Marine

est un saut technologique comparable à ce qu'avaient vécu nos prédécesseurs, en passant de la Marine à voile à la Marine à vapeur. Son défi : identifier les ...
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CAP 2020 LA PRÉPARATION DE L’AVENIR Vœux du président de la République aux armées PAGE 6

Vie des unités

Chronique du personnel

MCO : le SSF au cœur du dispositif PAGE 26

Nouvelle organisation de l’action sociale PAGE 33

 

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LE MAGAZINE DE LA MARINE NATIONALE

ÉDITORIAL

SOMMAIRE AZIMUT

4

VŒUX

6

ACTUALITÉ

9

Brest : un nouveau préfet maritime pour l’Atlantique • L’amphibie s’apprend à Toulon • Manche : l’Abeille Liberté porte assistance à un cargo • Manœuvres aéronavales franco-italiennes entre le Forbin et le Cavour • Dieppe : cérémonie militaire de tradition • PMM Rochefort : remise de fanion à l’île de Ré • 19 personnes évacuées d’un cargo par le Caïman Marine • Cérémonie d’hommage aux militaires français à l’US Naval Academy • Belle rencontre entre les marins et les enfants au CHU de Brest • Louvois : précisions sur la bascule de la solde

PASSION MARINE

PAGE 14

CAP 2020 CONSTRUIRE LA MARINE DE DEMAIN VIE DES UNITÉS

26

Maintien en condition opérationnelle : le SSF au cœur du dispositif • L’Aquitaine : cap sur l’acceptation • Aviso Commandant Birot : mission mer Noire 2011 • Un ancien chef timonier « retrouve » le Var

CHRONIQUE DU PERSONNEL

32

L’AOVC : l’association qui accompagne les officiers dans leur reconversion • Des DLAS aux PMAS : une nouvelle organisation pour l’action sociale

TÉMOIGNAGE DE MARINS

34

Il n’est jamais trop tard…

ESPACE LOISIRS

35

Idées livres

INFO SPORT

36

2012 : les filles du RCMN dans la cour des grandes

AGENDA

U

ne nouvelle année, et tout particulièrement la période des vœux, est un moment privilégié pour envisager l’avenir. Sans doute est-ce dû à l’impression qu’un nouveau cycle commence, comme un nouveau départ, après l’année précédente qui appartient déjà au passé. Dans ce premier numéro de 2012, nous vous proposons donc de parler d’avenir en abordant la manière dont se prépare la Marine de demain, celle qu’armeront les marins dans une décennie. C’est maintenant un fait établi, le monde se « maritimise » à mesure qu’il se mondialise. Partout dans le monde, les grandes puissances comme les pays émergents cherchent à se doter des moyens de défendre leurs intérêts sur mer. Devant ce constat, il convient donc de préparer dès aujourd’hui la Marine française de demain pour la doter des moyens adaptés aux besoins et aux menaces futures. La France, qui dispose d’une marine océanique capable de maîtriser les différentes dimensions de l’espace océanique, a fait le pari d’une marine polyvalente, permanente, précise et complémentaire (P3C). Mais pour conserver cette dimension océanique et ces capacités, de nombreuses évolutions seront nécessaires au cours de la prochaine décennie : doctrine et concepts, stratégie, formation, programmes, maîtrise de l’information… Car il ne s’agit pas seulement de remplacer un matériel par un autre, mais d’une politique globale, pensée en avance de phase. De ce fait, la préparation des programmes du futur se conjugue d’abord au présent et de manière multidisciplinaire. Dès aujourd’hui, des hommes imaginent des unités robustes, servies par des équipages optimisés, et dotées d’équipements modernes. D’autres anticipent le soutien de ces unités à terre, forment du personnel polyvalent avec un haut niveau de compréhension des systèmes ou adaptent les infrastructures à ces nouveaux moyens. Tous travaillent dans un budget nécessairement contraint. C’est ce travail collectif, visant à construire la Marine de 2020, que ce Cols Bleus vous invite à découvrir. Ce numéro laisse aussi une large place aux sujets d’actualité, entre autres le rôle du service de soutien de la flotte dans la mise en condition opérationnelle des bâtiments, l’acceptation prochaine de la frégate multimission Aquitaine ou encore, dans un tout autre domaine, la mise en place du système depaiement de la solde : Louvois. Enfin la rédaction de Cols Bleus vous souhaite, ainsi qu’à ceux qui vous sont chers, une très bonne et heureuse année 2012… et, nous l’espérons, de bons et instructifs moments de lecture avec votre magazine. Capitaine de frégate Jérôme Baroë Directeur de la rédaction de Cols Bleus

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A

zimut 5

31

285

30 0

SITUATION DES BÂTIMENTS DÉPLOYÉS AU 5 JANVIER 2012

DÉPLOIEMENT ATLANTIQUE

270

-TCD Siroco/Opération Corymbe/ -P400 La Capricieuse/Police des pêches/ -BCR Somme, RHM Tenace, BE Jaguar, BE Chacal, BE Lynx BE Panthère, BE Lion, BE Églantine Saint-Pierre-et-Miquelon

0

255

Saint-Barthélemy Saint-Martin Guadeloupe Martinique

24

Guyane française

Polynésie française

5

22 0

21 180

4 ® COLS BLEUS ® N° 2984 ® 14 JANVIER 2012

195

Département, collectivité ou territoire d’outre-mer

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30

45

60

DÉPLOIEMENT MÉDITERRANÉE -CMT Orion

75

90 105

12 0

Mayotte

DÉPLOIEMENT OCÉAN INDIEN

Wallis-et-Futuna

-FS Floréal/Opération Atalante/ -FASM La Motte-Picquet/Opération Enduring Freedom/ La Réunion

Nouvelle-Calédonie

5 13 15

0

En mission permanente Sous-marin lanceur d’engin (SNLE)

Atlantique II

Commandos

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165 180

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VŒUX

présidentiels

LA MARINE ACCUEILLE LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE PO Les marins ont accueilli avec fierté et honneur le président de la République à l’École navale le 3 janvier. Le chef de l’État avait en effet choisi Lanvéoc pour adresser ses vœux à l’ensemble des forces armées. Le Président a commencé son intervention en rendant hommage aux deux militaires de l’armée de Terre « tombés sous le feu ennemi en Kapisa », le 29 décembre dernier. Extraits du discours.

«

Honneur, patrie, valeur, discipline. Ces quatre mots sont chers aux marins. Ils sont inscrits en lettres de bronze sur tous nos navires et dans le hall d’honneur de cette école. Ils résument parfaitement le sens de votre engagement et celui de vos camarades des autres armées.

» «

Le succès de notre intervention en Libye ne fait que conforter les choix de réorganisation qui ont été faits. Harmattan a en effet mobilisé des composantes des trois armées et de tous nos services de soutien, dont je tiens à saluer ici l’excellente réactivité et la remarquable efficacité.

6 ® COLS BLEUS ® N° 2984 ® 14 JANVIER 2012

»

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UE POUR SES VŒUX AUX ARMÉES

«

Nos armées ont connu une profonde transformation et leur format est encore en cours d’adaptation. Conduire simultanément plusieurs opérations sur différents théâtres, intérieurs ou extérieurs, tout en réduisant le format de nos armées de 54 000 militaires, est un exercice difficile. C’est un défi et vous avez su le relever.

»

Dans la matinée, le Président avait assisté à des démonstrations du nouvel hélicoptère Caïman Marine (NH90) et visité notamment le simulateur de navigation de l’École navale. Le CF Nicolas Couder lui commente les démonstrations. La version intégrale du discours est disponible sur le site Elysée.fr ou sur Intramar

«

Nous sommes ici dans une école prestigieuse : elle forme des jeunes qui ont voulu mettre de l’intensité dans leur vie. Ils seront officiers, ingénieurs et marins. Nos armées ont besoin, comme notre pays, d’enthousiasme, de fougue, d’esprit d’aventure, d’esprit d’entreprise et de courage. Ces qualités, toutes nos écoles militaires en sont les vecteurs.

»

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VŒUX

du CEMM

« SOYONS FIERS DE CE QUE NOUS SOMMES ! »

LE CHEF D’ÉTAT-MAJOR ET LE « BIDOU » DES MARINS EMBARQUÉS.

N

ous avons franchi le cap de 2012 après une navigation particulièrement dense. Au terme de l’année écoulée, je tiens d’abord à saluer la mémoire de nos camarades morts en opérations. Mes pensées vont vers leurs familles et leurs proches. J’ai également une pensée très particulière pour tous les marins blessés ou malades qui, avec ceux qui les accompagnent, luttent avec courage pour se reconstruire. Je leur souhaite de se rétablir le plus rapidement et le plus complètement possible. Au seuil de cette nouvelle année, je pense aussi à ceux d’entre vous qui assurez la permanence de notre dissuasion et de notre posture de sûreté ou qui êtes engagés sur des théâtres d’opérations. En 2011, j’ai pu mesurer la réactivité et le très grand professionnalisme des unités de la Marine nationale. De la Côte d’Ivoire à l’Afghanistan, de la Libye au Sahel ou à l’océan Indien, nous avons en effet démontré notre capacité à mener des opérations multiples tout en assurant l’essentiel de nos missions permanentes, de la haute à la basse intensité, de la défense à la sécurité. Le succès de l’opération Harmattan a été salué, à juste titre, par les plus hautes autorités de l’État mais aussi par la communauté internationale. L’aptitude à appareiller sans délai et à durer en opérations nous est clairement reconnue. Cette forte crédibilité est notre meilleur atout pour préparer l’avenir. Si l’efficacité et la combativité de nos équi8 ® COLS BLEUS ® N° 2984 ® 14 JANVIER 2012

«

La France est une grande puissance maritime, grâce à vous, grâce à votre détermination et à votre courage, la Marine nationale a été en 2011 l’instrument de cette puissance. Je vous en félicite et vous en remercie.

»

pages ont été exceptionnelles, c’est aussi grâce à chacun d’entre vous, civils et militaires, qui sans relâche avez contribué à la réussite de ces missions dans les forces, les états-majors et les services de soutiens, vous avez répondu présents pour permettre, dans la durée, l’engagement de nos unités. La France est une grande puissance maritime, grâce à vous, grâce à votre détermination et à votre courage, la Marine nationale a été en 2011 l’instrument de cette puissance. Je vous en félicite et je vous en remercie. C’est dans cet esprit qu’il nous faut poursuivre car nous aurons, ensemble, de nombreux défis à relever au cours de cette nouvelle année. Dans un contexte marqué par la crise écono-

mique et financière, elle verra notamment la réécriture du Livre blanc, l’actualisation de la programmation militaire et la poursuite des indispensables réformes qui ont été entreprises et qui façonnent notre quotidien. Je sais vos difficultés et je ne méconnais aucune de vos préoccupations. Vous pouvez être certains que, dans l’année à venir, je m’attacherai avec la plus grande détermination à ce que l’identité et la cohérence de la Marine demeurent. Au seuil de cette année 2012, je voudrais partager avec vous quelques convictions : - Soyons fiers de ce que nous sommes. Dans tous mes déplacements, en France comme à l’étranger, je mesure la réputation élogieuse et l’admiration que suscitent nos unités. C’est la preuve de la qualité de notre recrutement, de nos formations, de notre engagement, de nos équipements, mais aussi et surtout de la solidité des forces morales qui nous animent. - La Marine se modernise et se dote d’une nouvelle cohérence capacitaire : les Fremm vont arriver, les Barracuda naissent à Cherbourg, le Dixmude s’apprête à être admis au service actif et, le 8 décembre dernier, j’ai prononcé la mise en service opérationnel du Caïman Marine au sein d’une 33F réactivée. Soyons tous conscients de l’atout que représente l’arrivée de nouveaux matériels dans le contexte budgétaire contraint que nous connaissons. - Forts de la confiance que nous accorde le chef des armées, tenons-nous prêts à agir car de nombreuses missions ne manqueront pas de se présenter dans un monde qui devient plus maritime mais pas moins dangereux. - Enfin, continuons d’entretenir cet esprit d’équipage qui est notre plus grande richesse pour, toujours, aller de l’avant. À tous, je renouvelle ma confiance et souhaite, à chacun d’entre vous comme à vos proches, une bonne et heureuse année 2012.

Amiral Bernard Rogel, chef d’état-major de la Marine

Retrouvez les vœux du CEMM aux marins en vidéo

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INFO

actus

BREST UN NOUVEAU PRÉFET MARITIME POUR L’ATLANTIQUE

M. TALLEC, AMIRAL ROGEL, VAE LABONNE.

1 Le 21 décembre 2011, dans la cour d’honneur de la préfecture maritime de Brest, a eu lieu la cérémonie de départ du vice-amiral d’escadre de Saint Salvy et la prise de fonction du vice-amiral Jean-Pierre Labonne comme commandant de la zone maritime Atlantique, commandant de la région maritime Atlantique, commandant de l’arrondissement maritime de Brest et officier général chargé de la zone de soutien de Brest-Lorient. La cérémonie, présidée par l’amiral Bernard Rogel,

chef d’état-major de la Marine, en présence de monsieur Jean-François Tallec, secrétaire général de la Mer, marquait aussi la fin de la carrière dans la Marine du vice-amiral d’escadre de Saint Salvy. Parmi les autorités civiles étaient notamment présents le préfet du Finistère, le sous-préfet et le maire de Brest. Dans ses précédentes fonctions, le vice-amiral d’escadre Labonne a occupé, d’août 2008 à septembre 2011, les fonctions d’adjoint organique à Brest de l’amiral commandant la force d’action navale. ®

L’AMPHIBIE S’APPREND À TOULON 1 Fin novembre, sur la base navale de Toulon, un stage de qualification aux opérations amphibies (SQOA) de niveau 2 a réuni, pendant une semaine, une quarantaine de militaires de l’armée de Terre et de la Marine. La cérémonie de clôture du stage s’est déroulée à bord du bâtiment de projection et de commandement (BPC) Dixmude. Elle était co-présidée par le général de brigade François Lecointre, commandant la 9e Brigade légère blindée de Marine (BLBMa), et le contre-amiral Jean-Baptiste Dupuis, commandant adjoint de la Force aéromaritime de réaction rapide (FRMARFOR). Les deux officiers généraux

ont remis aux stagiaires leurs brevets de qualification. Destinés aux sous-officiers supérieurs et officiers des trois armées susceptibles de participer à une opération amphibie dans un cadre national ou international, ces stages (niveau 1, 2 et 3) sont alternativement organisés par la 9e BLBMa, la 6e Brigade légère blindée (BLB) et FRMARFOR. L’état-major de la force aéromaritime de la Marine est également chargé de la cohérence du contenu des stages proposés chaque année. Plates-formes dédiées à l’amphibie, les BPC et les bâtiments de transport de chaland de débarquement (TCD) sont également étroitement associés aux SQOA, en fonction de leur programmation opérationnelle. La mise en œuvre en 2006 de ces stages de formation aux opérations amphibies, domaine de l’interarmées par excellence, correspond à la fois à un besoin organique pour l’armée de Terre d’un renouveau de la fonction amphibie, et à l’arrivée dans la Marine des premiers BPC (Mistral en 2006). Du niveau 1 au niveau 3, les SQOA couvrent la mise en œuvre et l’exécution de base, la planification et la conduite d’opérations, et enfin l’expertise et les études stratégiques. Chaque année, plus de 300 stagiaires de l’armée de Terre, de la Marine et de l’armée de l’Air suivent ces stages et sont formés, ensemble, à Toulon, aux opérations de projection de forces depuis la mer vers la terre. ® EV1 CYNTHIA GLOCK

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B R E F

CÉRÉMONIE DE TRANSFERT DE PAVILLON DU TCD FOUDRE À LA MARINE CHILIENNE

Le 23 décembre 2011, la cérémonie de transfert de pavillon a eu lieu à bord du transport de chalands de débarquement (TCD) Foudre, en présence du vice-amiral d’escadre Xavier Magne, commandant la force d’action navale, et du contre-amiral Christian de La Maza, directeur général des services de la Marine au Chili. Le pavillon français a été remplacé par celui du Chili dans le cadre de la cession de ce bâtiment à la Marine chilienne. SOUTENANCE DE THÈSE À L’EAMEA

L’aspirant Fanny Berthet, volontaire officier de la Marine nationale, a obtenu la mention « très honorable » lors de sa soutenance de thèse de doctorat qu’elle a menée à l’École des applications militaires de l’énergie atomique (EAMEA), en collaboration avec le Laboratoire Universitaire des sciences appliquées de Cherbourg (LUSAC). Sa thèse est intitulée « Effet de rayonnements ionisants de faible dose et stress électriques sur les performances électriques dc de HEMTs AlGaN/GaN ». Les transistors HEMTs (High Electron Mobility Transistors), par leurs propriétés physico-chimiques et électroniques, peuvent être utilisés à haute température, à haute fréquence et/ou à forte puissance et disposent ainsi d’un très large panel d’utilisation, notamment dans les domaines militaires et spatiaux. Ces recherches permettront d’apporter des réponses sur les phénomènes de dégradation et ainsi permettre d’optimiser les procédés technologiques de réalisation des composants.

