Revue du Conseil économique et social de Wallonie - CESW

19 janv. 2015 - 9 > Succès pour le séminaire sur l'attractivité des sciences et des ... 24 > Le transport des produits de l'industrie extractive ..... environnement, aménagement du territoire, énergie, recherche, logement. ...... clair et vivant, il décortique ce phénomène .... Institut national d'assurances sociales pour travailleurs ...
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Wallonie

n° 124 Novembre/Décembre 2014 Bimestriel

Revue du Conseil économique et social de Wallonie Actualités Dossier du CESW 1 Rapport d’évaluation du CPS

L’invité Dossier Dominique Lafontaine (Ulg) Industrie extractive « Il faut agir sur les et transport structures et les pratiques »

Avec les interviews de Michel Calozet, Francis Tourneur, Héloïse Pacory, Carlo Di Antonio Wallonie 124 I I I I I Novembre/Décembre 2014

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L'invité : Dominique Lafontaine

Sommaire

Actualités : Rapport d'évaluation de la politique scientifique

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Dossier : Industrie extractive et transport

1 Éditorial Actualités 2 > Fêtes de Wallonie 2014 : Déclaration du CESW 5 > Dossier du CESW : Perspectives budgétaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Wallonie 6 > CPS : Rapport d’évaluation de la politique scientifique 2012-2013 9 > Succès pour le séminaire sur l’attractivité des sciences et des technologies 12 En bref 13 13 15

Les avis > Liste des avis adoptés entre le 1/09/2014 et le 15/11/2014 > Le projet de Plan Air-Climat-Energie > SBA : Rapport de l’Envoyé PME wallon

L’invité 16 > Dominique Lafontaine : « Il faut agir sur les structures et les pratiques » Dossier 20 > Industrie extractive et transport 22 > Un secteur d'activité diversifié 24 > Le transport des produits de l'industrie extractive 25 > Succès pour le séminaire du 15 octobre 26 > La CRAEC > Interviews 27 > Michel Calozet : « L'industrie extractive est essentielle pour l'avenir de la Wallonie » 29 > Francis Tourneur : « La multimodalité est historique et naturelle » 32 > Héloïse Pacory : « La multimodalité : un engagement durable pour l'avenir » 34 > Carlo Di Antonio : « Vers un transport de marchandises efificace, rapide et fiable » Zoom 36 > Un nouveau site internet pour la CRAT Livres 38 > Sélection d'ouvrages du Centre de Documentation du CESW 42 > Et dans notre bibliothèque numérique

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L’édito

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’année 2015 s’ouvre dans un contexte particulier. Aux plans politique et institutionnel, cette année va être celle de la véritable mise en œuvre de la sixième réforme de l’Etat. Les tâches qui incombent aux entités fédérées sont de taille ; les travaux menés par le CESW, depuis maintenant plus de trois ans, l’ont abondamment souligné ! A côté du transfert des compétences, d’autres axes de la politique, notamment économique, doivent retenir l’attention de tous les acteurs : la suite du Plan Marshall, une politique industrielle telle que prévue dans la DPR et préconisée par l’ensemble des interlocuteurs sociaux, notamment dans le Mémorandum que le CESW a adressé au Gouvernement (voir le numéro 122/123 de la revue Wallonie). Par ailleurs, il est évident que la situation économique est particulièrement difficile : bien que certains indicateurs peuvent laisser percevoir une amélioration et permettent aux prévisionnistes d’envisager une «reprise», les performances de la zone euro sont particulièrement «humbles»… La Belgique et la Wallonie, petites économies ouvertes, n’y échappent bien évidemment pas. Les marges de manœuvre des pouvoirs publics, en termes de politiques budgétaires, sont particulièrement réduites compte tenu des politiques d’assainissement des finances publiques qui sont mises en œuvre, à tous les niveaux de pouvoirs. Cette situation génère les tensions sociales que l’ont connaît actuellement. Dans ce cadre-là, il est clair que la concertation sociale est plus que jamais indispensable pour dégager de véritables consensus permettant un développement et un redéploiement économiques qui s’appuient sur une cohésion sociale forte. Des rencontres entre le Gouvernement wallon et les partenaires sociaux sont programmées en vue de prendre en charge des dossiers comme le Plan Marshall, le Plan d’emploi ou encore la Politique d’aide aux personnes. L’objectif est que des solutions concrètes se dégagent as soon as possible pour apporter de véritables solutions structurelles pour le bien-être de tous. Pour ce faire, le Conseil économique et social entend jouer pleinement son rôle.

Jean Pierre Dawance Secrétaire général

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Actualités

Fêtes de Wallonie 2014 Déclaration du CESW A la veille des Fêtes de Wallonie 2014, les interlocuteurs sociaux wallons, ont adopté une «Déclaration» dans laquelle ils réaffirment avec conviction leur engagement à participer aux efforts de la Wallonie dans les domaines économique, social et environnemental. Cette déclaration, dont voici le texte, s’articule autour de trois axes essentiels : la mise en œuvre de la sixième réforme de l’Etat, la politique économique et l’innovation ainsi que les politiques de l’emploi et de la formation.

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es Fêtes de Wallonie coïncident avec la rentrée politique qui, cette fois, revêt un caractère tout à fait exceptionnel. En effet, une nouvelle législature s’ouvre aux niveaux européen, fédéral et à celui des entités fédérées. Les structures législatives et exécutives, fédérale et fédérées vont devoir mettre en œuvre le transfert des compétences issu de la sixième réforme institutionnelle. L’ampleur de la tâche est considérable : au niveau de la Wallonie, le transfert signifie grosso modo un doublement de ses dépenses et, surtout, il porte sur des matières qui sont au cœur des préoccupations de la population tout entière et donc des interlocuteurs sociaux : l’emploi, la santé, les personnes âgées, les allocations familiales. Au plan budgétaire, la logique de financement des Régions renforce le principe de la responsabilisation et d’une attribution des moyens en fonction de leur capacité à créer de la richesse. Par ailleurs, la rigueur est de mise : toutes les entités doivent contribuer à l’assainissement des finances publiques, dans un cadre européen fixé. Force est de constater que l’activité économique devra être stimulée de manière significative. Cette tâche est cependant compliquée dans le cadre d’une politique budgétaire restrictive. Cela signifie qu’il faut opérer les choix les plus pertinents et les plus efficients qui assurent en même temps une cohérence de la politique menée. Plusieurs axes sont essentiels pour les interlocuteurs sociaux dans les recommandations qu’ils rappellent : la mise en œuvre de la sixième réforme de l’Etat dans toutes ses composantes, la politique économique et l’innovation ainsi que les politiques de l’emploi et de la formation.

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Rubrique

Une nouvelle législature commence dans un contexte budgétaire difficile alors que la Wallonie accueille d’importantes compétences nouvelles. Les perspectives économiques et sociales sont hésitantes. Plus que jamais, notre Région doit poursuivre et amplifier les efforts entrepris dans les domaines économique, social et environnemental. Les interlocuteurs sociaux wallons réaffirment avec conviction leur engagement en ce sens à travers leur déclaration articulée autour de trois axes essentiels : la mise en œuvre de la sixième réforme de l’Etat, la politique économique et l’innovation ainsi que les politiques de l’emploi et de la formation.

Mise en œuvre de la sixième réforme de l’Etat Les premiers temps de la législature vont être consacrés à l’accueil des compétences transférées par la sixième réforme de l’Etat. Le CESW tient à rappeler quelques principes qui doivent guider la mise en œuvre de ces transferts. Le Conseil souligne que le transfert des compétences offre l’opportunité de repenser globalement les politiques et de veiller à l’affectation judicieuse des moyens transférés, ainsi qu’à l’organisation de la prise en charge de ces compétences qui constituent des défis importants. Le CESW insiste sur la nécessaire adéquation à trouver entre les mesures existantes et les dispositifs transférés. La promotion de la simplification administrative et la lisibilité des dispositifs doivent également être recherchées.  Le CESW souligne qu’un grand nombre de matières transférées s’inscrivaient au niveau fédéral dans une logique de gestion paritaire. Il rappelle l’accord, intervenu sous la législature précédente, entre le Gouvernement wallon et les interlocuteurs sociaux, qui garantit les prérogatives de ces derniers dans le cadre du transfert. Il note, dans la Déclaration de politique régionale, que les interlocuteurs sociaux seront sollicités notamment pour l’organisation des matières santé et allocations familiales. Plus globalement, le Conseil souligne le rôle essentiel que doivent continuer à jouer la consultation et la concertation sociale dans le cadre du processus démocratique.

3Le CESW invite le nouveau Gouvernement à oser mettre en place des

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réformes profondes favorisant la cohérence des politiques wallonnes, transférées ou non.

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Actualités

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Economie et innovation

Emploi et formation

Pour les interlocuteurs sociaux, la politique économique de la Wallonie doit s’inscrire dans la continuité des Plans Marshall, tout en tenant compte du résultat des évaluations menées. Le CESW estime que le retour à une réelle croissance économique durable doit prioritairement s’appuyer sur la mise en place d’une véritable politique industrielle wallonne ainsi que sur la poursuite de soutien aux petites et moyennes entreprises. Le Conseil insiste pour que la politique industrielle wallonne soit construite autour de trois piliers : • une politique d’appui générale pour l’ensemble de l’industrie, c’est-à-dire, agir sur un ensemble de problématiques communes à chaque branche d’activités, notamment, en matière de coût de l’énergie, d’aménagement du territoire, de supports à l’innovation et à l’exportation, d’enseignement, de formation, ... ; • une politique spécifique pour certains secteurs en vue de favoriser la création de richesse et d’emplois dans les secteurs porteurs à haute valeur ajoutée ; • une politique d’appui spécifique pour les entreprises à fort potentiel, consommatrices d’inputs régionaux à haut contenu de connaissances locales.

Le CESW rappelle l’importance d’une politique d’emploi cohérente, efficace et lisible en Wallonie. Complémentairement aux politiques économiques et industrielles visant la création d’activités et la croissance des entreprises, la politique de l’emploi doit favoriser l’augmentation de l’emploi privé au sein des entreprises et de l’emploi indépendant. Le CESW rappelle également l’importance de l’emploi dans les services publics et d’utilité publique.

Le CESW insiste aussi sur l’importance de la R&D et de l’innovation et particulièrement sur les efforts à poursuivre en vue de valoriser les résultats en Wallonie, singulièrement au niveau des PME. Le CESW note avec satisfaction que le Small Business Act wallon sera poursuivi. Il insiste particulièrement sur quatre priorités à prendre en compte : la création d’entreprises, la croissance des TPE/ PME, la transmission des entreprises et la prévention des faillites.

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Pour le Conseil, il faut poursuivre et intensifier les efforts pour développer en Wallonie une véritable culture de la formation tout au long de la vie, une vision positive de la formation professionnelle ainsi que des investissements qu’elle requiert de la part des entreprises, des travailleurs salariés ou indépendants ainsi que des demandeurs d’emploi. Le CESW réaffirme son soutien au développement de la formation en alternance, cette méthode pédagogique ayant démontré son utilité et sa plus-value. Il convient d’opérationnaliser rapidement et d’optimaliser les différentes dispositions prises durant la législature 2009-2014. Pour les interlocuteurs sociaux, le rapprochement entre l’enseignement, la formation et l’emploi constitue une priorité. Dans cette perspective, le Conseil identifie plusieurs chantiers dont la mise en œuvre des bassins de vie, le renforcement du service francophone des métiers et des qualifications (SFMQ), la validation des compétences et la reconnaissance des acquis de formation.

Dossier du CESW Perspectives budgétaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Wallonie Rubrique

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a Loi spéciale, qui organise le financement des entités fédérées (LSF), a été transformée pour y intégrer les conséquences de la sixième réforme de l’État. Elle s’applique aux budgets dès 2015. Les accords de la Ste Emilie consacrent le transfert de certaines compétences de la Fédération Wallonie-Bruxelles vers la Wallonie.

► Le début de la législature 2014-2018 correspond à la mise en œuvre de la 6ème Réforme de l’État. Celle-ci inclut, pour les entités fédérées, dont les Régions en particulier, une participation significative à l’assainissement des finances publiques en 2015 et 2016.

Ces transformations sont examinées sous l’angle de leurs conséquences budgétaires pour la Fédération Wallonie-Bruxelles et pour la Wallonie. Les simulations réalisées par le CESW constituent des indications, compte tenu des informations, des projections économiques et démographiques disponibles. Elles actualisent les projections publiées en 2013.

► Pour la Fédération Wallonie-Bruxelles, le retour à l’équilibre budgétaire en 2018 est proche d’un scénario où les dépenses, pour les compétences dont l’exercice n’est pas transféré, évoluent annuellement en fonction de l’inflation + 1%.

