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le conflit fiscal avec Washington. > Banque Finter Bank Zurich paie 5,4 millions de dollars d'amende pour ne pas être poursuivie. L'horizon s'éclaircit pour la cen ...
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Impôt successoral Le patron de Visilab prédit la mort de nombreuses PME, si l’initiative passe Page 14

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Page 13 Samedi 16 mai 2015

Economie & Finance Analyse Dans le dossier grec, le FMI s’écarte de ses collègues de la troïka Page 16

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Les séjours humanitaires sont devenus une activité lucrative pour les voyagistes > Tourisme Le marché mondial de la bonne conscience pèserait quelque 2 milliards de francs

main-d’œuvre non qualifiée. En favorisant le travail gratuit, on prive certains locaux de leur emploi. Plus grave encore, dans le cas du travail en orphelinat, ces séjours favorisent le trafic d’enfants. Au Népal, certaines structures sont gérées comme des entreprises.» A Katmandou, on compte plus d’orphelinats que dans toute l’Europe. La plupart de ces institutions sont concentrées dans les zones fréquentées par les touristes, dénonce l’ONG Next Generation Nepal. Contactée à plusieurs reprises cette semaine, Projects Abroad n’a pas été en mesure de répondre à ces critiques. Sur son site, elle affirme verser 19% de ses recettes dans la mise en place et le suivi de projets.

> Pour l’ONG Tourism Concern, il y a lieu de parler de supercherie

Il n’aura fallu qu’un jour. Au lendemain du séisme du 25 avril dernier au Népal, Projects Abroad proposait déjà de participer à des programmes de reconstruction. Spécialisée dans le volontariat international, la société organise des missions ne nécessitant «aucune qualification particulière» pour les jeunes dès 16 ans. Visiter le monde tout en le sauvant? C’est en substance ce que proposent ce type d’agences spécialisées dans les voyages humanitaires ou le «voluntourism», selon la contraction anglophone. Le secteur est en plein développement. L’agence de voyages suisse STA Travel dispose, elle, d’offres combinant vacances et assistance aux populations indigènes, pandas ou autres tortues. Un tel séjour tout compris durant moins de deux semaines. La porte-parole de l’agence confirme une hausse de la demande pour les «séjours responsables» tout en disant reverser, dans certains cas, «jusqu’à 70% du prix du séjour dans le cadre du projet», sans préciser de minima. Le volontariat n’est en effet plus l’apanage exclusif des organismes à but non lucratif. Les offres de voya-

AHMAD MASOOD/REUTERS

Adrià Budry Carbó

Le Népal est un lieu prisé pour les voyages humanitaires. Le séisme du 25 avril 2015 a encore accentué la demande. Des ONG dénoncent un système pervers uniquement orienté sur le court terme. KATMANDOU, 15 MAI 2015

ges humanitaires se sont multipliées ces dernières années. Souvent, en version onéreuse. Chaque année, plus de 1,6 million de personnes participent à ces séjours. C’est l’un des secteurs à plus fort potentiel de l’industrie du tourisme. En 2008, le marché avait été évalué entre 1,6 et 2,4 milliards de francs par l’association Atlas qui a mené l’étude la plus complète à ce jour. Coût moyen du séjour: 2800 francs suisses. Le développement de ce secteur a interpellé l’organisation britannique Tourism Concern, qui milite pour des pratiques plus responsables en matière de voyages. «Il y a trente ans, les gens effectuant

ce type de séjours étaient des professionnels qualifiés, comme des médecins. Ils partaient avec des organismes de bienfaisance. Mais les firmes commerciales ont flairé le filon, regrette Mark Watson, son directeur. Dans l’industrie du tourisme les marges sont de 2-3%. Ici, on atteint facilement 30 à 40%. C’est une niche très lucrative. Les gens sont prêts à payer des milliers de francs.» Projects Abroad est l’une de ces firmes. Fondée dans le tournant des années nonante en Angleterre, elle est aujourd’hui l’une des plus grandes organisations de volontariat payant avec 200 programmes disséminés dans 27 pays. Chaque année,

elle envoie plus de 10 000 volontaires dans des missions humanitaires. Principalement des jeunes. Mark Watson dénonce une supercherie: «L’idée qu’à 20 ans on puisse arriver dans un pays complètement différent et montrer aux gens comment s’en sortir a quelque chose d’impérialiste. Ces expériences sont souvent une perte de temps, des vacances hors de prix. Les volontaires construisent des bâtiments qui doivent parfois être détruits et reconstruits de manière adéquate la nuit.» Pour le directeur de Tourism Concern, le développement du volontariat international est contre-productif: «L’Afrique ne manque pas de

