Marine

Il faut du temps pour former les « nano bataillons » de marins aptes à les mettre en œuvre ...... informatiques, afin de garantir un calcul juste et rapide des droits ...
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GENDARMERIE MARITIME

LA CINQUIÈME FORCE Independant Deployer

L’interopérabilité

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Planète mer

Solde

Protéger l’environnement marin PAGE 24

Améliorer le service

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SOMMAIRE LE MAGAZINE DE LA MARINE NATIONALE

AZIMUT

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APERÇU DANS LA QUINZAINE

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ÉDITORIAL

Journée nationale du réserviste, la réserve à l’honneur

ACTUALITÉS

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7

Deux marins lauréats du Trophée 3D • La Gendarmerie maritime 8 Polynésie française : mission Turbo 2013 • Hommage aux sous-mariniers du Protée 9 Entraînement franco-jordanien Mercy • Zohan 2013 : entraînement de défense aérienne au large de Hyères 10 Corymbe : entraînement de sécurité maritime dans le golfe de Guinée • Deux entraînements de niveau supérieur pour la frégate Guépratte • Morskoul : les bâtiments de la Force d’action navale s’entraînent en baie de Seine 11 Le Pégase et le Sagittaire en mission en océan Indien • Marines étrangères : corvettes lance-missiles allemandes du type 130

PASSION MARINE

GENDARMERIE MARITIME : LA CINQUIÈME FORCE VIE DES UNITÉS

20

20 La Fremm Aquitaine intègre une force navale de l’US Navy : défi de l’interopérabilité relevé ! 22 La Marine nationale attentive à l’environnement

PLANÈTE MER

24

24 L’indispensable protection de l’environnement marin

PORTRAIT DE MARIN

26

26 Événement : la Marine fait escale à… Besançon

CHRONIQUE DU PERSONNEL

28

28 Solde : réorganisation du CERH de la Marine : déclarer ses impôts

ESPACE LOISIRS

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30 Marathon : Paris réussi ! 31 Bilan mitigé pour les équipes de rugby du RCMN au crunch 2013 à Portsmouth • SPI Ouest France : les équipages de l’École navale en bonnes places • Le matelot Fabien Delahaye : 3e à la transat Bretagne-Martinique 34 Une pige médicale chez les Bleues

AGENDA

L

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33

a construction, l’entretien et le développement d’une marine comme la nôtre, appréciée et reconnue pour sa crédibilité opérationnelle, est un projet au long cours révélateur d’une ambition nationale.

Il faut aller suffisamment vite pour la rendre cohérente avec l’évolution des missions et des menaces. Il faut du souffle pour l’adapter de manière pragmatique, et non dogmatique, aux réalités financières et au niveau d’ambition maritime. Il faut enfin la penser globalement, afin qu’elle garde sa cohérence, c’est-à-dire que les moyens s’imbriquent le mieux possible les uns avec les autres. C’est vrai entre ses composantes bien sûr, mais également avec celles de nos alliés. Cela passe donc par une vision prospective des missions. Cela nécessite de la persévérance sur le long terme. Cela suppose enfin du réalisme face aux incessants aléas du court et du moyen terme. Avec la maritimisation de la planète, les besoins sont quant à eux croissants. En réalité, il faut du temps à l’industrie pour produire les navires, sous-marins et aéronefs adaptés aux missions qui seront confiées à la Marine nationale pendant les trente ou quarante ans de leur exploitation. Il faut du temps pour former les « nano bataillons » de marins aptes à les mettre en œuvre efficacement et par tous les temps. La Fremm Aquitaine ne vient-elle pas, par exemple, de valider sa capacité à s’intégrer, à être « interopérable » comme on dit, avec l’US Navy, la marine de référence ? Nous sommes en 2013, le programme a été lancé au début des années 2000… Le dossier de ce numéro est consacré à la 5e composante de la Marine nationale, la Gendarmerie maritime. Elle trouve une partie de ses origines au XVIIe siècle, chez les prévôts et les archers de la Marine. L’organisation et le fonctionnement de ces « gendarmes-marins », comme ils furent un temps appelés, ont également vécu de nombreuses mutations. En revanche, ce qui n’a jamais varié, c’est le besoin avéré de leur présence en mer, dans nos ports et sur le littoral. Enfin, notez que la Marine fera escale à Besançon les 20 et 21 avril, sur les rives du Doubs. Après Cahors et Nancy, cette détermination à s’éloigner de nos ports est celle d’aller à la rencontre des Français pour expliquer les missions et les métiers de leur Marine. (1) A. Thiers.

Capitaine de vaisseau Philippe Ebanga Directeur de la publication COLS BLEUS ® N° 3012 ® 20 AVRIL 2013 ® 3

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Amers et Azimut Situation des bâtiments déployés au 15 avril 2013 53 bâtiments et 5 200 marins en mer

laarge de Brest Brest Au large M BCR Marne FASM M Primauguet Primauguet FASM A o CDT CDT Blaison Blaison Aviso ’Herminier Aviso CDT l’Herminier er Aviso PM l’Her llée Aviso LV Lavallée B Borda BH CMT L’Aigle CMT A BRS Aldébaran Tenac en RHM Tenace

Préparation opérationnelle opéra Préparation Morskoul* Préparation opérationnelle opératio Préparation Morskoul Préparation opérationnelle opératti Préparation Morskoul Préparation opérationnelle opératio Préparation Morskoul Préparation opérationnelle opérrat Préparation Morskoul Essais Préparation opérationnelle opér o Préparation Préparation opérationnelle opér Préparation Patrouille Patrouille Patrou Patrouille

FREMM AAquitaine qu e VVérification érificationn des de capacités militaires St-Pierre-et-Miquelon ST-PIERRE-ET-MIQUELON

St-Barthélemy

CLIPPERTON Clipperton

FS Prairial

ANTILLE -GUYANE ANTILLE-GUYANE

St-Martin Guadeloupe Martinique Guyane française

L

Déploiement

FFASM ASM Latouche-Tréville La

POLYNÉSIE FRANÇAISE Polynésie française

Point d’appui Bases permanentes à l’étranger et outre-mer Département, collectivité ou territoire d’outre-mer Zones économiques exclusives françaises 4 ® COLS BLEUS ® N° 3012 ® 20 AVRIL 2013

Dakar Dakar

*Morskoul : entraînement conjoint des bâtiments de la Force d‘action navale.

Opération Corymbe

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EN MISSION PERMANENTE : Sous-marin lanceur d’engins (SNLE) Atlantique II (+ opération Serval) Commandos (+ opération Serval) + Équipes de protection embarquées (EPE) *

M anche ch / Mer du Nord Manche RHM Malabar Patrouille BRS Antarès Patrouille ratio BBPD Styx Préparation opérationnelle Toulon ou on Au large de Toulon F Aconit A Préparation opérationnelle oopérationnelle FLF Préparation B D Pluton Plut P on Opération Active Active Endeavour Endeavour BBPD Opération

Médit erranée occidentale occidenttale Méditerranée BH LLaa Pérouse Pérouse DDéploiement éplo p oiement hhydrographique ydrogr g aphique p q Aviso CDT CDT Ducuing Ducuing Patrouille Patrouille Aviso CMT Capricorne Capricorne Préparation Prépaaration opérationnelle opérationnelle guerre guerre des mines m CMT Méditerranée orientale orrientale Méditerranée FAA Jean Bart Bart Déploiement FAA Déploiement

Abu Dhabi

FS Vendémiaire

Djibouti Djibouti Libbreville Libreville

ymbe

Mayotte La Réunion

RÉUNION-MAYOTTE-ÎLES ÉPARSES

Océan Indien BCR Somme FASM Montcalm FLF Courbet PSO L’Adroit FS Nivôse BPC Tonnerre FASM Georges Leygues CMT Pégase CMT Sagittaire

Op r nnduu Freedom eedom d m Opération Enduring i n Enduring Endurin Freedom Opération nte Opération Atalante alante Opération Atalante Opération tion Atalante Atalante ement (mission (missioon Jeanne d’Arc) d’Arc) Déploiement ment (mission (missioon Jeanne d’Arc) d’Arc) Déploiement ment guerre des mines in Déploiement Déploiement guerre des miness

Déploiement

Wallis-et-Futuna WALLIS-ET-FUTUNA

NOUVELLE-CALÉDONIE Nouvelle-Calédonie

TERRES AUSTRALES ET ANTARCTIQUES FRANÇAISES

FS Floréal Déploiement BATRAL La Grandière Essais

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APERÇU

dans la quinzaine

JOURNÉE NATIONALE DU RÉSERVISTE, LA RÉSERVE À L’HONNEUR Le 4 avril 2013 avait lieu la Journée nationale du réserviste (JNR). Partout en France, des activités ont rassemblé militaires, jeunes et enseignants, ainsi que des acteurs du monde de l’entreprise et des collectivités territoriales pour mettre à l’honneur ces citoyens qui consacrent une partie de leur temps à la défense de notre pays.

LE MINISTRE DE LA DÉFENSE, M. JEAN-YVES LE DRIAN, A RENCONTRÉ SIX JEUNES STAGIAIRES DE LA PRÉPARATION MILITAIRE MARINE (PMM) AMIRAL COURBET D’AMIENS QUI REPRÉSENTAIENT LA MARINE NATIONALE DANS LE CADRE DE LA JNR 2013.

LE CHEF D’ÉTAT-MAJOR DE LA MARINE, L’AMIRAL BERNARD ROGEL, A REÇU UNE DÉLÉGATION DE RÉSERVISTES CITOYENS DE LA MARINE, PARMI LESQUELS M. JACQUES PERRIN ET M. FRANCIS VALLAT.

L’AMIRAL ROGEL A ACCOMPAGNÉ M. JEAN-YVES LE DRIAN, MINISTRE DE LA DÉFENSE, AU RAVIVAGE DE LA FLAMME SOUS L’ARC DE TRIOMPHE, QUI ÉTAIT ORGANISÉ CETTE ANNÉE PAR LA MARINE. 6 ® COLS BLEUS ® N° 3012 ® 20 AVRIL 2013

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DEUX MARINS LAURÉATS DU TROPHÉE 3D 1 M. Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, a décerné les prix du Trophée du Développement Durable de la Défense (3D) aux six lauréats de l’édition 2013, le 2 avril 2013. Parmi ceux-ci, deux marins ont été récompensés pour leurs actions. Ces récompenses témoignent de l’implication de la Marine nationale dans la préservation de l’environnement. Créé en 2011, le Trophée 3D récompense tous les ans des actions et des projets en matière de développement durable. Tout le personnel de la Défense peut participer à ce concours en présentant un dossier dans l’une des deux catégories proposées : actions réalisées avec des résultats notables et idées ou projets. Cette année, le jury composé d’experts du développement durable du ministère de la Défense et de représentants du ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, ainsi que de l’Association des Entreprises partenaires de la Défense a reçu vingt dossiers. Le 1er prix de la catégorie « Actions réalisées » a été décerné au maître Sébastien Vrac, affecté sur

M. JEAN-YVES LE DRIAN, MINISTRE DE LA DÉFENSE, DÉCERNE LE 1ER PRIX DE LA CATÉGORIE « ACTIONS RÉALISÉES » AU MAÎTRE SÉBASTIEN VRAC.

le remorqueur côtier Saire, pour la conception d’un système de filtrage des eaux polluées des bassins d’entretien des navires à Cherbourg. Ce système permet d’évacuer une eau propre à plus de 90 %. Un prix spécial du jury a également été décerné à EV1 René-Pierre Meyer, affecté sur la frégate Forbin, pour son système de récupération des écailles de peinture lors des opérations de décapage mécanique des coques à flots à Toulon. ®

E N

B R E F

RETOUR DU CHEVALIER PAUL APRÈS QUATRE MOIS DE DÉPLOIEMENT EN OCÉAN INDIEN

Le 29 mars 2013, la frégate de défense aérienne Chevalier Paul est rentrée à Toulon après quatre mois de déploiement en océan Indien. C’était sa première mission dans cette zone depuis son admission au service actif en juin 2011. Elle a mené à bien la triple mission qui lui avait été confiée. Engagée d’abord dans le volet maritime de l’opération Enduring Freedom de lutte contre le terrorisme, elle a contribué, au sein de la Task Force 150, à sécuriser le nord de l’océan Indien. Ensuite intégré dans un groupe aéronaval américain, le Carrier Strike Group 3 (CSG3) constitué autour du porte-avions USS John C. Stennis, le Chevalier Paul a tenu son rôle d’escorteur, assurant la protection aérienne du CSG3. Il a ainsi confirmé le haut niveau d’interopérabilité entre les marines française et américaine. Il a enfin participé à la séquence navale de l’entraînement Gulf Falcon 2013 au Qatar.

COLS BLEUS ® N° 3011 ® 6 AVRIL 2013 ® 7

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INFO

actus

E N

B R E F

COOPÉRATION ENTRE LES PLONGEURS DÉMINEURS ET LES PÊCHEURS

Chaque année, d’octobre à mars, en rade de Brest, le groupement des plongeurs démineurs (GPD) de l’Atlantique est fortement sollicité à l’occasion de la campagne de pêche à la coquille Saint-Jacques. Le mode de pêche utilisé, pêche à la drague, qui racle le fond sur 10 cm, entraîne des mouvements de fond provoquant des remontées de munitions. Chaque jour, les plongeurs démineurs interviennent donc pour récupérer les engins historiques remontés dans les dragues. Après les avoir identifiées pour déterminer si elles sont encore dangereuses, les munitions sont stockées dans la rade pour une neutralisation ultérieure. La saison 2012-2013 aura permis de remonter 500 obus et munitions diverses. ESCALE À TOULON DU NAVIRE-ÉCOLE ÉGYPTIEN SHALATIN

Le pétrolier-ravitailleur Shalatin, navireécole de la Marine égyptienne, a fait escale au port de Toulon, du 6 au 9 avril 2013. Le contre-amiral Ismail, commandant le groupe école, a rencontré le vice-amiral d’escadre Magne, amiral commandant la Force d’action navale, ainsi que le commissaire général Parlange, représentant le préfet maritime de la Méditerranée. Les 106 officiers-élèves ont écouté une conférence leur présentant la Force d’action navale. Ils ont également assisté à des démonstrations de lutte contre les incendies et contre les voies d’eau au centre de formation pratique (CFPES) des marins-pompiers de la base navale de Toulon. OPÉRATION DE DÉMINAGE DANS L’ANSE DES SABLETTES

Le 5 avril 2013, le chasseur de mines Lyre a entamé des opérations de traitement de quatorze engins historiques de type roquettes anti-sousmarines datant vraisemblablement de la Seconde Guerre mondiale. Ces munitions se situent dans l’anse des Sablettes, sur la commune de La Seyne-sur-Mer, entre 27 et 55 mètres de fond. Compte-tenu du nombre d’engins détectés dans cette zone, l’opération s’effectuera en plusieurs phases.

