Mise en page 1

2 mars 2013 - (1) Garant de la sécurité des civils lors de leur transport en batellerie. ...... pour la tourelle – 25 tonnes avec sa sellette – avait bien entendu été ...
6MB taille 62 téléchargements 1059 vues
3009-couv_Mise en page 1 22/02/13 15:48 Page1

M 01396 - 3009 - F: 2,40 E

&’:HIKLNJ=[UWYUV:?n@k@a@j@a"

N ° 3 0 0 9 D U 2 M A R S 2 0 1 3 • L E M AGA Z I N E D E L A M A R I N E N AT I O N A L E

SOUTIEN D’UNE FORCE À LA MER FR-US

Planète mer

Navigateur – timonier

Le Chevalier Paul relève le défi PAGE 20

Les autoroutes de la communication

Quelle carrière à bord des sous-marins ? PAGE 28

PAGE 26

 

3009-P03_Layout 3 26/02/13 17:08 Page3

SOMMAIRE LE MAGAZINE DE LA MARINE NATIONALE

AZIMUT

4

ACTUALITÉS

6

Le commandant, clé de voûte de l’équipage • CEMM : rencontres bilatérales • Cérémonie de remise de sabres à l’École navale 7 Opération Serval : la traque des Atlantique 2 • Le service logistique de la Marine 8 Le patrouilleur L’Adroit en océan Indien • Le BPC Dixmude s’entraîne à une évacuation de ressortissants en Corse 9 Piraterie : la frégate Surcouf conduit des actions de formation aux Seychelles • Courbet : déploiement en océan Indien • L’Argonaute récupère des conteneurs appuyé par un Caïman 10 Mistral au Cap : démonstration amphibie et promotion de la citoyenneté • Fjords et Hambourg pour le Primauguet 11 École navale : inventeurs en herbe • Marines étrangères : Bangladesh

ÉDITORIAL

6

PASSION MARINE

12

LOGISTIQUE OPÉRATIONNELLE

SOUTENIR LES FORCES EN OPÉRATIONS VIE DES UNITÉS

20

20 Le Chevalier Paul relève le défi 22 Optimisation poussée de l’emploi d’un groupe amphibie 24 Entraînement des FAA : évacuation massive en Martinique

REGARDS CROISÉS

25

25 ADOSM : la solidarité, concrètement !

PLANÈTE MER

26

26 Les autoroutes de la communication sous-marine

CHRONIQUE DU PERSONNEL

28

28 BAT et BS Navit au sein des forces sous-marines 29 Rendez-vous du monde maritime, groupe ENSTA 30 Un livret pour aider à mieux concilier la vie de marin et la vie de famille • Tournée des ports du DPMM : calendrier 2013 31 Réserve citoyenne : vivier de marins

ESPACE LOISIRS

rofitant de la globalisation de l’économie et des échanges, certaines entreprises à l’échelle mondiale se sont spécialisées dans l’acheminement de colis ou de matériel dans des délais records. Elles proposent des solutions adaptées au besoin de chaque client. Pour y arriver, ces entreprises disposent de flottes d’avions cargo, d’installations portuaires et aéroportuaires, de structures de manutention et de dédouanement partout dans le monde et surtout d’un système de suivi des envois très performant. S’agissant de la Marine, et à condition bien sûr de pouvoir en payer le prix, certaines de ces solutions pourraient être utilisées. Cependant, la subtilité réside dans le fait que bien souvent la nature des matériels à transporter et le lieu de livraison (mobile, quand il s’agit d’un navire) sont incompatibles avec ces réseaux de logistiques commerciaux. Enfin et surtout, en temps de crise, la situation politico-militaire dans le point d’appui le plus proche de la zone d’opérations ne permet pas toujours les acheminements de matériel. Le Passion Marine de ce numéro a pour ambition de vous apporter quelques éclairages. D’une part, il explique comment la logistique opérationnelle de la Marine est organisée autour du principe de l’optimisation coût/rapidité/efficacité. D’autre part, il met en exergue ce que j’appelle la « logistique des derniers nautiques ». En d’autres termes, la distance qui ne peut être souvent couverte que par des moyens logistiques militaires dédiés, pétroliers-ravitailleurs par exemple. Il donne enfin quelques exemples concrets de ce travail nécessitant ingéniosité et réseau interarmées. Les marins au cœur de ce système le font vivre avec dévouement, dans l’ombre. Une action essentielle qui permet aux unités déployées à l’avant de durer en opérations autant que de besoin. Ce numéro s’intéresse également au prochain déploiement du groupe amphibie du BPC Tonnerre en Atlantique, Méditerranée, océan Indien et mer de Chine méridionale. Il nous donne l’occasion de réexpliquer le cadre dans lequel s’effectue dorénavant le stage annuel d’application à la mer de plus de 130 officiers. Alors que la planète se « maritimise », les missions confiées à la Marine ne diminuent pas. Aussi, il faut sans cesse optimiser les jours de mer pour honorer nos multiples engagements et les contributions prévues dans la directive de programmation annuelle de l’activité. Une savante équation !

P

Capitaine de vaisseau Philippe Ebanga Directeur de la publication

33

33 La terre pour horizon 34 BAN d’Hyères : des pistes entre ciel et mer COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013 ® 3

3009-P04-05_Layout 3 26/02/13 15:58 Page4

Amers et Azimut Situation des bâtiments déployés au 25 février 2013 25 bâtiments et 2 700 marins en mer P

BBHO HO BBeautemps-Beaupré ea tempss Avisoo CD CDTT BBlaison lai on o

hydrographique DDéploiement éploie hi PPatrouille atrou

St-Pierre-et-Miquelon ST-PIERRE-ET-MIQUELON

Auu large large des Antilles Ventôse Prépara opérationnelle FSS Ventôse Préparation St-Barthélemy

Polynésie FS Prairial

Déploiement CLIPPERTON Clipperton

St-Martin Guadeloupe Martinique

Dakar Dakar

Aviso PM L’Her Her

ANTILLE -GUYANE ANTILLE-GUYANE

OOpération pération Serval Ser

Guyane française L

Au lar large g de la Guy ge Guyane ane P400 LLaa GGracieuse racieuse

Patrouille P

POLYNÉSIE FRANÇAISE Polynésie française

Au large du golfe de Gu BPC Mistral Opéra Aviso LV Le Hénaff Opéra Point d’appui Bases permanentes à l’étranger et outre-mer Département, collectivité ou territoire d’outre-mer Zones économiques exclusives françaises 4 ® COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013

FREMM Aquitaine it ne Déploiement de longue durée

3009-P04-05_Layout 3 26/02/13 16:02 Page5

EN MISSION PERMANENTE : Sous-marin lanceur d’engins (SNLE) Atlantique II (+ opération Serval) Commandos (+ opération Serval) + Équipes de protection embarquées (EPE)

PSP Cormorann

Patrouille

MT Andromède Andromède Opération Opératioon guerre guerre des mines CMT Méditerranée Médit erranée occidentale occidenttale Montcalm FFASM ASM Mon éplooiement tcalm DDéploiement Méditerranée orientale ientale Méditerranée Aviso CDT CDT Bouan Bouan DDéploiement éploiement Aviso Médit erranée centra le Méditerranée centrale BCR Meuse PPréparation réparation opér ationnelle PProud r ud M opérationnelle Manta FFASM ASM Jean de VVienne ienne PPréparation réparation opér ationnelle Proud udd Ma M anta opérationnelle Manta

Abu Dhabi

aation tion Serval Serval

Djibouti Djibouti

Libbreville Libreville Mayotte La Réunion

RÉUNION-MAYOTTE-ÎLES ÉPARSES

golfe de Guinée Opération Corymbe énaff Opération Corymbe

Océan Indien FLF Courbet FLF Surcouf PSO L'Adroit FDA Chevalier Paul

Wallis-et-Futuna WALLIS-ET-FUTUNA

Opération Atalantee during Freedom Freedom Opération Enduring Enduring Freedom Freedom Opérationn Enduring ment Déploiement

NOUVELLE-CALÉDONIE Nouvelle-Calédonie

TERRES AUSTRALES ET ANTARCTIQUES FRANÇAISES

Au large de La Réunion BATRAL La Grandière PSP Le Malin

Préparation opérationnelle Patrouille

Nouvelle-Calédonie FS Vendémiaire Déploiement

COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013 ® 5

3009-P06-07_Layout 3 26/02/13 16:19 Page6

INFO

actus

LE COMMANDANT, CLÉ DE VOÛTE DE L’ÉQUIPAGE 1 L’amiral Bernard Rogel, chef d’état-major de la Marine, est intervenu, le 5 février 2013, lors de la première session des stages pour futurs commandants. Il s’adresse à tous les marins inscrits au tableau de commandement pour cette année, quels que soient les types d’unité. Cette formation leur permet d’entendre un certain nombre d’autorités de la Marine, des armées et du monde civil. Le commandant est à la jonction des chaînes organiques et opérationnelles et agit aussi en interface avec de nombreux acteurs des domaines économique, administratif, diplomatique et médiatique, pour ne citer que les principaux. Surtout, le commandant prépare son unité à l’action et la commande dans l’engagement. C’est bien lui qui emmène son équipage vers l’objectif, qui donne la direction à suivre, qui insuffle l’état d’esprit et transmet sa combativité : en un mot, qui imprime sa marque. Les commandants consti-

tuent la clé de voûte de la Marine. Le chef d’étatmajor de la Marine participe personnellement à leur sélection. ®

L’AMIRAL BERNARD ROGEL AVEC TOUS LES FUTURS COMMANDANTS D’UNITÉS DE LA MARINE. LE CEMM EST ENTOURÉ DU VAE MAGNE (ALFAN), DU CA DÉMÉOQ (ALFAN BREST) ET DU CV GABRIEL (ALFAN TOULON).

CEMM RENCONTRES BILATÉRALES Le chef d’état-major de la Marine, l’amiral Bernard Rogel, a accueilli des représentants des marines malaisienne et croate. L’occasion d’approfondir la connaissance mutuelle et de parfaire la coopération avec la Marine nationale. LE 20 FÉVRIER 2013, L’AMIRAL BERNARD ROGEL A DÉCORÉ LE DIRECTEUR GÉNÉRAL DES GARDE-CÔTES DE MALAISIE, L’AMIRAL DATUK MOHD AMDAN BIN KURISH.

LE 6 FÉVRIER 2013, LE CONTRE-AMIRAL ROBERT HRANJ, COMMANDANT DE LA MARINE DE GUERRE DE CROATIE, A RENDU UNE VISITE DE COURTOISIE À L’AMIRAL ROGEL. LES AUTORITÉS DES DEUX PAYS SE SONT ENTRETENUES ENTRE AUTRES SUR LA SÉCURITÉ MARITIME EN MÉDITERRANÉE. D’AUTRES THÈMES DE TRAVAIL ONT ÉTÉ ABORDÉS, DONT LA MISSION ATALANTE.

CÉRÉMONIE DE REMISE DE SABRES À L’ÉCOLE NAVALE 1 Le 15 février 2013, sous la présidence du vice-amiral d’escadre Christophe Prazuck, directeur du personnel militaire de la Marine, s’est déroulée à l’École navale la cérémonie de remise des sabres aux élèvesofficiers EMF/OSM (École militaire de la flotte/officiers spécialisés de la Marine) de la promotion 2012 et OSM choix 2013. La cérémonie a débuté par la remise de prix aux majors des promotions, les aspirants Wartel et Aulne, des mains du vice-amiral d’escadre Christophe Prazuck, suivie d’une allocution. « Je suis heureux d’être avec vous ce matin pour cette cérémonie de remise de sabre. Elle marque la fin de votre formation et annonce votre retour prochain dans les unités pour occuper des fonctions d’officier. Vous avez démontré que la progression dans la carrière de 6 ® COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013

LE VICE-AMIRAL D’ESCADRE CHRISTOPHE PRAZUCK REMET DES PRIX AUX MAJORS DES PROMOTIONS.

marin est ouverte à tous ceux qui s’en donnent la peine. Votre excellence technique, votre expérience sont indiscutables, c’est grâce à elles que vous avez étés retenus. Vous participerez à l’élaboration des décisions du commandant de votre unité, avant de commander peut-être un jour. Ce statut vous impose un devoir supplémentaire, celui d’incarner les valeurs de la Marine : valeur, honneur, patrie, discipline. » Une quarantaine d’élèves-officiers se sont ensuite vu remettre leur sabre d’officier par leur parrain respectif, issu de différentes branches de la Marine nationale et d’autres armées. Des cadres civils et militaires, les familles des élèves et des membres de l’Association des officiers de la Marine (AOM) étaient conviés à cette cérémonie. ®

3009-P06-07_Layout 3 26/02/13 16:19 Page7

OPÉRATION SERVAL LA TRAQUE DES ATLANTIQUE 2

LES ATLANTIQUE 2 RÉALISENT NOTAMMENT DES MISSIONS DE SURVEILLANCE ET DE RECHERCHE DE RENSEIGNEMENT PAR L’OBSERVATION ET LE RECUEIL D’IMAGES.

1 Sur l’ensemble des aéronefs engagés dans l’opération Serval, plusieurs appartiennent à la Marine nationale. Ce sont les Atlantique 2 ou ATL2. Détour par Dakar où sont stationnés les avions et le détachement des flottilles 21F et 23F de Lann-Bihoué. Le 16 février 2013, les soldats français de l’opération Serval se déploient à l’est du Mali pour une première mission de reconnaissance dans la région de Bourem. C’est la première fois que des éléments terrestres se rendent dans cette zone, mais cette approche a pu être minutieusement préparée par les reconnaissances effectuées par les ATL2. Les avions de patrouille maritime Atlantique 2 réalisent dans le cadre de l’opération Serval, des missions de surveillance et de recherche de renseignement

par l’observation et le recueil d’images. Par la multiplicité et la précision de leurs capteurs, ils permettent également le guidage des avions de chasse. Cette capacité avait déjà été éprouvée dans d’autres opérations. Le guidage de « strike » à la mer n’est-il pas au cœur des missions de l’ATL2. Ces avions et leurs équipages ont été engagés dès le déclenchement de l’opération Serval pour appuyer l’action des troupes au sol, en particulier le déploiement rapide des sous-groupements tactiques interarmes de Bamako vers Tombouctou ou Gao, puis Kidal et Tessalit.

Avec Serval, « la patrouille maritime française a atteint son plus haut niveau d’engagement sur un théâtre », a déclaré le chef du détachement 23F, le capitaine de frégate Pierre. Près de 1 000 heures de vol ont été effectuées par le détachement ATL2 depuis l’engagement de l’opération. Il a par ailleurs été compté jusqu’à 8 équipages et 200 marins de la base d’aéronautique de Lann-Bihoué. Le détachement est stationné sur la base aérienne 160 Colonel Geille à Dakar, non loin du poste de commandement des Éléments français au Sénégal (EFS). ®

DÉBUT FÉVRIER, LE CARGO ROULIER AFFRÉTÉ PAR LES ARMÉES, LE LOUISE RUSS, ESCORTÉ PAR LA FRÉGATE ANTI-SOUSMARINE LATOUCHE-TRÉVILLE, EST ARRIVÉ À DAKAR. LE MATÉRIEL TRANSPORTÉ EST DESTINÉ AUX FORCES FRANÇAISES ENGAGÉES AU MALI DANS LE CADRE DE L’OPÉRATION SERVAL. L’ESCORTE A DURÉ PLUSIEURS JOURS À VITESSE ÉLEVÉE. UN DÉFI LOGISTIQUE ET HUMAIN QUE LES ARMÉES ONT SU RELEVER POUR ASSURER LES FLUX DE LA FRANCE JUSQU’AU SÉNÉGAL.

COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013 ® 7

3009-P08-09_Layout 3 26/02/13 16:03 Page8

INFO

actus

E N

B R E F

OPÉRATION DE DÉMINAGE PAR L’ORION

Le 11 février 2013, le chasseur de mines Orion a mené une opération de contreminage d’engins historiques à l’ouest de la presqu’île de Giens. Quatre engins explosifs avaient été repérés sur le site des Fourmigues, un spot de plongée très fréquenté. Des plongeurs les ont précisément localisés avant de les identifier. Il s’agissait de quatre obus de la Seconde Guerre mondiale. Les engins ont été déplacés pour être neutralisés dans une zone sécurisée, à environ 100 mètres au large. Comme pour toutes les interventions de ce type, l’Orion a procédé à leur destruction à 10 mètres sous la surface de l’eau grâce à un système de détonation à distance. Cette opération a duré quatre heures et une équipe de quatre à six plongeurs a dû effectuer cinq plongées pour la mener à bien. CÉRÉMONIE D’HOMMAGE AUX MARINS-POMPIERS DÉCÉDÉS

Le 14 février 2013, les marinspompiers de Marseille, en activité ou ayant quitté l’institution, se sont réunis au pied de la basilique Notre-Dame-dela-Garde en mémoire de leurs camarades décédés. Le vice-amiral Jean-Michel L’Hénaff, commandant le bataillon de marins-pompiers de Marseille (BMPM), était présent à cette cérémonie. Après les discours du président de l’amicale et du président des officiers mariniers, les autorités ont procédé à un dépôt de gerbe commun. L’ensemble des participants a ensuite respecté une minute de silence. Une messe a été célébrée par l’aumônier Nicodème Chantel, accompagné de l’aumônier protestant Marc Schmitt et présidée par monseigneur Mino-Matot. LA MARINE NATIONALE RÉCOMPENSÉE

Le 12 février 2013, lors de la soirée de remise des Grands prix de la créativité 2012, la Marine nationale a reçu le prix de bronze dans la catégorie « Dispositif/ annonce de recrutement ». Cette soirée était organisée par l’Agence conseil en communication pour l’emploi (ACCE). La campagne de communication de recrutement de la Marine « Et si vous étiez marin sans le savoir » a été conçue en 2012 par le Service de recrutement de la Marine (SRM) avec l’agence conseil en communication Havas Worldwide Paris. Elle est visible jusqu’au 10 mars à la télévision, sur Internet ou encore en affichage dans les métros, les gares… 8 ® COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013

LE PATROUILLEUR L’ADROIT EN OCÉAN INDIEN PASSAGE DU CANAL DE SUEZ.

1 Parti de Toulon le 17 janvier 2013, le patrouilleur L’Adroit poursuit son déploiement. Un déploiement lointain et de longue durée dans un contexte d’emploi opérationnel qui permettra à la Marine nationale d’apprécier les performances de ce bâtiment d’expérimentation. Depuis le franchissement du canal de Suez fin janvier, L’Adroit est intégré à la Task Force 150, volet maritime de l’opération Enduring Freedom de lutte contre le terrorisme. Il a participé au salon Idex à Abou Dhabi, où il était à quai, le 15 février dernier. Durant ce déploiement, il contribue aux missions

permanentes de la Marine nationale de connaissance et d’anticipation. Il éprouve ses capacités techniques et la capacité de son équipage optimisé à remplir les missions confiées dans la durée. Le concours des forces françaises de Djibouti (FFDJ) lui a également permis de continuer à tester son interopérabilité : il s’est entraîné avec des forces spéciales et avec différents hélicoptères de l’aviation légère de l’armée de Terre. Dans quelques semaines, L’Adroit devrait participer à Atalante, opération européenne de lutte contre la piraterie en océan Indien. ®

LE BPC DIXMUDE S’ENTRAÎNE À UNE ÉVACUATION DE RESSORTISSANTS EN CORSE 1 Le 12 février 2013, sur la base d’Aspretto, à Ajaccio, l’équipage du bâtiment de projection et de commandement (BPC) Dixmude s’est entraîné à mener une évacuation de ressortissants. Le scénario de cet exercice est le plus réaliste possible. Dans un pays fictif en crise, en état de déliquescence politique, des rebelles se rapprochent de la capitale. La menace, sérieuse, se précise et il devient nécessaire d’évacuer les ressortissants européens présents sur place. Dès 6 h 45, les deux chalands de transport de matériel (CTM) de la flottille amphibie quittent le radier du BPC. Quelques minutes plus tard, un hélicoptère Puma du Groupement interarmées d’hélicoptères (GIH) décolle du pont d’envol du Dixmude et se déploie sur le terrain. Le site est sécurisé et les CTM peuvent accoster. Les marins composant le « dispositif terre » déchargent leur matériel. Les rôles sont bien définis, les tâches connues, tous s’affairent minutieusement et le parcours d’accueil et d’enregistrement est rapidement mis en place. Des lycéens, venus de toute la Corse, ont endossé le rôle des ressortissants européens à évacuer. Les blessés fictifs ont été pris en charge par l’équipe médicale déployée sur le terrain et ont été parfois évacués, tandis que les cas particuliers (individus sans pièce d’identité)

étaient gérés par une équipe dédiée. En charge des liaisons entre le quai, les embarcations de débarquement et le central opérations du BPC, le beachmaster(1) a coordonné les mouvements de CTM. Le commandant présent en haut de la rampe du radier a accueilli chaque lycéen à son arrivée. Curieux et intéressés, les lycéens ont posé de nombreuses questions et ont profité de l’opportunité d’être à bord d’un bâtiment de combat pour découvrir ce nouvel environnement et mieux comprendre les missions de la Marine nationale. ® (1) Garant de la sécurité des civils lors de leur transport en batellerie.

3009-P08-09_Layout 3 26/02/13 16:04 Page9

PIRATERIE LA FRÉGATE SURCOUF CONDUIT DES ACTIONS DE FORMATION AUX SEYCHELLES

PENDANT TROIS JOURS, LES MARINS DU SURCOUF ONT DÉLIVRÉ AUX FORCES SPÉCIALISÉES ET AUX GARDES-CÔTES SEYCHELLOIS DIVERSES FORMATIONS (SECOURISME DE COMBAT, TECHNIQUES D’INTERVENTIONS OPÉRATIONNELLES RAPPROCHÉES, PROGRESSION TACTIQUE DANS LES LOCAUX D’UN BÂTIMENT…).

1 Du 4 au 7 février 2013, lors de son escale aux Seychelles, la frégate légère furtive (FLF) Surcouf a conduit des actions de formation dans le cadre de la coopération en matière de lutte contre la piraterie

entre les Seychelles et la force européenne Atalante. Ce programme de coopération est supervisé par l’état-major de la force européenne Atalante et se déroule principalement lors des escales de ses bâti-

ments. Les Seychelles sont tout particulièrement concernées par la lutte antipiraterie, car elles disposent d’une grande zone économique exclusive (ZEE) située au sud du bassin somalien où les pirates opèrent. Depuis le lancement de l’opération en décembre 2008, le pays est l’un des principaux acteurs régionaux. Il accueille les bâtiments en escale et des détachements d’avions ou d’hélicoptères de patrouille maritime. Le principal objectif de ces formations est d’aider les marines et gardescôtes des pays de la région à développer des capacités maritimes propres, tout en permettant aux bâtiments de la force européenne de profiter de leur expérience et de leur connaissance de la zone. Ces rencontres facilitent par ailleurs les futures coopérations lors d’éventuelles opérations où une collaboration étroite pourrait être nécessaire. Lors de cette escale, l’équipage du Surcouf a accueilli à son bord l’ambassadeur de France, Mme Geneviève Iancu, et lui a présenté les missions de l’opération Atalante. Elle a pu découvrir l’organisation, le rôle et les missions d’une frégate de la Marine nationale et s’entretenir avec des membres de l’équipage. ®

COURBET DÉPLOIEMENT EN OCÉAN INDIEN 1 Le 3 février 2013, la frégate Courbet a appareillé de Toulon pour un déploiement de quatre mois. Intégrée à la Task Force 465 qui mène l’opération Atalante de lutte contre la piraterie en océan Indien, elle reviendra au mois d’avril en Méditerranée orientale avant de rallier son port-base à la fin du mois de mai. Après plusieurs semaines d’entraînements, le Courbet a relevé son sistership, le Surcouf, le 18 février à Djibouti. Depuis cette date, la frégate prend pleinement part à l’opération Atalante, action européenne lancée en 2008 qui vise à contribuer à la

protection des navires qui acheminent de l’aide alimentaire en Somalie, à la protection des navires vulnérables naviguant dans le golfe d’Aden et à dissuader, prévenir et réprimer tout acte de piraterie au large des côtes. Cette zone du globe est en effet stratégique puisque près de 20 000 navires y transitent chaque année, acheminant ainsi 30 % des approvisionnements européens en pétrole et gaz. La frégate Courbet a profité des deux semaines de transit vers l’océan Indien pour répéter les gestes et les procédures nécessaires au bon déroulement de l’opération. ®

LES MARINS DU COURBET ONT MIS À PROFIT LE TRANSIT VERS L’OCÉAN INDIEN POUR INTENSIFIER LEUR PRÉPARATION OPÉRATIONNELLE AVEC DU MATÉRIEL RÉCENT.

L’ARGONAUTE RÉCUPÈRE DES CONTENEURS APPUYÉ PAR UN CAÏMAN

RÉCUPÉRATION DE CONTENEURS À LA DÉRIVE PAR L’ARGONAUTE.

1 Le 9 février 2013, le bâtiment de soutien d’assistance et de dépollution (BSAD) Argonaute a récupéré quatre conteneurs-citernes à la dérive. Trois jours auparavant, le porte-conteneur UAL Europe avait signalé avoir perdu ces quatre conteneurs en zone anglaise. Immédiatement, le centre régional opérationnel de sauvetage et de surveillance (Cross) Corsen a transmis cette information aux autorités britanniques. Le jour même, le centre des opérations de la Marine (COM) à Brest a émis un avis urgent aux navigateurs pour signaler la position des objets perdus et dangereux pour la navigation. Le lendemain, ces derniers ont été localisés à 150 km à l’ouest de l’île de Ouessant en zone française par l’équi-

page d’un Atlantique 2 de la Marine nationale. Le 8 février, dans la matinée, un hélicoptère Caïman de la Marine nationale avait été dépêché sur zone pour les marquer et le signal émis a permis au COM Brest d’avoir une localisation précise et permanente. La préfecture maritime a envoyé sur zone l’Argonaute avec une équipe de plongeurs démineurs et de marins-pompiers. Sur les quatre conteneurs récupérés, trois étaient vides et le dernier avait une fuite et contenait des résidus de gaz Propane. Le 11 février, l’Argonaute a été mis au mouillage en grande rade afin d’élaborer une solution définitive avec l’armateur pour la récupération et le traitement à terre de ces conteneurs. ® COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013 ® 9

3009-P10-11_Layout 3 26/02/13 16:09 Page10

INFO

actus

E N

B R E F

UN NOUVEAU SONDEUR POUR LE BORDA

Du 12 au 14 février 2013, le bâtiment hydrographique Borda a effectué les essais de recette de son nouveau sondeur multifaisceaux (Kongsberg EM 710). Différents levés en baie de Douarnenez et en Iroise ont été réalisés afin de valider le système. Pour ces essais, le bâtiment a notamment relocalisé l’épave de l’U821, un sous-marin allemand coulé en juin 1944 par la Royal Air Force et dont l’épave a été découverte par le chasseur de mines Andromède en 1986. Ce nouveau sondeur dote le Borda de nouvelles performances. Il offre une portée plus importante, 1 500 m au lieu de 500 m, et une précision, une densité et un pouvoir de détection largement supérieurs. L’éventail de missions accessibles par le bâtiment s’en trouve d’autant plus élargi. RUGBY : VICTOIRES DU RCMN

Le Rugby Club de la Marine nationale (RCMN), équipes féminine et masculine, enchaînent les victoires. La première équipe s’est illustrée face aux filles de l’AS Bayonne par 36 à 5. Quant aux trente jeunes hommes, ils ont disputé le premier match contre une équipe mixte de l’Aviron Bayonnais et le second contre l’équipe locale de Boucau Tarnos Stade. Les deux équipes ont profité des entraînements et de ces rencontres sportives pour sceller l’esprit d’équipe. L’occasion également d’élaborer la stratégie de jeu en vue de leur prochaine échéance : les deux équipes affronteront les équipes de la Royal Navy à Portsmouth le 3 avril prochain. ESCALE MAROCAINE POUR LA FREMM AQUITAINE

Du 11 au 14 février 2013, la Fremm Aquitaine a effectué la première escale de son déploiement de longue durée à Casablanca (Maroc). Elle avait conduit quelques jours plus tôt des manœuvres conjointes avec deux corvettes de la Marine royale marocaine. L’état-major de la future Fremm Mohammed VI, embarqué à bord de l’Aquitaine pendant plusieurs semaines, a suivi les évolutions tactiques, les présentations pour ravitaillement à la mer et les vols d’hélicoptères. Les marins de l’Aquitaine ont repris la mer et se dirigent vers Rio de Janeiro (Brésil), afin de poursuivre la vérification des capacités du navire en eaux chaudes sous des latitudes équatoriales.

10 ® COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013

MISTRAL AU CAP DÉMONSTRATION AMPHIBIE ET PROMOTION DE LA CITOYENNETÉ

MANŒUVRE DE L’EDA-R DANS LE PORT DU CAP.

1 Du 5 au 11 février 2013, le bâtiment de projection et de commandement Mistral a fait escale au Cap, en République Sud-Africaine. Cette pause opérationnelle a été mise à profit pour promouvoir la coopération avec la South African Navy (SAN). Le Mistral a présenté les procédures d’enradiage et de déradiage des engins amphibies. Deux chalands de transport de matériel et l’engin de débarquement amphibie rapide (EDA-R) ont ainsi manœuvré dans le port, avant de sortir dans la baie du Cap. Embarqués à bord de l’EDA-R L9093, les officiers sudafricains ont pu apprécier ses qualités manœuvrières. Tout au long de l’escale, les plongeurs de bord du Mistral ont partagé leur expertise avec leurs

homologues sud-africains. Procédures, matériels et savoir-faire français ont séduit dans la perspective d’un renforcement de la sécurité des ports. L’escale du Mistral a également été l’occasion d’organiser à bord une Journée Défense et Citoyenneté (JDC) pour les jeunes Français du Cap. Cette journée a drainé deux fois plus d’inscrits qu’à l’accoutumée : un succès, de l’avis de M. Antoine Michon, consul général de France au Cap. Outre les conférences traditionnelles, prononcées par le consul général et l’attaché de défense, la cinquantaine de participants a bénéficié d’une présentation de la Marine effectuée par le commandant du Mistral et d’une visite du bâtiment qui a suscité l’enthousiasme. ®

FJORDS ET HAMBOURG POUR LE PRIMAUGUET 1 Programme chargé pour l’équipage du Primauguet. En quelques semaines, la frégate antisous-marine (Fasm) a participé à un entraînement majeur de l’Otan et a célébré le cinquantenaire du traité de l’Élysée à Hambourg. Le rendez-vous était donné au pied des Fjords norvégiens. Du 4 au 13 février dernier, la Fasm Primauguet a participé au Nato Submarine commanding course, un entraînement de lutte anti-sous-marine qui regroupe des navires et des sous-marins des marines norvégienne, anglaise et hollandaise. Au cours des premières journées, la frégate Primauguet a contribué, avec les marines alliées, à une escorte d’unité de grande valeur sous menace sous-marine et à un exercice multilutte de détection et d’attaque d’un sous-marin. L’un de ces entraînements consistait à effectuer des manœuvres coordonnées avec les frégates norvégienne et danoise à proximité d’un sousmarin norvégien. Ce genre d’entraînement permet de développer le sens marin des officiers chefs de quart du Primauguet et d’aguerrir les opérateurs sonar grâce aux nombreuses prises de contact. Deux jours après la fin de cet entraînement, la Fasm Primauguet a fait escale à Hambourg. Ce fut l’oc-

LE SOUS-MARIN NORVÉGIEN UTSTEIN EN IMMERSION PÉRISCOPIQUE ET LA FRÉGATE THOR HEYERDAHL.

casion de célébrer le cinquantième anniversaire du traité de l’Élysée. Cinquante ans après la formalisation de la réconciliation franco-allemande, une délégation de l’équipage du Primauguet a été reçue à la mairie d’Hambourg, décorée pour l’occasion aux couleurs françaises. La frégate a vu passer dans ses coursives plus de 1 200 visiteurs. La commémoration du cinquantenaire du traité de l’Élysée a également été célébrée au Monténégro où le pétrolier-ravitailleur Meuse en escale a été l’hôte d’une réception co-organisée par le bord et les ambassades française et allemande. ®

3009-P10-11_Layout 3 26/02/13 16:10 Page11

ÉCOLE NAVALE INVENTEURS EN HERBE

E N

BMPM : INTERVENTION À QUAI

LES ENSEIGNES DE VAISSEAU GUILLAUME LARNAUDIE ET DAMIEN TOCQUER ONT TRAVAILLÉ DANS LE DOMAINE DE LA MODÉLISATION NUMÉRIQUE DES ÉTATS DE MER.