Après un rappel des modifications introduites Loi spéciale de financement et de ses principes généraux, le CESW examine les perspectives budgétaires (recettes/dépenses) pour la Fédération Wallonie-Bruxelles et pour la Wallonie à l’horizon 2020, selon plusieurs scénarios, compte tenu de la trajectoire retenue par les gouvernements concernés. La sensibilité des résultats aux hypothèses de croissance économique et d’élasticité de l’impôt des personnes physiques est ensuite présentée pour la Wallonie. Les principales conclusions de l’analyse du CESW sont les suivantes :

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► Par contre, pour la Wallonie, le retour à l’équilibre budgétaire en 2018 nécessite des efforts complémentaires à ceux annoncés pour le budget 2015, en recettes ou en dépenses, dans les trois scénarios d’évolution de dépenses envisagés. Une croissance économique plus dynamique pour l’ensemble de la Belgique améliorerait significativement la situation budgétaire de la Région, réduisant l’ampleur des mesures à prendre. ► A plus long terme, l’importance du mécanisme de transition indique que la Wallonie doit accélérer son redéploiement économique et social si elle souhaite maintenir une évolution de ses dépenses publiques en phase avec ses besoins.

Le dossier du CESW peut être téléchargé sur le site du CESW www.cesw.be (Publications/Les dossiers du CESW)

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Actualités

Conseil de la Politique scientifique

Rapport d’évaluation de la Politique scientifique 2012-2013 Quelles sont les forces et les faiblesses du système de recherche-développement et d’innovation en Wallonie ? Quelle est l’évaluation des politiques scientifiques menées ? Quelles sont les recommandations du Conseil wallon de la Politique scientifique en termes de ressources humaines, de gouvernance des aides à la R&D, de valorisation des résultats de la recherche et de promotion de la recherche et de l’innovation dans les PME ? Autant de questions abordées dans le nouveau Rapport d’évaluation de la Politique scientifique de la Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles 2012-2013.

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armi les missions qui lui ont été confiées, le Conseil wallon de la Politique (CPS) scientifique doit «évaluer tous les deux ans la politique scientifique de la Région». Quatre rapports d’évaluation ont été établis jusqu’à présent (2006, 2008, 2010 et 2012). Afin de répondre au souci de transversalité qui a inspiré les stratégies suivies dans ce domaine au cours des dernières années, l’analyse du CPS a été élargie à la politique scientifique de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Le CPS vient de publier la cinquième édition de ce rapport, portant sur les années 2012 et 2013. Après une introduction présentant les forces et les faiblesses du système de recherche-développement et d’innovation, le rapport du CPS présente l’évaluation des politiques scientifiques et avance une série de recommandations concernant les ressources humaines, la gouvernance des aides à la R&D, la valorisation des résultats de la recherche et la promotion de la recherche et de l’innovation dans les PME. L’évaluation réalisée par le CPS se base sur une analyse du système wallon de recherche et d’innovation ainsi que sur un relevé de dépenses publiques en matière de R&D et des politiques suivies dans ce domaine au cours des deux dernières années par la Wallonie et la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Rubrique

Les constats Le système wallon de recherche-développement et d’innovation (RDI) a connu des progrès sensibles au cours des dernières années. Ainsi, la Wallonie a considérablement renforcé son investissement dans la recherche-développement qui atteint 2,46% du PIB en 2011, ce qui place notre région au-dessus de la moyenne belge et européenne. Cette évolution découle d’un effort soutenu du secteur privé mais aussi d’un engagement résolu des pouvoirs publics en faveur de la R&D. Le nombre de personnes actives dans ce domaine a augmenté, même si leur part dans l’emploi total reste encore relativement faible, par rapport à d’autres pays et régions d’Europe. Les travaux réalisés sont de qualité. En effet, la recherche wallonne, notamment la recherche fondamentale, bénéficie d’un rayonnement international qu’attestent les coopérations développées avec des équipes étrangères. La Wallonie peut par ailleurs se vanter du niveau de formation de sa population qui est un des plus hauts d’Europe et qui continue de s’élever. Les pratiques des entreprises en matière d’innovation se transforment peu à peu : une place plus grande est réservée à l’innovation ouverte, du fait de collaborations accrues au sein même du secteur productif ainsi qu’entre ce dernier et le monde scientifique. L’innovation non technologique se répand, permettant d’améliorer les processus dans les entreprises et d’augmenter leur compétitivité.

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Ces constats encourageants ne peuvent néanmoins pas faire oublier que le système wallon de recherche-développement et d’innovation présente encore des faiblesses.

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Certaines d’entre elles se manifestent depuis de nombreuses années et appellent une attention particulière : • les dépenses publiques de recherche, malgré leur progression, restent limitées en comparaison de la moyenne européenne et, en représentant 0,7% du PIB (année 2012), sont de toute façon en-deçà de l’objectif fixé par l’Union européenne qui est de porter ce taux à 1% ; • la pérennité du potentiel scientifique risque d’être compromise par un manque de diplômés en sciences et en sciences appliquées ; • les retombées économiques de la recherche sont encore restreintes, malgré le soutien apporté à aux activités de valorisation des résultats par les pouvoirs publics et les efforts accomplis dans ce domaine par divers opérateurs ; • la recherche industrielle wallonne est fortement dépendante des stratégies de quelques très grandes entreprises des secteurs High Tech qui réalisent la majeure partie des activités de R&D privées. La part des PME dans les activités de recherche, en particulier celles qui relèvent de secteurs traditionnels, est restreinte et largement inférieure au poids de cette catégorie d’entreprises dans le tissu économique. De même, le taux d’innovation est plus faible au sein des entreprises petites et moyennes. Des instruments nombreux et variés, mobilisant des moyens financiers importants, ont été mis en place par la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Wallonie pour favoriser l’essor de la recherche wallonne et encourager le déploiement d’activités innovantes. Les acteurs wallons de la recherche et de l’innovation bénéficient donc d’un dispositif d’aides riche et diversifié, appréhendant les différents volets du processus de recherche et d’innovation.

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Actualités

Dans l’état actuel des connaissances, il est difficile d’établir un lien clair entre les politiques publiques, d’une part, et les forces et faiblesses de la recherche et de l’innovation wallonnes, d’autre part. La Wallonie a accompli de réels efforts en matière d’évaluation des mécanismes d’aide visant ces matières au cours des dernières années. Mais ces exercices présentent plusieurs lacunes liées à la méthodologie utilisée et à leur caractère ponctuel. Aussi, l’une des premières recommandations du CPS est de réaliser une évaluation systémique du dispositif de soutien à la RDI, permettant d’avoir une vue complète de sa cohérence interne et externe et de mesurer son impact sur les performances wallonnes dans ces domaines.

Recommandations Dans ce contexte, la démarche du CPS a consisté à se positionner sur le principe des mesures existantes en identifiant celles qui sont susceptibles de consolider les points forts et d’atténuer les points faibles.

Le Rapport d’évaluation du CPS est disponible gratuitement et sur simple demande auprès du Service Communication du CESW : [email protected] tél : 04/232.98.24 Il peut également être téléchargé via le site internet www.cesw.be

Cette analyse a débouché sur diverses recommandations visant à : • augmenter l’efficience des aides publiques, grâce à une amélioration de la cohérence et de la gouvernance des appels à projets ; • tirer le meilleur parti possible des possibilités de financement offertes par les programmes européens, afin de pallier l’insuffisance de moyens propres liée au contexte budgétaire actuel et même si l’objectif de porter les dépenses publiques de recherche à 1% du PIB devra être réalisé à terme; • inciter plus de jeunes à entreprendre des études en sciences ou en sciences appliquées, à travers la mise en place d’une stratégie intégrée, regroupant l’ensemble des acteurs concernés ; • augmenter l’attractivité du métier de chercheur, par le biais d’une mise en œuvre complète de la charte européenne du chercheur ; • garantir le maintien d’une recherche fondamentale d’excellence en adaptant le financement des universités et des hautes écoles au nombre croissant d’étudiants ; • stimuler la recherche et l’innovation dans les PME, notamment en clarifiant les aides qui leur sont destinées, surtout celles qui portent sur l’innovation, technologique et non technologique ; • repérer précisément les freins qui empêchent les mesures de soutien à la valorisation des résultats de la recherche de sortir pleinement leurs effets ; • renforcer les dispositifs de veille pour identifier les domaines de recherche les plus porteurs.

www.cesw.be

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Succès pour le séminaire sur l’attractivité des sciences et des technologies Le 5 novembre dernier, le Conseil de la Politique scientifique organisait, en collaboration avec le CESW, un séminaire sur le thème «Sciences et technologies : une attractivité à renforcer». Plus de 120 personnes ont participé à ce séminaire, qui s’inscrivait dans le prolongement d’un rapport publié par le CPS sur l’attractivité des études et des métiers scientifiques (1). Plusieurs axes sont explorés dans ce rapport : les méthodes d’enseignement des sciences dans le secondaire, la question du genre, la représentation des métiers, les liens entre le secondaire et le supérieur. Le séminaire a été organisé afin de prolonger la réflexion et de débattre des pistes d’actions avancées. La matinée avait pour objectifs de présenter le rapport du CPS ainsi que les actions développées aux Pays-Bas dans le cadre de la plate-forme nationale «science et technologie». L’après-midi a été organisé en ateliers de travail afin de débattre avec les acteurs de terrain. L’article qui suit propose la synthèse de ces ateliers. Une conclusion transversale émerge de l'ensemble de la journée : il faut plus de dialogue entre les différents acteurs ainsi que d'avantage de coordinations et de synergies !

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Voir également le dossier du n°121 de la revue Wallonie.

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Actualités

ATELIER 1

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L’importance de développer l’esprit scientifique chez les jeunes a été soulignée car sans esprit scientifique, il n’y aura pas d’attraction vers ces métiers. L’amélioration de l’enseignement des sciences est un élément indispensable pour y parvenir.

La nécessité de parvenir à mettre réellement en place une pédagogie plus axée sur l’investigation a été soulignée en y intégrant les technologies notamment afin de mieux faire connaître les impacts des sciences et des technologies sur la société et sur la vie de tous les jours.

Mieux informer sur les métiers

Il est apparu qu’il existe un foisonnement d’initiatives en Fédération Wallonie-Bruxelles mises en œuvre par différents acteurs (pouvoirs publics, universités et hautes écoles, fédérations d’entreprises, secteur non marchand), ce qui entraîne une utilisation non-optimale de certaines d’entre elles. Il y a donc un besoin certain de coordonner ces actions ainsi que les différents acteurs qui les développent. Cette coordination doit avoir plusieurs objectifs : instaurer une programmation temporelle (parvenir à définir un calendrier annuel), une programmation pédagogique, toucher l’ensemble des âges, concerner tous les domaines… La notion de «parcours», accompagnant le jeune tout au long de sa scolarité, se substituerait aux mesures «one shot», dont les effets s’estompent généralement avec le temps. Plusieurs instances pouvant initier cette démarche ont été citées, notamment les bassins de vie ou les pôles académiques. Plus qu’une sensibilisation, il s’agit de développer des actions qui permettent aux jeunes de s’orienter et de poser des choix. Le rôle clé de l’enseignant a été réaffirmé. Les initiatives développées en matière de sensibilisation aux sciences et aux métiers scientifiques et techniques doivent impérativement s’articuler sur les programmes d’enseignement et appuyer ceux-ci. Elles doivent donc conduire à la mise au point d’outils pouvant être appropriés par les enseignants. Les possibilités offertes par les nouveaux médias doivent aussi être explorées.

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Repenser l’enseignement des sciences

Toutefois certaines contraintes ont été mises en évidence : • Au niveau des infrastructures : une piste évoquée est de rechercher une mutualisation des équipements existants : création de pôles entre écoles, ouverture des Centres de technologie avancée (CTA) à l’enseignement général, partage de matériel présent dans les entreprises, les universités, les hautes écoles. • Au niveau des expertises des professeurs : des synergies sont nécessaires entre les différentes filières d’enseignement (notamment avec le qualifiant pour ce qui est de l’intégration de la dimension technologique), entre les disciplines mais aussi avec l’enseignement supérieur. • Au niveau des directions d’écoles : nécessité de sensibiliser les directeurs d’établissements aux spécificités de l’enseignement des sciences afin qu’ils en tiennent compte dans l’organisation de leur établissement et dans leurs choix budgétaires.

Rubrique

ATELIER 3

ATELIER 4

On observe que le remplacement des termes «ingénieur agronome» et «ingénieur chimiste» par «bioingénieur» a été suivi d’une augmentation du nombre de filles dans cette filière. Il convient donc d’être attentif à la désignation des études, qui semble influencer l’image de celles-ci auprès des jeunes. Un tel changement risque cependant de ne pas suffire à inverser la tendance. Le contenu des études mériterait repensé, dans l’optique d’une définition moins cloisonnée des sciences.

Les discussions dans cet atelier ont montré que le dialogue entre l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur était rompu. Chacun réfléchissant et adaptant l’enseignement à son niveau sans connaître la réalité, les défis et les attentes de l’autre.

Actions filles

Faciliter la transition entre l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur

Si de nombreux contacts informels et des initiatives ponctuelles existent, il est urgent de rétablir des contacts formels entre ces deux niveaux d’enseignement et de définir une instance qui pourra organiser ce dialogue.

