Une bouteille à la mer - La Cimade

La définition de ce qu'est un bon migrant, définition que ... Un bon migrant est celui sur lequel on a ... risque migratoire jugé comme périlleux pour nos sociétés ... films catastrophes par exemple. ... traite d'êtres humains à l'échelle planétaire.
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Une bouteille à la mer La brève mensuelle du groupe SolidaritéInternationales Rhône-Alpes

Avril 2014 L’ORGANISATION INTERNATIONALE POUR LES MIGRATIONS Une institution en « défaveur » des migrants ?

Les politiques migratoires des pays développés recouvrent aujourd’hui trois enjeux :  Faciliter la migration légale et de travail : la fameuse « immigration choisie » voulue par l’Europe.  Lutter contre l’immigration illégale.  Faciliter le co-développement avec les pays de migration pour couper la racine économique du mal que serait l’immigration. A l’origine de cette vision réductrice de l’immigration prise en compte uniquement du point de vue économique et sécuritaire, se trouve un petit nombre d’organismes informels et une institution l’OIM, l’Organisation Internationale des Migrations. Il s’agit d’une agence internationale basée à Genève, mais qui se situe en dehors des Nations Unie, fondée en 1951 pour aider à la réinstallation des personnes exilées de la Seconde Guerre mondiale. Sa mission est clairement économique pour contrebalancer les visées humanitaires du HCR. De plus, cet organisme est indépendant. Aujourd’hui, l’organisation compte quelques 450 représentations sur le terrain, dans 155 pays membres. Son financement est assuré à 72% par les pays développés au premier rang desquels, les Etats Unis. La mission de l’OIM est en fait de :  Réguler les phénomènes migratoires dans un sens économique profitable aux pays développés et de prévenir l’arrivée de migrants illégaux

 Fournir une expertise technique et dépolitisée aux pays du monde entier. Concrètement il s’agit de programmes de formation pour les douaniers, en particulier des pays du Sud, de manière à ce qu’ils contrôlent mieux leurs frontières et filtrent mieux les migrants. Cette formation des douaniers à l’international permet de définir et de mettre en œuvre partout, de manière informelle, un droit de migrer, selon un mécanisme de sélection et d’expulsion. Cela implique :  La définition de ce qu’est un bon migrant, définition que fournit l’OIM, selon les critères des pays du Nord. Un bon migrant est celui sur lequel on a des informations, qui a des papiers, qui a une qualification ou un métier, qui est de préférence jeune, en bonne santé et sans famille à charge et de plus qui de n'a que peu ou pas d’engagement politique ou religieux. Il s’agit d’un agent économique idéal pour le système économique du Nord.  La participation à la fourniture d’outils de contrôle des migrants aux frontières. Un autre axe de son action est l’application du « système avancé d’information sur les migrations » via ses bureaux. Il s’agit ni plus ni moins d’un système d’alerte mondial sur les migrations, souvent en direction des pays du Nord, pour tirer la sonnette d'alarme en cas d'un risque migratoire jugé comme périlleux pour nos sociétés (invasion des barbares). La gestion des flux est donc une composante essentielle de l’action de l’OIM qui prône une migration circulaire. C'est-à-dire traiter les migrants comme une main d’œuvre corvéable qui

doit s’ajuster aux besoins économiques : viens, travaille et rentre dans ton pays. Ainsi à travers des actions de retour volontaires ou dits volontaires l’OIM déplace les populations. Elle essaie même de convaincre parfois les migrants ayant obtenus un titre de séjour, de rentrer. Le « retour » est devenu son leitmotiv. Pour agir sans susciter de résistances, l’OIM soigne son image. Son slogan est « pour le bénéfice de tous » et elle prône un partenariat où tout le monde serait gagnant, les pays de départ, les pays d’arrivée et les migrants eux-mêmes. Or ce sont surtout les pays développés qui ont voix au chapitre, les ONG n’ont qu’un statut limité d’observateur sans pouvoir et les principaux absents sont les concernés eux-mêmes : les migrants qui ne possèdent aucune représentation. Son soutien aux migrants passe par de curieuses campagnes de découragement de la migration auprès des populations du Sud via la projection de films catastrophes par exemple. Elle prône ainsi une « politique de l’immobilité » pour le moins discutable et contraire à la Déclaration universelle des Droits de l'Homme de 1948. On peut aussi remarquer que l’OIM n’a jamais protesté contre le sort réservé aux migrants dans les pays du Nord (apartheid administratif, placement en rétention…). Elle n'hésite pas à apporter même un soutien effectif aux politiques répressives menées par les pays du Nord.

Pour résumer, l’OIM aide à la définition et à la mise en œuvre des politiques migratoires restrictives et sélectives de l’Occident dans le monde. Elle prône une migration économique circulaire et travaille à faire des frontières un véritable filtre entre bons et mauvais migrants. Pour nous la vigilance s'impose d'autant plus que son action se fait hors de tout contrôle démocratique et en l’absence d’évaluation des politiques mises en œuvre. Pour l’association No border, il s’agit de la plus grande organisation de traite d’êtres humains à l’échelle planétaire.

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