le surentraînement

La définition d'un repos adéquat est imprécise et variable. Contraintes familiales ou sociales, ... données scientifiques très difficiles6. 6. IL EXISTE QUELQUES ...
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LE SURENTRAÎNEMENT « JE SUIS MALADE, COMPLÈTEMENT MALADE... » À l’instar de l’épidémie d’obésité qui ne cesse de progresser, une nouvelle maladie prend de l’ampleur : la fièvre des courses d’endurance, des supertriathlons et autres ultramarathons. Mais s’entraîner plus intensément, plus longtemps, plus souvent, est-ce toujours pour le mieux ? Olivier Maynard

VRAI

FAUX

1.

La relation entre volume d’entraînement et performance est linéaire ?

(

(

2.

Pour accroître ses performances, il faut briser l’homéostasie de l’organisme, puis rétablir un nouvel équilibre par une récupération suffisante.

(

(

3.

Un athlète professionnel risque davantage de souffrir de surentraînement qu’un athlète amateur.

(

(

4.

S’entraîner à pleine intensité pendant une infection virale constitue un facteur de risque de surentraînement.

(

(

5.

L’accumulation d’acide lactique associée à une période de repos insuffisante pour l’éliminer représente le fondement physiopathologique du surentraînement.

(

(

6.

Il existe quelques signes pathognomoniques du syndrome de surentraînement.

(

(

7.

Certains tests paracliniques mesurant la performance et les modifications de la fréquence cardiaque à l’effort peuvent confirmer un diagnostic de surentraînement.

(

(

8.

Le diagnostic de syndrome de surentraînement en est un d’exclusion.

(

(

9.

Si le surentraînement est difficile à diagnostiquer, il se traite par contre facilement, et sa rémission est rapide.

(

(

10.

Il est facile de distinguer le syndrome de surentraînement d’un épisode dépressif.

(

(

11.

La tenue d’un journal des entraînements constitue un moyen efficace de prévenir le syndrome de surentraînement.

(

(

Le Dr Olivier Maynard, omnipraticien, exerce au service d’urgence et des soins intensifs de l’Hôpital de Granby et dépanne au Nunavik. Il a suivi une formation supplémentaire en médecine de montagne à l’Université de Grenoble, en France. lemedecinduquebec.org

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FIGURE

CONTINUUM DU SURENTRAÎNEMENT Augmentation de l’intensité, de la durée et de la fréquence des entraînements

Sous-entraînement

h

h

h

Adaptation physiologique légère Pas de changement de performance Récupération rapide

Dépassement (suivi de supercompensation)

Effort

h

h

h

Changement physiologique positif Améliorations limitées des performances Faible temps de récupération

h

h

Adaptation physiologique optimale Doit être équilibré par une récupération de quelques jours ou quelques semaines

Surentraînement

h

h

h

Maladaptation à l’entraînement Stagnation ou diminution des performances Récupération prolongée de plusieurs semaines à plusieurs mois

Traduit de : Carfagno DG, Hendrix JC. Overtraining syndrome in the athlete: current clinical practice. Curr Sports Med Rep 2014 ; 13 (1) : 45-51. Reproduc­­­tion autorisée.

1. LA RELATION ENTRE VOLUME D’ENTRAÎNEMENT ET PERFORMANCE EST LINÉAIRE. FAUX. La plupart des patients font de l’activité physique avec plus ou moins d’assiduité, en général dans un but de promotion de la santé. Une faible proportion s’entraîne plus fort à repousser leurs limites dans un esprit de compétition ou dans le but d’améliorer leurs performances. Dans leur quête d’excellence, en faire plus ne semble pas toujours pour le mieux. L’intensité, la durée et le volume des séances d’activités définissent la charge d’entraînement. L’accroissement graduel de cette charge est un processus utilisé pour bousculer volontairement l’homéostasie. Éprouver l’organisme, puis lui allouer une période de repos stimule une adaptation positive et développe l’endurance, la résistance ainsi que la force du corps. Le défi est de personnaliser cet effort (volume, durée, intensité) de manière à optimiser les résultats. Trop peu s’entraîner ne permettra pas d’exploiter son plein potentiel. En revanche, s’entraîner davantage accroît la performance jusqu’à l’atteinte d’un seuil où toute augmentation supplémentaire de l’effort se traduira par une fatigue prolongée, des modifications de l’humeur et un déclin des performances. La relation entre entraînement et performance n’est donc pas linéaire, mais suit une courbe en « U » inversé.

