Marine

rapidement être frappé d'obsolescence. C'est tout le contraire de ce dont ..... programme de contrôle naval volontaire dans le golfe de Guinée, le PM L'Her a, ...
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GROUPE AÉRONAVAL UNE MAIN DE FER DANS UN GAN DE VELOURS Vie des unités

Portrait

Chronique du personnel

Un groupe expéditionnaire PAGE 22 en Corymbe

Patron de dépannage en flottille de chasse PAGE 24

Les coulisses du PAGE 26 50e CFMM

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SOMMAIRE

LE MAGAZINE DE LA MARINE NATIONALE

AZIMUT

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COLS BLEUS CHANGE

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ÉDITORIAL

Cols Bleus nouvelle formule

ACTUALITÉS

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Visite officielle du chef d’état-major de la Marine en Roumanie • Le chef d’état-major de la Marine à la rencontre des associations • Le commandant la Force océanique stratégique rencontre son homologue américain 8 Entraînement multilatéral de guerre des mines Cut Away à Brest • CIN de Brest : cérémonie de présentation aux drapeaux des promotions de l’École des mousses et de l’École de maistrance 9 Fin d’opération Corymbe pour le PM L’Her • Entraînement multinational pour la frégate La Motte-Picquet 10 Campagne tireurs d’élite à longue distance chez les commandos marine à Djibouti • Mission de connaissance-anticipation accomplie pour deux bâtiments hydrographiques de la Marine 11 Séminaire HEC Entrepreneurs à l’École navale • Marines étrangères : lancement du bâtiment de débarquement de chars Cheonwang Bong

PASSION MARINE

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GROUPE AÉRONAVAL UNE MAIN DE FER DANS UN GAN DE VELOURS VIE DES UNITÉS

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22 Le Dixmude et le Commandant L’Herminier en Corymbe 23 Fin de mission pour la frégate Aconit

PORTRAITS DE MARIN

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24 Patron de dépannage en flottille de chasse 25 Le métier change, la passion reste

CHRONIQUE DU PERSONNEL

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26 50 session du CFMM : souffle de concertation dans les coursives 29 Des forces aéromaritimes à l’administration des affaires maritimes e

HISTOIRE

…De prouver que l’efficacité, au quotidien, ne se décrète pas. Elle se prépare dans les réservoirs de forces organiques. Sans relâche, il faut l’éprouver et affermir la complémentarité de nos composantes. Il convient d’inlassablement vérifier que nous sommes aptes à apporter une capacité décisive dans une opération interarmées ou interministérielle. Il faut enfin que nous sachions, avec maîtrise et sans délai, nous imbriquer dans une coalition. C’est bien ce qui nous est demandé. ...De conjuguer nos talents pour démultiplier notre efficacité opérationnelle. L’uniformité n’a qu’en de rares occasions fait émerger des options « en dehors de la boîte ». Trop d’uniformité dans les schémas intellectuels et les modes de fonctionnement conduisent à un suivisme confortable, voire à un conformisme qui pourrait rapidement être frappé d’obsolescence. C’est tout le contraire de ce dont nous avons un besoin vital : l’imagination. …De penser que la seule chose certaine, c’est l’incertitude. Cela ne signifie nullement qu’il faille s’éloigner des fondamentaux qui ont forgé ce que nous sommes aujourd’hui. Il faut cependant garder à l’esprit que nos matériels pourront être utilisés un jour différemment de ce pourquoi ils ont été conçus ; que le cycle de vie d’un navire (40 ans) verra ce pour quoi il est utilisé varier notablement ; que les modes d’action ennemis parfois abusivement qualifiés « d’asymétriques » ne sont en réalité qu’une mutation de la manière de combattre. Nos tactiques, techniques et procédures doivent sans cesse s’adapter. Il faut en même temps affûter nos capacités de prévenir les surprises stratégiques et d’agir sur les nouvelles lignes de front. N’assiste-t-on pas par exemple à la création de lignes virtuelles au gré de la « territorialisation » de l’espace maritime ? Il faut prendre le temps d’y maintenir durablement notre supériorité. Alors, si nous prenions le temps de lever la tête et de regarder sur l’avant afin de ne pas avoir à nous dire un jour « Au fait, quelle était la question ? ». Capitaine de vaisseau Philippe Ebanga Directeur de la publication

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31 Le mystère du Dixmude

ESPACE LOISIRS

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32 Titouan Lamazou : derrière les horizons • Livres : Aventuriers de la France libre • De la Royale à la Marine de France

AGENDA

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COLS VIE DES BLEUS

unités change

COLS BLEUS NOUVELLE FORMULE La « Galaxie Cols Bleus »(1) qui sera lancée en janvier 2014, offrira à toute la « communauté Marine nationale » et au potentiel infini de nouveaux lecteurs, de nouveaux supports pour s’informer de l’actualité de la Marine. Cols Bleus vous a dévoilé, pas à pas, les coulisses de ces changements. Troisième et ultime épisode : découvrez en avant-première la nouvelle formule et la maquette du magazine Cols Bleus.

1 Hebdomadaire devenu bimensuel depuis 2010, Cols Bleus fera sa mue en janvier prochain. « C’est un grand carénage ! », affirment sans ambages les marins de sa rédaction. À nouvelle formule, nouveau rythme de parution et surtout nouvelle maquette : le magazine Cols Bleus paraîtra désormais tous les mois et sera complété du site colsbleus.fr et de la lettre hebdomadaire Cols Bleus.

« Plus lisible et moins bavard » Le chantier a débuté par une réflexion réaffirmant les enjeux et objectifs de Cols Bleus. La rédaction a planché sur la redéfinition des partis pris éditoriaux et c’est donc sur la base d’un cahier des charges précis qu’Idé Édition, partenaire de Cols Bleus depuis 2008, a entamé son travail créatif. « Des idées-forces ont évidemment guidé notre démarche artistique », précise d’emblée Éric Tardivel, directeur délégué d’Idé Édition et « chef d’orchestre » de cette refonte visuelle de Cols Bleus. Un projet à propos duquel ce professionnel du monde de l’édition est intarissable : « Pour le nouveau Cols Bleus, nous avons d’abord voulu donner sa place à l’image. Car une image bien valorisée est plus percutante que des pages entières de texte. Ensuite, nous avons souhaité construire une maquette qui s’adresse à tous les marins, quels que soient leur âge, leur origine, leur grade ou leur fonction. Dès lors, nous avons travaillé dans ce sens pour construire une revue plus moderne, plus lisible, plus claire et moins bavarde. Qu’il s’agisse du format, de la pagination, du rubriquage ou du calibrage, tout a été pensé et étudié avec, bien évidemment ensuite, l’aval des hautes autorités, du directeur de 6 ® COLS BLEUS ® N° 3024 ® 7 DÉCEMBRE 2013

«

Nous avons souhaité construire une maquette qui s’adresse au plus grand nombre. Une revue plus moderne, plus lisible, plus claire et moins bavarde.

publication et de sa rédaction pour aboutir finalement à cette maquette. » À quoi doivent s’attendre concrètement les lecteurs de Cols Bleus en janvier prochain ? Facteur clé d’identité de la Marine nationale et vecteur de cohésion, Cols Bleus restera Cols Bleus ! Si la forme change, l’esprit demeure. Parfois raillé(2) mais jamais supprimé, Cols Bleus va continuer à s’appuyer sur ses fondamentaux et à raconter la Marine, ses unités, ses moyens et ses missions. Grâce au changement de format – augmentation du nombre de pages de 32 à 48 – certaines rubriques vont logiquement s’étoffer comme notamment la vie des unités ou les dossiers à vocation pédagogique. D’autres rubriques vont apparaître, telle « Immersion » où les lecteurs découvriront un photoreportage les plongeant dans l’univers et les missions d’une unité. Chaque mois également, au centre du magazine, une infographie proposant le décryptage d’un équipement ou d’une mise en œuvre opérationnelle. Enfin, une rubrique dédiée à l’histoire maritime verra le jour grâce à la contribution du Service historique de la Défense. La rubrique « Planète mer » sera étoffée par le CESM. « Pour définir le nouveau chemin de

»

fer, nous avons tenu compte des suggestions des lecteurs. Cols Bleus est d’abord le magazine des marins pour tous les marins, mais à l’évidence pas uniquement. Il est essentiel que tous puissent s’y retrouver », explique le LV Caroline Ducret, rédactrice en chef, à la manœuvre de cette refonte éditoriale. Si la nouvelle maquette rendra Cols Bleus plus moderne, ce magazine sexagénaire privilégiera toujours autant ses lecteurs. Rendez-vous donc en janvier prochain pour déguster le nouveau Cols Bleus, « plus épais, plus structuré et plus clair » de l’avis des spécialistes. ® Réagissez sur Cols Bleus nouvelle formule : [email protected]

(1) Voir Cols Bleus n°3020, pages 4 et 5. (2) « Pravda, journal du Parti… » Aux sobriquets donnés à Cols Bleus, il est coutume de dire qu’ : « il y a autant de rédacteur en chef et de directeur de la publication de Cols Bleus que de marins, tant l’attachement de la communauté Marine à « son » journal est viscérale. Ce sont bientôt six décennies d’histoire, un bail dans la presse institutionnelle ! »

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VISITE OFFICIELLE DU CHEF D’ÉTAT-MAJOR DE LA MARINE EN ROUMANIE

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1 Les 18 et 19 novembre, le chef d’état-major de la Marine, l’amiral Bernard Rogel, s’est rendu en Roumanie en visite officielle. Cette visite a commencé par un entretien à Bucarest avec le général de corps aérien Danila, le chef d’état-major des armées roumaines, puis avec le vice-amiral Popa, le CEMM roumain, à l’état-major de la Marine. Elle s’est poursuivie par une visite du port militaire de Constanza, où le CEMM s’est fait présenter par son homologue différentes unités et leurs missions, dont le SSK Delfinul de la classe Kilo. Les participations à des opérations interalliées communes (Atalante ou Active Endeavour) et les retours d’expérience respectifs des deux marines ont été évoqués, ainsi que des pistes de coopérations futures, par exemple dans

Vendredi 29 novembre, quinze préfets et hauts responsables publics et privés participaient à un séminaire organisé par le Centre des hautes études du ministère de l’Intérieur (CHEMI), sous la présidence du chef d’état-major de la Marine et en présence du secrétaire général de la Mer, des préfets maritimes et du commandant de la gendarmerie maritime, pour réfléchir aux enjeux nationaux de la maritimisation du monde. De fait, ainsi que l’a rappelé le CEMM, la montée des enjeux maritimes « n’est pas qu’une affaire de marins. Ces enjeux concernent tous nos compatriotes, qu’ils habitent près ou loin de la mer, et bien sûr outre-mer», a-t-il ainsi rappelé. En fin de journée et après avoir écouté les différents conférenciers, les préfets ont élaboré des recommandations pour renforcer leurs savoirs et leurs pratiques dans le domaine maritime.

les domaines de l’hydrographie, de la plongée ou de la formation des officiers. À l’occasion de cette visite, le CEMM a été décoré de l’emblème d’honneur des forces navales roumaines. Cette distinction est conférée par le chef d’état-major des forces navales roumaines à un chef militaire étranger à titre exceptionnel lorsqu’il souhaite l’honorer. ®

LE CHEF D’ÉTAT-MAJOR DE LA MARINE À LA RENCONTRE DES ASSOCIATIONS

1 Très attentif au réseau associatif, qui constitue la « famille » des marins au sens large, l’amiral Bernard Rogel est allé à la rencontre de leurs représentants à l’occasion de deux événements phares.

Le mercredi 13 novembre, il a présenté les grandes orientations et les ambitions stratégiques de la France pour la Marine devant un parterre de membres de l’Association des officiers de réserve de la Marine (Acoram), des anciens élèves de l’École navale (AEN) et de l’Association nationale des commissaires de la Marine (ANCM) et répondu à leurs questions. Le vendredi suivant, il a inauguré, avec son épouse, les journées d’entraide de la Marine organisées par l’Association pour le développement des œuvres sociales de la Marine (Adosm). L’Adosm, par ses initiatives quotidiennes, soutient, jour après jour, les marins et leurs familles, et contribue à leur cohésion. ®

LE COMMANDANT DE LA FORCE OCÉANIQUE STRATÉGIQUE RENCONTRE SON HOMOLOGUE AMÉRICAIN 1 Le vice-amiral d’escadre Charles-Édouard de Coriolis, commandant la Force océanique stratégique (Alfost), s’est rendu du 18 au 21 novembre aux États-Unis à l’invitation de son homologue, le Vice Admiral Michael J. Connor. Il a dans un premier temps visité la base sous-marine de Kingsbay en Géorgie, port d’attache sur la côte Est de la flotte des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins. Accompagné du Rear Admiral Joseph E. Tofalo, commandant du Submarine Group 10, il s’est rendu à bord de l’USS Wyoming, SNLE de la classe Ohio, puis a découvert les différentes installations locales des forces sous-marines américaines. Dans un second temps à Norfolk, il a rencontré le Vice Admiral Connor pour des discussions d’état-major et s’est également fait présenter le fonctionnement de l’United States Strategic Command qui exerce un contrôle militaire sur l’ensemble des armes nucléaires

B R E F

LA MARITIMISATION, UNE PRÉOCCUPATION DE L’INTÉRIEUR ?