1 Lors de la Journée Sciences navales, des officiers-élèves ont retenu l’attention avec des projets originaux. L’occasion de faire se rencontrer les futurs officiers et les plus grands scientifiques du monde marin. Dans le hall Neptune de l’École navale, pas de blouse blanche, pipette ou autres outils sortis de la mallette du parfait scientifique. Pour autant, les élèves de première année étaient bien plus que des scientifiques en herbe lors de la dernière édition de la Journée Sciences navales. Le 7 février 2013, l’École navale avait organisé au profit des élèvesofficiers une rencontre sous le thème : « Ressources océaniques : potentiel et protection ». L’occasion pour les enseignes de vaisseau Guillaume Larnaudie et Damien Tocquer de présenter leur projet

B R E F

scientifique. Ils ont travaillé dans le domaine de la modélisation numérique des états de mer. « Par exemple, on a cherché à connaître les répercutions d’une nouvelle digue dans un port », explique l’EV Larnaudie, soucieux d’être concret. Les deux jeunes marins ont fait avancer la méthodologie en la matière. « Une étude qui prenait trois mois il y a quelques temps encore peut dorénavant être menée en deux semaines », indique l’EV Tocquer. Pour mener à bien leurs projets, les stagiaires sont accueillis douze semaines durant dans des universités ou des entreprises, en France ou à l’étranger. Ces projets, effectués il y a quelques mois, ont été validés par une soutenance en présence du contre-amiral Hello, commandant l’École navale. ®

Au milieu de la nuit du 19 février, le bataillon de marins-pompiers de Marseille (BMPM) est intervenu dans le vieux port car une embarcation de 14 mètres était entièrement embrasée. Le BMPM a rapidement dépêché des moyens de lutte contre l’incendie, tandis que la vedette SNSM Bonne Mère de Marseille, armée par un équipage de marins-pompiers, assurait la sécurité du plan d’eau. En moins d’une heure et demie, le feu a été éteint mais la vedette a coulé. Des plongeurs du bataillon ont entamé les recherches d’une éventuelle victime, mais ont dû s’interrompre devant l’instabilité de l’épave. En complément de ce dispositif, des marins-pompiers spécialisés en lutte contre la pollution ont déployé des barrages et des dispositifs absorbants autour de la vedette afin d’éviter tout risque de pollution. Les embarcations amarrées en face de l’embarcation en feu ont été épargnées grâce aux opérations de protection menées par deux lances à eau établies par les marins-pompiers.

MARINES ÉTRANGERES BANGLADESH La Marine bangladaise monte progressivement en puissance afin d’assurer la sauvegarde des intérêts et des ressources du pays dans sa zone économique exclusive vis-à-vis de ses voisins indien et birman. Elle va ainsi prendre possession en 2013 des deux patrouilleurs lance-missiles de 500 tonnes et 64,20 mètres commandés aux chantiers chinois Wuchang de Wuhan, les Durjoy lancé le 26 août 2012 et Nirmul lancé le 27 septembre 2012. Au moins six autres bâtiments du même type doivent être construits au Bangladesh grâce à un transfert de technologie. D’autre part, elle a procédé le 24 janvier 2013 à la mise en service du patrouilleur Padma de 255 tonnes et 60,40 mètres, de conception chinoise également mais construit dans ses propres chantiers de Khulna où il a été lancé le 8 octobre 2012 ; quatre autres unités identiques vont suivre. Par ailleurs, l’US Coast Guard va lui livrer dans le courant de cette année le cotre océanique Jarvis du type Hamilton, désarmé aux États-Unis en décembre 2012 et identique au Chase transféré par cet organisme au Nigeria en 2011 et aux Hamilton et Dallas transférés aux Philippines respectivement en 2011 et 2012. Quant à la Marine chinoise, elle va lui livrer en 2013 deux de ses trois frégates du type Jianghu III, les Huangshi et Wuhu. Le gouvernement bangladais souhaite également se doter d’une composante sous-marine d’ici 2016 ; des négociations sont en cours à cet effet avec la Chine, celle-ci étant susceptible de lui livrer deux unités d’occasion du type Ming, voire du type Song ; mais le Bangladesh pourrait également se montrer intéressé par l’acquisition de deux sous-marins italiens des types Salvatore Pelosi ou Primo Longobardo lorsqu’ils seront retirés du service. Enfin, la construction de deux corvettes lance-missiles de 1 330 tonnes et 105 mètres, constituant une version légèrement agrandie du type 056 que la Marine chinoise fait construire en de nombreux exemplaires pour elle-même, pourrait avoir commencé en Chine. CV (R) BERNARD PRÉZELIN, FLOTTES DE COMBAT

COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013 ® 11

3009-P12-19_Layout 3 26/02/13 16:34 Page12

12 ® COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013

3009-P12-19_Layout 3 26/02/13 16:43 Page13

PASSION

Marine

es publicités des grandes marques internationales de logistique, expédition, transport et entreposage internationales, capables de vous livrer au bout du monde de manière expresse, vous font rêver ? La logistique opérationnelle devrait vous séduire. La logistique opérationnelle (Logops) est un des fondements du soutien opérationnel des forces maritimes et aéronavales. Une des caractéristiques des opérations militaires étant l’adaptation permanente, des équipes de logisticiens sont là pour trouver la solution la plus adaptée afin de soutenir les forces déployées. Pas simple, d’autant que le « client » est exigeant, à juste titre. Envoyer des pièces de rechange ou des renforts à l’autre bout du monde dans les conditions les plus improbables, gérer une multitude de micro-flux humains ou matériels vers des destinataires mobiles, lister tous les besoins des forces et y répondre dans les délais les plus brefs et au meilleur coût… Vingt-quatre heures sur

L

vingt-quatre et sept jours sur sept, vous pouvez naviguer sereinement, la logistique opérationnelle suit. Dans ce domaine, endurance et allonge sont les deux mots clés. Il n’y a pas en effet de projection de force ou de puissance de longue durée sans un soutien logistique opérationnel performant à tous les niveaux d’une chaîne relativement complexe. La Logops repose ainsi sur de nombreux acteurs qui doivent partager des procédures et un langage commun afin de satisfaire les besoins exprimés par les forces et leur permettre de durer à la mer. À travers des exemples opérationnels, Cols Bleus vous propose un tour d’horizon des acteurs, missions, messages et systèmes qui permettent à la Logops de répondre tout au long de l’année aux besoins des forces déployées à la mer ou ailleurs.® DOSSIER RÉALISÉ PAR LV COLOMBAN ERRARD

COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013 ® 13

3009-P12-19_Layout 3 26/02/13 16:36 Page14

PASSION

Marine

« ASSURER LA SATISFACTION OPTIMALE DES BESOINS DES UNITÉS » La logistique opérationnelle repose sur de nombreux acteurs. Ils doivent tous partager des procédures et un langage commun afin de satisfaire les besoins exprimés par les unités opérationnelles et leur permettre de durer pour mener à bien leurs missions. Entretien avec le CF Patrick Bourlard, chef de la cellule logistique opérationnelle de l’état-major opérationnel de la Marine (EMO N4). our pouvoir taper juste et vite, nous devons être des touche-à-tout. Il faut savoir précisément ce qui se passe dans notre Marine, connaître ses capacités et entretenir un solide réseau en interne, en interarmées, voire en interministériel. L’instruction permanente sur les procédures de logistique opérationnelle définit les relations entre les acteurs du domaine et répartit les responsabilités respectives. Le but est d’établir des procédures fiables dans la transmission des messages et la gestion des flux. Pour atténuer la discontinuité entre la terre et la mer, nous traitons les affaires au cas par cas. L’objectif est en effet d’assurer la satisfaction optimale des besoins des unités dès qu’elles sont en mission. Mais notre tâche commence en amont : nous informons le chef d’état-major de la Marine et le major général sur l’état de disponibilité des forces en amont, jusqu’à quinze jours avant leur départ en opération, pour orienter ou conforter leurs décisions. Distinguer les besoins opérationnels urgents des moins urgents, en assurant l’emploi optimal des ressources humaines et financières est notre quotidien. La cellule « Dispo » suit ainsi l’état des unités déployées. Elle est chargée d’exploiter les messages émanant des unités en première ligne et d’identifier le grain de sable qui peut gripper la mécanique. La cellule Transport, quant à elle, résout les difficultés et coordonne les expéditions via des moyens marine, interarmées et/ou civils. » ®

P

«

14 ® COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013

DÉSTOCKAGE DE PIÈCES POUR EXPÉDITION DEPUIS LES HANGARS DU CENTRE LOGISTIQUE DE L’AÉRONAVALE (BAN DE LANN-BIHOUÉ).

DES MOTS CONTRE LES MAUX CRAT, PEPIN, RAV, DEM… Autant d’appels à l’aide qui nourrissent régulièrement la file de messages des logisticiens. Avec les messages quotidiens, hebdomadaires ou de circonstance, de comptes-rendus des unités en opérations, le N4 dispose ainsi d’une vue globale des attentes et maîtrise le positionnement de ses « clients » pour mieux gérer ses flux. Dans le scope du logisticien : • OPREP – Opération report • SITINDIS – Situation d’indisponibilité d’une unité - compte-rendu hebdomadaire vers l’autorité organique Compte-rendu pouvant être émis par les unités • LOGREQ – Logistic requirement – émission de besoin logistique • PEPIN – Compte-rendu d’avarie qui n’interrompt pas la mission • CRAT – Compte-rendu d’avarie technique qui entraîne l’interruption de la mission • DEM – Demande extraordinaire de matériel • DUT – Demande unique de transport, procédure interarmées • RAV Bravo, Charlie ou MMS – Ravitaillements • Aptitude du bâtiment – Octroi, possession et modifications de la qualification opérationnelle • Indisponibilité du bâtiment – Indisponibilité d’un matériel programmée ou non • Disponibilité du bâtiment – Disponibilité d’un matériel à l’issue d’une indisponibilité programmée ou non • Navibat – Perte d’une capacité opérationnelle

3009-P12-19_Layout 3 26/02/13 16:37 Page15

Les procédures classiques de maintien en condition opérationnelle dépendent du Service de soutien de la flotte (SSF) pour les bâtiments et de la Structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels aéronautiques du ministère de la Défense (Simmad) pour les formations de l’aéronautique navale. La logistique opérationnelle complète, sans s’y substituer, ces procédures normales définies par les services approvisionneurs et de soutien. Tour d’horizon des acteurs, missions, messages et systèmes.

LES TREIZE FONCTIONS DE LA LOGOPS

• Acheminement • Condition du personnel en opérations (colis solidarité, courrier)

• Hygiène et sécurité en opérations • Maintien en condition opérationnelle • • • • • • • • •

(MCO) Protection de l’environnement (dépollution de sites après opération…) Soutien de l’homme Soutien médical (concourant avec le SSA) Soutien munitions Soutien pétrolier Soutien au stationnement (Infra) Soutien administratif (gestion des personnels) Soutien financier Soutien juridique

LES BONS PLANS DU LOGOPS

LES OUTILS ET SYSTÈMES

par le CC Alain Le Noc, cellule logistique opérationnelle de l’EMO

L’ASSOCIATION INTERNATIONALE DU TRANSPORT AÉRIEN (IATA) RÉGLEMENTE LE TRANSPORT DE MARCHANDISES DANGEREUSES. LA PLUPART DES MATÉRIELS MILITAIRES SONT CONCERNÉS.

« La Logops, c’est pas mal d’anticipation et énormément de conduite. L’anticipation, car la ressource en vecteurs de transport stratégique est rare et que le coût de toute prestation doit être estimé au plus juste. Mais la conduite aussi, parce que la débrouillardise naît des retours d’expérience, l’inventivité faisant souvent le reste. Dans les échanges de flux, il existe des nœuds permanents, clairement identifiés et répertoriés, mais aussi des nœuds coulants qui apparaissent ou disparaissent selon les circonstances. Il y a par exemple des endroits où on ne livre pas de courrier, car on sait que les dépêches postales n’arrivent que très rarement dans les temps. On est aussi parfois bloqué pour des choses toutes bêtes comme un aérosol dans un sac postal devant emprunter un vol commercial, ce qui est

interdit, ou un colis opaque aux rayons X à l’embarquement sur un vol civil. Avec l’expérience, on finit aussi par savoir quelles destinations présentent des risques. Cela peut être dû à des douanes trop lentes ou trop pointilleuses, à des traditions locales ou à des jours spécifiques qui sont chômés. Nous suivons également l’actualité des lieux où nous expédions des colis. Parfois, une grève ou des soulèvements peuvent impacter nos envois. La connaissance des flux courants entre les pays et/ou les forces armées nous permet soit d’éviter de tomber dans un trafic trop dense à un moment donné, soit de s’y fondre ou d’en bénéficier selon les cas. En bref, anticiper, c’est se donner toutes les chances de réussir, maîtriser les coûts et se donner le choix dans les moyens d’action en optant pour les plus efficients.» ®

Les demandes formulées par les unités en opérations transitent par des systèmes informatiques. Ce sont autant de signaux à prendre en compte pour les logisticiens… SIL : Système d’information logistique SILCENT : Système d’information logistique central SILRIA : Système d’information logistique pour le suivi de la ressource interarmées Ces systèmes informatiques permettent de tracer les flux entre les centres de transit et de connaître les états de chargement, la situation en douanes… Le système MEAT (Management of European air transport) est un autre outil indispensable au logisticien : il permet de visualiser le programme des vols militaires (VAM).

LE SYSTÈME D’INFORMATION LOGISTIQUE CENTRAL PERMET AUX FORCES ARMÉES D’AVOIR UNE VISION D’ENSEMBLE ET DE MUTUALISER LES MOYENS.

COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013 ® 15

3009-P12-19_Layout 3 26/02/13 16:38 Page16

PASSION

Marine

Le PM Sylvain Garnier, le MTS Pascal Firpo et le MT Arnaud Serus travaillent à la cellule Transport à l’EMO N4. Des « clients » pressés, des ordinateurs en réseau, des téléphones fixes et des portables, des contacts dans les états-majors embarqués ou à terre, marine ou interarmées et surtout beaucoup d’astuces. Tel est leur quotidien. Un seul objectif tout au long de l’année : trouver la solution la plus adaptée pour soutenir les unités déployées. Entre deux échanges téléphoniques, ils ont pris le temps de partager leur expérience. DEUXIÈME COUCHE POUR LA RELÈVE

UN ETRACO POUR LES COMMANDOS

(mission programmée à Singapour, mais destination modifiée en conduite)

(livraison programmée entre Lorient et La Réunion)

« Dès fin 2011, nous savions que nous devions organiser une relève d’équipage pour un bâtiment lors d’une escale à Singapour en juillet 2012. Soit une centaine de passagers, un peu de fret et des solutions de logement temporaire. Ce type de vol n’est pas mutualisable avec d’autres avions que le centre multimodal de transport pourrait mettre en place. Il faut donc organiser un vol dédié, dont les dates coïncident avec l’escale du navire et les nécessités du « tuilage » entre les deux équipages. Mais les conditions opérationnelles en ont voulu totalement autrement et nous avons dû tout reprogrammer au dernier moment… à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis ! »

« En octobre 2012, une frégate de surveillance se trouvait en mission Atalante. Le bord devait faire rallier de Lorient cinq commandos et remplacer son embarcation de transport rapide pour commandos (Etraco). Or, ce type de matériel nécessite une demande d’autorisation auprès de l’IATA L’EMBARCATION DE TRANSPORT RAPIDE EST SAISINÉE DANS LA TRANCHE ARRIÈRE (Association internationale du transport DU TRANSALL. aérien) pour le transport de marchandises dangereuses. Deux problématiques essentielles s’imposent : le temps de gestion administrative pour l’obtention des autorisations de survols de pays étrangers et le risque de problèmes de dédouanement à l’arrivée. Nous avons profité d’une escale du bâtiment à La Réunion pour faire acheminer ce matériel. Lorsqu’une démarche est bien engagée (avec le bon message et les bons destinataires), on optimise la réalisation de la manœuvre car tous les acteurs peuvent se mettre en ordre de bataille. »

«

Les maîtres mots du logisticien, c’est anticipation et conduite. Si la première est essentielle, la conduite constitue le domaine où nous apportons une réelle expertise et une vraie plus-value. Cela couvre 95 % de notre activité.

»

CF PATRICK BOURLARD, EMO N4.

LE SOUS-MARIN A L’ANTENNE (livraison non programmée, de Toulon vers La Sude, en Crète) « Nous sommes au milieu de l’année 2012 et un sous-marin nucléaire d’attaque nous fait parvenir une demande urgente d’antenne acoustique de rechange. Une antenne de sous-marin mesure quelques centaines de mètres. Elle est lovée autour d’un touret, qui fait une taille non conventionnelle pour le transport. Lorsque la demande a été émise par le SNA, le Centre multimodal des transports (CMT) nous a dit tout de suite qu’ils n’avaient pas de solution dans le temps imparti. Il a donc fallu trouver une solution innovante avec nos correspondants habituels. Tout le monde s’est mobilisé à Toulon, du Service logistique de la Marine (SLM/C) au Transit Marine. Un convoi spécial a été monté par voie routière vers l’Italie, puis un ferry a pris le relais pour acheminer l’antenne. Les modalités douanières ont pu être réglées et le sous-marin est parti dans les temps, en respectant ses dates d’escale prévues. » 16 ® COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013

LA LOGOPS AVANCE HERCULES (livraison programmée entre Hyères et Fort-de-France, en Martinique) « À la fin du mois de janvier 2013, la 36F devait remplacer de manière programmée son hélicoptère Panther et acheminer du matériel aéronautique et cinq marins sur le Ventôse qui participe aux opérations de lutte contre le narcotrafic. Il y a relativement peu de ressources au Centre multimodal des transports (CMT) comme à l’EATC (European Air Transport Command). Or, il y a pas mal de demandes à honorer en interarmées et en multinational, notamment avec les opérations actuellement en cours. Nous devons donc argumenter nos demandes et déterminer avec les commandements organiques le degré d’urgence des sollicitations. Comme il s’agissait d’un hélicoptère pour une mission de lutte contre le narcotrafic, c’était une priorité. Au bilan et après de multiples reconfigurations, l’EATC a mis en place un C130 Hercules belge pour réaliser la mission et nous avons profité d’une escale planifiée du bâtiment en Martinique pour livrer l’hélicoptère à Fort-de-France. Ce type d’expédition avec survol de pays étrangers fait bien évidemment l’objet d’une demande d’autorisation auprès de l’IATA pour le transport de marchandises dangereuses. »

3009-P12-19_Layout 3 26/02/13 16:38 Page17

Les états-majors opérationnels sont répartis en trois piliers : activité, fusion de l’information et soutien. Dans le bureau des logisticiens, on sent très vite l’importance du troisième pilier au service du premier. Quelques exemples du calendrier chargé de la Logops.

RETOUR VERS SA BASE EN GRANDE-BRETAGNE POUR L’ÉQUIPAGE BRITANNIQUE DU LYNX APRÈS UN DÉTACHEMENT SUR LE SURCOUF EN MISSION ATALANTE.

GOOD BYE FAREWELL (transfert entre le Surcouf et Istres et Yeovillon en Grande-Bretagne) « En mars 2013, l’équipage du Lynx britannique détaché sur la frégate de type La Fayette Surcouf en opération Atalante devra rentrer en Angleterre. Dans ce cas un peu particulier, la Marine nationale exprime une demande au profit d’un détachement britannique embarqué à bord de l’un de nos bâtiments. Comme ce détachement d’une dizaine de personnes est venu avec son armement et 4 tonnes de fret, il faut là aussi obtenir les autorisations nécessaires. Le Surcouf retournant à son port-base à Toulon, l’EATC a choisi de mettre en place une voie aérienne militaire. C’est la première fois, en tout cas depuis que je travaille dans ce service, que nous effectuons une expression de besoin au profit d’une autre nation. »

UN TOUT-TERRAIN DESCENDU « P4 À 4 » (livraison non programmée, de Lorient à Djibouti) « Suite à une avarie survenue sur un véhicule tout-terrain de type P4, nécessaire à leur activité opérationnelle, les commandos marine stationnés à Arta (Djibouti) nous ont sollicités en urgence pour remplacer ce matériel. En consultant notre base de données, on s’est aperçu que le Centre multimodal des transports avait mis en place un bâtiment affrété pour une autre mission au départ de Marseille. Avec le concours de la cellule N4 d’Alfusco, on a profité de l’existence de cette liaison pour saisiner le P4 sur ce navire grâce aux services du 519e groupe de transit maritime à Toulon. Les commandos ont reçu leur véhicule de remplacement dans des délais raisonnables. »

PETIT POIDS POUR UN HÉLICO VERT (livraison programmée, de Lanvéoc à Fort-de-France, en Martinique) « Ce n’est pas forcément le volume de nos envois qui génère des complications. L’hélicoptère du Germinal à Fort-de-France voyait son « paquetage collectif » arriver à échéance de visite. Il s’agit juste d’un gros sac d’une trentaine de kilos, mais qui contient des éléments vitaux de sécurité pour les vols. Sans lui, l’hélicoptère est indisponible. Or, le Centre multimodal des transports n’avait vraiment plus de place pour le prendre en compte dans son aérotransport programmé vers cette destination. Nous avons réussi à souligner l’importance de ce matériel et le Centre multimodal des transports a pu trouver une solution, mais au départ de Hyères. Nous avons donc acheminé ce sac en urgence de Lanvéoc à Lann-Bihoué en voiture, puis de Lann-Bihoué à Hyères en Xingu avant son aérotransport vers la Martinique. »

UN SOUTIEN ADROITEMENT MENÉ « Mi-février 2013, l’équipage marine du patrouilleur de surveillance océanique L’Adroit se trouve en escale à Abu Dhabi avec un motoréducteur en avarie. Le Service de soutien de la flotte (SSF) et Alfan souhaitaient faire acheminer les pièces de rechange depuis l’Autriche. Ils nous ont demandé d’acheminer les pièces de rechange vers Abu Dhabi. Le Transit marine Île-de-France LA LOGISTIQUE OPÉRATIONNELLE EN SOUTIEN a assuré la partie administrative (liste de DU PATROUILLEUR L’ADROIT. chargement, douanes…), émis une demande unique de transport (DUT) pour mettre en place le matériel dans une voie aérienne militaire planifiée. Les délais étant très courts – moins d’une semaine – nous avons fait valoir notre besoin urgent au Centre multimodal de transport pour glisser le matériel dans cette voie aérienne militaire existante. Vers la base de soutien défense d’Abu Dhabi, les voies aériennes militaires sont en effet plus fréquentes que vers d’autres destinations. La présence d’un bureau Transit transport sur base nous permet de faire dédouaner et acheminer le fret pour les unités qui font escale dans cette zone. » COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013 ® 17

3009-P12-19_Layout 3 26/02/13 16:39 Page18

PASSION

Marine

GAN ET GAÉ EN HARMATTAN Technicien d’aéronautique à la 17F, le LV M. était l’un des « clients » attitrés des logisticiens pendant l’opération Harmattan au large de la Libye. « Pour le remplacement des pièces d’usure des avions, le maître mot est l’anticipation. Nous réalisons une prévision d’indisponibilité à 90 heures d’utilisation de l’aéronef. Pour les avaries, nous disposions d’un stock de pièces détachées qui nous permettait de traiter immédiatement 85 % des pannes. Pour les 15 % restants, nous établissons une demande d’envoi de matériel à la base de soutien de Landivisiau. Pour l’acheminement, on s’adapte en utilisant les vols existants. Nous avons par exemple chargé un motoréducteur de volets pour un Super Étendard dans un Falcon qui assurait un vol de liaison vers Malte. Elle est arrivée à bord en deux jours. »

S IFFRE EN CH N A T T A HARM tonnes LES MÉCANICIENS DU PORTE-AVIONS REÇOIVENT EN MER LES PIÈCES DE RECHANGE DES AVIONS.

LE CANON DE CENT À L’HEURE Le LV Bertrand Bourdiec est commandant adjoint navire à bord de la frégate Nivôse. « De fin août à mi-octobre, le Nivôse devait procéder à un arrêt technique avec un passage au bassin le plus proche de La Réunion, à l’Île Maurice. Il fallait réaliser des travaux de rénovation et d’innovation avec notamment le revêtement de la carène en silicone et le changement de la tourelle de 100 mm. La demande pour la tourelle – 25 tonnes avec sa sellette – avait bien entendu été planifiée avec la logistique opérationnelle. Elle est partie début août de Brest dans un conditionnement particulier, c’està-dire sur un conteneur ouvert. Saisissage par câbles et chaînes de rigueur et certification par un expert maritime obligatoires pour ce type de matériel ! Le SSF La Réunion a fait récupérer la tourelle défectueuse sur le chantier et l’a rapatriée par un bâtiment affrété. Nous avons pu repartir à l’entraînement avant de conduire nos missions principales que sont la lutte contre la piraterie, ainsi que la surveillance et la police des pêches dans les Terres australes et antarctiques françaises avec la nouvelle tourelle pleinement opérationnelle. Tout au long de ce processus logistique, cette opération aura mobilisé un grand nombre de personnes, de services et de compétences particulières, dans des délais fort contraints. » ® 18 ® COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013

3 : t : 2 25 ommés • Fre bustibles cons m • Co 00 t x bâtirant au R). é 54 7 d n o p ré R et BC cours p • Re ts de soutien (P à la mer s men illement 2 ravita s rejoignant 4 1 tant • in 81 mar 3 la quit • 1 6 rce pour 1 85 la fo tion. t l’opéra pendan

GRUTAGE SUR LE NIVÔSE. LA DERNIÈRE ÉTAPE D’UN LONG PÉRIPLE POUR LA TOURELLE DE 100 MM ACHEMINÉE DE BREST JUSQU’À L’ÎLE MAURICE.

3009-P12-19_Layout 3 26/02/13 16:39 Page19

Le paramètre essentiel du succès de la mission est une bonne préparation, notamment logistique. Le déploiement se prépare avec la chaîne de soutien – constitution de lots de prévoyance ou d’autonomie. Cependant, des avaries peuvent survenir. Pour minimiser leurs conséquences, la qualité de la concertation et la collaboration entre les acteurs est la clé.

BPC EN CORYMBE – RÉCEPTION RADAR Le CF Mokrane Ouarem était le commandant adjoint navire du BPC Tonnerre au moment de l’expédition d’une cuve pour le radar de veille air/surface MRR (fin décembre 2010).

LA LOGOPS ENVOIE DES PIÈCES POUR RÉPARER LE RADAR DE VEILLE TRIDIMENSIONNELLE DU BÂTIMENT ENGAGÉ EN CÔTE D’IVOIRE.

« Alors que le bâtiment appuyait la force Licorne devant Abidjan en Côte d’Ivoire, le radar de veille tridimensionnelle MRR, qui permettait notamment de contrôler l’activité aérienne civile et militaire de l’aéroport d’Abidjan, tombe en

avarie. Faute de rechange disponible, nous avons alors fait appel aux circuits de la logistique opérationnelle en lien avec tous les acteurs de cette chaîne (pourvoyeur, transitaires, coordonnateurs). La situation était particulièrement complexe. Le matériel était lourd, fragile et contenait en outre des matériaux incompatibles avec les normes IATA. Il fallait ensuite le faire acheminer depuis la métropole jusqu’à destination par plusieurs moyens (routier, aérien, naval) et ce, dans un délai très court. Enfin, l’opération de remplacement de cette cuve nécessitait une intervention de techniciens spécialistes civils que l’on devait également acheminer depuis la métropole, tout en assurant leur sécurité au moment de leur transfert à bord du bâtiment.

Grâce à la mobilisation générale, en particulier en interarmées, cette opération complexe a pu être menée à bien. Sans le sens de l’adaptation qui caractérise le savoir-faire français dans ce domaine (certains l’appellent la « débrouillardise »…), la disponibilité de cette installation sensible n’aurait pas pu être reconquise dans des délais raisonnables. En l’occurrence, dans cette manœuvre logistique où l’accès par la terre était impossible compte tenu de la crise post-électorale (port et aéroport fermés), la cuve ainsi que les techniciens ont été embarqués sur un bâtiment ravitailleur de l’Otan qui avait été dérouté pour venir nous ravitailler. Incidemment, les capacités du navire logistique ont en outre permis d’acheminer une quantité extraordinaire de rechanges, notamment pour les opérations aériennes conduites par les hélicoptères de l’aviation légère de l’armée de Terre présente à Camp Port Bouët ou embarqués sur le BPC, ou encore les consommables à date de péremption du service de santé des armées pour le Role 2 activé à bord. Le bâtiment a ainsi pu remplir sa mission devant Abidjan en utilisant l’espace de manœuvre et en permettant à la force Licorne d’être ravitaillée en matériels critiques. » ®

LOGISTIQUE OPÉRATIONNELLE DES FUSILIERS MARINS ET COMMANDOS « À L’IMPOSSIBLE, LOG EST TENU » Le LV Guilhaume P. est logisticien à l’état-major des fusiliers marins et commandos. Avec ses deux adjoints et l’appui de la base des fusiliers marins et commandos, il gère en liaison avec la logistique centrale la majeure partie des flux liés à la force. « Le quotidien de la force exige une réactivité permanente. C’est la raison pour laquelle nous disposons sur la base des fusiliers marins d’une équipe logistique dédiée. L’ensemble des acteurs fait partie de la famille des fusiliers marins et commandos. Chacun est donc sensibilisé à l’importance des missions et connaît les matériels dont peuvent avoir besoin les unités projetées ou en passe de l’être. Lors d’une opération, nous avons ainsi expédié 12 tonnes de fret et projeté 40 personnes en 6 heures, avec la chaîne logistique traditionnelle, en respectant les démarches conventionnelles (communications Silcent, messages d’autorité) et la réglementation douanière, mais en « boucle courte ». La chaîne logistique habituelle est toujours respectée, mais la relation de confiance qui existe entre tous les acteurs permet de gagner du temps. Les

transporteurs civils n’ont pas la même conscience que nous des impératifs opérationnels du fret. Nous avons donc tout intérêt à conserver ce savoir-faire et cette réactivité. La force des fusiliers marins et commandos est très sollicitée, les hommes sont déployés en permanence à terre ou en mer, le plus souvent dans l’urgence. Notre mission de logisticien réussit quand la leur réussit. » ®

O FUSC S FORS P O G LO HIFFRE EN C

1: ansferts En 201  000 tr 4 e d s Plu onnels, de pers es de fret, n r 350 ton ossiers à gére d . 5 e n 1 n à e oy 10 ine en m a m e s r pa

SUR UNE ANNÉE MOYENNE, LES LOGISTICIENS DE LA FORFUSCO EFFECTUENT PLUS DE 4 000 TRANSFERTS DE PERSONNELS ET EXPÉDIENT 350 TONNES DE FRET.

COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013 ® 19

3009-P20-21_Layout 3 26/02/13 15:14 Page20

VIE DES

unités

LE CHEVALIER PAUL RELÈVE LE DÉFI

L’INTÉ GRATION DE LA FRÉ GATE CHEVALIER PAUL AU SEIN DU GROUPE AÉ RONAVAL AMÉ RICAIN DU PORTE-AVIONS USS STENIS.

Du 28 janvier au 19 février, la frégate de défense aérienne (FDA) Chevalier Paul a été intégrée au groupe aéronaval (GAN) américain du porte-avions John C. Stennis, le « Carrier Strike Group 3 » (CSG3). L’objectif principal de son déploiement en océan Indien, s’immerger au cœur du dispositif américain en opération, dans une zone sensible, est un véritable défi pour le Chevalier Paul. 1 Au menu, trois semaines de travail en commun pour endosser progressivement l’ensemble des responsabilités normalement attribuées aux destroyers d’escorte américains. Au-delà de la maîtrise d’un environnement aéromaritime complexe, il s’agit d’intégrer la FDA dans l’architecture du système de défense aérienne de notre allié. Le Chevalier Paul est un habitué des missions de défense aérienne, auxquelles il est dédié : « Nous sommes en mesure d’assurer en permanence une capacité de détection, de commandement, de contrôle et d’action dans un espace aérien complexe qui peut s’étendre jusqu’à 200 nautiques (près de 400 km) de rayon autour du porte-avions », précise le capitaine de frégate Rémi Jéhanno, commandant adjoint opérations du bâtiment.

Friend or Foe ?(1) Jusqu’au début du mois de février, une première phase de montée en puissance dans le Golfe a permis au Chevalier Paulde se familiariser avec les procédures et les modes d’action non Otan de l’US Navy et de les confronter à son savoir-faire français, acquis dans les tâches d’escorte du porte-avions Charles de Gaulle. Au sein du CSG3, le Chevalier Paul s’est tout d’abord vu confier la fonction de Fleet Air Defense Identifi20 ® COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013

PASSAGE DU DÉTROIT D’ORMUZ Point d’orgue de cette première phase : le franchissement en formation du détroit d’Ormuz, le 6 février 2013. À l’affût 2 000 yards sur l’arrière du porte-avions, la FDA française s’est fondue dans le dispositif aéromaritime impressionnant du CSG3, composé de l’USS Mobile Bay, de l’USS Winston S. Churchill et de nombreux aéronefs.

cation Zone (FADIZ) Coordinator. Plus connue sous le nom de « Red Crown », cette fonction consiste à vérifier la conformité de l’identité des différents aéronefs qui entrent ou sortent de la zone aérienne autour du porte-avions. Une mission maîtrisée par les Français : « Nous n’avons pas été surpris car nous appliquons des procédures similaires autour du porte-avions Charles de Gaulle », explique le lieutenant de vaisseau Julien Salis, officier de planification et de conduite des opérations dans la 3e dimension (OPC3D). Il précise : « Tous les ans, plusieurs OPC3D français s’entraînent en opération avec des bâtiments américains, ce qui facilite l’interopérabilité entre nos marines. » Le capitaine de vaisseau Nicolas Vaujour, commandant du Chevalier Paul, ajoute : « Nous disposons d’un outil redoutable de défense aérienne. La FDA est aujourd’hui capable d’établir une image tactique du ciel à l’échelle régionale, au même titre que les mythiques destroyers américains de la classe Ticonderoga et de fournir en temps réel au commandant opérationnel une image tactique d’une grande précision. »

Savoir-faire reconnu L’arrivée du groupe aéronaval dans le golfe d’Oman coïncide avec une nouvelle étape dans

3009-P20-21_Layout 3 26/02/13 15:14 Page21

le processus d’intégration. Au sein du dispositif à la mer, le Chevalier Paul prend régulièrement la fonction de Horizon Reference Unit (HRU), unité placée à 2 nautiques sur l’arrière du porte-avions, dans l’axe de l’appontage, afin de servir de point de repère aux aéronefs en phase d’approche lorsque la visibilité est réduite. La passerelle doit alors être particulièrement vigilante : à 30 nœuds par nuit noire, la proximité des unités et les évolutions franches et fréquentes du porte-avions dans ses opérations d’appontage ne laissent aucune place à l’erreur : « Lorsqu’on est chef de quart avec la responsabilité de la fonction HRU, il faut réagir vite et bien. La proximité du porte-avions, la visibilité réduite de nuit et les vitesses élevées des différentes unités sont des contraintes fortes qu’il convient d’anticiper avec rigueur », souligne le lieutenant de vaisseau Thomas Hinden, chef de quart du Chevalier Paul. Dans le domaine de la défense aérienne, le Chevalier Paul s’est vu confier les fonctions d’Air Defense Commander (ADC). En alternance avec son homologue l’USS Mobile Bay, la FDA assure ainsi le commandement de la défense aérienne régionale dans le golfe d’Oman, zone étendue bien au-delà du porteavions d’une superficie équivalente à celle de la France, dans une région du monde particulièrement sensible. La prise de ces responsabilités au sein du CSG témoigne du savoir-faire français dans le domaine de la défense aérienne et de la confiance des Américains dans nos capacités. Cette confiance est le fruit d’un travail en commun régulier mené depuis de nombreuses années par les différentes unités de défense aérienne (FAA Jean Bart et Cassard et FDA Forbin) avec la Marine américaine.

Expertise nécessaire L’accession à la responsabilité d’Air Defense Commander n’a pu se faire que grâce à l’intégration totale du bâtiment français au sein du système d’établissement de la Recognised Air Picture (RAP)(2)

UN OFFICIER DE LIAISON FRANÇAIS SUR LE MOBILE BAY.

régionale élaborée par le Combined Air and Space Operations Centre (CAOC)(3) américain d’Al Udeid (Qatar) et au système de commandement et de coordination américain de la zone océan Indien. La maîtrise des liaisons de données tactiques (LDT), et tout particulièrement de la Liaison 16 (L16)(4), ainsi que des systèmes de transmission par satellite sont des pré-requis pour garantir le partage de l’information, de l’évaluation de la menace et des décisions d’action dans un domaine où la réactivité est une des clés du succès. Le Chevalier Paul a dû faire preuve de réactivité afin d’assurer l’échange des données tactiques nécessaires à la conduite des opérations. Comme le fait observer le premier maître Christian Poyatos, spécialiste des LDT : « La mise en place n’a pas été évidente, mais en se coordonnant et en s’appuyant sur les compétences à terre, notamment de la cellule LDT du HRF(5), nous avons réussi à reparamétrer le réseau L16 en un temps record pour permettre l’intégration du Chevalier Paul et ainsi atteindre nos objectifs en matière de connectivité. » Parmi les innovations de circonstance, la prise de la fonction d’Air Defense Commander a nécessité la mise en place d’une liaison UHF cryptée par satellite américaine d’un genre assez peu répandu appelé UHF Satcom. L’EV1 Thibault Basset, officier spécialisé dans les systèmes d’information et de com-

LE CHEVALIER PAUL A ESCORTÉ L’USS JOHN C. STENNIS DANS LE CADRE DE SON INTÉGRATION À UN GROUPE AÉRONAVAL AMÉRICAIN.

OFFICIERS DE LIAISON Afin de faciliter l’interopérabilité, le bâtiment français accueille à son bord des officiers de liaison américains et envoie ses propres officiers sur les bâtiments de l’US Navy. Un tel échange d’officiers permet de faciliter la transmission des informations et la coordination des actions. Il s’agit d’un excellent moyen d’assimiler les besoins de nos alliés et de progresser continuellement, via un processus de retour d’expérience.

munication (SIC), précise : « Cette liaison permet aux différents responsables de domaine de lutte sur le théâtre de partager l’information et de coordonner leur action au niveau régional. Elle permet, en s’affranchissant des distances, d’anticiper les événements et donc d’apporter la réponse la plus appropriée à la menace. » De manière plus anecdotique, pour la mise en place de cette liaison Satcom, il a fallu faire appel non seulement aux compétences radio des SIC, mais aussi aux compétences de soudeur et tourneur-fraiseur des marins du SLM, embarqués à bord du Chevalier Paul pour la mission, afin de confectionner et d’adapter un support, et le positionnement de l’antenne pour une meilleure réception du signal satellite. Cette capacité d’adaptation est primordiale, souligne le capitaine de vaisseau Vaujour : « Le Chevalier Paul a la chance de disposer d’un équipage aux compétences multiples qui nous permet de répondre aux besoins de toute nature requises par ce genre d’opérations. »

Une étape supplémentaire dans la coopération franco-américaine Cette mission s’inscrit dans le cadre de la coopération ancienne et solidement établie entre la Marine nationale et l’US Navy, tout particulièrement dans le domaine des opérations de porteavions. Au terme de ces trois semaines de travail, le Chevalier Paul aura permis de passer un jalon supplémentaire dans l’interopérabilité entre nos deux marines. Cette intégration marque une nouvelle étape dans la coopération franco-américaine : « Nous avons atteint un degré élevé de responsabilité auprès de nos alliés grâce à notre maîtrise technologique, mais aussi grâce à nos savoir-faire. Nous avons conforté notre confiance mutuelle et prouvé que nous pouvions mener des opérations complexes en totale interopérabilité. Cette étape est désormais le point de départ de la prochaine frégate française appelée à coopérer avec un porte-avions américain », conclut le CV Vaujour. ® L’ÉQUIPAGE DU CHEVALIER PAUL

(1) Ami ou ennemi. (2) Liste de tous les aéronefs volant dans une certaine zone aérienne. Chaque aéronef est identifié par son type, son numéro et son plan de vol, et est classé comme ami ou ennemi. (3) Commandement de l’US Air Force chargé de la coordination des opérations aériennes dans la zone. (4) La L16 est un standard de liaison de données tactiques de l’Otan pour l’échange d’informations tactiques entre unités militaires. (5) High Readiness Force. Les états-majors mis à disposition de l’Otan sont répartis en trois niveaux de préparation graduelle : niveau de préparation élevé (HRF), moins élevé (FLR) et plus long (LTBF).

COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013 ® 21

3009-P22-23_Layout 3 26/02/13 16:07 Page22

VIE DES

unités

OPTIMISATION POUSSÉE DE L’EMPLOI D’UN GROUPE AMPHIBIE Du 7 mars à fin juillet 2013, le groupe amphibie, constitué par le bâtiment de projection et de commandement (BPC) Tonnerre et la frégate anti-sous-marine (Fasm) Georges Leygues, sera déployé en océan Atlantique, en mer Méditerranée, puis en océan Indien et en mer de Chine méridionale. Le stage annuel d’application à la mer pour 134 officiers-élèves se déroulera à cette occasion. Ce déploiement porte ainsi le nom de mission Jeanne d’Arc. Au-delà du nom historiquement évocateur et de son caractère affectif, voyons ce qu’il en est en réalité. 1 En déployant un groupe amphibie avec un groupement tactique embarqué, un groupement aéromobile et un module-école en océan Indien et en mer de Chine méridionale, la Marine nationale poursuit plusieurs objectifs. Elle opérera tout d’abord dans nos zones d’intérêt stratégique pour en accroître la connaissance et anticiper d’éventuels déploiements ultérieurs. Elle participera ensuite à la préparation opérationnelle interarmées dans le domaine de projection de forces, et, enfin, elle contribuera au contrat opérationnel de marine (Opex), tout en effectuant des actions de coopération régionale. Tout cela génère mécaniquement une densité et une variété de situations tactiques qui bénéficient directement aux officiers-élèves embarqués pour leur stage d’application à la mer « loin, longtemps et en équipage ». Ils pourront ainsi être livrés « prêt à l’emploi » aux unités à l’été 2013.

Priorité à l’opérationnel Le BPC Tonnerre et la Fasm Georges Leygues contribueront en permanence à la fonction stratégique connaissance-anticipation. Grâce à leurs capteurs propres ou embarqués (radars, sonars, guerre électronique, vue…) et à la mobilité sans entrave que donne la liberté de navigation en haute mer, ils développeront la connaissance que notre pays a dans les zones de déploiement. Il se trouve qu’elles correspondent à des zones d’intérêt et à des océans ou mer dont la France est riveraine. Par ailleurs, pour prétendre être « opérationnels ensemble », il faut s’y préparer conjointement. C’est tout l’objet des entraînements interarmées programmés au cours de ce déploiement. Le bénéfice d’une intégration à un déploiement de longue durée permet d’accroître le réalisme de la projection de force, d’augmenter la palette des activités proposées dans les actions de coopération régionale et d’offrir des opportunités d’entraînement uniques à nos forces pré-positionnées comme ce sera le cas à Djibouti ou à Abou Dhabi. La contribution, pendant une durée significative, aux opérations extérieures (Atalante) permet en outre de mieux répartir la charge entre les unités de la Marine concernées. Selon les orientations du ministère des Affaires étrangères, la coopération régionale et le soutien à l’exportation apporte un appui attendu et visible à la diplomatie. Enfin, on notera que le groupe peut être éventuellement mobilisé pour toute opération, avec des modules complémentaires projetés, pour répondre aux sollicitations du chef d’état-major des armées. 22 ® COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013

LE BPC TONNERRE.

En immersion Pour les 134 officiers-élèves de la Marine nationale (École navale 2012), de l’interarmées (commissaires et médecins des armées), de l’interadministration (affaires maritimes) et des marines alliées ou partenaires (international) embarqués, ce stage d’application à la mer se superpose et s’imbrique à cette planification. La variété et la richesse de ces activités pendant près de cinq mois constituent le premier contact avec la réalité du métier et permettent de

muter dans les forces des officiers « prêts à l’emploi ». Avant d’exercer leurs futures responsabilités d’officiers, cet apprentissage à la mer permet donc aux officiersélèves de mettre en perspective leur formation théorique en participant à l’ensemble des tâches inhérentes à la vie en mer et en appréhendant l’exercice des responsabilités et du leadership. Cette pédagogie s’appuie sur un rythme de navigation soutenu, ainsi que sur l’enchaînement rapide d’activité car ils seront pleinement impliqués dans chaque phase du déploiement.

3009-P22-23_Layout 3 26/02/13 16:07 Page23

LA FASM GEORGES LEYGUES.

naux soutenus, des actions de coopération bilatérale et l’appui à notre action diplomatique ou le soutien aux exportations, contribuer à la fonction connaissance et anticipation tout en s’ouvrant aux réalités du niveau centre de gravité de notre monde.

Synthèse Enfin, la dernière phase permettra de synthétiser l’ensemble de cette riche expérience et de se préparer à intégrer la vie active d’officier.