8 ® COLS BLEUS ® N° 3012 ® 20 AVRIL 2013

POLYNÉSIE FRANÇAISE MISSION TURBO 2013

1 Du 15 mars au 18 avril 2013, le remorqueurravitailleur Revi, basé à Papeete (Polynésie française), a participé à la mission Turbo 2013. Celle-ci consiste à assurer la surveillance radiologique des anciens sites d’expérimentations du Pacifique de Mururoa et Fangataufa, en complément du suivi réalisé en permanence par le personnel du détachement militaire sur place. Réalisée par une cinquantaine de militaires et de personnel civil (dont des ingénieurs et techniciens du Département de suivi des conséquences des essais nucléaires, ainsi que du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives, accompagnés par des Polynésiens), la mission Turbo se traduit par une campagne de prélèvements dans les milieux physiques (eaux de mer, eaux souterraines, sédiments et sols) et biologiques (plancton, mollusques, poissons, eau de coco et coprah). Ces prélèvements sont ensuite analysés dans les labora-

toires du CEA qui sont accrédités par le Comité français d’accréditation et certifiés par l’Autorité de sûreté nucléaire pour la mesure de la radioactivité. Dans le cadre de leur participation à la mission Turbo, les armées engagent des moyens maritimes, aériens et terrestres basés en Polynésie française. Les militaires du détachement permanent de Mururoa apportent leur soutien aux équipes déployées, le remorqueur-ravitailleur Revi est engagé pour réaliser les prélèvements marins ainsi que le transport des équipes, et un avion de transport Casa de l’escadron de transport 82 permet de transporter les équipes et de réaliser des relèves. Depuis seize ans, les missions annuelles Turbo permettent de constater le très faible taux de radioactivité sur les atolls de Mururoa et Fangataufa, ainsi que dans les milieux marin et terrestre les environnant. Leurs résultats sont publics et accessibles sur Internet (www.armees-polynesie.pf/spip.php?article229). ®

HOMMAGE AUX SOUS-MARINIERS DU PROTÉE 1 Le 4 avril 2013 à Toulon, un hommage particulier a été rendu au monument national des sousmariniers, en présence de nombreuses autorités civiles et militaires. Trois générations de la famille Kingdom, descendants des disparus britanniques du sous-marin Protée, sont venues rappeler le sacriÉQUIPÉS DU NEWTSUIT QUI PERMET D’ATTEINDRE DE FORTES PROFONDEURS, LES PLONGEURS ONT PU REPÉRER L’ÉPAVE DU PROTÉE.

fice de leurs aïeuls. En présence de l’adjoint au maire de Toulon, responsable des anciens combattants, trois gerbes ont été déposées en mémoire du sacrifice de l’équipage. Deux jours auparavant, afin de perpétuer le devoir de mémoire, des plongeurs de la Marine nationale avaient effectué une mission d’exploration pour éclaircir les circonstances du naufrage du sous-marin. Il y a soixante-dix ans, le sous-marin Protée, qui effectuait alors des missions au profit du commandement de la France libre, disparaissait au large de La Ciotat. À son bord, 74 hommes d’équipage, dont trois marins de l’équipe de liaison britannique, périssaient. L’épave du Protée repose par 125 mètres de fond sur le plateau des Blauquieres, près de la fosse de Cassidaigne, à 8 milles nautiques de Cassis. Elle a été découverte en 1995. Retrouvez la vidéo de cette plongée : www.dailymotion.com/Marine-Nationale ®

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ENTRAÎNEMENT FRANCO-JORDANIEN MERCY 1 Les 1er et 2 avril 2013 s’est déroulé en Jordanie l’entraînement franco-jordanien Mercy, manœuvre de tir conjointe, sur le camp militaire d’Al Humaïma, à 60 km au nord du port d’Aqaba. Conduit à l’occasion de l’escale du groupe amphibie Jeanne d’Arc, Mercy a mis en œuvre l’ensemble du groupement tactique de l’armée de Terre embarqué (GTE) à bord du bâtiment de projection et de commandement (BPC) Tonnerre, soit près de 200 légionnaires et leur cinquantaine de véhicules, ainsi que les deux hélicoptères Gazelle et un Puma de l’aviation légère de l’armée de Terre. Côté jordanien était déployée une section de forces spéciales du 61e bataillon des Royal Jordanian Forces

et ses véhicules blindés Humvees. Cet entraînement de contrôle de zone s’est déroulé en trois phases : progression tactique, sécurisation du village de combat, prise d’un point-clé situé en hauteur. Des tirs avec tous les types d’armes en dotation au GTE ont été effectués. La manœuvre coordonnée a été conduite avec succès et réalisme en 45 minutes. Cet entraînement avait été précédé d’une journée de tir technique, lors de laquelle Français et Jordaniens avaient échangé leurs savoir-faire. Les militaires ont, à cette occasion, réalisé des tirs avec l’armement individuel de l’autre nation. Mercy s’est déroulé sous l’œil attentif de Mme Caroline Dumas, ambassadeur de France en Jordanie, ainsi que de

L’ENTRAÎNEMENT FRANCO-JORDANIEN MERCY À AQABA A MIS EN ŒUVRE L’ENSEMBLE DU GROUPEMENT TACTIQUE DE L’ARMÉE DE TERRE EMBARQUÉ (GTE) À BORD DU BPC TONNERRE POUR SON DÉPLOIEMENT EN OCÉAN INDIEN.

LE CAPITAINE DE VAISSEAU QUÉRAT, COMMANDANT DU BPC TONNERRE, ET LE BRIGADIER GÉNÉRAL QASEM FADEEL NAHAR TAMASHAT, COMMANDANT DE LA MARINE ROYALE JORDANIENNE.

ZOHAN 2013 ENTRAÎNEMENT DE DÉFENSE AÉRIENNE AU LARGE DE HYÈRES 1 Du 25 au 28 mars 2013, la Marine nationale a participé à un entraînement de défense aérienne au large de Hyères avec les armées de Terre et de l’Air. Il simulait la neutralisation d’une force hostile par les aéronefs militaires et la sécurisation autour des îles d’Or. Concernant la Marine nationale, la frégate de défense antiaérienne (FDA) Forbin et le pôle d’entraînement simulation de la Force d’action navale (FAN) étaient déployés. L’armée de l’Air a fourni des moyens en provenance des bases aériennes de Luxeuil, d’Évreux et d’Istres. L’armée de Terre a, quant à elle, déployé des éléments du 54e régiment d’artillerie de Hyères. Le Forbin coordonnait les actions au large, tandis que les équipes et moyens déployés sur le Levant assuraient la maîtrise de l’espace autour des îles. Cet entraînement a permis aux trois armées de vérifier l’interopérabilité de leurs moyens dans un contexte de défense aérienne, tout en bénéficiant de l’apport technique de la Direction générale de l’armement (DGA). ®

nombreuses autorités militaires jordaniennes, à la tête desquelles le brigadier général Qasem Fadeel Nahar Tamashat, commandant de la Marine Royale jordanienne. À l’issue, les légionnaires ont présenté le système de combat Félin (fantassin à équipements et liaisons intégrés), le VAB Ultima, dernière génération améliorée du véhicule de l’avant blindé, ainsi que du matériel du Génie. Cet entraînement intervient dans le cadre de la coopération militaire régulière franco-jordanienne, particulièrement dynamique. « En essor permanent depuis les années 80, a rappelé Madame l’ambassadeur, cette coopération s’appuie sur des liens étroits et une volonté commune de contribuer à la stabilité régionale. » ®

ENTRAÎNEMENT ZOHAN 2013 À BORD DE LA FRÉGATE DE DÉFENSE ANTIAÉRIENNE FORBIN.

E N

B R E F

UN EC-225 COORDONNE LOCALEMENT LES MOYENS DE SECOURS SUITE À UNE COLLISION EN MANCHE

Le 8 avril 2013, peu après minuit, le cargo Ambassadeur et le chalutier Loïc Lucas sont entrés en collision à l’entrée de la voie montante du Dispositif de séparation du trafic (DST) du Pas-de-Calais. Le Loïc Lucas a été victime d’une importante voie d’eau et les quatre marins pêcheurs à bord ont lancé un appel de détresse au Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) Jobourg. Ils se sont ensuite réfugiés dans un radeau de survie. Le Cross Jobourg a immédiatement coordonné une opération de sauvetage et mobilisé l’hélicoptère EC-225 de la Marine basé à Cherbourg. Avec l’aide du Cross Gris-Nez, plusieurs navires de pêche à proximité ont été déroutés. Les quatre marins pêcheurs ont été pris en charge par l’un deux vers 1 h, alors que leur chalutier avait sombré. L’hélicoptère EC-225 a permis de réguler l’activité sur zone, dans un contexte de trafic maritime particulièrement dense. COLS BLEUS ® N° 3012 ® 20 AVRIL 2013 ® 9

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INFO

actus

CORYMBE ENTRAÎNEMENT DE SÉCURITÉ MARITIME DANS LE GOLFE DE GUINÉE 1 Du 13 au 15 mars 2013, dans le cadre de son déploiement en mission Corymbe, le Task Group (TG) 451.02 – composé du bâtiment de projection et de commandement (BPC) Mistral et de l’aviso Lieutenant de Vaisseau Le Hénaff – a conduit un important entraînement de sécurité maritime avec les marines béninoise et togolaise. Jouant le rôle d’un pétrolier civil piraté, le Mistral a envoyé un signal de détresse intercepté par le Centre Opérationnel Marine (COM) de la base navale de Lomé. Le patrouilleur togolais Kara a dû adapter son attitude et son pistage, sous la direction du COM. Un aéronef de reconnaissance Epsilon de l’armée de l’Air togolaise a également été déployé. À la frontière des eaux territoriales du Togo et du Bénin, le suivi du bâtiment piraté a été transféré au patrouilleur Zou de la Marine béninoise qui a effectué un marquage efficace, épaulé par le sémaphore de Grand Popo. Après avoir simulé le départ des pirates, une opération de reconquête du bâtiment de commerce a été conduite par l’équipe de

LE TASK GROUP 451.02 AVEC LES PATROUILLEURS BÉNINOIS ET TOGOLAIS.

visite du patrouilleur Zou, renforcée par celle du LV Le Hénaff, partageant ainsi les techniques d’investigation et de fouille. Après l’exercice, l’accueil à bord du Mistral de M. Issifou Kogui N’Douro, ministre d’État chargé des Affaires présidentielles du Bénin, et de M. Jean-Paul Monchau, ambassadeur de France au Bénin, en présence des coopérants français à Cotonou, chargés de développer le pro-

jet interrégional de sécurité maritime (Asecmar), a permis de souligner les acquis de l’entraînement et de dresser les perspectives d’amélioration de la coopération régionale dans le domaine. Alors que le Mistral et le LV Le Hénaff assuraient leur mission depuis près de trois mois, ils ont été relevés, le 12 avril 2013, par la frégate anti-sousmarine Latouche-Tréville. ®

DEUX ENTRAÎNEMENTS DE NIVEAU SUPÉRIEUR POUR LA FRÉGATE GUÉPRATTE 1 Pour évaluer son état de préparation opérationnel avant le départ pour l’opération européenne de lutte contre la piraterie Atalante, la frégate type La Fayette (FLF) Guépratte a suivi quatre jours d’entraînement intensif. L’équipage a pris part à deux entraînements majeurs : Tamouré et Piratex. La combativité et la résistance de l’équipage, ainsi que sa capacité à mettre en œuvre ses armes ont été évaluées jour et nuit, pendant trois jours. Tamouré est un entraînement qui consiste à placer le bâtiment dans une situation opérationnelle en temps de crise avec un scénario inconnu de l’équipage. Navires, embarcations rapides, jet ski, aéronefs, cibles aériennes et de surface télécommandées mises en œuvre par le Centre d’essais de la Méditerranée fai-

DES MARINS VIGILANTS POUR REMPLIR LA MISSION.

saient partie du dispositif. L’artillerie et les missiles Crotale du Guépratte ont prouvé leur précision en détruisant six cibles. Mené sur une journée, l’entraînement Piratex consistait à mettre en place une équipe de protection embarquée (EPE) sur un bâtiment transitant dans une zone de piraterie, à conduire une escorte, à intercepter une embarcation suspectée d’actes de piraterie et à retenir les présumés pirates avant de les transférer à la justice d’un État. Des capacités que l’équipage de la frégate devra peut-être mettre en œuvre durant sa présence en océan Indien. En validant ce double entraînement, le Guépratte a confirmé son aptitude à remplir les missions qui lui seront ordonnées. ®

MORSKOUL LES BÂTIMENTS DE LA FORCE D’ACTION NAVALE S’ENTRAÎNENT EN BAIE DE SEINE RAVITAILLEMENT À LA MER ENTRE LE COMMANDANT L’HERMINIER ET LE BCR MARNE.

