus forts entre toutes les communautés que nous accueillons au sein de notre association et nous ferons tout le nécessaire pour cela. »

« Monsieur le maire, (…) tenez bon, le mal, la folie et l’absurdité ne vaincront jamais. Seuls l’amour et la fraternité permettront toujours le vivre ensemble. » ADRIEN ET NADINE L. « Notre modèle de cohésion sociale et de vivre ensemble est devenu une cible. Ne baissons pas les bras. Nous devons continuer. » 6

PHILIPPE F. « Puissiez-vous conserver la foi dans votre engagement collectif et retrouver le désir d’avancer ensemble ; c’est le meilleur hommage à rendre aux victimes. »

« Union de pensées avec Saint-Étienne-duRouvray, ville amie si proche et si cruellement éprouvée par cet attentat des plus vil et lâche. Il n’est pas de Cité qui soit plus sociale, accueillante et tournée vers sa population dans toute sa diversité mosaïque. Soyons tous solidaires, droits, fiers et forts face à l’obscurantisme assassin d’innocents. »

SOPHIE M. « Ancienne habitante de Saint-Étiennedu-Rouvray, je suis très touchée par ce qui vient de se passer. Cette ville a toujours été pour moi un exemple du bien vivre ensemble dans le respect des uns et des autres, chacun pouvant y trouver sa place sans jugement. C’est une force précieuse qui pourra permettre de se relever d’un tel drame. Surtout ne changez rien ! »

FRANÇOISE D. S. « Courage à tous ! Mes pensées sont continuellement tournées vers vous… Mais aussi sur le devenir du monde… Que se passe-t-il ? Est-ce si compliqué de vivre simplement les uns avec les autres sans se poser des questions de couleur, de croyance, ou de je ne sais quoi encore ? »

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Directeur de la publication : J érôme Gosselin. Directrice de l’information et de la communication :Sandrine Gossent. R  éalisation : service municipal d’information et de communication. Tél. : 02 32 95 83 83 - [email protected] / CS 80458 - 76 806 Saint-Étienne-du-Rouvray Cedex.  Conception graphique : L ’ATELIER de communication.Mise en page : Aurélie Mailly. R  édaction : Fabrice Chillet, Stéphane Nappez, Sandrine Gossent. Secrétariat de rédaction : C  éline Lapert. P  hotographes : Éric Bénard (E. B.), Marie-Hélène Labat (M.-H. L.), Jérôme Lallier (J. L.), Jean-Pierre Sageot (J-P. S.), Loïc Seron (L. S.) Distribution : Claude Allain. T irage : 15 000 exemplaires. Imprimerie : ETC 02 35 95 06 00.

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Regards de photographes Jérôme Lallier : « On se pince, on se dit que c’est pas possible. Ce sont nos élus, nos amis, c’est la stupéfaction, comment ça a pu arriver chez nous. Comment ça a pu tomber sur une ville où le vivre ensemble est la préoccupation essentielle du conseil municipal et des agents. Sur cette photo, on voit qu’il n’y a pas de cinéma. Ils viennent d’arriver. Ils sont dans leur tenue de vacances. Ils ont pratiquement été pris au pied du lit. Il faut agir, être là, remplir sa fonction. » Mardi 26 juillet, matin.

Jean-Pierre Sageot : « Parfois, dans mon métier de photographe, je suis amené à photographier la douleur des gens. Ce n’est jamais facile, mais ce jour-là, c’était aussi ma douleur que je photographiais. J’aurais pu choisir d’autres images que j’ai faites durant ces trois jours de l’attentat, mais cet homme-là, c’était aussi moi, nous partagions la même douleur. J’ai choisi d’habiter à Saint-Étienne-du-Rouvray parce que le vivre ensemble, c’est le pilier de la ville. J’espère qu’on va se relever de ça. » Mardi 26 juillet, soir.

Éric Bénard : « Je ne suis plus seulement témoin. Une profonde tristesse m’envahit mais je me ressaisis. Je veux réunir dans mon cadre le modeste portrait du père Jacques Hamel sur la grille, les multiples attentions qui lui sont dédiées et la présence de ces deux enfants. Ils ne réalisent probablement pas encore la portée des faits commis mais ils représentent assurément l’avenir. Ce petit geste fraternel me touche alors par sa simplicité et son évidence. » Jeudi 28 juillet, après-midi. 8