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INFO

actus

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B R E F

INTERVENTION DU BATAILLON DE MARINS POMPIERS LORS DE L’INCENDIE D’UNE MAISON DE RETRAITE

Le 14 décembre, à 2 h 35, le bataillon de marins pompiers de Marseille est alerté pour un feu de chambre au sein de la maison de retraite Les Anémones, dans le 12e arrondissement. À 2 h 43, les premiers moyens du BMPM arrivent sur place, suivis d’importants renforts sanitaires et de lutte contre l’incendie. Le feu, déclaré dans une chambre du 3e étage de l’aile sud du bâtiment, est rapidement maîtrisé et les marins pompiers procèdent à plusieurs sauvetages. Par mesure de précaution, 40 résidents sont mis en sécurité dans trois points de rassemblement installés par les secours à différents étages, dans l’aile nord du bâtiment. Au bilan de cette intervention, 6 personnes sont décédées, 3 intoxiquées par les fumées et transportées dans un état grave vers différents centres hospitaliers de Marseille et 10 autres incommodées par les fumées mais dont l’état n’a pas nécessité de transport secondaire.Pour cette intervention, 80 marins pompiers, 28 engins dont 4 fourgons incendie, 3 ambulances de réanimation, 1 véhicule médical de soutien, 5 véhicules d’assistance et de secours aux victimes, 1 poste médical avancé et divers véhicules de commandement et de soutien logistique ont été mobilisés.

MANCHE L’ABEILLE LIBERTÉ PORTE ASSISTANCE À UN CARGO

1 Le 4 janvier, le Federal Miramichi, un navire de commerce de 185 mètres de long battant pavillon Antigua et Barbuda a signalé au Cross de Jobourg une avarie totale de son système de propulsion. Dans l’impossibilité d’effectuer les réparations en mer, le capitaine du navire souhaitait passer un contrat de remorquage avec une société privée. Le cargo, armé par 21 hommes d’équipage, transportait 22.900 tonnes d’urée (produit chimique azoté), contenait 750 tonnes de fuel et 20 tonnes de gazole. Vers minuit, le remorqueur Hellas arrivait sur zone et passait vers 5 h du matin une remorque qui a cédé 45 minutes plus tard. Par précaution, le préfet maritime a décidé de faire appareiller le remorqueur d’intervention d’assistance et de sauvetage (RIAS) Abeille Liberté qui se trouvait en alerte météo pour le rapprocher du navire en difficulté.

Le 5 janvier à 12 h, en raison des conditions météorologiques, des difficultés rencontrées par le remorqueur, des prévisions de dérive du cargo vers l’île de Guernesey et des risques de pollution inhérents, le préfet maritime de la Manche et mer du nord a mis en demeure le capitaine du navire et son armateur de prendre les mesures nécessaires pour faire remorquer le navire en toute sécurité vers un abri avant la tombée de la nuit. À 15 h, le remorqueur Hellas est parvenu à passer à nouveau une remorque qui n’a pas résisté à la tension. L’armateur du cargo passe alors un contrat d’assistance avec l’Abeille Liberté qui prend le Federal Miramichi en remorque à 15 h 50. Le convoi est arrivé au port de Cherbourg-Octeville vendredi 6 janvier. ®

MANŒUVRES AÉRONAVALES FRANCO-ITALIENNES ENTRE LE FORBIN ET LE CAVOUR 1 Après avoir franchi les bouches de Bonifacio et avant d’embouquer le détroit de Messine, fin novembre, la frégate de défense aérienne Forbin a rencontré le porte-aéronefs italien Conte di Cavour… L’occasion de conduire des manœuvres aéronavales communes. Le rendez-vous à la mer s’est déroulé en deux phases. Dans un premier temps, les deux bâtiments ont établi une liaison de données communes afin de partager leur vision de la situation tactique. Dans un deuxième temps, un entraînement de lutte anti-aérienne a été conduit, dans lequel le Forbin avait pour mission de protéger le Cavour contre des aéronefs hostiles. Les 10 ® COLS BLEUS ® N° 2984 ® 14 JANVIER 2012

pilotes des deux aéronefs, des AV 8 Harriers, ont tenté de se rapprocher au maximum du Cavour, leur cible. Pour cela, ils ont essayé de leurrer le dispositif en répondant aux interrogations du Forbin.

L’entraînement avec le Cavour a constitué un excellent exercice pour le Forbin, dont une des missions principales est la protection du porte-avions Charles de Gaulle. Pour le porte-aéronefs italien, bientôt admis au service actif, c’était une occasion de se confronter à l’expérience française dans l’emploi de son système de combat. Cette coopération a aussi permis de réaffirmer les liens forts existant entre la France et l’Italie depuis le lancement du programme Horizon qui a abouti à la construction de quatre frégates de défense aérienne : les françaises Forbin et Chevalier Paul et les italiennes Andrea Doria et Caio Duili. ®

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INFO

actus

DIEPPE CÉRÉMONIE MILITAIRE DE TRADITION 1 Une cérémonie militaire de tradition a été organisée par l’école des fusiliers marins de Lorient, le 9 décembre, à Dieppe. La cérémonie s’est déroulée en présence de nombreuses personnalités civiles et militaires, le contreamiral Prazuck, amiral commandant la Force maritime des fusiliers marins et commandos, M. Sébastien Jumel, maire de Dieppe, le capitaine de frégate Clivaz, commandant l'école des fusiliers marins, le lieutenant colonel Potez, délégué militaire départemental, et le capitaine de frégate Subra, commandant la Marine au Havre. La cérémonie a débuté avec un passage en revue des troupes par le commandant de l’école des fusiliers marins. Les élèves d’un cours de jeunes engagés fusiliers ont ensuite été présentés au drapeau du 1er régiment de fusiliers marins. Temps fort de la formation des élèves, la présentation au drapeau symbolise l’intégration au monde militaire et à celui des fusiliers marins. Le drapeau a été celui de la brigade puis du bataillon de fusiliers marins de 1915 à 1918, puis l’emblème du 1er régiment de fusiliers marins de 1940 à 1947. C’est l’un des neuf drapeaux de la Marine et c’est aussi le troisième drapeau le plus décoré de France. Il est confié à la garde de l’école des fusiliers marins depuis 1947. Le cours de matelot fusilier n°19 a ensuite reçu le nom du « Maître Lefort », du commando Trépel, mort pour la France le 18 décembre 2010, dans la val-

lée de Tagab, en Afghanistan. Par tradition, chaque promotion d’élèves engagés dans la spécialité de fusilier marin et suivant la formation de 1er niveau est baptisée du nom d’un fusilier marin mort pour la France au cours des conflits qui ont marqué l’histoire de la spécialité. La cérémonie s’est poursuivie par une remise de fourragère. Enfin, 26 jeunes commandos du stage commando 136 en fin de formation se sont vu remettre leurs bérets verts, signe d'appartenance à ces unités d'élite. La remise du béret vert sanctionne la réussite à une formation exigeante de onze semaines. Un défilé avec les élèves, les cadres, les instructeurs de l’école des fusiliers marins de Lorient et les stagiaires des préparations militaires « vice-amiral Cécille » de Rouen et « Amiral Durand-Viel » du Havre a clôturé la cérémonie. ®

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CÉRÉMONIE DE PRÉSENTATION AUX FANIONS DES PMM DE QUIMPER ET LORIENT

Pour la première fois, les cérémonies de présentation aux fanions des promotions de Préparation Militaire Marine de Quimper et Lorient ont eu lieu conjointement le samedi 10 décembre à Moëlan-surMer. 54 jeunes, dont 21 jeunes filles, ont défilé sous la direction du major Baqué, devant leurs parents et amis. Ils ont reçu le fanion de leur promotion, Lieutenant de Vaisseau Le Hénaff pour Lorient et Amiral Ronarc’h pour Quimper. La cérémonie était présidée par le contre-amiral Alain Corolleur, accompagné du CF Jacques Philippe, représentant Ceclant, et assisté par l’officier en chef de 1re classe Dominique Poulmarc’h, en présence du maire de la commune et du député de la circonscription. De nombreux militaires d’active et de réserve, marins mais aussi représentants des autres armées, étaient présents pour honorer le choix de ces jeunes et reconnaître l’importance de cet engagement citoyen. Les associations d’anciens combattants étaient aussi sur place et assuraient le lien intergénérationnel.

PMM ROCHEFORT REMISE DE FANION À L’ÎLE DE RÉ 1 Répondant à l'invitation de Léon Gendre, maire de La Flotte et conseiller général de l’Île de Ré, et d’Alain Moncouyoux, délégué de la FAMMAC et président de l'amicale des anciens Cols Bleus de l'île de Ré, la PMM de Rochefort s'est déplacée sur l'île saintongeaise pour la traditionnelle remise de fanion.

Rassemblés au pied du monument aux morts et face au port de La Flotte, les stagiaires de la PMM, aux ordres du capitaine de frégate Minier ont d'abord assisté à la levée des couleurs avant de recevoir leur fanion des mains du capitaine de vaisseau Rondepierre, représentant le capitaine de vaisseau Lalé, commandant la Marine à Bordeaux. La

cérémonie s’est déroulée en présence du contreamiral Bertrand Le Peu. De nombreux porte-drapeaux, une délégation des pompiers ainsi que les bénévoles de la SNSM étaient également présents. S’en est suivi un défilé mené par la musique de l'harmonie de La Flotte, associée à la fanfare de Sainte-Marie devant un public nombreux. ® COLS BLEUS ® N° 2984 ® 14 JANVIER 2012 ® 11

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INFO

actus

B R E F

NOUVELLES CONVENTIONS POUR LE RUGBY CLUB DE LA MARINE NATIONALE

Le commissaire général de 1re classe Jean-Claude Soulé, secrétaire général du RCMN, a renouvelé avec les différents présidents de clubs varois la convention qui lie la Marine nationale au Rugby Club Toulonnais, à l’Union Sportive Seynoise et au Rugby Club Valette Revest. La signature s’est faite le 6 décembre 2011, en présence du commissaire général de 2e classe Jean-François Ermeneux, directeur du Service logistique de la Marine. En renouvelant les conventions qui lient la Marine nationale aux trois clubs-phares du Var, le RCMN réaffirme ses ambitions et prépare son avenir. C’est la 5e année consécutive que le RCT et la Marine travaillent main dans la main. Cette année, la convention concerne quatre espoirs du club : les matelots Gaskin (CIN St-Mandrier), Coulais (Service Logistique de la Marine Toulon), Le Strat (Base de Défense Toulon) et Cazanave (Cecmed). L’US Seynoise s’engage pour la 2e fois aux côtés de la Marine, avec le matelot Bidard (Cecmed). Le RC Valette Revest renouvelle le partenariat pour trois matelots Émilie Driguez (Base Navale Toulon), Sophie Pin (Base Navale Toulon) et Jodie-May Romero (Cirfa Toulon).

19 PERSONNES ÉVACUÉES D’UN CARGO PAR LE CAÏMAN MARINE

© PHILIP PLISSON 

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1 Le TK Bremen, un cargo de 109 mètres battant pavillon maltais et transportant du ballast, s’est échoué le 16 décembre, à 2 h du matin, sur la côte, à 2 km au sud de l’embouchure de la ria d’Étel. Le cargo avait quitté le port de Lorient dans l’après-midi pour mouiller au nord de l’île de Groix, dans l’attente d’amélioration des conditions météorologiques pour reprendre sa route vers l’Angleterre. Ayant de grosses difficultés à tenir son mouillage, il a tenté de rejoindre un

CÉRÉMONIE D’HOMMAGE AUX MILITAIRES FRANÇAIS À L’US NAVAL ACADEMY a ensuite rappelé que « l’amitié franco-américaine est indéfectible car elle est scellée dans le sang ». C’est en 1965, alors qu’il était en poste d’officier d’échange à Annapolis, que cette cérémonie a été créée, grâce au French Club de l’époque. Après les dépôts de gerbes, la sonnerie aux morts a retenti. ®

MARATHON NICE-CANNES POUR DES MARINS DU GUÉPRATTE

42, 195 km de course à pied. C’est le défi que s’étaient fixé quelques membres de l’équipage de la frégate légère furtive Guépratte, en s’inscrivant au marathon Nice-Cannes. Au sein de l’équipe, quelques habitués des longues distances, mais aussi des néophytes de la course à pied. Dix marins se sont ainsi élancés aux côtés des onze mille autres marathoniens à l’assaut de la route côtière qui relie Nice à Cannes. Un parcours éprouvant le long de la Côte d’Azur, entre marinas et palmiers, sous les encouragements – parfois en musique – d’un public présent sur toute la distance. Après plusieurs semaines d’entraînements individuels et collectifs, cette épreuve fut l’occasion pour les marins de dépasser leurs limites, quels que soient leurs niveaux de départ. 12 ® COLS BLEUS ® N° 2984 ® 14 JANVIER 2012

autre abri et a commencé à dériver. À 0 h 40, il a demandé assistance au Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage (Cross) d’Étel. À 1 h 36, la préfecture maritime de Brest a fait appareiller le remorqueur Abeille Bourbon, en alerte à Ouessant. L’hélicoptère Caïman Marine de la base aéronautique navale de Lanvéoc-Poulmic a décollé pour assurer le sauvetage des 19 membres d’équipage. À 3 h, l’hélicoptère a débuté l’opération d’évacuation des membres d’équipage du cargo afin de les rapatrier en deux rotations vers la base aéronautique de Lann-Bihoué. Ce sauvetage a constitué la première intervention opérationnelle importante du Caïman Marine. ®

LV VUONG, OFFICIER D’ÉCHANGE US NAVAL ACADEMY.

1 Une cérémonie militaire, en hommage aux marins et soldats français tombés à Annapolis durant la guerre d’Indépendance, a été organisée le 20 octobre dernier par les midshipmen du French Club de l’US Naval Academy. Cette cérémonie s’est déroulée en présence de l’amiral Miller, commandant l’US Naval Academy, et du CV Claude Deguines. Elle a célébré la mémoire de ces soldats tombés quelques jours avant la bataille de Yorktown. The Star and Spangled Banner, joué par la musique de l’école, a été suivi par une Marseillaise entonnée par les élèves de l’école primaire de la base militaire. Le président du French Club, Midshipman 2nd Class Koev, a effectué un rappel historique soulignant, en français, le soutien de la France aux États-Unis dès les premiers combats qui ont mené à l’indépendance de l’Amérique. Le capitaine de vaisseau Claude Deguines

RAPPEL DES FAITS À la fin de l’été 1781, l’armée continentale commandée par le général George Washington est en marche vers Yorktown. Le corps expéditionnaire français, composé de 6 000 hommes et commandé par le comte de Rochambeau, accompagne l’armée américaine. Du 22 au 25 septembre 1781, ces hommes s’arrêtent à Annapolis, au bord de la baie de Chesapeake, pour embarquer et arriver par la mer à Yorktown, en Virginie. Un groupe de soldats et de marins français sont morts à Annapolis au cours de cette marche qui mena les armées française et américaine jusqu'à la bataille décisive de Yorktown, le 19 octobre 1781.

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INFO

actus

BELLE RENCONTRE ENTRE LES MARINS ET LES ENFANTS AU CHU DE BREST

1 C’est un air de Noël qui soufflait dans le centre hospitalier de Brest, le 16 décembre 2011. Les commandants des bâtiments écoles, ainsi qu’une partie de leurs équipages, ont rendu une visite surprise aux enfants malades, afin de leur remettre des cadeaux de Noël un peu particuliers. C’est en effet les bras chargés de peluches à l’effigie de leurs navires que les marins de la « Ménagerie », surnom donné aux bâtiments écoles, sont arrivés dans ce service spécialisé du centre hospitalier Morvan. Par dizaines, des lynx, des tigres, des chacals, des lions, des guépards, des jaguars, des panthères et des léopards ont ainsi été distribués à ces enfants, surpris mais heureux de pouvoir partager leur souffrance avec un nouveau petit compagnon. Cette action s’inscrit dans le cadre d’un partenariat signé en 2006 entre la Marine nationale et le pôle femme-mère-enfant de l’hôpital Morvan de Brest, qui accueille et soigne les enfants malades.

Début 2012, ce sera au tour des enfants de rendre visite aux marins, puisqu’une journée à bord des navires sera organisée. L’espace de quelques heures, ils oublieront les couloirs des hôpitaux et rêveront du large dans les coursives des bateaux. ® ASP VINCENT LOUSTAUNAU

E N

B R E F

QUAND GSBDD RIME AVEC PRÉPARATION OPÉRATIONNELLE

Dans le cadre de la mise en place du passeport du combattant, le LV Roudaut de l'antenne Aéro Hyères du GSBdD Toulon et le bureau EPMS de la BAN d'Hyères sont en charge de la préparation physique et mentale du personnel du service de soutien, devenu réservoir de forces pour l'EMA. Tous les jeudis matin, les marins participent à différentes activités alliant endurance, force et technicité : parcours nautique, mangrove, parcours d'obstacles, parcours urbain, méthode naturelle. Ces activités ont permis de détecter des aquaphobes : aujourd'hui, grâce à leur assiduité, passer le CCPG est devenu une formalité. Outre le développement des capacités physiques attendues d'un militaire, ces pratiques favorisent la cohésion, la confiance au sein d'un groupe et le dépassement de soi. Sur la BAN, les opérationnels filent aujourd'hui dans le « SILLAGE » des soutenants… OP Isabelle Cabrero

LOUVOIS PRÉCISIONS SUR LA BASCULE DE LA SOLDE 1 À compter de mars 2012, le Bulletin mensuel de solde (BMS) changera de structure pour s’harmoniser avec ceux des autres armées grâce au déploiement Louvois (logiciel unique à vocation interarmées de la solde). Les nouveaux BMS doivent être soumis à l’attention de chaque administré. Des travaux de fiabilisation (contrôle, analyse, correction) des données nécessaires au calcul des soldes visent à assurer le changement de système dans les meilleures conditions. Pour repérer les écarts potentiels non identifiés, chaque administré recevra en janvier un BMS en double : une version classique et une Louvois. Il est de la responsabilité de tous de veiller à la concor-

dance des bulletins et de suivre les actions prévues en cas de non conformité.