CONFÉRENCE DES COMMANDEURS MARITIMES DE L’OTAN

Les 20 et 21 novembre, la conférence des commandeurs maritimes de l’Otan (Marc omet) a rassemblé à Londres les commandants d’état-major, de force ou de théâtre des nations maritimes de l’Alliance Atlantique. Après avoir évoqué les principaux théâtres d’intérêt pour l’Otan, les participants ont analysé l’impact des enjeux maritimes sur des marines aux moyens toujours plus comptés. La France y était représentée par les vice-amiraux d’escadre (VAE) Yves Joly, commandant en chef pour la zone Méditerranée, et Philippe Coindreau, commandant de la Force d’action navale. Le commandement maritime de l’Otan dirige les opérations (Ocean Shield, Active Endeavour). Son commandant en second, le vice-amiral d’escadre Christian Canova, est français. Trente-cinq officiers et officiers mariniers français y sont affectés, formant le deuxième contingent de cet état-major de 300 personnes.

des États-Unis. Ce fut aussi l’occasion de rencontrer durant son séjour le Vice Admiral Nora W. Tyson, Deputy Commander, US Fleet Forces Command, ainsi que les officiers français en poste à Norfolk. Cette visite intervient un an après celle du Vice Admiral Connor à Brest à la base opérationnelle de l’île Longue. Elle souligne le renforcement de la coopération entre les deux forces sous-marines et plus largement entre la Marine nationale et l’US Navy. ® COLS BLEUS ® N° 3024 ® 7 DÉCEMBRE 2013 ® 7

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B R E F

UN DÉTACHEMENT BRITANNIQUE À LANVÉOC-POULMIC

Du 18 au 22 novembre, un détachement d’hélicoptères britanniques du 702 squadron de la RNAS Yeovilton a opéré sur la base d’aéronautique navale de Lanvéoc-Poulmic. Composé de trois Lynx MK 8, d’un AW159 Wildcat, de quatre équipages et d’un échelon de soutien technique, le détachement de la Royal Navy a effectué des vols de navigation, sur terre et sur mer, ainsi que des missions d’entraînement élémentaire de lutte antisurface. Avant son départ en patrouille avec l’un des Lynx, un AW 159 Wildcat de l’escadron d’expérimentation 700W squadron a atterri sur la plateforme de la base d’aéronautique navale de Lanvéoc-Poulmic le 22 novembre. Il y a effectué un ravitaillement rotor tournant. Cette manipulation est très technique, puisque l’aéronef reste avec ses moteurs et équipements en fonction pendant toute l’opération. Ce « landaway », déploiement extérieur de la force, concourt à la formation initiale de trois équipages avant l’obtention de leur qualification opérationnelle pour de potentiels déploiements. DERNIÈRE RENTRÉE DES COULEURS POUR LE JACQUES CARTIER ET LA TAPAGEUSE

Fin novembre, deux bâtiments de la Marine ont rentré pour la dernière fois le pavillon national, lors de cérémonies organisées à Brest, le 18 novembre pour le bâtiment de transport léger (Batral) Jacques Cartier et le 22 novembre pour le patrouilleur de 400 tonnes (P400) La Tapageuse. Ces cérémonies marquent le retrait définitif du service actif de ces deux bâtiments. Ils ont navigué sur de nombreux océans du monde, La Tapageuse ayant passé une longue partie de sa carrière en Polynésie et le Jacques Cartier autour de la Nouvelle-Calédonie. Au cours de leur trentaine d’années de service dans la Marine, ces deux bâtiments auront vu passer une vingtaine de commandants et plusieurs générations de marins.

ENTRAÎNEMENT MULTILATÉRAL DE GUERRE DES MINES CUT AWAY À BREST Du 18 au 22 novembre, l’exercice de guerre des mines Cut Away s’est déroulé dans la rade de Brest. Nouveauté de cette deuxième édition, la présence d’équipes américaines et britanniques aux côtés des marins français. 1 L’entraînement multilatéral Cut Away avait pour scénario la sécurisation d’un port de commerce majeur et le rétablissement du trafic maritime d’un pays ami, en période post-conflit. À la mer, le bâtiment-base des plongeurs démineurs Styx a mis en œuvre à plusieurs reprises des robots d’intervention sous-marine (véhicule sous-marin autonome ou AUV) qui permettent de couvrir une plus grande surface que les plongeurs. Les hommes du groupement des plongeurs démineurs de l’Atlantique ont, quant à eux, découvert, investigué et neutralisé la mine et les fûts de toxiques fictifs mouillés pour les besoins de l’exercice. Un état-major opérationnel était également déployé à terre, à l’École navale, pour coordonner l’ensemble des activités terrestres et côtières. Les équipes cynophiles et les binômes de plongeurs se sont mobilisés pour détecter toute forme de menace sur la bande littorale, sécuriser les quais et les bassins comme les coques des bâtiments de la force. Des équipes de neutralisation d’explosifs ont également été hélitreuillées ou envoyées à bord de semi-rigides pour effectuer diverses interventions : libération d’otages, neutralisation de véhicules piégés…

CIN DE BREST CÉRÉMONIE DE PRÉSENTATION AUX DRAPEAUX DES PROMOTIONS DE L’ÉCOLE DES MOUSSES ET DE L’ÉCOLE DE MAISTRANCE

1 La cérémonie de présentation aux drapeaux des promotions « Second maître Daniel Robert » – pilote tombé à Dien Bien Phu en 1954 – de l’École de maistrance et « Second maître Joseph Kerleroux » – jeune pilote de chasse disparu en mer en 1958 – de l’École des mousses s’est déroulée au centre d’instruction naval (CIN) de Brest le 16 novembre. La présentation aux drapeaux, présidée par le vice8 ® COLS BLEUS ® N° 3024 ® 7 DÉCEMBRE 2013

« L’objectif d’un entraînement de ce type est de proposer des situations réalistes, très proches de ce que rencontrent ces équipes sur les théâtres d’opérations. Le fait de travailler avec nos alliés américains et britanniques nous permet de confronter nos méthodes et nos savoir-faire pour être encore plus facilement interopérables en cas d’intervention conjointe », commente le CV Jean-Christophe Olieric, commandant l’état-major de la guerre des mines et coordinateur de l’entraînement. ®

amiral d’escadre Christophe Prazuck, directeur du personnel militaire de la Marine (DPMM), marque symboliquement l’entrée de ces jeunes marins dans l’institution. Le DPMM leur a dit qu’il attendait d’eux de s’instruire pour devenir des marins et des militaires, tout en valorisant leur futur métier : « Le splendide métier que vous avez choisi est hors du commun, il est exigeant, parfois difficile, mais il vous enrichira. » Cette cérémonie célèbre le 25e anniversaire de l’École de maistrance qui assure la formation des futurs officiers mariniers. Chaque année, elle accueille 800 élèves répartis en quatre promotions. Depuis la réouverture de l’École des mousses en 2009, ils reçoivent une formation de dix mois sur le site du CIN. Après l’obtention de leur brevet, ils signent un contrat de quatre ans et intègrent le corps des quartiers-maîtres et matelots de la flotte. ®

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FIN D’OPÉRATION CORYMBE POUR LE PM L’HER

1 Le 21 novembre, l’aviso Premier Maître L’Her a été relevé par le bâtiment de projection et de commandement (BPC) Dixmude et l’aviso Commandant L’Herminier pour poursuivre l’opération Corymbe. Au cours de ce déploiement, le PM L’Her a contribué à la protection des intérêts français dans cette zone stratégique, en complément des forces prépositionnées à Dakar, Abidjan ou Libreville. Il a mené des missions de surveillance maritime, des entraînements communs avec les marines africaines et procédé à des échanges d’informations avec les centres régionaux chargés de surveiller leurs zones maritimes de responsabilité. Pendant les relâches opérationnelles, près d’une trentaine d’actions de coopération bilatérale (périodes d’instructions opérationnelles), ont été

réalisées par l’équipage du PM L’Her au profit des marines régionales de six pays différents. Ces échanges ont donné lieu à des formations de lutte contre les incendies, d’entraînement des équipes de visite, des plongeurs de bord et des manœuvriers. Au total, plus de 235 marins africains ont été formés à bord. Deux actions civilo-militaires ont également été conduites par les marins du PM L’Her dans des orphelinats à Lomé (Togo) et Pointe-Noire (Congo). Elles ont permis de remettre en état des locaux parfois insalubres et d’y apporter un peu de joie et de confort aux enfants qui y vivent. En contacts réguliers avec les navires participant au programme de contrôle naval volontaire dans le golfe de Guinée, le PM L’Her a, par sa seule présence, contribué à sécuriser la zone. ®

B R E F

REMISE DES PRIX À L’ÉCOLE NAVALE

La cérémonie de remise des prix aux officiers-élèves de la promotion 2010 de École navale s’est déroulée le 21 novembre, en présence des officiers de l’école. Les meilleurs élèves ont été récompensés. L’ensemble de la promotion a reçu son diplôme d’ingénieur de l’École navale, de niveau master, pour les élèves issus des classes préparatoires, et le diplôme de master professionnel « Milieu maritime et opérations navales » pour ceux issus de concours spécifiques comme celui de l’École navale interne (ENI). Les enseignes de vaisseau fraîchement promus vont désormais rejoindre leurs unités ou leurs écoles de spécialité afin de commencer leur carrière dans les forces. GUYANE : ARRAISONNEMENT DE DEUX NAVIRES EN PÊCHE ILLÉGALE

ENTRAÎNEMENT MULTINATIONAL POUR LA FRÉGATE LA MOTTE-PICQUET

1 Les 14 et 15 novembre, la frégate anti-sousmarine (Fasm) La Motte-Picquet a participé à l’entraînement de lutte anti-sous-marine Nort Act en Atlantique nord. Associée au bâtiment britannique Northumberland, la frégate française était opposée à un sous-marin allemand de type U31. Plus de 36 heures durant, l’équipage s’est vu confronté à des menaces simulées dans une articulation opérationnelle interalliée. Mené et organisé par la Royal Navy au profit de la qualification de leur frégate, cet exercice a permis au La Motte-Picquet de se familiariser avec le travail des frégates britanniques et notamment avec leur sonar 2087 d’une génération identique à celle des

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frégates multimissions (Fremm) françaises. Tandis que le Northumberland, avec son hélicoptère Merlin, détectait le sous-marin U31, l’équipage de la Fasm La Motte-Picquet complétait le dispositif avec son hélicoptère Lynx, spécialisé dans la lutte antisous-marine. Malgré des conditions météorologiques adverses et un environnement très changeant, les interactions avec l’U31 ont permis d’améliorer l’expérience des équipages de la frégate. Dans la continuité des contacts noués lors de l’entraînement Joint Warrior 13.2, l’entraînement Nort Act a permis de parfaire la coordination entre forces alliées, dans l’optique de futures missions menées en commun. ®

Mi-novembre, alors que le patrouilleur La Gracieuse effectuait sa mission de surveillance et de police des pêche, l’équipage a détecté un navire de pêche naviguant dans les eaux territoriales françaises. Le patrouilleur l’a alors pris en chasse pour procéder à un contrôle. La tapouille, le Baal Berite, naviguait sans immatriculation ni pavillon apparents. Environ 1 tonne de poissons a été découverte dans les cales. Le lendemain, la vedette Organabo de la gendarmerie maritime a arraisonné une tapouille dénommée Comte Vitonerto avec environ 2 tonnes de poissons dans ses cales. Sur ordre des autorités compétentes, les deux bâtiments ont été déroutés vers la base navale de Dégrad-des-Cannes et les membres des équipages remis à la gendarmerie maritime. RUGBY : PREMIER CHALLENGE FOCH-RONARC’H RÉUSSI !

Le 11 novembre, à Brest-Plouzané, l’équipe masculine du Rugby club de la Marine nationale (RCMN) a battu celle de l’armée de Terre par 23 points à 10. Elle a donc reçu pour un an la garde du challenge Foch-Ronarc’h qui constitue l’enjeu de cette rencontre destinée à perpétuer le souvenir des combattants des deux armées durant le conflit 1914-18. L’équipe féminine de la Marine a joué contre celle du pays de Brest. Elle s’est imposée par 26 points à 12 avec une équipe fortement renouvelée. COLS BLEUS ® N° 3024 ® 7 DÉCEMBRE 2013 ® 9

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LE VAR RAVITAILLE LE CASSARD EN MÉDITERRANÉE ORIENTALE

Le 22 novembre à la tombée de la nuit, le bâtiment de commandement et de ravitaillement (BCR) Var a effectué une manœuvre de ravitaillement en mer (RAM) au profit de la frégate antiaérienne (FAA) Cassard en Méditerranée orientale. Ce dernier a permis à la frégate de refaire ses pleins en combustible de navigation, carburant aviation et de récupérer plusieurs rechanges navals et aéronautiques. Le BCR Var conduit des ravitaillements au profit des navires français et alliés présents sur le théâtre dans le cadre de son soutien associé à l’opération Active Endeavour. Ces ravitaillements sont primordiaux, car ils permettent aux navires de durer à la mer en offrant les ressources logistiques nécessaires à leur permanence opérationnelle sur zone.

LANCEMENT DU CD D’ANGLAIS OPÉRATIONNEL DE PASSERELLE !

La division entraînement d’Alfan (Divent) met en place un nouvel outil de travail qui devrait rapidement devenir incontournable en passerelle : le CD d’entraînement à l’anglais opérationnel pour les chefs de quart et leurs adjoints. Cette plate-forme d’apprentissage voit le jour grâce à la proche collaboration entre la Divent, la Fosit, la cellule e-learning du CIN SaintMandrier, et les « prêteurs de voix ». Le projet, réalisé par le LV Devaux et le LV (R) Maillet de la section ENT/Anglais OPS, vise à répondre au juste besoin des unités de la FAN. Il est le moyen pertinent, convivial et pragmatique de mieux préparer les chefs et adjoints de quart aux communications radio (interrogations de bâtiment, antipiraterie, anticollision…), et ce en toute autonomie, que ce soit à quai ou en mer.

