Restitution Parenthèse n°5 – Saison 2012 : Vers un Leadership ...

Pour arriver à devenir leader aujourd'hui, quelle est la part d'intelligence QI par rapport à l'intelligence émotionnelle ? L'intérêt pour l'intelligence émotionnelle ...
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Restitution Parenthèse n°5 – Saison 2012 : Vers un Leadership Authentique Lors de cette dernière, nous avons eu l’honneur d’accueillir Eric Jean GARCIA,  

Directeur de l’Executive Master Trajectoires Dirigeants à Sciences Po Autour de l’ouvrage : Leadership : perspectives sur l’exercice du pouvoir dans les entreprises (que vous pouvez trouver ICI)

Son intervention sur le Leadership, aura permis à chacun d’avoir une vision différente et relativement plus concrète sur un sujet qui touche toute entreprise. Nous vous proposons donc à travers ce document, de retrouver quelques idées abordées, Eric-Jean nous pardonnera certainement les quelques imprécisions et raccourcis de notre retranscription.

Pourquoi le Leadership est-il si difficile à définir ? Le leadership est aujourd’hui un sujet plus ou moins complexe qui demande réflexion mais aussi attention. Il y a donc plusieurs confusions qui apparaissent quand on parle de Leadership. -

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Par exemple, leadership et Leader : o Est-ce que tous les leaders ont du leadership ? o Est-ce que ceux qui ont du Leadership sont forcément Leaders ? Leadership et charisme sont-ils synonymes ? o Le Patron de SANOFI dit : « Le charisme n’est pas une condition indispensable au Leadership, mais sans charisme la communication est toujours plus difficile ». o La Notion de QUIET LEADERSHIP est aujourd’hui à la mode: le leader qui ne parle pas très bien, pas très fort ni mieux que les autres mais qui arrive à emmener du monde.  Prenons comme exemple Gandhi : Les idées, la foi et la noblesse d’un projet lui on permit d’emmener des foules. De quels Leadership parle-t-on : Gouvernance ou Managérial ? o Gouvernance, Direction d’entreprise  « Ce type de leadership demande de la VISION : Capacité à voir au-delà des prévisions » o Managérial  « On voit dans ce fonctionnement un côté plus manipulateur »  « Dwight Eisenhower dit : « Le leadership c’est l’art de faire faire des choses à ses subordonnées en leur faisant croire que c’est leur choix » On peut alors traiter la question du leadership de 2 façons :

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De façon Subjective : le leadership est le management du sens, donner du sens aux choses et aux contextes. C’est une construction socioculturelle de ce que l’on dit dans un certain contexte, par rapport aux autres. Le leader est celui qui façonne la culture et permet de créer un environnement dans lequel les uns et les autres se motivent. De façon critique : le leadership devient une relation morale complexe d’un individu qui a un pouvoir officiel. La façon dont on conçoit le leadership définit le type d’organisation dans lequel on souhaite travailler.  Le leadership n’est pas une compétence neutre car la neutralité n’existe pas. Dès lors que je décide, j’influence.

En revenant sur la question « est-ce qu’on prête trop d’importance au Leadership ?», Eric Jean cite un des patrons de son livre, Alain Ducasse, chef cuisinier. Celui-ci répond franchement : « Oui car le leadership n’a pas d’importance. Ce qui est important dans un restaurant haut de gamme ce n’est pas de mettre une personne qui a beaucoup de capacité d’entrainement à la tête d’une équipe, mais de faire un bon CASTING. » Tout se trouve donc dans la relation. Sur l’ensemble des dirigeants et responsables qu’Eric Jean a pu interroger, il nous confie qu’ils sont tous reconnus pour être des Leaders, mais ont en réalité une vision bien différente sur le sujet. On peut donc dire que OUI, le leadership est complexe à définir.

Y a-t-il un profil de Leader type ? « Une brillante machine à la tête d’une entreprise ça ne suffit pas, du moins pour la diriger » Pour Eric Jean, il y a des qualités qui restent essentielles pour devenir ou rester leader : avoir un minimum d’intelligence, une part d’enthousiasme, de l’optimisme et de la sagesse. Il y a donc une partie de choses communes. En revanche, on ne peut pas dire qu’il y a un profil type. Le contexte va déterminer beaucoup de choses. Celui qui réussit aujourd’hui, dans un contexte défini peut échouer demain dans un autre environnement. Le résultat importe plus que la façon dont il a été obtenu. Eric Jean Garcia reprend une citation pour illustrer : « Un leader visionnaire né trop tôt peut se révéler comme un simple bouffon » A travers les 26 patrons qu’il a rencontrés pour la rédaction de son ouvrage, Eric Jean insiste sur le fait que ce sont 26 types de leadership différents, et que surtout, aucune de ces personnes n’est interchangeable. Dans chaque contexte d’entreprise, la place de Leader demande un certain âge, un certain niveau d’étude et également, de prendre le temps de se rapprocher de la culture de l’entreprise et de son histoire avant de façonner une organisation à sa manière et selon ses moyens. C’est ce que confirme Chantal GAEMPERLE, la DRH de LVMH lors de sa rencontre avec Eric Jean : « Quand je suis arrivée, je me suis très vite rendu compte qu’il fallait d’abord épouser la tradition. C’est

une entreprise qui a son histoire et certaines choses pas forcément optimales sur le plan théorique mais nécessaires à préserver. »