S’il ne faut pas cacher les difficultés inhérentes aux études scientifiques, il convient de présenter les choses sous un angle plus positif en insistant sur le fait que ces études sont exigeantes mais passionnantes. Plusieurs expériences étrangères montrent que les témoignages de femmes exerçant un métier scientifique ou technique sont de nature à convaincre les jeunes filles qu’il est possible de s’engager dans ce type de carrière tout en s’épanouissant à la fois sur le plan professionnel et privé. Cette piste doit donc être favorisée. Les enseignants ont un rôle de tout premier plan à jouer dans le choix d’orientation des filles, en leur faisant prendre conscience de leurs capacités. Leur formation doit les aider à détecter les aptitudes de leurs élèves, filles et garçons, et à les mettre en valeur. Des contacts avec des entreprises permettraient également aux enseignants d’informer les jeunes, et notamment les filles, sur les carrières offertes aux diplômés en sciences et en sciences appliquées. Les parents doivent également faire preuve de vigilance et lutter contre les stéréotypes souvent inconscients qui les amènent à adopter des attitudes différenciées envers leurs fils et leurs filles, lorsqu’il s’agit d’envisager leur avenir. Il n’est pas toujours facile pour les femmes diplômées en sciences de se faire reconnaître dans des entreprises. On peut supposer néanmoins que ces difficultés s’aplaniront à mesure que les femmes occuperont des postes à responsabilité. Il convient toutefois de ne pas généraliser, certaines entreprises souhaitent engager des femmes car ces dernières ont des qualités complémentaires à celles des hommes. Cet aspect devrait être davantage connu de façon à ce que les filles soient rassurées quant à leurs possibilités d’emploi.

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En bref

19/01/2015 Les Vœux du Conseil Depuis plusieurs années, le CESW organise une séance de présentation des Voeux. Cet événement est l’occasion de faire le bilan de l’année écoulée et de dresser les perspectives pour l’année à venir. Lors de cette séance, une conférence, dont le thème est lié à l’actualité économique et sociale, est donnée. Cette année, cette conférence inaugurale sera donnée par Monsieur Bruno Colmant, Membre de l’Academie Royale de Belgique. Depuis 2008, les crises se succèdent à un rythme effréné : après le choc bancaire, la zone euro a dû faire face au défaut grec avant de tomber dans la récession et la déflation. L'Europe du Sud succombe sous la rigueur et l'austérité tandis que le Nord européen s'immerge dans la déflation. Un risque de stagnation «à la japonaise» se précise. Les bonnes réponses politiques et monétaires furent-elles données ? Que faut-il désormais mettre en œuvre, afin d'assurer la relance dans la justice sociale. ? Autant de questions qui seront abordées par Monsieur Bruno Colmant lors de son intervention intitulée «Quels chocs pour sortir de la crise ?». La séance des Vœux du CESW aura lieu le lundi 19 janvier 2015, à partir de 18h, au Vertbois. Nous reviendrons bien entendu sur cet événement dans le prochain numéro de la revue Wallonie.

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Les photos de cet événement ainsi que les présentations Powerpoint sont disponibles sur le site www.cesw.be (rubrique « Evénements »).

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Dominique Lafontaine, L'Invitée, p. 16

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Beau succès pour le séminaire organisé par le CRISP et le CESW, le vendredi 14 novembre, sur la question importante : « Qui fait l’économie en Wallonie ? ». Plus de 300 personnes (dont près de 100 étudiants de la haute école Helmo) ont participé à cet après-midi d'échanges, lors duquel les travaux du CESW ont été présentés ainsi que le nouveau site internet www.actionnariatwallon.be.

Décréter ne suffit pas : il faut changer la culture et, pour ce faire, il faut changer les pratiques d’enseignement et les mentalités

Avis Rubrique

Les avis sur www.cesw.be

Le Conseil économique et social de Wallonie rend ses avis soit à la demande du Gouvernement wallon, soit d’initiative. Concrètement, patrons et syndicats analysent, au sein du Conseil, les projets mis sur la table. Quels sont les points positifs d’un projet ? Que faudrait-il améliorer ?… Les positions des uns et des autres sont avancées, débattues et synthétisées dans un «avis» du CESW. Les thématiques abordées sont nombreuses : emploi, formation, économie, budget, action sociale, égalité des chances, transports, environnement, aménagement du territoire, énergie, recherche, logement. La rubrique qui suit propose les synthèses des avis rendus sur deux dossiers : le projet de Plan Air-ClimatEnergie et le rapport de l’Envoyé PME wallon.



Les avis entre le

01/09/2014 et le 15/11/2014

Economie • Avis d'initiative relatif au rapport de l’Envoyé PME wallon Avis A.1200 – 20/10/2014

Le projet de Plan Air Climat Energie Fin septembre, le CESW a rendu son avis sur le projet de plan Air Climat Energie dans le cadre de l’enquête publique organisée par l’AWAC. Le Conseil y rappelle l’urgence de disposer d’un plan Air Climat Energie opérationnel en Wallonie. Voici la synthèse de l’avis rendu.

Le projet de plan s’inscrit dans le cadre du Décret «Climat» du 20 février 2014 et propose un catalogue de mesures qui visent à répondre à trois objectifs : l’atténuation du changement climatique, l’adaptation au changement climatique et l’amélioration de la qualité de l’air. Il présente différents éléments qui visent à caractériser d’une part la situation actuelle, avec le bilan énergétique de la Wallonie, l’évolution des émissions de GES en Wallonie et l’évolution des

Emploi-Formation • Avis sur l’avant-projet d’arrêté du gouvernement wallon modifiant l’arrêté royal du 9 juin 1999 portant exécution de la loi du 30 avril 1999 relative à l’occupation de travailleurs étrangers Avis A.1197 – 22/09/2014

Energie - Environnement • Avis relatif au projet de Plan Air Climat Energie Avis A.1198 – 22/09/2014

Politique générale • Avis relatif à l’avant-projet d’arrêté relatif à la création d’un Comité interministériel wallon pour la distribution (CIWD) Avis A.1199 – 22/09/2014

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Pour chacune de ces thématiques, les impacts possibles sont expliqués et des actions nouvelles et existantes sont présentées. Le volet international est également abordé avec des mesures visant à renforcer les collaborations au niveau scientifique, à encourager les échanges de bonnes pratiques et à développer le financement international. Le chapitre traitant la qualité de l’air se fonde sur la réglementation en vigueur actuellement et vise principalement les polluants suivants : les oxydes d’azote, les composés organiques volatiles, les particules, l’ammoniac et le cadmium. Des mesures sectorielles dans l’industrie, le résidentiel, le tertiaire, les transports et l’agriculture visant à réduire les émissions de ces polluants sont proposées.

Nécessaire et urgent !

émissions des polluants atmosphériques entre 1990 et 2010 et, d’autre part, les perspectives d’émissions de GES à l’horizon 2020, grâce à un scénario tendanciel construit à cette fin. Les secteurs abordés dans le chapitre consacré à l’atténuation du changement climatique sont le secteur de l’énergie, le secteur de l’industrie, le secteur résidentiel, le secteur tertiaire, le secteur des transports, les secteurs agricoles et forestiers, le secteur du traitement des déchets et le secteur des gaz fluorés. Ce chapitre reprend les objectifs sectoriels, les priorités sectorielles, les potentiels mobilisables et des propositions de mesures existantes et nouvelles à mettre en œuvre.

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Le chapitre relatif à l’adaptation au changement climatique met l’accent sur la nécessité de renforcer la base de connaissances et aborde quatre domaines qui seront impactés par le changement climatique : l’écosystème agricole, l’écosystème forestier, la biodiversité et l’espace urbain. Ce chapitre traite également de thèmes transversaux comme l’eau, la santé et le tourisme.

Dans son avis, le Conseil tient à rappeler la nécessité et l’urgence de disposer d’un véritable Plan Air Climat Energie d’une part, en raison des engagements internationaux pris par la Belgique et, d’autre part, de l’importance pour les Régions de parvenir à réduire les émissions de gaz à effet de serre, notamment dans le cadre de la loi de financement liée à la 6ème réforme de l’Etat. Le délai pour respecter les échéances de l’horizon 2020 se resserre et demande la mise en œuvre rapide d’une politique climatique efficace. Le Conseil relève ensuite que le projet de Plan est explicitement présenté comme un catalogue de mesures parmi lesquelles le Gouvernement devra choisir en fonction de ses priorités, des disponibilités budgétaires et du futur accord sur le «burden sharing». Il convient d’insister sur cet élément afin d’éviter toute ambiguïté qui pourrait amener à penser que l’ensemble des mesures proposées seront mises en œuvre. Par ailleurs, afin d’améliorer la lisibilité du document, le Conseil estime qu’il devrait être restructuré en secteurs en faisant ressortir les liens entre priorités et mesures de façon à assurer une cohérence et une correspondance systématique entre elles. Toutefois, le Conseil estime que le projet de plan comme les documents qui l’accompagnent ne contiennent pas les éléments qui pourraient aider le

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Gouvernement à poser ses choix. Vu la faiblesse de ces documents, le projet de Plan permet difficilement d’établir une orientation politique claire. Le Conseil constate également que le projet comporte des mesures très diverses dont certaines sont générales et peu innovantes. Elles auraient dû être hiérarchisées en fonction de leurs impacts et assorties d’un budget ainsi que d’un calendrier de mise en œuvre. De plus, le Conseil constate que certaines mesures relèvent de compétences non régionales et s’interroge sur les possibilités pour le Gouvernement wallon de les mettre en œuvre. Pour le Conseil, les mesures à privilégier doivent tendre vers un optimum technologique et économique. Il est essentiel de rappeler que la transition vers une société bas-carbone nécessite la mise en œuvre d’un ensemble de politiques socioéconomiques visant à accompagner cette transition, notamment dans le domaine de la R&D et de la formation et ce, dans une logique de soutien à l’activité économique et à l’emploi. Par ailleurs, le Conseil rappelle que, tant le cadre européen de lutte contre les changements climatiques que les mesures proposées au niveau de la Wallonie, se focalisent sur les gaz à effet de serre émis sur le territoire lui-même et négligent les émissions provoquées par la production de biens importés. Cette approche, également adoptée dans le cadre international, présente une faiblesse importante sur le plan environnemental puisqu’elle occulte une part importante des émissions liées à la consommation effective. En conséquence, le Conseil rappelle à nouveau l’importance de défendre la conclusion d’un accord climatique à l’échelon international visant à garantir l’implication de tous les pays dans les efforts à réaliser. Avis A.1198 adopté le 22/09/2014

Rubrique Ces pistes d’amélioration sont d’autant plus nécessaires que, sur base des éléments en sa possession, le CESW estime que le SBA wallon manque encore d’intensité et d’envergure.

Le SBA wallon 2014-2019 Les pistes d’amélioration et d’évolution proposées dans le tome 1 du rapport de l’Envoyé PME recueillent, pour la plupart, l’assentiment des partenaires sociaux. Pour ces derniers, le SBA wallon 2014-2019 doit avant toute chose mettre l’accent sur les aspects suivants abordés dans le rapport :

SBA : le Rapport de l’envoyé PME Comme chaque année, le CESW a remis un avis d’initiative sur la dernière version du rapport annuel relatif à la mise en œuvre des dix axes du Small Business Act wallon, réalisé par l’Envoyé PME. La synthèse de l’avis rendu est proposée dans l’article qui suit.

La poursuite du SBA wallon S’inspirant des mesures développées dans le SBA présenté par la Commission européenne le 25 juin 2008, les interlocuteurs sociaux du CESW demandaient au Gouvernement wallon dans leur Mémorandum 2009-2014 que la thématique du soutien aux PME à travers un SBA wallon constitue une véritable priorité de législature. Le message du Conseil fut entendu, puisqu’en 2011, pionnière en ce domaine, la Wallonie a lancé une déclinaison régionale du SBA européen en mettant l’accent sur les thèmes jugés les

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plus critiques par les partenaires sociaux économiques consultés, à savoir le soutien à l’entrepreneuriat, l’accès au financement, la promotion des démarches d’innovation et une internationalisation croissante touchant davantage de PME. Dans ce contexte, le CESW est donc particulièrement heureux de constater qu’au travers de la Déclaration de Politique Régionale 2014-2019, le Gouvernement wallon fasse de la poursuite et de l’accélération de la mise en œuvre, sans délai, de l’ensemble des recommandations contenues dans le SBA de l’Union européenne, une priorité.

Le rapport de l’Envoyé PME Le CESW souligne une fois encore la grande qualité du rapport réalisé par l’Envoyé PME. Le tome 1 a particulièrement retenu son attention dans la mesure où, sur base des acquis des années précédentes, cette partie du rapport propose des pistes d’amélioration et d’évolution du dispositif.