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CAMPAGNE TIREURS D’ÉLITE À LONGUE DISTANCE CHEZ LES COMMANDOS MARINE À DJIBOUTI

1 Durant quatre semaines, la campagne annuelle de tir pour les meilleurs tireurs d’élite à longue distance (TELD) des forces spéciales françaises s’est tenue sur le camp des commandos marine d’Arta, à Djibouti. Organisée conjointement par les commandos de Montfort et de Penfentenyo, cette campagne a concerné neuf équipes de six unités de forces spéciales : Montfort, Penfentenyo, Hubert, CPA 10, 1er RPIMa et GIGN. Faisant l’unanimité au sein de ces unités pour la diversité des mises en situation et la richesse des enseignements tirés, la campagne TELD d’Arta est unique en son genre à plusieurs égards. L’environnement aride et désertique, ainsi que les condi-

tions aérologiques exigeantes et évolutives (chaleur, luminosité, humidité, vent, poussière) du camp sont très proches des conditions rencontrées sur certains théâtres d’opérations. La variété des champs de tir des forces françaises à Djibouti (FFDJ) permet l’emploi des armes à toutes les distances et dans toutes les configurations de tir. Les tireurs peuvent donc y être mis dans des situations tactiques complexes, afin d’éprouver leurs capacités techniques dans un environnement difficile et en faisant appel à leurs ressources physiques et intellectuelles. Deux équipes de la Marine se hissent sur les deux premières marches du podium. ®

MISSION DE CONNAISSANCE-ANTICIPATION ACCOMPLIE POUR DEUX BÂTIMENTS HYDROGRAPHIQUES DE LA MARINE 1 Le bâtiment hydrographique et océanographique (BHO) Beautemps-Beaupré revient d’un déploiement de trois mois en plein cœur de la Manche. Le bâtiment hydrographique Borda a, quant à lui, effectué sa mission au large de la Guyane. Le BHO Beautemps-Beaupré a accosté mi-novembre à Brest. Pendant trois mois il a effectué des missions d’hydrographie au sud du raz Blanchard. Lors de ce passage en Manche, il a réalisé des études au profit de domaines très divers comme les énergies marines renouvelables, l’extraction de granulats ou encore la prévention des risques de submersion marine. Il a ainsi participé à des travaux d’actualisation et d’enrichissement des bases de données du Service hydrographique et océanographique de la Marine (Shom). Le BH Borda est rentré fin novembre au port de Brest après un déploiement outre-Atlantique. L’objectif de la mission était d’hydrographier la côte guyanaise, dont un tiers (100 km) ne l’avait jamais été jusqu’ici. Ces connaissances profiteront aux patrouilleurs de la Marine et de la gendarmerie,

aux pêcheurs et aux plaisanciers. Ces travaux ont notamment confirmé le faible gradient des fonds marins. Aucun nouveau banc rocheux n’a été découvert. Néanmoins, plusieurs nouvelles obstructions, qui n’étaient pas présentes sur la carte jusqu’alors, ont été identifiées (petites roches, épaves récentes). Le recueil de ces informations permet d’assurer une plus grande sécurité de la navigation, mais aussi de mieux connaître le milieu marin et son évolution. ®

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SÉMINAIRE HEC ENTREPRENEURS À L’ÉCOLE NAVALE 1 Pour sa 10e édition, du 13 au 15 novembre, l’École navale a accueilli 96 élèves d’HEC Entrepreneurs pour quatre jours de séminaire avec la promotion 2012 de l’École navale, sur le thème «Le leadership en situation de crise». Les élèves ont été mis en situation pratique et théorique à travers des conférences sur le leadership et le management en situation de crise et des ateliers de formation au commandement. Ils ont participé au Centre d’entraînement à la survie et au sauvetage de l’aéronautique navale (Cessan) à un exercice d’évacuation d’un hélicoptère ayant amerri. Cette action de formation partagée a permis à l’École navale de faire connaître ses compétences en matière de management auprès de futurs cadres civils de haut niveau. Fondée sur les valeurs et l’éthique militaires, la formation au leadership opérationnel dispensée par la Marine s’appuie sur l’aguerrissement et la pratique spécifique du commandement en environnement complexe. ®

MARINES ÉTRANGÈRES CORÉE DU SUD LANCEMENT DU BÂTIMENT DE DÉBARQUEMENT DE CHARS CHEONWANG BONG Le Cheonwang Bong, première unité d’une série de quatre grands bâtiments de débarquement de chars du type LST 2, a été lancé le 10 septembre 2013 aux chantiers Hanjin Heavy Industries à Pusan. Sa mise en service est prévue en septembre 2014 ; les trois autres LST 2 suivront à intervalle d’une année entre chaque bâtiment. Ces navires vont remplacer les LST ex-américains datant de la Seconde Guerre mondiale dont les derniers exemplaires ont été retirés du service en 2007. Avec leur déplacement de 4 500 tonnes (7 140 à pleine charge) et leurs grandes dimensions (126,90 m sur 19,40 m), ces bâtiments amphibies pourront embarquer deux chalands de débarquement de type LCM en pontée sur la plage avant, ainsi que mettre en œuvre deux hélicoptères de transport de troupes depuis une plateforme et un hangar situés à l’arrière. La Marine sud-coréenne a préféré accorder la priorité à ces quatre unités avant d’entreprendre la réalisation du deuxième porte-hélicoptères d’assaut du type Dokdo. Ce nouveau bâtiment, qui pourrait recevoir le nom Marado, devrait être doté dès la construction d’un tremplin à l’avant afin de pouvoir embarquer des avions à décollage court et devenir ainsi un porte-aéronefs. Son admission au service actif est prévue en 2018, après la livraison du quatrième et dernier LST 2. Le Dokdo est pour sa part en service depuis 2007. Par ailleurs, un certain nombre de bâtiments ont fait leur apparition en Corée du Sud au cours de l’année 2013 : ont ainsi été mis en service la frégate 811 Incheon le 13 janvier (première unité du type FF-X), ainsi que trois patrouilleurs lance-missiles du type PKM-X, les 722 Lim Byung Rae (3 septembre), 723 Hong Shi Wook (14 octobre) et 725 Hong Dae Sun (4 novembre). Trois autres patrouilleurs du même type, les 726 Han Mun Sink, 727 Kim Chang Hak et 728 Park Dong Jin, ont été lancés le 24 avril. Deux autres frégates du type FF-X ont été mises à flot, les 812 Gyeong Gi (18 juillet) et 813 Jeon Buk (13 novembre). Enfin le quatrième sous-marin du type 214 a été mis à flot le 13 août, le 76 Kim Jwa Jin. CV (R) Bernard Prézelin, Flottes de Combat COLS BLEUS ® N° 3024 ® 7 DÉCEMBRE 2013 ® 11

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DOSSIER RÉALISÉ PAR LE LV COLOMBAN ERRARD

GROUPE AÉRONAVAL

UNE MAIN DE FER DANS UN GAN DE VELOURS

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e groupe aéronaval (GAN) est un des vecteurs majeurs des opérations de projection de puissance menées de manière autonome et dans la durée sous les ordres du chef d’état-major des armées (Cema). Son autonomie en fait l’outil privilégié d’entrée en premier sur un théâtre. Visible dès son appareillage, le porte-avions et ses bâtiments d’escorte permettent de démontrer la volonté de la France. Sa mise en œuvre ne nécessite aucun accord diplomatique préalable, contrairement à un déploiement ou au stationnement de forces dans un pays étranger. Il permet donc une autonomie stratégique. Le GAN de velours… Pouvant parcourir jusqu’à 1 000 kilomètres par jour, le groupe aéronaval offre au pouvoir poli-

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tique une force d’action souveraine. Il peut constituer le fer de lance d’une opération de grande envergure, s’intégrer dans une opération aéromaritime ou aérienne nationale ou non, mais également appuyer des troupes à terre, dans un cadre national ou une coalition. Appui feu, défense aérienne, commandement, renseignement, et le cas échéant soutien médical ou logistique, ses capacités sont multiples. Le Rafale au standard F3, avion de combat multirôle permet de réaliser des opérations d’assaut terre-mer, d’affirmer une supériorité aérienne, de disposer de capacités de reconnaissance, de projection de puissance et de maîtrise de l’espace aéromaritime. C’est aussi une des composantes de

la dissuasion nucléaire. La main de fer… Le groupe aéronaval et ses 2 600 marins sont également en mesure de tenir éloignée, de neutraliser ou de détruire une force navale adverse qui voudrait dénier l’usage de l’espace aéromaritime, ou directement s’opposer aux forces françaises ou alliées. Grâce à la complémentarité des moyens fournis par ses aéronefs embarqués, ses frégates, son sous-marin d’escorte et ses avions de patrouille maritime, le GAN est un outil à géométrie variable, complet de maîtrise, de surveillance et de contrôle d’une zone aéromaritime hauturière ou littorale, et permet d’en limiter ou d’en interdire l’usage. Visite guidée.® COLS BLEUS ® N° 3024 ® 7 DÉCEMBRE 2013 ® 13

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NOM DE CODE : « TASK FORCE 473 » Outil essentiel de la maîtrise d’un espace aéromaritime et des espaces attenants, le groupe aéronaval français constitué en force opérationnelle porte le numéro Otan 473 (Task Force 473). Il présente la caractéristique de répondre aux cinq fonctions stratégiques de la défense. Explications.

1. CONNAÎTRE ET ANTICIPER

et à sa mobilité, cette composante de la dissuasion nucléaire peut être mise en œuvre. Le GAN est donc un des piliers de la dissuasion.

Le GAN dispose d’une capacité autonome d’acquisition de la connaissance d’un théâtre et d’analyse du renseignement. Il veille ainsi sur une bulle d’un rayon de 500 km autour de lui. Placé au cœur de la France, il couvrirait par exemple l’ensemble du pays. Par ses moyens propres : avions radars, avions de reconnaissance, frégates, sous-marins… Mais aussi grâce aux nombreuses interactions qu’il entretient en permanence avec son environnement : participation à des opérations en coalition, échanges d’informations ou de personnel, escales, exercices, rencontres diplomatiques…

4. PROTÉGER La maîtrise d’une zone aéromaritime dans ses trois dimensions : aérienne, surface et sous-marine est l’une des fonctions essentielles du GAN et de ses unités. La surveillance et le contrôle d’une zone dans un rayon de 500 km, à proximité des côtes ou plus au large, permettent d’agir en profondeur pour protéger les intérêts du pays. Avec en plus l’atout de la souplesse, de la modularité et de la réversibilité.

2. PRÉVENIR

5. INTERVENIR

Le GAN est un instrument politique. Lorsqu’il appareille, la France délivre un message fort : celui que le pays est déterminé à défendre ses intérêts ou à contribuer à la stabilité internationale.

Base aérienne mobile, embarquant tous les soutiens, rapidement positionnable sans accord politique ou diplomatique préalable grâce à la liberté des mers, employable quasi immédiatement, le GAN est un outil de projection de puissance et d’entrée en premier dans un théâtre. Dans la main du chef d’étatmajor des armées, c’est une capacité à géométrie variable à la fois souple et autonome, qui permet la mise en œuvre d’une coercition graduée, jusqu’au plus haut niveau. ®

3. DISSUADER Les Rafale Marine peuvent tirer le missile ASMP-A. Quelle que soit la distance du théâtre, grâce aux moyens aériens du porte-avions

PORTE-AVIONS ET PORTE-AÉRONEFS, UNE CAPACITÉ RARE

LE PORTE-AÉRONEFS ITALIEN CAVOUR ET LE PORTE-AVIONS CHARLES DE GAULLE DURANT L’ENTRAÎNEMENT MULTINATIONAL LEVANTE (PEAN 2012).

es navires pouvant mettre en œuvre des avions pour la projection de puissance se répartissent en deux types : les porteavions et les porte-aéronefs. Les porte-avions embarquent des avions conventionnels aux performances très supérieures à celles des avions à décollage court

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ou vertical (autonomie et emport d’armement). Ils se subdivisent en deux catégories : d’une part les porte-avions catobar (catapult assisted but arrested recovery) qui mettent en œuvre leurs avions au moyen de catapultes sur une piste axiale ou oblique ; et d’autre part les porte-avions stobar (short take-off

but arrested recovery) qui le font au moyen d’un tremplin à l’avant de la piste axiale. Les deux catégories récupèrent leurs avions de la même façon, c’est-à-dire au moyen de brins d’arrêt placés en travers de la piste oblique. Les porte-aéronefs embarquent des avions à décollage court ou vertical, aux capacités réduites par rapport aux avions conventionnels en raison de la quantité de carburéacteur nécessaire pour leurs opérations de décollage et d’appontage. Ils disposent d’un tremplin placé à l’avant de la piste axiale (ski jump) afin d’économiser le carburant des appareils lors des manœuvres aviation et sont en général dépourvus de piste oblique.® CV (R) BERNARD PRÉZELIN, FLOTTES DE COMBAT

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UN SIÈCLE DE PORTE-AVIONS FRANÇAIS De bâtiments transformés en plates-formes aériennes entre les deux guerres aux porte-avions modernes (porte-avions à catapultes) capables d’une véritable projection de puissance dans la durée, en passant par les bâtiments principalement transporteurs d’aéronefs vers les théâtres opérationnels… Rétrospective des porte-avions français. GUE ERRE APRÈS GUERRE

ENTRE DEUX GU GUERRES UERRES 1946-1954 1954 INDOCHINE INDOC CHINE Béarn, Dixmude, La Fayette, Bois-Belleau elleau

1928 Béarn : Cuirassé transformé formé en partir de 1928 porte-avions (185m) à p

1961 BIZERTE BIZERTE TUNISIE EN TUNISIE Arromanches

1956 CRISE DE SUEZ SUEZ CRISE hes La Fayette, Arromanches

1962 EV VACUATION ON EVACUATION ALGÉRIE ALGÉRIE La Fayette

Le volume d’action du groupe aérien ien embarqué est confondu avec celui du porte-avions et dépasse sse rarement 100 nautiques.