Préparation opérationnelle interarmées C’est par une série d’activités amphibies que va débuter ce déploiement. Près de 300 militaires de la 6e brigade légère blindée (BLB) et notamment du 2e REI, une cinquantaine de véhicules, ainsi qu’un détachement de l’aviation légère de l’armée de Terre seront embarqués sur le Tonnerre pendant le premier tiers de la projection. Une Alouette de l’escadrille 22S et un détachement de la flotte amphibie complèteront ce dispositif. Le groupe tactique amphibie ainsi formé va conduire quatre manœuvres d’importance croissante, en Angleterre, au Liban, en Jordanie, puis à Djibouti. L’objectif majeur de cette première phase est de développer la préparation opérationnelle interarmées et la coopération tactique avec les forces armées des pays partenaires. Progressivement impliqués, les officiers-élèves seront investis de responsabilités de plus en plus importantes, dans les phases de planification comme dans les phases d’exécution.

rationnel et interallié. L’objectif est de les former à leur métier de demain, en les exposant à une facette des opérations d’aujourd’hui et à quelques-uns des enjeux géostratégiques actuels.

Connaissance-anticipation Au cours de la troisième phase du déploiement, les officiers-élèves vont, à travers des engagements régio-

Au bilan, il serait difficile d’optimiser davantage un déploiement et d’offrir une exposition plus réaliste à nos officiers-élèves pour passer de la théorie à la pratique. C’est à la mer que l’on apprend la mer. Telles sont les prévisions. C’est sans compter cependant sur d’éventuelles modifications de mission en cours de déploiement, qui sera dicté par la réalité du terain ou l’actualité. ®

Opération Atalante Après un exercice de synthèse à Djibouti – Tonnerre d’Acier – qui clôturera la phase de projection de force, le groupe rejoindra l’opération européenne Atalante de lutte contre la piraterie. Plus que jamais, ce sera l’occasion pour les officiers-élèves de s’immerger pleinement dans un environnement opéINTÉGRATION DES OFFICIERS-ÉLÈVES AU CENTRAL OPÉRATIONS (MISSION JEANNE D’ARC 2012).

HISTORIQUE Trois premières missions Jeanne d’Arc ont déjà été conduites sur BPC. Le Tonnerre a été l’initiateur du modèle en 2010, puis le Mistral a été au cœur de la mission en 2011 et enfin le Dixmude a exécuté le déploiement en même temps que son déploiement de longue durée en 2012. La frégate anti-sousmarine Georges Leygues a escorté les BPC sur toute la période.

OFFICIERS-ÉLÈVES EN STAGE D’APPLICATION À LA MER 134 officiers-élèves (dont 17 femmes) • Marine nationale : 89 EV2 de l’École navale 2010 • Interarmées : 10 médecins des armées, 9 commissaires-élèves (2010) • Interadministration : 8 élèves administrateurs des affaires maritimes • Officiers-élèves de pays alliés ou partenaires : – 7 cursus long ingénieur : Allemagne, Togo, Cameroun (2), Madagascar, Arabie Saoudite (2) – 11 au titre du stage d’application : Malaisie, Indonésie, Brésil, Maroc, Bénin, Royaume-Uni, Belgique, Pays-Bas, Espagne, Koweït (2 ex-Cénoé) COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013 ® 23

3009-P24_Layout 3 26/02/13 15:15 Page24

VIE DES

unités 1 LE BATRAL DUMONT D’URVILLE EST AU POSTE DE COMBAT ET LES TIREURS DE 12,7 MM SITUÉS SUR LA PLAGE AVANT SONT À L’AFFÛT. UNE FOIS LE DÉCHARGEMENT DES VÉHICULES DE L’ARMÉE DE TERRE EFFECTUÉ, LE DISPOSITIF D’EMBARQUEMENT DES RESSORTISSANTS SE MET EN PLACE. 2 UNE FOIS LA PLAGE RECONNUE ET SÉCURISÉE PAR LA BRIGADE DE PROTECTION, L’ÉQUIPE ADMINISTRATIVE VÉRIFIE L’IDENTITÉ DES RESSORTISSANTS FRANÇAIS ET EUROPÉENS, CONTRÔLE ET ÉTIQUETTE LES BAGAGES PENDANT QUE LA BRIGADE DE PROTECTION VEILLE. 3 À BORD, LES RESSORTISSANTS SONT ACCUEILLIS ET CONDUITS AU HANGAR PENDANT QUE SE TERMINENT LES FORMALITÉS D’ENREGISTREMENT. ILS SERONT DÉBARQUÉS QUELQUES HEURES PLUS TARD DANS UN PORT SÉCURISÉ.

exercice Resevac m’a beaucoup apporté. Certains aspects de la défense dont j’avais une idée assez floue, en particulier pour nos compatriotes qui peuvent être démunis hors de leur pays, ont trouvé un éclairage nouveau. Cet exercice me donne aussi quelques idées pour innover et enseigner autrement mes disciplines. » La deuxième Resevac s’est déroulée le surlendemain dans une commune un peu plus au sud. Il s’agissait de protéger 60 étudiants de l’université AntillesGuyane en les exfiltrant d’une zone en proie à de violents affrontements, vers la FS Ventôse.

1

Gagnant-gagnant

2

ENTRAÎNEMENT DES FAA ÉVACUATION MASSIVE EN MARTINIQUE Deux jours durant, les Forces armées aux Antilles (FAA) se sont entraînées conjointement avec les populations civiles. Le but était de réaliser une évacuation de ressortissants (Resevac). 1 Pas moins de 140 civils ont joué le jeu dans plusieurs communes martiniquaises. Élus, professeurs, étudiants et collégiens de l’île étaient, le temps de l’entraînement, des ressortissants à évacuer. Cette préparation opérationnelle aux Antilles s’inscrit dans le cadre des stages de mise en condition opérationnelle et de remise à niveau opérationnel des frégates de surveillance (FS) Germinal et Ventôse, ainsi que du bâtiment de transport léger (Batral) Dumont d’Urville. Plus de 300 militaires des FAA étaient concernés par ces exercices.

cice était légèrement différent pour l’équipage de la FS Germinal. Les marins devaient pour leur part évacuer nos compatriotes dont la sécurité était menacée dans le scénario après un regain de tension dans le pays. Près de 70 professeurs de l’île ou encore une classe de 3e du Carbet étaient mis à contribution. Répartis dans les hauteurs de la ville et près d’une plage, ces civils ont été pris en charge puis conduits jusqu’aux postes d’évacuation. De là, les marins les ont accueillis et évacués après avoir accompli les formalités administratives et médicales. Alain Désiré est enseignant d’histoire-géographie à Fort-de-France, cette participation lui a rappelé combien ces évacuations d’urgence sont nécessaires. « Cet

Différents scénarios La première Resevac s’est déroulée le 5 février à l’ouest de l’île où, selon le scenario, un séisme venait de secouer la zone. L’équipage du Batral Dumont d’Urville a reçu l’ordre des autorités de protéger des ressortissants en les évacuant. Le scénario de l’exer24 ® COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013

3

La participation d’un grand nombre de civils a permis à la fois d’entraîner les militaires dans des conditions très proches de la réalité, mais surtout de sensibiliser les élus et les membres de la communauté scolaire martiniquaise sur la conduite à tenir lors d’une opération d’évacuation si un jour ils se trouvent à l’étranger. Les professeurs et les élus ont joué très professionnellement leur rôle et ont également découvert la vie à bord d’un bâtiment de la Marine nationale. Pour les étudiants, la participation à cet exercice s’inscrivait dans un module d’enseignement consacré à la citoyenneté, la défense nationale et la démocratie. Cet entraînement est révélateur des opérations que peuvent conduire les bâtiments de la Marine nationale afin de protéger des concitoyens ou encore secourir des populations à la suite de catastrophes naturelles. ® LV THOMAS LETOURNEL

LES FAA EN BREF Les Forces armées aux Antilles (FAA) garantissent la protection du territoire national aux Antilles et animent la coopération régionale depuis les départements de la Martinique et de la Guadeloupe. Elles constituent un dispositif interarmées à dominante aéromaritime de premier plan sur le théâtre Antilles-Guyane, en coordination avec les Forces armées en Guyane (FAG). En cas de crise sur le territoire français ou à l’étranger, elles ont pour mission de conduire ou participer à une opération militaire et de mener des opérations de secours d’urgence (assistance humanitaire, catastrophe naturelle).

3009-P25_Layout 3 26/02/13 15:16 Page25

REGARDS

Croisés

Association pour le développement des œuvres sociales de la Marine (ADOSM)

LA SOLIDARITÉ, CONCRÈTEMENT ! Les Journées d’entraide de l’ADOSM, rendez-vous annuel, viennent de s’achever. Plus de 1 000 bénévoles s’investissent durant ces journées dans les ventes organisées par les différentes délégations (Paris, Cherbourg, Toulon et Brest). Leur double intérêt est de mobiliser la solidarité de la communauté marine afin d’aider les familles de marins en difficulté.

DES MARINS DE TOUS GRADES ONT PERMIS DE RÉCOLTER LES FONDS QUI PERMETTENT À L’ADOSM D’ACCORDER DES AIDES AUX FAMILLES EN GRANDE DIFFICULTÉ. À DROITE, ÉLISE MIDUN, BÉNÉFICIAIRE D’UNE BOURSE DE L’ADOSM QUI LUI PERMET DE POURSUIVRE SES ÉTUDES.

1 Élise et Émilie Midun sont étudiantes et boursières de l’ADOSM. Les jumelles de 21 ans, filles d’un officier marinier, ont perdu leur père toutes jeunes et leur mère, adjointe administrative, il y a quelques années. Les quartiers-maîtres Laëtitia Roze et Edwige Nicolas, de la direction du personnel militaire de la Marine, ont presque le même âge. Cette année, elles sont bénévoles pour l’ADOSM. Regards croisés. « Depuis le décès de notre mère, nous recevons une aide financière mensuelle pour financer une partie de nos études. L’assistante sociale est également toujours là pour nous soutenir, notamment en ce moment où je me réoriente dans mes études. Je suis vraiment reconnaissante. Je suis en Meurthe-et-Moselle. L’éloignement géographique et les études ne me permettent pas forcément de m’investir au profit de l’association. Mais plus tard, si je le peux, j’aiderai à mon tour l’ADOSM. C’est une façon d’être reconnaissante envers l’institution. » Émilie Midun. « Avec Laëtitia, on a découvert l’existence de l’ADOSM un peu par hasard. Comme personnellement, je connais quelqu’un qui vit une situation semblable, j’ai forcément été touchée. Nous nous sommes donc portées volontaires et avons tenu un stand à la vente des journées d’entraide de l’ADOSM. C’était une expérience humainement très intéressante, une ambiance conviviale entre personnes de tous grades et surtout beaucoup de solidarité manifestée. » QM Edwige Nicolas.

« Peu de temps après le décès de notre mère, nous avons écrit une lettre à la Marine nationale pour savoir s’il existait des aides. Nous ne connaissions pas l’ADOSM. La réponse des assistantes sociales est venue assez vite et le système d’aide s’est mis en place relativement facilement. Aujourd’hui, je suis en troisième année de médecine à Reims. L’aide financière me sert à payer une partie du loyer et des dépenses courantes. Je suis en contact avec l’assistante sociale par mail ou par courriers, pour la tenir informée de mon parcours. Dans la mesure de mes possibilités, si elle me demandait de témoigner ou d’aider l’association, je serais

contente de rendre de cette manière ce qu’on m’a donné. » Élise Midun. « Chaque année, j’en entendais parler et je voyais passer les demandes de bénévolat, mais je ne savais pas vraiment de quoi il s’agissait. Cette année, j’ai franchi le pas avec Edwige avec laquelle je partage le même bureau depuis un an. C’est une vraie satisfaction d’aider à récolter de l’argent au profit des familles. En plus de tenir un stand, j’ai aussi acheté différents objets, pour ma fille et pour moi. » QM Laëtitia Roze. En 2013, l’ADOSM compte sur vous ! ® PROPOS RECUEILLIS PAR LV COLOMBAN ERRARD

ADOSM : L’ÂME SOLIDAIRE LE BILAN L’action sociale menée par l’ADOSM en 2012 a représenté un budget total de 340 000 euros, qui a servi à soutenir les familles en grande difficulté. Ont bénéficié des aides de l’ADOSM pour la partie concernant les jeunes : 92 jeunes enfants (jusqu’à l’entrée en sixième), 373 orphelins (jusqu’à la fin de leurs études supérieures), 10 jeunes handicapés. Les trois assistantes sociales ont accompagné en 2012 plus de 300 familles. COMMENT AIDER ? L’ADOSM, faiblement subventionnée (6 % de son budget), tire l’essentiel de ses ressources des Journées d’entraide de la Marine à Paris, Brest, Toulon et Cherbourg (50 % du budget), ainsi que des lotos, concerts, théâtres, activités sportives réalisés au profit de l’association, des dons d’entreprises, de fondations, d’unités de la Marine ou de personnes privées. Adhérer, donner de son temps ou de l’argent, participer aux activités et vous aiderez l’association et ceux qu’elle soutient. Rejoignez l’action de l’ADOSM pour un soutien bénévole ou financier : www.adosm.free.fr COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013 ® 25

3009-P26-27_Layout 3 26/02/13 15:17 Page26

VIE DES PLANÈTE

unités mer

LE CÂBLIER RENÉ DESCARTES, DE FRANCE TELECOM MARINE, À LA SEYNE-SUR-MER (2006).

CH CÂ LO EN PR AL DÉ ET

LES AUTOROUTES DE LA COMMUNICATION SOUS-MARINE Peu de gens le savent, mais 95% des flux informatiques internationaux passent par des câbles sous-marins. Aussi incroyable que cela puisse paraître à l’époque des satellites de communication, le bon vieux câble reste le moyen le plus robuste et le moins onéreux pour garantir des flux continus d’information, en quantité illimitée et à grande vitesse. La pose de ces câbles par des navires très lents, qui pourraient faire l’objet de convoitises, ou les interfaçages entre les fonds sous-marins et la côte méritent que le sujet soit sérieusement considéré. 1 La plus ancienne et la plus grande autoroute sous-marine de l’information repose par très grand fond dans l’Atlantique, et relie l’Europe aux ÉtatsUnis. C’est ainsi que Plérin, petit village pittoresque des Côtes-d’Armor, revêt une importance stratégique car la terminaison du FLAG Atlantic (FiberOptic Link Around the Globe), qui le relie à Island Park, dans l’État de New York, s’y trouve. Il n’est cependant qu’un parmi les centaines de câbles sousmarins qui traversent les océans pour relier les pays entre eux. Autrefois uniquement câbles téléphoniques, ce sont aujourd’hui des fibres optiques qui permettent d’échanger toutes sortes de données numérisées (images, vidéo, sons…). La fibre optique a accompagné le développement d’Internet et, en 2008, l’International Cable Protection Committee (ICPC) estimait l’étendue de ces câbles à plus d’un million de kilomètres, soit 25 fois le tour de la planète. Et pourtant, la fibre optique n’a fait son apparition qu’il y a une vingtaine d’années !

Le satellite balayé La communication de données par satellite avait le vent en poupe avant le développement fulgurant 26 ® COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013

d’Internet à très haut débit. Des sites distants de plusieurs milliers de kilomètres pouvaient ainsi communiquer, relativement facilement, par réseau satellite. Mais ce dernier souffre désormais de performances inférieures aux technologies filaires, à l’instar de ce que l’on constate par exemple en France, entre la qualité d’un réseau téléphonique filaire classique et celui par ondes GSM (qualité aléatoire de la réception, débits limités et/ou partagés…). Sans parler des coûts, le satellite, pourtant très moderne, a montré ses limites devant la demande accrue d’échanges de données protéiformes et le câble optique a emporté les préférences du marché.