Le BMS Louvois est inférieur Si l’écart constaté excède 2,5 % du montant de la solde, l’administré bénéficiera, parallèlement au virement, d’une compensation appelée « paiement direct » (PAIDI). Toutefois, quelques écarts persisteront suite aux règles d’arrondis et aux cotisations sociales non recalculées. Les sommes acquises avant le 1er mars et celles dues à titre ponctuel (pécule, DPNO, etc.) ne feront pas l’objet de PAIDI. Le Centre d’expertise en ressources humaines, sans intervention de l’administré ou d’un service administratif, procèdera au PAIDI. Suite à cela, l’acteur RH compétent devra régulariser les don-

nées servant au calcul de la solde dès le mois suivant pour ne pas avoir à reproduire de PAIDI et compenser ainsi, sa reprise automatique par le rappel de solde lié à l’actualisation des informations connues. Contrairement au PAIDI, la retenue sera mentionnée sur le BMS.

Le BMS Louvois est supérieur Si l’écart de solde est positif, une vérification de situation sera faite et une Reprise pour trop perçu de solde (RTPS) suivra éventuellement. En cas d’écart significatif, l’administré est invité à se manifester rapidement auprès de son correspondant RH qui procédera aux corrections. Des éléments complémentaires peuvent être consultés sur le portail RH et le mini-site Louvois accessibles sur Intramar. ® COLS BLEUS ® N° 2984 ® 14 JANVIER 2012 ® 13

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LES FRÉGATES MULTIMISSION CONSTITUENT LA COLONNE VERTÉBRALE DES FORCES DE SURFACE DE DEMAIN.

CAP 2020 CONSTRUIRE LA MARINE DE DEMAIN DOSSIER RÉALISÉ PAR LE LV COLOMBAN ERRARD

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a mer est devenue un enjeu majeur de la mondialisation. Ne dit-on pas que le monde se « maritimise » ? Les échanges s’intensifient en utilisant prioritairement les voies océaniques. La mer est un formidable réservoir de richesses et une majorité de la population se concentre progressivement à proximité des côtes. Conséquence de cette évolution, la mer devient un enjeu majeur des relations entre les États et attise les rivalités pour, entre autres, s’attribuer le contrôle des passages stratégiques et l’exploitation des richesses marines. Parallèlement, des trafics en tous genres s’y développent. Devant ce constat, partout dans le monde, les États – du moins ceux qui en ont la possibilité – réfléchissent afin de se doter des moyens nécessaires pour défendre leurs intérêts. La France, dont les intérêts maritimes sont multiples et essentiels à son économie, a pris le parti de conserver une Marine océanique et polyvalente, capable d’agir partout 14 ® COLS BLEUS ® N° 2984 ® 14 JANVIER 2012

dans le monde et dans les trois dimensions (sur, sous et au-dessus de la mer). Mais la puissance et la polyvalence nécessitent une adaptation permanente aux évolutions géostratégiques et techniques. Face à un monde qui change, les domaines d’évolution sont nombreux : la doctrine et les concepts d’emploi des forces, la formation des hommes, les matériels futurs. La Marine de la prochaine décennie, celle des années 2020, se pense et se décide aujourd’hui, tant sont complexes et longues les évolutions à mettre en œuvre. Car il ne s’agit pas seulement de remplacer un matériel par un autre, mais de concevoir et mettre en œuvre une stratégie globale en avance de phase. Au sein de l’état-major de la Marine, un collège de spécialistes est chargé en permanence d’étudier ce que sera la Marine de demain et d’orchestrer sa mise en œuvre. Pour la rendre pleinement opérationnelle, l’objectif de ces hommes est simple : harmoniser les richesses humaines et les moyens

futurs afin de répondre au mieux à l’ensemble des missions qui seront confiées par le pouvoir politique, par l’intermédiaire du chef d’état-major des armées. La base du travail de ce collège de spécialistes n’est autre que le Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale, un ouvrage de référence signé de la main du président de la République, chef des armées. Anticiper sur le format de la Marine permet en effet de « naviguer sur l’avant ». Il s’agit de préparer dès maintenant les recrutements pertinents pour armer les nouveaux moyens de la Marine. Une Marine pour quoi faire, avec quels moyens, quelles missions et quel budget ? Voilà les questions auxquelles doivent répondre l’ensemble des hommes à qui incombe la mission de penser la Marine de demain. Stratégie, budget, ressources humaines, programmes, maîtrise de l’information, infrastructures… Rencontre avec ceux qui conçoivent la Marine de 2020 et au-delà. ®

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PASSION

Marine

Préparer la Marine de demain

L’OFFICIER DE COHÉRENCE D’ARMÉE Le capitaine de vaisseau Bruno Thouvenin est l’officier de cohérence d’armée de l’état-major de la Marine. À ce titre, il dirige le collège des officiers de cohérence, responsables chacun d’un secteur particulier. Il nous explique comment il travaille pour préparer l’avenir de la Marine. Sa mission : « Imaginer la guerre d’après en tirant les enseignements de celle d’avant. » Dans quel contexte êtes-vous amené à penser la Marine de 2020 ? La connaissance des enjeux maritimes, l’analyse stratégique des menaces potentielles liées à ces enjeux, l’établissement de scénarios prenant en compte les différents types de menaces à venir nous permettent d’établir la liste des moyens matériels et humains qui nous permettront de répondre avec efficacité à l’ensemble de ces menaces. C’est dans ce cadre que se mène notre réflexion quant au format à venir de la Marine. La surpopulation de certains littoraux crée des zones de tensions considérables et la défaillance de certains États. Les difficultés d’autres à contenir l’insécurité et l’immigration clandestine, voire la piraterie, peuvent nécessiter une intervention internationale. Dans la quasi-totalité des cas, cette intervention se fera à partir de la mer, en profondeur, là où des

UN TRAVAIL DE COORDINATION VITAL.

forces auront pu être pré-positionnées en nombre, sans contrainte diplomatique. Quelles sont les grandes lignes qui guident cette réflexion ? La base de travail est bien entendu le Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale, dont la mise à jour est actuellement en cours de validation. Pour penser la Marine de demain, nous devons toujours garder en tête les notions de polyvalence, de permanence, de précision et de complémentarité. Comment s’organise cette réflexion ? On parle d’un « collège » des officiers de cohérence d’état-major (OCEM) pour qualifier le processus de réflexion. Cette expression signifie bien que l’on parle, que l’on échange, que l’on confronte les vues, tant en interne à la Marine, qu’en lien avec les autres armées. Il s’agit

LE BUDGET DE LA MARINE : UNE SUBTILE ALCHIMIE On ne parle plus du budget de la Marine en particulier, mais d’un budget de la Défense en général. Un budget qui dépend des grandes orientations retenues par le président de la République dans le Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale. C’est ensuite la Loi de programmation militaire 2009-2014 qui met en œuvre les objectifs fixés par le Président. Chaque année, un projet de loi de finances vient ajuster cette loi de programmation militaire. « Le budget de la Défense est piloté par la définition du “juste besoin” et la complémentarité des moyens nécessaires pour mener à bien les missions confiées aux armées. Nous devons définir les grands équilibres entre l’acquisition de matériels, leur maintenance en condition opérationnelle, les budgets de fonctionnement et les dépenses liées aux hommes qui mettent en œuvre ces matériels. Il s’agit d’une subtile alchimie dans un contexte budgétaire de plus en plus contraint. » Contre-amiral Emmanuel Carlier, sous-chef plans programmes.

aussi de laisser les idées arriver à maturité, sans céder aux effets de mode. Pour simplifier, notre rôle est d’imaginer la « guerre d’après », en tirant les enseignements de la « guerre d’avant ». Nous prenons en compte les retours d’expérience des événements récents tout en imaginant les menaces futures. Nous redirigeons les expressions de besoins, que nous envoyons à l’état-major des armées (EMA) pour validation et transfert vers la Direction générale de l’armement (DGA). Cela se fait en interarmées et aussi parfois en interministériel puisque la Marine a le titre de « nationale » et qu’elle est amenée à participer à l’action de l’État en mer. Dans quelle chaîne hiérarchique s’effectue cette réflexion ? Dans la pratique, le collège qui travaille au profit du chef d’état-major de la Marine fait part de ses réflexions, de son expertise et de son analyse à l’EMA. Ce dernier regroupe les avis des officiers de cohérence des différentes armées, les analyse et mène des études technico-opérationnelles (ETO), en liaison avec les architectes de systèmes de force de la DGA. Cette réflexion est organisée en binôme OCO/ASF par système de force (dissuasion, engagement combat, protection sauvegarde, projection mobilité soutien et commandement, et maîtrise de l’information). L’OCA-Marine participe à ces travaux afin d’assurer la cohérence organique d’armée entre ces cinq systèmes de forces. Dans un avenir proche, la réforme du commandement prévue en 2014 prévoit un regroupement physique des officiers de cohérence puis des architectes de systèmes de forces. ® COLS BLEUS ® N° 2984 ® 14 JANVIER 2012 ® 15

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PASSION

Marine

Regarder plus loin que la proue

ÉVALUER LE CONTEXTE STRATÉGIQUE PERMANENCE, POLYVALENCE, PRÉCISION ET COMPLÉMENTARITÉ Quatre mots pour décrire les caractéristiques essentielles de la Marine d’aujourd’hui et de demain : polyvalence, permanence, précision et complémentarité. • Complémentarité Une Marine qui travaille avec les autres armées (comme dans l’opération Harmattan), avec d’autres administrations (dans le cadre de l’action de l’État en mer) et avec des alliés (UE, Otan) dans un environnement international. • Polyvalence Les bâtiments de la Marine (frégates, SNA…) doivent être capables de remplir une grande variété de missions. Ils peuvent appareiller pour une opération et être déroutés pour en conduire une toute autre.

Le capitaine de vaisseau Hervé Auffret est chef du bureau Stratégie politique à l’état-major de la Marine et secrétaire général du Centre de concept et de doctrine de la Marine. Pour lui, le passage de la Marine d’aujourd’hui à celle de 2020 que nous entamons actuellement est un saut technologique comparable à ce qu’avaient vécu nos prédécesseurs, en passant de la Marine à voile à la Marine à vapeur. Son défi : identifier les organisations et le personnel permettant l’efficacité de la Marine de 2020 tout en maintenant, le temps nécessaire, les conditions du succès de la Marine d’aujourd’hui. En quoi consiste votre rôle ? 2020, c’est presque aujourd’hui. Notre rôle est de naviguer sur l’avant en regardant un peu plus loin que la proue… C'est-à-dire qu’il s’agit d’abord d’évaluer le contexte stratégique à moyen terme, afin de permettre à l’état-major de la Marine de déterminer les capacités et le positionnement nécessaires pour faire face aux menaces qui pèsent sur nos intérêts. Il s’agit aussi d’expliquer à ceux qui n’ont pas de culture maritime à quoi sert une marine dans notre monde globalisé, car en temps de paix, la Marine est une armée d’emploi.

phérie. Par ailleurs, le monde se « fluidifie » : flux de biens (nos entreprises ont délocalisé leurs productions), de personnes, d’argent ou d’informations, mais aussi flux illicites (drogue, armes, piraterie…). Le fait maritime prend plus d’importance avec la mondialisation. Par ailleurs, avec la hausse de la population mondiale et la croissance économique qui l’accompagne, nous risquons d’être confrontés à des pénuries de ressources naturelles, y compris alimentaires. Ces ressources sont disponibles en mer. La mondialisation est consubstantielle de la maritimisation.

De quelle manière procédez-vous ? L’évaluation du contexte géopolitique nous amène à faire certaines constations. Aujourd’hui, 90 % de la population mondiale se trouve sur un arc qui couvre l’Afrique, l’Asie et l’ensemble Amérique et Amérique du Sud. Sur ce planisphère centré sur l’Asie, l’Europe n’est plus au centre mais à la péri-

Comment se dessinent les années à venir en termes de stratégie des nations ? Les grandes nations ont bien compris l’importance stratégique des mers et cherchent à accéder aux ressources naturelles que recèlent les espaces océaniques. Certains grands pays, comme le Brésil, la Chine et l’Inde, ont tous revu leurs « livres blancs » respectifs et

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• Permanence Une marine apte à tenir la mer longtemps, loin de ses ports bases et prête à intervenir rapidement en tout point du globe grâce à un pré-positionnement averti de ses moyens. • Précision Une marine capable de conduire des opérations toujours plus complexes et de mettre en œuvre des armements précis pour éviter au maximum les dommages collatéraux.

accordent une part importante au repositionnement stratégique vers la mer. Leurs investissements sont massifs dans ce domaine et témoignent de leur vision désor-

«

Les problématiques de sécurité et de défense liées à la mer demandent des capacités pour connaître, anticiper, prévenir, protéger et intervenir pour préserver les intérêts de la Nation.

»

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mais mondiale. La Russie renaît également dans sa dimension maritime. Le réchauffement climatique offre aussi de nouvelles opportunités : l’Arctique devient par exemple une préoccupation majeure pour beaucoup. Quelles sont les conséquences concrètes pour la France ? Ce constat étant dressé par de nombreuses nations, elles décident donc de se doter de marines puissantes et hauturières, de moyens aéromaritimes, de sous-marins, de missiles balistiques ou de croisière. Certains pays souhaitent que leurs emprises maritimes s’élargissent, générant souvent des conflits avec leurs voisins. Face à ces puissances montantes et à des hégémonies mouvantes, la France, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, doit être capable de défendre ses intérêts en mer partout où ils sont menacés. C’est en particulier vital pour ses approvisionnements et donc pour la pérennité de son économie. C’est donc dans un contexte extrêmement « crisogène » que se prépare la Marine de 2020 ? Maritimisation importante, forte militarisation, contestation des règles établies : tout ceci génère un certain nombre de remises en cause de l’ordre établi et est susceptible de provoquer des frictions, voire des tensions entre les pays. Les problématiques de sécurité et de défense liées à la mer demandent des capacités pour connaître, anticiper, prévenir et protéger la Nation. Présente dans différentes organisations régionales au titre de ses départements, territoires et collectivités d’outre-mer, la France est légitime sur toutes les mers du globe. Elle bénéficie ainsi de ressources précieuses (à condition de les exploiter), mais aussi d’un positionnement stratégique de premier ordre trop souvent omis. Le nouveau Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale va semble-t-il dans ce sens… Le Livre blanc de 2008 est le fruit d’un travail remarquable. Mais il me semble avoir un peu oublié les enjeux de sécurité et de défense de la France en mer. Or, nous risquons actuellement une territorialisation des océans, nous vivons une mondialisation des échanges en mer (licites ou pas), une « colonisation » des mers où l’homme est de plus en plus présent. Nous y avons des richesses stratégiques essentielles et convoitées. Ce qui se passe à l’autre bout du monde a des répercussions directes sur nous car, par la mer, nous sommes voisins de la plupart des pays de la planète. Pour toutes ces raisons, il semble nécessaire que la nouvelle mouture du Livre blanc prenne en compte l’importance grandissante du fait maritime. ®

Dissuasion

PRÉSERVER LE NIVEAU D’AMBITION DE LA FRANCE « En mettant en œuvre la composante océanique de la dissuasion, la Marine nationale participe à l’assurance vie de la Nation. Comme dans les autres domaines, la modernisation permanente est un impératif. »

SOUS-MARIN BARRACUDA.

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e capitaine de vaisseau Arnaud d’Alès de Corbet – officier de cohérence d’état-major dissuasion et référent sousmarins – est chargé de la modernisation et du renouvellement de la composante océanique de dissuasion. Il contribue à un travail de longue haleine entamé il y a plus de cinquante ans dans le cadre du projet de dissuasion océanique Coelacanthe. Pour la force océanique stratégique, le futur proche est MISSILE M51.

l’horizon 2030 et un futur plus lointain en 2090. L’enjeu est de préserver le niveau de l’ambition de la France, tout en assurant la pérennité de l’outil actuel. Cette continuité essentielle demande un effort soutenu. Elle s’organise autour de trois axes : • Le sous-marin Barracuda : en 2020, nous aurons deux sous-marins de type Barracuda en service et un troisième en passe de l’être. Tout comme les Fremm, il embarquera le missile de croisière naval (MDCN), un outil de niveau diplomatique et stratégique. • La modernisation des armes : le standard du missile M51 va évoluer en standard M51.2. Les têtes du missile ne seront plus celles qui étaient testées réellement jusqu’en 1995, avant l’arrêt des essais nucléaires, mais des têtes testées dans les simulateurs du site d’Astrium (EADS) en Aquitaine. • À moyen terme : à l’horizon 2030, le programme du Futur moyen océanique de dissuasion (FMOD) prévoit le renouvellement de la composante océanique de la dissuasion et le renouvellement de la composante balistique. On parlera alors de « SN3G », pour sous-marin de troisième génération. Le tandem SNLE-Missile subsistera en bénéficiant des toutes dernières avancées techniques et technologiques. ® COLS BLEUS ® N° 2984 ® 14 JANVIER 2012 ® 17

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PASSION

Marine

Ressources humaines

UN ESPRIT D’ÉQUIPAGE RENOUVELÉ ET RÉAFFIRMÉ « En matière de ressources humaines, les défis sont nombreux. Le matériel nouveau, toujours plus performant et automatisé, nécessitera un personnel moins nombreux mais plus polyvalent. Équipages optimisés, coéducation intergénérationnelle, formation modernisée, outils de simulation dans tous les domaines sont l’avenir des équipages de la Marine. » Quel est le profil du marin de 2020 ? Le marin de 2020 alliera l’héritage de l’esprit d’équipage et la polyvalence technique. Le mot-clé est l’adaptabilité, la capacité à passer d’une activité à l’autre. Que va changer l’arrivée de nouveaux bâtiments ? Les nouvelles unités évoluent, mais un bateau reste cependant un bateau. Sur les nouveaux bâtiments comme les BPC, les frégates Horizon et les frégates multimission, le volume des équipages diminue. On parle d’équipages « optimisés ». Là où le De Grasse comptait un équipage de 300 personnes, l’Aquitaine compte 108 marins.