• les mesures du SBA doivent être portées par l’ensemble du Gouvernement wallon avec le Ministre de l’Economie comme chef de file ; • des objectifs prioritaires de court et de long terme doivent être définis ; • le SBA doit s’articuler avec les autres plans ou programmes (fonds structurels, plan « Ensemble Simplifions », Plan Marshall 2022, pôles de compétitivité,…). • les mesures prises dans le cadre de ce programme doivent pouvoir être « étiquetées SBA » afin de faciliter l’évaluation globale du dispositif ; • les rencontres avec le Parlement des PME doivent être poursuivies sous une forme quelque peu modifiée permettant d’établir un baromètre des besoins objectivés des PME ; • le « test PME », mentionné dans la DPR, doit être rapidement mis sur pied en tant qu’outil de screening permettant à l’Administration de mettre en œuvre, de façon efficace, les législations ayant un impact sur la vie des PME ; • la sensibilisation à l’esprit d’entreprendre dans le cursus obligatoire de l’enseignement mérite d’être maintenue. Ces différentes suggestions poursuivent le même objectif : améliorer la vie quotidienne des PME que ce soit en termes de simplification administrative, de marchés publics, d’innovation ou encore de qualification adéquate de la main-d’œuvre. Enfin, les interlocuteurs sociaux considèrent que les mesures déployées dans le cadre du SBA 2014-2019 doivent à présent couvrir l’ensemble des dix problématiques du SBA européen. Avis A.1200 adopté le 20/10/2014

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L’invité

Dominique Lafontaine

« Il faut agir sur les structures et les pratiques » Professeure en Sciences de l’éducation à l’Université de Liège, Mme Dominique Lafontaine est une spécialiste de notre système d’enseignement, notamment à travers l’analyse des résultats des enquêtes PISA (voir encadré à la page suivante). Fin septembre, elle est intervenue dans le cadre des conférences du CESW sur le thème : « Quels enseignements tirer des enquêtes PISA pour l’amélioration de la qualité de l’enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles ? ». Dans l’interview qu’elle a accordée à la revue Wallonie, Dominique Lafontaine nous explique les principaux résultats des enquêtes PISA et les évolutions marquantes en dix ans. Elle avance également des pistes pour améliorer la qualité de l’enseignement, en soulignant l’importance d’agir simultanément sur le système et sur les pratiques d’enseignement.

Wallonie : Les résultats des enquêtes PISA sont régulièrement mis en avant, certains pointant les faibles performances des élèves de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Qu’en est-il exactement? Dominique Lafontaine : En réalité, les performances des élèves de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) se situent globalement dans la moyenne. Il faut préciser d’emblée que les enquêtes sont menées auprès des élèves de 15 ans, où qu’ils en soient dans leur scolarité. Il existe donc un fort impact du retard scolaire, qui est un phénomène prédominant en FWB. Cela étant dit, les résultats proprement dits ne sont pas si catastrophiques pour nos élèves, contrairement à ce que certains titres dans la presse laissent à penser. En mathématiques et en lecture, les résultats sont comparables à la moyenne des pays de l’OCDE ; ils sont inférieurs à la moyenne des pays de l’Union européenne ou de l’OCDE en ce qui concerne les sciences. Si la comparaison avec d’autres pays est intéressante, l’analyse de l’évolution de nos résultats dans le temps l’est davantage ! En examinant les graphiques ci-contre, on s’aperçoit que les performances des élèves de la FWB se sont améliorées au cours des dix dernières années : en mathématiques, la FWB se maintient à hauteur la moyenne de l’OCDE ; en lecture, le progrès esquissé en 2009 se confirme et en sciences, performances sont hélas et de façon

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Rubrique

PISA

Le programme PISA («Program for International Student Assessment» en anglais, et «Programme international pour le suivi des acquis des élèves» en français) est un ensemble d'études menées à l’initiative de l’OCDE visant à mesurer des performances des systèmes éducatifs des pays membres et d’un certain nombre de pays partenaires. Ces études menées sur des échantillons représentatifs d’élèves de 15 ans ont lieu tous les trois ans (la première enquête date de 2000) et évaluent trois domaines : la lecture, les mathématiques et les sciences.

Qu’évalue PISA ? • Les savoirs et compétences que devraient posséder les jeunes en lecture, mathématiques et sciences au moment où ils s’apprêtent à quitter l’enseignement obligatoire. • La population d’élèves testée = les élèves de 15 ans (où qu’ils en soient dans leur scolarité).

A quoi sert PISA ?

constante en dessous de la moyenne de l’OCDE. Bien entendu, il reste à interpréter et à comprendre ces évolutions, en se posant la question de savoir quels sont les facteurs explicatifs de ces améliorations. Prenons le cas de la lecture. Les chiffres montrent que la diminution de la proportion d’élèves aux compétences en lecture rudimentaires se poursuit au profit de l’augmentation de la proportion des élèves moyens, tandis que la proportion d’élèves forts se stabilisent. Par quoi peuvent s’expliquer ces progrès ? Quels sont les élèves concernés ? Pour ma part, je pense que la réforme du 1er degré de 2006-2007 (avec l’introduction du 1er degré différencié), la généralisation des évaluations externes (CEB) et l’ajout d’une heure de français expliquent largement cette amélioration. Wallonie : Au-delà de l’efficacité du système d’enseignement, les résultats en matière d’équité sont également importants à étudier… Dominique Lafontaine : Tout à fait. Si l’on examine les différences selon le niveau socio-économique des familles, on constate, en Fédération Wallonie-Bruxelles, une différence de 112 points entre le quart des élèves les plus favorisés et le quart des élèves les moins favorisés. C’est nettement plus que dans la plupart des autres pays de l’OCDE, la moyenne étant de 90 points.Les disparités sont importantes entre les pays, mais aussi entre les élèves de la FWB. A cela viennent s’ajouter les écarts entre les résultats des écoles les plus fortes et les plus faibles. Pour la Fédération Wallonie-Bruxelles, 181 points séparent les 25 meilleures écoles des 25 les plus faibles. En Norvège, cet écart est de 100 points (le minimum). C’est en Communauté flamande que cet écart est le plus grand, avec 209 points…

• A comparer les performances de notre système éducatif à d’autres. • A se comparer à nous-mêmes dans le temps. • A mesurer l’impact de certaines réformes.

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L'invité

Wallonie : Vous insistez sur l’intérêt d’analyser les systèmes éducatifs mis en place dans d’autres pays. Pour quelles raisons ? Dominique Lafontaine : Le monde est un laboratoire de pédagogies ! Même si tout n’est pas transposable, l’expérience d’autres systèmes éducatifs est instructive. En reliant les performances aux tests PISA à des informations de contexte, on peut tenter de répondre à la question de savoir ce qui fait qu’un système est plus efficace et/ou plus équitable. Et s’en inspirer pour améliorer notre système. Prenons la question du redoublement. Dans 18 pays sur 34 de l’OCDE, moins de 10% d’élèves de 15 ans ont connu au moins une fois le redoublement. En Fédération Wallonie-Bruxelles, nous en sommes à 46,6% ! Le coût du redoublement représente 11% du budget de l’enseignement ordinaire. Or, les résultats des analyses PISA nous permettent de voir les effets, en termes d’efficacité et d’équité, du redoublement et des filières. Dans les pays avec filières, orientations précoces et redoublement (et c’est le cas de la Fédération WallonieBruxelles), on s’aperçoit que les performances moyennes dans PISA sont un peu moins élevées, que les écarts entre les élèves les plus et les moins favorisés socialement sont nettement plus importants et enfin, que les écarts entre les élèves les plus et les moins performants sont également plus importants. Wallonie : Que faire pour enseignement ?

améliorer la qualité de notre

Dominique Lafontaine : La première piste à envisager est très certainement l’instauration d’un tronc commun jusque 15 ans, avec une visée commune et des attentes élevées pour tous les élèves. L’exemple de la Pologne, qui a décidé d’adopter (entre 2000 et 2003) un tronc commun au moins jusque’à 15 ans, est très intéressant. Les performances en lecture en Pologne sont passées, entre 2000 et 2012, de 479 à 518 points. D’autres enseignements peuvent être tirés de l’expérience polonaise : amélioration de l’équité, augmentation du niveau moyen des élèves, … Bien entendu, pour que le tronc commun soit une réussite, plusieurs conditions doivent être remplies : ainsi, il faut en finir avec l’orientation par l’échec ou la relégation. Pour cela, l’ouverture à d’autres compétences sociales, civiques, techniques et professionnelles (valables pour tous) doit être assurée. En Finlande, par exemple, la couture et la cuisine sont obligatoires pour les garçons tandis que la menuiserie, l’électricité et la mécanique sont obligatoires pour les filles. Selon moi, il serait préférable que ce tronc commun soit organisé dans des établissements distincts pour rompre avec l’histoire inscrite dans les murs de l’établissement. Wallonie : Vous insistez également sur l’importance de la formation initiale des enseignants…

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Dominique Lafontaine : L’amélioration de la qualité de l’enseignement ne pourra pas se faire sans une réforme de la formation initiale des

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enseignants. Ceux-ci sont d’ailleurs en demande, plusieurs enquêtes le montrent. Ainsi, 70% des enseignants de 4ème primaire disent ne pas savoir comment remédier aux difficultés en lecture et 40% se sentent mal formés en lecture. Il est important que les enseignants soient « équipés » pour faire face aux élèves en difficulté. Mais décréter ne suffit pas : il faut changer la culture et, pour ce faire, il faut changer les pratiques d’enseignement et les mentalités. Pour y arriver, il me paraît nécessaire de fixer objectifs précis et de définir, de manière programmatique, le soutien et les moyens pour y parvenir. Par exemple, un objectif pourrait être de fixer un taux de redoublement en dessous de 5% à l’issue de l’enseignement primaire à l’horizon 2020. Un autre serait de limiter le pourcentage d’élèves en dessous du niveau 2 dans PISA autour de 15% en 2018. Wallonie : Lors de votre conférence, vous avez déclaré qu’il faut «oser toucher aux tabous». Pourriez-vous nous expliquer cela? Dominique Lafontaine : Je pense effectivement qu’il faut oser toucher à certains tabous, comme les taux d’encadrement. Il faut également s’interroger sur les priorités définies dans les politiques mises en place. La Fédération Wallonie-Bruxelles «privilégie» de facto l’enseignement secondaire, sans que cela soit un choix assumé en termes de priorité. Les filières sont précoces, les réseaux et options multiples… L’enseignement technique et professionnel coûte plus cher que l’enseignement général. Or, cet enseignement «qualifie»-t-il les élèves dans le second degré ? LA FWB poursuit une politique de de l’offre éducative «à la carte» : chaque école offre un éventail le plus large possible d’options dans un contexte de vive concurrence entre établissement, vu le financement au nombre d’élèves. En termes d’efficience, cette politique est très questionnable. Il faut aller vers une rationalisation concertée de l’offre dans le cadre de bassins.

CV express > Dominique Lafontaine est professeure ordinaire à la Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Education où elle dirige le service d’Analyse des systèmes et des pratiques d’enseignement. Elle est actuellement présidente du Département Education et formation, et experte désignée auprès du Recteur A. Corhay sur les questions de transition entre l’enseignement secondaire et supérieur. Ses enseignements portent sur la pédagogie expérimentale, les processus d’enseignement, l’approche comparée des systèmes éducatifs et la construction de tests et de questionnaires. Ses travaux de recherche concernent principalement l’efficacité et l’équité des systèmes éducatifs et s’appuient sur les évaluations internationales des acquis des élèves. Elle a, dès le début des années 1990, participé à la conception ou à la mise en œuvre des évaluations externes non certificatives en Communauté française de Belgique et a été à plusieurs reprises gestionnaire nationale des enquêtes internationales IEA et PISA. Dominique Lafontaine est membre du groupe international d’experts en lecture pour PISA depuis 1999. Son service, l’aSPe est membre du consortium de centres de recherche sélectionné pour la mise en œuvre de PISA 2018.

Wallonie : En résumé, l’amélioration de la qualité de notre enseignement ne sera pas possible dans d’importants changements…. Dominique Lafontaine : Pour améliorer la qualité de l’enseignement, il est indispensable d’agir simultanément au niveau des structures et au niveau des pratiques enseignantes ! Tous les systèmes éducatifs qui se sont lancés dans un changement de structure sont passés par les mêmes débats et les mêmes questionnements. Ils ont dû basculer d’une logique de différenciation, qui gère les difficultés d’apprentissage en séparant les publics d’élèves et en les orientant sur des voies différentes vers une logique d’intégration qui implique une gestion plus directement pédagogique des difficultés d’apprentissage et de l’inévitable hétérogénéité des acquis, des rythmes et des aptitudes. La révolution pédagogique qu’appelle le changement de structure rend d’autant plus indispensables et urgents une refonte des dispositifs de formation initiale et continue et des dispositifs d’accompagnement des équipes pédagogiques. On ne peut pas laisser les enseignants seuls et en partie désarmés face à de tels changements !