1 Du 8 au 12 avril 2013, la frégate Primauguet, les avisos Commandant Blaison, Commandant L’Herminier et PM L’Her, ainsi que le bâtiment de commandement et ravitaillement Marne ont participé à la première partie de l’édition 2013 de l’entraînement Morskoul en baie de Seine. Entraînement mutuel biannuel, Morskoul se déroule en deux phases distinctes afin de permettre aux bâtiments de la Force d’action navale de réaliser un grand nombre de manœuvres. Pendant la première phase, de nombreux exercices ont été réalisés tels que des ravitaillements à la mer, des évolutions tactiques ou encore des entraînements au tir contre terre, contre but flottant ou contre 10 ® COLS BLEUS ® N° 3012 ® 20 AVRIL 2013

des aéronefs avec le concours des avions de chasse de la base d’aéronautique navale de Landivisiau. La seconde phase de Morskoul avait pour objectif d’entraîner les chasseurs de mines tripartites afin de

valider, tout comme les bâtiments de surface, les normes d’entraînement à la qualification opérationnelle. À la fin de la semaine, une période d’entraînement conjointe a permis à tous les participants à Morskoul de profiter de la présence et de la diversité technique des bâtiments pour développer une parfaite complémentarité et entretenir les savoir-faire des manœuvres conjointes indispensables au bon déroulement de leurs missions opérationnelles. ®

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LE PÉGASE ET LE SAGITTAIRE EN MISSION EN OCÉAN INDIEN 1 Partis de Brest vers l’océan Indien le 19 mars 2013 à bord du Jumbo Jubilee, un navire affrété, les deux chasseurs de mines tripartites (CMT) Sagittaire et Pégase ont été débarqués à Abu Dhabi le 10 avril. La Marine nationale conduit tous les deux ans des opérations de guerre des mines dans le Golfe et en océan Indien afin de garantir la liberté de navigation dans la zone et de partager un savoirfaire reconnu avec les marines riveraines. En 2013, à l’occasion de l’exercice International mine countermeasures (IMCMEX) organisé au mois de mai, ce déploiement participera notamment au développement de la coopération avec les marines britannique et américaine. 138 marins forment ce groupe de guerre des mines, dont un état-major tactique qui assure la conduite à terre des opérations des deux chasseurs de mines et un détachement de plongeurs démineurs. Un tel transit à bord d’un bâtiment affrété est une première pour la Marine française. Cette expérimentation devrait permettre de valoriser l’emploi et la préparation des équipes pendant les transits et de doubler la durée du déploiement du groupe de guerre des mines dans le Golfe. Les deux chasseurs de mines ont été débarqués par grues dans la base navale française, manipulation inverse de celle qui avait été effectuée à Brest en mars, mais cette fois sous un soleil écrasant. Ils sont désormais amarrés à couple, le temps d’une rapide remise en condition des deux bâti-

LES DEUX CHASSEURS DE MINES SAGITTAIRE ET PÉGASE ONT ÉTÉ DÉBARQUÉS À ABU DHABI LE 10 AVRIL.

ments, qui appareilleront le 21 avril, pour débuter leur mission. La guerre des mines constitue un domaine d’excellence de la Marine qui contribue à la crédibilité de la dissuasion et à la sûreté de nos approvisionnements,

permettant ainsi de renforcer notre capacité d’action. Les unités de guerre des mines ont vocation à être projetées au sein d’une force navale nationale ou interalliée lorsque les opérations se déroulent à proximité de côtes plus sensibles au risque « mines ». ®

MARINES ÉTRANGERES CORVETTES LANCE-MISSILES ALLEMANDES DU TYPE 130 Les trois dernières corvettes lance-missiles du type 130, mises à flot en 2007, ont été mises en service ces dernières semaines : la F 262 Erfurt l’a été le 28 février, la F 263 Oldenburg le 21 janvier et la F 264 Ludwigshafen am Rhein le 21 mars 2013. Les deux premières unités de la série, les F 260 Braunschweig et F 261 Magdeburg mises à flot en 2006, l’avaient été pour leur part dès les 16 avril et 22 septembre 2008 mais avec un système de combat incomplet. Différents problèmes rencontrés lors des premiers essais à la mer, ont nécessité un retour des bâtiments dans leurs chantiers de construction. Ces derniers ont profité de cette immobilisation pour ajouter un propulseur d’étrave non prévu à l’origine. Ces cinq corvettes vont remplacer les huit derniers patrouilleurs lance-missiles du type 143 A âgés d’une trentaine d’années ; conçus pendant la guerre froide pour les opérations en Baltique afin de stopper une éventuelle invasion des forces navales du Pacte de Varsovie, leurs missions ont considérablement changé avec la chute du mur de Berlin et la dissolution du bloc de l’Est ; leur théâtre d’opérations s’est en partie déplacé vers la Méditerranée orientale, notamment dans le cadre de la Finul au large du Liban. Avec leur tonnage plus important, les corvettes du type 130 remplaceront avantageusement ces patrouilleurs lance-missiles et seront mieux à même de remplir les missions pouvant les éloigner des côtes allemandes ; toutefois la réduction du budget alloué aux forces armées a entraîné l’annulation des dix autres unités du même type qui devaient être construites. Elles seront en partie remplacées par une série de six bâtiments multirôles livrables en 2019-2020 qui constitueront le type MKS 180 Mehrzweckkampfschiff et auront un déplacement plus élevé. CV (R) BERNARD PRÉZELIN, FLOTTES DE COMBAT

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PASSION

Marine

GENDARMERIE MARITIME

LA CINQUIÈME FORCE DOSSIER RÉALISÉ PAR LE LV COLOMBAN ERRARD 12 ® COLS BLEUS ® N° 3012 ® 20 AVRIL 2013

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LA GENDARMERIE MARITIME EN CHIFFRES 1 état-major (basé à Houilles, région parisienne) 1 100 militaires, dont près de 300 embarqués MÉTROPOLE • 3 groupements : un par façade maritime (1 à Brest, 1 à Toulon et 1 à Cherbourg) • 8 compagnies, 10 brigades de surveillance du littoral • 1 patrouilleur rapide de 37 m • 2 patrouilleurs côtiers de 32 m • 19 vedettes côtières de surveillance maritime de 20 m • 1 vedette de 14 m • 8 vedettes de surveillance maritime portuaire • 1 section de recherches à Houilles (et un détachement par façade maritime) • 1 centre national d’instruction à Toulon OUTRE-MER • 2 brigades à terre (1 en Polynésie et 1 en Nouvelle-Calédonie) • 2 patrouilleurs côtiers de 32 m (1 en Guadeloupe et 1 en Polynésie) • 5 vedettes côtières de surveillance maritime de 20 m (2 en Guyane, 1 à La Réunion, 1 à Mayotte et 1 en Nouvelle-Calédonie)

u mariage de l’ancre et de la grenade est née à la fin du XVIIIe siècle l’appellation de Gendarmerie maritime, héritière des prévôts et archers de la mer. Rattachée au ministère de la Défense, cette force est mise pour emploi auprès du chef d’état-major de la Marine. Gendarmerie spécialisée adaptée au monde maritime, elle constitue, aux côtés de la Force d’action navale, de l’Aéronautique navale, de la Force océanique stratégique et de la Force des fusiliers marins et commandos, la cin-

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quième force de la Marine nationale. La Gendarmerie maritime est une force atypique. Elle assure un lien entre les ministères de la Défense et de l’Intérieur, mais aussi entre la mer et la terre. Alliant deux cultures et donc deux technicités, gendarmerie et marine, les gendarmes maritimes ont cinq missions principales, mais un seul et même environnement: la mer. Dans un pays qui compte aujourd’hui pas moins de 11 millions de kilomètres carrés d’espace maritime, les 1100 militaires de cette force – dont près de 300 embarqués – apportent leur

contribution à la protection-défense, la sûreté portuaire, la surveillance du littoral, la police administrative et judiciaire et la sauvegarde maritime. La Gendarmerie maritime est un acteur essentiel de l’action de l’État en mer. Ses partenaires au quotidien : les unités de la Marine, la direction des affaires maritimes, les douanes, la police aux frontières et toutes les unités côtières de gendarmerie. Ces hommes et ces femmes ont coutume de se résumer dans cette devise : « gendarme par vocation, marin par passion». ® COLS BLEUS ® N° 3012 ® 20 AVRIL 2013 ® 13

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Marine

Formation

LES « GENDMAR » À L’ÉCOLE DE LA MER our qualifier les formations dispensées au Centre national d’instruction de la Gendarmerie maritime (CNIGM), son commandant, le lieutenant-colonel Pagnac, parle souvent de jeu de Lego », témoigne le maréchal des logischef Vadim Briard, qui termine sur le port de Toulon l’arrimage du bateau-école. À 33 ans, il est la parfaite illustration de la formation multiple dispensée par le centre. « Après des débuts en Gendarmerie mobile puis en Gendarmerie départementale, j’ai rejoint la Gendarmerie maritime. Né en bord de mer, c’était une vraie vocation, j’étais attiré par cette double technicité de gendarme et de marin. J’ai donc enchaîné les formations proposées par le CNIGM : formation initiale, stage de mécanicien, police en mer et police des pêches. » Chaque année, le CNIGM reçoit 650 élèves issus de la Gendarmerie maritime (80 % des stagiaires), de la Gendarmerie départementale (15 %), de la Marine nationale (4 %) et de pays tiers (1 %).

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ISSUS DE LA GENDARMERIE MOBILE OU DÉPARTEMENTALE, LES FUTURS GENDARMES MARITIMES SONT FORMÉS AU CNIGM AVANT D’ACQUÉRIR LES QUALIFICATIONS DISPENSÉES PAR LA MARINE.

« Sur la majeure partie des bâtiments armés par la Gendarmerie maritime, le standard de la Marine nationale est le seul reconnu : chef de quart navigateur, mécanicien, électricien et plongeur de bord, souligne le capitaine Patrick Gogeon, directeur de l’enseignement. Nous assurons la remise à niveau ici même ou à distance pour permettre

ensuite aux élèves de suivre les qualifications dispensées par la Marine dans ses écoles afin de se mettre au niveau exigé. À l’issue de leur formation et en fonction du cursus choisi, les gendarmes seront ensuite affectés à bord d’un patrouilleur de la Gendarmerie maritime ou sur une vedette côtière de surveillance maritime. » ®

Protection-défense

SÉCURISER LA BASE OPÉRATIONNELLE DE L’ÎLE LONGUE a lutte antiterroriste est une activité quotidienne qui demande une vigilance permanente. Assurer la protection de la dissuasion nucléaire est capital. Cela passe par la sécurisation de tout ce qui rentre ou sort de la base opérationnelle de l’île Longue, des centres de transmissions ou du site pyrotechnique du Guenvénez. » Le décor est planté par le chef d’escadron Serge Vivès, commandant la compagnie de Gendarmerie maritime de l’île Longue, sous les ordres duquel 113 gendarmes maritimes contribuent à la protection-défense de la Force océanique stratégique, aux côtés des fusiliers marins. Au quotidien, cela implique l’armement d’une dizaine de postes pour contrôler l’accès à des zones de sensibilités différentes, mais aussi escorter des matériels sensibles, sécuriser les différents secteurs et assurer le « blanchiment » des bassins ou des axes sensibles ou encore surveiller la zone d’approche interdite autour de l’île Longue, mener diverses enquêtes judiciaires et assurer la mission permanente de renseignement. Contrôle des véhicules, surveillance des

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14 ® COLS BLEUS ® N° 3012 ® 20 AVRIL 2013

accès… avec 3 000 entrées et sorties quotidiennes et une activité confidentielle, le site requiert une attention très particulière. «La menace terroriste n’est jamais écartée, on s’y prépare en permanence, rassure le chef d’escadron Vivès. Nous effectuons des entraî-

nements réguliers de protection-défense où l’on se teste sur différents scenarios. La détection et l’interpellation réelle d’intrus ou les entraînements effectués conjointement avec la Marine légitiment notre action au sein de la base opérationnelle de l’île Longue. » ®

3 000 ENTRÉES ET SORTIES QUOTIDIENNES FILTRÉES ET SURVEILLÉES POUR LE SEUL SITE DE LA BASE OPÉRATIONNELLE DE L’ÎLE LONGUE.

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Sûreté maritime

PROTÉGER LES PORTS STRATÉGIQUES

ort du Havre. Des explosifs placés par des terroristes sous la ligne de flottaison d’un navire de commerce viennent de déchirer sa coque. Le bateau sombre dans le chenal, bloquant le trafic portuaire pour une durée indéterminée. Les tankers ne peuvent plus acheminer le pétrole. Dans quelques jours, les aéroports de la région parisienne ne seront plus approvisionnés en carburant. Heureusement, il ne s’agit que d’un scenario fictif d’acte de terrorisme maritime. Précisément le type d’action que les missions du Peloton de sûreté maritime et portuaire (PSMP) visent à empêcher. Métropole maritime internationale, la ville du Havre abrite le cinquième port européen. C’est également un site industriel et pétrolier, le port français le plus important en nombre de conteneurs réceptionnés. Depuis les événements du 11 septembre 2001, le code international pour la sûreté des navires et des installations portuaires (ISPS) a vu le jour. Les gendarmes maritimes du PSMP ont pour mission d’assurer la sûreté maritime du port et de ses approches, et donc de vérifier au quotidien que les navires de tout type respectent les normes ISPS. Ici, les pétroliers, porte-conteneurs géants, chimiquiers, rouliers, transbordeurs à passagers et autres paquebots de tourisme se partagent le plan d’eau et les quais. Pour les trente-six gendarmes maritimes qui constituent ce peloton, une connaissance fine du milieu maritime et des acteurs locaux, régionaux ou internationaux est par conséquent impérative. Or, les effectifs sont loin d’être pléthoriques pour accomplir cette mission de confiance. « Nous cumulons tous plu-

LES PLONGEURS S’APPRÊTENT À EFFECTUER UNE INSPECTION DE COQUE DANS LA ZONE D’ATTENTE AU LARGE DU PORT DU HAVRE.

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À BORD DE LEUR VEDETTE, LES GENDARMES MARITIMES PATROUILLENT POUR ASSURER LA SÛRETÉ DES NAVIRES ET DES INSTALLATIONS PORTUAIRES.

sieurs compétences : mécaniciens, manœuvriers, pilotes, officiers de police judiciaire, plongeurs, cynotechniciens spécialistes en recherche d’explosifs », explique le lieutenant Jean Ducret, qui commande le peloton. Au quotidien, son équipe travaille en coordination avec la Marine, les douanes, la police, les Affaires maritimes, l’équipe du port et les partenaires de l’activité maritime : des pêcheurs aux plaisanciers en passant par les dockers. La sécurisation des quais fait partie des prérogatives du peloton, à terre grâce aux équipes cynophiles ou sous la surface avec les plongeurs. Le peloton déploie ses gendarmes maritimes à bord des deux vedettes insubmersibles de 12 mètres. Les équipes cynophiles embarquent également à bord des navires en « zone d’attente », à proximité du chenal d’accès au port. Ils vont investiguer les zones sensibles, notamment la passerelle de navigation ou les locaux barre et

machines. Dans le viseur : les transports illicites de marchandises, l’immigration clandestine, les actions terroristes ou autres actes de malveillance. Au préalable, une équipe a déterminé quels bâtiments présentaient un intérêt particulier compte tenu de nombreux critères : pavillon, cargaison, provenance ou destination potentiellement sensible. Dans une eau à la transparence parfois douteuse, les plongeurs inspectent la coque du navire à la recherche de tout élément qui leur paraîtrait suspect. Près de 800 navires par an sont ainsi ciblés, 370 visités et 650 escortes réalisées, les vedettes et leurs équipages totalisant plus de 10 000 heures de surveillance maritime. Dans un rôle de prévention et de dissuasion, les gendarmes maritimes du PSMP pourraient compter sur l’appui de forces spécialisées dans le contre-terrorisme maritime si la situation l’exigeait. ® COLS BLEUS ® N° 3012 ® 20 AVRIL 2013 ® 15

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PASSION

Marine

Surveillance maritime

EN « MARÉE » AVEC LA CHARENTE ross de VCSM Charente, nous effectuons un contrôle sur le Moby Dick ! » La vedette côtière de surveillance maritime (VCSM) de 20 m Charente procède à des opérations de police des pêches et de police de la navigation, jusqu’à une vingtaine de nautiques (environ 36 km) des côtes, de jour comme de nuit. « Le semi-rigide nous permet d’envoyer une équipe de contrôle à bord des bateaux de pêche ou des navires de plaisance pour effectuer les vérifications d’usage. Nous restons le plus souvent dans la pédagogie – notamment avec les plaisanciers – mais les infractions font bien entendu l’objet de verbalisations », explique le maréchal des logis-chef Gabriel Renard, second de la Charente. « Avant d’intervenir, nous interrogeons le Cross. Ils conservent en effet l’historique des contrôles auxquels procèdent les différentes composantes de l’action de l’État en mer. Le détail du contrôle est consigné dans une fiche du système « SATI » (système automatisé de traitement des inspections). Nous veillons ainsi au respect des réglementations française et européenne et partageons les informations avec les administrations qui ont légi-