2. POUR ACCROÎTRE LES PERFORMANCES, IL FAUT BRISER L’HOMÉOSTASIE DE L’ORGANISME, PUIS RÉTABLIR UN NOUVEL ÉQUILIBRE PAR UNE RÉCUPÉRATION SUFFISANTE. VRAI. Pendant la période d’accumulation des entraînements, la fatigue aiguë qui en résulte se traduira transitoirement par des performances décroissantes. L’athlète entre alors dans la

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zone de dépassement (overreaching)1,2. À ce stade, un repos relatif de quelques jours à deux semaines au cours duquel la charge d’entraînement sera faible permettra une supercompensation1,2. Ce repos octroie des capacités nouvelles au corps : les résultats en compétition s’améliorent ou bien un autre cycle d’entraînement plus intense bonifiera davantage les facultés. Mais attention : si la période de dépassement se prolonge, si le repos accordé est inadéquat ou si une source importante de stress fragilise le sportif, ce dernier peut entrer en zone de surentraînement (overtraining). Seule une fine ligne abstraite sépare le dépassement du surentraînement (figure3). Alors, la fatigue ne disparaît plus : elle se prolonge sur des semaines, voire des mois, et les performances périclitent ou continuent de stagner.

3. UN ATHLÈTE PROFESSIONNEL RISQUE DAVANTAGE DE SOUFFRIR DE SURENTRAÎNEMENT QU’UN ATHLÈTE AMATEUR. FAUX. Il est difficile de connaître l’incidence du phénomène. Le surentraînement semble courant dans les activités d’endurance (course à pied, ski de fond, nage, cyclisme, triathlon), mais n’y est pas exclusif. On pourrait croire qu’il est propre aux athlètes professionnels. Toutefois, les sportifs amateurs peuvent certainement être touchés. On considère même que ces derniers sont davantage vulnérables, car ils doivent, en plus, amalgamer au quotidien leur passion pour le sport à leur travail, et à leur vie familiale.

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TABLEAU I

FACTEURS DE RISQUE DU SYNDROME DE SURENTRAÎNEMENT1,4-7

Erreurs liées à l’entraînement Calendrier de compétition trop chargé Solitude dans l’entraînement

h h

Monotonie des entraînements Altitude

h h

Coup de chaleur, entraînement au froid intense Dépassement, épuisement important pendant une course

h h

Entraînement malgré une infection Entraînement continuel avec des athlètes d’un calibre plus fort h Reproduction d’un programme mis en ligne par un autre athlète professionnel h h

Entraînement sans variation ni pause pendant toute l’année

h

Perturbateurs du repos h Pressions liées au travail Contraintes liées à l’école ou aux études Déficit de sommeil, insomnie

h h

Facteurs de stress familiaux, problèmes relationnels Problèmes financiers

h h

Conflit avec les entraîneurs Carences nutritionnelles ou erreurs diététiques

h h

Voyages nombreux, décalage horaire, déménagement

h

Facteurs liés à l’athlète h Personnalité pessimiste h Degré de motivation très élevé h Tempérament plus conservateur ou traditionnel

4. S’ENTRAÎNER À PLEINE INTENSITÉ PENDANT UNE INFECTION VIRALE CONSTITUE UN FACTEUR DE RISQUE DE SURENTRAÎNEMENT. VRAI. On peut définir trois catégories de risque pour le syndrome de surentraînement (tableau I1,4-7). Le sportif peut commettre des erreurs en s’imposant une trop grande charge d’entraînement, particulièrement s’il n’est pas sensibilisé au phénomène, ou encore s’il n’est pas encadré par un entraîneur, un club ou une fédération3. Une infection1, l’altitude et même un coup de chaleur4 durant un entraînement ou une compétition constituent d’autres facteurs environnementaux qui peuvent faire transgresser la frontière floue entre dépassement et surentraînement. La définition d’un repos adéquat est imprécise et variable. Contraintes familiales ou sociales, équilibre nutritionnel ou

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décalage horaire perturbent certainement les mécanismes de récupération4,6,7. Des séances d’entraînement très matinales, s’ajoutant aux études ou à l’emploi du sportif amateur, peuvent manifestement réduire le nombre d’heures de sommeil7. Enfin, les méthodes de gestion du stress et les mécanismes de défense psychologique propre à chacun modulent nos liens à l’entraînement et à la récupération. Les athlètes les plus motivés seront susceptibles de suivre un plan à la lettre, sans écouter les signaux de fatigue leur dictant de diminuer l’effort.