Le leadership est-il vraiment différent du management ? Sur ce sujet, Eric Jean a su nous préciser que si d’un point de vue pédagogique on peut identifier une notion de Management et une notion de Leadership, la réalité est que les deux sont intimement liées. Xavier Fontanet confie : « Parmi les dirigeants, il y a ceux qui dirigent par le contrôle et ceux qui dirigent par la confiance. Les uns sont les dirigeants managers et les ont sont des dirigeants leaders. » On distingue donc clairement les deux termes, et on peut définir ces deux mots très distinctement : -

Management : il est dans le présent et dans la routine. Il est plus logique et répond à une question simple : comment on fait les choses ? Leadership : il est dans le futur et dans la vision. Il inspire et répond quant à lui à la question : pourquoi on fait les choses ?

Eric Jean précise pour illustrer : Le management est une SCIENCE et le leadership un ART. En revanche, on ne peut se passer du management et il ne faut surtout pas penser que tous les managers doivent être des leaders. Egalement, il faut savoir qu’un manager a besoin de leadership car il dirige des hommes et des femmes et pour cela il lui faut donc être en phase et savoir s’adapter. Même si aujourd’hui il y aurait trop de management et pas assez de Leadership dans les entreprises, on comprend donc qu’ils ont tous les deux une place précise et tout aussi importante dans les entreprises notamment dans les fonctions dirigeantes. Enfin, on peut retenir qu’à partir du moment où les personnes ont besoin d’être considérées dans l’entreprise, il y a alors une nécessité de Leadership. Comme précisé précédemment, tout est dans la relation.

Le leadership est-il inné ? Tout le monde peut-il faire preuve de leadership ? Commençons par remonter jusqu’à la cour de récréation : on voit une forme de leadership s’installer dès le plus jeune âge à travers les enfants qui savent emmener les autres. Et là on peut se demander si ceux qui sont leaders dans la cour le seront dans leur vie professionnelle: pas sûr. Eric Jean nous précise : on peut apprendre à commander, mais c’est une autre chose que d’apprendre à se faire obéir. En effet, apprendre à commander des gens qui sont par définition disciplinés dans un ordre établi est une chose, mais dans une société civile où les gens ont une liberté d’action, réussir à se faire obéir est autre chose ; surtout quand on sait qu’il y a un rejet de plus en plus fort de l’autoritarisme. Se faire obéir devient donc de plus en plus difficile mais nous avons tous un potentiel de leadership à optimiser. Encore faut-il le révéler. Chacun a ses limites et heureusement, nous ne sommes donc pas tous égaux.

Pour arriver à devenir leader aujourd’hui, quelle est la part d’intelligence QI par rapport à l’intelligence émotionnelle ? L’intérêt pour l’intelligence émotionnelle est justifié par le fait avéré suivant : plus on progresse dans la hiérarchie d’une organisation et plus on prend conscience que c’est l’émotion qui dirige le monde. Pour arriver à devenir leader aujourd’hui, on a besoin d’être inspiré pour se développer, mais bien entendu jusqu’à une certaine limite afin d’éviter de devenir quelqu’un d’autre. Pour cela il suffit de s’interroger soi-même sur une question simple : Qui suis-je au milieu de tout cela ? Enfin, un des grands dilemmes du pouvoir aujourd’hui reste : se faire aimer OU se faire respecter ? Il faut donc se demander à travers tout cela jusqu’où il faut se faire aimer de ses collaborateurs et jusqu’où ce besoin de se faire aimer empêche-t-il d’être juste à un moment donné ? C’est en distinguant ces différents termes qu’il sera plus facile de trouver sa place et la position à donner.

La génération Y qui arrive a-t-elle un rapport au pouvoir, au leadership et au management que est la même que le nôtre ? Il y a aujourd’hui un élément qui a changé et qu’Eric Jean a pu percevoir pleinement à travers les cours qu’il prodigue à l’université et à Sciences Po : l’égalité Homme/Femme est plus largement acceptée. Il y a également une plus grande importance accordée aux jeunes et à cette nouvelle génération qui arrive dans les entreprises, avec un bagage bien différent de celui des autres générations. Il est clair que pour la première fois, des jeunes en savent plus que leurs ainés sur des sujets stratégiques qui demandent des connaissances sur de nouveaux outils, de nouvelles technologies, … Le respect ne s’appuie donc plus sa la séniorité comme autre fois. Ainsi aujourd’hui, le respect dans l’entreprise s’appuie essentiellement sur la compétence et la valeur ajoutée. Et Eric Jean explique que toute entreprise qui a compris cela et qui permet à cette nouvelle Génération Y de s’intégrer avec ses compétences, se retrouvera avec un avantage concurrentiel majeur, sans pour autant délaisser ceux qui lui permettent permis d’exister encore aujourd’hui. A cela, on peut ajouter que le leadership est une capacité de réajustement de soi par rapport aux autres, et une capacité à réconcilier ses ambitions avec ce qu’on accepte d’être, parmi les autres.