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POLICE DES PÊCHES ET CONTRÔLE DES PLAISANCIERS SONT LES MISSIONS PRINCIPALES DE L’ÉQUIPAGE DES VEDETTES CÔTIÈRES.

timement besoin d’en connaître. » Basée à La Rochelle, la VCSM Charente couvre une vaste zone. Au total, pas moins de 700 km de côtes et trois départements (Vendée, CharenteMaritime et Gironde). L’équipage embarque parfois plusieurs jours en « marée » pour arpenter le pertuis d’Antioche, observer le Coureau d’Oléron, contrôler le bassin d’Arcachon ou quadriller les cinq îles de la zone (dont celles d’Oléron, de Ré, et d’Aix). « Les marées nous permettent de rencontrer les acteurs de la zone, parfois aussi de procéder à des auditions liées à des affaires en cours. Les relâches dans les ports des environs nous offrent l’occasion de contrôler les retours de pêche des chalutiers palangriers et autres fileyeurs », précise le maréchal des logis-chef Gabriel Renard. Chaque mois, un équipage de six à huit gendarmes maritimes passe entre dix et vingt jours en mer. Restés à terre, les autres gendarmes de la brigade travaillent avec leurs interlocuteurs sur les dossiers liés aux opérations conduites en mer. Vingt-trois autres vedettes similaires assurent les mêmes missions tout le long des côtes françaises, en métropole et outre-mer. ®

Surveillance du littoral

DES PATROUILLES ENTRE TERRE ET MER ne de mes patrouilles part en contrôle de la filière pêche dans les environs des Sables d’Olonne », explique le major Pascal Cohuet, en montrant sur une carte l’étendue des 700 km de côtes que couvre la brigade de surveillance du littoral (BSL) de La Rochelle. Si la surveillance du littoral côté mer incombe plus particulièrement aux bâtiments de la Gendarmerie maritime, le contrôle de la bande côtière est possible grâce à dix unités à terre. « Le quotidien des BSL est simple : veiller au respect des réglementations française et européenne, en répondant aux impératifs dictés par la mer (horaires et amplitude des marées, météo…).»

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LES PATROUILLES VEILLENT AU RESPECT DES RÉGLEMENTATIONS FRANÇAISE ET EUROPÉENNE. 16 ® COLS BLEUS ® N° 3012 ® 20 AVRIL 2013

« Nos équipes sont réactives et polyvalentes, témoigne l’un des gendarmes en écho au commandant de la BSL. Les patrouilles s’adaptent à la saison et aux activités du moment. La sécurité des loisirs nautiques occupe une partie de l’été, il y a aussi la pêche à pied ou en mer, mais le fil rouge de l’année reste la surveillance de la pêche professionnelle. En ce moment, vous nous retrouverez souvent à la débarque dans les ports, dans les criées ou chez les revendeurs. » Pour mener à bien ses missions, la BSL dispose d’un semi-rigide, d’un véhicule tout-terrain et de motos routières et enduro. Les gendarmes maritimes peuvent ainsi effectuer des contrôles même dans les lieux les moins accessibles et éviter que ne subsistent des zones de non droit. ®

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Police judiciaire

COSTA CONCORDIA, 500 RESSORTISSANTS FRANÇAIS À AUDITIONNER e 13 janvier 2012, le paquebot de croisière Costa Concordia s’échouait au large de la Toscane avec plus de 4 000 personnes à bord. À première vue, l’affaire concerne surtout les autorités italiennes. Sauf que 462 ressortissants français, originaires de métropole ou d’outre-mer, figurent parmi les naufragés. La section de recherches (SR) est saisie par le Parquet de Paris. Pour les gendarmes maritimes, l’enquête ne fait que commencer. Il faut préparer un canevas d’auditions types à diffuser aux différentes unités de Gendarmerie maritime qui seront chargées du recueil des auditions de chacun des plaignants. C’est la mobilisation générale chez les « gendmar » qui se partagent le recueil des plaintes par groupement, en fonction de l’origine géographique des sinistrés. Sur l’île de la Réunion, par exemple, 59 auditions ont été menées. « Le recueil des témoignages avait un double intérêt : apporter une écoute attentive à nos concitoyens d’outre-mer et faire avancer la procédure, pour mieux défendre ensuite les intérêts des sinistrés », commente l’adjudantchef Delarasse qui a dû réorganiser l’emploi du temps de son équipe réunionnaise pendant un mois pour conduire cette mission. « La plus-value des gendarmes maritimes dans cette enquête, c’est la maîtrise de cet environ-

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APRÈS LE DRAME DU COSTA CONCORDIA, LES GENDARMES MARITIMES ONT AUDITIONNÉ EN MÉTROPOLE ET OUTRE-MER PLUS DE 450 TOURISTES FRANÇAIS VICTIMES DU NAUFRAGE.

nement et de la terminologie maritime, précise le lieutenant-colonel qui dirige la section de recherches. Les autorités italiennes se sont d’ailleurs servies de notre questionnaire comme canevas à proposer à d’autres nations. Ainsi, en établissant ce standard, nous parlions tous le même langage. » Trois mois et deux cartons de déménagement

pleins seront nécessaires pour le seul recueil des plaintes, en vue de constituer la procédure exploitable pour la justice. Un travail de fourmi (900 jours de travail rapportés à un individu) qui sera essentiel à l’heure où l’enquête devra déterminer les circonstances exactes du naufrage et de l’évacuation et défendre les intérêts de nos concitoyens dans cette affaire. ®

TRIBAL KAT, LA GENDARMERIE SPÉCIALISÉE AU TOP DES PROCÉDURES e 8 septembre 2011, le catamaran Tribal Kat est attaqué par des pirates au large du Yémen. À son bord, un couple de Varois partis faire un tour du monde. Interceptés par les bâtiments de la force européenne de lutte contre la piraterie Atalante, dont un des bras armés était la frégate Surcouf, les pirates

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présumés ont été rapatriés en France selon les termes de la loi du 5 janvier 2011 relative à la lutte contre la piraterie et l’exercice des pouvoirs de police de l’État en mer. « Nous avions un objectif capital : éviter à tout prix de fragiliser la procédure, explique le lieutenant-colonel qui commande la section de

POUR ÉVITER TOUT VICE DE PROCÉDURE, LE TRANSFERT VERS LA FRANCE DES SEPT PIRATES PRÉSUMÉS A EXIGÉ UNE IMPORTANTE LOGISTIQUE.

recherches, à qui le dossier avait été confié. De leur interception en mer à leurs interrogatoires dans nos locaux de Houilles en région parisienne, en passant par les aéroports internationaux de Salaalah (Oman) et Paris Charles de Gaulle, sans oublier un détour obligatoire par l’hôpital Percy, il fallait éviter tout vice de procédure. Une gageure compte tenu de la variété de statuts liés aux zones géographiques par lesquelles ils transitaient. L’ensemble a demandé la mise en place d’une importante logistique pour faire venir chacun des enquêteurs ou responsables juridiques dans le bon tempo. Pour sept pirates présumés, cinquante-sept enquêteurs ont été mobilisés. Après la notification des droits aux pirates présumés à leur arrivée en France, nous n’avions que 96 heures pour procéder à l’ensemble des actes de procédure prévus par la loi. La section de recherches de la Gendarmerie maritime a aussi été chargée de réaliser des investigations sur le voilier, rapatrié sur la base navale de Toulon. Une remarquable opération de police judiciaire qui a consacré la maturité d’une gendarmerie spécialisée et sa capacité à gérer ces situations atypiques.» ® COLS BLEUS ® N° 3012 ® 20 AVRIL 2013 ® 17

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PASSION

Marine

Sauvegarde maritime

IMMIGRATION CLANDESTINE À MAYOTTE : UNE VEILLE EFFICACE

e plus difficile dans cette mission est de croiser au quotidien le regard désespéré de toutes ces personnes, touchées par une misère extrême, qui risquent leur vie et celle de leur famille dans le fragile espoir d’une vie meilleure. À bord, nous les accueillons, notamment les plus jeunes, avec bienveillance. » L’adjudant Tony Prin est navigateur sur l’Odet. Avec l’équipage de la vedette de Gendarmerie maritime, il a procédé récemment à l’interception d’une « Kwassa », ces embarcations précaires de

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6 à 10 mètres à bord desquelles s’entassent jusqu’à 60 Comoriens qui tentent d’échapper au dénuement de cette république située au nord du canal du Mozambique. Plusieurs radars fixes scrutent en permanence l’espace maritime et complètent le dispositif dynamique du 101e et dernier créé des départements français au cœur de l’océan Indien. La proximité entre les quatre îles principales de l’archipel des Comores, les liens familiaux ancestraux et la précarité conduisent un très grand nombre de Comoriens à tenter d’effectuer la traversée. Placée sous le commandement opérationnel du commandant supérieur à La Réunion, l’unité de Gendarmerie maritime a pour mission principale la lutte contre l’immigration irrégulière par voie de mer et donc l’interception de ces embarcations venant principalement d’Anjouan, une île distante de seulement 35 nautiques (60 km). 

L’effectif de l’unité se compose d’un officier, de neuf sous-officiers, de deux officiers mariniers (mécaniciens BS) et d’un Gendarme adjoint volontaire interprète en dialectes et langues locales. Avec son semi-rigide de 13 mètres Vetiver, armé par un équipage mixte Marine-Gendarmerie maritime, la Marine contribue également à ce combat, en coopération étroite avec la Gendarmerie départementale et la Douane. En 2012, Odet et Vetiver ont intercepté une centaine d’embarcations et près de 2 200 immigrants illégaux. Des chiffres en augmentation constante : ils étaient 737 en 2010 et 1978 en 2011. ®

DANS L’ARCHIPEL DES COMORES, LES GENDARMES MARITIMES DE MAYOTTE DOIVENT CONTRER UN FLUX IMPORTANT DE MIGRANTS.

PÊCHE ILLÉGALE EN GUYANE : INTERVENTIONS MUSCLÉES

our échapper aux contrôles, les bateaux de pêche opèrent en flottille. Quand ils nous aperçoivent, les pêcheurs de ces “tapouilles” larguent leurs filets, se regroupent et filent vers les eaux brésiliennes. Ils reviennent quelques jours plus tard les récupérer, témoigne le major Bernard Lecomte qui commande la vedette Mahury basée à Cayenne (base navale de Dégrad-desCannes). De plus en plus souvent, les capitaines des tapouilles refusent les contrôles. Les pêcheurs se protègent avec leurs propres filets et nous jettent divers projectiles afin de contrer les équipes de visite chargées des contrôles d’usage. » Les eaux au large de la Guyane française, de la frontière du Suriname à celle du Brésil, sont particulièrement riches en res-

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18 ® COLS BLEUS ® N° 3012 ® 20 AVRIL 2013

sources halieutiques. Or, en Guyane, les capitaines des bateaux pris en flagrant délit de pêche illégale risquent des peines de prison ferme. Le niveau de violence a augmenté ces derniers mois. Pour contrer les trafics, les gendarmes maritimes embarqués à bord des vedettes de surveillance côtières Mahury et Organabo conduisent ponctuellement des actions coordonnées naturellement avec les patrouilleurs P400 de la Marine nationale, qui sont les seuls à opérer en haute mer, mais

aussi avec les autres armées ou administrations qui contribuent à l’action de l’État en mer : la brigade de Gendarmerie départementale, la vedette des Douanes, l’hélicoptère Fennec de l’armée de l’Air. La coopération peut être internationale avec la Marine brésilienne par exemple. À terre, où l’orpaillage illégal se développe, les gendarmes maritimes présents en Guyane sont également à l’affût pour contrer les nouvelles méthodes des trafiquants, en mer comme sur les fleuves. ®

LES « TAPOUILLES » SE PROTÈGENT DES CONTRÔLES EN S’ENTOURANT DE LEURS PROPRES FILETS.

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Des « gendmar » pas comme les autres CAYENNE : DES GENDARMES AUX AFFAIRES MARITIMES vec trois autres sous-officiers, le major Patrick Bajean est mis pour emploi auprès du directeur des Affaires maritimes à Cayenne. Orientée principalement sur le contrôle de la filière des pêches, son équipe est compétente sur tout le département de la Guyane et sa zone économique exclusive. En complément d’un bateau de 8 mètres et des deux vedettes de gendarmerie maritime Organabo et Mahury, les gendarmes maritimes de Cayenne ne peuvent faire sans les retours d’informations des deux patrouilleurs de type P400 de la Marine capable de tenir la haute mer et de la vedette des Douanes qui opère dans cette zone. « Ils sont nos yeux et nos oreilles à la mer, commente le major. Le suivi des procédures et des enquêtes judiciaires occupe la majeure partie de notre temps. Nous sommes les experts techniques des autres administrations qui contribuent à l’action de l’État en mer. Afin d’éviter les vices de procédure dans les dossiers ayant trait aux navires français et étrangers qui contreviennent à la réglementation maritime en vigueur, dans tous les domaines, nous partageons avec eux notre connaissance technique. » ®

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LES OFFICIERS DE POLICE JUDICIAIRE SONT APPELÉS À CONDUIRE DES INVESTIGATIONS EN DIFFÉRENTS POINTS DU GLOBE.