5. L’ACCUMULATION D’ACIDE LACTIQUE ASSOCIÉE À UNE PÉRIODE DE REPOS INSUFFISANTE POUR L’ÉLIMINER REPRÉSENTE LE FONDEMENT PHYSIOPATHOLOGIQUE DU SURENTRAÎNEMENT. FAUX. La littérature foisonne d’hypothèses quant à la cause du syndrome de surentraînement4,6,8. Actuellement, le consensus retenu est que toutes comportent des forces et des faiblesses, mais qu’aucune ne permet d’en expliquer la physiopathologie exacte. On admet que les cytokines et le processus inflammatoire, les muscles, les grands axes endocriniens, les neurotransmetteurs du cerveau, le système nerveux central et les antagonistes sympathiques et parasympathiques du système nerveux autonome sont assurément extrêmement sollicités dans les phénomènes d’adaptation à l’effort. Cependant, les marqueurs étudiés ne sont pour l’instant ni sensibles ni spécifiques. Le dosage de différentes hormones (cortisol, testostérone, catécholamines, etc.) ou d’autres peptides n’est à l’heure actuelle ni valide ni fidèle. Les méthodes de prélèvement d’échantillons, l’état nutritionnel du sportif, le cycle menstruel, les variations diurnes ou saisonnières des hormones ou encore la rythmicité de sécrétions de nombreux biomarqueurs rend le recueil et l’interprétation des données scientifiques très difficiles6.

6. IL EXISTE QUELQUES SIGNES PATHOGNOMONIQUES DU SYNDROME DE SURENTRAÎNEMENT. FAUX. Le diagnostic de surentraînement repose sur des bases cliniques. Aucun outil décisionnel ne permet de le confirmer avec certitude1. Le diagnostic en est donc un d’exclusion. Lorsque le médecin y songe, il doit préalablement chercher d’autres causes pouvant expliquer la fatigue devenue chronique chez le sportif : mononucléose, dysthyroïdies, diabète, carences nutritionnelles (anémie, déficit en vitamine B12, etc.), troubles de l’humeur, anxiété, troubles alimentaires, troubles du sommeil, sevrage de caféine, etc.4. La plupart des signes et symptômes sont peu spécifiques (tableau II9,10). Le clinicien doit : h passer en revue le programme d’entraînement (fréquence, nombre d’heures hebdomadaires, intensité des séances, nombre et durée des périodes de repos, etc.) ;

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TABLEAU II

SIGNES ET SYMPTÔMES FRÉQUENTS DU SYNDROME DE SURENTRAÎNEMENT9,10

TABLEAU III

BILAN PARACLINIQUE DE LA FATIGUE CHEZ L’ATHLÈTE7

Formule sanguine

h

Fatigue persistante

h

Douleurs musculaires et courbatures

h

Lourdeurs musculaires

h

Difficultés à terminer les entraînements habituels

h

Diminution de l’appétit

h

Baisse de la libido

h

Troubles de concentration

h

Tristesse

h

h h h h h h h h

Fer, ferritine, saturation de la transferrine Urée, créatinine, ions sériques Albumine, protéines sériques TSH Vitesse de sédimentation, protéine C réactive AST, bilirubine Glycémie à jeun, HbA1C Analyse d’urine

Réduction de la motivation

h

Monotest

Anxiété

h

Irritabilité

h

h h

Perte de mémoire

h

Céphalées récurrentes

h

Maux de gorge répétitifs

h

Symptômes récidivants de coryza

ECG

Selon les régions, les facteurs de risque et l’anamnèse, on peut considérer ajouter : Sérologie du VIH