CV DENIS BIGOT, SOUS-DIRECTEUR COMPÉTENCES.

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réserver l’esprit d’équipage est l’un des points essentiels des évolutions futures, car il faut amener les marins d’aujourd’hui et les nouveaux à plus de polyvalence. Il est nécessaire de dispenser une formation et un entraînement continus, qui permettent d’accéder directement au niveau de qualification requis pour embarquer. Le marin de demain sera d’abord « projetable », c'est-à-dire embarqué ou en instance de l’être. Le capitaine de vaisseau Denis Bigot est sousdirecteur compétences à la direction du personnel de la Marine. Il a donc chargé la préparation de l’avenir en matière de compétences des futurs marins, ceux dont la Marine aura besoin pour armer les bâtiments (ou aéronefs) de l’avenir. Le commandant Bigot rappelle que « la formation du marin repose sur une culture d’entreprise, le fameux “esprit d’équipage” ». Être marin, c’est acquérir cette culture de la mer, son mode de vie, ses valeurs et ses règles. Être combatif réclame ce subtil mélange d’endurance et de résistance. Il est confiant dans les qualités et les valeurs intrinsèques des marins et dans leurs capacités d’adaptation qui leur permettront d’aborder avec sérénité la Marine de demain et ses nouveaux outils. 18 ® COLS BLEUS ® N° 2984 ® 14 JANVIER 2012

La transition n’est-elle pas un peu rude ? 2020 induit une nécessaire transition. Au début, l’Aquitaine sera une « bête curieuse », mais en 2015-2025, la transition devra être effective. L’objectif est d’éviter une fracture entre anciens et nouveaux marins. Nous sommes aujourd’hui à l’heure de l’automatisation des systèmes de combat et de navigation. Le marin doit apprendre à évoluer dans la maîtrise du système de combat et de la conduite du navire, avec des passerelles qui ne nécessiteront que deux hommes ou femmes.

Qu’attendra la Marine de ses nouveaux cadres ? En 2025, avec des effectifs optimisés, le marin sera embarqué ou en attente d’embarquement. Il sera projetable. C’est le principe de l’alternance terre/mer. On a coutume de dire que le marin est toujours heureux : lors des périodes familiales à terre et quand il exerce en mer. On recherche plus encore cet équilibre. L’objectif, c’est la polyvalence et le principe de subsidiarité, afin de ne plus distinguer le marin à terre et le marin embarqué. Quelles compétences particulières le marin de 2020 devra-t-il avoir ? Ce sont des compétences essentiellement liées à la technologie et à la polyvalence des systèmes. Ce marin sera capable de conduire des opérations tout en exploitant les outils de pointe laissés à sa disposition. À l’ère des effectifs optimisés, la capacité à travailler à distance avec ses homologues à terre ou avec l’industriel sera déterminante. Quel lien entretiendra-t-il avec ses aînés ? Les anciens ? Il y a ceux qui partent d’euxmêmes, et ceux qui ont une vraie volonté intergénérationnelle. Ceux-là ont une vraie passion pour leur métier, pour la Marine. Ils constatent l’arrivée d’une génération de jeunes qui poussent, qui vont plus vite qu’eux dans certains domaines. Cependant, les jeunes doivent se nourrir de l’expérience de leurs prédécesseurs et de leur expertise d’hommes de la mer. Vingt ans de mer ont façonné certains marins. Les jeunes marins de demain ont la chance de pouvoir compter sur de « vieux briscards » rompus aux opérations maritimes. Sur des bâtiments modernisés, comme sur les anciens, cette expérience vaut de l’or. Les moyens évoluent, mais l’esprit demeure… La Marine reste ancrée dans l’esprit d’équipage. Elle est une seconde famille, un second village pour ceux qui sont embarqués. En 2020, aujourd’hui et comme hier, la vie du marin reste une vie passionnante, faite à la fois de voyages et de rigueur, de professionnalisme et d’esprit d’équipage. Les plus jeunes qui constitueront la Marine de demain ont certes des codes différents, mais restent ardemment attachés aux valeurs fondamentales. Ils souhaitent être responsabilisés, valorisés et considérés. Chaque marin, homme ou femme, dispose de rôles particuliers sur le bâtiment, plus encore au sein des équipages optimisés. ® MALGRÉ LA TECHNOLOGIE, LA FORMATION RESTERA HUMAINE.

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Formation

LA CLÉ DE L’ADAPTATION AUX BESOINS DE DEMAIN « Les futurs équipages seront moins nombreux et le personnel plus polyvalent. Il sera nécessaire de disposer de compétences plurielles et évolutives. La formation est donc un élément essentiel pour préparer les marins de demain à l’exercice de leurs métiers. » par le compagnonnage dans la première affectation. Pour la plupart de ceux qui témoignent leur volonté d’y accéder, elle est relayée, au bout de quatre à six ans, par l’accès au brevet d’aptitude technique (BAT). La formation initiale du personnel intégrant la Marine via l’École de maistrance ou l’École navale est quant à elle plus longue, notamment parce qu’elle leur permet d’assumer des responsabilités d’encadrement dès la sortie de l’école.

CV FRANÇOIS-XAVIER BLIN, CHEF DU BUREAU FORMATION.

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e capitaine de vaisseau François-Xavier Blin est le chef du bureau des écoles et de la formation à la direction du personnel de la Marine. Il nous explique que son défi est de rendre la formation initiale la plus attractive possible, d’y susciter l’adhésion en accueillant au mieux le nouveau marin. La formation donnera ainsi les clés pour s’adapter et des aptitudes à la reconfiguration. L’outil de formation doit donner envie d’avancer, de construire son parcours professionnel de manière responsable et de s’inscrire dans la dynamique « Marine ». Quelle est la spécificité de la Marine dans le monde de l’entreprise ? Comme dans n’importe quelle entreprise du monde civil, la Marine a des exigences. La tradition militaire est vivante, la formation initiale permet à chacun de comprendre son utilité dans un système opérationnel pour contribuer au succès des armes de la France. L’obéissance, la discipline, la rigueur… Ce ne sont pas des valeurs dépassées dans le monde civil. Bien au contraire, elles n’ont jamais été aussi actuelles. Comment commence la vie de marin ? Elle commence par la formation initiale, qui est la « rampe de lancement » du marin, adaptée à la durée du contrat initial et au niveau de responsabilité à assumer dès la sortie de l’école. La formation initiale est ainsi de deux mois environ pour les matelots. Elle comporte une formation métier. Elle se prolonge ensuite

Avec la perspective de 2020, la formation va-t-elle évoluer ? Ce qui reste et restera constant, ce sont les exigences du métier militaire, celles du métier de marin, qui comportent la capacité à se déployer loin et longtemps et à vivre en équipage. La formation contribue à s’y préparer. La formation dans la Marine est en évolution permanente pour s’adapter à l’évolution des besoins opérationnels et des équipements, à l’évolution des modes de maintenance, à l’émergence des nouveaux métiers issus des évolutions technologiques. De plus, avec l’arrivée des équipages optimisés, la reconnaissance de la compétence des autres et la compréhension du rôle de chacun vont être plus encore qu’auparavant des facteurs-clés de succès : la formation vise et visera de plus en plus à donner les aptitudes à cette ouverture. Enfin, l’esprit d’initiative tendu vers l’objectif commun est aussi l’un des facteurs-clés dont il faut planter les germes dans la formation initiale et qu’il faut accompagner, notamment en fournissant les outils permettant d’entretenir et de développer ses compétences.

Quelle est l’ambition de la formation Marine 2020 ? L’ambition est de générer et de maintenir un vivier de cadres de maîtrise capable de transmettre à la fois les savoirs et l’état d’esprit, dans un contexte opérationnel changeant et une Marine modernisée : la maîtrise est le cœur de la Marine, et sa compétence un enjeu stratégique, autant qu’elle représente un enjeu et un objectif personnel. Cet enjeu de la fidélisation des meilleurs est intimement lié à la capacité à développer leurs compétences, particulièrement par la formation. L’outil de formation doit donner envie d’avancer, de construire marche après marche son parcours professionnel de manière responsable. Avec quels outils peut-on y parvenir ? Occuper correctement son poste demande un effort important, surtout à l’ère des équipages optimisés. Si seule la mer, ou plus généralement la pratique des opérations, permet d’acquérir l’expérience, il existera des synergies croissantes entre la formation théorique et la mise en pratique, entre la formation et l’entraînement. Les simulateurs vont donc jouer un rôle accru. En 2020, il restera aussi évidemment des écoles : en mer, le marin n’a pas le loisir de se former autrement que par l’exercice de son métier, à terre il se prépare aux opérations et remet en condition son matériel. À l’évidence, des périodes dédiées en école, tout au long des carrières opérationnelles, resteront donc indispensables. Pour les mêmes raisons, même si la formation à distance continuera à se développer, elle ne restera qu’une aide à la formation interne des équipages ou à la remise à niveau et sera nécessairement pilotée par des tuteurs appartenant aux écoles. ®

SIMULATEUR D’APPONTAGE RAFALE.

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PASSION

Marine

Système de force engagement-combat

CAPACITÉS OFFENSIVES DE LA MARINE et les sous-marins. Les systèmes sur lesquels il travaille ont une durée de vie de trente ans. Ils doivent être à la fois novateurs tout en restant en cohérence avec les capacités actuelles.

Les forces spéciales Les forces spéciales connaissent une modernisation constante, étroitement liée à leur imagination débordante, pour améliorer encore et toujours leur efficacité opérationnelle. Il s’agit d’un domaine assez confidentiel, mais on peut dire que les travaux portent essentiellement sur les communications, les liaisons de données et la mise en œuvre subaquatique.

Les missiles anti-navires CF CHARLES DARD, OFFICIER DE COHÉRENCE D’ÉTAT-MAJOR ENGAGEMENT-COMBAT.

« Être novateur et rester cohérent avec les capacités actuelles. »

L

e système de force engagement-combat regroupe les capacités offensives de la Marine. Le capitaine de frégate Charles Dard est officier de cohérence d’étatmajor engagement-combat (OCEM/EC). Le périmètre de ses responsabilités est très vaste. Il comprend en effet le domaine des forces spéciales, des missiles anti-navires, des missiles de croisière, des frégates et de la guerre des mines. Il contribue également aux travaux sur les avions d’armes (Atlantique, Caïman et Rafale), sur les porte-avions L’AQUITAINE.

Un programme d’acquisition de nouveaux missiles est en cours, ainsi qu’une modernisation des missiles actuels, avec un auto-directeur modernisé capable de pénétrer les systèmes de défense les plus modernes. Ce programme maintient la capacité jusque 2030, de nouveaux types de missiles étant envisagés par la suite, avec notamment le développement du futur missile anti-navire post Exocet. Le missile anti-navire léger porté par hélicoptère (Panther, Caïman, puis HC4), développé en coopération avec les Britanniques, permettra de répondre à un besoin militaire qui se situe entre le tir de petit calibre et les missiles Exocet. Il résorbera le trou capacitaire depuis le retrait du service actif de l’AS 12 sur Lynx.

Les missiles de croisière La Marine travaille au développement et à l’acquisition du missile de croisière naval (MDCN) qui sera déployé sur l’ensemble des Fremm et Barracuda. Elle rejoint ainsi le cercle très fermé des marines capables de frapper dans la profondeur à partir de bâtiments de surface et de sous-marins, en exploitant la capacité de pré-positionnement, d’endurance, de liberté de mouvement et de présence simultanée sur plusieurs théâtres. Le MDCN offrira ainsi une capacité de frappe rapide, massive et coordonnée, ainsi qu’une complémentarité avec les missiles de croisière aéroportés. Avant la fin de la décennie, le Scalp, emporté sous le Rafale, sera rénové.

Les frégates Nous travaillons sur le programme Fremm (dont deux unités Freda seront à vocation de défense aérienne), mais la réflexion est déjà engagée sur les frégates de 2030. Les bâtiments du futur n’auront, probablement, plus 20 ® COLS BLEUS ® N° 2984 ® 14 JANVIER 2012

d’antennes extérieures visibles. Elles seront intégrées aux superstructures des bateaux et permettront une fusion automatisée (et donc ultra-rapide) de l’information en provenance de tous les capteurs. On s’affranchit ainsi de la mâture et des problèmes traditionnels de masque. Les efforts portent tout particulièrement sur la communication, la guerre électronique, les radars. Dans le domaine des armes, quelques pistes semblent prometteuses : armes à forte puissance, microondes, énergie électroniques, laser… Prolonger la durée de vie des frégates légères furtives (FLF) fait également partie des travaux en cours.

Les bâtiments de guerre des mines Ce domaine fait également l’objet d’une coopération avec les Britanniques. Les recherches s’orientent vers des systèmes à base de robotique et de drones, disposant de capacités de discrétion, permettant une projection facilitée et autorisant un éloignement de la menace pour le personnel. ® MISSILE DE CROISIÈRE NAVAL.

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Protection-sauvegarde

DES CAPACITÉS D’INTERVENTION MULTIPLES

CF DOMINIQUE CAILLÉ, OFFICIER DE COHÉRENCE D’ÉTAT-MAJOR PROTECTION-SAUVEGARDE.

LES FRÉGATES DE SURVEILLANCE ET LES BATRAL SERONT REMPLACÉS D’ICI 2020.

« Là où le système de force engagement-défense joue le rôle du glaive, la protection-sauvegarde joue celui du bouclier. Sa mission est d’assurer l’autodéfense de nos forces et la protection de nos intérêts et installations stratégiques. »

L

e capitaine de frégate Dominique Caillé est officier de cohérence d’état-major protection-sauvegarde. Il passe en revue les principaux domaines d’évolution. En 2020, la Marine ira vers une surveillance globale, dans un environnement souvent interministériel et international, avec des capacités d’interventions navales et aériennes multiples.

Sauvegarde maritime En métropole et territoires et collectivités d’outre-mer, la France défend ses intérêts économiques et humains sur des espaces géographiques très importants. Les capacités de surveillance et d’intervention doivent donc être au rendez-vous. Surveillance Le système Spationav, dans ses versions futures, permettra d’aller bien au-delà des 25 à 30 nautiques des approches maritimes et offrira une profondeur accrue grâce à l’usage combiné de satellites, d’aérostats, de drones et de radar HF. À l’usage de ces capteurs innovants s’ajouteront des capacités d’analyse comportementale et de détection d’anomalies, valables pour les espaces maritimes comme pour les ports. Intervention Une flotte « pointue » permettra l’action rapide et l’usage de la force en haute mer :

• les frégates de surveillance nouvelle génération (FS NG) seront construites aux standards civils et dotées de systèmes d’armes simples. Elles remplaceront progressivement les frégates de surveillance ; • les bâtiment de surveillance et d’intervention maritime (Batsimar), forts de leurs 1 500 tonnes et d’une plate-forme hélicoptère, apporteront une véritable capacité hauturière en remplacement des patrouilleurs actuels. Une flotte « ventrue » sera plutôt dévolue au soutien : • un bâtiment de surveillance et d’assistance hauturier (BSAH), polyvalent, viendra remplacer la flotte actuelle de remorqueurs, de bâtiments de soutien de région et de dépollution ; • un bâtiment multimission (B2M) de type « supply » comblera sur trois sites outre-mer (Polynésie, Nouvelle-Calédonie et Antilles) le désarmement progressif des patrouilleurs et des bâtiments de transport légers (Batral), avec des capacités de transport, de ravitaillement et d’assistance. Des vecteurs aériens rationalisés en une flotte AVSIMAR et des plots d’hélicoptères lourds/légers de sauvegarde maritime.

Autodéfense des bâtiments Pour se protéger en eaux libres comme à quai, particulièrement des menaces asymétriques, les bâtiments disposent de très peu de temps pour détecter et reconnaître d’éventuels agresseurs et les neutraliser. Il est fondamental de bien voir, particulièrement de nuit, pour réagir et dissiper toute méprise. Les systèmes de veille et d’identification infrarouge équipent progressivement nos bateaux, et seront doublés d’artillerie de 20 mm téléopérée. L’avenir est également aux armements à létalité variable (technologie laser pour aveugler ou détruire, systèmes microondes pour stopper des engins motorisés, etc.).