OPJ PROJETÉS : DES MARINS CHEZ LA TACTIC DU GENDMAR LES GENDMAR a qualification d’officier de police judiciaire (OPJ) confère toutes les attributions pour mener les enquêtes judiciaires, des constatations à la rédaction de la procédure et au placement en garde à vue. Cette qualification, objet d’un examen national, est détenue par la moitié des gendarmes maritimes qui arment les bâtiments de la Gendarmerie maritime. Certains de ces enquêteurs cumulent les qualifications : techniciens en police technique et scientifique de proximité des unités de terrain, coordinateurs et techniciens en identification criminelle (TIC) des unités de recherches sur les scènes de crime, pour effectuer des prélèvements par exemple, ou spécialistes en délinquance financière, analyse criminelle ou en nouvelles technologies. Enfin, certains sont des plongeurs, spécialistes en investigations subaquatiques (TIS). Rassemblés au sein de la section de recherches et ses trois détachements (Toulon, Cherbourg et Brest), ces spécialistes sont amenés à être projetés si besoin sur les bâtiments de la Gendarmerie maritime, de la Marine nationale, mais aussi outre-mer si l’enquête requiert leur niveau de compétences. ®

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e l’appelez pas « gendarme Damien Eyquem », le second maître mécanicien pourrait vous en vouloir. Contrairement à ce que son statut pourrait laisser croire, le « bidou » du patrouilleur de 32 mètres la Jonquille – plus jeune membre de l’équipage dans le grade le moins élevé – a une solide culture maritime. Au sein des équipages de la Gendarmerie maritime, la Marine nationale est également présente. Avec plus de 900 jours de mer au compteur et des affectations sur le Charles de Gaulle ou sur remorqueur, il partage avec les gendarmes maritimes son expérience de la mer. « Comme mécanicien, fort de mes précédentes affectations dans la Marine, je peux aider l’équipage dans nos relations avec l’atelier. J’ai demandé à prolonger mon affectation. J’envisage de parfaire mes connaissances sur la gendarmerie : je sens qu’il est important d’acquérir cette sensibilité pour me sentir vraiment au point dans mon poste et contribuer encore mieux à l’activité de la Gendarmerie maritime en appréciant mieux leur manière de travailler. S’adapter en toute circonstance, c’est le point fort des marins ! » ®

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LE SECOND MAÎTRE DAMIEN EYQUEM PARTAGE SON EXPÉRIENCE ET SES SAVOIR-FAIRE DE MÉCANICIEN AVEC LES GENDARMES MARITIMES.

AU PORT DE CAYENNE, UN NAVIRE VÉNÉZUÉLIEN EST DÉROUTÉ PAR LA MARINE NATIONALE POUR PÊCHE SANS AUTORISATION DANS LA ZEE FRANÇAISE.

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VIE DES

unités

LA FREMM AQUITAINE INTÈGRE UNE FORCE NAVALE DE L’US N Dans le cadre de son déploiement longue durée (DLD), l’Aquitaine a rejoint plusieurs bâtiments de l’US Navy pour participer, pendant une semaine, à l’entraînement Independant Deployer au large de la côte est des États-Unis. L’enjeu était de taille : vérifier son interopérabilité avec la marine de référence. Pari réussi, la Fremm a joué à armes égales avec les bâtiments américains et a démontré ses aptitudes.

LA FREMM AQUITAINE INTÉGRÉE À UNE FORCE NAVALE AMÉRICAINE LORS DE L’ENTRAÎNEMENT INDEPENDANT DEPLOYER.

1 J-1 : Derniers préparatifs avant l’intégration de l’Aquitaine dans l’entraînement Independant Deployer. Samedi 30 mars, au large de la côte est des États-Unis, la frégate Aquitaine et le croiseur

américain USS Philippine Sea se sont retrouvés en mer pour un ultime briefing de préparation. À cette occasion, l’amiral Craig, commandant la Strike Force Training Atlantic, a embarqué quelques heures à

bord de l’Aquitaine. Dès la nuit suivante, la Fremm s’insérait dans le dispositif des bâtiments de surface américains pour une mission d’interdiction maritime.

RAVITAILLEMENT DE L’AQUITAINE EN COMBUSTIBLE DE NAVIGATION PAR LE PÉTROLIER-RAVITAILLEUR AMÉRICAIN JOHN LENTHALL.

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S NAVY DÉFI DE L’INTEROPÉRABILITÉ RELEVÉ ! Independant Deployer est l’exercice de certification des unités de l’US Navy qui vont partir, si elles sont qualifiées, en déploiement individuel, c’est-à-dire en dehors de l’escorte de groupes expéditionnaires ou aéronavals.

L’Aquitaine, polyvalente et performante La Fremm Aquitaine doit être capable, comme l’indique son acronyme, d’assurer un grand nombre de missions : lutte anti-sous-marine, lutte antinavire, auto-défense antiaérienne, recueil de renseignement… Independant Deployer a permis de mettre en évidence cette polyvalence : les visites de bâtiments suspects et les patrouilles sous menaces aériennes et de surface se sont enchaînées à un rythme intense. Opposée à un groupe impressionnant de bâtiments et d’aéronefs de l’US Navy jouant les « bad guys », la Fremm et son hélicoptère Caïman n’ont pas ménagé leurs efforts pour détecter, pister puis, sur l’ordre des commandants de lutte, engager avec succès les pistes cherchant à s’opposer à la puissante armada. Ainsi, grâce aux « chats » sécurisés, les équipes du central opérations, en contact permanent avec l’état-major américain embarqué et avec les bâtiments alliés, ont parfaitement assumé leur rôle au sein de la force navale. L’excellente interopérabilité des liaisons de données tactiques (L11) a permis à l’Aquitaine, au même titre que les autres bâtiments, de partager avec l’ensemble de la force les informations recueillies par ses propres senseurs, échanges indispensables pour conduire efficacement des opérations conjointes. Le Caïman Marine, qui met également en œuvre les données tactiques pour transmettre en temps réel les pistes qu’il détecte, s’est révélé quant à lui particulièrement précieux. Sa large autonomie et son radar embarqué de dernière génération ont décuplé les portées de détection de la Fremm, LE CAÏMAN MARINE, QUI DÉCUPLE LES PORTÉES DE DÉTECTION DE LA FREMM, S’EST RÉVÉLÉ PARTICULIÈREMENT PRÉCIEUX LORS DE L’ENTRAÎNEMENT.

L’AMIRAL CRAIG, COMMANDANT LA STRIKE FORCE TRAINING ATLANTIC, ET LE CV BENOIT ROUVIÈRE, COMMANDANT DE L’AQUITAINE LORS DU BRIEFING DE PRÉPARATION.

constituant ainsi un tandem complémentaire, performant et très prometteur au sein d’une force navale.

Un bilan positif donc ! Au bilan, après plusieurs jours d’entraînements complets et variés, la Fremm a démontré qu’elle avait toute sa place au sein de la première marine du monde. Ses précieuses capacités techniques, associées à celles de son hélicoptère Caïman et au savoir-faire de son équipage, ont permis au bâti-

ment de relever le défi de ce premier entraînement interallié. Ce constat très positif et les enseignements tirés contribueront, dans les semaines à venir, à poursuivre et terminer le développement du système de combat. Dans les prochaines étapes de ce processus, l’Aquitaine devrait recevoir un système plus complet de guerre électronique ainsi qu’une liaison de données supplémentaire, la L16, particulièrement adaptée aux opérations aéromaritimes. En 2014, l’intégration à bord des missiles de croisière débutera. ®

CV BENOIT ROUVIÈRE, COMMANDANT DE LA FREMM AQUITAINE

« UNE PREMIÈRE CONFRONTATION ESSENTIELLE » Qu’est-ce que signifie « l’interopérabilité » ? Dans le cas présent, cela signifie être capable d’opérer conjointement avec la première marine mondiale, celle des États-Unis. Plus concrètement, il nous faut vérifier que nos équipements sont parfaitement compatibles, que nos procédures sont rodées et que nous arrivons à exécuter ensemble toutes missions opérationnelles qui pourraient nous être confiées. Quelles étaient vos attentes concernant Independant Deployer ? C’était la première fois que la Fremm était intégrée dans un dispositif aéronaval de cette importance, de surcroît composé exclusivement d’unités américaines : croiseurs, grands destroyers de dernière génération, aéronefs de tous types… Cette première confrontation était essentielle : elle devait permettre de bien mesurer l’état de maturité du système de combat et, plus généralement, de confirmer l’aptitude du bâtiment le plus moderne de la flotte française à tenir son rang dans un environnement aussi exigeant. Quel bilan faites-vous de la participation de la Fremm à cet entraînement ? Le résultat est au-delà de mes espérances. Même s’il reste des domaines à explorer, nous avons pu réaliser sans réelle difficulté toutes les actions qui nous ont été demandées par notre commandant sur zone, le contre-amiral Craig, et notre intégration à l’exercice a été totale. Je pense par ailleurs que nos amis américains ont été impressionnés par le niveau de notre prestation, avec un bâtiment neuf et un équipage aussi réduit. Les échanges que j’ai pu avoir après l’entraînement, notamment avec le commandant du Philippine Sea sur lequel l’état-major était embarqué, ne laissent planer aucun doute à ce sujet. COLS BLEUS ® N° 3012 ® 20 AVRIL 2013 ® 21

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VIE DES

unités

LA MARINE NATIONALE ATTENTIVE À L’ENVIRONNEMENT Déployée sur toutes les mers du globe, la Marine, acteur majeur du monde maritime, agit, dans le cadre de ses missions, pour la préservation de l’environnement marin. Retour sur quelques actions et initiatives phares de la Marine.

LA MARINE S’ATTACHE À LIMITER L’IMPACT ENVIRONNEMENTAL INHÉRENT À SES PROPRES ACTIVITÉS. SES MISSIONS SONT QUOTIDIENNEMENT EN FAVEUR DE L’ENVIRONNEMENT.

1 Dès 2005, la Marine a mis en place un schéma directeur environnement (SDE) qui se décline en mesures volontaristes et en actions concrètes : de la sauvegarde de la biodiversité à la prévention des pollutions et des risques. Parallèlement, la Marine œuvre pour limiter l’impact environnemental inhérent à ses propres activités. Elle adapte ses matériels et ses procédures, notamment dans la gestion des bâtiments retirés du service actif qui sont déconstruits selon un processus vertueux, dans le déminage ou l’utilisation de moyens de détection respectueux de l’environnement…

Peintures vertes pour bateaux gris Depuis 1994, la Marine utilise des peintures « propres » pour ses bâtiments, puisque toutes les peintures utilisées sont sans tributylétain. En parallèle, depuis plus de cinq ans, le Service de soutien de la flotte expérimente l’utilisation sur la coque d’une peinture encore plus vertueuse. Cette peinture à base de silicone ne comporte pas de biocide (étymologiquement : « qui tue la vie »). Ainsi, au lieu de s’accrocher à la coque et d’être tué, le film biologique va glisser sur la coque sans se fixer. Autre avantage de ce type de produit : il améliore la glisse de l’eau sur le navire, entraînant ainsi une baisse de la consom22 ® COLS BLEUS ® N° 3012 ® 20 AVRIL 2013

mation de carburant. Cette peinture est également plus résistante. Elle devrait pouvoir tenir deux ans de plus que celle utilisée précédemment. L’entretien des coques avec nécessité de passage au bassin sera donc réduit. Cette peinture est actuellement testée sur les frégates Aconit, Surcouf et Guépratte. L’emploi de ce type de peinture devrait être généralisé progressivement à l’ensemble de la flotte.

Les BPC, opérationnels et écologiques Parmi les bâtiments de la Marine, les bâtiments de projection et de commandement (BPC) prouvent que l’on peut allier performance opérationnelle et respect de l’environnement. Ces derniers répondent aux normes de l’Organisation maritime internationale (OMI), notamment dans l’application de la convention Marpol qui vise à lutter contre les

LA MARINE PARTICIPE À LA SEMAINE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE Dans le cadre de sa politique environnementale, les unités de la Marine ont participé du 1er au 7 avril à la Semaine du Développement Durable. À l’occasion de celle-ci, de nombreuses actions de sensibilisation aux problématiques environnementales ont été proposées aux marins. À Brest, un partenariat entre la base navale et l’association l’Abeille finistérienne a abouti à l’implantation d’une quinzaine de ruches sur les emprises brestoises. Le personnel militaire et civil a également pu tester vélo électrique et trottinette pour se déplacer à l’intérieur de la base, diminuant ainsi les émissions de CO2. À Toulon et ses environs, du 2 au 5 avril s’est déroulée l’opération rade propre. Ce grand nettoyage des ports civils et militaires est un véritable succès depuis cinq ans. De nombreux marins et notamment les plongeurs de la Marine ont apporté leur concours pour le nettoyage du port de plaisance de Toulon, des actions similaires étaient menées parallèlement à La Seyne-surMer et à Saint-Mandrier. Au total, 40 m3 de pneus ont été ramassés, ainsi que 40 m3 de déchets divers.

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À Toulon, par exemple, la Marine est l’un des principaux acteurs industriels de la rade. Elle a donc mis en place des actions concrètes afin de limiter l’impact environnemental de ses activités. Cela passe par exemple par l’élaboration d’un programme de travaux et de réhabilitation de ses réseaux d’eaux usées, ou encore d’un système de surveillance de celle-ci. La Marine s’attache également à la sensibilisation des marins à ces enjeux et à leur formation. À Brest, la majeure partie des emprises brestoises est concernée par le contrat de rade qui vise également à restaurer la qualité des eaux de la rade. C’est dans cette optique, par exemple, que le désherbage n’est plus désormais chimique, mais manuel.

Pas l’ombre d’un nuage au-dessus du CFPES de Toulon LE BÂTIMENT DE PROJECTION ET DE COMMANDEMENT (BPC) DIXMUDE EST L’EXEMPLE DU BÂTIMENT POUVANT ALLIER PERFORMANCE OPÉRATIONNELLE ET RESPECT DE L’ENVIRONNEMENT.

pollutions de l’espace maritime. Ils sont également dotés d’inventaires de matières potentiellement dangereuses (IMPD), documents d’identité des matériaux processus de construction qui attestent de leur non toxicité pour l’homme et l’environnement. Ils détiennent également le label « Passeport propre », récompensant le respect des démarches éco-responsables internes et externes du bâtiment. Dans ce cadre, ils sont audités chaque année par Bureau Veritas afin de garantir l’efficience de la protection de l’environnement. « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme.» L’adage de Lavoisier est particulièrement adapté au traitement des déchets à bord des BPC. Le métal est compacté, le plastique broyé, les hydrocarbures séparés et le tout stocké jusqu’à l’escale qui suit. La nouAPRÈ̀S L’ACONIT ET LE GUÉPRATTE, LA FRÉGATE SURCOUF EST LE 3E BÂ̂TIMENT DE LA MARINE NATIONALE SUR LEQUEL A ÉTÉ APPLIQUÉE LA PEINTURE À BASE DE SILICONE.

veauté pour ces bâtiments réside dans la capacité d’incinération des déchets. Ainsi, matériaux organiques, cartons et papiers, une fois broyés, peuvent être brûlés, puis, sous forme de cendre dans certaines quantités, rejetés à la mer à plus de 12 nautiques des côtes sans porter atteinte à la faune et à la flore aquatique. Le brassage narurel de la mer suffira à les diluer. Quant aux déchets médicaux, ils passent dans un compacteur spécifique avant d’être recyclés par le Service de santé des armées. De son côté, le Dixmude a la particularité de traiter ses eaux usées de façon optimisée afin de contenir la production de gaz délétère comme l’hydrogène sulfuré.

