JUILLET 2017 - N°22 L'actualité économique et ... - WATSON Patrimoine

17 juil. 2017 - L'autorité monétaire durcit le ton avec la réduction de son bilan comme ... Pour l'heure, ils ont pris acte, sans s'alarmer, du durcissement de ton.
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L’actualité économique et financière

JUILLET 2017 - N°22

?

Le point

Marchés

Financiers

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Mardi 4 juillet 2017 Les Echos

FINANCE &MARCHES

FIN DE SÉQUENCE POUR LE STERLING La livre, qui restait sur huit journées d’affilée de hausse sur le marché des changes a rechuté lundi, repassant sous la barre des 1,30 dollar. La faute à la publication d’un chiffre de l’activité manufacturière inférieure aux attentes au Royaume-Uni. L’indicateur PMI est au plus bas depuis trois mois et pourrait peser sur la volonté de la Banque d’Angleterre de remonter ses taux.

les indices

L’Arabie saoudite met le Qatar sous pression sur les marchés La chute de l’or noir affecte les réserves de change

l La Bourse saoudienne s’envole de 8 % depuis le début de la crise avec le Qatar, dont la Bourse plonge (–10 %). l Riyad profite de la nomination du nouveau prince héritier. l Le coût pourrait être substantiel pour l’émirat gazier. BOURSE Pierrick Fay @pierrickfay Dans le conflit entre le petit émirat qatari et le géant saoudien (et ses alliés), il y a déjà un vainqueur et un perdant, comme en témoigne l’évolution divergente de leurs places financières. Alors que la crise s’éternise (elle a démarré le 5 juin avec la rupture des liens diplomatiques et la fermeture des frontières), l’indice DSM de la Bourse du Qatar a plongé de 10 % (dont –7,3 % le 5 juin), quand l’indice Tadawul à Riyad progresse de 8,2 %. Le conflit a déjà fait perdre 13 milliards de dollars de capitalisation à la Bourse de Doha, alors que le CDS à 5 ans du pays – une forme d’assurance contre un risque de défaut – a été multiplié par deux depuis début juin et que sa devise, le riyal, est sous pression face au dollar (il est arrimé au billet vert). Selon Amy McAlister chez Oxford Economics, « l’impact sur l’économie locale dépendra de la rapidité avec laquelle le conflit sera résolu. Mais le coût pourrait être substantiel pour le pays ». Pour l’instant, le cabinet maintient sa prévision de croissance inchangée à 2,9 %. Standard & Poor’s, de son côté, a abaissé la note du Qatar d’un cran, jugeant que « le conflit va exacerber les vulnérabilités externes du Qatar et pourrait peser sur la croissance et sur les rentrées fiscales du pays ».

Pour Hasnain Malik chez Exotix Partners, Doha semble pris entre le marteau et l’enclume alors que « son économie gazière est dépendante de ses bonnes relations avec l’Iran » et que « son économie (hors gaz) est dépendante d’une circulation des biens et des personnes (aéronautique, tourisme, alimentaire, matériaux de construction) sans entrave aux frontières, ce qui suppose des relations cordiales avec l’Arabie saoudite ».

Riyad a repoussé de 48 heures l’issue de son ultimatum adressé au Qatar. En première ligne, le secteur financier, déjà sous pression avec la baisse des revenus énergétiques. Les banques qataries sont très dépendantes des dépôts étrangers, estimés à 17 % du PIB. « La crise actuelle a le potentiel pour déstabiliser les dépôts des non-résidents et provoquer des sorties de capitaux », juge Standard & Poor’s, même si le poids du fonds souverain et les réserves de la banque centrale constituent un garde-fou. En attendant, la Bourse de Doha va « probablement rester sous pression alors que les niveaux de valorisation demeurent élevés », estime Rami Sidani, chez Schroders, avec un ratio de capitalisation des bénéfices de 12,9 fois à douze mois, l’un des plus élevés du MSCI EM.

La volte-face des prix du pétrole C’est ce que l’on appelle les montagnes russes. Après être entré dans un marché baissier (– 20,3 % entre le 11 avril et le 21 juin), le baril de pétrole brent vient de connaître huit séances consécutives de hausse (+10,20 %) ! Pourtant, les pays de l’Opep ont annoncé que leur production avait augmenté de 280.000 barils par jour en juin, en raison de la hausse de la production de la Libye et du Nigeria (exemptés de l’accord de réduction). Mais les marchés sont encore influencés par l’annonce de la baisse significative de la production américaine, une première depuis des mois.