Le porte-aéronefs porte-aéronefs est un bâtiment classique transformé c

CON NTEMPORAINE ÈRE CONTEMPORAINE Clémenceau Clémence eau et Foch Foch 1977 INDÉPENDANCE DJIBOUTI. INDÉPENDANCE DE DJ IBOUTI. La présence du GAN permet de ga garantir arantir l’intégrité du nouvel Etat, menacé à sa naissance e par la Somalie et Tunisie l’Ethiopie. La même année, le GAN soutient la T unisie menacée par la Libye.

1984 OPÉRATION MIRMILLON OPÉR ATION « M IRMILLON ». ». Le GAN fait pression ssion sur la Libye et protège le retrait des troupes upes françaises de l’opératio n l’opération Tchad. « Manta » au nord d du T chad.

1989 OPÉR RATION « C APSELLE » OPÉRATION CAPSELLE ».. Mission l’offensive on d’intimidation lors de l’of ffensive fensive syrienne contre tre uit national libanais. Le GAN est un instrument ent le réduit stratégique stratég gique de soutien à la politique étrangère.

Le porte-avions devient une ne base mobile intégrée, opérant $$"!+""#" '".""%" $$"!+""#" '".""%" de combat jusqu’à une distance nce de 400 km environ.

1982 à 1984 OPÉRATION OLIFANT ».. OPÉR ATION « O LIF FANT » françaises Le GAN soutient les troupes franç çaises au Liban et plus largement la souveraineté libanaise face à la Syrie. En octobre 1983, le raid id sur la plaine de la Bekaa en rétorsion après l’att tentat meurtrier l’attentat de l’immeuble « Drakkar », illustre l’emploi réactif de la puissance aérienne depuis le e porte-avions.

1987 et 1988 OPÉRATION PROMÉTHÉE ».. OPÉRATION « P ROMÉTHÉE » Déploiement du GA GAN AN pendant treize mois pendant la "/$!! ! !!###" "/$!! ! !!###" maintenir la libre circulation rculation des navires français dans le golfe Arabo-persique. sique. Les deux atouts du GAN sont alors sa visibilité ett sa relative invulnérabilité, liée à sa é. très grande mobilité.

1990 OPÉRATION SALAMANDRE ».. LAMANDRE » OPÉR ATION « SA $!+" #!%#"!" #!%# "   !" $  !+" .$#$ &#!. ! .$#$ &#!. !

ÈRE CONTEMPORAINE CON NTEMPORAINE Charles C Char les de Gaulle 1992 à 1996 BOSNIE. B OSNIE. ter-Le GAN, placé au plus proche des combats ter françaises déployées es restres soutient les forces française es déployé sous mandat ONU puis OTAN. OTAN.

2001 à 2002 OPÉRATION HÉRACLÈS OPÉR ATION « HÉR ACLÈS » (Afghanistan)

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*#  $     *    $ ! !  $ "# )  *(! " "#   *#! *#!   #* #* ) *(!  " des délais restreints ints une projection de puissance en soutien des opérations érations terrestres de la coalition.

2011 OPÉRATION HARMATTAN OPÉR RATION « H ARMA ATT TTA AN » ##,/!##!-#!*$! ##,/!##!-#!*$! de la Libye. Le GAN s’intègre au plus près des côtes es dans le e cycle d’opérations aériennes en maximisant le temps sur zone et avec une très forte réactivité.

Les avions n n’évoluent n’évolu évoluent plus forcement dans le volume d’intérêt opérationnel opérationnel lié au bateau. Les opérations dirigé ées par la coalition et se déroulent aériennes sont dirigées à plus de 1000 km du u porte-avions.

1999 KOSOVO. K OSOVO. Avec A vec seulement 20 chasseurs-bombardiers Super-Etendard Modernisé, le GAN N réalise 40 % des missions aériennes françaises.

2004, 2006, 2007, 2010 OPÉRATIONS OPÉR ATIONS « AGAPANTHE AGAPANTHE » construites autour du soutien des forces terrestres t de l’Otan en Afghanistan.

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Témoignages

UN INSTRUMENT STRATÉGIQUE UNIQUE EN SON GENRE « LE GAN AGIT À DIFFÉRENTS NIVEAUX : POLITIQUE, DIPLOMATIQUE, STRATÉGIQUE ET OPÉRATIONNEL » e groupe aéronaval constitue un des de lance de la Marine. Il peut inter«Lfers venir sur un large spectre de missions, allant de la projection de puissance, qui constitue son cœur de métier, au soutien à la politique étrangère, en passant par des missions de contrôle de zone et d’appui. Le GAN contribue également à la mise en œuvre de l’arme nucléaire dans le cadre de la Force aéronavale nucléaire (FANu). Il s’agit d’une capacité à géométrie variable, en fonction du type de mission considérée. Ses moyens sont issus dans la plupart des cas de quatre composantes de la Marine – surface, sous-marine, aéronautique navale et fusiliers marins et commandos – dont il constitue l’un des éléments structurants. Le GAN agit à différents niveaux : politique, diplomatique, stratégique et opérationnel, ce

L’ÉTAT-MAJOR EMBARQUÉ PREND SES QUARTIERS À BORD DU PORTE-AVIONS LORS DES DÉPLOIEMENTS.

qui fait de lui un instrument unique à la main des différents décideurs. Outre sa puissance de feu, il se distingue par son autonomie, sa

mobilité, sa flexibilité, son endurance et bien sûr son aptitude à opérer en environnement interarmées, interallié ou les deux. La Marine française détient avec le groupe aéronaval un outil formidable. Formidable mais également exigeant compte tenu des multiples savoir-faire qu’il requiert. L’entretien de ce capital, patiemment développé depuis plus de cinquante ans, est un défi permanent que les marins du GAN ont à cœur de relever avec détermination, conscients de l’importance de la mission qui leur est confiée. Je suis pour ma part extrêmement fier d’être à leur tête. » ® CA ÉRIC CHAPERON, COMMANDANT LA FORCE AÉROMARITIME FRANÇAISE DE RÉACTION RAPIDE

« LE GROUPE AÉRONAVAL IMPOSE UNE SYNERGIE DE SAVOIR-FAIRE »

LE GAN CONJUGUE DES EXPÉRIENCES TRÈS DIVERSES.

e GAN synthétise la double culture des aériennes et des opérations «Lopérations maritimes. Plus qu’une superposition, il requiert une réelle imbrication de ces deux 18 ® COLS BLEUS ® N° 3024 ® 7 DÉCEMBRE 2013

cultures et expériences très diverses. Le GAN est un outil stratégique cohérent qui répond à un spectre de missions tactiques très large et qui s’adapte à son environnement. Dès lors qu’il est engagé, il se fond naturellement dans l’organisation structurelle des opérations les plus complexes. Il répond sans contraintes rédhibitoires aux besoins du commandement et permet de s’affranchir dans une large mesure de certaines, notamment diplomatiques. Sur un théâtre donné – qu’il soit à dominante maritime ou terrestre – le porte-avions agit en toute transparence dans le tempo opérationnel, comme une base à terre. Mais surtout, le GAN dépasse largement la dimension d’un simple porte-avions ; c’est l’ensemble des moyens qui agissent en synergie pour maîtriser un espace aéromaritime dans les trois dimensions afin de permettre l’emploi de la puissance aérienne en toute liberté : une frégate anti-sous-marine et un sous-marin nucléaire d’attaque permettent de s’affranchir de la menace sous-marine et combinent leurs efforts avec ceux d’une frégate de défense aérienne (FDA) qui assure la maîtrise de l’espace aérien. Toutes les unités s’acquittent de la menace de surface, sans oublier le ravitailleur qui permet au GAN d’opé-

rer loin et longtemps, en toute autonomie. Le groupe aéronaval est ainsi un outil rare, car il combine un ensemble de savoir-faire à la fois difficiles à acquérir et surtout à entretenir dans la durée. Aujourd’hui, seules deux nations peuvent mettre en œuvre un tel outil capable d’opérations de projection de puissance à grande échelle : les États-Unis et la France. Malgré la cohérence et l’efficience régulièrement démontrées par le groupe aéronaval français, cet outil est en évolution permanente : aujourd’hui, grâce à des senseurs plus performants, les frégates de défense aérienne (FDA) et les frégates multimissions (Fremm) apportent une capacité de recueil et de traitement de l’information, mais surtout d’action, sans commune mesure avec les générations précédentes. Prochainement, l’arrivée du missile de croisière naval sur Fremm et SNA Barracuda apportera une souplesse d’emploi supplémentaire à notre outil de projection de puissance. L’homogénéité du groupe aérien embarqué sera enfin accrue en 2016 lors du remplacement des derniers Super Étendard Modernisé par des Rafale. Ainsi, au tournant de la décennie, le GAN atteindra une belle maturité et sa pleine puissance. » ® CV GILLES HUMEAU, CHEF DE L’ÉTAT-MAJOR DES OPÉRATIONS DE LA MARINE

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« NOUS PORTONS LA NOTION DE GROUPE DANS NOS GÊNES »

QUELLE QUE SOIT LEUR TÂCHE À BORD DU PORTE-AVIONS OU DES AUTRES UNITÉS, LES MARINS DU GAN SONT LES MAILLONS D’UNE CHAÎNE À L’EFFICACITÉ REDOUTABLE.

e porte-avions fonctionne comme une horloge humaine dont le «Lgigantesque “quartz” est le “Planopair”, c’est-à-dire le plan quotidien de l’activité aérienne. Tout le bâtiment, tout l’équipage vit au rythme des pontées, des périodes pendant lesquelles le bâtiment catapulte et “ramasse” ses avions. Chacun des métiers du bord, de la cuisine à la

chaufferie, en passant par la passerelle et le pont d’envol adapte son rythme en fonction de cette exigence particulière. Ce qui frappe le néophyte qui arrive sur le porte-avions, c’est sa masse. Sa masse métallique mais aussi celle de son équipage : 24 “compagnies”, un équipage de 1 200 marins qui est renforcé à la mer par des flottilles et

de l’état-major du groupe aéronaval pour atteindre presque 2 000 âmes à bord. L’esprit d’équipage est par conséquent très particulier. Il est à la fois celui d’une vie de “villages” où chaque groupement a sa culture, ses habitudes, son rythme et celui d’une grosse unité tendue vers un seul objectif, d’une très forte exigence. La mise en œuvre d’une aviation moderne impose à tous une excellence qui se mesure dès le franchissement de la coupée. C’est le ciment et le socle commun de l’équipage : du pilote au cuisinier, de l’instrumentiste chaufferie au détecteur dans le central opérations, cette recherche de la perfection forge une culture commune. Il faut du temps aux autres bâtiments pour s’adapter au fonctionnement de ce “voilier si particulier” qui cherche le vent idéal pour lancer ses avions à 24 nœuds au milieu du trafic maritime. Il nous faut faire preuve de beaucoup d’attention vis-à-vis de ceux qui nous accompagnent et qui sont aussi indispensables à l’accomplissement de la mission. Pas de porte-avions sans pétrolier-ravitailleur, sans SNA, sans frégate de défense aérienne ou sans frégate ASM. La notion de groupe est consubstantielle au concept du porte-avions. Nous la portons aussi dans nos gènes. » ® CV PIERRE VANDIER, COMMANDANT LE PORTE-AVIONS CHARLES DE GAULLE

« L’OUTIL PERFORMANT DE LA PROJECTION DE PUISSANCE » out l’esprit de notre unité réside dans dénomination : groupe aérien «Tnotre embarqué. Le porte-avions, c’est notre raison d’être. Nous sommes des marins du ciel, membres à part entière de l’équipage, dont la mission est de voler. Nous ne sommes pas une unité qui s’ajoute au dispositif, nous ne “reprenons” pas notre place à bord, nous la “prenons” tout simplement, puisque nous faisons partie de l’équipage. Une bascule technologique importante a eu lieu au début de cette décennie avec l’arrivée des FDA et celle future des Fremm. Le tandem des aéronefs du GAé avec ces nouvelles unités a considérablement augmenté la puissance militaire du groupe aéronaval et sa contribution aux cinq fonctions stratégiques. Notre défi permanent est de maintenir l’ensemble du personnel à un niveau de qualification qui permette de répondre à tout moment au contrat opérationnel fixé par le chef d’étatmajor des Armées. Et ce quels que soient les affectations, les départs ou les arrivées. Que nous soyons déployés en mer ou sur la base de Landivisiau, la formation et la conduite des opérations se font de manière simultanée. Il faut sans cesse refaire ses gammes, se préparer, s’entraîner, se qualifier pour gagner en fluidité et donc en efficacité. Nous assurons la continuité mer-terre et la

CHASSEUR MULTIRÔLE, LE RAFALE EST LE FER DE LANCE DE LA PROJECTION DE PUISSANCE.

maîtrise de l’espace aéromaritime. Pour mettre en œuvre une telle projection de puissance, il faut toujours anticiper. Travailler beaucoup, être perfectionniste et exigeant, ne jamais céder à l’autosatisfaction. Et surtout entretenir l’ensemble des qualifications qui

sont très variées : air-air, air-sol, guidage… Notre ambition est de franchir à chaque fois un niveau supplémentaire d’une échelle dont on ne connaît pas le nombre total de barreaux. » ® CV ÉRIC AYMARD, COMMANDANT LE GROUPE AÉRIEN EMBARQUÉ

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« LA CLÉ, C’EST LA CONNAISSANCE MUTUELLE »