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Dossier

Industrie extractive et transport

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L’industrie extractive en Wallonie représente plus de 160 entreprises actives dans l’extraction et la transformation de roches non combustibles (calcaire, roches dures, chaux, dolomie…) et plusieurs dizaines de milliers d’emplois. Le secteur est aujourd’hui confronté à une série de défis en matière de transport des produits. Quels sont ces défis ? Quelles sont les spécificités du secteur ? Quels sont les besoins en termes de diversification des modes de transports ?... Pour débattre de ces questions, la Commission Régionale d’Avis pour l’Exploitation des Carrières (voir en page 26) et le CESW ont organisé, le mercredi 15 octobre 2014, un séminaire intitulé «Le transport des produits de l’industrie extractive : spécificités, besoins et perspectives».

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Ce séminaire a rencontré un vif succès, puisque plus d’une centaine de personnes y ont participé (voir en page 25). Le dossier de ce numéro 124 de la revue Wallonie revient sur cette thématique, en proposant dans un premier article une présentation générale du secteur de l’industrie extractive : qu’est-ce qu’une carrière ? Comment les carrières sont-elles réaménagées ? Quelles sont les caractéristiques principales de ce secteur, qui a un impact socio-économique indéniable ? Autant de points abordés dans l’article en page 22. L’article en page 24 revient sur la problématique du transport des produits de

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l’industrie extractive et les besoins du secteur en termes de report modal. Plusieurs interviews viennent compléter notre dossier. Celle du Président de la CRAEC, Michel Calozet, tout d’abord, pour qui l’industrie extractive est essentielle pour l’avenir de la Wallonie (page 27). Francis Tourneur, Secrétaire général de «Pierres et Marbres de Wallonie» revient sur l’histoire du transport des pierres. A travers des exemples historiques, depuis le maître-autel de la cathédrale de Cologne aux colonnes de la Galerie des glaces du Château de Versailles, Francis Tourneur nous montre que la problématique du transport des pierres est loin d’être nouvelle (page 29).

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Héloïse Pacory est Directrice Logistique des Carrières Unies de Porphyre. Lors du colloque du 15 octobre, elle a présenté la mise en œuvre du transport multimodal au sein de son entreprise. Dans son interview en page 32, elle nous explique pourquoi la multimodalité est essentielle. Enfin, le Ministre wallon de l’Environnement, de l’Aménagement du territoire, des Transports et de la Mobilité, M. Carlo Di Antonio, a accordé une interview à la revue Wallonie. Il explique quels sont les projets du Gouvernement en matière de transport des produits de l’industrie extractive. C’est à lire en page 34.

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Dossier

Un secteur d’activité diversifié L’industrie extractive regroupe l’ensemble des activités économiques qui ont pour but d’extraire du sol des matières minérales tels que le calcaire, la dolomie, le porphyre, le grès, le gravier ainsi que le sable, l’argile, la pierre bleue, le marbre, l’ardoise… et de les transformer. Chaque type de granulat extrait possède des propriétés physiques et chimiques qui lui sont propres et qui les rendent compatibles avec des usages spécifiques. Après l’extraction, ces matières premières sont transformées afin de fournir un produit parfaitement adapté, répondant aux normes européennes, aux exigences des cahiers des charges ou encore au process industriel visé. La majorité des secteurs d’activités économiques belges et industriels sont alimentés en matières premières de qualité par l’industrie extractive. C’est le cas pour de grandes industries telles que celles du ciment, de la chaux, du verre, ou encore des tailleurs de pierres. En Wallonie, la diversité des ressources du sous-sol en minéraux industriels a contribué et contribue toujours à la richesse de la région (voir la carte ci-contre). Concrètement, les exemples d’utilisation des produits extraits des carrières sont nombreux et divers : • le calcaire est utilisé dans la fabrication du béton, du ciment, des verreries, des plastiques, du dentifrice, du lait en poudre… ; • la chaux est utilisée en sidérurgie, dans l’industrie chimique et pharmaceutique, dans la construction, en agriculture… ; • la dolomie est utilisée en sidérurgie, dans l’industrie du verre… ; • le grès et le porphyre sont utilisés dans le revêtement bitumeux des routes, pour les pistes d’aérodrome et pour les ballasts de chemin de fer ; • la pierre de taille façonnée est utilisée dans le bâtiment, en génie civil, pour les voiries et dans la restauration du patrimoine architectural ; • les sables sont utilisés pour la production du bêton, pour la fabrication du verre, du cristal et du verre optique.

Qu’est-ce qu’une carrière ?

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Toute carrière exploite un gisement de ressources minérales mais celui-ci affleure rarement en surface. Il faut donc procéder à la découverture de ce gisement pour l’atteindre et l’exploiter. Le site d’extraction se présente généralement en fosse ou à flanc de colline. La roche qui en est extraite est ensuite transformée. Elle subit des concassages et des criblages qui aboutissent à des granulats de différentes tailles. Wallonie 124 I I I I I Novembre/Décembre 2014

Une carrière comporte donc un ensemble d’équipements nécessaires à l’extraction ou à la mise en valeur de la roche, qui constituent des dépendances de la carrière. Elle comporte aussi des installations annexes également liées à l’exploitation, au bon fonctionnement, voire à des mises en valeur plus poussées (par exemple : dépôts de combustibles, centrale à béton,…). Dans un souci de gestion parcimonieuse du sol et pour autant que la structure géologique du gisement le permette, le carrier doit souvent privilégier l’approfondissement de son exploitation plutôt que son extension en surface. Cet approfondissement doit parfois se faire sous la nappe aquifère. Les eaux souterraines mais aussi d’eaux de pluviosité directe et d’eaux de ruissellement - qui constituent ensemble les « eaux d’exhaure » -, doivent dès lors être évacuées afin de permettre l’exploitation à sec de la carrière. D’un point de vue légal, le décret « Carrière » du 4 juillet 2002 précise que «les carrières sont les activités assurant l’extraction et la mise en valeur des masses de substances minérales ou fossiles renfermées dans le sein de la terre ou existant à la surface et qui ne sont pas classées comme mines».

Les particularités du secteur De toutes les activités économiques, les carrières sont de loin les plus liées au territoire. En effet, un industriel dans le secteur n’a aucune possibilité de choix quant à la localisation de son entreprise. Cette dernière s’implantera toujours sur le gisement ciblé pour en permettre l’extraction de la matière minérale et sa transformation. Autre spécificité de l’industrie extractive au contraire de toutes les autres, elle se déplace dans le paysage puisque le front d’abattage progresse en suivant les bancs exploitables et ce, jusqu’aux limites du site. Il sera alors nécessaire, lorsque la présence et l’accessibilité du gisement le justifient, d’étendre celui-ci ou de mettre en œuvre un autre site préalablement repéré par prospection. Il en découle que les entreprises du secteur ont une activité foncière importante; et qu’elles sont amenées à demander, plus fréquemment que d’autres, les autori-

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Le réaménagement d’une carrière

sations nécessaires à la poursuite de leur activité. De ce fait, le secteur carrier est particulièrement tributaire de la pertinence et de l’objectivité des plans de secteur en Wallonie. Légalement, seul un espace répertorié en zone d’extraction peut accueillir une entreprise du secteur. Les plans de secteur jouent donc un rôle important puisqu’ils permettent d’équilibrer les besoins économiques de la Wallonie tout en tenant compte des aspirations de chacun.

Un impact socio-économique indéniable Selon l’étude du Professeur E. Poty (1), l’industrie extractive en Wallonie représente 160 sites en activité dans l’extraction et la transformation de roches minérales et plus de 12.000 emplois directs et indirects. Son chiffre d’affaire avoisine le 1.200.000 euros. L’impact économique de ce secteur d’importance est largement positif tant par le nombre de personnes qu’il emplois que par son chiffre d’affaire. Son impact indirect se répartit en amont et en aval : • en amont via les investissements lourds en engins de forage, de chargement, de transport, en équipements fixes et mobiles de traitement, de fabrication, bureaux d’études,… • en aval par des besoins en transport, entretien, énergie, assurance,…

Le réaménagement n’est nullement une sorte d’opération finale qui se fait en une fois à la fin de l’exploitation. Au contraire, il commence dès le début de la découverture lorsque le site le permet. Les terres de découverture et stériles éventuels font partie des matériaux utilisés dans les aménagements paysagers et doivent donc être mis en place en fonction d’un plan défini. Le réaménagement se poursuit ensuite tout au long de l’extraction, chaque phase de celle-ci étant conditionnée par la remise en état de la phase précédemment exploitée. Les buts du réaménagement sont multiples : protéger les riverains de nuisances telles que le bruit ou la poussière, limiter l’impact visuel de la carrière en exploitation tant à longue qu’à courte distance, et enfin assurer la reconstruction paysagère et biologique du site. Les nombreuses possibilités de réaménagement des carrières permettent de combiner préservation de l’environnement et utilité sociale. On constate notamment que durant l’exploitation d’une carrière une faune et une flore s’installent spontanément. La réhabilitation des carrières en site naturel leur offre un espace supplémentaire pour se développer. Une autre possibilité est de restituer une terre fertile aux diverses vocations agricoles ou à l’élevage dans des prairies pâturées. Enfin, le réaménagement final d’une carrière peut conduire à des choix qui répondent aux besoins de la collectivité : bassins d’orage, plans d’eau dédiés aux loisirs nautiques, forêts, parcs ou espaces verts, pêche sportive… (1) « Inventaire des ressources du sous-sol et perspectives des besoins à terme des industries extractives de Wallonie »

Sources : - Revue « L’industrie extractrice et transformatrice de Belgique », FEDIEX ; - Les carrières en Wallonie, un monde à redécouvrir, SPW

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Dossier

Le transport des produits de l’industrie extractive

Comme toute activité économique, le secteur de l’industrie extractive transporte ses produits extraits et transformés vers ses clients. La problématique du transport est essentielle pour le secteur. Voici pourquoi. Une des particularités du secteur est qu’il est étroitement lié à son marché. Les produits, dont la densité de valeur est extrêmement faible, se prêtent en effet mal au transport sur de longue distance. A titre d’exemple, le prix de vente des concassés doublent après 200 kilomètres. Les sites d’exploitation et de transformation ne sont donc jamais bien loin de leurs principaux clients. Une seconde caractéristique est qu’une part importante des consommateurs des produits issus de l’industrie extractive est mobile. On pense notamment aux différents chantiers de construction et d’infrastructure. Les carriers doivent dès lors disposer d’un moyen de transport efficace et surtout flexible. De nos jours, le secteur a recours majoritairement au transport par la route (79% du tonnage extrait et transformé). Le solde se répartit pour 18% par les voies navigables et 3% par les voies ferrées. Le transport routier reste et restera probablement à l’avenir le mode le plus couramment utilisé dans le secteur tant pour sa fiabilité que pour sa souplesse. Afin de diminuer les trajets à vide et donc d’optimaliser ce mode de transport, il serait opportun de revoir la position du Parlement européen sur la problématique du «seuil des 44 tonnes». Actuellement, la France et la Belgique autorisent le transport routier pour une charge de 44 tonnes par camion sur leur territoire. Toutefois, lors d’un transport entre ces deux Etats-membres, on ne peut circuler qu’avec 40 tonnes. Ainsi, les poids lourds belges à destination de la France roulent pour 10% à vide !

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Par ailleurs, l’industrie extractive est inquiète de l’impact que pourrait avoir la future taxe kilométrique pour son secteur d’activité. Elle serait particulièrement affectée d’autant plus que les produits transportés présentent une densité de très faible valeur. Il est dès lors à craindre un effet de report de coût vers l’aval et notamment sur le prix des matériaux et sur le secteur de la construction.

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L’industrie extractive est désireuse de reporter une partie du trafic routier vers les deux autres modes de transport, tant pour des raisons de rationalisation des coûts que pour des raisons environnementales. Du fait qu’elle est intimement liée au territoire par la localisation du gisement, il n’est pas toujours possible d’opérer ce report modal. Toutefois, lorsque le report modal vers l’eau ou la voie ferrée est envisageable, le secteur est parfois confronté à certaines difficultés dans la mise en œuvre de ce report modal : • en ce qui concerne les voies navigables, il conviendrait de s’assurer de l’accès aux voies navigables, d’opérer un entretien des infrastructures notamment par le dragage des cours d’eau et dès lors du traitement des boues de dragage mais également d’assurer la bonne gestion de la flotte fluviale… ; • en ce qui concerne les voies ferrées, une difficulté majeure est que la Wallonie n’est pas compétente en la matière puisque cette compétence se situe à l’échelon fédéral. Il conviendrait d’assurer davantage d’équité entre les investissements liés au transport de personnes et ceux liés au transport des marchandises, de tendre vers une plus grande flexibilité de la part des gestionnaires d’infrastructures ferroviaires mais également de l’opérateur historique. Le colloque organisé le 15 octobre par la CRAEC et le CESW a permis aux différents acteurs en présence de débattre de ces questions.

(1) La densité de valeur permet de traduire la valeur de la production en tonnage produit.

Sources : - Revue « L’industrie extractrice et transformatrice de Belgique », FEDIEX ; - Les carrières en Wallonie, un monde à redécouvrir, SPW ; - Impacts spécifiques d’une taxe kilométrique sur le transport des produits de l’industrie extractive, UCL-CORE.