DAMB (défense anti-missile balistique) Les frégates de défense aérienne ont permis une grande avancée dans la maîtrise de l’espace aéromaritime et l’ont prouvé tout récemment sur les théâtres d’opération (Agapanthe et Harmattan). Elles ont également des arguments à faire valoir dans le cadre de la défense anti-missile balistique. Des études et réflexions sont lancées pour notamment tirer parti de leurs capacités de détection et plus généralement de la mobilité et l’endurance d’un navire de guerre.® COLS BLEUS ® N° 2984 ® 14 JANVIER 2012 ® 21

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PASSION

Marine

Aéronautique navale

UNE AMÉLIORATION CAPACITAIRE COMPLÈTE rence d’armées. Il fait le point sur les principales évolutions futures de l’aéronautique navale. Les nouvelles perspectives technologiques mènent à un carrefour entre l’aéronef habité et l’aéronef non habité, que ce soit dans le domaine du combat ou de la reconnaissance. Tout l’art sera de trouver la bonne répartition au sein de chacune des capacités.

RAFALE STANDARD F3.

Le groupe aérien embarqué : Rafale et Hawkeye

LE CAÏMAN MARINE (NH90) À BORD.

Le Super Étendard Modernisé aura été retiré du cycle opérationnel embarqué fin 2015. Il sera entièrement remplacé par des Rafale au dernier standard F3. Après une dernière remise à hauteur de l’E2C (Hawkeye), son remplacement par un avion du même type sera envisagé. Enfin, en 2020, les travaux d'étude en vue du lancement du système de combat aérien futur (SCAF) seront initiés. Grâce aux avancées technologiques, un certain nombre de missions peuvent à présent être confiées à des mobiles aériens non pilotés. La question essentielle sera alors d’opter pour un aéronef habité ou non habité et, plus probablement, pour la répartition optimale au sein d'un parc mixte.

Les hélicoptères : Caïman, Panther Standard 2 et hélicoptère de combat 4 tonnes : Caïman

« À l’horizon 2020, toutes les composantes de l’aéronautique navale auront fait l’objet ou seront sur le point de faire l’objet d’une amélioration capacitaire. »

L

CV OLIVIER DUFIT, RÉFÉRENT AÉRONAUTIQUE. 22 ® COLS BLEUS ® N° 2984 ® 14 JANVIER 2012

’aéronautique navale est présente dans tous les systèmes de forces. Le CV Olivier Dufit, référent aéronautique, a donc des responsabilités transverses au sein du collège des officiers de cohérence. À ce titre, il est aussi l’adjoint de l’officier de cohé-

Pour la composante hélicoptère, l’horizon 2020 est bien sûr celui du Caïman Marine qui aura pratiquement atteint son format définitif (27 unités en 2021). Elle sera aussi passée au Panther standard 2, doté d’une capacité de lutte antinavire remise à niveau avec, en particulier, la mise en œuvre du missile antinavire léger. Les études en cours auront permis de lancer le programme HC4 (hélicoptère de combat 4 tonnes), qui aura pour vocation de remplacer d'abord nos Alouette III, puis les Dauphin et enfin les Panther. Comme pour le Caïman, nous serons dans une logique monopilote, ce qui modifiera en profondeur le cycle de formation de nos équipages.

Patrouille et surveillance maritime L’Atlantique 2 sera en cours de rénovation, notamment dans le domaine de la lutte antisous-marine (calculateur, système acoustique, radar et FLIR). Parallèlement, le programme AVSIMAR (Aviation de surveillance et d’intervention maritime) sera lancé pour remplacer les Falcon 50 et 200. Enfin, les Xingù verront la relève arriver dans le cadre du programme d'avion école de transport futur (ATEF), partagé avec l'armée de l'Air. ®

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Infrastructures

S’ADAPTER AUX NOUVEAUX MOYENS MARITIMES ET AÉRIENS « Les nouveaux bâtiments se caractérisent par des gabarits plus imposants, aux formes différentes, avec des installations électriques en évolution par rapport aux standards d’aujourd’hui. Ceux qui disposent d’une propulsion nucléaire imposent des dispositions renforcées en matière de sûreté nucléaire. Transformer en profondeur les infrastructures de la Marine est donc indispensable. »

des installations de soutien adaptées, bien souvent neuves. Les nouveaux simulateurs devront aussi trouver leur place. Des changements également en vue pour l’aéronautique navale ? Les dossiers qui concernent l’aéronautique navale sont également importants : la réception d’une troisième flottille de Rafale à Landivisiau, celle des hélicoptères NH90 à Lanvéoc et à Hyères et enfin le lourd chantier sur la BAN Lann-Bihoué, destiné à réceptionner les unités et services concernés par la fermeture de la BAN Nîmes-Garons. Il s’agit donc d’un travail très global ? Au-delà de la modification des quais, des bassins et des autres infrastructures, c’est l’adaptation de l’organisation du port ou des bases qui doit être repensée. D’autres facteurs viendront-ils modifier l’environnement du marin en 2020 ? En effet, il n’y a pas que les programmes d’armement qui modifieront les « paysages » portuaires. Le départ des coques désarmées, qui font office de brise-lames, vers des chantiers de démantèlement nécessitera la construction d’ouvrages maritimes de remplacement. Ce sont des projets qui mobiliseront aussi des investissements importants et imposeront une bonne coordination lors des travaux. ®

«

L

e capitaine de vaisseau Éric Preud’homme, chef du bureau infrastructures à l’étatmajor de Marine, explique les enjeux de cette transformation. Il s’agit d’adapter un existant technique complexe et bien souvent âgé à l’accueil des programmes navals du futur. La Marine se mobilise, avec les directions et les services concernés, pour offrir aux navires, aux moyens aéronautiques et aux équipages qui les servent de bonnes conditions d’accueil : ce sont bien évidemment les infrastructures portuaires et les hangars d’aéronefs, mais aussi les infrastructures d’hébergement, de casernement et de restauration, maintenant sous le pilotage de la chaîne interarmées des soutiens.

d’infrastructures mais, globalement, les ports devront présenter une grande cohérence dans le stationnement de la flotte. La configuration des postes d’accueil s’en trouvera donc modifiée, avec des structures nouvelles et

La Marine se mobilise, avec les directions et les services concernés, pour offrir aux navires, aux moyens aéronautiques et aux équipages qui les servent de bonnes conditions d’accueil.

»

LES INFRASTRUCTURES ADAPTÉES AUX BESOINS D’UNE FLOTTE RENOUVELÉE.

Quels programmes impactent plus particulièrement le volet infrastructures ? Fremm et Barracuda sont les plus emblématiques, mais d’autres nécessiteront également l’attention de la Marine : Flotlog, BSAH… (voir interview du CF Hifdi), Ces derniers sont moins dimensionnés en termes COLS BLEUS ® N° 2984 ® 14 JANVIER 2012 ® 23

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PASSION

Marine

Projection, mobilité et soutien

VEILLER À LA COHÉRENCE D’ENSEMBLE « Nous préparons en cohérence l’arrivée de l’ensemble des systèmes futurs sur leurs bases respectives. Les infrastructures doivent également suivre cette modernisation dans une démarche vertueuse, qu’il s’agisse des quais, des plates-formes aéronautiques, du soutien ou des simulateurs. »

L

e capitaine de frégate Ismaël Hifdi est officier de cohérence projection, mobilité et soutien. Il nous présente les principaux dossiers qu’il traite. « Dans le domaine de l’amphibie, nous travaillons sur le renouvellement de la batellerie. Tout d’abord l’arrivée des quatre engins de débarquement

CV ISMAËL HIFDI, OFFICIER DE COHÉRENCE PROJECTION, MOBILITÉ ET SOUTIEN.

amphibies rapides (EDA-R) pour armer trois BPC en remplacement des chalands de débarquement d’infanterie et de chars (CDIC). C’est une véritable rupture technologique, actuellement en phase de tests industriels et opérationnels. Les chalands de transport de matériel (CTM) seront remplacés à l’échéance 2020. Une réflexion est en cours, avec pour objectif de gagner notamment en vitesse. En matière de soutien et de flotte logistique, le programme Flotlog prévoit le remplacement par quatre bâtiments des neuf pétroliers-ravitailleurs (PR) et bâtiments de commandement et de ravitaillement (BCR), ainsi que des bâtiments de soutien, dont cinq sont déjà retirés du service actif. Des standards plus modernes seront retenus dans la plupart des domaines, notamment environnementaux. Autre nouveauté, ils seront dotés d’une petite capacité de transport de conteneurs. Internationalisation oblige, la flotte logistique renouvelée ira vers une plus grande standardisation des matériels et la capacité générale de ces navires sera accrue. Une réflexion de fond est également

menée sur les transferts de charges lourdes. En ce qui concerne les bâtiments destinés à la formation maritime, les années à venir verront la remotorisation des bâtiments-écoles (BE) et le remplacement progressif des embarcations de drones de formation, chaloupes et bâtiments d’instruction à la manœuvre, de 2012 à 2020. Le groupe école d’application des officiers de Marine (GEAOM) continuera d’embarquer sur les BPC, en fonction des déploiements opérationnels, afin de maintenir les trois unités dans le cycle de l’Otan. Les engins portuaires tels que les remorqueurs, vedettes et Bugalet sont des engins vieillissants. Les remorqueurs doivent gagner en puissance. La capacité de transport de munitions doit aussi être prise en compte. Le domaine des engins portuaires doit être suivi, en cohérence avec l’ensemble des bâtiments qu’ils soutiennent et générer des coûts d’emploi raisonnables. À l’horizon 2020, la flotte des hélicoptères de la Marine sera rationalisée, principalement autour des deux hélicoptères Caïman et HC4 (hélicoptères classe 4 tonnes). Enfin, dans un but de rationalisation des coûts et une harmonisation des demandes, les véhicules terrestres opérationnels font l’objet d’une politique interarmées. La mise en place récente des bases de défense doit permettre de globaliser les demandes des unités en la matière et d’y répondre avec des moyens cohérents. » ®

Maîtrise de l’information de crise

GÉRER EN TEMPS RÉEL UN FLUX CROISSANT D’INFORMATIONS «Gagner la bataille de l’information. »

L

e capitaine de frégate Vincent Chevalier est l’un des officiers de cohérence commandement et maîtrise de l’information. Au carrefour entre l’information publique et le renseignement, le bureau commandement et maîtrise de l’information a pour mission de concevoir la maîtrise d’un environnement de crise. Le commandement et la maîtrise de l’information sont étroitement liés. La rupture principale des dernières années et de la décennie à venir est la gestion en temps réel d’un flux croissant d’infor24 ® COLS BLEUS ® N° 2984 ® 14 JANVIER 2012

mations, publiques ou privées, civiles ou militaires. Notre défi est simple : gagner cette bataille de l’information. » Il s’agit de rendre complémentaires l’ensemble des moyens d’action qui permettront de remporter la bataille de l’information : orientation des capteurs de renseignements, dont l’utilisation des drones, acquisition de la bonne information, prise de décision, action et gestion des retombées opérationnelles et médiatiques… En matière d’informatique, il s’agit de per-

mettre des échanges plus nombreux de manière régulière et sécurisée, hiérarchiser les informations et cibler les destinataires. Les grands défis des prochaines années sont de quatre types. L’information : elle devra être aussi rapide que possible tout en étant capable de dispenser un message fiable. Les forces armées doivent être une référence. Dans un système très centralisé comme le nôtre, cela exige une capacité à effectuer un retour d’infor-

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ÉCLAIRAGE • Aujourd’hui, les standards de communication sont RIFAN 2 (Réseau Intranet des forces aéronavales) et Syracuse 3 (Système de radiocommunication utilisant une série de satellites militaires de télécommunications protégés et sécurisés français). • Dans 5 ans : RIFAN 3 et Syracuse 4, ou COMSAT NG (communication satellitaire nouvelle génération). Le bateau disposera en mer comme à quai d’un débit et d’une sécurisation accrus.

mations rapide et fiable des troupes vers le commandement. Les vecteurs d’information sont bien entendu le texte, mais aussi et surtout les images photographiques ou vidéo. Pour le renseignement, les technologies en développement augmenteront le flux de données toujours plus complètes et complexes. Pour permettre son utilisation à chaque niveau (du tactique local au stratégique de renseignement), nos systèmes seront de plus en plus interarmés et interopéreront en réseau. Les drones : ils seront de deux types, tactiques et de théâtre Les drones tactiques, d’ici 2020, équiperont les frégates et les patrouilleurs. Équipés de capteurs radar pour la détection et de capacités d’identification et de reconnaissance, leur rôle consiste à augmenter la capacité à établir une situation de surface autour d’un bâtiment ou d’un groupe aéronaval. Aujourd’hui, la situation tactique autour d’un groupe aéronaval (GAN) couvre 150 à 200 nautiques, en fonction du positionnement des différentes unités qui le composent. Chaque frégate couvre actuellement 20 à 30 nautiques autour de sa position. Grâce au drone aérien embarqué, ce sont désormais 60 à 100 nautiques autour de chaque unité qui seront couverts. Multipliés par le nombre d’unités composant un GAN, cela crée une bulle de connaissance et d’anticipation d’autant plus importante. Une première étape du drone tactique embarqué consiste à expérimenter un petit drone VTOL (Vertical Take off and Landing) sur le patrouilleur expérimental l’Adroit prêté par DCNS. Cette expérimentation permettra d’affiner le besoin Système de drone aérien marine (SDAM), en particulier sa charge utile. Pour les drones de théâtre (ou drone MALE) : déployés depuis une base à terre, leur grande endurance, supérieure à 18 heures, leur autorise un rayon d’action relativement élevé. Équipé d’un radar de surveillance maritime, il s’inscrit naturellement dans le dispositif de surveillance des approches maritimes. Assurant une quasi-permanence sur zone, il permet également d’éviter certaines prises de risque humaines et d’optimiser l’emploi des aéronefs habités pour les opérations à forte plus-value. Une réflexion interarmées est aussi en cours sur les drones d’attaque, qui disposent d’une

« D’ICI 2020, DES DRONES TACTIQUES ÉQUIPERONT LES FRÉGATES ET LES PATROUILLEURS. »

capacité à engager une cible d’intérêt en théâtre hostile. Enfin la maîtrise de l’environnement. En zone de crise, elle est un élément vital pour des forces armées. Elle permet de mieux connaître la zone d’opérations, d’agir de manière chirurgicale et à moindre risque, tant pour les forces

engagées que pour les populations civiles. L’hydrographie sous menace est l’un des domaines où nous travaillons plus particulièrement pour l’avenir. L’objectif de programmes comme le Barracuda est de doter les forces spéciales et sous-marines de capacité encore supérieures à celles connues actuellement. ®

ENTRETIEN AVEC LE CAPITAINE DE FRÉGATE CIARAVOLA « L’informatique est un outil qui ne doit pas dépasser l’humain. Le maître-mot est la rationalisation. Parfois, la multitude des moyens techniques complexifie l’information. Il convient cependant d’en rester maître. » Quelle révolution est induite par les moyens de communication actuels et à venir ? À bord des nouvelles unités de la Marine, les équipages optimisés délocaliseront un certain nombre d’activités à des équipes à terre. Sur la Fremm, par exemple, le groupement opérations est proportionnellement plus important que sur un bâtiment classique. Les échanges d’informations entre la mer et la terre vont donc s’intensifier. Comment gérer ce trafic plus important d’informations ? L’explosion des échanges d’informations est un fait. Certes, les « tuyaux » grossissent et le système Syracuse permet d’augmenter sensiblement le débit de la bande passante. Mais le challenge reste d’être capable de trier l’information avant son départ et de la hiérarchiser avant de la faire parvenir à des destinataires ciblés. Pour favoriser la clarté des échanges d’informations, il faut à tout prix éviter de se laisser emporter par les possibilités technologiques et privilégier une information ciblée et pertinente. Comment la génération actuelle de marins et celle à venir considèrent-elles les échanges d’informations via les réseaux ? À l’heure actuelle, il existe encore parfois quelques problèmes de compréhension entre les plus anciens et les plus jeunes. Mais le fossé générationnel est amené à se réduire considérablement. Les personnes que l’on recrute aujourd’hui sont de plus en plus nées avec l’informatique. Quelqu’un qui aura 20 ans en 2020 ne pourra même pas imaginer à quoi ressemblait la vie sans Internet. Quels sont les changements majeurs à venir ? Les changements se font dans la continuité. Le passage au SIA (système interarmées), en remplacement de SIC21, sera effectif en 2017. Les outils devraient rester similaires, mais fournir un accès interarmées plus simple et plus ouvert, adapté à l’évolution des standards. COLS BLEUS ® N° 2984 ® 14 JANVIER 2012 ® 25

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INFO VIE INFO DES

actus actus unités

MAINTIEN EN CONDITION OPÉRATIONNELLE LE SSF AU CŒUR DU DISPOSITIF

DOSSIER RÉALISÉ PAR LE LV COLOMBAN ERRARD

Le maintien en condition opérationnelle (MCO) d’une flotte de combat est un exercice délicat. Il demande un équilibre parfait entre l’expertise de spécialistes et une confiance réciproque de tous les acteurs, du marin à l’industriel, en passant par le Service de soutien de la flotte (SSF). Anticipation et réactivité à toute épreuve sont les maîtres-mots pour faire face aux besoins logistiques exprimés. Visite au cœur de la maintenance opérationnelle.