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’outil porte-avions fonctionne parce que le groupe aérien embarqué (GAé) fait partie intégrante de l’équipage. Les 600 marins du GAé doivent se sentir comme chez eux lorsqu’ils viennent travailler à bord. Nous faisons en sorte de faire vivre ce lien affectif au bateau lorsque le porte-avions est en période d’entretien. Il y a une synergie entre les personnels du pont d’envol, ceux des flottilles, des ateliers, du carburant ou de l’armement aéronautique que nous veillons à entretenir. Le porte-avions pour le GAé, c’est comme une résidence secondaire. On aime y séjourner, mais comme on n’y est pas en permanence, il y a forcément quelques surprises lorsque l’on revient : des petites choses à corriger et des périodes d’adaptation ou de réglages. Chaque marin à bord du porte-avions doit reprendre ses réflexes ou les acquérir afin de participer à la réalisation des missions aériennes. Il faut se concentrer sur les basiques, échanger, faire remonter les informations. Concernant le lien avec les autres unités du GAN, c’est également une mécanique fine. En effet, le lien qui existe avec le porte-avions physique n’est pas permanent. La permanence est dans le flux d’informations. Il y a toutefois un mariage de circonstance à trois avec l’étatmajor embarqué, les unités qui composent le GAN et la composante aérienne. Tous doivent 20 ® COLS BLEUS ® N° 30242 ® 7 DÉCEMBRE 2013

se connaître, faire circuler les idées et les points de vue, les regrouper, mais surtout être rigoureux pour viser la meilleure performance. Le but, c’est de partager une même vision de l’activité et de fluidifier l’ensemble. Chacun apporte sa pierre à l’édifice mais le cairn doit bien présenter. La clé, c’est la connaissance mutuelle. Il faut être conscient des besoins et attendus des uns et des autres et saisir les opportunités d’entraînement mutuel. Se connaître dans ses points communs et dans ses différences permet de comprendre les réactions et les points de vue des autres unités du GAN, sans s’offusquer et en réagissant de manière adaptée. C’est une fierté d’appartenir à cet ensemble. » ® CV JACQUES MALLARD, COMMANDANT ADJOINT OPÉRATION DU PORTE-AVIONS CHARLES DE GAULLE

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1 AU CENTRAL OPÉRATIONS DU CHARLES DE GAULLE, TOUTES LES INFORMATIONS CONCERNANT LE GROUPE AÉRONAVAL SONT RASSEMBLÉES ET ANALYSÉES POUR LUI PERMETTRE D’OPÉRER EFFICACEMENT EN TOUTE SÉCURITÉ. 2 LA CAPACITÉ DE RÉCUPÉRATION AU COMBAT (RESCO) FAIT PARTIE DES MODULES INTERARMÉES QUI PEUVENT ÊTRE DÉPLOYÉS À BORD DU PORTE-AVIONS POUR AMÉLIORER ENCORE SON AUTONOMIE D’ACTION.

SOS MÉDECINS Du fait de son effectif (2 600 marins) et des opérations qu’il conduit, le groupe aéronaval intègre un soutien médicochirurgical à part entière. Il s’agit d’une antenne chirurgicale dédiée à ce besoin particulier. En temps de paix comme en temps de guerre, un Role 2 est mis en place sur le porte-avions dès que le GAN est déployé. Là où le Role 1 offre des soins de base et une stabilisation élémentaire, le Role 2 permet une stabilisation chirurgicale. L’équipe chirurgicale est composée de sept personnels du service de santé des armées (chirurgiens, anesthésiste réanimateur, infirmiers spécialisés), complétée en fonction des circonstances par un laborantin, un manipulateur radio et un kinésithérapeute.

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LE GROUPE AÉRONAVAL FRANÇAIS VERS L’OPÉRATION BOIS BELLEAU « EN P PREMIERE LIGNE E»

TOULON T OUL OULON OULO LO ON N 2013 Mii nov M n novembre no ovem emb e mb m mbre brre b e 201 201 20 013 13 1 Mi M février fév fé évrier vrrie er 2014 20 01 14 4

OPÉRA AT T I O N B O I S B E LLEA L LEA U Décembre D écembre 2013 - Février 2014

Coopération tactique France / Etats-Unis Unis S.Truman avec le CSG Harry S.T ruman DÉCEMBRE 2013 À FÉVRIER 2014 Entraînement du groupe aéronaval JANVIER 2014

Entraîneme ent bilatéral avec Entraînement les forces fo orces armées de l’arabie Saoudite l’arabie « White Shark » DÉ ÉCEMBRE 2014 DÉCEMBRE

Entraînement bilatéral avec ec mirats les forces armées des Émirats arabes unis « Big Fox » JANVIER 2014

nement bilatéral avec Entraînement le es forces armées des les du Qatar « Big Fox » JANVIER 2014

800 K m Km

e groupe aéronaval vient de mettre le cap à l’Est pour rejoindre le nord de l’océan Indien et le golfe Arabo-Persique. L’escorte du porte-avions Charles de Gaulle est composée de la frégate de défense antiaérienne Forbin, de la frégate anti-sous-marine Jean de Vienne, du pétrolier-ravitailleur Meuse et d’un sous-marin nucléaire d’attaque et les avions de patrouille maritime. S’ajoutent aux bâtiments de combat, le groupe aérien embarqué (GAé) et ses dix Rafale Marine, dix Super Étendard Modernisé, deux Hawkeye, deux hélicoptères Dauphin, son hélicoptère Alouette III, ses deux hélicoptères Caracal en provenance de l’Organisme à vocation interarmées-air Resco et de l’état-major embarqué. L’ensemble constitue le groupe aéronaval (GAN). Depuis l’opération Agapanthe en 2011 en Libye, le GAN complet n’avait pas opéré au-delà du canal de Suez. Ordonné par le chef d’état-major des armées, l’opération durera jusqu’en février 2014 et concernera 2 600 marins et renforts interarmées.

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De fréquentes patrouilles dans cette zone d’opérations Comme le rappelle le dernier Livre blanc, la région au nord de l’océan Indien et du golfe Arabo-Persique constitue une zone où les intérêts français sont majeurs. La France y déploie en quasi-permanence des bâtiments de combat qui participent notam-

ment aux opérations de lutte contre la piraterie telle que la mission de l’Union européenne Atalante, de lutte contre le terrorisme, conduite par les Task Force 150 et 152, ou encore pour des opérations purement nationales. Le groupe aéronaval est un habitué de cette zone maritime. C’est la sixième fois depuis 2001 que le Charles de Gaulle opérera depuis le nord de l’océan Indien. C’est depuis cette zone qu’il a, à de nombreuses reprises, catapulté ses avions vers l’Afghanistan pour appuyer les troupes au sol. La capacité d’appréciation de situation et d’action du GAN va constituer, sans ambiguïté, pour nos partenaires et parties en présence l’illustration de la volonté et de la capacité de la France à être un acteur avec lequel il faut compter.

De nombreuses interactions régionales Au-delà du déploiement de cet outil stratégique, dans une zone où les intérêts français sont majeurs, l’opération baptisée Bois Belleau permettra au groupe aéronaval de conduire des coopérations aéromaritimes de haut niveau avec les pays partenaires, notamment l’Arabie Saoudite, le Qatar et les Émirats arabes unis. Des interactions entre leurs forces aériennes et maritimes et la Task Force 473 auront lieu en mer Rouge en décembre, mais aussi dans le golfe Arabo-Persique et le nord de l’océan Indien en janvier 2014.

La coopération franco-américaine au cœur du déploiement L’intensification de l’interopérabilité avec les marines alliées déployées dans la zone, notamment l’US Navy, est planifiée. L’opération Bois Belleau permettra à la coopération franco-américaine d’atteindre un niveau encore jamais égalé. En effet, le groupe aéronaval américain, constitué autour de l’USS Harry S. Truman, sera présent en mer d’Arabie et dans le golfe Arabo-Persique au même moment. Il est prévu une étroite coopération durant cinq semaines. La France et les États-Unis, partenaires stratégiques de premier plan et seules nations dotées de porteavions à catapultes capables d’opérations de projection de puissance massives, ont des modes d’action similaires. Quant au nom de l’opération, il fait référence à l’engagement déterminant des US Marines en 1918 en soutien des troupes françaises. Il renvoie également au porte-avions léger américain passé sous pavillon français en 1953. Cette opération de trois mois, précédée d’une dizaine de jours de certification du groupe en Méditerranée occidentale, permettra donc à la France de disposer dans la zone de l’océan Indien et du golfe Arabo-Persique d’une capacité militaire stratégique à la fois souple, autonome et réactive. Connaissance, anticipation, coopération régionale, prévention des crises, et capacité d’action autonome sont donc au programme du GAN. ® EV1 VINCENT LOUSTAUNAU COLS BLEUS ® N° 3024 ® 7 DÉCEMBRE 2013 ® 21

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VIE DES

unités

LE DIXMUDE ET LE COMMANDANT L’HERMINIER EN CORYMBE Depuis le 23 novembre et leur entrée dans le golfe de Guinée, le bâtiment de projection et de commandement (BPC) Dixmude, escorté par l’aviso-patrouilleur de haute-mer Commandant L’Herminier, poursuit, en relève du PM L’Her, l’opération Corymbe 122.

RASSEMBLEMENT DE L’ÉQUIPAGE DU DIXMUDE ET DES UNITÉS DE LA RÉSERVE OPÉRATIONNELLE EMBARQUÉE (ROE) SUR LE PONT D’ENVOL.

1 Vingt pour cent de l’approvisionnement français en pétrole transite dans le golfe de Guinée, espace stratégique pour notre pays. Pour les pays d’Afrique de l’Ouest, la mer est le principal débouché économique, à l’exemple du Bénin qui tire près de 70 % de son produit intérieur brut de ses activités portuaires, selon les estimations.

Sous haute surveillance Véritable chien de garde du BPC, le Commandant L’Herminier a rejoint le Dixmude à l’ouvert du détroit de Gibraltar. Les deux bâtiments opéreront ensemble durant leur présence dans la zone d’opérations. Outre leurs senseurs propres, les BPC ont la possibilité de contrôler l’espace aéromaritime en utilisant les hélicoptères embarqués. L’Alouette III de la flottille 22S assure ce rôle. Outre le prépositionnement dynamique dans la sous-région, ces opérations de connaissance anticipation poursuivent de multiples objectifs : connaissance de l’environnement et des 22 ® COLS BLEUS ® N° 3024 ® 7 DÉCEMBRE 2013

opérateurs qui s’y trouvent, secours à des navires en détresse, lutte contre les trafics en tous genres (brigandage, piraterie…). Elles servent à prévenir et le cas échéant à préparer une intervention. Dans un contexte aux enjeux complexes, le Dixmude et ses engins de débarquement de la flottille amphibie offrent également la possibilité d’appuyer toute opération littorale dans la région, au même titre ou en complément des forces françaises prépositionnées en Afrique de l’Ouest, tels que les Forces française au Gabon (Libreville) et les Éléments français au Sénégal (Dakar). De plus, grâce à des exercices réguliers avec les pays voisins, la France cultive des partenariats maritimes tactiques avec les marines bordant golfe de Guinée, en faisant vivre la coopération régionale. La Réserve opérationnelle embarquée (ROE) de l’armée de Terre, régulièrement embarquée sur les TCD et les BPC, permet de prolonger l’action maritime autant que nécessaire.

Tous dans le même bateau : complémentarité interarmées Depuis leur appareillage de Toulon le 16 novembre, les soldats découvrent la vie des marins à bord. Le BPC est un bâtiment conçu pour les accueillir de manière durable : il offre des installations très performantes de planification des opérations, d’entraînement et d’instruction. Cette mission est l’occasion pour chacun de mieux se connaître, de vivre et travailler ensemble et, bien au-delà, de tisser des liens forts et uniques. Le capitaine Eljerrat, chef du détachement interarmes constituant la ROE (réserve opérationnelle) du Dixmude, témoigne : « Après six jours en mer, les troupes de l’armée de Terre embarquées et les marins ont appris à se connaître. Ce type de bâtiment permettre d’entretenir une véritable connaissance interarmées. On peut dire désormais que nous constituons une seule force, prête à remplir les missions qui lui seront dévolues. » ® ASP ÉTIENNE DE CASTRIES

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FIN DE MISSION POUR LA FRÉGATE ACONIT Après trois mois d’opérations en Méditerranée orientale et dans le golfe Arabo-Persique, c’est l’heure du retour à Toulon pour la frégate Aconit. 1 D’août à septembre, l’Aconit a conduit des opérations de contrôle d’espaces aéromaritimes en Méditerranée orientale : information sur les transits dans la zone, actions maritimes des pays côtiers, flux migratoires, mais aussi trafic de drogue et d’armes… Pour ce faire, le commandant mobilise nécessairement tous les senseurs de la frégate, central opérations, équipe passerelle évidemment, mais aussi son hélicoptère embarqué, le Panther. Sans relâche dès les premières semaines de mer, l’équipage redouble d’efforts, grâce à des « drills » permanents, pour être au meilleur niveau possible.

Cap sur l’océan Indien À partir du 20 septembre, l’Aconit a été engagé dans l’opération multinationale de lutte antiterroriste Enduring Freedom en océan Indien dans le golfe Arabo-Persique au sein des Task Forces150 et 152, qui consiste à contrôler les mouvements maritimes suspects qui pourraient se fondre dans le flux marchand normal. Cette opération a été lancée immédiatement après les attentats du 11 Septembre 2001. Intégrée au groupe du porte-avions américain Harry S.Truman, l’Aconit a assuré les tâches de commandement de l’escorte de protection. Tout au long de son déploiement, la frégate a conduit des périodes d’instructions opérationnelles. Elle a interagi à plusieurs reprises avec les marines étrangères, particulièrement avec le groupe britannique Cougar 13. Elle a contribué à la protection des approches maritimes en contrôlant des boutres suspects.