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Succès pour le séminaire du 15 octobre ! Plus de 100 personnes ont participé au séminaire sur le «Transport des produits de l’industrie extractive : spécificités, besoins et perspectives». Organisé par la Commission Régionale d’Avis pour l’Exploitation des Carrières (CRAEC) et le Conseil économique et social de Wallonie (CESW), ce mercredi 15 octobre 2014, ce séminaire-débat, animé par Jacques Bredael, a permis de nombreux échanges et réflexions sur la thématique très vaste du transport dans secteur de l'industrie extractive. Les présentations Powerpoint des orateurs sont disponibles sur le site internet du CESW :

www.cesw.be

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La CRAEC La Commission Régionale d’Avis pour l’Exploitation des Carrières regoupe tous les acteurs concernés par le secteur carrier. Elle a pour principale mission d’informer le Gouvernement wallon de tous les aspects affectant, directement ou non, l’une des activités stratégiques de la région : l’exploitation des carrières. Présentation. Commission régionale instituée par le décret sur les carrières du 27 octobre 1988, la CRAEC est une structure dont le Secrétariat est assuré par le Conseil économique et social de Wallonie. Elle a pour principales missions : - d’informer le Gouvernement wallon de tous les aspects afférents à l’exploitation dans les carrières ; - de donner un avis sur les projets de travaux d’infrastructure, en regard de l’exploitation rationnelle de matières minérales ; - de faire des propositions sur la révision éventuelle des plans de secteur ; - de donner son avis sur toutes les questions qui lui sont soumises par le Gouvernement wallon. La CRAEC est composée de 24 membres, soit 8 fonctionnaires du Service Public de Wallonie, 8 membres représentant les exploitants de l’industrie extractive et 8 membres représentant les intérêts divers dont 5 membres représentant les associations de défense de l’environnement, 2 membres représentant les intérêts des agriculteurs et 1 membre représentant l’Union des Villes et Communes belges. Ces différents acteurs, opérateurs et forces vives ayant des intérêts multiples, communs et divers dans l’activité extractive font de cette Commission une structure participative importante. Elle permet d’intégrer l’environnement et l’urbanisme au cœur même de l’exercice de cette activité. Ces dernières années, la CRAEC a remis au Ministre de l’Environnement et de l’Aménagement du Territoire pas moins d’une dizaine d’avis sur des thèmes aussi variés que globaux dont notamment :

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- l’avis sur la gestion des déchets de l’industrie extractive ; - l’avis relatif à la gestion des terres excavées ; - l’avis relatif aux critères de recevabilité des dossiers concernant l’inscription de nouvelles zones d’extraction au plan de secteur ; - l’avis d’initiative relatif à la problématique des compensations dans les dossiers de révision de plan de secteur introduits dans le cadre d’une activité d’extraction ; - l’avis d’initiative sur la diffusion des données issues des « fiches Poty » ; - l’avis d’initiative relatif aux propositions d’objectifs dans le cadre de la révision du Schéma de Développement de l’Espace Régional (SDER) ; - l’avis d’initiative relatif à l’avant-projet de décret relatif à la voirie communale ; - l’avis d’initiative relatif à la valorisation conjointe de l’eau et de la pierre dans les sites carriers ; - l’avis d’initiative relatif au cahier de recommandations à l’usage des autorités et des exploitants rédigé par Inter-Environnement Wallonie dans le cadre de la Coordination Carrières. Dernièrement, la Commission a débuté une réflexion concernant les grandes spécificités du secteur au travers d’une analyse qualitative sur différents thèmes le concernant directement : les différentes procédures administratives (révision de plan de secteur, permis unique…), l’accès et la protection du gisement, le réaménagement des sites après exploitation, la biodiversité dans les sites en activité (et non suite au réaménagement), l’extraction en zone Natura 2000 et les relations avec les riverains. De cette analyse, la CRAEC souhaite dresser les perspectives du secteur de l’industrie extractive pour les prochaines années.

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Interview

Michel Calozet « L’industrie extractive est essentielle pour l’avenir de la Wallonie»

Président de la Commission régionale d’avis pour l’Exploitation des carrières (1), Michel Calozet connaît bien le secteur de l’industrie extractive puisqu’il est depuis 2008 l’Administrateur délégué de la FEDIEX (Fédération de l’industrie extractive). Dans l’interview qu’il a accordée à la revue Wallonie, Michel Calozet nous explique pourquoi ce secteur est essentiel pour l’avenir économique de la région. Wallonie : Le secteur de l’industrie extractive est peu connu du grand public. Pourtant, les produits issus des carrières sont utilisés quotidiennement. Pourriez-vous nous donner quelques exemples d’utilisation? Michel Calozet : La liste des utilisations des produits issus de l’industrie extractive est très longue! Effectivement, le calcaire, la chaux, les sables, la dolomie, les granulats, etc., sont des composants de base de toute une série de produits et d’objets utilisés quotidiennement. Savez-vous que les aliments pour bébé contiennent de la poudre de calcaire ? En réalité, les usages des produits de l’industrie extractive sont multiples et variés. Les utilisations les plus connues sont bien entendu celles dans la construction et le génie civil mais de nombreuses industries utilisent les produits extraits de nos carrières : la sidérurgie, l’industrie du verre, la pharmacie, la chimie, l’agriculture… D’autres

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usages sont moins connus, comme les usages environnementaux (traitement des gaz et fumées ou épuration des eaux). Wallonie : Quelles sont les ressources de la Wallonie ? Michel Calozet : La pierre est l’une des richesses naturelles de notre région – comme l’eau, l’agriculture et le bois -présente en abondance ! La Wallonie dispose en effet d’un sous-sol riche en matières minérales : c’est l’un de ses atouts qu’il faut pouvoir préserver et exploiter. Actuellement, les ressources minérales identifiées couvrent une superficie estimée à 17.000 ha, soit 1% du territoire wallon. Bien évidemment, il s’agit là d’une estimation de gisements et de réserves pour les 30 années à venir. Au niveau de l’exploitation, nous sommes aujourd’hui entre 2.000 et 3.000 ha en activité d’extraction. La principale caractéristique de notre secteur d’activité est évidemment que la ressource est liée au sol et qu’elle n’est donc pas délocalisable. Wallonie : Pourriez-vous nous rappeler quelques chiffres en termes de production, de sites d’exploitation et d’emplois (2)? Michel Calozet : La Wallonie compte 160 sites en activité, dont 38 le sont de manière intermittente. En moyenne, 70 millions de tonnes sont extraites du sous-sol belge chaque année ; environ 20% de cette production sont exportés. La consommation moyenne par an et par habitant est de 6 tonnes pour les granulats, 550 kg pour le ciment et 220 kg pour la chaux. Quant l’emploi, les chiffres varient bien évidemment selon que l’on considère l’emploi direct, l’emploi indirect et les emplois induits. Pour la Wallonie, l’industrie extractive et chaufournière représente un peu plus de 2.800 emplois directs et locaux. Si l’on tient compte des emplois indirects, on en arrive au chiffre de 12.000 personnes . Au-delà de ces chiffres, il est important de souligner la diversité de l’emploi dans le secteur. La main-d’œuvre est variée : une part du personnel est hautement qualifié (ingénieurs, chercheurs,…), des métiers techniques au niveau ouvriers tels que électromécaniciens ou automaticiens mais aussi bon nombre de personnes peu qualifiées sont également employées dans les carrières. Une politique active de formation est d’ailleurs menée pour permettre à ces personnes d’évoluer. Wallonie : Malgré son impact positif sur l’économie, le secteur des carrières demeure méconnu ; il est même parfois contesté par certains…

riat avec les représentants du secteur du transport routier. L’idée est de résoudre une série de problématiques en matière de transport des produits de l’industrie extractive, grâce aux principes inscrits dans une charte de partenariat. Wallonie : Quels sont les besoins et attentes du secteur de manière générale, et pour ce qui concerne le transport en particulier ? Michel Calozet : Dans le Mémorandum de la FEDIEX, sept propositions ont été avancées pour continuer à investir dans les activités extractives et garantir l’avenir professionnel des travailleurs du secteur : stabilité fiscale, politique énergétique, stabilité législative (via le Code de développement territorial), réduction des délais d’instruction des dossiers de modification des plans de secteur, poursuite du dialogue au sein de la task-force «Carrières», protection de l’accès aux gisements des matières minérales et enfin, développement du transport par voie d’eau et par rail. Lors du colloque que la CRAEC et le CESW ont organisé le 15 octobre (3), cette problématique du transport a été largement abordée. Actuellement, les produits de l’industrie extractive sont transportés à 79% par la route, 18% par les voies navigables et 3% par le rail. Pour augmenter les exportations de nos produits (et c’est un objectif à se fixer pour assurer l’avenir du secteur), il est indispensable d’améliorer – voire de construire – des infrastructures de transports, en particulier en ce qui concerne le rail et la voie d’eau. Wallonie : Pour vous, le secteur est essentiel pour le développement économique de la Wallonie, notamment dans un processus de réindustrialisation de notre région. Pourriez-vous nous expliquer cela ? Michel Calozet : Tout à fait ! Comme je viens de le rappeler, le secteur de l’industrie extractive représente une part non négligeable de l’activité économique de notre pays, en termes de participation au PIB ou encore d’emplois. Il aussi un des acteurs essentiels pour l’avenir de la Wallonie, dans le cadre du processus de réindustralisation dont il est beaucoup question aujourd’hui. Je suis intimement convaincu cette réindustralisation ne pourra pas se faire sans une production primaire locale. A ce titre, l’industrie extractive a véritablement un rôle à jouer ! (1) Voir l’article de présentation de la CRAEC en page 26. (2) Mise à jour des données relatives à l’activité extractive en Région wallonne - Rapport final -Octobre 2010 par Capucine Bertola et Pr. E. Poty Service de

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Michel Calozet : Il est indéniable que l’exploitation d’une carrière a des conséquences sur la vie d’une commune - et de ses habitants dans laquelle elle est située. L’objectif est de permettre aux industries du secteur de s’implanter durablement dans la vie économique de la Wallonie, dans le respect des différents parties prenantes. Dans ce contexte, nous développons depuis plusieurs années une politique de partenariats avec les acteurs directement concernés par notre activité : les riverains, les administrations, les producteurs d’eau, les agriculteurs… Nous allons très prochainement conclure une convention de partenaWallonie 124 I I I I I Novembre/Décembre 2014

Paléontogie Animale et Humaine Département de Géologie – Université de Liège (3) Voir page 25.

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Interview Francis Tourneur « La multimodalité est historique et naturelle »

Docteur en géologie, Francis Tourneur est le Secrétaire général de l’asbl «Pierres et Marbres de Wallonie» (1). Lors du colloque organisé par la CRAEC et le CESW, le 15 octobre dernier, il a retracé l’histoire du transport de la pierre, des origines à nos jours. Depuis l’autel de la cathédrale de Cologne aux cheminées en marbre du château de Compiègne, en passant par les colonnes en Griotte de Rance de la Galerie des glaces du Château de Versailles, les pierres wallonnes ont traversé routes et fleuves, selon des trajets étudiés avec grand soin pour réduire au maximum les coûts de transport. La problématique du transport des pierres n’est donc pas neuve, comme nous l’explique Francis Tourneur dans son interview.