AU CONTRE-AMIRAL ANTOINE BEAUSSANT, COMMANDANT LE SERVICE DE SOUTIEN DE LA FLOTTE Le SSF est parfois méconnu alors que ses missions sont essentielles au bon fonctionnement de la Force d’action navale. Comment l’expliquez-vous ? Tous les marins ont entendu parler du SSF, mais tous ne connaissent pas le spectre de ses missions. Ses tâches échappent en effet au monde habituel du marin : la notion de maîtrise d’ouvrage ou le code des marchés publics ne sont pas forcément sa tasse de thé ! Le SSF est l’interface entre l’industriel et le marin dans la conduite des travaux d’entretien, c’est pourquoi on ne le voit guère au quotidien. Pourtant il suit l’état technique des installations et leur configuration, il spécifie les besoins de maintenance, il contractualise au meilleur coût auprès des industriels… L’ensemble des prestations réalisées par le SSF sont imaginées, définies et évaluées financièrement plusieurs mois, voire plusieurs années avant leur exécution. Durant l’opération Harmattan, le SSF a été mis à très forte contribution. Quels retours d’expérience en avez-vous tiré ? Pour Harmattan, tout le monde s’est retroussé les manches, à commencer par le SSF. Pourtant, avec un petit peu de provocation, je dirais que le retour 26 ® COLS BLEUS ® N° 2984 ® 14 JANVIER 2012

d’expérience est relativement limité, pour deux raisons essentiellement. La première, c’est qu’après dix ans d’existence, le SSF est arrivé à maturité, c’est un service efficace, capable de faire face à des opérations majeures sans modifier son fonctionnement. La deuxième raison est intimement liée à la première. Il s’agit de la capacité d’anticipation et la construction dans la durée du maintien en condition opérationnelle. Le succès d’une opération comme Harmattan est le fruit d’une politique ferme de la Marine pour améliorer le maintien en condition opérationnelle et la préparation des arrêts techniques. Grâce à cette capacité d’anticipation et à sa ténacité, la Marine a pu disposer de bateaux prêts, avec du potentiel. Quels sont les principaux défis du SSF aujourd’hui et dans les années à venir ? Les défis du SSF sont ceux de la Marine. Mettre en ligne des bateaux capables de remplir le contrat opérationnel, en dépit de perspectives budgétaires contraintes. Nous sommes dans une dynamique vertueuse qu’il faut poursuivre, en particulier dans le domaine des armes et équipements. Il s’agit aussi de préparer l’accueil et le maintien en condition opérationnelle des nouveaux bâtiments. Enfin, il faut achever le développement du système d’information et de gestion logistique embarquée (Sigle), qui

permettra à l’horizon 2012-2013 de démultiplier l’efficacité du suivi des arrêts techniques. ®

LE SSF EN CHIFFRES • 800 personnes, civils et militaires de la Marine et de la Direction générale pour l’armement (DGA), répartis au sein d’une direction centrale, de deux directions locales à Brest et Toulon et d’antennes à Cherbourg et en outre-mer qui assurent la maîtrise d’ouvrage du maintien en condition opérationnelle ; • 10 à 15 marchés principaux négociés par an et 3 000 marchés sur appel d’offres et bons de commande pour des achats de rechanges et prestations diverses ; • 850 M€ de crédit de paiement par an pour assurer le MCO de l’ensemble de la flotte de la Marine ; • une expertise technique reconnue dans les domaines du flotteur, des armes, équipements et le nucléaire ; • une disponibilité de la flotte de surface qui s’améliore d’année en année.

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DES RESPONSABLES OPÉRATIONS (RO) 1 Le SSF Toulon compte cinq responsables opérations bateaux (RO) et un responsable opérations rechanges. Ils sont chargés du maintien en condition opérationnelle (MCO) de l’ensemble des bâtiments de la flotte situés sur la base navale de Toulon et des frégates basées à Brest, chacun dans son domaine de responsabilité : frégates fortement armées, BPC, porte-avions… Pour retenir les options stratégiques, assurer la bonne exécution des contrats en cours et préparer les futurs contrats, ils travaillent en liaison étroite avec le commandement organique (la division exploitation de la Force d’action navale), les industriels de défense, les équipementiers et les équipages des bâtiments. Concilier les exigences techniques et les impératifs budgétaires est leur cœur de métier. ®

LES ACTEURS DE LA CHAÎNE LOGISTIQUE DU SSF « L’opération rechange » est une fonction nationale du SSF qui permet d’anticiper, de gérer et de reconstituer un stock de pièces mis à disposition des bâtiments de la Marine en fonction d’un budget donné et de besoins évolutifs. Des responsables national/locaux d’opération aux acheteurs, en passant par les ravitailleurs, les magasineurs, les gestionnaires de produits et logisticiens, mais également les administrateurs du stock et les codificateurs, une chaîne complète permet de subvenir aux besoins de la flotte. Durant l’opération Harmattan, c’est grâce à la réactivité de ce service que les bâtiments engagés ont vu la grande majorité de leurs sollicitations logistiques prioritaires honorées.

À M. JEAN-CHRISTOPHE CASANOVA, RESPONSABLE OPÉRATIONS FRÉGATES FORTEMENT ARMÉES (RO FFA) De quel type de programmes avez-vous la responsabilité ? Je suis responsable du MCO des frégates fortement armées. À ce titre, j’assure le soutien de bâtiments très variés et de toutes générations : frégates antiaériennes, frégates antisous-marines, patrouilleurs de haute mer, frégates Horizon et frégates multimission. À quelles problématiques êtes-vous confronté ? En fonction des bâtiments, les problématiques sont totalement différentes. Nous maintenons donc un

dialogue permanent avec le commandement organique pour placer au mieux le curseur entre besoin opérationnel et exigences budgétaires. Pour les bâtiments les plus anciens, nous recherchons à obtenir le meilleur ratio entre les périodes d’entretien et le nombre de jours de mer, en restant dans l’enveloppe budgétaire programmée ou en tenant compte des demandes de restrictions financières au fil des années. Quels sont les défis liés aux bâtiments modernes ? Avec les nouvelles unités comme les Fremm ou les frégates Horizon, le MCO logiciel découlant de sys-

tèmes très intégrés est beaucoup plus développé, auquel il faut ajouter la problématique des équipages réduits. Le MCO n’est donc pas abordé de la même manière puisqu’une équipe dite « Reachback », par exemple sur Fremm, sera mise, en place à terre pour assister les équipages à la réalisation des tâches de maintenance de leur responsabilité. Il s’agit pour nous d’un interlocuteur nouveau. Nous sommes également de plus en plus souvent en relation directe avec un certain nombre d’équipementiers indépendants en plus des industriels habituels, afin de s’assurer de la pérennité des compétences dans les contrats de MCO. ®

À M. PATRICK BIDAULT, RESPONSABLE OPÉRATIONS PORTE-AVIONS CHARLES DE GAULLE (RO PA CDG) Comment s’organise le maintien en condition opérationnelle d’un bâtiment aussi exceptionnel et aussi sollicité ces derniers mois que le Charles de Gaulle ? Il existe une « hotline » quasi permanente avec le bâtiment, via en particulier une visioconférence hebdomadaire qui rassemble le bord, le SSF, Alfan et DCNS, l’industriel maître d’œuvre du MCO du Charles de Gaulle. Le porte-avions s’inscrit dans un cycle de maintenance annuel. En 2010, il sortait tout juste d’une période d’interruption pour entretien (IE) au moment où se sont succédé la mission Agapanthe et l’opération Harmattan. L’activité du Charles de Gaulle dans cette période d’un an a ainsi quasiment doublé par rapport à celle qui avait été envisagée sur cette période. Il a donc fallu définir et mettre en œuvre des solutions de maintenance adaptées.

Dans le cas d’Harmattan précisément, comment avez-vous fait face à cette sollicitation plus intense du bâtiment ? Notre métier consiste à nous adapter à tout moment au rythme des opérations, tant au niveau technique que dans la contractualisation. Nous avons mis trois semaines pour préparer l’intervention industrielle à l’occasion des quatre jours d’escale du porte-avions au milieu de son intervention au large de la Libye. Plus de 60 personnes ont été envoyées à La Sude pour un véritable mini arrêt technique dans un temps très contraint. Quel est le défi permanent pour le RO du Charles de Gaulle ? L’enchaînement Agapanthe-Harmattan a permis de montrer une réactivité et une souplesse assez remarquables. Les douze derniers mois ont donc été particulièrement intenses pour la vingtaine de personnes de mon service. Le but : être capables de redonner un potentiel fort au bâtiment et de resynchroniser le

cycle d’entretien. L’autre défi est de naviguer sur l’avant. Le second arrêt technique majeur du Charles de Gaulle programmé en 2016 se prépare dès à présent. ® COLS BLEUS ® N° 2984 ® 14 JANVIER 2012 ® 27

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DE L’AUTORITÉ ORGANIQUE ET DES ÉQUIPAGES 1 Avec son état-major, la Force d’action navale (FAN) est l’autorité organique des unités de surface engagées par la Marine au profit des employeurs opérationnels. Le rôle organique consiste entre autres à préparer les équipages comme les bâtiments et à faire durer la flotte en opérations, dans une logique de performance d’ensemble, ainsi qu’à développer l’expertise de mise en œuvre comme de conservation du patrimoine, dans une logique d’économie de moyens. ®

AVEC LE CV JANCI, CHEF DE LA DIVISION EXPLOITATION D’ALFAN 1 « Dialogue, proactivité et réactivité sont les points forts de la relation entre la Force d’action navale et le Service de soutien de la flotte. Il s’agit pour la FAN et le SSF de collaborer sans relâche, en phase, pour animer avec pertinence l’ensemble des acteurs et des processus optimaux de la conduite des navires et de leur maintien en condition opérationnelle (MCO). Dès avant, puis pendant toute l’opération Harmattan, le SSF a fait preuve d’une écoute attentive des besoins exprimés, de perspicacité et d’une implication très importante pour obtenir une disponibilité technique à 100 % des unités de surface engagées. Cette disponibilité remarquable a été permise grâce à une excellente capacité de recon28 ® COLS BLEUS ® N° 2984 ® 14 JANVIER 2012

figuration autorisée entre autres par les redondances reconquises dont disposaient nos bâtiments. Pendant la totalité de l’opération, la Marine a pu compter sur des bâtiments résilients, c’est-àdire manœuvrants et sûrs, dotés de leurs systèmes d’armes et de commandement, servis par des équipages endurants, confiants dans les capacités de leurs navires et motivés par les résultats des services de soutien, de logistique opérationnelle et du MCO naval en particulier. Le défi était de taille, puisqu’il s’agissait de mener de front la maintenance en condition opérationnelle des bâtiments engagés sur le théâtre d’opérations, les relèves (préparation sur mesure des navires avant leur départ, ainsi que la régénération

organique des bâtiments qui en revenaient), tout en poursuivant en parallèle les IPER de l’ensemble des autres bâtiments ou les actions de fond sur certains matériels (approvisionnements et réparations). Cette opération a été une réussite notamment parce que le dialogue a été constructif et étroit entre les équipages, les moyens militaires de soutien, les industriels concernés et les fournisseurs, animés par le SSF. Il s’agit à présent de soutenir cet effort engagé à présent depuis plusieurs années, et ces résultats positifs, en conservant au MCO naval la motivation des hommes et des femmes qui le servent quotidiennement, comme sa robustesse et sa capacité d’adaptation. » ®

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L’AQUITAINE CAP SUR L’ACCEPTATION LA FRÉGATE AQUITAINE AU COURS DE SES ESSAIS À LA MER.

Et de quatre ! Le programme Fremm(1) avance à grands pas et l’Aquitaine vient d’achever sa quatrième sortie à la mer, qui a regroupé en réalité près de trois semaines d’essais en mer, avec une forte dominante « système de combat ». Cette dernière sortie de l’année 2011 s’est achevée à Brest par une escale technique de plusieurs jours dans le futur port d’attache de la belle lorientaise, au cours de laquelle ont été menés plusieurs essais et de nombreuses visites du bord. 1 Afin de poursuivre la première phase des vérifications des caractéristiques militaires de la frégate, menée sous la conduite de la CPPE(2), les deux premières semaines de mer ont été consacrées à des essais portant sur l’intégration du système de combat. À tout seigneur tout honneur, la lutte sous la mer a bénéficié du premier concours extérieur d’importance : un sous-marin nucléaire d’attaque s’est prêté durant vingt-quatre heures à de nombreuses manœuvres pour tester le bon fonctionnement des sonars et du CMS(3). La frégate aux belles lignes n’a pas à rougir des résultats bruts obtenus, qui sont déjà au moins aussi bons que ceux que l’on connaît avec les sonars ATBF(4) actuels. Par ailleurs, la lutte contre une menace au-dessus du dioptre a aussi été testée à deux reprises, avec le concours d’un hélicoptère de la Direction générale pour l’armement et la présence inopinée d’une patrouille de chasse de l’armée de l’Air au large des Landes. Les radars et conduites de tir ont été mis à l’épreuve pour la première fois, avec une réussite certaine. C’est un bon début ! Ces deux interactions, riches d’enseignements sur les performances des senseurs de l’Aquitaine, montrent que les choses sérieuses ont réellement commencé : ce sont bien les capacités à mener des opérations, cœur du métier de marin, qui seront peu à peu testées au cours des mois à venir.

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Fortement sollicitée, l’attractive Aquitaine a largement ouvert ses portes aux marins et industriels brestois. Tous ont pu constater par eux-mêmes le saut technologique accompli sur cette nouvelle génération de bâtiments.

»

configurations d’attelage. Cette escale technique dans la cité du Ponant, fort appréciée par l’équipage, avait pour objectif de dérouler de nombreux essais. Ainsi, l’équipage et les industriels ont pu tester les raccordements des systèmes de communication avec la terre (ROBAQ(5)), mesurer les niveaux d’émission du sonar de coque, tester les liaisons radio UHF/VHF, mettre en œuvre l’EDO NG, vérifier la compatibilité des servitudes du quai et mener un exercice sécurité avec le renfort des marins-pompiers. Fortement sollicitée, l’attractive Aquitaine a largement ouvert ses portes aux marins et industriels brestois, fort curieux de pouvoir visiter la tête de série des Fremm. Tous ont pu constater par eux-mêmes le saut technologique accompli sur cette nouvelle génération de bâtiments. Mais ils ne furent pas les seuls à se rendre à bord : la superbe brestoise Laury Thilleman, Miss France 2011 et fille de commando marine, ne pouvait pas rater l’occasion de rendre une petite visite à la belle lorientaise.

En route vers l’acceptation Revigorés par une telle rencontre, fiers d’avoir pu montrer le bâtiment et satisfaits des nombreux essais déroulés, l’équipage de l’Aquitaine et les équipes responsables des essais chez DCNS sont rentrés à Lorient avec la ferme intention de continuer à mener, ensemble, le bâtiment vers son acceptation. Au deuxième semestre 2012, la réception devrait ainsi être prononcée par la DGA, suivie par la prise en charge de la frégate par la Marine. Après une jolie Miss, c’est une belle dame que Brest accueillera. D’ici là de nombreux défis seront encore à relever, c’est vrai. Mais c’est ce qui rend passionnante l’affectation au sein d’un équipage d’armement. ® CR1 PEGGY MC GRÉGOR

(1) Frégates européennes multimission. (2) Commission permanente des programmes et des essais. (3) Combat Management System, système de combat de la Fremm. (4) Actif très basse fréquence. (5) Raccordement optique des bâtiments à quai.

L’ÉQUIPAGE DE L’AQUITAINE AVEC LAURY THILLEMAN, MISS FRANCE 2011.