Un équipage inlassablement mobilisé ENTRETIEN L’enseigne de vaisseau Antoine Squiban, adjoint chef de service pont à bord de l’Aconit, occupe également les fonctions d’assistant protection et défense. À ce titre, il est chef de la brigade protection et chef de l’équipe de visite sur l’Aconit. En quoi consistent vos deux fonctions, chef de la brigade de protection et chef de l’équipe de visite ? La brigade de protection est composée de 18 marins de l’équipage, chargées de la protection rapprochée du bord contre les menaces asymétriques en mer et à terre. L’équipe de visite est composée de 12 marins de spécialités de services différents. Avec la TF 152, notre action a consisté à approcher de façon pacifique les boutres que nous rencontrions pour recueillir des informations, leur apporter notre soutien, passer des messages et assurer une présence au plus près. Comment vous préparez-vous à mener de telles actions en mer ? Notre équipe a été rigoureusement formée aux procédures de visite. Il y a toujours une certaine appréhension avant le départ, mais c’est un sentiment naturel et plutôt sain ! Cela oblige à être vigilant. Il y a également une certaine excitation : nous sommes au cœur de l’action et la responsabilité qui nous est confiée est importante. Nous constituons en réalité le maillon stratégique. Qu’appréciez-vous le plus pendant ces visites ? J’aime être en contact direct avec les membres de la communauté maritime que nous rencontrons.

La force de la frégate, c’est son équipage : 170 marins, de spécialités et de parcours différents, tous unis pour accomplir ses missions avec succès. Malgré un rythme opérationnel sans répit, une dynamique de succès a régné sur la frégate pendant ces trois mois. Des salles des machines où les mécaniciens ont su faire face aux inévitables aléas techniques, en passant par le commissariat dont les marins ont redoublé d’efforts pour améliorer l’ordinaire, jusqu’évidemment à la passerelle où les équipes n’ont pas une fois baissé la garde, en passant par le central opérations, cœur battant de la mission, l’ensemble de l’équipage a été au-delà des objectifs. ® ASP. CÉLINE GUIOT

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PORTRAITS

de marin

PATRON DE DÉPANNAGE EN FLOTTILLE DE CHASSE Il est de ces hommes discrets qui, passionnés par leur métier, n’ont de cesse d’apprendre et de retransmettre les connaissances acquises au cours de leur carrière. Patient, rigoureux et à l’écoute, le maître principal Patrice Lavolée est le chef d’orchestre du soutien technique.

1 Passionné d’aéronautique navale, Patrice Lavolée a rejoint la Marine il y a vingt-quatre ans. De spécialité avionique, il a cumulé près de 1 200 jours de mer et est aujourd’hui « patron de dépannage » au sein de la flottille 12F, dotée de Rafale Marine. Son défi quotidien : être en mesure de fournir le nombre d’avions prévus pour l’activité opérationnelle ou l’entraînement des pilotes, tout en prenant en compte les échéances de sortie de visite et les pannes éventuelles au retour des vols.

Jeune maistrancier, Patrice Lavolée est affecté sur la base d’aéronautique navale de Landivisiau à la sortie de son cours. Le déclic, il l’aura au moment de sa première affectation en flottille en 1998. La découverte de la chasse embarquée le conforte alors dans son idée d’une carrière opérationnelle. Il travaille tout d’abord sur les radars du F8E Crusader. Les deux années suivantes passées au sein du service de soutien de la BAN Landivisiau lui permettent de travailler sur des avions tels que le Super Étendard et l’Étendard IV Marine,

et ainsi d’appréhender plus facilement le passage au Super Étendard Modernisé (SEM). Il a d’ailleurs participé aux premiers essais du porte-avions Charles de Gaulle, après avoir embarqué sur les porte-avions Foch et Clemenceau. L’arrivée du Rafale Marine en flottille opérationnelle a fortement marqué sa carrière. Après l’obtention de son brevet supérieur en 2004, il rejoint le Centre d’expérimentation pratique et de réception de l’aéronautique navale (Cepa) implanté sur la base d’aéronautique navale de Saint-Mandrier. Il travaille alors sur l’évolution du cœur système, c’est-à-dire le fonctionnement même de l’avion, ainsi que sur l’intégration des capacités multimissions (spectra, radar, OSF(1)…) sur le standard F2 du Rafale Marine. Ces connaissances acquises au contact des ingénieurs et industriels du Cepa ont alors permis au MP Patrice Lavolée, à son retour à Landivisiau, de partager son expérience en contribuant à la formation des marins déjà en place en flottille ou dans les services de soutien. Ce qu’il retient de son parcours, Patrice Lavolée le dit sans équivoque à « ses jeunes de la douzef », surtout ne pas se décourager et rester positif, « on est toujours maître de son avenir » ! ® ASP MYLÈNE BLONDEAU

(1) Optronique secteur frontal (imagerie). 24 ® COLS BLEUS ® N° 3024 ® 7 DÉCEMBRE 2013

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LE MÉTIER CHANGE, LA PASSION RESTE Sous-marinier était son premier souhait et il a trouvé un moyen de le réaliser. Ancien marin-pompier embarqué, le maître Pascal Gaudin est devenu électricien atomicien sur sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE). Après avoir vécu une première patrouille à bord de SNLE, il témoigne. Portrait d’un marin qui n’a pas froid aux yeux. 1 « Moi, ce que je voulais, c’était naviguer. Alors pourquoi pas les sous-marins ? » À 29 ans, le maître Pascal Gaudin a déjà visité quarante-quatre pays et sa voix tremble un peu quand il évoque les Maldives, où il est intervenu après le tsunami. Depuis qu’il s’est engagé en 2004, il a embarqué sur différents bâtiments, entre autres la frégate antisous-marine Dupleix et le bâtiment de commandement et de ravitaillement Var.

Le hasard fait bien les choses Ce jeune homme n’était jamais sorti de France avant son incorporation. Il a découvert la Marine à Angers, ville marraine de la frégate Courbet. Il a réussi à y effectuer un stage de deux mois à bord. « Le commandant, le commissaire et mon maître de stage avaient fait tout un périple pour écouter ma soutenance de rapport de stage ! J’ai compris alors que je voulais faire partie de cette Marine là. » Après six années dans la Marine en tant que marin-pompier embarqué, Pascal Gaudin veut retourner à ses premières amours : l’électricité et l’électronique. L’eau demeure son élément et il ne voit pas d’inconvénient à se retrouver « en dessous ». Le choix ne fut pas facile : malgré une carrière prometteuse dans un environnement qu’il connaissait, il n’hésite pas à se remettre

DEVENIR ELEC À BORD D’UN SOUS-MARIN

question pour aborder un nouveau métier. Marin-pompier, il est devenu sous-marinier. Dans la foulée, en septembre 2012, il est passé maître « au choix ».

Première plongée Puis vient le jour de la première patrouille sur SNLE. Ce fut une expérience marquante, qui l’a conforté dans son changement de spécialité. « Impressionnant » est le mot qui résume tout. À bord, Pascal Gaudin se prépare au brevet supérieur d’électricien, passe son certificat élémentaire de sous-marinier et s’initie à la propulsion nucléaire. À cela s’ajoutent les 400 heures de quart

et il n’a pas le temps de voir se dérouler la patrouille. Suivant le fil de sa trajectoire, il concourt actuellement au brevet supérieur d’atomicien et ne rêve que d’une chose : repartir sur SNLE, un univers auquel il s’est facilement adapté. « C’est jouable », gage-t-il. Tout va se dénouer l’an prochain à Cherbourg : douze postulants se destinent à l’une des classes de sous-marin ou au porteavions. « Cela dépendra du classement et des places disponibles », observe-t-il froid et lucide. Mais d’ici là, le maître Pascal Gaudin a encore le temps de réviser. Si tout se passe comme prévu et avec un peu de patience, il réembarquera dans 18 mois ! ® LV (R) SAUTY DE CHALON

Le technicien Énergie nucléaire est un spécialiste de la mécanique et de l’électricité. Recruté par la filière de l’École de maistrance, il suit un parcours professionnel qualifiant et spécifique qui tient compte de ses acquis scolaires. Il participe à la maintenance des installations machine-électricité d’un sous-marin et occupera à court terme des postes d’atomiciens. Recrutement : le candidat doit avoir un niveau scolaire bac +2 (dans une filière scientifique ou technique adaptée) au moment de son incorporation à l’École de maistrance. Particularité : la spécialité est accessible uniquement au personnel ayant exprimé le volontariat sous-marin. COLS BLEUS ® N° 3024 ® 7 DÉCEMBRE 2013 ® 25

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CHRONIQUE

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50E SESSION DU CFMM SOUFFLE DE CONCERTATION DANS LES COURSIVES La 50e session du Conseil de la fonction militaire de la Marine (CFMM) s’est déroulée du 18 au 22 novembre, sur le site de la Pépinière et à l’Hôtel de la Marine, à Paris. Instance de concertation de la Marine, ce conseil a été l’occasion pour les membres d’évoquer avec l’amiral Rogel, chef d’état-major de la Marine (CEMM), les questions des marins. Cols Bleus profite de cette 50e session pour revenir sur les premiers pas de la concertation, son rôle et ses enjeux, au travers de témoignages de membres du conseil. nale, propose de créer un conseil supérieur de la fonction militaire. Une suggestion novatrice reprise quelques années plus tard par des parlementaires sensibles aux problèmes généraux de la condition et du statut militaires. En novembre 1968, Pierre Messmer, ministre des Armées du gouvernement de Maurice Couve de Murville, dépose un projet de loi portant sur la création du Conseil supérieur de la fonction militaire pour que les militaires puissent directement exprimer au ministre de la Défense leur avis sur les questions relatives à leur condition et à leur statut. La première session du Conseil supérieur de la fonction militaire se tient les 3 et 4 décembre 1970.

Du CSFM aux CFM

Les premiers pas de la concertation et la mise en place d’un dialogue 1 La France dans laquelle naît le Conseil supérieur de la fonction militaire (CSFM) est celle de l’après-guerre, marquée par l’effort de reconstruction et le développement économique des Trente Glorieuses. Dans le contexte de guerre froide et de décolonisation où la parole a besoin d’être libérée, la création du CSFM est le point d’aboutissement d’une réflexion conduite sur la place du militaire au sein de la société après 1945. Il est une tentative de construire une forme de dialogue, entre le commandement et le personnel militaire. 26 ® COLS BLEUS ® N° 3024 ® 7 DÉCEMBRE 2013

En 1960, Olivier de Pierrebourg, vice-président de la commission de la Défense nationale et des forces armées de l’Assemblée natio-

«

La 41e session, du 28 au 31 mai 1990, inaugure une nouvelle ère pour le CSFM. C’est la première fois que les nouveaux membres du CSFM, représentants des militaires d’active, jusqu’ici désignés, se sont portés volontaires avant d’être tirés au sort. Autre nouveauté majeure, les travaux discutés au CSFM ont été préalablement préparés dans sept conseils de la fonction militaire (CFM) de chaque force armée et services. La création en 1990 de ces nouveaux conseils de la fonction militaire d’armée a encore plus profondément ancré le CSFM, instance interarmées, au sein des forces et services. En effet, les membres du CSFM sont élus parmi les membres des CFM, eux-mêmes tirés au sort parmi les volontaires. De surcroît, les CFM ont une double fonction : d’une part, leur rôle d’instance supérieure de concertation au sein d’une armée qui permet de faire connaître les problèmes propres à chaque composante d’armées et, d’autre part, leur fonction d’instance préparatoire des travaux du CSFM qui porte au ministre les préoccupations des militaires. Les questions de statut, de condition, d’organisation de la vie militaire et d’activités sont traitées en amont du CFM dans chaque armée, direction ou service. ®

Le CSFM est un instrument de liaison et d’information permettant au ministre de recueillir des avis en même temps que d’informer officiers et sous-officiers de la nature et de la signification des décisions gouvernementales.

»

GEORGES POMPIDOU,PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

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Dans les coulisses du CFMM

1 Le CFM et le CSFM constituent un mode de dialogue interne résultant d’une liberté croissante d’expression et d’une capacité d’initiative accrues au fil des décennies. Aujourd’hui, 169 marins siègent au Conseil de la fonction militaire de la Marine, du grade de quartier-maître à celui de capitaine de vaisseau. Parmi eux, 50 sont titulaires et 119 sont suppléants. Parmi ces marins, 12 sont élus par leurs pairs pour siéger au CSFM. Tout au long de leur mandat, les membres du CFMM sont encadrés par un secrétariat permanent, assuré par le bureau de la condition du personnel militaire (CPM).

Un canal direct de remontée d’informations

ajoute le lieutenant de vaisseau Lydie Castore, officier sous contrat, actuellement chef de la cellule d’exécution des marchés du Centre d’exercice du soutien du combattant et des forces (Cescof) à Toulon.

