PERMIS D’ÉCONOMISER Comment une législation européenne plus ambitieuse en matière d’efficacité énergétique des moteurs permettrait aux automobilistes de dépenser moins Briefing, Greenpeace – juin 2012
________________________________________________ Greenpeace a chargé un expert indépendant de réaliser une étude sur les économies que les automobilistes de 15 pays européens pourraient réaliser : 1) si les objectifs actuels en matière d’efficacité énergétique des véhicules individuels sont confirmés ; 2) si des objectifs plus ambitieux sont adoptés en la matière. Dans le présent briefing, les principaux résultats de cette étude sont replacés dans le contexte de la flambée du prix des carburants dans l’Union européenne, et en perspective de l’offensive que les lobbies devraient mener cet été lors de la révision de la législation européenne. Prix record des carburants Les prix des carburants atteignent des niveaux sans précédent en Allemagne, en France, au Royaume-Uni, en Grèce, en Italie et en Espagne, d’après les chiffres de la Commission européenne. En avril 2012, les automobilistes européens payaient en moyenne 1,69 € le litre à la pompe (1,84 € en Italie et en Grèce)1. Plusieurs gouvernements envisagent de prendre des mesures pour préserver les conducteurs d’une nouvelle envolée des prix. L’efficacité énergétique, source d’économies Outre le fait de rouler moins, la meilleure façon de permettre aux automobilistes de faire des économies serait d’améliorer l’efficacité énergétique de leurs véhicules. La législation européenne dans ce domaine, en vigueur depuis 2009, va justement faire l’objet d’une révision cet été. Aujourd’hui, les automobilistes dépensent chaque année en carburant entre 1 235 € (moyenne au Luxembourg, prix le plus bas au niveau européen) et 3 143 € (moyenne en Suède, prix le plus élevé au niveau européen). Conformément aux objectifs actuellement définis par la législation européenne, les constructeurs automobiles devront faire passer les émissions moyennes de CO2 de leurs véhicules de 140 à 95 grammes par kilomètre d’ici à 2020. Si cet objectif est confirmé lors de la révision de la loi, les coûts annuels du carburant pour les automobilistes baisseront pour s’établir entre 962 € (moyenne au Luxembourg, prix le plus bas au niveau européen) et 1 665 € (moyenne en Italie, prix le plus élevé au niveau européen), en 2020.
Dépenses annuelles de carburant par automobiliste pour un véhicule moyen en cas de maintien des objectifs actuels en matière d’efficacité énergétique (95 g de CO2/km d’ici à 2020).
Autriche Belgique Danemark Finlande France Allemagne Grèce Irlande Italie Luxembourg Pays-Bas Portugal Espagne Suède Royaume-Uni
2010 € 1 314 € 1 788 € 1 792 € 2 062 € 1 503 € 2 003 € 1 620 € 1 820 € 2 088 € 1 235 € 1 737 € 2 075 € 1 765 € 2 143 € 2 076
2015 € 1 213 € 1 616 € 1 547 € 1 864 € 1 360 € 1 828 € 1 484 € 1 619 € 1 913 € 1 119 € 1 533 € 1 882 € 1 638 € 1 862 € 1 868
2020 € 1 051 € 1 391 € 1 290 € 1 587 € 1 176 € 1 576 € 1 273 € 1 365 € 1 665 € 962 € 1 291 € 1 631 € 1 427 € 1 551 € 1 601
2025 € 886 € 1 174 € 1 083 € 1 332 € 997 € 1 327 € 1 069 € 1 145 € 1 412 € 810 € 1 083 € 1 384 € 1 208 € 1 295 € 1 349
2030 € 807 € 1 072 € 989 € 1 212 € 911 € 1 208 € 974 € 1 045 € 1 288 € 738 € 988 € 1 264 € 1 101 € 1 178 € 1 228
Dépenses annuelles de carburant par automobiliste pour un véhicule moyen en cas de maintien des objectifs actuels en matière d’efficacité énergétique (95 g CO2/km d’ici à 2020).
Si les gouvernements européens décident de définir des objectifs plus ambitieux en plafonnant les émissions de CO2 à 60 g par kilomètre d’ici à 2025, les automobilistes verraient leur dépenses annuelles en carburant chuter : elles oscilleraient alors entre 494 € (moyenne au Luxembourg, prix le plus bas au niveau européen) et 863 € (moyenne en Italie, prix le plus élevé au niveau européen) dès 2030, soit cinq ans après la date butoir, une fois que les améliorations en matière d’efficacité énergétique se seront généralisées. Le prix du carburant devant continuer à augmenter, comme le prévoit l’Agence internationale de l’énergie (AIE)2, les automobilistes devront logiquement mettre davantage la main à la poche. Cependant, ils réaliseront tout de même davantage d’économies si des mesures d’efficacité énergétique sont mises en place.
Dépenses annuelles de carburant par automobiliste pour un véhicule moyen en cas de renforcement de la législation européenne sur l’efficacité énergétique (60 g CO2/km d’ici à 2025).