Première escale au futur port-base Après trois semaines de mer dans le golfe de Gascogne, l’Aquitaine a coupé la ligne Mengam-Minou sous un superbe soleil. Le premier accostage à l’épi 4 donna l’occasion de manœuvrer la frégate avec les moyens de la base navale, en vérifiant différentes COLS BLEUS ® N° 2984 ® 14 JANVIER 2012 ® 29

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AVISO COMMANDANT BIROT MISSION MER NOIRE 2011

En quittant Toulon le 23 septembre 2011 pour participer à l’opération Unified Protector devant les côtes libyennes, les marins de l’aviso Commandant Birot n’imaginaient pas la tournure que leur mission allait prendre. 1 Le premier mois s’écoule, très actif, rythmé par la participation aux opérations sur le théâtre libyen. Le 20 octobre, Syrte tombe, l’intervention de l’Otan, et donc celle du Commandant Birot, se termine onze jours plus tard. Le bâtiment est alors en escale à Catane aux côtés du HMS Liverpool et travaille à la coopération franco-britannique lorsque tombe l’annonce de sa nouvelle destination. Il doit franchir les détroits turcs et mener une mission en mer Noire. Chaque année en effet, au moins un bâtiment français franchit les détroits turcs. Mais avec l’intense activité opérationnelle de 2011, cette mission semblait impossible à honorer. Concours de circonstance, c’est donc au Commandant Birot que revient cet honneur. Sainte-Sophie, la Mosquée bleue, le palais Topkapı : les noms font déjà rêver ceux qui n’ont jamais fait escale à Istanbul. Alors que l’aviso connaît les tourments d’une forte mer Égée, le bateau navigue dans le sillage du cuirassé Bouvet, coulé en 1915 durant la bataille des Dardanelles. Mais le fort vent rendant impossible l’entrée en mer de Marmara, la commémoration doit être repoussée. Le calme revient pour l’accostage à Istanbul, l’ancienne Constantinople. Amarré à l’embouchure de la Corne d’Or, le navire français est chaleureusement

accueilli par les Stanbouliotes. Le 20 novembre, appareillage pour une arrivée en Bulgarie le 21. La nouvelle mission contraste avec les activités devant la Libye. À présent, le Commandant Birot est un ambassadeur de la Marine française. Sous une brume glaciale, les marins au poste de manœuvre regrettent les vêtements chauds qu’ils n’ont pas emportés. Partis pour le sud de la Méditerranée, ils sont à présents dans une zone où l’hiver est à la fois plus précoce et plus rude. Varna, station balnéaire très fréquentée en été, a déjà revêtu ses habits de grand froid, mais l’accueil des Bulgares est fort sympathique. Un Passex avec la corvette bulgare Reshitelny montre que les procédures de l’Otan réunissent les marins là où la langue peut être une barrière. Côté ville, l’Alliance française se réjouit de la présence de l’aviso. Les manœuvres communes avec le bâtiment bulgare se terminent et le Commandant Birot fait route vers le Nord pour la Roumanie. Arrivée à Constantza. La presse est sur le quai. Le ballet des mouvements officiels reprend son rythme. Ici aussi, l’Alliance française est très vivante. La ville de Constanza laisse entrevoir la grisaille des années Ceaucescu, mais aussi la richesse de la Roumanie. Le périple du bâtiment se poursuit ensuite vers la Russie. L’arrivée à Novorossiysk se fait par une navigation en eaux resserrées, sous une brume matinale et un vent glacial. Sur le quai, la fanfare attend le bâtiment français et, tradition oblige, le commandant, au pied de la coupée, se soumet à la cérémonie du pain et du sel. La mission militaire française, représentée par l’attaché naval et son adjoint, est aussi présente sur le

quai. Une réunion de préparation du Passex à venir avec le navire de liaison a lieu le jour même. Mais sitôt le dégagé, la ville voit déferler des marins en tenue. La consigne pour l’escale est en effet de sortir en uniforme. Novorossiysk, ville-héros de la Seconde Guerre mondiale, et toujours base navale de la flotte de la mer Noire (après Sébastopol), semble habituée aux tenues de marins. Faute d’une mer belle, le Passex se fait cependant à quai. Peu après, l’aviso prend congé de son homologue russe. Un Sukoï 24 l’accompagne quelques instants, puis direction le Bosphore. Mer calme cette fois, le bâtiment est au rendez-vous pour commémorer le sacrifice du Bouvet. La sonnerie aux morts résonne alors dans les Dardanelles. Un jour plus tard, nouvelle effervescence à bord pour le franchissement du canal de Corinthe. Un ouvrage creusé en 1882 et qui fascine toujours. Vingt-et-un jours de mission se terminent. Parti pour le sud de la Méditerranée, l’aviso Commandant Birot revient d’une mission de présence passionnante en mer Noire. ® EV TILQUIN

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UN ANCIEN CHEF TIMONIER « RETROUVE » LE VAR zone, comme la campagne d’Italie et le débarquement de Provence. Le sang-froid et le courage de cet homme lui valurent d’ailleurs d’obtenir la Croix de guerre.

Soixante-six ans plus tard

LE CF MAURON, COMMANDANT LE BCR VAR, ET MAURICE BONNEFOND.

LE PÉTROLIER-RAVITAILLEUR VAR EN 1942.

Plus de six décennies après avoir quitté la Marine, Maurice Bonnefond revient donc sur le Var, accueilli par tout l’équipage. Premier étonnement, dès l’arrivée, les différences considérables entre la Marine actuelle et celle de 1945 : la forme des bateaux – l’Adroit, qui est à quai, le surprend tout particulièrement avec son « clocher d’église » en son centre ; la présence de femmes à bord, etc. Mais c’est sur la passerelle que l’intérêt de Maurice Bonnefond se concentre plus particulièrement. C’est un fait, la technologie est aujourd’hui omniprésente. Mais chose plus étonnante, malgré les décennies écoulées, certains outils n’ont pas changé ! L’utilisation du Scott pour les signaux lumineux, les signaux à bras, l’utilisation de cartes papier : tout cela est resté (quasi) inchangé. La venue de Maurice Bonnefond a permis aux navigateurs timoniers du Var d’échanger et de comparer leur façon de vivre leur métier. Cette rencontre a donné lieu à une mémorable séance de signaux à bras avec le second maître Bernadou, navigateur timonier de l’actuel Var.

Des souvenirs et des anecdotes

Un visiteur pas comme les autres était à bord du BCR Var, le 5 décembre dernier. L’équipage accueillait Monsieur Maurice Bonnefond, chef timonier du Var… de 1944 à 1946 ! Une occasion de réunir deux époques de la Marine, et de raconter quelques anecdotes. 1 L’initiative de cette rencontre est à attribuer à Maurice Bonnefond lui-même. Abonné à Cols Bleus, c’est en lisant l’article sur l’escale du Var à Bandol, en septembre dernier, que l’ancien chef timonier a eu l’idée de contacter la mairie pour organiser une rencontre. C’est donc par l’intermédiaire de la ville, marraine du bâtiment, que le contact entre Maurice Bonnefond et l’équipage a été établi.

Retour dans le passé En 1941, Maurice Bonnefond, âgé de 19 ans, s’engage dans la Marine, à Alger. Pour sa formation, il embarque sur le cuirassé Jean Bart. Il est ensuite affecté sur le cuirassé Strasbourg, puis sur le croiseur Algérie et, enfin, en mars 1944, sur le Var, un

DEUX GÉNÉRATIONS DE TIMONIERS : SÉANCE DE SIGNAUX À BRAS POUR M. BONNEFOND ET LE SM BERNADOU.

pétrolier-ravitailleur livré en 1931 par les chantiers Deutsche Werft, au titre des réparations de guerre. Rappelons qu’à l’époque, la quasi-totalité des ravitaillements s’effectuaient stoppés, à la dérive ou au mouillage, la technologie de l’époque ne permettant pas de procéder autrement. La grande majorité des missions effectuées par le Var se déroulaient en mer Méditerranée où le conflit mondial battait son plein. Maurice Bonnefond participa donc à de nombreuses opérations dans cette

Malgré quelques similitudes, les anecdotes hautes en couleur de Maurice Bonnefond ne laissent aucun doute sur le fait que la Marine qu’il a connue ne ressemble vraiment plus à celle d’aujourd’hui. En témoigne cette anecdote : à l’époque, dans la Marine, chaque marin avait droit, pour les repas, à une ration de vin. Ceux qui s’étaient distingués au travail avaient droit à la « double », autrement dit à une double ration ! Plus incroyable encore, une des manières d’obtenir « la double » était… de tuer un rat ! En effet, la présence de rats à bord des navires représentait à l’époque un véritable fléau et une des solutions pour les combattre était de motiver l’équipage à en tuer un maximum. Pour obtenir une double ration de vin, il fallait donc tuer un rat et le présenter au capitaine d’armes qui vérifiait que l’animal était encore chaud, donc fraîchement tué. Si tel était le cas, il accordait la double ! Une fois le rat dûment « contrôlé », le bidel le jetait par le hublot de son poste. Certains « petits malins » tentaient alors de le récupérer à l’aide d’une épuisette pré-positionnée, passaient en cuisine le « réchauffer » et allaient ainsi le présenter de nouveau pour, eux aussi, obtenir la double ! Cette histoire, qui fait partie des nombreux souvenirs relatés par Maurice Bonnefond, témoigne de l’évolution de la vie embarquée. L’énergie, la joie de vivre, la passion avec lesquelles l’ancien quartier-maître du Var a raconté « sa » Marine a fait de sa venue un de ces moments qui restent gravés dans les mémoires. Ces instants d’échange et de partage avec l’équipage ont été particulièrement enrichissants. ® L’ÉQUIPAGE DU BCR VAR

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CHRONIQUE

dupersonnel

L’AOVC L’ASSOCIATION QUI ACCOMPAGNE LES OFFICIERS DANS LEUR RECONVERSION vous y préparer dès cette prise de conscience, le plus tôt possible avant votre départ. Comment ? En vous fixant des objectifs à atteindre à moyen terme, par exemple : - en vous constituant un réseau social le plus étendu possible ; - en vous demandant où vous aimeriez vous situer professionnellement dans dix ou quinze ans ; - en suivant une formation ou un MBA. Il est alors question de ne pas subir les événements, mais plutôt de prendre votre destin professionnel en main.

Deuxième étape La décision de votre départ de la Marine est prise. Vous devez alors envisager de poursuivre votre carrière soit dans le secteur public, soit dans le secteur privé. Pour connaître l’ensemble des opportunités qui s’offrent à vous dans ces deux secteurs, l’AOVC, l’AEN (Association des anciens élèves de l’École navale), mais aussi l’agence de reconversion de la Défense (DEFMOB) peuvent vous aider.

Troisième étape

1 Aider les officiers de la Marine de carrière à se reconvertir vers un nouveau métier et un environnement civil est une impérieuse nécessité dont nos très grands anciens ont pris conscience dès 1927, année de création de l’Association des officiers de vaisseau dans les carrières civiles, plus connue par son acronyme AOVC. Quelle que soit leur ancienneté dans la Marine et plus particulièrement quand ils avancent en grade, tous les officiers de la Marine doivent se poser la question : Que ferai-je lorsque je quitterai la Marine ? C’est une fois que la décision est prise que le choix des meilleurs partenaires pour accompagner le candidat à la reconversion se pose. Nous encourageons les officiers de marine à se tourner vers l’ARCO, association partenaire de l’AOVC, qui, grâce à une longue expé32 ® COLS BLEUS ® N° 2984 ® 14 JANVIER 2012

rience de la reconversion des cadres, offre d’excellents résultats. De son côté, l’AOVC présente également un avantage décisif : ses conseillers en orientation ont tous vécu cette expérience unique qui consiste à passer d’un monde bien connu, la Marine, à un monde mal connu, le civil. Le Service orientation carrières (SOC) de l’AOVC assure l’accompagnement de ceux qui lui font confiance pour réussir leur reconversion. Sur environ 30 nouveaux candidats par an, 21 en 2010 et 22 (à ce jour) en 2011 ont trouvé un emploi avec son aide.

Première étape Vous avez pris conscience que votre carrière professionnelle ne se limitera pas au temps que vous passerez dans la Marine et que votre reconversion est une nécessité. Commencez à

- Si vous avez choisi de continuer votre carrière au sein du secteur public : tournez-vous vers l’ARCO. Cette association dispose d’un ensemble de moyens efficaces pour vous aider à y parvenir. - Si vous souhaitez vous réorienter vers le privé, l’AOVC sera votre meilleur allié. C’est alors que le SOC vous proposera un de ses conseillers en orientation qui vous suivra jusqu’au bout du parcours : c’est-à-dire à l’obtention d’un contrat de travail ferme. Une première phase, en partenariat avec l’ARCO, se concrétisera par la mise au point d’un projet professionnel crédible. Une deuxième phase, pour laquelle l’AOVC est particulièrement qualifiée, vous mènera jusqu’à l’emploi en adéquation avec votre projet professionnel. ® JEAN LE SAINT, PRÉSIDENT DE L’AOVC

CONTACT Officiers de la Marine de tous corps qui envisagez de quitter la Marine n’hésitez pas à faire appel à l’AOVC en contactant son délégué général au 01 40 16 00 11 ou par email [email protected]. Visitez notre site Internet : http://www.aovc.org/home

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DES DLAS AUX PMAS UNE NOUVELLE ORGANISATION POUR L’ACTION SOCIALE

PERMUTATIONS SITEL BAT Sitel, affecté Monge hors spécialité (service au PC SIC), cherche permutation FAN Brest (Fasm, Avisos, bâtiments hydrographiques…) pour tout emploi SIC place en Dirisi à étudier. Contact au 06 17 79 08 02. OPS MP BS OPS, affecté région Nord (Cross Griz-Nez), cherche permutation Toulon terre. Étudie toutes propositions. Contact au 06 34 14 65 00 (laisser message). GECOLL MT BST Gecoll (commis aux vivres), affecté marins-pompiers Marseille, cherche permutation Lorient, Brest, Cherbourg à terre. Contact au 06 47 80 13 10. BUREAU QMF MoBureau, affecté état-major des armées/CPCO, cherche permutation Brest et sa région. Étudie toutes propositions. Contact au 06 74 68 44 76 ou 01 42 19 45 03.

Comme les autres services de soutien spécialisés, l’action sociale des armées s’adapte à la nouvelle organisation territoriale du ministère de la Défense. 1 Cette réorganisation du réseau de l’action sociale, pilotée par la Direction des ressources humaines du ministère de la Défense (DRH-MD) en lien avec l’état-major des armées (EMA) et les armées, s’est faite en trois phases. En 2010, tous les districts sociaux ont été supprimés. En 2011, l’action sociale des armées est organisée en échelons sociaux parmi lesquels on distingue : • les échelons sociaux de proximité (ESP), niveau de base de la mise en œuvre de l’action sociale, au sein desquels se situent les assistants de service social ; • les échelons sociaux d’encadrement (ESE), comportant un ou plusieurs cadres sociaux, chargés d’animer une ou plusieurs équipes d’assistants de service social ; • les échelons sociaux d’encadrement et de délivrance des prestations sociales (ESEP), qui comportent une structure administrative dédiée à l’instruction et à la liquidation des dossiers de prestations. La dernière étape a concerné la création de sept pôles ministériels d’action sociale (PMAS) qui se sont substitués, le 1er janvier 2012, aux douze directions locales de l’action sociale (DLAS) du ministère de la Défense en métropole. Ces PMAS, services extérieurs de la direction des ressources humaines du

ministère de la Défense, ont vocation à assurer le soutien social de l’ensemble des ressortissants, en activité ou à la retraite, sur un périmètre géographique donné. Concernant le soutien des marins en particulier, les PMAS de Brest et de Toulon demeurent compétents pour soutenir la majeure partie des unités relevant de la Marine nationale de l’Ouest et du Sud de la France. Il faut souligner que le principe de compétence géographique qui s’applique désormais a pour conséquence d’ouvrir l’ensemble des PMAS à l’interarmées. C’est ainsi que le PMAS de Brest assure non seulement le soutien social des bases de défense de BrestLorient et de Cherbourg, mais également celui de la base de défense de Vannes-Coëtquidan ; le PMAS de Toulon est désormais chargé du soutien social des BdD de Draguignan, Calvi, Solenzara et Toulon. Les unités de la Marine à Paris sont, quant à elles, soutenues par le PMAS de Saint-Germainen-Laye.®

RESTAU QMF MoRestau, affecté BCR Somme Brest embarqué, cherche permutation Brest terre (poste féminisable). N’hésitez pas à me contacter pour plus d’informations. Contact au 06 50 43 23 90, 7j/7 de 17 h à 21 h.

ANNONCES CLASSÉES LA FLOTTE DE BORDEAUX L’association La Flotte de Bordeaux organise une croisière Danube Bleu passant par les Portes de Fer vers la mer Noire du 4 au 15 juillet 2012. La Flotte invite les marins et anciens combattants de toutes unités et leurs amis à participer à cette croisière. Prix très intéressants, il reste quelques places. Le règlement s’effectue en six fois. Pour renseignements, téléphoner à M. Michel Perrier au 05 56 30 78 04.

POUR EN SAVOIR PLUS Sur l’Intranet : • http://portail.sga.defense.gouv.fr/espace-ministériel-rh • http://asabrestlorient.marine.defense.gouv.fr • http://asatoulon.marine.defense.gouv.fr Sur l’Internet : • http://www.defense.gouv.fr/familles COLS BLEUS ® N° 2984 ® 14 JANVIER 2012 ® 33

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TEMOIGNAGE

de marins

IL N’EST JAMAIS TROP TARD… EN QUELQUES DATES

LE PREMIER MAÎTRE FUSILIER MONTEIL PENDANT UN EXERCICE.

Titulaire d’un master 2 Défense et sécurité. • 1991-1996 : plusieurs affectations comme fusilier, embarquements, BAN, EMM… • 1997-2000 : diverses affectations en interarmées • 2001-2002 : Opex Otan/Macédoine • 2002-2004 : instructeur au CIN de Querqueville (Cherbourg) • 2004-2005 : Opex Otan/KFOR (Kosovo) • 2005-2008 : groupement des fusiliers marins de Toulon (chef d’escouade) • 2007-2008 : unité des fusiliers marins du porte-avions Charles de Gaulle (adjoint activité) • 2008-2011 : commando marine, chef de cellule • Depuis décembre 2011 : civil.

À 40 ans, le premier maître fusilier Pierre-Olivier Monteil a effectué le stage élémentaire commando. Une situation peu courante à cet âge. Il nous explique ses motivations et le pourquoi de son engagement dans le commando Kieffer à Lorient. Après une carrière de vingt-et-un ans dans la Marine, il a décidé de se reconvertir dans le civil. Une expérience inédite qui changera à jamais sa vision de la vie. Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à faire ce stage commando ? Le stage CO élémentaire au commando Kieffer était pour ainsi dire un droit d’accès au monde particulier des forces spéciales, un passage obligé pour poursuivre l’aventure Kieffer, et un facteur d’intégration dans les commandos marine. Ce stage, à un âge avancé, m’a permis de jauger ma volonté et ce qu’il pouvait rester de mes capacités physiques et mentales. Quoique moins tonique et moins alerte que les plus jeunes, l’endurance et la ténacité m’ont permis de rester dans la course. Quelles valeurs recherchiez-vous à travers cette formation ? Outre les valeurs et l’esprit commando, il y avait l’intégration et l’apprentissage. Cette formation a été une grande leçon d’humilité mêlant tous grades et âges confondus. Mais avant tout, cela m’a permis de prendre conscience de la technicité des stages de niveau supérieur et de la qualité des instructeurs. Par ailleurs, la fatigue et la souffrance ne sont pas vaines. Une fois encore, l’âge m’autorisant un certain recul, chaque action dans cette formation s’intégrait dans un processus cohérent, et malgré les apparences, rien n’était gratuit. C’était une bonne expérience humaine. 34 ® COLS BLEUS ® N° 2984 ® 14 JANVIER 2012

LA REDOUTABLE ÉPREUVE DE LA CUVE PENDANT LE STAGE COMMANDO.