Diversité des membres du CFMM : la richesse de la concertation L’équipage marine est reconstitué à travers les différentes catégories de personnel (officiers, officiers mariniers et équipage) et formations de la Marine représentées : «Cette diversité de grades et de spécialités représentée au conseil est une richesse incroyable. Les parcours et les affectations des membres influencent directement leurs prises de position, cela entraîne des confrontations d’avis, et surtout une complémentarité grâce aux connaissances et aux domaines d’expertise de chacun des membres », affirme le maître principal Le Pen, commandant du bâtiment d’instruction à la navigation (BIN) l’Églantine à Brest. «C’est de plus un véritable challenge de parvenir à exprimer un avis commun à partir de 50 opinions différentes »,

Les membres du CFMM sont des acteurs clés et efficaces du dialogue. Le travail réalisé dans ces instances vient appuyer l’action du commandement ; c’est un canal essentiel de remontée d’informations, indispensable à la prise de décision sur les sujets fondamentaux qui concernent la condition et le statut des marins. «Nous sommes au contact de tous les marins, puisque nous en faisons partie. Il est important que nos chefs connaissent l’état d’esprit général », confie le quartier-maître Cyril Delporte, armurier à la compagnie de fusiliers marins (Cifusil) de Cherbourg. Les membres du CFMM témoignent donc t

LE SECRÉTAIRE DE SESSION Pour chaque session du CFMM, un secrétaire de session est désigné par les membres. À cette 50e session, trois marins se sont présentés. À l’issue d’un vote, les membres du CFMM ont désigné le MT Michaël Berben comme secrétaire de session. Embarqué dans la Marine en 2001, cet officier marinier électrotechnicien est membre suppléant du CFMM depuis deux ans. C’est la deuxième session à laquelle il siège, cette fois-ci en tant que secrétaire de session. « Mon rôle en tant que secrétaire de session est d’animer la concertation dans les groupes de travail, de m’assurer que l’opinion de chacun des membres est bien prise en compte et que cela se retrouve dans un communiqué bien rédigé. On attache un intérêt particulier au communiqué qui in fine, est un outil de synthèse pour les marins. Il leur permet de prendre connaissance des sujets discutés lors de la session et de vérifier si leurs préoccupations ont été prises en compte et discutées. » Le MT Berben mesure l’importance de son nouveau rôle au sein de ce conseil : « Le secrétaire doit faire preuve de neutralité. Il conserve son droit de vote, mais n’a pas le droit d’influencer les avis des membres du CFMM. Cela demande d’avoir un autre regard sur la concertation. On participe à la concertation mais autrement ! », conclut-il. COLS BLEUS ® N° 3024 ® 7 DÉCEMBRE 2013 ® 27

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CHRONIQUE

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CAMPAGNE DE RENOUVELLEMENT DES MEMBRES DU CFMM : PORTEZ-VOUS VOLONTAIRE ! Depuis le mois d’octobre 2013, la campagne pour le renouvellement des membres du CFMM est lancée. Pour participer à la concertation au sein de la Marine et des armées, les marins remplissant les conditions sont invités à se porter candidat jusqu’au 10 janvier 2014 à minuit. Retirez votre bulletin de candidature (par courrier, mail ou fax) auprès du secrétariat général du CFMM : [email protected] Pour plus d’informations, les conditions de candidature, les modalités pratiques et le bulletin de candidature sont disponibles sur Intramar (Concertation/CFMM/Renouvellement des membres 2014). t directement auprès des autorités de la Marine des réflexions de leurs pairs dont ils se font l’écho : «Une question posée par un marin peut être directement communiquée au CEMM. C’est cette proximité dans l’échange que de nombreux marins méconnaissent », poursuit le MP Le Pen. Pour être utile et efficace, la concertation repose sur des relations responsables entre l’ensemble des acteurs de cette concertation. Les membres du conseil interviennent donc avec la réserve et la correction d’usage et qu’exige la garantie de liberté d’expression : «Nous pouvons faire part du contentement ou non des marins, mais nous devons restituer ces éléments de manière pertinente et constructive. C’est en adoptant cette démarche que les chefs accordent du crédit à nos propos », explique le LV Castore.

La volonté de s’investir pour les autres L’implication personnelle des membres est à souligner : «C’est une démarche complètement personnelle et désintéressée, motivée par l’envie de s’investir pour les autres », explique le LV Castore. Tout militaire d’active peut se porter volontaire pour devenir membre du CFMM pour un mandat de quatre ans. Quand il est convoqué à une session, il y répond positivement sauf dans les cas d’indisponibilité médicale ou contrainte opérationnelle : «Être membre du CFMM, ce n’est pas toujours évident ; surtout lorsque notre affectation nous demande de partir en mission opérationnelle… Les marins qui souhaitent devenir membre doivent prendre en compte les exigences de leur métier », explique le QM Delporte. Des formations sont néanmoins proposées pour se familiariser avec les différents sujets : «Une fois devenu membre du CFMM, j’ai suivi une semaine de formation à Cherbourg sur l’organisation de l’administration, les procédures d’élaboration des textes réglementaires et les principales notions de gestion des ressources 28 ® COLS BLEUS ® N° 3024 ® 7 DÉCEMBRE 2013

humaines », explique le maître Michaël Berben, actuellement pilote du processus eau à destination de la consommation humaine (EDCH) au centre marine la Pépinière. De plus, les membres du CFMM ne sont renouvelés que par moitié tous les deux ans pour faciliter une bonne connaissance des dossiers. À cette occasion, les nouveaux membres

élisent parmi eux ceux qui siègeront également pour une durée de quatre ans renouvelable au sein du Conseil supérieur de la fonction militaire. La campagne de renouvellement 2014 est en cours : une centaine de marins s’apprête à quitter le CFMM. Ils appellent le plus grand nombre de marins à se porter volontaires pour partager cette expérience unique.®

LA 50E SESSION DU CFMM EN RÉSUMÉ • Du 18 au 21 novembre : entretiens avec le MGM, le DPMM, les bureaux de gestion PM1 et PM2, et CPM. • Le 22 novembre : séance plénière présidée par le CEMM. • Quatre textes réglementaires à l’étude, dont un sur le recrutement des mousses. • Treize points d’actualités ont été discutés : Louvois, l’hébergement, le logement, l’habillement, le CIR, le tassement indiciaire, la reconversion, pour ne citer que ceux là. • Spécificité de cette 50e session : le ministre de la Défense a demandé que soit étudiée une évolution de cette concertation, notamment avec des propositions sur le mode de désignation des membres (maintien du tirage au sort et priorité aux présidents de catégories volontaires), leur formation, l’amélioration du fonctionnement des CLFMM (conseils locaux du CFMM), la participation du CPO, des majors conseillers… • Au cours du mois de décembre 2013 se déroulera la 90e session du CSFM à Paris. Retrouvez l’intégralité de la restitution des travaux du CFMM sur Intramar.

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DES FORCES AÉROMARITIMES À L’ADMINISTRATION DES AFFAIRES MARITIMES L’administration de la mer et du littoral est en charge de la définition, de la coordination et de l’application des politiques nationales et européennes du secteur maritime. Elle ouvre ses portes aux marins qui souhaitent servir autrement. Cols Bleus vous fait découvrir ces métiers, témoignages de marins devenus administrateurs des affaires maritimes. 1 L’administrateur relève du ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie pour lequel il assure l’encadrement et la direction des services compétents dans le domaine maritime. Ses responsabilités sont variées. L’administrateur principal des Affaires maritimes (APAM) Lionel Houllier, ancien officier sous contrat, explique : « En tant que délégué de la direction interrégionale de la mer (DIRM) Méditerranée en Corse, j’interviens sur les affaires économiques, la formation maritime, la réglementation des pêches maritimes, les dossiers liés à l’environnement marin, ainsi que sur de nombreux sujets liés à la sécurité maritime. L’actualité alimente des missions très différentes d’une journée à l’autre. » L’aspirant Cyrille Chapron, actuellement en formation à l’École d’administration des affaires maritimes (EAAM), ajoute : « Le travail dans les centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage (Cross), par exemple, cumule plusieurs facteurs attractifs : le côté opérationnel avec une grande variété de missions et une pléiade d’affectations possibles sur le territoire

métropolitain, outre-mer et à l’étranger… La polyvalence est le mot d’ordre de ce métier. » De spécialité d’origine guetteur de la flotte, cet ancien officier marinier a franchi le cap et a dé-

croché cette année le concours interne d’administrateur des affaires maritimes. Les administrateurs peuvent également occuper des postes dans les formations inter-administrations, telles que les préfectures maritimes.

Un concours ouvert à tous les marins Ces concours permettent aux militaires, officiers mariniers et officiers, sous-contrat ou de carrière, de toutes spécialités, d’intégrer l’EAAM. Les candidats retenus suivent leur scolarité et rejoignent le statut d’officier de carrière de la Marine nationale. L’école est située à Nantes depuis septembre 2010, mais la formation est pour l’essentiel constituée de stages.Tout juste entré à l’EAAM, l’ASP Chapron explique : « La formation comprend deux cycles d’une année chacun. La première année aborde les différents droits liés au monde de la mer, l’environnement et les ressources marines, le transport ou encore la sécurité maritime. Ce premier cycle inclut un embarquement sur un navire de la marine marchande et une formation d’officier chef de quart passerelle à l’École navale. Le second cycle implique une certaine spécialisation, notamment pour la filière technique. » ® EV2 SOPHIE MOREL

Pour 2014, les concours seront annoncés par message GNP en janvier. Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site : www.developpement.durable.com www.developpement-durable.gouv.fr (concours et formation/concours). COLS BLEUS ® N° 3024 ® 7 DÉCEMBRE 2013 ® 29

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HISTOIRE

de marin

LE MYSTÈRE DU DIXMUDE Il y a 90 ans, le croiseur aérien Dixmude, plus grand dirigeable du monde, disparaissait dans la nuit du 20 au 21 décembre 1923. Aux commandes de ce géant des airs, un marin, le LV Jean du Plessis de Grenédan, qui figure parmi les pionniers de la conquête de l’aérostation française. 1 Lorsque que le LV Jean du Plessis de Grenédan rejoint le cours de pilote de dirigeable en 1917, l’aérostation maritime n’en est encore qu’à ses balbutiements. Le 11 juin 1920, il prend le commandement du LZ-114/L-72, dirigeable rigide donné à la France par l’Allemagne vaincue au titre des dommages de guerre. La Marine impériale allemande avait entamé la construction de ces géants des airs en 1915 afin d’élargir ses capacités de bombardement, d’éclairage des forces navales ou d’escorte des convois. Devenue incontournable dans l’art de concevoir, puis de mettre en œuvre des dirigeables aux dimensions toujours plus importantes, elle maîtrise l’hydrogène, matière hautement inflammable. Le cadre rigide de 68 500 m3 de ce géant des airs contient 16 ballonnets d’hydrogène sur une longueur de 226 m.

VOL À CUERS EN AUTOMNE 1923.

Débuts difficiles Près d’un mois après son départ de Friedrichshafen, du Plessis amène le L-72 machine en état moyen, sans documentation technique exploitable, à l’approche du centre de Cuers-Pierrefeu le 10 août 1920. Les installations n’étant pas opérationnelles, le dirigeable est dégonflé, stocké. Le retard pris dans sa réhabilitation se creuse chaque jour davantage. Devenu « croiseur aérien », il est baptisé Dixmude, en hommage aux fusiliers marins tombés lors des sanglants combats de l’Yser en 1914. Les obstacles techniques apportent, au fil du temps et sans surprise, des éléments aux détracteurs de ce nouvel outil militaire. Il faudra toute la pugnacité du LV de Grenédan et la persuasion du préfet maritime, le vice-amiral Sagot-Duvauroux, pour convaincre le commandement de mettre en place un programme d’essais en 1922, laissant une seconde chance au dirigeable.

JEAN DU PLESSIS DE GRENÉDAN EN 1920.

De l’exploit à la ruine Après trois ans d’indisponibilité, le Dixmude est opérationnel en août 1923, l’équipage repoussant ses limites d’emploi en battant des records d’endurance et de distance en sept vols. Le 18 décembre 1923, le Dixmude prend l’air pour une mission audessus du Sahara, avec à son bord 50 personnes. La première partie se déroule comme prévu, mais en amorçant sa remontée vers la Méditerranée, le dirigeable affronte des vents violents. Le 20 à 13 h, il doit changer de cap vers la Tunisie. Pour éviter les orages, il remonte vers la Sicile. En survolant l’île de Pantelleria dans la nuit du 20 au 21, il traverse une tempête et transmet son dernier message à 2 h 08 : « Rentrons antenne à cause des orages. » Évoluant à

2 000 m d’altitude, le dirigeable est touché par la foudre. L’impact met le feu au ballon. L’incendie se propage et déclenche l’explosion des nacelles, pulvérisant en quelques minutes cette récente fierté nationale. Les secours s’organisent, l’opinion publique suit attentivement les recherches. L’espoir demeure jusqu’au 28 décembre, où le corps sans vie du LV du Plessis est retrouvé en mer par des pêcheurs. La commission d’enquête conclura à une destruction par la foudre. Cette catastrophe interrompt le programme des grands dirigeables français, pointant les insuffisances du dirigeable qui, trop instable dans les airs, difficile à piloter et vulnérable face aux éléments, nécessite un soutien logistique à terre trop important pour être autonome. L’aéroplane sort donc vainqueur, en affichant sa supériorité de manœuvre, tout en permettant un rayon d’action suffisant aux orientations stratégiques de l’époque. ® CC ÉRIC BROTHÉ

Remerciements : associations l’ARDHAN et Les amis du Dixmude

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VIE DES ESPACE

unités loisirs

DERRIÈRE LES HORIZONS Disciple du très regretté Éric Tabarly, Titouan Lamazou est à la fois aventurier, explorateur, sportif de haut niveau, peintre et écrivain, un adepte de la solitude et des horizons lointains, dans lesquels il puise son inspiration créatrice. Mais comme il l’avoue lui-même : « Je suis de l’école Tabarly. Le marin est taiseux. » Confidences.

1 Comment se sont passés vos premiers jours de mer ? J’ai demandé à embarquer sur des bateaux qui partaient vers les Antilles. Pendant quelques années, j’ai officié comme mousse, je faisais des portraits aux terrasses des cafés. Puis j’ai eu la chance de faire partie de ces quelques appelés que la Marine nationale mettait à l’époque à la disposition d’Éric Tabarly. C’est là que j’ai fait mes vraies universités marine et que ma vocation maritime s’est orientée. Que représente Tabarly pour moi aujourd’hui ? Pour faire court, je dirais qu’il fut mon maître.

si j’arrive à écrire deux lignes par jour, je suis content ! Être en mer, c’est l’un des moments privilégiés pour lire ou pour écrire. L’écriture amène à réfléchir. Penser, avoir de grandes idées sur les choses, c’est bien. Mais les exprimer noir sur blanc sur le papier, de manière concise, c’est autre chose. S’il y avait une relation à faire entre les pratiques maritime et artistique, c’est la leçon d’humilité. On ne fait pas ce qu’on veut. J’avais essayé de peindre en bateau pendant le Vendée Globe. J’ai fait deux dessins en 109 jours ! J’avais trouvé une technique. Je posais un papier sur la table à cartes, c’est le mouvement du bateau qui peignait ! Je regrette de ne pas avoir eu la discipline de le faire tous les jours, ça aurait fait un recueil assez marrant !