h

h

Aménorrhée

Sérologie de la maladie de Lyme

h

h

Bilans d’hépatites virales

h

Vitamine B12 et folates

h

h

h

h

explorer les habitudes nutritionnelles, vérifier si le patient suit une diète particulière (ex. : régime faible en glucides, à forte teneur en protéines ou encore végétarien). Toutes les pratiques diététiques ne sont pas incompatibles avec l’entraînement intensif, mais leur complexité peut certainement être source d’erreurs, accroissant le stress sur l’organisme, nuisant à la récupération ou expliquant la fatigue. Le médecin pourra même à l’occasion soupçonner ou mettre en évidence un trouble alimentaire. demander au sportif s’il prend des produits naturels et des suppléments alimentaires et, le cas échéant, s’il les achète sur Internet ou dans les gymnases. Les produits provenant de ces sources d’approvisionnement peuvent contenir des psychostimulants (fatigue due au sevrage5) ou même des hormones anabolisantes (insuffisance endocrinienne). vérifier si le patient a des changements d’humeur. Les facteurs psychosociaux occupent une place primordiale dans l’anamnèse, particulièrement chez nos athlètes amateurs qui amalgament leur vie professionnelle au sport pratiqué7.

L’examen physique permet ensuite de réduire encore les hypothèses et d’orienter le bilan paraclinique. Il est prouvé que la pratique sportive provoque régulièrement une bradycardie au repos. Par contre, un changement de la fréquence cardiaque de repos n’est cependant pas spécifique au surentraînement contrairement à certaines hypothèses véhiculées (hausses, baisses ou absences de variation sont toutes décrites dans la littérature)3.

7. CERTAINS TESTS PARACLINIQUES MESURANT LA PERFORMANCE ET LES MODIFICATIONS DE LA FRÉQUENCE CARDIAQUE À L’EFFORT PEUVENT CONFIRMER UN DIAGNOSTIC DE SURENTRAÎNEMENT. FAUX. Le bilan paraclinique vise à éliminer les autres causes cou­rantes de fatigue. Le tableau III7 résume les examens para­ cli­niques de base recommandés. Il existe certainement différents tests objectifs permettant de mesurer les performances d’un athlète (puissance et endurance aérobie, lactatémie à l’effort sous-maximal, performances sur une distance étalon, etc.) et qui pourraient corroborer une baisse des performances. Encore faut-il que l’athlète ait préalablement utilisé ces tests afin de jalonner sa progression avant d’exprimer des symptômes de surentraînement. Ces mesures sont complexes, peu accessibles et dépassent certainement le cadre de l’évaluation de nos patients en cabinet. Enfin, votre patient pourrait mentionner une diminution de sa fréquence cardiaque maximale durant l’effort11. Il pourrait aussi décrire un lent retour à la fréquence cardiaque de repos à l’arrêt de l’exercice. Ces deux points ne sont pas non plus des marqueurs certifiés de surentraînement1-3. Pensez simplement au surentraînement lorsqu’un patient mentionne subjectivement qu’il ne performe plus aussi

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bien que d’habitude sur des distances qu’il connaît bien ou encore qu’il éprouve manifestement des difficultés à terminer ses séances.

8. LE DIAGNOSTIC DE SYNDROME DE SURENTRAÎNEMENT EN EST UN D’EXCLUSION. VRAI. Le médecin doit donc8 : h trouver une fatigue persistante ou une incapacité à reproduire les performances habituelles nonobstant un repos de plus de deux semaines ; h constater une perturbation de l’humeur, une perte de vigueur, une baisse de motivation ; h exclure toute autre maladie pouvant occasionner des symptômes correspondant à l’état clinique actuel. On peut alors soupçonner un syndrome de surentraînement et fournir les recommandations détaillées dans les prochains paragraphes.

9. SI LE SURENTRAÎNEMENT EST DIFFICILE À DIAGNOSTIQUER, IL SE TRAITE PAR CONTRE FACILEMENT, ET SA RÉMISSION EST RAPIDE. FAUX. Le repos établit les fondements de la guérison. La durée de cette pause s’étendra sur de nombreuses semaines, voire des mois selon les besoins de chacun. Plus rarement, certains ne récupéreront jamais. Aucune donnée scientifique ne permet de guider le clinicien ou son patient quant au temps nécessaire. La plupart des études mentionnent empiriquement un repos complet de six à douze semaines2,4. D’autres préconisent plutôt des séances d’activités aérobiques très légères et l’entraînement croisé (cross-training), par exemple en proposant la nage à un coureur. L’athlète perd ainsi ses repères d’intensité et de volume d’activité habituels. La probabilité qu’il respecte le repos prescrit s’en trouve accrue. Aucune étude n’a comparé le repos complet au repos relatif. L’athlète peut toutefois être résistant à la prescription de repos. Nombreux sont ceux qui contestent initialement leur état. Habitués à bouger constamment, certains seront réticents à réduire substantiellement leur volume d’activités. Les plus assidus associent parfois leurs contre-performances à une préparation inadéquate. Ils réagissent donc en accroissant leurs entraînements, ce qui amplifie évidemment le problème. Un syndrome de surentraînement aura possiblement des conséquences difficiles sur la vie amoureuse, familiale, scolaire ou professionnelle du sportif. Par ailleurs, le repos forcé a des répercussions importantes sur le calendrier de compétitions, les commandites ou carrément la carrière d’un athlète olympique. De son côté, l’amateur peut ressentir une perte d’identité liée à sa pratique sportive. Sa séparation de son groupe d’entraînement ou de ses coéquipiers et l’isolement