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Interview

Wallonie : La pierre est une ressource naturelle non délocalisable. Pourriez-vous nous expliquer comment l’homme s’est adapté à cette situation en retraçant les grandes étapes de l’histoire du transport de la pierre ? Francis Tourneur : La pierre est effectivement une ressource strictement non délocalisable. En outre, il s’agit d’un matériau lourd (de l’ordre de 2,7 tonnes par m3 pour la plupart des roches compactes de nos régions) et, en même temps, d’une certaine fragilité pour la majorité des produits finis (faible résistance à la flexion, cruciale pour les grands éléments). Ces caractéristiques font que pendant très longtemps, la transformation des pierres et roches a été accolée à l’extraction, pour éviter le transport de charges inutiles. Les évolutions techniques, telles que la machine à vapeur ou l’électricité, ont également influencé l’environnement des carrières : toutes les installations de débitage et de transformation se sont concentrées à proximité des zones d’extraction. Pour déplacer les pierres, les hommes ont utilisé toutes les techniques : traction animale (il fallait parfois des attelages de 20 boeufs pour transporter les pierres), bateaux, chemin de fer, voitures, camions…

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Wallonie : L’autel de la cathédrale de Cologne est un bel exemple. Comment cette pierre monumentale a-t-elle été transportée de Dinant vers Cologne ? Francis Tourneur : A vrai dire, on ne connaît pas avec précision le trajet de cette imposante pierre en marbre noir de Dinant, qui

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Interview est placée sur le maître-autel de la Cathédrale de Cologne. II s’agit d’une immense plaque de plus de 4,5 mètres sur plus de 2 mètres de large, pesant à peu près 6,5 tonnes – c’est la plus grande pierre de la cathédrale et c’est, paraît-il la plus grande dalle d’autel de toute la chrétienté ! Pour la consécration en 1322, cet énorme mégalithe, à la fois lourd et fragile, a dû être acheminé en bonne partie par voie d’eau, par Meuse puis par Rhin, mais rien que le débarquement devait représenter une aventure, car on procédait alors par échouage des embarcations… Wallonie : Pour le transport des colonnes de marbre de la Galerie des glaces du Château de Versailles, une analyse approfondie des différents trajets a été réalisée… Francis Tourneur : Tout à fait. Les nombreuses colonnes de la Galerie des glaces proviennent de Rance, dans le sud du pays. Comme nous l’indique la carte datant de 1662 (voir ci-contre), plusieurs trajets ont été examinés par Louis le Vau, l’architecte de Louis XIV, pour déterminer quel serait le trajet moins onéreux et le moins risqué : par voie terrestre, par voie fluviale ou par voie maritime. Finalement, c’est le parcours multimodal qui a été retenu, pour des impératifs économiques. Pour l’aménagement de ses appartements au château de Compiègne, la Reine-Marie Antoinette a choisi une cinquantaine de cheminées sur catalogue… L’architecte a réalisé une véritable étude de marché pour savoir où trouver les marbres les moins chers et c’est à Beaumont qu’ils ont été trouvés. Les archives nous donnent le détail du trajet emprunté par le convoi transportant ces 50 cheminées. On conserve le détail des chemins prévus, par temps sec ou par pluie, pour une caravane de six chariots, lourdement chargés, tirés par des bœufs, plus lents mais plus dociles que des chevaux, pour une livraison coûteuse et délicate ! Ici aussi, quelle organisation à prévoir… Wallonie : Quelle leçon peut-on tirer de l’histoire du transport de la pierre des origines à nos jours ? Francis Tourneur : La principale conclusion est que la multimodalité du transport de la pierre est naturelle et historique ! L’eau, le chemin de fer et la route ont toujours été les principaux modes de transport de la pierre, et le sont encore aujourd’hui. Historiquement, c’est la voie d’eau qui était privilégiée. Mais avec l’appartion des véhicules à moteur, la route a pris le pas sur l’eau. Dans la plupart des carrières, les différents modes de transports coexistent et se complètent. En réalité, les questions relatives au transport de la pierre qui se posent actuellement sont loin d’être neuves ! Les hommes ont de tout temps examiné le meilleur rapport « coût/bénéfices » en matière de transport des produits de l’industrie extractive, dans un esprit de gestion parcimonieuse de la ressource et un contexte de contrainte budgétaire. (1) www.pierresetmarbres.be

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Interview Héloïse Pacory

« La multimodalité : un engagement durable pour l'avenir » Héloïse Pacory est Directeur Logistique chez Eurovia. Lors du colloque du 15 octobre, elle a présenté les projets en matière de multimodalité menés au sein des Carrières Unies de Porphyre, situées à Lessines. Nous l’avons rencontrée pour en savoir plus sur ces projets.

Wallonie : Pourriez-vous nous présenter brièvement la société des Carrières Unies de Porphyre ? Héloïse Pacory : Les «CUP», les Carrières Unies de Porphyre, sont situées à Lessines, dans le Hainaut. La société est née en 1862 et n’a cessé d’évoluer au fil du temps, produisant des pavés jusque dans les années 1950, puis avec l’évolution des techniques, des granulats concassés utilisés essentiellement pour les travaux routiers, ferroviaires et les applications en béton. Depuis 2006, les CUP font partie du groupe français Eurovia. Près de 160 salariés travaillent dans la société qui compte trois sites d’exploitation : Lessines, Bierghes et Baileux. Cette activité génère quelque 300 emplois indirects, en particulier dans le transport, les travaux d’entretien et de réparation. La production est de l’ordre de 2,4 millions de tonnes par an. Les granulats sont acheminés par camions, trains ou barges en fonction des possibilités de chacun des sites.

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Wallonie : La problématique du transport des produits de l’industrie extractive se pose de manière très concrète pour vous. Pourriez-vous nous expliquer en quoi le projet «Lessines 2020» apporte des réponses à cette problématique ? Héloïse Pacory : Le projet «Lessines 2020» a pour objet le renouvellement des installations de carrière sur une plateforme multimodale en périphérie de la ville. Cet outil moderne et durable Wallonie 124 I I I I I Novembre/Décembre 2014

permettra de respecter au mieux l’environnement et d’améliorer la logistique. Ce projet d’envergure, mené en parfaite concertation avec l’ensemble des parties (riverains, élus, administrations…), est né d’une réflexion à long terme sur la façon de faire face à différents éléments : la durée d’exploitation de la fosse actuelle inférieure à 8 ans, les réserves de la seconde zone autorisée plus au sud d’une durée de vie estimée à plus de 100 ans, les installations de production devenues vieillissantes et très proches des habitations, les expéditions des granulats réalisées à 90% par la route. La situation actuelle est reprise sur la carte ci-contre. Dans ce contexte, il était important de mener une réflexion sur la localisation de nos installations pour un projet durable et respectueux de l’environnement. C’est ainsi que le projet de «Lessines 2020» est né et s’est concrétisé par le choix d’une plateforme multimodale en périphérie de la ville, dans une zone très peu habitée, à l’interface de trois moyens d’expédition, à savoir la voie d’eau, le train et la route, rapprochée de la future zone d’exploitation et permettant une meilleure préservation de l’environnement. Wallonie : Où en est le projet ? Héloïse Pacory : Nous avons transmis le dossier de demande de modification du plan de secteur au gouvernement wallon en octobre 2010 et nous espérons aujourd’hui la signature de l’avant-projet de cette modification d’ici peu. Plusieurs étapes seront ensuite encore nécessaires (adoption définitive de la révision du plan de

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secteur, obtention des autorisations et permis, réalisation d’une route de déviation…) et se dérouleront dans les prochaines années. L’objectif est de démarrer la nouvelle usine en 2020. Walllonie : La mutimodalité est véritablement au cœur de ce projet Lessines 2020, en encourageant notamment le transport des produits par la voie ferrée et la voie d’eau. Pourriez-vous nous expliquer quels sont les objectifs, mais aussi les avantages et difficultés de ces modes de transport ? Héloïse Pacory : La multimodalité fait véritablement partie de «l’esprit» Eurovia. Nous partons du principe que nous devons prendre l’initiative d’intégrer la multimodalité dans chacun de nos projets et prévoir des modes de transports alternatifs pour diminuer les impacts liés au transport par camions. En ce qui concerne le mode ferroviaire, nous réalisons aujourd’hui 10% des expéditions par la voie ferrée, notamment dans le cadre du programme «Lessyfer». Notre objectif est de passer à 20% de l’expédition des granulats par le train, ce qui serait possible grâce aux nouvelles infrastructures. Les avantages de ce mode de transport sont indéniables : moins de camions sur les routes, massification des flux, sécurité accrue, diminution de la pollution et des émissions de CO2. Mais cela ne va pas sans poser de difficultés : citons les interfaces entre les réseaux ferroviaires belges et français, mais aussi la nécessité de maintenir les embranchements privés pour nos clients. Nous souhaitons également développer la voie d’eau, l’objectif étant d’atteindre 10% d’expéditions fluviales au départ de Lessines via le petit gabarit. Cela permettrait là aussi de gagner en sécurité et en fiabilité, de diminuer les émissions de CO2 (celles-ci sont de 250g par camion contre 30g pour une péniche !) et aussi d’améliorer le cadre de vie des riverains. Nous sommes cependant confrontés à plusieurs difficultés, comme la pénurie de bateliers, le matériel à renouveler ou encore des contraintes techniques au niveau des écluses. Wallonie : La multimodalité est-elle réellement indispensable pour l’industrie extractive ? Héloïse Pacory : Absolument! La trimodalité est une nécessité pour la pérennité même de l’activité extractive. L’utilisation des transports alternatifs est certes un travail de longue haleine, mais il donne des résultats positifs. Cela permet notamment d’obtenir de nouveaux marchés et de diversifier les clients. Bien évidemment, cela nécessite une coordination et une collaboration entre les entreprises et les administrations, ainsi qu’une adaptation permanente aux évolutions du transport et aux réglementations. Mais je suis persuadée que tous ces efforts seront payants et que toutes les parties prenantes (entreprises, autorités politiques et administratives, riverains, …) en sortiront gagnants… Il s’agit d’un engagement durable pour l’avenir ! Wallonie 124 I I I I I Novembre/Décembre 2014

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Interview

Carlo Di Antonio « Vers un transport de marchandises efficace, rapide et fiable » Suite au colloque organisé par la CRAEC et le CESW, le Ministre wallon de l’Environnement, de l’Aménagement du territoire, des Transports et de la Mobilité, M. Carlo Di Antonio, a accordé une interview à la revue Wallonie. Il explique quels sont les projets du Gouvernement en matière de transport des marchandises, et notamment des produits de l’industrie extractive.

Wallonie : Dans la Déclaration de politique régionale, quelles sont les pistes et les mesures envisagées pour favoriser le développement des transports de marchandises, et plus spécifiquement de celles du secteur de l’industrie extractive ? Carlo Di Antonio : La volonté du Gouvernement wallon est de permettre un transport des marchandises efficace, rapide, fiable, et plus respectueux de l’environnement. Dans ce cadre, le Gouvernement souhaite encourager et optimiser la voie d’eau, en investissant dans les infrastructures, mais aussi dans la formation. Nous devrons travailler sur plusieurs axes. Tout d’abord, la mise en œuvre d’une stratégie «transport et logistique» qui sera concertée avec les acteurs concernés et les régions transfrontalières. Elle devra également être en cohérence avec le plan régional de mobilité et le Plan Marshall 2022. Ensuite, la valorisation du parc existant de plateformes multimodales. Au-delà d’une modernisation des infrastructures, il importe de les adapter. Il faut non seulement faire passer les bateaux, mais aussi leur donner la possibilité de charger et de décharger leurs marchandises dans nos ports.

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Je pense ensuite à la mobilisation d’espaces à proximité des réseaux d’infrastructures et des plateformes multimodales. Pour la voie d’eau, l’entretien des voies navigables et des ouvrages d’art. Et enfin, dans le cadre de l’intégration européenne, la mise en place de systèmes de gestion moderne de navigation pour améliorer la sécurité, la capacité, la fiabilité et le niveau de service des voies navigables.

d’une desserte marchandises de qualité, singulièrement en matière de trafic diffus et, au besoin, en favorisant les partenariats industriels et avec des opérateurs de proximité.

Wallonie : Des mesures spécifiques sont envisagées pour chaque axe de transport. Commençons par la route et deux problématiques essentielles aux yeux des représentants du secteur : l’introduction de la taxe kilométrique pour le transport de marchandises, prévue pour février 2016, tout d’abord. L’harmonisation du seuil des 44 tonnes imposé par une directive européenne – et qui n’est pas appliqué de la même manière en Belgique et en France, ensuite. Pourriez-vous nous en dire plus sur ces deux points importants ?

Carlo Di Antonio : Lors de la précédente législature déjà, lorsque j’étais en charge des Travaux publics, j’ai régulièrement été amené à me pencher sur le développement de nos zones portuaires wallonnes. Les enjeux étaient nombreux : rendre les ports accessibles, développer leur pluri-modalité et conscientiser les entreprises sur cet intérêt économique et commercial.

Carlo Di Antonio : Le projet de redevance kilométrique pour les poids lourds (plus de 3,5 tonnes) suscite une certaine inquiétude pour le secteur. Pour rappel, ce dossier relève des compétences du Ministre en charge des Finances et du Budget. L’introduction est prévue pour le 1er février 2016. Sur l’harmonisation du seuil des 44 tonnes, la concertation et la consultation du secteur sont essentielles. J’invite d’ailleurs mon collègue à être attentif. Notamment sur les adaptations de tarif selon le moment de la journée. Une telle redevance peut constituer à mon sens un outil de mobilité. Des études techniques sont toutefois indispensables car il ne faudrait pas que les investissements massifs du «Plan Routes» soient à terme rendus inutiles à cause de la dégradation accélérée des revêtements. Ceci étant dit, un projet-pilote est envisageable, avec des autorisations conditionnées : autorisation limitée dans le temps, limitée à un itinéraire par autorisation, obligation de fournir une série d’informations en cours ou en fin de période. Les Pays-Bas ont déjà ce type de bilan et en sont très satisfaits puisque le système est devenu définitif, et déjà plus de 1000 autorisations sont octroyées. Ce projet s’inscrit également dans le cadre du péage kilométrique des poids lourds et de la rude concurrence étrangère dans le milieu du transport. Wallonie : En ce qui concerne le rail, l’objectif est, dans le cadre du report modal, de développer davantage le transport des marchandises par les voies de chemin de fer. Quelles sont les pistes envisagées par le Gouvernement wallon pour cet axe, en sachant que la compétence de cette matière est du ressort du fédéral ? Carlo Di Antonio : Cette compétence ressort effectivement du Gouvernement fédéral. Cela n’empêche pas le Gouvernement wallon d’avoir pleinement conscience des enjeux en matière ferroviaire. C’est pourquoi nous nous sommes fixés comme objectif de défendre, dans le cadre de la stratégie régionale «transport et logistique», le maintien Wallonie 124 I I I I I Novembre/Décembre 2014

Wallonie: Quelles sont les perspectives pour améliorer l’accès et l’utilisation de la voie d’eau par les entreprises du secteur carrier ?