Des contrats de baie Le contrat de baie est un programme territorial d’actions environnementales à l’échelle d’une baie (ou d’une rade). Les différents acteurs économiques, industriels et institutionnels s’associent afin d’éviter les conséquences néfastes des activités humaines. Ainsi, à Toulon depuis 1997, et à Brest depuis 1998, la Marine est partie prenante des contrats de baie et s’attache à respecter les objectifs fixés par celui-ci. Le contrat de baie détermine des objectifs en termes de qualité de l’eau et de préservation du milieu marin, puis fixe les actions nécessaires pour restaurer la qualité du milieu.

Implanté au sein de la base navale de Toulon, le Centre de formation pratique et d’entraînement à la sécurité (CFPES) assure depuis 2002 la formation pratique incendie des équipages de la Marine. Chaque année, environ 15 000 stagiaires s’entraînent dans ce centre. Le CFPES dispose d’un plateau technique de dernière génération qui reproduit les configurations d’un navire, afin de confronter les stagiaires à des conditions réelles. Afin de limiter l’impact des effluents gazeux et liquides que nécessitent la formation, il s’est doté d’installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) et d’une installation classée au titre de la loi sur l’eau (IOTA). Le traitement des effluents gazeux est assuré par un système associant deux types de filtration, l’un pour les poussières, l’autre pour les composés organovolatiles que provoque la combustion des hydrocarbures. Le traitement des effluents liquides est assuré par une station d’épuration automatisée permettant le rejet des eaux épurées dans le réseau d’évacuation de la ville. ® ASPIRANT BARTHÉLEMY GRUOT

LE DÉMINAGE EN MER EST UNE MISSION SPÉCIFIQUE ET EXCLUSIVE DE LA MARINE NATIONALE. DES RÈGLES SONT FIXÉES AUX UNITÉS EN FAVEUR DE LA PROTECTION DE LA FAUNE ET DE LA FLORE POUR CHAQUE INTERVENTION.

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VIE DES PLANÈTE

unités mer

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L’INDISPENSABLE PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT MARIN La France figure parmi les pays précurseurs en matière de protection de l’environnement marin. La Marine nationale consacre ainsi une part significative de son activité opérationnelle à des missions de sauvegarde maritime. 1 L’exploitation de plus en plus intense de la mer est protéiforme. Il peut s’agir d’extraire, de produire, d’immerger. Quoiqu’il en soit, l’environnement marin subit des agressions multiples (pollutions, surpêche…). Les pays exploitant les ressources maritimes en ont pris conscience et ont étendu les missions de leur marine à une protection accrue de leurs zones maritimes.

Polmar (pollution maritime). Il s’agit d’un plan d’intervention français déclenché en cas de pollution marine accidentelle. Polmar a été, lui aussi, institué en 1978. Il sert à coordonner les hommes et à mobiliser les moyens de lutte. Le plan Polmar comprend un volet marin et un volet terrestre.

Les dispositifs de prévention et de lutte Parmi ses missions, la Marine nationale se prépare et agit dans la lutte contre les pollutions en mer. Après la terrible pollution provoquée par l’Amoco Cadiz en mars 1978 sur les côtes de Bretagne, le Centre d’expertises pratiques de lutte antipollution (Ceppol) a été créé. Cet organisme a pour mission d’étudier, d’organiser et de coordonner les moyens de lutte contre les risques de pollution. Le Ceppol a notamment été engagé dans la lutte contre les marées noires de l’Erika en décembre 1998 et du Prestige en novembre 2002. L’action de la Marine dans la lutte contre les pollutions en mer s’inscrit généralement dans le cadre du plan 24 ® COLS BLEUS ® N° 3012 ® 20 AVRIL 2013

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Les moyens de lutte La lutte antipollution dans les espaces maritimes sous juridiction française relève de la compétence du préfet maritime pour ce qui concerne la métropole, ou du délégué du gouvernement pour ce qui est de l’outre-mer. Le dispositif d’intervention de la Marine s’inscrit naturellement en complément de ceux des autres administrations. Il permet, sous la responsabilité des préfets maritimes, d’assister le navire en péril afin de sauver les personnes et, si possible, les biens, mais également d’éviter ou de limiter la pollution en remorquant le navire et en intervenant à bord avec une équipe spécialisée. En effet, les opérations de lutte

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ouest de la pointe Saint-Mathieu dans le Finistère. Ces éléments, non nocifs pour la biodiversité, sont cependant dangereux pour la circulation des autres navires et peuvent donc causer des pollutions secondaires.

Pollutions marines

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«

Ce type d’opération implique une grande réactivité et l’aptitude à braver des conditions météorologiques imprévisibles.

»

Mais le combat le plus emblématique concerne les marées noires et leur prévention. La Marine nationale s’est ainsi fortement engagée dans la lutte de pollutions tristement célèbres. Les remorqueurs spécialisés d’intervention affrétés, les Abeille, sont répartis sur le littoral métropolitain. La Marine est ainsi prête à agir dans les pires conditions météorologiques afin d’éviter de nouvelles catastrophes. La Marine possède également quatre bâtiments de soutien, d’assistance et de dépollution (BSAD), en complément. Basés à Brest et à Toulon, ils sont spécialement équipés pour la lutte contre les pollutions et peuvent être mis à la disposition des préfets maritimes. Enfin, en liaison avec la douane, la Marine lutte contre les dégazages et déballastages sauvages. Bien qu’en diminution à la suite d’amendes record (2 millions d’euros pour le navire libérien Valentia), ils restent encore trop nombreux. Uniquement pour la Méditerranée, l’association de protection de l’environnement WWF (World Wild Fund) estime à 1,5 millions de tonnes les quantités de pétrole rejetées à cause de dégazages et déballastages sauvages : l’axe Barcelone-Gênes, avec 2 500 navires qui y transitent chaque jour, est ainsi surnommé l’autoroute des pollutions. Deuxième axe de lutte : la récupération des polluants. Les BSAD permettent de rapidement déployer des barrages de haute mer et côtiers, des récupérateurs et écrémeurs, des filets de récupération, des réservoirs mobiles et produits dispersants. Les barrages flottants sont en particulier utilisés pour protéger les zones naturelles et faciliter le nettoyage des plages et falaises. Dotés d’une vaste plage arrière, ces BSAD peuvent embarquer un matériel volumineux de lutte contre la pollution.

Protection des ressources halieutiques 4 1 NETTOYAGE DES PLAGES BRETONNES APRÈS LA POLLUTION PROVOQUÉE PAR L’ERIKA. 2 BARRAGE FLOTTANT POUR LUTTER CONTRE UNE MARÉE NOIRE. 3 REMORQUAGE DU PORTE-CONTENEURS MSC FLAMINIA APRÈS UN VIOLENT INCENDIE SURVENU LE 14 JUILLET 2012, APRÈS L’EXPLOSION D’UN CONTENEUR EN CALE. 4 PROTECTION DE LA FAUNE MARINE POLYNÉSIENNE SUR L’ÎLE DE MOOREA. 5 SURVEILLANCE AÉRIENNE DES FLOTTILLES DE PÊCHE LORS D’UNE MISSION THON ROUGE.

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contre la pollution peuvent avoir plusieurs visages. Cela commence par l’appui, voire l’assistance à un bateau en difficulté transportant des produits dangereux et polluants. Ce type d’opération implique une grande réactivité et l’aptitude à braver des conditions météorologiques imprévisibles. Il peut également s’agir de conteneurs, voire de bois comme lors du secours du Black Pearl en 2005, un vraquier maltais qui avait perdu 1 000 tonnes de bois au nord-

Dans le cadre de la préservation de ce milieu, la Marine nationale est également amenée à agir en faveur des espèces vivantes et lutte contre la surpêche, voire le braconnage, et l’extinction de certaines espèces. La police des pêches comprend l’observation et le contrôle des activités de pêche, l’examen des captures, la vérification des engins de pêche, l’appréhension des navires, des matériels et produits de la pêche… Par exemple, au large des Terres australes et antarctiques françaises, les frégates de surveillance ou le patrouilleur Albatros basés à La Réunion traquent les braconniers pêcheurs de légine, un poisson très prisé sur le marché d’Extrême-Orient. Des bâtiments de la Marine participent également aux campagnes européennes de contrôle de la pêche au thon rouge, une espèce menacée par leur exploitation excessive en Méditerranée, notamment au large de la Libye. Ces exemples illustrent combien le rôle de la Marine est important pour la sauvegarde des intérêts environnementaux et économiques français. Ainsi, la Marine nationale, dans le cadre de l’action de l’État en mer, est de loin le premier acteur de la protection du milieu maritime français. ® ANTOINE DE SURIREY

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PORTRAIT VIE DES

deunités marin

Événement

LA MARINE FAIT ESCALE À… BESANÇON Après la première édition à Nancy au printemps dernier qui a connu un succès populaire avec environ 15 000 visiteurs, la Marine fera escale à Besançon les 20 et 21 avril. Pendant deux jours, les Bisontins pourront s’immerger dans l’univers des bâtiments, sous-marins et aéronefs de la Marine et évidemment échanger avec la centaine de marins présents. Itinéraires de ces Francs-Comtois, nés bien loin des côtes et pourtant engagés dans la Marine. 1 Le temps d’un week-end, dans cette ville très éloignée du littoral, les marins vont renforcer les liens avec la population en faisant découvrir aux

Francs-Comtois les enjeux, les missions et les actions de la Marine, mais également informer le public des différentes opportunités profession-

nelles existantes en 2013 pour 3 000 jeunes de 16 à 29 ans. Cette présence de la Marine loin de ses trois ports métropolitains est aussi l’occasion de prouver que celle-ci est ancrée sur tout le territoire français. Le lien avec les forces est concret puisque la frégate de lutte anti-sous marine Jean de Vienne basée à Toulon entretient depuis 1983, c’est-à-dire trente ans, une relation privilégiée avec la ville de Besançon. ®

LV FLORIAN EDUS, CHEF DE DÉTACHEMENT DE LA FLOTTILLE 34F DE LA FRÉGATE LA MOTTE-PICQUET

1 « Au moment où je me renseignais pour passer les concours des grandes écoles, j’ai commencé à m’intéresser à la Marine. Quand je pensais à la Marine, je voyais technicité, travail en équipe et ouverture au monde, autant de choses qui me correspondent. J’ai intégré l’École navale en 2003. Mon but était de commander des hommes dans un milieu opérationnel. J’ai eu la chance d’embarquer à bord de frégates anti-sous-marines, de sous-marins, de chasseurs de mines et d’effectuer un stage de familiarisation au pilotage. Après ces différentes expériences, j’ai choisi la composante aéronautique de la lutte anti-sous-marine. Aujourd’hui, je suis chef de détachement hélicoptère Lynx embarqué sur la frégate La Motte-Picquet. Je commande une dizaine d’hommes. Nos missions : lutte anti-sous-marine, contre-terrorisme maritime, reconnaissance, sauvetage en mer… J’ai vécu plusieurs déploiements. J’ai ainsi participé à la protection anti-sous-marine du porte-avions durant son déploiement au large de l’Afghanistan 26 ® COLS BLEUS ® N° 3012 ® 20 AVRIL 2013

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ou à Atalante, l’opération de lutte contre la piraterie en océan Indien. J’ai aussi réalisé de nombreuses missions anti-sous-marines visant à protéger à la fois nos approches maritimes, nos bâtiments précieux tels que le Charles de Gaulle ou nos sousmarins nucléaires. La Marine m’apporte chaque jour la satisfaction d’évoluer au sein d’une armée aux domaines d’expertises variés mais complémentaires dans un élément naturel marin qui est à la fois imprévisible, hostile et puissant. Je suis fier d’y côtoyer des hommes et des femmes d’un grand professionnalisme, tous passionnés par leur travail. Tout cela est bien loin de mes origines. Je suis né à Besançon et j’ai grandi en Haute-Saône. L’activité en mer est très dense et les journées passent vite mais à chaque repas au moment du fromage, la cancoillotte(1) me manque, ma région aussi. Il y a tout en Franche-Comté : qualité de vie, ambiance, patrimoine historique, naturel et culturel… Il n’y manque que la mer ! » ® (1) Fromage franc-comtois traditionnel.

MO1 SALAH-EDDINE JENOUN, AFFECTÉ SUR FRÉGATE ANTI-SOUS-MARINE MONTCALM

1 « Je me suis engagé il y a moins d’un an. Des amis marins m’avaient raconté leurs expériences, leurs missions opérationnelles, leurs escales lointaines et cela m’a immédiatement intéressé.

La Marine m’a donné une solide formation et m’a rapidement confié des responsabilités. Ce que j’apprécie, c’est la rigueur de tous les instants, le respect des valeurs, notre respect et l’esprit d’équipage. Je me suis naturellement orienté vers une spécialité technique. Je travaille maintenant à la machine. J’assure la prévention contre les risques d’incendie et de voie d’eau, ainsi que l’entretien du matériel de sécurité. Je suis conscient de mes responsabilités car à la mer comme à quai, un sinistre doit être maîtrisé très rapidement. La vigilance de tous les instants est essentielle. Aujourd’hui, je travaille loin de la Franche-Comté que j’ai quittée il y a déjà quelques années. Je demeure attaché à cette région dans laquelle j’ai grandi et où vivent toujours mes proches. En plus, bien que loin des rivages, c’est une région frontalière qui est ouverte sur le monde tout comme la Marine. Dès que je le peux, je contacte ma famille et conserve un lien fort non seulement avec mes proches mais aussi avec l’actualité de ma région de cœur. » ®

MAÎTRE SÉBASTIEN G., AFFECTÉ SUR LE SOUS-MARIN NUCLÉAIRE D’ATTAQUE SAPHIR 1 « Ma famille était de loin liée à la Marine car le frère de mon arrière-grand-mère était peintre de marine et j’ai toujours vu ses tableaux à la maison. Mais c’est lors d’un forum des métiers que j’ai envisagé de m’engager. Après un bac STI et un BTS Mécanique et automatismes industriels, je suis entré en 2004 comme matelot. Après ma formation initiale, j’ai été cinq ans sur des bâtiments de surface comme électricien. J’ai apprécié de pouvoir intervenir au plus près des installations, de pouvoir effectuer de nombreux dépannages et même des modifications d’installations quand cela était nécessaire. J’ai appris à planifier mon travail et à être autonome. Depuis deux ans, j’ai rejoint les forces sous-marines. J’ai déjà fait deux cycles sur le sous-marin nucléaire d’attaque Saphir comme « patron énergie ». Je m’occupe de toute la partie propulsion électrique.