Un quasi-monopole Nous l’avons vu, ces câbles optiques sous-marins véhiculent plus de 95% du trafic Internet et d’échange de données au niveau mondial. Un quasi-monople ! Enjeu économique, mais aussi stratégique, la sécurisation de ces réseaux sousmarins revêt donc une importance tout à fait particulière. En effet, ces dernières années, nombre de coupures ou de défaillances des réseaux Internet de pays ont trouvé leurs origines dans des dysfonctionnements de câbles sous-marins. En l’absence de statistiques globales, certains organismes internationaux estiment à plusieurs dizaines de

COUPE D’UN CÂBLE SOUS-MARIN DE TÉLÉCOMMUNICATION À FIBRES OPTIQUES POLYÉTHYLÈNE BANDE DE MYLAR TENSEURS EN ACIER PROTECTION EN ALUMINIUM POUR L’ÉTANCHÉITÉ POLYCARBONATE TUBES EN ALUMINIUM OU EN CUIVRE VASELINE FIBRES OPTIQUES

3009-P26-27_Layout 3 26/02/13 15:18 Page27

MACHINE LINÉAIRE DE POSE DE CÂBLE. LA POSE CLASSIQUE « GRAND FOND » S’EFFECTUE GRÂCE À UNE MACHINE À CÂBLE INSTALLÉE SUR LE PONT DU NAVIRE. ELLE EXTRAIT LE CÂBLE DES CUVES DE STOCKAGE, CONTRÔLE SA LONGUEUR EN FONCTION DE LA VITESSE DU NAVIRE ET DE LA SUR-LONGUEUR (MOU) NÉCESSAIRE POUR RECOUVRIR AU MIEUX LE PROFIL DU FOND. CHARRUE SOUS-MARINE UTILISÉE POUR L’ENSOUILLAGE DES CÂBLES SOUS-MARINS. DANS LES ZONES SENSIBLES ET LORSQUE LA NATURE DU FOND LE PERMET, LE CÂBLE EST ENSOUILLÉ À ENVIRON 80 CM SOUS LE SOL, PAR UNE PROFONDEUR DE 20 À 1 500 M. LE NAVIRE-CÂBLIER REMORQUE ALORS UNE CHARRUE QUI CREUSE UN SILLON. LE CÂBLE EST DÉROULÉ DEPUIS CE MÊME NAVIRE, PASSE DANS LA CHARRUE ET EST DÉPOSÉ DANS LE SILLON.

milliards de dollars, les pertes économiques dues aux différentes pannes de ces réseaux de câbles immergés. Mais au-delà du risque économique, demeure le risque stratégique d’empêcher les opérations de maintenance ou de les endommager de manière ciblée. Lors des deux guerres mondiales, les câbles téléphoniques ne furent-ils pas sectionnés par chaque camp ?

Anecdote asiatique Début 2008, plusieurs câbles sous-marins entre l’Europe et l’Asie sont rompus. Cet accident provoque le naufrage, qui va durer plusieurs mois, de plus de 80 millions d’internautes. Selon les propriétaires (AT&T), cette coupure serait due à des ancres de navires sud-coréens et irakiens qui auraient mouillé pour se protéger en pleine tem-

pête. Mais quelques temps après, une agence des Nations unies (International Communication Union) n’exclut pas un acte délibéré de sabotage. Au large des côtes africaines, même constat. Dans les deux cas, il s’agira, a priori, de vol de câble pour utilisation du cuivre. On peut cependant s’interroger sur les conséquences d’une action malveillante d’ampleur, qui pourrait mettre à mal l’économie d’un pays, en coupant l’accès aux échanges mondiaux par câble de fibre optique sous-marin.

Faut-il géolocaliser ? Comment se prémunir contre de tels agissements ? Certains préconisent une meilleure géolocalisation publique pour éviter les incidents nautiques qui arracheraient ou sectionneraient les câbles. Cette solution ne peut qu’être difficilement envisageable à cause des conséquences potentielles de la révélation des cheminements et points terminaux. Les risques ne se trouvent pas dans les grands fonds marins mais bien aux interfaces, dans les eaux territoriales pour l’essentiel. Il apparaît ainsi que la sécurisation de ces câbles

est au moins aussi précieuse que la surveillance des ports pour la lutte contre les mines.

Les réseaux français La France possède, à travers certaines de ses entreprises, ses propres réseaux de câbles. C’est ce qu’indique par exemple la carte des réseaux d’Orange. Or, dans les six précédentes éditions de Cols Bleus, nous avons pu mesurer les enjeux qui accompagnent le processus mondial de maritimisation. Nos territoires ultramarins représentent un volet très important de développement potentiel, tant énergétique qu’économique, grâce à la prospection des grands fonds. Il apparaît donc fondé de garantir la fiabilité des voies de communication à haut débit entre eux et l’Hexagone. La Marine nationale, par sa présence sur tous les océans, participe à dissiper toute velléité de s’en prendre à ce réseau ou aux moyens de pose ou de maintenance associés. Trop d’intérêts sont en jeux, à commencer par le lien transocéanique de nationalité au sein de la communauté française, francophone et ouverte aux autres nations. ® ANTOINE DE SURIREY

© FRANCE TELECOM, OCTOBRE 2009.

RÉSEAUX SOUS-MARINS DE FIBRES OPTIQUES DE FRANCE TELECOM ORANGE.

COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013 ® 27

3009-P28-29_Layout 3 26/02/13 16:50 Page28

CHRONIQUE

dupersonnel

BAT ET BS NAVIT AU SEIN DES FORCES SOUS-MARINES Les marins de spécialité Navit (navigateur - timonier) sont bien connus des équipages des bâtiments de surface. Responsables de l’ensemble des renseignements relatifs à la navigation actuelle et future du bâtiment (situation tactique, gestion des supports de navigation, chef de quart…), ces marins navigateurs sont bien sûr également présents et tout aussi indispensables au sein des équipages de sous-marins. Petit tour d’horizon des missions des Navit qui opèrent sous la surface.

LE BAT NAVIT Pour qui ? Les maistranciers ayant opté pour la spécialité Navit (navigateur - timonier), les QMF Monav (navigateur - guetteur) et les QM ou SM BAT Navit volontaires pour la filière sous-marine. Quelle formation ? Le début de la formation est commun aux navigateurs des forces de surface ou sousmarines. Comme tous les marins qui rejoignent les sous-marins, ils suivent à l’issue de la formation initiale, une formation complémentaire, les préparant à leurs futures fonctions. Ce cours de pré-embarquement sur sous-marin est dispensé dans une école de navigation sous-marine (ENSM de Brest ou Toulon). Quelles missions ? Dans ses fonctions opérationnelles, le BAT Navit est destiné à travailler au central opérations à l’élaboration de la situation tactique et en passerelle lors des navigations en surface. Sur le plan organique, il est le 28 ® COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013

gestionnaire et responsable des cartes de navigation et de la documentation nautique. Participant directement à la maîtrise de la navigation, il est un adjoint essentiel du com-

mandant adjoint opérations et de l’officier de manœuvre. Il est le spécialiste du travail sur les supports de navigation à bord des SNA comme des SNLE.

TÉMOIGNAGE du SM B. Sartre « En tant que BAT Navit, je me suis porté volontaire pour suivre le cours de pré-embarquement de l’ENSM/BPN pour, à terme, exercer à bord d’un sous-marin. N’étant pas originaire d’une région maritime, j’ai avant tout été attiré par le milieu hors du commun que représentaient les sous-marins. Ce qui m’a plu par la suite, c’est surtout l’aspect opérationnel. En tant que BAT Navit sur sous-marin d’attaque, on a la chance d’être véritablement au cœur des opérations ; au CO, on acquiert très rapidement des responsabilités, c’est très valorisant et surtout passionnant ! Chaque jour, je mets en pratique mes connaissances au service des opérations. La préparation tactique des missions à l’aide de toute la documentation nautique me revient et je travaille avec beaucoup d’autonomie. C’est cette autonomie qui me plaît et je recommande à tous les marins passionnés par les opérations de suivre cette voie. Je viens d’ailleurs d’être sélectionné au BS, c’est gratifiant et motivant pour la suite et je compte bien continuer à exercer sur sous-marin ! »

3009-P28-29_Layout 3 26/02/13 16:51 Page29

LE BS NAVIT Pour qui ? Les SM issus du BAT Navit, filière sousmarine, ayant effectué en moyenne 3 à 6 cycles (missions) à bord de SNA ou SNLE. Quelle formation ? Le cursus du BS Navit se déroule sur deux ans. Il est divisé en deux parties, une première théorique d’une durée d’un an à l’École navale, et la seconde sous forme d’un stage qualifiant sur bâtiment de surface. Cette qualification est identique pour tous les BS

Navit, elle certifie tous les marins futurs chefs de quart, qu’ils servent ensuite sur sous-marin ou bâtiment de surface. À l’issue, les élèves brevetés destinés aux forces sous-marines, suivent le cours de préembarquement à l’ENSM de Toulon, grâce auquel ils se spécialisent dans la conduite des opérations sur sous-marin nucléaire d’attaque. Quelles missions ? Le BS Navit est appelé à servir sur SNA. Il y remplit alors une double fonction : une

TÉMOIGNAGE de l’EV1 E. Foliot « Si j’ai choisi la spécialité de Navit et plus particulièrement sur sous-marin, c’est pour rester le plus proche possible de la mer, car la navigation sous-marine a cette spécificité d’être très opérationnelle. Par ailleurs, toutes les caractéristiques de la Marine se retrouvent condensées et exacerbées à bord des sous-marins : esprit d’équipage, rythme opérationnel soutenu, progression de carrière rapide, possibilité de devenir chef du quart en étant officier marinier, chose extraordinaire puisque la Marine française est la seule au monde à permettre cela ! J’ai progressivement gravi tous les échelons, j’ai gagné en autonomie et en responsabilités. Les capacités de progression à bord des sous-marins sont très importantes, on assume vite des fonctions variées et complémentaires, c’est très enrichissant. Si je devais présenter en quelques mots les avantages qu’offrent les fonctions des Navit à bord des sousmarins je dirais simplement : responsabilités, autonomie, progression, organisation, esprit d’équipage, opérations et dynamisme ! Pour moi, l’essentiel est là. Mon investissement, ma motivation et les moyens de progression proposés par la Marine m’ont permis de beaucoup progresser. Et je ne compte pas en rester là, car j’espère pouvoir bientôt naviguer sur Barracuda… »

fonction opérationnelle en tant qu’officier chef de quart, il est alors chargé de la conduite du sous-marin et des opérations ; et une fonction organique en tant que patron du pont. Le patron du pont, adjoint RH du commandant en second, se voit confier l’ensemble de la gestion du personnel non officier du bord. La mission du BS Navit sur sous-marin, à la fois opérationnelle et d’encadrement, lui concède une responsabilité et une autonomie importante à bord. ET APRÈS ? Rester officier marinier En choisissant de continuer à servir en qualité d’officier marinier, le BS Navit peut poursuivre sa carrière au profit des forces de surfaces (chef de quart sur tous les bâtiments de surface ou commandant d’un petit bâtiment). Devenir officier Après plusieurs cycles sur SNA, il existe pour les navigateurs les plus motivés, une passerelle offrant la possibilité aux BS Navit de devenir officier et d’envisager ainsi une carrière à plus long terme.   Le cours OP LSM (opération lutte sous la mer) permet ainsi de devenir officier et de poursuivre sa carrière en accédant à des postes opérationnels à hautes responsabilités, sur SNA ou SNLE. Il est également possible de se réorienter vers les forces de surface en rejoignant la filière OSM (officier spécialisé de la Marine) Nauti. Autant de perspectives qui ouvrent à chacun des possibilités de carrières diverses, complémentaires et enrichissantes. ® EV1 CLÉMENCE FESTAL

RENDEZ-VOUS DU MONDE MARITIME GROUPE ENSTA 1 Organisé, pour la troisième année consécutive, par les élèves du génie maritime des ENSTA (École nationale supérieure de techniques avancées) Paristech et Bretagne, le rendez-vous du monde maritime (RD2M) regroupe étudiants et professionnels du milieu de la mer. « Gigantisme », « Grands ports maritimes de demain », « Exploitation en Arctique », mais aussi « Équipages réduits, jusqu’où pouvons-nous aller ? » seront les tables rondes proposées. Cette dernière table ronde, dont le facteur humain est la thématique principale, sera l’occasion pour le CF Jean Broch, officier de programme Fremm, d’évoquer les travaux réalisés par la

Marine dans ce cadre aux côtés d’intervenants qui sont des référents dans le domaine de la recherche et développement (DCNS research, IFM et ENSM). Laurent Castaing, directeur général de STX France, sera l’invité d’honneur cette année. Cette table ronde sera animée par le LV Pierre-Emmanuel Pugni suivant actuellement le mastère spécialisé « génie maritime » de l’ENSTA Paristech. ®

Inscription gratuite sur http://geniemaritime.ensta.fr. COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013 ® 29

3009-P30-31_Layout 3 26/02/13 16:53 Page30

CHRONIQUE

dupersonnel

UN LIVRET POUR AIDER À MIEUX CONCILIER LA VIE DE MARIN ET LA VIE DE FAMILLE 1 L’engagement des marins en missions opérationnelles implique disponibilité et adaptabilité. Une majorité de marin est ainsi confrontée à des séparations et des périodes d’absence plus ou moins longues et fréquentes. Le livret Vie de marin, vie de famille, destiné au personnel militaire de la Marine nationale ainsi qu’à leurs familles, a pour objectif de leur donner quelques clés pour mieux appréhender l’éloignement et l’absence.

Cette alternance présence/absence génère des réaménagements des relations conjugales et familiales. Le vécu qui en découle est différent pour chacun, dépend des moments de vie et du contexte où surviennent ces changements. Parfois, les exigences familiales et professionnelles peuvent paraître décalées, voire inconciliables. Le contenu de ce document s’appuie sur l’expérience de médecins et de psychologues du Service de psychologie de la Marine au service

des marins et de leurs familles, à l’écoute des difficultés exprimées ou perçues. Il s’inspire également de documents publiés par l’armée canadienne et des articles du Pr. Delage sur le même thème. Réparti en trois thèmes : le départ, le temps de l’absence, les retrouvailles, il a vocation à donner des repères pour les différents moments d’un déploiement opérationnel et à préparer aux réactions qu’ils suscitent couramment. Une série de contacts dans les différents services locaux de psychologies de la Marine y est également disponible. Le mode de diffusion physique du livret aux équipages de la Marine sera défini sous peu. Il est d’ores et déjà téléchargeable sur le portail RH (Page d’accueil Intramar : Fonction RH/Portail RH /Soutien/Psychologie/Actualité). N’hésitez pas à le consulter et le faire circuler autour de vous. ®

TOURNÉE DES PORTS DU DPMM CALENDRIER 2013 1 La tournée des ports du directeur du personnel militaire de la Marine, le viceamiral d’escadre Christophe Prazuck, se déroulera du 21 mars au 22 avril 2013. Pour sa première tournée des ports, le DPMM entamera ses visites à Cherbourg pour les terminer à Paris.

quelles seront invités à participer des officiers, officiers mariniers et équipage, ainsi que du personnel civil. Le directeur du personnel, assisté par ses adjoints dans les domaines de la gestion et de la condition du personnel, présentera les grandes actualités et évolutions en matière de ressources humaines. Échanges avec les marins Il répondra naturellement aux questions Dans chaque port, il s’exprimera lors d’une pendant les conférences plénières. conférence plénière devant l’ensemble des Les tables rondes, quant à elles, permetmarins, militaires et civils. tront d’avoir des échanges plus ciblés et Il présidera ensuite des tables rondes aux- plus adaptés au contexte local. ® 30 ® COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013

3009-P30-31_Layout 3 26/02/13 16:54 Page31

RÉSERVE CITOYENNE VIVIER DE MARINS La réserve citoyenne, vivier de passionnés, permet aujourd’hui à près de 300 citoyens de servir la Marine nationale. Le délégué au rayonnement de la Marine a réuni fin janvier les réservistes citoyens de la Marine nationale pour leur rappeler leurs missions de rayonnement, d’expertise et de devoir de mémoire. Trois chevaux de bataille pour trois d’entre eux. PROPOS RECUEILLIS PAR L’ASPIRANT MARGOT PERRIER Convaincre les élites

firmée de la France impose que nos responsables politiques et notre population aient la conscience des enjeux économiques, commerciaux, scientifiques, industriels, diplomatiques et militaires qui se jouent sur les mers et les océans, espaces géostratégiques majeurs du XXIe siècle. » Le rapport sur la maritimisation marque le début de la prise de conscience de ces enjeux. ®

Grand défenseur du concept de maritimisation, le CF Pascal-Raphaël Ambrogi parle de « planète mer ». Cet inspecteur général de l’administration œuvre pour le rayonnement de la Marine, et ce jusque dans les couloirs des plus hautes instances de la République. Chacune de ses activités marines a pour but de réveiller les consciences des élites politiques. « Le cœur du problème se situe du côté de la méconnaissance profonde de la réalité maritime au sein de l’État. La France demeure essentiellement tournée vers la terre. Cette orientation provient de l’absence d’une politique globale des mers. La vocation maritime réaf-

Fiche d’identité : Pascal-Raphaël Ambrogi, né en 1963 en Suisse, capitaine de frégate dans la réserve citoyenne, IGA dans le civil.