> Banque Finter Bank Zurich paie 5,4 millions de dollars d’amende pour ne pas être poursuivie Washington. On comptait à l’origine 104 établissements dans cette catégorie 2. Ce chiffre s’est depuis réduit à environ 80. La catégorie 1 concerne, elle, 13 banques suisses faisant l’objet d’enquête pour des faits d’évasion fiscale. Une réunion qui a précisé le sort des banques de catégorie 2 s’est tenue le 17 avril à Washington, en présence de représentants suisses, dont le secrétaire d’Etat aux Affaires financières internationales, Jacques de Watteville. Durant cette rencontre, le DoJ a annoncé son intention de conclure l’ensemble du programme cette année. Des décisions concernant de petits établissements suisses sont désormais attendues de manière «imminente», selon Shelby du Pasquier, un avocat genevois qui représente plusieurs banques dans cette procédure. Trois banques ont donc déjà conclu leur participation au programme en payant une amende: outre Finter Bank, 211 millions de dollars pour BSI, et 4,2 millions pour Vadian. Le coup d’accélérateur annoncé le 17 avril coïncide avec un changement d’équipe côté américain. Le

patron des dossiers concernant les banques suisses, le vice-procureur général James Cole, a notamment cédé sa place à Sally Yates, qui a été confirmée par le Sénat cette semaine.

Obligations délicates L’équipe des procureurs chargés des banques suisses a été renouvelée. Problème: certains nouveaux arrivants ont des exigences qui vont au-delà de ce que prévoit le programme de régularisation. A Washington, les représentants suisses ont tenté de freiner ces ardeurs. Ils ont aussi insisté sur le besoin d’aller vite. Dans cette phase finale, les banques doivent s’acquitter de deux obligations délicates. Dans un «descriptif des faits» (statement of facts) à l’intention des Américains, elles doivent détailler leur comportement envers la clientèle américaine non déclarée. Le DoJ veut qu’elles reconnaissent le maximum de torts. Si une banque remet un descriptif trop lacunaire, elle s’expose au risque de futures poursuites judiciaires – ce que le programme vise précisément à éviter.

Du côté de la fondation à but non lucratif suisse Nouvelle Planète, on tient à se démarquer de ces pratiques. Son directeur Philippe Randin rappelle: «Le but n’est pas que nos participants construisent une école ou concrétisent leur propre projet. Nous nous inscrivons dans la durée. Nos camps estivaux visent à rapprocher des populations différentes, à sensibiliser les participants.» Le directeur confirme avoir reçu des demandes pour des séjours au Népal mais a préféré décliner «même si cela pouvait être intéressant financièrement». «Nous n’allons pas nous précipiter dans un pays parce qu’il y a eu une catastrophe. Nous n’avons pas de partenariat au Népal. Nous ne sommes pas outillés pour y aller.»

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Xapo déplace son siège à Zurich > Bitcoin Data center déjà en Suisse LT La société californienne Xapo, spécialisée dans le stockage sécurisé de Bitcoin – la monnaie virtuelle la plus usitée de par le monde – va transférer son siège social de Palo Alto à Zurich, a-telle indiqué vendredi sur son blog via la plume de son fondateur et directeur général, Wences Casares. L’entreprise a déjà installé en Suisse son principal data center, dit «deep cold storage», dont les clés cryptées ne sont pas reliées à Internet, protégé par des gardes armés et situé dans un bunker afin d’empêcher toute tentative d’intrusion. Xapo est l’une des rares entités à fournir ce type de sécurité pour l’entreposage de Bitcoin.

On demande la Suisse Le post publié par Xapo indique que la société a choisi la Suisse sur insistance de ses clients. Ces derniers seraient très sensibles au respect de la sphère privée, indique le fondateur. L’environnement réglementaire stable, la neutralité et une tradition reconnue dans la gestion financière ont convaincu Xapo de choisir la Suisse. Aucune précision n’a été donnée sur le nombre d’emplois créés à Zurich. Mais Xapo a annoncé vendredi au site Coindesk.com que des postes de juristes et de financiers seraient ouverts prochainement. La société gardera par ailleurs une antenne pour ses clients américains à Palo Alto. A l’avenir, la société entend profiter de ce nouveau siège pour accroître ses débouchés en dehors des Etats-Unis.