La ligne d’arbre tourne grâce à deux moteurs électriques, les alternateurs de propulsion. Je dois veiller au bon fonctionnement de cette production de courant. La ligne d’arbre doit toujours être en fonction ! J’apprécie la rigueur de cet environnement. Humainement, on apprend aussi beaucoup sur soi car il faut se remettre en question pour évoluer. Il faut aussi savoir se surpasser, on est d’ailleurs très bien formé à le faire. Je suis né en Franche-Comté et j’y ai passé mon enfance. Toute ma famille paternelle y est encore. J’y retourne au moins une fois par an pour les fêtes et les vacances. Mais je ne peux pas dire que je suis nostalgique car je ne suis pas sédentaire. Être loin, naviguer, cela me plaît. J’ai besoin d’aventure mais j’ai bien entendu grand plaisir à rentrer voir mes proches. » ®

QUARTIER-MAÎTRE FLORENT GUYON, DÉTECTEUR ANTI-SOUS-MARIN À BORD DE LA FRÉGATE JEAN DE VIENNE 1 « J’ai découvert la Marine à l’occasion d’une conférence sur les métiers qui avait lieu dans mon lycée. À 19 ans, après mon bac STI Génie électrotechnique, j’ai franchi le pas de l’engagement. Il m’a semblé que la Marine était l’armée qui demandait le plus de connaissances techniques et qui était le mieux en rapport avec mes études. Ma première affectation a été un aviso A69. Durant huit mois, j’ai découvert les bases du sonar actif. Après cette expérience, je me suis porté volontaire pour naviguer sur un sous-marin nucléaire d’attaque. Pendant trois ans, j’y ai appris le métier d’opérateur sonar et j’ai validé un stage de « clas-

sificateur ». Je suis aujourd’hui affecté comme détecteur anti-sous-marin à bord de la frégate Jean de Vienne. La Marine m’a offert des perspectives d’évolution et m’a permis d’avoir une bonne image dans la société. Elle m’a apporté également la possibilité de découvrir d’autres cultures lors des escales au cours des déploiements opérationnels. Mon quotidien ne me fait pas oublier mes origines franc-comtoises. Je rentre dans ma région à chaque permission. Et puis j’ai la chance de naviguer sur une frégate qui porte le nom d’un amiral Franc-Comtois… Une fierté ! » ®

Retrouvez le programme détaillé de l’évènement et d’autres portraits sur lamarineenescale.fr COLS BLEUS ® N° 3012 ® 20 AVRIL 2013 ® 27

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CHRONIQUE

dupersonnel

SOLDE RÉORGANISATION DU CERH DE LA MARINE DÉCLARER SES IMPÔTS

LE CERH PRÊT À RÉPONDRE AUX QUESTIONS DES MARINS.

Il y a un an, au mois de mars 2012, la Marine se raccordait au système de paiement des soldes Louvois. Une préparation minutieuse de la part des acteurs des ressources humaines a permis cette transition. Mais depuis, de nombreuses anomalies du système génèrent aléatoirement des erreurs sur les soldes de marins. Entretien avec le chef du bureau des droits financiers individuels des marins (DFI) à la Direction du personnel militaire de la Marine, le commissaire en chef de 1re classe Alain Brault. 1 Au moment où les équipages reçoivent leur relevé de montants imposables pour leurs revenus 2012, le Centre d’expertise des ressources humaines (CERH) de la Marine, installé au fort Lamalgue à Toulon, se réorganise pour apporter une réponse encore mieux adaptée aux problèmes éventuellement remontés.

Comment est calculée la solde ? Pour calculer la solde des marins, les informations relatives à son activité, sa carrière ou sa situation de famille sont saisies selon leur nature par les acteurs RH de proximité (BARH, bureau gestionnaire…) dans le système d’information des ressources humaines appelé Rh@psodie. Ces données sont ensuite transmises au système chargé du calcul et du paiement des soldes baptisé Louvois. Il y a donc en cascade R@phsodie, puis Louvois. 28 ® COLS BLEUS ® N° 3012 ® 20 AVRIL 2013

LA NOUVELLE ORGANISATION DU CERH  - Division 1 : chargée de l’identification des anomalies - Division 2 : chargée du traitement des anomalies - Division « pilotage » : chargée de la coordination de l’ensemble des actions mises en place - Division « administration » : chargée des saisies sensibles ou complexes dans Rh@psodie (divorce, adoption…)

Le contrôle de la qualité des données renseignées dans Rh@psodie relève du Centre d’expertise des ressources humaines. Ces contrôles ont pour but de vérifier que toutes

les informations saisies dans Rh@psodie sont justes et/ou ouvrent droit au versement d’indemnités spécifiques par Louvois.

Quelles sont les conséquences de Louvois sur la solde ? Le changement de système de calcul et de paiement de solde visait à permettre la prise en compte quotidienne des données saisies dans Rh@psodie par l’intermédiaire de flux informatiques, afin de garantir un calcul juste et rapide des droits financiers. Pour le moment, Louvois n’est pas en mesure de tenir ces objectifs pour des raisons techniques propres au calculateur. Certaines erreurs de calcul continuent de générer des trop ou des moins-perçus. Si certaines anomalies sont dues à des erreurs de saisie dans Rh@psodie, une grande partie d’entre elles sont dues à des anomalies du calculateur de solde Louvois.

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Les dysfonctionnements sont si possible évités. À chaque flux de données, les BARH et le CERH vérifient que Louvois effectue correctement le ou les calculs. Si une indemnité ou une prime n’est pas, ou mal, calculée, le CERH est alerté et doit alors la calculer manuellement et l’intégrer sous forme de « paiement de contournement ». Ce travail de correction s’établit, si possible, avant le versement de la solde grâce à des travaux de veille et de contrôle menés tout au long du mois. Ainsi, les marins concernés touchent, in fine, une solde exacte, même si leur bulletin de solde n’en rend compte qu’imparfaitement. Parfois, les erreurs de calcul ne peuvent être identifiées qu’après le virement de la solde. Malgré ce travail de veille particulièrement méticuleux, chacun doit donc rester vigilant et avertir son BARH en cas d’erreur.

Une nouvelle organisation pour améliorer davantage la résolution des anomalies À l’automne 2012, face aux difficultés croissantes, il a été décidé de renforcer temporairement la chaîne solde en portant nos efforts sur le CERH qui dispose de tous les outils pour faire face aux situations les plus délicates. Aujourd’hui, nous avons décidé de poursuivre cet effort et de mettre en place une nouvelle organisation du CERH recentrée sur ses trois fonctions majeures : la prévention des anomalies de solde, le soutien aux relais RH de proximité et le calcul manuel des indemnités non créditées. L’objectif de cette nouvelle organisation est donc de réduire au maximum le temps de traitement des questions posées par les marins, tout en maintenant un contrôle approfondi des droits à solde afin de garantir aux marins un équilibre financier. Le cœur de métier du CERH a donc évolué, orienté en priorité sur l’identification et le traitement des anomalies résultant des erreurs du logiciel Louvois.

Quelle conséquence pour nos équipages ? La misssion de la chaîne solde est que chaque marin perçoive les sommes qui lui sont dues, idéalement par le système de solde Louvois et, à défaut, par une solution de contournement. À défaut, car cette solution n’est pas systématique ni automatique. En effet, le paiement de contournement pose un problème de comptabilité publique et de traçabilité. Mais surtout, il risque de mettre en péril l’équilibre financier des familles de marins car il pourrait par exemple aboutir à un double paiement (paiement manuel et paiement par Louvois) qui sera alors l’objet, à moyen terme, d’une reprise de trop-perçu. Par ailleurs, issu d’un calcul manuel, le paiement de contournement n’offre pas les garanties d’un traitement informatisé. La Marine privilégie donc les paiements réalisés par le système Louvois. Ces paiements, devant être plus précis et plus fiables, peuvent être par

viduels, ainsi qu’à la situation familiale. Ces informations ne sont pas traitées par Louvois, mais principalement par le système d’information baptisé Piper de la sousdirection des pensions du ministère, alimenté directement par Rh@psodie. Chacun pourra vérifier ses données de retraite à partir de la rentrée, en consultant son compte individuel de retraite (CIR). Cette campagne de vérification avait été annoncée pour le premier trimestre 2013, mais compte tenu des difficultés liées à Louvois, à la mobilisation actuelle sur les sommes imposables, à la nécessité de fiabiliser au mieux les données des CIR, la campagne de vérification des CIR a été décalée à la fin de l’année 2013. conséquent payés un ou deux mois après la date effective d’ouverture des droits. Ce qui, à vrai dire, était déjà le cas avec notre précédent système de solde, Solde 68. Ce délai n’est évidemment pas acceptable lorsque des marins touchent des soldes très faibles. Une action d’urgence est alors conduite au plus vite.

Quel est l’impact de Louvois sur les imposables ? Les erreurs de Louvois se retrouvent dans le calcul des montants imposables. Ces calculs ont donc été refaits a posteriori. Actuellement, les marins sont en train de recevoir en version papier, deux relevés récapitulant leur montant imposable 2012 (imprimés 2470) : – un relevé pour les mois de janvier et février 2012 (avant le raccordement à Louvois), – un relevé pour les mois de mars à décembre 2012 (après le raccordement à Louvois)(1). La procédure est donc particulière cette année, car la déclaration de revenus, normalement pré-renseignée, n’intégrera que le montant imposable des mois de janvier et février 2012. Il est donc impératif de remplacer le montant pré-renseigné sur la déclaration de revenus 2012, par la somme des deux relevés 2470. Pour répondre au mieux aux questions des marins, un dispositif spécifique a été mis en place grâce à la réorganisation du CERH, avec une cellule dédiée à ce sujet. De plus, des informations ont été mises en ligne sur le Portail RH, diffusées par GNP et des experts ont été mobilisés derrière le numéro vert (0 800 00 69 50). Si toutefois des erreurs sont décelées par les marins dans leurs relevés 2 470, de nouveaux calculs pourront être faits et des certificats administratifs rectificatifs édités pour remplacer les relevés erronés.

Et sur le calcul des retraites, Louvois a-t-il un impact ? Non. Le calcul des pensions repose sur les informations liées aux états de service indi-

Aucun changement sur la procédure de départ en retraite En attendant la fin de la campagne de la fiabilisation des CIR et le transfert final au service de retraite de l’État, au plus tard en décembre 2014, rien ne change pour les marins qui partent à la retraite. Ils continuent de demander leur état général de service (EGS) et suivent les démarches habituelles.® (1) Également consultable sur le Coin du marin : Accueil Intramar / Fonction RH / Outils du marin.

IMPOSABLES 2012 : CE QUI CHANGE - Deux relevés de montants imposables pour l’année 2012 : un pour la période de janvier et février 2012, un pour les mois de mars à décembre 2012. - En cas d’erreur, possibilité de demander une correction. Si la demande est validée, transmission d’un certificat administratif rectificatif à fournir à l’administration fiscale. - En cas de trop-perçus inclus dans les montants imposables, possibilité de les rembourser et de les déduire des imposables. Retrouvez tous les détails sur les imposables 2012 en ligne sur le Portail RH (Intramar et Extranet) : Page d’accueil Intramar / Fonction RH / Portail RH / Soutien / Droits financiers individuels / Solde

UNE QUESTION SUR VOTRE SOLDE ? Consultez la liste des points de contact par BARH disponible sur le Portail RH dans la rubrique Louvois. Chemin d’accès : Page d’accueil Intramar / Fonction RH / Portail RH / Louvois. COLS BLEUS ® N° 3012 ® 20 AVRIL 2013 ® 29

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MARATHON PARIS RÉUSSI ! Plus de 150 marins ont participé au marathon de Paris, organisé le 7 avril dernier. Un tiers d’entre eux appartenait à l’équipe du Charles de Gaulle venue représenter le porte-avions au cœur de sa ville marraine. Retour sur un bel exemple d’esprit d’équipage.

DES MARINS PERFORMANTS

1 C’était un pari osé : emmener une délégation du Charles de Gaulle, aux deux tiers néophytes sur la distance, pour participer ensemble, en équipage, au plus grand marathon du monde(1). Mais le défi a été relevé avec brio. Sur les 60 « fanas » qui avaient débuté la préparation commune, une cinquantaine était effectivement présente au départ en haut des Champs-Élysées. Surtout, ils ont tous trouvé les ressources pour aller au bout du parcours qui les a emmenés de la place de la Concorde au bois de Boulogne, en passant par le parc de Vincennes. Ce très beau résultat d’ensemble doit beaucoup à l’esprit d’équipage et à la combativité qui a animé ces hommes et ces femmes représentant tous les grades et tous les services du porte-avions. « Vous avez fait preuve d’une grande force morale en franchissant tous le fameux “ mur ”, mur de doute, mur de souffrance, que rencontrent les coureurs autour du 30e kilomètre. Cet exploit, vous l’avez réussi grâce à l’entraide collective, avant et pendant la course », a ainsi souligné le capitaine de vaisseau Olivier Lebas, commandant le porte-avions, en s’adressant à la

LES MARINS DU CHARLES DE GAULLE ONT OFFERT AU MAIRE DE PARIS UN DE LEUR MAILLOT EN PRÉSENCE DE MME CHRISTIENNE, CONSEILLER DE PARIS ET CORRESPONDANT DÉFENSE, DU COLONEL MOORE, COMPAGNON DE LA LIBÉRATION, ET DU CV ROLLAND, REPRÉSENTANT LE CEMM. COIFFÉ D’UNE CASQUETTE EN FORME DE BÂCHI, LE SM BAUDRY N’EST PAS PASSÉ INAPERÇU.

Le premier marin a franchi la ligne d’arrivée en 2h33’ ! Un autre marin s’est fait remarquer : le SM Baudry, affecté à bord du bâtiment de commandement et de ravitaillement Var. Ce dernier est resté à la tête de la course pendant 4 km, en compagnie du futur vainqueur, puis en poursuite de la 1re féminine sur 21 km. Il a terminé la course en 2h51’, dans la même minute que le PM Casula, du groupement des fusiliers marins de Toulon/Hyères. Chez les femmes, la meilleure représentante de la Marine, le MT Dumortiez, affectée à l’état-major d’Alavia, a réussi le très bon temps de 3h51’.

LA FONDATION THIERRY LATRAN Les marins du Charles de Gaulle ont couru le marathon en portant les couleurs de la Fondation Thierry Latran. Cette fondation, filleule du porte-avions, est la seule en Europe a être pleinement dédiée à la recherche médicale sur la sclérose latérale amyotrophique (SLA) ou maladie de Charcot. Cette dégénérescence progressive des fonctions musculaires coûte, chaque jour, la vie à quatre personnes en France. 30 ® COLS BLEUS ® N° 3012 ® 20 AVRIL 2013

QU’ILS PORTENT LE MAILLOT BLEU FRAPPÉ DES ARMES DU CHARLES DE GAULLE OU LA MARINIÈRE CONFECTIONNÉE PAR LE BUREAU CPM/EPMS, LES MARINS MARATHONIENS SONT TOUS PASSÉS AVEC FIERTÉ SOUS LES BALCONS DE L’EMM.

délégation lors de la cérémonie d’accueil que leur avait réservé l’équipage à leur retour à bord. Cette aventure parisienne a aussi permis de renforcer les liens qui unissent le bâtiment et la capitale, ville marraine, notamment durant la réception organisée à l’Hôtel de Ville en l’honneur des marathoniens

du Charles de Gaulle. Ces derniers ont reçu une coupe et rencontré le maire de Paris, Bertrand Delanoë, qui a rappelé son « indéfectible fidélité au Charles de Gaulle et à son équipage », ainsi que « la générosité et le sens de l’engagement des marins ». Il ne fait aucun doute que le pari sera renouvelé, avec encore plus de participants, dès que le programme du porte-avions le permettra de nouveau. ® MARIE-DIANE GROUCHKA

(1) En nombre d’inscrits. En 2013, le marathon de Paris a suscité un engouement inégalé avec 50 000 inscrits et 40 000 participants effectifs.