Autriche Belgique
2010 € 1 314 € 1 788
2015 € 1 213 € 1 616
2020 € 1 020 € 1 349
2025 € 757 € 1 003
2030 € 540 € 718
Danemark Finlande France Allemagne Grèce Irlande
€ 1 792 € 2 062 € 1 503 € 2 003 € 1 620 € 1 820
€ 1 547 € 1 864 € 1 360 € 1 828 € 1 484 € 1 619
€ 1 251 € 1 540 € 1 141 € 1 529 € 1 235 € 1 324
€ 925 € 1 138 € 852 € 1 134 € 913 € 978
€ 663 € 811 € 610 € 807 € 651 € 700
Italie Luxembourg Pays-Bas Portugal Espagne Suède
€ 2 088 € 1 235 € 1 737 € 2 075 € 1 765 € 2 143
€ 1 913 € 1 119 € 1 533 € 1 882 € 1 638 € 1 862
€ 1 614 € 934 € 1 252 € 1 582 € 1 384 € 1 505
€ 1 206 € 692 € 925 € 1 182 € 1 032 € 1 106
€ 863 € 494 € 662 € 847 € 737 € 788
Royaume-Uni
€ 2 076
€ 1 868
€ 1 553
€ 1 152
€ 822
Dépenses annuelles de carburants par automobiliste pour un véhicule moyen en cas de renforcement de la législation européenne sur l’efficacité énergétique (60 g CO2/km d’ici à 2025).
L’efficacité énergétique, c’est possible Le gouvernement américain a demandé aux constructeurs automobiles de réduire la consommation de carburant des voitures et véhicules utilitaires légers de 50 % entre 2011 et 2025. Cette décision a été soutenue par 13 grands constructeurs, dont Toyota, Ford et BMW, mais pas par le groupe Volkswagen3. La Commission européenne a annoncé qu’elle envisageait également la possibilité de diminuer de moitié les émissions de CO2 des véhicules (et donc la consommation de carburant) à l’horizon 20254. D’après une étude récente, il est possible d’atteindre cet objectif en conservant les technologies actuelles de fabrication, et des innovations en matière de technologies hybrides et électriques nous permettraient d’obtenir des réductions encore plus importantes5.
L’industrie automobile fait barrage Les équipementiers automobiles européens6, ainsi que la firme suédoise Volvo Car Corporation7, se sont prononcés en faveur d’un plafonnement à 95 g de CO2/km, ajoutant que l’Union européenne devrait fixer un objectif non contraignant pour 2025 afin de garantir aux constructeurs la sécurité de leurs investissements. En revanche le premier constructeur européen, Volkswagen, s’est prononcé contre la législation européenne sur l’efficacité énergétique des voitures, au motif que l’objectif fixé pour 2020 « ne repose pas sur une évaluation satisfaisante des impacts, ni sur une estimation réaliste des coûts et des progrès techniques nécessaires pour l’atteindre dans les délais impartis8 ». Volkswagen et d’autres constructeurs allemands sont farouchement opposés à l’adoption d’un nouvel objectif à 2025, affirmant qu’une telle initiative reviendrait à « brûler les étapes » et constituerait « un acte arbitraire risquant de compromettre la compétitivité de l’industrie automobile européenne9 ». Greenpeace mène campagne depuis 2011 pour mettre un terme au lobbying exercé par Volkswagen contre la politique européenne en matière d’efficacité énergétique10. Jusqu’à présent, 500 000 personnes du monde entier se sont mobilisées et ont apporté leur soutien à la campagne de Greenpeace. Par ailleurs, Greenpeace appelle l’Union européenne à adopter un objectif ambitieux et à long terme en matière de réduction des émissions de CO2 des voitures, soit 60 g/km à horizon 2025. L’étude et son auteur Malcolm Fergusson a réalisé l’étude résumée dans le présent briefing, à la demande de Greenpeace. M. Fergusson est un spécialiste des changements climatiques, de l’énergie et des transports au niveau national et européen. Il a été Senior Fellow auprès de l’Institut pour une politique européenne de l’environnement (IEEP), et directeur du programme sur les changements climatiques de l’Agence environnementale de l’Angleterre et du Pays de Galles. Il travaille désormais en tant que consultant indépendant. Les données et la méthodologie utilisées dans le cadre de cette analyse sont disponibles pour chacun des 15 pays européens étudiés.
1
http://www.bloomberg.com/news/2012-04-29/record-high-gasoline-further-burdens-consumers-ineurope.html ; http://ec.europa.eu/energy/observatory/oil/doc/prices/map/2012_04_23_oil_prices_es95.pdf 2 D’après le World Energy Outlook 2009, le prix du baril de pétrole devrait atteindre 115 dollars (USD 2008) en 2030. http://www.worldenergyoutlook.org/publications/weo-2009/ 3 http://www.businessweek.com/news/2011-07-29/automakers-agree-to-54-5-mpg-fuel-economy-rule-obamasays.html 4 http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=CELEX:52010DC0656:FR:NOT 5 http://www.theicct.org/ghg-reduction-potential-and-costs-ldv-technologies-2 6 http://www.euractiv.com/climate-environment/tajani-backs-away-2025-fuel-efficiency-fight-news-511735 7 http://www.reuters.com/article/2012/03/23/uk-eu-car-emissions-idUSLNE82M02420120323 8 Lettre de Volkswagen à Greenpeace, juin 2010. 9 http://www.welt.de/print/die_welt/wirtschaft/article13920923/Europas-Parlamentarier-wollen-das-Drei-LiterAuto.html 10 http://www.vwdarkside.com/fr