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qui peuvent en résulter sont autant d’aspects potentiellement néfastes et malheureux.

10. IL EST FACILE DE DISTINGUER LE SYNDROME DE SURENTRAÎNEMENT D’UN ÉPISODE DÉPRESSIF. FAUX. Le tableau clinique du surentraînement est difficile à différencier de celui d’une dépression majeure. Le clinicien pourrait donc être tenté de prescrire à son patient un inhibiteur sélectif du recaptage de la sérotonine (ISRS) ou inhibiteur du recaptage de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN) afin d’accroître son niveau d’énergie. Bien que certains auteurs le proposent2,8,12, il s’agit d’une opinion d’experts. Aucune donnée clinique ou scientifique n’appuie cette pratique. Avec le repos et à mesure que l’asthénie et les symptômes physi­ ques s’atténuent, on remarque une amélioration de l’affect4,8,9. Par ailleurs, un ISRS est susceptible d’accroître l’impression de fatigue. La concomitance d’un trouble anxieux ou d’obsessions d’entraînement pourrait cependant inciter le médecin à recourir à un soutien pharmacologique.

11. LA TENUE D’UN JOURNAL DES ENTRAÎNEMENTS CONSTITUE UN MOYEN EFFICACE DE PRÉVENIR LE SYNDROME DE SURENTRAÎNEMENT. VRAI. La frugalité des solutions rend capitales l’éducation et la prévention. On recommande aux athlètes de2,4,6,9 : h créer un journal d’entraînement qui permettra de garder un regard critique sur leur planification et d’y consigner divers paramètres (durée des séances, intensité des efforts fournis, sensations subjectives liées à l’exercice, etc.) ; h s’entourer d’experts, entraîneurs ou kinésiologues, et s’appuyer sur leurs connaissances et leurs compétences pour obtenir un suivi pertinent de leur progression ; h périodiser l’entraînement, c’est-à-dire ajuster les paramètres d’effort selon des cycles temporels, selon leur pro­ gression, en réservant régulièrement des périodes de repos ou de charge allégée d’effort ; h porter une attention particulière au sommeil, à la gestion du stress et à l’équilibre des habitudes de vie ; h réserver une journée par semaine au repos complet et prévoir chaque année un moment de vacances ; h varier l’activité, diversifier le type d’exercice et limiter la monotonie ; h éviter ou reporter les entraînements en cas d’infection ou de maladie ; h réduire les séances et leur intensité durant les moments plus préoccupants au boulot, à l’école ou à la maison.

CONCLUSION Le surentraînement est complexe. Son traitement passe inévitablement par un long repos13. Il nécessite aussi de recadrer

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les désirs de l’athlète liés à une valorisation démesurée de l’image personnelle ou de la performance individuelle. Les sports d’endurance ne représentent qu’une seule facette définissant qui nous sommes. Le meilleur entraînement est parfois celui que l’on ne fait pas ! // Date de réception : le 25 février 2016 Date d’acceptation : le 14 mars 2016 Le Dr Olivier Maynard n’a signalé aucun conflit d’intérêts.

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CE QUE VOUS DEVEZ RETENIR Le diagnostic de syndrome de surentraînement en est un d’exclusion. Aucun marqueur biologique ne permet de le prouver. h Le seul traitement reconnu est le repos prolongé. Aucune donnée scientifique n’appuie le recours aux antidépresseurs. h L’éducation et la prévention sont primordiales et permettent d’éviter des conséquences potentiellement dévastatrices. h

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