McDonald’s fête ses 75 ans dans une forme relative

Coup d’accélérateur pour résoudre le conflit fiscal avec Washington L’horizon s’éclaircit pour la centaine de banques suisses toujours aux prises avec le programme de régularisation fiscale américain. Une semaine après la petite saintgalloise Vadian, et six semaines après la tessinoise BSI, c’est au tour de Finter Bank Zurich de s’apprêter à clore ce dossier. Vendredi, le Département de justice américain (DoJ) a annoncé qu’en échange du paiement d’une amende de 5,4 millions de dollars, elle ne sera pas poursuivie. Selon les documents en possession du DoJ, Finter Bank avait géré depuis le 1er août 2008 283 comptes appartenant à des citoyens américains pour un volume total de 235 millions de dollars au maximum. Le cas de plusieurs autres établissements devrait être réglé de manière imminente, sans doute ces prochains jours, a appris Le Temps de sources proches du dossier. Ce coup d’accélérateur dans le conflit fiscal avec les Etats-Unis concerne les banques qui ont volontairement admis avoir accueilli des clients américains non déclarés, et qui souhaitent conclure un «accord de non-poursuite» (non-prosecution agreement) avec

«Les volontaires construisent des bâtiments qui doivent parfois être reconstruits la nuit»

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Le programme prévoit aussi la clé de calcul déterminant l’amende que devront acquitter les banques participantes. «Ce calcul est fonction de la masse de clients non déclarés et régularisés», précise Shelby du Pasquier. Les banques de catégorie 2 ne sont donc pas au bout de leurs peines. Et il n’est pas sûr que les autorités américaines parviennent à clôturer l’ensemble du programme d’ici à la fin de l’année. Le nombre de banques participantes, bien plus élevé que prévu au départ, est trop important. Reste que la perspective de la fin du programme de déclaration volontaire est un vrai soulagement pour la Suisse et sa place financière. «Notre grande crainte était que le programme ait des effets dévastateurs sur les banques de catégorie 2. Il y avait une grande nervosité au début», confie-t-on à Berne. Ce sombre scénario n’est plus d’actualité. Pour les banquiers concernés, une seule chose compte désormais: que le programme s’achève au plus vite, au prix d’amendes si possible raisonnables. Sylvain Besson BERNE

> Fast-food De grandes réformes sont lancées Ronald, patronyme McDonald, vieillit mal. L’enseigne qu’il représente célébrait ce vendredi les 75 ans de l’ouverture de son premier restaurant, à San Bernardino en Californie. Une idée de deux frères, les McDonald, pour rassasier les étudiants des environs. Ils la revendront à Ray Kroc en 1968. Cet homme d’affaires deviendra alors rapidement le milliardaire du hamburger. Mais après des décennies d’une domination quasi sans partage dans la restauration rapide, le géant américain est aujourd’hui en perte de vitesse. La concurrence s’est multipliée et les consommateurs, plus ou moins prestement selon les pays, ont pris conscience de l’importance de se nourrir de manière plus équilibrée. La preuve? Coca-Cola souffre aussi. Tant et si bien que l’autre symbole de la gastronomie «made in US» a fini par se remettre en question: Light, Zero et maintenant Life… Il faut dire que la malbouffe compte de plus en plus d’ennemis. Même à la Maison-Blanche. Depuis 2010, Michelle Obama sillonne l’Amérique et fait campagne contre le surpoids des enfants

de son pays. Pour faire face à ce changement structurel et culturel, McDo vient de changer de patron. L’objectif de Steve Easterbrook: redonner de l’allure à un groupe qui pèse 5,5 milliards de dollars de chiffre d’affaires. «Nos dernières performances ont été médiocres», a-t-il néanmoins déploré début mai, en référence au premier trimestre. Les revenus baissent de 2,6%. Le bénéfice de 32%. Comble de ces difficultés, c’est aux EtatsUnis, là où McDonald’s génère 40% de ses revenus, que la situation est la plus inconfortable.

Plus de franchises Pour inverser la tendance, le patron veut augmenter la part des enseignes franchisées, qui devra atteindre 90% en 2018 (contre 80% aujourd’hui). En avril, McDonald’s a par ailleurs déjà annoncé la fermeture de 700 nouveaux fastfoods, sur les quelque 36 000 qu’il compte dans le monde – dont 160 en Suisse. Outre des mesures d’économies de plusieurs centaines de millions de dollars, McDonald’s poursuit aussi «l’assainissement» de son offre. Servan Peca