Quelles leçons avez-vous tirées de cette expérience ? Pour aujourd’hui et dans la perspective de votre avenir professionnel ? Cette expérience m’a permis de rencontrer des personnes de grande valeur, de m’enrichir de nouvelles expériences et de bénéficier de celles des autres. Cela m’a en quelque sorte aidé aussi à domestiquer le stress, en abordant les épreuves avec un peu plus de recul et de philosophie. Une corde supplémentaire à mon arc, qui me servira dans mon avenir professionnel. Qu’est-ce que vous diriez à un jeune motivé par ce stage ? Qu’il faut faire preuve d’humilité et être préparé tant physiquement que mentalement. Que ma famille, par son soutien, mes enfants en particulier, par leur confiance, m’ont renforcé moralement et par conséquent aidé dans ces épreuves. ® PROPOS RECUEILLIS PAR MOT MESSOUSSA

PENDANT UNE MARCHE COMMANDO.

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ESPACE

loisirs

Invitation au voyage sur les mers et dans les livres Ils furent officiers de Marine, géographes, navigateurs, savants, naturalistes ou peintres et embarquèrent sur des vaisseaux qui sillonnèrent les mers. Beaucoup d’entre eux voulurent garder de leurs voyages une trace, pour la science ou pour l’art. Ils voulaient témoigner de ce qu’ils avaient vu, des paysages, des hommes, des animaux rencontrés. À partir du XVe siècle, grâce à l’imprimerie, leurs récits, cartes et dessins se répandirent. Le récit de voyage maritime devint alors un moyen pour les « terriens » de découvrir la diversité du monde. En 300 pages très richement illustrées, ce livre présente 80 parmi les plus rares et les plus beaux livres sur la mer et l’exploration : de la Lettre de Christophe Colomb de 1494 au Livre d’or du Yachting de Marin-Marie (par ailleurs peintre officiel de la Marine) en passant, entre autres, par les mémoires de Duguay Trouin et la Circumnavigation de Bougainville, sans oublier, au XXe siècle, La carrière d’un navigateur du prince Albert 1er de Monaco ou encore les Souvenirs d’un marin de la III e République d’Henri Gervaise. Impossible de les citer tous tant ils sont nombreux. Ce bel ouvrage a été possible grâce au fonds exceptionnel de la librairie ancienne Marine et Voyages, à Paris. « Ce livre des mers et des voyages est une proposition pour juger le monde tel qu’il demeure, qu’il résonne de l’écho des vacarmes du passé, des rumeurs lointaines, de désirs, d’ouvertures humaines irrépressibles, des impératifs d’aller toujours plus avant », écrit le préfacier. En tout cas, une invitation au voyage. Rappelons que ce livre a reçu le prix du livre maritime l’Express-Le Nautic, à l’occasion du dernier salon nautique. TRÉSOR DES LIVRES DE MER, DE CHRISTOPHE COLOMB À MARIN-MARIE, DE MICHEL POLAK ET ALAIN DUGRAND, CHEZ HOËBEKE, 200 PAGES, 2011, 59 €.

De Porsgwen au golfe d’Aden

De l’atelier de menuiserie à l’aviation navale Né à Blois, menuisier de profession, rien ne prédisposait Robert Palliot à devenir marin et encore moins aviateur. Dans les années 1910, la Marine en bois a disparu, mais les menuisiers sont encore les bienvenus, il y est donc incorporé pendant son service militaire. Le déclenchement de la guerre, en 1914, le surprend sur le croiseur cuirassé Dupleix, dans le Pacifique, à Hokkaïdo. Durant la première partie de la guerre, il navigue en Extrême-Orient, percevant la guerre à travers la rivalité locale avec la Marine allemande. Il participe ensuite aux croisières de surveillance en Méditerranée puis, en avril 1917, est affecté à l’escadrille côtière de la Méditerranée. Pendant la dernière année du conflit, il participe ainsi à la défense du littoral contre l’action des sous-marins allemands et à la protection des convois américains. Le livre est écrit à partir d’archives familiales. Il se lit comme un roman, mais tout y est véridique ! UN MARIN AVIATEUR DANS LA GRANDE GUERRE, DE MICHEL ROYER, MARINES ÉDITIONS, 2011, 190 PAGES, 22 €.

C’est un premier livre… réussi. À bord d’un caboteur côtier qui nous conduit du large de l’Afrique de l’Est à Dubaï, Franck Daouben nous présente un récit d’aventure maritime. Le roman, car c’en est un, est largement inspiré de sa vie de manœuvrier plongeur au sein de la Marine nationale. L’auteur nous fait ainsi partager sa passion pour l’aventure, la plongée, l’Afrique et sa population. Il témoigne aussi de son attachement pour ses racines bretonnes et de ses amitiés, valeurs profondes de cette histoire outre-mer. Le personnage principal, Yann, est un matelot plongeur qui découvre la vie à bord de ce bateau stationné outre-mer, ainsi que la vie en équipage où la complicité est omniprésente. C’est d’abord un livre de voyage où tous les sens sont mis en éveil par les embruns, les odeurs de la ville de Djibouti et celles des nombreuses escales. L’émerveillement vient aussi de la présence des poissons multicolores, de la description minutieuse des coraux et des fonds marins. Cette vie de marin est riche de rencontres heureuses mais aussi d’événements plus tragiques comme cette tempête mortelle. « C’est ce naufrage qui a été le déclic d’écrire pour ne rien oublier ! Besoin de sortir tous mes sentiments. » L’auteur choisit la version romancée pour « rendre la réalité moins brutale ». Franck, marin depuis plus de quinze ans, a écrit ce livre pour expliquer à sa fille son métier : « Tu fais quoi papa ? » Il veut transmettre son expérience, ne souhaitant pas que son histoire tombe dans l’oubli. Ce livre est aussi un voyage littéraire qui nous initie aux termes marins et autres mots de la langue française. C’est son grand-père, ancien matelot, peintre à la tâche, puis ingénieur méthode, qui lui a transmis l’amour de la culture. C’est donc un livre passionnant qui permettra aux marins de revivre leurs missions et aux autres qui ne sont pas encore partis de se préparer aux voyages. Franck Daouben, dont l’attachement au milieu marin est sans limite, reverse ses droits d’auteur à la SNSM. À mettre entre toutes les mains. DE PORSGWEN AU GOLFE D’ADEN, DE FRANCK DAOUBEN, ÉDITION EDILIVRE, 2011, 198 PAGES 17 € (ENTIÈREMENT REVERSÉS À LA SNSM).

À vos masques ! Vous débutez la plongée ou vous aimeriez vous y mettre ? Vous voulez voir le monde à travers un masque, aller à la rencontre d’une faune étonnante, chausser les palmes dont vous avez toujours rêvées ? Alors ce livre vous permettra de découvrir comment appréhender la plongée sous tous ses aspects. La plongée pour les nuls vous invite à vous lancer avec passion dans ce sport riche en émotions et en surprises. Vous découvrirez entre autres les mythes et les classiques de la littérature sous-marine, mais surtout les caractéristiques des océans, les notions physiques qui régissent la plongée, les risques, les formations. Vous bénéficierez également des nombreux conseils de plongeurs passionnés pour vous équiper. En bonus, un cahier couleurs comprenant les photos des plus beaux sites appréciés par les plongeurs. LA PLONGÉE POUR LES NULS, D’ÉMILIE ET PIERRE JUIN, ÉDITIONS GÉNÉRALES FIRST, 398 PAGES, 22,90 €. COLS BLEUS ® N° 2984 ® 14 JANVIER 2012 ® 35

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INFO INFO INFO

actus actus sport

GROUPE DE L’ÉQUIPE FÉMININE DU RUGBY CLUB DE LA MARINE NATIONALE.

2012, LES FILLES DU RCMN DANS LA COUR DES GRANDES Deux ans après leur premier match officiel à 7, les joueuses du Rugby Club de la Marine nationale ont franchi un nouveau cap en remportant très largement leur rencontre inaugurale à 15, fin novembre, contre Paris 15, équipe de Fédérale 1. L’année 2012 devrait être celle de la confirmation, sur le terrain, en tentant de battre la Royal Navy à 15, le 11avril prochain, mais aussi en dehors, en consolidant ce groupe où presque débutantes et internationales A se côtoient. 1 La progression de l’équipe féminine de rugby de la Marine nationale est fulgurante. En 2009, la première formation du RCMN s’aligne à 7 contre Paris 15. Deux ans plus tard, le même club de la capitale découvre les progrès des « marinettes », qui évoluent désormais à 15 et remportent la rencontre 24 à 0. Le groupe parisien était diminué, mais la performance des joueuses entraînées par Éric Georges et le premier maître Stéphane Larrodé est très prometteuse. « On est très fier du groupe. L’ambiance a été superbe, commente Éric Georges après la large victoire contre le Rugby Club Paris 15. On peut dire que le travail a été efficace puisque nous n’avons eu que trois jours de préparation avec des joueuses confirmées, mais aussi six qui jouaient pour la première fois avec le RCMN. On avait une ligne de trois-quarts inédite et qui s’en est très bien sorti, en appliquant les consignes. On espère progresser pour arriver à l’échéance du mois d’avril, et gagner contre les Britanniques. Il va falloir surtout qu’on progresse en mêlée fermée. Je crois qu’il y a encore une très grosse part de travail pour être combatif contre la Royal Navy. » La montée en puissance avant le « crunch », prévu le 11 avril à Toulon, débute dès les 7 et 8 janvier, avec le 36 ® COLS BLEUS ® N° 2984 ® 14 JANVIER 2012

Lyon Olympique Universitaire comme premier adversaire. Incomplet pour son match inaugural contre Paris 15, le RCMN-F pourra compter sur toutes ses joueuses pour le rendez-vous clef de la saison, contre une équipe britannique revancharde après la lourde défaite subie à domicile l’an dernier. Les internationales devraient être présentes, notamment les matelots Caroline Ladagnous et Amandine Vaupré. Ces dernières font partie du « Projet Olympique Rugby à 7 féminin » de la Fédération Française de Rugby. Ce programme, pour lequel la Marine s’est engagée par convention, vise à former des joueuses pour présenter un groupe France de qualité aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro en 2016, première olympiade où sera présent le ballon ovale.

Partenariats gagnants À l’instar de l’équipe masculine, d’autres partenariats profitent aux filles du RCMN, comme celui avec Paris 15 qui concerne le matelot Lætitia Henault, employée par le service de recrutement de la Marine. « C’est une des leaders de notre équipe, explique le président du club parisien, Benoît de Lamberterie. Le

MATCH DU RCMN CONTRE LE RCP-15.

partenariat permet à Lætitia de bénéficier d’un emploi avec la garantie de pouvoir pratiquer le rugby avec nous et avec la Marine nationale. Cela lui permet de s’épanouir dans sa vie sociale et, d’après les très bons retours que j’en ai, dans sa vie professionnelle, mais aussi dans sa vie de sportive et de joueuse du RCP15. C’est vraiment quelqu’un de très enthousiaste, qui est très motivée à la fois par la Marine et par le rugby. » Être marin réussit effectivement au matelot Henault, actuellement sous contrat de volontaire « rugby » et tentée de transformer l’essai avec une candidature pour devenir QMF. L’enjeu sera alors de continuer à allier sa passion du ballon ovale et un emploi sans aucun aménagement particulier. Un exercice que maîtrisent parfaitement la plupart de ses coéquipières, même celles affectées à bord de bâtiments de combat, comme l’enseigne de vaisseau Clémence Raphat, adjoint au chef du service Armes de la FASM Primauguet ou le second-maître Céline Renoult, adjoint au commis de la FLF Guepratte. La première participe même à l’aventure du rugby féminin dans la Marine depuis sa genèse, en 2007, avant la création du RCMN-F. Après tout, les qualités d’un bon marin sont aussi celles qui permettent de s’épanouir sur un terrain de rugby. Avec le soutien des marins, les joueuses du RCMN possèdent tous les éléments pour réaliser leur potentiel et devenir des actrices reconnues du rugby féminin. ® MARIE-DIANE GROUCHKA

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INFO

agenda

pas à nous faire part des activités que vous souhaiteriez voir figurer dans cette rubrique. [email protected] DANS LES SEMAINES À VENIR N’hésitez 17 janvier Vœux du ministre de la Défense

31 janvier, Lanvéoc-Poulmic, École Navale Journées Sciences navales

23 janvier Vœux du chef d’état-major des armées

3 février, Cholet Signature du pacte d’amitié entre la communauté d’agglomération du Choletais et le SNLE Le Triomphant

Du 23 janvier au 12 février Dans toute la France, à la télévision, sur internet, dans les gares : campagne de recrutement de la Marine nationale

5 mars, Toulon Départ de la mission Jeanne d’Arc 2012

7-22 janvier, Chamalières Exposition « Flottille 36F - Carnet de Vol » organisée par la 36F dans sa ville marraine, Galerie municipale, Espace René Paput. Entrée libre. 14 janvier, Toulon Le ministre de la Défense en déplacement à Toulon: remise de la Croix de la Valeur militaire à la frégate Courbet et visite du BPC Dixmude.

1er mars Solde des marins - Intégration au système Louvois (système de traitement interarmées de la solde)

Du 24 janvier au 13 février, côte Est des États-Unis Entraînement amphibie Bold Alligator. Participation du BPC Mistral

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COLS BLEUS TARIFS DES ABONNEMENTS

COLS BLEUS N°2984 14 JANVIER 2012

Ces conditions d’abonnement prennent en compte la parution désormais bimensuelle du magazine. Trois options sont possibles : 6 mois soit 10 numéros, 1 an soit 21 numéros, 2 ans soit 42 numéros. France métropolitaine

Dom-Tom

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France métropolitaine

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Dom-Tom

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* Le tarif spécial est conditionné par l’envoi d’un justificatif par le bénéficiaire. Il est réservé aux amicalistes, aux réservistes, aux moins de 25 ans, aux personnels civils et militaires de la Défense et aux mairies ou correspondants Défense.

Bulletin à retourner à l’ECPAD accompagné de votre règlement à l’ordre de : Agent comptable de l’ECPAD, à l’adresse ci-dessous : Établissement de communication et de Production audiovisuelle de la Défense Service Abonnements 2 à 8 route du Fort – 94205 Ivry-sur-Seine CEDEX

CRÉDITS PHOTOS ET ILLUSTRATIONS COUVERTURE LV COLOMBAN ERRARD ACTUALITÉS PAGES 6-7 : PIERRE-FRANCOIS WATRAS/MN PAGES 8 : MN PAGE 9 : PREMAR : SABINE BOUDARD/MN ; FOUDRE : MN ; FRMARFOR : NELLY QUINSAT/MN ; THÈSE : MN PAGE 10 : CAVOUR : MN ; INCENDIE MAISON RETRAITE : MATHIEU BAUDIS/BMPM ; ABEILLE LIBERTÉ : FRÉDÉRIC DUPLOUICH/MN PAGE 11 : DIEPPE : JONATHAN BELLENAND/MN ; QUIMPER : MN PAGE 12 : RUGBY : ALEXANDRA BOIDEC/MN ; CAÏMAN MARINE : PHILIP PLISSON  ; CÉRÉMONIE US : MN PAGE 13 : AGUERRISSEMENT : STÉPHANE DZIOBA/MN ; CHU BREST : MN PASSION MARINE PAGE 14 : MN PAGE 15 : LV COLOMBAN ERRARD/MN PAGE 16: MN PAGE 17 : SNA : MN ; MISSILE : ALAIN MONOT/MN PAGE 18 : CV BIGOT : MN ; ORDINATEURS : JOHANN PESCHEL/MN PAGE 19 : CV BLIN : MN ; BAS : DANIEL FERELLEC/MN PAGE 20 : CF DARD : MN ; BÂTIMENT : MN ; MISSILE : DGA – CELM LANDES PAGE 21 : MN PAGE 22 : RAFALE : M. MESSAGE/MN ; HÉLICOPTÈRE : JM CASANOVA/MN ; PORTRAIT : MN PAGE 23 : HAUT : M. LEBRES/MN ; BAS : S. DZIOBA/MN PAGE 24 : MN PAGE 25 : MN VIE DES UNITÉS PAGE 26 : PORTRAIT : MN ; GAUCHE : MATHIEU LE BRESN/MN ; DROITE : BERNARD PLOUVIEZ/MN PAGE 27 : PORTRAITS : MN ; TECHNICIENS : AUDREY AGOSTINELLI/MN PAGE 28 : HAUT GAUCHE ET DROITE : BERNARD PLOUVIEZ/MN ; BAS GAUCHE : AUDREY AGOSTINELLI/MN ; BAS DROITE : SM CLAISSE/MN PAGE 29 : EQUIPAGE : PASCAL DAGOIS/MN ; BÂTIMENT : MN PAGE 30 : MN PAGE 31 : MN CHRONIQUE DU PERSONNEL PAGES 32-33 : LV ERRARD/MN PAGE 34 : MN INFOS SPORT PAGE 36 : MN AGENDA PAGE 37 : MISTRAL : MN

bimensuel DE LA MARINE NATIONALE

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