Que signifie la mer à vos yeux ? La mer, c’est la curiosité d’aller voir ce qu’il y a derrière les horizons. J’aime bien aller voir par moi-même. J’ai toujours considéré les bateaux comme un outil romantique. Les mers sont bordées de rivages et ce qui compte pour moi, c’est l’arrivée au port et les rencontres qu’on y fait. Pourquoi je privilégie le bateau ? Pour sa lenteur et son harmonie. Dans le voyage, une des choses que je préfère, c’est la solitude choisie. Se retrouver tout seul en mer, ou dans un café au Niger ou au Congo parmi des gens dont je ne parle pas la langue, c’est une forme de solitude que j’aime beaucoup. Vous êtes à la fois peintre et écrivain de marine, qu’est-ce que cela signifie pour vous ? C’est un honneur. Je suis un peintre, je suis un marin, c’est sûr. Je publie des livres, c’est sûr aussi. Dans mes albums, il y a une part d’écriture. Mais je ne me considère pas comme un écrivain. Entre écrire et être écrivain, il y a une différence. 32 ® COLS BLEUS ® N° 3024 ® 7 DÉCEMBRE 2013

Tremper sa plume ou ses pinceaux dans la mer, est-ce que cela fonctionne ? J’ai des difficultés à écrire ou à peindre parfois. Je suis de l’école Tabarly, je suis plutôt taiseux. Mais écrivain et taiseux ne sont pas non plus incompatibles (rires) ! Victor Hugo écrivait 250 vers tous les matins au petit déjeuner. Moi,

La mer offrirait le luxe du calme et du temps ? Quand on est en mer, on est bien, parce que l’on va à l’essentiel. Il existe également un endroit merveilleux en bateau, c’est le mouillage. On se retrouve dans une baie, perdue au bout du monde, on peut rester là des mois. Et quand on n’a pas trop d’inspiration, on va faire des longueurs dans les eaux chaudes, j’adore ! Les endroits de solitude choisie comme cela, ça devient de plus en plus rare, c’est un luxe absolu. Mon rêve dont je parle depuis plusieurs années, ce serait d’avoir un bateau atelier qui serait un lieu de création. Le bateau, c’est comme une cabane en Sibérie. C’est une image du bonheur, un cadre privilégié pour lire et pour écrire. ® PROPOS RECUEILLIS PAR LE LV COLOMBAN ERRARD

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INFO

agenda

pas à nous faire part des activités que vous souhaiteriez voir figurer dans cette rubrique à : [email protected] DANS LES SEMAINES À VENIR N’hésitez AUTORITÉS • L’amiral Bernard Rogel, chef d’état-major de la Marine, participera au Conseil supérieur de la fonction militaire le 9 décembre et à sa séance de clôture le 12 décembre. Il présidera une cérémonie de décoration le lundi 16 décembre à l’Hôtel de la Marine. Le lendemain, il recevra son homologue saoudien. • Du 12 au 17 janvier, le vice-amiral d’escadre Stéphane Verwaerde, major général de la Marine, se rendra en voyage officiel en Arabie Saoudite et aux Émirats arabes unis. Du 3 au 15 décembre, Paris Exposition du peintre officiel de la Marine Jacques Rohaut , à la galerie du Pont Neuf (23 place Dauphine Paris 1er). Ouvert tous les jours de 11 h à 19 h. Le 4 et le 11 décembre Diffusion du reportage « Seuls en mer » sur Planète + Thalassa, à 20 h 40. À bord d’un bateauhôpital, d’un brise-glaces en Finlande, d’un chalutier en mer du Nord ou encore de l’hélicoptère de la 32F, partagez le quotidien des marins qui ont choisi la mer comme univers.

Le 6 décembre, océan Indien Prise de commandement de la Task Force 465, force maritime européenne engagée dans l’opération de lutte contre la piraterie EU Navfor Atalante, par la France. Le CA Hervé Bléjean commandera les opérations à bord du TCD Siroco.

Du 9 au 11 décembre, Méditerranée Entraînement avancé Tamouré, pour la FASM Dupleix et son Lynx embarqué (34F).

Du 7 au 15 décembre, Paris Salon nautique au Parc des Expositions, Porte de Versailles (Paris 15e)

Le 13 décembre, Toulon Rencontre entre l’équipe du rugby club de la Marine nationale et l’équipe espoir du rugby club de Toulon, 18h30, stade Léo Lagrange

Du 9 au 13 décembre, Paris Conseil supérieur de la fonction militaire (CSFM).

QUATRE VIES, UN DESTIN 1 Dans les suites de la débâcle de la campagne de France, quatre jeunes officiers de marine se retrouvent à Londres en juillet 1940. Refusant la défaite, les quatre marins vont chacun décider de poursuivre la lutte dans les rangs de la « légion de Gaulle », formant ainsi l’ossature du 1er bataillon de fusiliers marins de la France libre. « L’engagement de Robert Détroyat, Hubert Amyot d’Inville, Élie-France Touchaleaume et Jean des Moutis symbolise à lui seul le destin d’une partie de ces jeunes Français qui n’ont pas voulu céder à la résignation et au défaitisme », précise d’emblée Éric Brothé, auteur de ce récit historique. L’histoire de leur quatuor est selon lui, une illustration parfaite du dilemme que pose la question d’un grand choix dans une vie d’homme. Celle-ci, comme l’envisageait le cinéaste-écrivain Pierre Schoendoerffer, ne se pose « pas entre le Bien et le Mal », mais plutôt « entre plusieurs biens qui s’offrent à lui et dont seul l’avenir lui dira s’il a eu raison ou non ». Quelles motivations ont bien pu pousser les uns à passer dans la « dissidence », quand la majorité préférait suivre la voie du « conformisme » ? C’est cette question cruciale qui sous-tend cet ouvrage. « De ce choix cornélien, la génération éclose dans l’entre-deux-guerres, grande héritière du drame humain du Premier Conflit mondial, verra sortir deux camps, convaincus chacun de faire leur devoir mais que les circonstances vont amener à s’opposer dans une lutte

à mort », précise son auteur avant de nous délivrer la finalité même de son récit : « Au-delà du choix, le parcours de ces garçons d’une vingtaine d’années est placé sous le signe de l’aventure face à l’adversité, que la découverte de notes personnelles et de nombreux témoignages nous permet aujourd’hui d’approcher au plus près, en se plaçant au cœur de leur quotidien, simple mais souvent héroïque. Leur sacrifice sur les théâtres d’opérations extérieures vient ici nous montrer que la lutte pour la liberté hors de nos frontières s’inscrit encore et toujours dans le présent, établissant un véritable lien entre les anciennes et nouvelles générations du feu. » À noter que cet ouvrage historique est l’œuvre d’un officier de la Marine d’active, actuellement affecté à l’état-major de la force de l’aéronautique navale. Il a reçu en octobre dernier une distinction de l’Académie de Marine pour cet ouvrage. ®

UN MARIN ÉCRIVAIN

AVENTURIERS DE LA FRANCE LIBRE - QUATRE GARÇONS POUR L'HONNEUR DE LA MARINE. D’ERIC BROTHÉ. PRÉFACE DE FRED MOORE. L’HARMATTAN, COLLECTION : GRAVEURS DE MÉMOIRE. SÉRIE : ÉTUDES / SECONDE GUERRE MONDIALE, 27 € - 260 PAGES.

Né en 1970 à La Rochelle, le CC Éric Brothé a déjà publié deux biographies : Victor-Guy Duperré, mousse, capitaine, amiral (17751846) (2006) et Linois, le vengeur d’Aboukir (2010). Il a aussi publié des ouvrages historiques sur des thèmes régionalistes (La Rochelle et le Pays basque). Parallèlement à ces écrits, il rédige de nombreux articles sur l’histoire de la Marine. COLS BLEUS ® N° 3024 ® 7 DÉCEMBRE 2013 ® 33

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ESPACE

loisirs

COLS BLEUS N°3024 7 DÉCEMBRE 2013 CRÉDITS PHOTOS ET ILLUSTRATIONS

UNE SAGA MARINE

COUVERTURE VINCENT MAUPILÉ/MN COLS BLEUS CHANGE PAGE 6 : MN ACTUALITÉ PAGE 7 : DR; PATRICE DONOT/MN ; DR PAGE 8 : ALAIN MONOT/MN ; PASCAL DAGOIS/MN PAGE 9 : MN ; MN ; MN PAGE 10 : LARGO – ESNO DE PENFENTENYO/MN ; MN ; FRANCK SEUROT/MN PAGE 11 : MN ; JC BELLONNE PASSION MARINE PAGES 12-13: VINCENT MAUPILÉ/MN PAGES 14-15 : INFOGRAPHIE PAGES 16-17 : JOEL TRIANTAFYLLIDES/MN ; HERVE CHRISTELLE/MN ; MN ; VINCENT MAUPILÉ/MN ; VINCENT MAUPILÉ/MN ; CHRISTIAN CAVALLO/MN ; PAUL SÉNARD PAGES 18-19 : CHRISTIAN CAVALLO/MN ; FREDERIC DUPLOUICH/MN ; CHRISTIAN CAVALLO/MN ; CHRISTIAN CAVALLO/MN ; PAGES 20-21 : CHRISTIAN CAVALLO/MN ; AXEL MANZANO/MN ; PAUL SÉNARD VIE DES UNITÉS PAGE 22 : MARINA FAREL/EMA PAGE 23 : MN ; MN ; MN PORTRAITS DE MARINS PAGE 24 : FRÉDERIC DUPLOUICH/MN ; DR PAGE 25 : DR ; ALAIN MONOT/MN CHRONIQUE DU PERSONNEL  PAGES 26-27 : ECPAD ; PATRICE DONOT/MN ; MN PAGES 28-29 : SOPHIE DROUARD/MN ; DR ; LISA BESSODES HISTOIRE PAGE 31 : DR ; DR ; DR

1 Depuis 1789, l’ancien garde-meubles royal et résidence de repli de MarieAntoinette accueille en son sein le centre de décision de la Marine nationale, son « état-major » en langue moderne. Amarré en plein cœur de Paris, ce « vaisseau de pierre », conçu au milieu du XVIIIe siècle par le premier architecte du Roi Ange-Jacques Gabriel, domine la place de la Concorde. Un lieu clé de l’histoire de France qui fut le témoin, entre autres, de la fin d’un roi, des barricades de la Commune de Paris s’érigeant à ses pieds et du combat farouche des résistants contre l’ennemi nazi le long de ses pignons lors de la Libération de Paris en 1944. Ce sont ces tranches d’histoire, conjugées à l’histoire séculaire de la Marine de guerre – qu’elle ait été impériale, royale ou nationale – que son auteur raconte avec science et d’une belle façon. Peintre et écrivain de marine, le contre-amiral CA (2S) François Bellec est un spécialiste de l’histoire maritime. Ceci l’autorise à écrire sur l’histoire De La Royale à la Marine de France que depuis son centre de décision au 2 rue Royale, « les événements, intérieurs et extérieurs qui se sont succédé, les liens quelquefois

complexes qui, de ce lieu, furent noués avec le pouvoir central, les hommes qui se sont distingués, les politiques qui ont été mises en œuvre, les décisions qui ont changé le cours des choses, mais aussi les adaptations entreprises, les audaces tentées, les victoires construites, les revers dépassés ». Ce livre privilégie tant le fond que la forme et c’est tout son intérêt. En s’appuyant sur une riche documentation, son auteur, également membre de l’Académie de Marine et ancien directeur du Musée national de la Marine à Paris, nous propose, en fin pédagogue, une approche différente de l’histoire de celle que le grand public continue d’appeler parfois, par attachement ou affection, « La Royale ». Pour cette seconde édition, l’éditeur Jean-Pierre de Monza et son auteur ont actualisé le propos en proposant un chapitre dédié à la Marine d’aujourd’hui, narrant cette« fascination du troisième millénaire ». Un beau livre, trait d’union entre passé et présent, à déposer bientôt au pied du sapin. ® SD

De la Royale à la Marine de France par François Bellec. Éditions de Monza, Nouvelle édition, 240 pages, 39 €

ESPACE LOISIRS PAGE 32 : DR ; DR PAGE 34 : DR AGENDA PAGE 33 : DR 4E DE COUVERTURE : LARGO – ESNO DE PENFENTENYO/MN

PERMUTATIONS CUISI URGENT. MT Bat Gecol Cuisi, affecté Brest embarqué, cherche permutation terre préférence Bordeaux ou Corse. Contact au 06 81 62 10 44 ou 02 98 31 10 50. RESTAU GMF Restau, en poste marins-pompiers de Marseille avec « prime feu », cherche permutation à Brest terre ou embarquée. Contact au 06 22 98 84 65 ou par mail : [email protected] VOUS VOULEZ DÉPOSER UNE PETITE ANNONCE DANS COLS BLEUS N’HÉSITEZ PAS ! Tarifs des permutations (exclusivement réservés aux marins) : 1 insertion : 7,62 €. 3 insertions : 18,29 €. 6 insertions : 25,91 € Toutes annonces confondues, SAUF permutations : 3 insertions : 57,97 € Adresse pour envoyer texte de l’annonce et paiement : ECPAD PC/DPDE 2 à 8, route du Fort 94205 IVRY-SUR-SEINE CEDEX (Chèque à l’ordre de l’agent comptable de l’ECPAD)

bimensuel DE LA MARINE NATIONALE

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