Aujourd’hui, l’un des premiers enjeux est aussi d’assurer l’entretien des voies navigables pour garantir la navigabilité sur le territoire wallon et maintenir un transport fluvial compétitif. A ce propos, le dragage est impératif. Depuis 2010, les initiatives prises par le Gouvernement ont permis de draguer et gérer environ 1.100.000 m3 de sédiments. Pour l’avenir, on pourrait imaginer des voiries spécifiques de quelques kilomètres reliant une carrière à la voie d’eau la plus proche et évitant les zones habitées. Il existe plusieurs endroits dans le sillon Sambre-et-Meuse et du côté de l’Escaut où c’est envisageable sans budgets conséquents. Mais c’est un travail sans fin puisque les sédiments à peine retirés ont la mauvaise habitude de se réinstaller. Aussi, une stratégie de dragage devra, à partir de 2016, être mise sur pied afin d’assurer la continuité de ce mode de transport. Parallèlement, nous veillerons à étudier de nouveaux systèmes de valorisation des produits et de partenariats pour le dragage des voies navigables. Enfin, je tiens à rappeler qu’en 2007, des accords entre la France et la Belgique ont été conclus pour le dragage du canal de Pommeroeul à Condé qui relie la Belgique à la France. Ce projet, qui devrait être finalisé pour 2019, constitue donc un chantier stratégique pour nos industries extractives qui exportent vers la France. Par ailleurs, la dynamisation des ports autonomes et la concrétisation de projets portuaires, (tels que celui que j’ai pu initier à Beez - Haute Meuse (Yvoir-Anhée)), sont des types de projets que le Gouvernement entend promouvoir dans le cadre d’une dynamisation du transport fluvial et du développement d’activités économiques liées à la voie d’eau. Pour rappel, dans sa DPR, le Gouvernement wallon a d’ailleurs précisé qu’il souhaitait « assurer l’entretien des voies navigables afin de favoriser ce mode de transport, dynamiser le fonctionnement des ports wallons, valoriser le potentiel portuaire et améliorer le service fluvial, tout en assurant une interconnexion européenne ».

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Découvrez le nouveau site internet de la CRAT, la Commission régionale d'aménagement du territoire (qui est l'un des Conseils spécialisés dont le CESW assure le Secrétariat). Sur ce nouveau site www.lacrat.be, l'accent a été mis sur l'accès aux avis rendus. Rappelons que la CRAT a pour mission, en tant qu’organe consultatif, de remettre des avis aux autorités publiques de la Wallonie (Gouvernement wallon, Ministre de l’aménagement du territoire, Collèges communaux…) dans différentes matières relatives à l'aménagement du territoire, à l’urbanisme, aux opérations de développement urbain et rural,… Le site Internet a été conçu par l’agence de communication Visible.

Zoom Rubrique Un accès direct aux avis de la CRAT, la nouveauté du site Internet de la CRAT, orienté «utilisateurs»

Présentation des trois missions de la CRAT

En cliquant sur l’onglet «En savoir plus sur la CRAT», on aboutit à plusieurs icônes dont «Les origines» qui rappelle l’historique de ce Conseil consultatif

La composition et l’organisation de la CRAT en trois sections

www.lacrat.be

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Livres Comme dans chaque numéro de la revue Wallonie, la rubrique « Livres » présente une sélection d’ouvrages parmi les récentes acquisitions du Centre de Documentation du CESW. A cette sélection de livres, réalisée par M. Jean-Claude Pirlot, responsable du Centre de Documentation, s’ajoute la liste des études disponibles sur le web.

Dumping fiscal : Enquête sur un chantage qui ruine nos États

Éric Walravens Les Petits matins ; Institut Veblen pour les réformes économiques

Le Centre de Documentation du CESW est au service des membres du Conseil mais est également accessible au public sur rendez-vous. Téléphone : 04/232.98.14 E-mail : [email protected]

Inégalités et justice sociale

Sous la direction de François Dubet La Découverte (Recherches)

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La seule dénonciation globale des inégalités sociales ne suffit pas, car toutes les inégalités ne se «valent» pas : certaines sont visibles, d'autres moins, certaines sont perçues comme injustes, d'autres non. Il faut donc pouvoir décrire et mesurer les inégalités sociales, mais aussi savoir ce que nous en faisons et comment elles affectent plus ou moins profondément la vie et l'action des individus. En effet, si la conscience des inégalités semble s'accentuer, elle ne débouche pas pour autant sur des formes d'action collective véritablement intégrées et organisées. Pour comprendre ce paradoxe, il faut savoir comment ceux qui les subissent vivent avec les inégalités sociales, comment ils s'en accommodent plus ou moins, comment l'expérience des injustices est construite... Il faut aussi connaître les principes de justice mobilisés par les individus pour comprendre quelles peuvent être leurs réactions face aux injustices. C'est là tout l'objectif de ce livre original, qui contient les contributions des meilleurs spécialistes de la question.

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En partant de la Belgique et en élargissant son enquête pour décrire quelques situations criantes aux Pays-Bas, au Luxembourg ou en Irlande, ce livre illustre parfaitement les méfaits de l'absence de coopération fiscale en Europe. Ce phénomène mondialisé de concurrence fiscale touche aussi la finance, l’industrie, l’exil de personnalités ou celui de riches retraités. Chaque État développe des trésors d’inventivité pour attirer à tout prix les investissements étrangers. Un jeu qui s’avère très lucratif pour les entreprises, mais dont les contribuables payent lourdement le prix. L’auteur, journaliste belge, a mené une enquête sur ces nouvelles guerres de tranchées entre États. Chantage aux délocalisations, influence des sociétés d’audit, manœuvres des paradis fiscaux, rôle des traités européens dans la détaxation massive du capital... Dans un style clair et vivant, il décortique ce phénomène mal connu des citoyens et occulté par les dirigeants.

Livres Rubrique ramses 2015 : Rapport annuel mondial sur le système économique et les stratégies : Le défi des émergents Institut français des relations internationales (IFRI) Sous la direction de Thierry de Montbrial et Philippe Moreau Defarges Dunod

Un monde de violences: L’économie mondiale : 2015 – 2030

Jean-Hervé Lorenzi, Mickaël Berrebi Eyrolles Les années 2000 ont montré combien il était illusoire d’imaginer un monde pacifié. À vrai dire, la troisième mondialisation a dessiné les contours de ce qui est tout sauf un «village global», en réalité un monde privé de mode d’emploi, qui court éteindre un incendie après l’autre sans jamais en voir la fin. Six contraintes majeures vont désormais déterminer la trajectoire de l’économie mondiale. Trois nouvelles : le vieillissement de la population, la panne du progrès technique, la rareté de l’épargne. Et trois déjà à l’œuvre : l’explosion des inégalités, le transfert massif d’activités d’un bout à l’autre du monde et la financiarisation sans limites de l’économie. Telles des plaques tectoniques, ces pressions vont attiser les foyers de nouvelles ruptures qui ne préviendront pas, ni sur leur date, ni sur leur intensité. Sommes-nous capables de faire face à ces futurs chocs, aux violences qu’ils ne manqueront pas de provoquer ?

Le Rapport annuel mondial sur le système économique et les stratégies constitue une analyse approfondie et prospective de l’actualité : il fournit les clés et les repères indispensables pour décrypter la géopolitique à l’échelle mondiale. «Les Perspectives» de Thierry de Montbrial, synthèse originale de l’année écoulée, couvrent l’ensemble du champ des relations internationales. «3 parties» – Émergences et redistribution des équilibres planétaires, Enjeux entre puissances établies et pays émergents, Questions continentales et mondiales – regroupent 58 entrées analysant les enjeux de la zone ou de la question concernée. «Les Repères» proposent un appareil documentaire qui complète les textes : chronologie, statistiques, cartes originales et index méthodologique.

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Psychologie de la négociation : Du contrat de travail au choix des vacances Stéphanie Demoulin Mardaga (PSY- Individus, groupes, cultures)

Nous négocions tous les jours, dans toutes les sphères de notre existence : au travail, avec la famille, les amis… Dès qu’il s’agit de partager des biens matériels, mais aussi de résoudre une divergence d’intérêts, de concilier différentes envies, rêves, goûts. Dans cet ouvrage aussi accessible que largement documenté, l’auteure s’appuie sur l’extraordinaire richesse des expériences menées en psychologie sociale pour explorer méthodiquement la figure de la négociation dans le champ des activités interpersonnelles, avec le souci constant de fixer les concepts par des exemples concrets. Et, autant le savoir, les conclusions auxquelles elle arrive vont parfois à rebours des idées reçues ! Cet ouvrage de référence se veut une mine de pistes fécondes pour toute personne soucieuse de comprendre les mécanismes qui régissent les échanges entre les individus ou les institutions.

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Livres

La Belgique pour débutants : Le labyrinthe belge : guide pratique

Alain Gerlache, Johan Vande Lanotte, Marc Uyttendaele, et. al. La Charte

Qui ne s'est jamais ouvert sur la complexité des rouages de l’État belge ? Sur l'incapacité d'en expliquer simplement les structures, voire même d'en comprendre les principes ? Où trouver de l'aide ? Ce guide indispensable répond à une démarche citoyenne: mener précisément le lecteur au travers du labyrinthe que constitue le fonctionnement des administrations et institutions belges. Rédigée par des témoins réputés de notre temps, cette nouvelle édition présente de nombreux schémas, résumés et illustrations : place à la clarté, tant pour les gens de métier que pour toute personne soucieuse de ses droits et de ses libertés.

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Et dans notre bibliothèque numérique AWIPH : Agence Wallonne pour l’Intégration des Personnes Handicapées : Rapport d’activités 2013 AWIPH Source : www.awiph.be Baromètre de la société de l’information (2014) SPF Économie, P.M.E., Classes moyennes et Énergie Source : economie.fgov.be INAMI : Rapport annuel 2013 INAMI (Institut national d’assurances maladie-invalidité) Source : www.inami.fgov.be Institut national d’assurances sociales pour travailleurs indépendants : Rapport annuel 2013 : Les chantiers de l’INASTI INASTI Source : www.rsvz-inasti.fgov.be Rapport Planète Vivante 2014 : Des hommes, des espèces, des espaces, et des écosystèmes WWF Source : www.wwf.be Finances locales : Communes : 2014 Belfius Banque & Assurances (Juillet 2014) Source : www.belfius.be Perspectives économiques 2014 - 2015 Service d’analyse économique de l’IRES IRES : Regards économiques Numéro 113 (Juillet 2014) Source : www.regards-economiques.be Retarder (encore) l’âge de départ (effectif) à la retraite ? : ou Racontez, racontez de (belles) histoires, il en restera toujours quelque chose Philippe Defeyt Institut pour un Développement Durable (Août 2014) Source : www.iddweb.be Un chemin vers l’emploi : Enquête auprès des travailleurs sans emploi Patricia Vendramin Fondation Travail-Université (Septembre 2014) Source : www.ftu.be Chômage indemnisé contre service à la communauté Bruno Van der Linden IRES : Regards économiques Numéro 114 (Septembre 2014) Source : www.regards-economiques.be Baromètre de la diversité : Logement Centre interfédéral pour l’égalité des chances (Octobre 2014) Source : www.diversite.be Le paysage énergétique Belge : perspectives et défis à l’horizon 2050 : Description d’un scénario de référence pour la Belgique Bureau fédéral du Plan : Perspectives (Octobre 2014) Source : www.plan.be

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Publication bimestrielle du Conseil économique et social de Wallonie Rue du Vertbois, 13c - 4000 Liège T. 04 232 98 11 - F. 04 232 98 10 [email protected] www.cesw.be

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Editeur responsable : Jean Pierre Dawance Rédactrice en chef Nathalie Blanchart - T. 04 232 98 53 [email protected]

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Secrétariat Nathalie Hounje - T. 04 232 98 24 [email protected] Rédaction Actualités, L’invité, En bref, Zoom : Nathalie Blanchart Avis : Frédérique Debrule, Fabienne Dideberg. Dossier : Nathalie Blanchart, Jérémy Huls. Livres : Jean-Claude Pirlot

Imprimé sur papier respectueux de l’environnement

Remerciements Mmes D.Lafontaine et H.Pacory MM. M.Calozet, C.Di Antonio et F.Tourneur pour les interviews accordées Mme N.Carpentier Mme M.Minet

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Rubrique

Agenda

19/01/2015

Les Voeux du CESW Bruno Colmant " Quels chocs pour sortir de la crise ? "

Conseil économique et social de Wallonie Rue du Vertbois, 13 c • 4000 Liège • Belgique T. 04 232 98 11 • F. 04 232 98 10 [email protected] • www.cesw.be Éditeur responsable : Jean Pierre Dawance

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