Partager son expertise Le CC Emmanuel Chiva est entré dans la réserve citoyenne en 2007 : « J’ai toujours eu envie de servir dans la Marine. C’est une armée que j’admire. Elle est extrêmement moderne tout en gardant ses traditions », explique ce fondateur d’une société spécialisée dans le domaine de la défense. Audelà de ses missions de rayonnement, le CC Chiva participe à des études sur la spé-

Fiche d’identité : Emmanuel Chiva, né en 1969, capitaine de corvette dans la réserve citoyenne, cofondateur et directeur général délégué de Silkan.

cification des besoins de la Marine nationale en matière de simulateurs. « J’ai un rôle d’expert. Évidemment, j’interdis à ma société de répondre à tout appel d’offres pour lequel j’aurais participé en tant que réserviste citoyen. » Au départ, ce normalien ne faisait pas la différence entre la réserve opérationnelle et la réserve citoyenne. « Je n’ai donc pas vraiment choisi. Mais à présent, je sais que la réserve citoyenne me convient parfaitement. » La réserve citoyenne est établie sur le principe du volontariat : « Les unités n’ont pas toujours les budgets pour payer les réservistes opérationnels. Pour nous, la question ne se pose pas. » ®

Captiver les jeunes Le major Gaston Schöne se consacre aux missions de devoir de mémoire. Ancien de la poste navale, il a navigué plusieurs mois à bord du bâtiment de commandement et de ravitaillement (BCR) Var et garde de cette affectation un fort attachement à la Marine. Depuis, à chaque fois qu’il organise une cérémonie militaire, il essaie de mettre la Marine à l’honneur. Au-delà des cérémonies, il tente de susciter l’intérêt chez les plus jeunes en organisant, chaque année, un concours auprès des classes de troisième du collège Camille Claudel à Paris. Les élèves planchent pendant quelques semaines sur un thème historique : « Il s’agit de leur montrer combien nos soldats ont un rôle essentiel à jouer. » Pour la quatrième édition du concours, après des thèmes comme l’ex-Yougoslavie,

les élèves devront cette année travailler sur la mission de maintien de la paix au Liban. « Certains m’étonnent par leur motivation et leur curiosité. » ®

Fiche d’identité : Gaston Schöne, né en 1957, major dans la réserve citoyenne, employé au Service historique de la défense. COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013 ® 31

 

3009-P33_Layout 3 26/02/13 16:59 Page33

ESPACE

loisirs

LA TERRE POUR HORIZON « Habiter autrement la planète », c’est le titre d’une collection de livres d’entretiens. À l’honneur du dernier-né de cette collection : la navigatrice et écrivain de Marine Isabelle Autissier. Une collaboration porteuse de sens.

«

Réfléchir à d’autres fonctionnements pour nos sociétés, à d’autres manières d’être. Il est urgent de fertiliser notre imagination. Cela tombe bien, la matière grise est la seule matière très largement sous-exploitée.

»

ISABELLE AUTISSIER

vais-je trouver ma place dans la société ? Ce sont autant d’interrogations auxquelles je tente d’apporter mon éclairage. » Surprise à la lecture de cet ouvrage : la pertinence des messages autant écologiques que sociétaux d’Isabelle Autissier. L’univers maritime n’est bien évidement pas oublié : « La mer apprend à simplifier les modes de consommation, et qu’il est plus facile d’être simple que d’être compliqué. » Ce sont des jeunes qui ont participé à l’élaboration du questionnaire afin que ce grand entretien soit le reflet des préoccupations de leur génération. Au final, un ouvrage utile, à l’usage aussi bien des jeunes que des éducateurs et des STÉPHANE DUGAST parents. ® À LIRE : La Terre pour horizon. Entretien avec Isabelle Autissier. Propos recueillis par Gaïa Mugler-Solana, Les Presses d’Île-de-France, 136 pages, 9.60 €. Vente en librairie et sur www.laboutiqueduscoutisme.com

1 C’est autant pour son goût du large, sa connaissance de la planète que pour ses valeurs ou sa volonté inoxydable qu’Isabelle Autissier a répondu à un grand entretien. Inciter les plus jeunes lecteurs à s’engager et avoir foi en l’avenir incertain (des valeurs chères au marin), tel est le leitmotiv de ce livre à visée pédagogique. « Parce qu’Isabelle Autissier est une femme de conviction, elle est un témoin stimulant pour nous tous, citoyens du monde, désireux d’habiter autrement la planète », précise d’ailleurs d’emblée Philippe Bancon, délégué général des Scouts et Guides de France, les « maîtres d’œuvre » de ce projet éditorial. Réponse sans ambages de la navigatrice au caractère bien trempé, également ambassadrice de la Nature et écrivain de Marine : « J’ai voulu être cette grande sœur et répondre à ces 1001 questions que l’on se pose à 18-20 ans. Qui suis-je vraiment ? Comment vais-je réaliser et accomplir mes rêves ? Comment

L’ANCRE ET LA PLUME Isabelle Autissier passe son enfance en région parisienne, ce qui ne l’empêche pas de découvrir la voile en Bretagne dès ses 6 ans. Diplôme d’ingénieur agronome (spécialisation halieutique) en poche, elle va d’abord mener une carrière dans la recherche avant d’enseigner à l’École maritime et aquacole de La Rochelle. En parallèle, elle navigue, participant à des courses à la voile de renom dont l’édition 1991 du BOC Challenge qu’elle achève en 7e position, devenant ainsi la première femme à réaliser un tour du monde en solitaire. La « prof-skipper » se consacre alors entièrement à la compétition jusqu’à un naufrage pendant une course au large en 1998. Une « fortune de mer » qui l’incite à renoncer à la compétition en solitaire. De la barre, elle passe aisément à la plume, publiant des récits comme le remarqué Kerguelen, le voyageur au pays de l’ombre (Grasset), tout en continuant cependant de naviguer en équipage. En 2009, elle publie son premier roman : Seule la mer s’en souviendra (Grasset), l’histoire d’une supercherie en mer qui lui vaudra tous les honneurs. Cette même année, Isabelle Autissier devient présidente de la branche française du World Wide Fund for Nature (WWF). Une activité « citoyenne » à plein temps qu’elle concilie avec sa passion pour la navigation trois mois par an. Après moult voyages dans les mers du Sud (en compagnie notamment d’Erik Orsenna), Isabelle Autissier a mis désormais le cap plein nord. L’Arctique est ainsi devenu son nouveau « théâtre d’opérations » autant pour des motifs maritimes, personnels que littéraires. COLS BLEUS ® N° 3009 ® 2 MARS 2013 ® 33

3009-P34_actu col bleu 255 26/02/13 17:14 Page34

ESPACE

loisirs

COLS BLEUS N°3009 2 MARS 2013

BAN D’HYÈRES DES PISTES ENTRE CIEL ET MER

CRÉDITS PHOTOS ET ILLUSTRATIONS

1 Ce nouvel ouvrage de Rémi Kerfridin retrace l’histoire de la base d’aéronautique navale (BAN) d’Hyères. Une histoire récente liée à celle de l’aéronautique navale, inscrite dans un territoire complexe qui partage son activité avec l’aéroport civil. L’auteur a pu réaliser ce nouveau volet sur un des sites majeurs de l’aéronautique navale. Un état des lieux unique et original de ses infrastructures. L’utilisation des plans précisément annotés et des vues d’aéronefs qui ouvrent chaque chapitre permettent une lecture agréable et facilitent le repérage des lieux décrits. Les images d’archives rendent compte des évolutions les plus spectaculaires et les nombreux croquis amènent le lecteur

INFO ACTUS  PAGE 6 : EMMANUELLE MOCQUILLON/MN ; PATRICE DONOT/MN ; PATRICE DONOT/MN ; MN PAGE 7 : CHRISTIAN CAVALLO/MN ; MN ; INFOGRAPHIE : SERGE MILLOT/MN PAGE 8 : MN ; EMMANUELLE MOCQUILLON/MN PAGE 9 : MINISTÈRE DE LA DÉFENSE/EMA ; MN ; SÉBASTIEN DESCHAMPS/MN PAGE 10 : GEOFFROY QUENTIN/MN ; MN PAGE 11 : STÉPHANE MARC/MN ; DR

à regarder le site différemment. L’ambition de ce livre est de permettre au lecteur de mieux saisir la réalité de ce site protégé et naturellement sécurisé. ® La BAN d’Hyères, Des pistes entre ciel et mer, par Rémi Kerfridin, Extreme Eden Éditions, décembre 2012, 96 pages, 19 €.

PERMUTATIONS MEARM BAT MEARM, affecté aviso Commandant Blaison à Brest, cherche toute permutation à Brest terre. Urgent. Contact au 02 22 08 18 65.

ANNONCES CLASSÉES EMPLOI Pour château monument historique dans le Tarn-et-Garonne, cherche couple de régisseur pour entretien général, gestion, visites, gestion des réceptions et des gîtes, logement et rémunération. Envoyer CV à Monsieur de Lastic, 43 rue du Parc de Clagny 78000 Versailles. ASSOCIATION Malgré le désarmement du mythique porte-hélicoptères, l’association des anciens marins des bâtiments Jeanne d’Arc et escorteurs est toujours active. Elle fait vivre la mémoire et le patrimoine des bâtiments, et maintient des liens forts avec les bateaux qui assurent les missions Jeanne d’Arc. Anciens marins du groupement Jeanne d’Arc, n’hésitez plus à rejoindre

COUVERTURE MN ; JEAN-PHILIPPE PONS/MN ; JEAN-PHILIPPE PONS/MN ; INFOGRAPHIE : COLOMBAN ERRARD/MN

PASSION MARINE PAGES 12–13 : MN ; SIMON GHESQUIERE/MN ; INFOGRAPHIE : COLOMBAN ERRARD/MN PAGE 14 : JEAN-PHILIPPE PONS/MN PAGE 15 : INFOGRAPHIE : SERGE MILLOT/MN ; SIMON GHESQUIERE/MN ; SIMON GHESQUIERE/MN PAGE 16 : MN PAGE 17 : EMMANUELLE MOCQUILLON/MN ; INFOGRAPHIE : PAUL SENARD/MN ; DAVID COTTAIS PAGE 18 : FRANÇOIS MARCEL/MN ; MN PAGE 19 : LUDOVIC PICARD/MN ; JJ.CHATARD/DICOD VIE DES UNITÉS PAGES 20–21 : US NAVY ; MN ; US NAVY; MN PAGES 22–23 : A.ROINE/ECPAD/EMA ; INFOGRAPHIE : MN ; BRUNO PLANCHAIS/MN ; SIMON GHESQUIERE/MN PAGE 24 : MN PAGE 25 : YANN JONQUERES/MN ; YANN JONQUERES/MN ; YANN JONQUERES/MN PLANETE MER PAGES 26-27 : DR ; CARTE : FRANCE TELECOM CHRONIQUE DU PERSONNEL PAGES 28-29 : LUDOVIC PICARD/MN ; MN ; DR PAGE 30 : LISA BESSODES/MN ; MN ; CARTE : SOPHIE DROUARD/MN PAGE 31 : SIMON GHESQUIERE/MN ; DR LOISIRS PAGE 33 : MANUEL BRAUN

4E DE COUVERTURE STÉPHANE MARC/MN

l’association, à recréer des liens perdus et à participer à nos manifestations. La prochaine assemblée générale aura lieu le samedi 23 mars 2013 à Brest. Contact : Maurice Le Tinevez au 02 98 62 16 30, Jean-Marie Damassin au 02 98 05 00 92, ou [email protected].

30 ANS DU BCR VAR Pour fêter ses 30 ans, le BCR Var invite ses anciens marins à venir partager un moment de convivialité à bord le 21 mai de 14 h à 16 h 30, et à amener leurs souvenirs et photos à cette occasion. Pour inscriptions et informations complémentaires merci d'écrire à [email protected] AMICALE DE LA POSTE AUX ARMÉES-POSTE NAVALE L’amicale de la Poste aux armées – Poste navale recherche ses anciens. Si vous avez été agent postal, vaguemestre, personnel embarqué ou à terre, personnel civil affecté dans un bureau naval ou interarmées, ancien marin militaire du contingent, l’amicale de la Poste aux armées – Poste navale vous est ouverte et sera heureuse de vous accueillir. Elle édite annuellement une revue et organise des rencontres festives. Pour tout renseignement, écrire à : Amicale de la Poste aux armées 141 rue Lamartine 88650 Anould, envoyer un mail à : [email protected] ou téléphoner au 06 71 15 89 26.

bimensuel DE LA MARINE NATIONALE

RÉDACTION : 2 rue Royale 75008 Paris ® Tél. : 01 42 92 17 17 – Télécopie : 01 42 92 17 01 ® E-mail : [email protected] – Internet : www.defense.gouv.fr/marine ® Directeur de la rédaction : CF Jérôme Baroë ® Rédactrice en chef : LV Caroline Ducret ® Rédactrice en chef adjointe : LV Céline Horlaville ® Secrétaire : Mot Phaëdra-Noor Messoussa ® Rédacteurs et journalistes : Stéphane Dugast ; LV Colomban Errard ; Asp. Margot Perrier ® Collaborateurs : EV1 (R) Antoine de Surirey ; LV (R) Anet Sauty de Chalon ® Infographie : Serge Millot ® Directeur de la publication : Capitaine de vaisseau Philippe Ebanga, directeur de la communication de la Marine ® Abonnements : 01 49 60 52 44 ® Publicité, petites annonces : ECPAD, pôle commercial – 2 à 8 route du Fort 94205 Ivrysur-Seine Cedex – Christelle Touzet – Tél. : 01 49 60 58 56 – Télécopie : 01 49 60 59 92 – Mail : [email protected] ®Conception-réalisation : Idé Édition, 33 rue des Jeûneurs 75002 Paris – Direction artistique : André Haillotte – Secrétaire de rédaction : Céline Le Coq – Rédacteurs graphiques : Bruno Bernardet, Nathalie Pilant ®Photogravure : Média Grafik ®­ I­mprimerie : Roto France, rue de la Maison Rouge 77185 Lognes ®Les manuscrits ne sont pas rendus, les photos sont retournées sur demande. Pour la reproduction des articles, quel que soit le support, consulter la rédaction ®Commission paritaire n° 0211 B 05692/28/02/2011 ® ISBN : 00 10 18 34 ® Dépôt légal : à parution ® 34 ® COLS BLEUS ® N°3009 ® 2 MARS 2013