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loisirs

BILAN MITIGÉ POUR LES ÉQUIPES DE RUGBY DU RCMN AU CRUNCH 2013 À PORTSMOUTH 1 Le 3 avril 2013 à Portsmouth s’est déroulé, pour la troisième année consécutive, le match de rugby féminin opposant la sélection de la Royal Navy à celle de la Marine nationale, « l’entente cordiale ». Cinq matchs de préparation ont suffi à construire une équipe soudée et techniquement prête pour affronter les Anglaises sur leur terrain. À la pause, la cause était entendue, 3 essais dont 2 transformés par le quartier-maître Romero, capitaine du match. Malgré une défense ardente de la Royal Navy, les filles ont poursuivi leur domination, avec de nombreux essais qui leur ont permis de terminer le match sur le score de 3 à 48. Après un début d’après-midi marqué par une large victoire des féminines de la Marine, l’équipe masculine a fait son entrée sur le terrain de la Royal Navy. 50 minutes à 14 contre 15, beaucoup de maladresses de nos jeunes marins : à la pause, le score

L’ÉQUIPE FÉMININE DU RCMN, TOUJOURS INVAINCUE !

était sans appel, 21 à 3 en faveur des Anglais. Le coach a encouragé ses joueurs. Il s’en est suivi une défense de fer, de la solidarité et de la fierté qui ont

permis à notre XV de gagner la deuxième mi-temps 7 à 0. Le mot de la fin revient au vétéran Marsh Cormack : « French good team but too young »… ®

SPI OUEST FRANCE LES ÉQUIPAGES DE L’ÉCOLE NAVALE EN BONNES PLACES 1 La 35e édition du Spi Ouest France, du 29 mars au 1er avril 2013, s’est déroulée dans des conditions exceptionnellement difficiles qui n’ont nullement découragé les 435 skippers ayant pris part à ce ren-

dez-vous incontournable de la voile. L’édition 2013 a vu s’affronter quinze nationalités et de grands noms de la voile, comme Franck Cammas, Michel Desjoyaux, Marc Guillemot ou Thomas Coville. Les LE CAPITAINE DE VAISSEAU COUPRY REMET LE PRIX DU CHEF D’ÉTAT-MAJOR DE LA MARINE AU SKIPPER PIERRE FOLLENFANT.

températures glaciales, le fort vent de nord-est et le verglas sur les pontons ont eu raison de beaucoup de machines et d’hommes. Malgré ces conditions climatiques difficiles et une forte concurrence, les équipages de l’École navale n’ont pas démérité. Ils ont terminé 6e et 7e sur 19 en catégorie Longze, 11e sur 30 en catégorie espoir sur Open 5.70 et 17e et 18e sur 105 en catégorie J80. Éric Brezellec, membre compétition du Club de l’École navale, remporte la compétition sur J80 avec son bateau Interface Concept. Lors de la cérémonie de remise des prix, le 1er avril, Pierre Follenfant, sur son J80 TBS, a reçu le prix du chef d’état-major de la Marine des mains du capitaine de vaisseau Coupry, commandant de la force des fusiliers marins et commandos. Ce prix récompense le courage, l’esprit d’équipage et le sens de la solidarité de ce skipper qui n’a pas hésité à hypothéquer ses chances de succès pour porter assistance à un concurrent tombé à l’eau. ®

LE MATELOT FABIEN DELAHAYE 3E À LA TRANSAT BRETAGNE-MARTINIQUE 1 Le 7 avril 2013 à 16 h 20 heure de Paris, le matelot Fabien Delahaye est arrivé en Martinique après une traversée de 21 jours et 2h20’. Le champion de France de course au large en solitaire occupe ainsi une très belle troisième place. Il a jusqu’au bout menacé l’expérimenté Gildas Morvan qui ne l’a devancé pour la deuxième place que de 34’ et 36’’. Erwan Tabarly a pris la première place après avoir dominé l’épreuve de bout en bout.

Le palmarès de ce jeune régatier de 27 ans était déjà bien rempli : en 2012, Fabien Delahaye a terminé quatrième du championnat de France de course au large et quatrième de la Solitaire du Figaro. En 2011, il succède notamment à François Gabart pour le titre de champion de France de course au large en solitaire, termine deuxième de la transat solitaire Bénodet - Martinique et deuxième de la Solitaire du Figaro. ®

ARRIVÉE DU MATELOT FABIEN DELAHAYE EN MARTINIQUE.

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INFO

agenda

pas à nous faire part des activités que vous souhaiteriez voir figurer dans cette rubrique à : [email protected] DANS LES SEMAINES À VENIR N’hésitez EN DÉPLACEMENT DANS LES FORCES • Le chef d’état-major de la Marine sera à Brest le 20 avril pour la présentation au drapeau de l’École de maistrance. Il participera également à la réception organisée par l’association des villes marraines, le 24 avril à l’état-major de la Marine. • Tournée des ports du directeur du personnel militaire de la Marine : 22 avril à Paris. Du 15 au 25 avril, Leuchars (Écosse) Entraînement Joint Warrior.

23 avril, Paris (Île-de-France) Visite du nouveau First Sea Lord, l’amiral Zambellas. 25 avril, Marseille (Bouches-du-Rhône) Cérémonie de remise de casque à la promotion Siméoni-Baghioni du bataillon de marins-pompiers de Marseille.

Du 15 au 26 avril, Baléares (Espagne) Entraînement Spanish minex. Du 17 au 26 avril, Guadeloupe Entraînement Caraïbes 2013. Du 18 avril au 7 mai, Paris (Île-de-France) La nuit aux Invalides. 20 avril, Brest (Finistère)

Cérémonie de présentation aux drapeaux au centre d’instruction naval présidée par le ministre de la Défense. Du 20 au 21 avril, Besançon (Doubs) La Marine en escale à Besançon.

Du 2 au 5 mai, Algérie Entraînement bilatéral franco-algérien Raïs Hamidou.

Du 21 au 30 mai, Landivisiau (Finistère) Air Defense Week 2013. 22 mai, partout dans le monde Journée du marin. Du 6 au 16 juin Armada de Rouen. Du 7 au 9 juin, Saint-Mandrier (Var) Le Printemps du centre d’instruction naval (expositions, concerts, débats).

Du 2 au 26 mai Solitaire du Figaro. Départ de Bordeaux, escale à Roscoff le 20 et arrivée à Dieppe.

Du 8 au 9 juin Journées de la mer.

3 mai, Paris (Île-de-France) Journée des conseils de la fonction militaire.

Du 10 au 14 juin, Méditerranée Entraînement Gabian 02.13. (FAN)

8 mai, Mandelieu (Alpes-Maritimes) Escale du chasseur de mines Lyre dans le cadre du 25e anniversaire du jumelage entre la ville et le bâtiment.

Du 17 au 21 juin, Paris (Île-de-France) Conseil supérieur de la fonction militaire.

Du 8 au 11 mai, Lanvéoc (Finistère) Grand prix de l’École navale. 9 mai, Mulhouse (Haut-Rhin) Challenge des préparations militaires marines. Du 12 au 23 mai, Atlantique Entraînement ASM Spontex.

ANNONCES CLASSÉES GARDIENNAGE Loue petite maison moderne (F4) tout confort dans propriété Sologne (12 km de Blois) contre gardiennage et quelques travaux de jardinage à définir par contrat. Contact au 06 77 72 72 49. GARDIENNAGE Normandie, pays d’Auge, proche Lisieux. Offre logement F3 bon état contre gardiennage, entretien propriété et chevaux. Cadre agréable. Possibilité d’amener vos chevaux. Contact au 06 30 25 75 76. 30 ANS DU BCR VAR Pour fêter ses 30 ans, le BCR Var invite ses anciens marins à venir partager un moment de convivialité à bord le 21 mai de 14 h à 16 h 30, et à amener leurs souvenirs et photos à cette occasion. Pour inscriptions et informations complémentaires merci d'écrire à [email protected]

Comédie Les Coups tordus de Pierre Sauvil, interprétée par la troupe de théâtre « Marine » de Brest, au profit de l’association des œuvres sociales de la Marine (Adosm) et de l’association Les Blouses roses. • Représentation à Brest les 30 avril, 2, 3, 7, 10, 14, 15, 18, 21 et 22 mai à 20 h 30 à la salle Surcouf du foyer du Marin (plateau de Kéroriou). • Participation aux Théâtrales 29, festival de troupes amateurs du Finistère, les 31 mai, 1er et 2 juin dans tout le département du Finistère.

GÉRANT DE MAISON AVEC 3 CHAMBRES D’HÔTES EN PROVENCE Recherche personne seule ou couple de jeunes retraités de confiance et motivés pour s’occuper d’une maison de chambres d’hôtes située au cœur d’un très beau village de Provence : www.lecoupdevent.com. Période de juin à octobre 2013 renouvelable en 2014. Logement offert. Rémunération indexée sur chiffre d’affaires. Contact au 06 34 05 52 70. CHALLENGE RADIOAMATEUR GÉNÉRAL FERRIÉ Le challenge général Ferrié est dédié aux radioclubs militaires de toutes les armées et de tous les organismes de la Défense. Il se déroule tous les ans et s’appuie sur le concours radioamateur « Championnat de France HF » qui se décline en deux parties, télégraphie et téléphonie. La remise des prix a lieu à l’École des transmissions de Cesson-Sévigné au mois de septembre ou d’octobre. Les radioamateurs militaires en activité peuvent participer au challenge en envoyant leur compte-rendu en précisant leurs coordonnées professionnelles. Pour tout renseignement, contacter le MAJ Yves-Michel Collet : [email protected] COLS BLEUS ® N° 3012 ® 20 AVRIL 2013 ® 33

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loisirs

UNE PIGE MÉDICALE CHEZ LES BLEUES 1 C’est l’avant-dernière lettre, le « e » de Bleues, qui fait l’intérêt du livre, car il s’agit ici de rugby féminin, un sport médiatiquement discret et encore peu connu. Denis Gutierrez est médecin de la Marine et du rugby club toulonnais, lorsqu’on lui propose en 2004 d’effectuer un remplacement médical dans le staff de l’équipe de France féminine de rugby. Pour lui, le bigourdan, le rugby (masculin) est une passion, mais la version féminine une planète inconnue. Il reconnaît « qu’il a l’expérience de la formation axée sur le maintien de la santé physique et mentale du guerrier, pas de la guerrière ». Plus étonné qu’enthousiaste, il accepte cependant le défi. Le livre décrit sa découverte de ce milieu, le management des rugbywomen qui n’a rien à voir avec celui de leurs homologues masculins, l’engagement physique, le besoin de reconnaissance, le courage, les limites physiques et psychologiques aussi. La « pige » initiale dure finalement sept ans, pendant lesquels il apprend que manager des joueuses, « ça s’apprend, ça ne s’im-

provise pas ». Au fil des pages, il décrit ses émotions, ses étonnements, mais aussi les hauts et les bas d’un sport encore confidentiel, les tensions entre l’encadrement et les joueuses. Un témoignage original, de première main, empreint d’émotion pour la version féminine d’un sport réputé viril. ® Un stéthoscope chez les Bleues, par Denis Gutierrez, Éditions du Panthéon, janvier 2013, 109 pages, 10,80 €.

COLS BLEUS N°3012 20 AVRIL 2013 CRÉDITS PHOTOS ET ILLUSTRATIONS COUVERTURE MN ; INFOGRAPHIE : COLOMBAN ERRARD/MN INFO ACTUS  PAGE 6 : MN ; PATRICE DONOT/MN ; PATRICE DONOT/MN ; PATRICE DONOT/MN ; PATRICE DONOT/MN PAGE 7 : MN ; INFOGRAPHIE : SERGE MILLOT/MN PAGE 8 : LAURENT BOUILLON/MN ; PHILIPPE CUPILLARD/MN PAGE 9 : SÉBASTIEN CHENAL/MN ; SÉBASTIEN CHENAL/MN ; EMMANUELLE MOCQUILLON/MN PAGE 10 : GEOFFROY QUENTIN/MN ; MN ; LAURENT LECANU/MN PAGE 11 : MN ; DR PASSION MARINE PAGES 12–13 : COLOMBAN ERRARD/MN PAGE 14 : MN PAGE 15 : COLOMBAN ERRARD/MN ; COLOMBAN ERRARD/MN PAGE 16 : COLOMBAN ERRARD/MN ; COLOMBAN ERRARD/MN PAGE 17 : AFP IMAGEFORUM ; MN PAGE 18 : CARTES : SERGE MILLOT/MN ; MN ; MN PAGE 19 : MN ; MN ; COLOMBAN ERRARD/MN VIE DES UNITÉS PAGES 20–21 : ARNAUD PRUDHON/MN ; ARNAUD PRUDHON/MN ; PM BOUDARD/MN ; ARNAUD PRUDHON/MN PAGES 22–23 : JOHANN GUIAVARCH/ MN ; SIMON GHESQUIERE/MN ; PATRICK FROMENTIN/MN ; MN PLANÈTE MER PAGES 24–25 : MYLÈNE LE JONCOUR/MN ; ALAIN MONOT/ MN ; BRUNO PLANCHAIS/ MN ; MN ; CHRISTELLE HERVÉ/ MN PORTRAIT DE MARIN PAGES 26-27 : INFOGRAPHIE : PAUL SÉNARD/MN ; MN ; VINCENT ORSINI/MN ; MN ; MN CHRONIQUE DU PERSONNEL PAGE 28 : MN ESPACE LOISIRS PAGE 30 : FRANCOIS MARCEL/MN ; MN ; FRANCOIS MARCEL/MN PAGE 31 : JONATHAN BELLENAND/ MN ; VINCENT MOUCHEL/OUEST FRANCE ; SANDRINE LETOURNEL AGENDA PAGE 33 : MAËL PRIGENT/MN ; VANESSA ELISABETH/MN ; VANESSA ELISABETH/MN 4E DE COUVERTURE INFOGRAPHIE : PAUL SÉNARD/MN

bimensuel DE LA MARINE NATIONALE

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