A l’inverse, la Bourse saoudienne ne sort pas affectée par la crise diplomatique. Elle profite en fait de ce que les investisseurs ont appelé la « nuit des bonnes nouvelles », du 21 au 22 juin. En deux jours, le Tadawul a pris 6,7 %, malgré une baisse de près de 5 % du pétrole les jours précédents. D’abord, la nomination du nouveau prince héritier, Mohammed ben Salmane, « permet de réduire l’incertitude concernant la succession du roi Salmane et de réduire le risque d’un dérapage du programme de réforme du pays Vision 2030 », s’est félicité Fitch Rating. « Elle clôt les doutes sur la direction politique du pays », ajoute Exotix Parners, qui estime que cela « répond à l’un des risques identifiés pour les investissements ». Ensuite, l’annonce par MSCI de l’ouverture d’une consultation en vue de l’inclusion des actions saoudiennes dans l’indice émergent vedette de l’américain a accru l’attrait des investisseurs pour la Bourse locale. Selon EFG Hermes, l’indice Tadawul pourrait croître en moyenne de 20 % par an jusqu’à l’inclusion grâce à l’afflux de liquidités sur un marché qui offre encore peu d’entreprises cotées. Les investisseurs anticipent en effet une issue favorable. HSBC estime que cela pourrait permettre d’attirer jusqu’à 9 milliards de dollars de flux positifs. Au final, Exotix Partners estime que « les actions saoudiennes sont plutôt bon marché relativement à leur histoire » et « particulièrement les banques », mais pour retrouver ses niveaux de septembre 2014 (–32 % depuis), la Bourse devra espérer une diminution du risque politique, alors que l’agence Fitch constate que la politique étrangère du pays est devenue « moins prévisible » et que les tensions pourraient augmenter à l’avenir avec l’Iran. Et ce n’est pas le seul défi, selon Exotix Partners, qui pointe aussi « la transformation du pays vers moins de dépendance au pétrole, la politique d’austérité due à la baisse du prix du pétrole et enfin la stabilité sociale ». n

Les réserves de change des pays pétroliers sont au plus bas depuis dix ans. Pour les pays du Golfe, cela commence à ressembler à une épée de Damoclès. La forte baisse du prix du pétrole depuis l’été 2014 a laminé les budgets des pays producteurs et siphonné leurs réserves de change. Elles sont au plus bas depuis dix ans, selon le FMI. Les réserves des 13 principaux pays exportateurs sont tombées à 967 milliards de dollars, 25 % de moins qu’en 2013. Si les réserves du Venezuela ont chuté de 90 %, celles du Qatar ont fondu de 30 % et celles de l’Arabie saoudite sont passées de 737 milliards à l’été 2014 à 529 milliards fin 2016. Et elles auraient encore fondu de 36 milliards sur les quatre premiers mois de l’année. Un souci pour ces pays, qui doivent jongler entre la nécessité de réduire leur déficit et le désir de limiter la contestation sociale. La rechute du prix du pétrole en juin a rappelé leur fragilité, mais aussi le danger que cela représente pour les marchés boursiers occidentaux. Les fonds souverains avaient massivement vendu des actifs en 2015 et 2016, du fait de la chute des prix du pétrole, et contribué à la baisse générale des cours. « A quel niveau de prix du pétrole faudrait-il de nouveau s’inquiéter d’une nouvelle vague de cession ? » se demande JP Morgan. Le récent rebond du prix du baril a permis d’éluder la question. La crise entre l’Arabie saoudite et le Qatar pourrait aussi avoir des répercussions si elle devait s’éterniser. Avec 335 milliards de dollars gérés, le Qatar Investment Authority apparaît comme le coussin de sécurité du Qatar. Mais pour Pascal Devaux, chez BNP Paribas, « si le recours au fonds souverain est possible », il est aussi « contraint. Certains actifs sont faiblement liquides et une forte proportion est constituée d’actifs domestiques ». Contrairement aux actions cotées détenues sur les marchés occidentaux. n

L’ancien patron de Barclays devant la justice britannique BANQUE Quatre anciens dirigeants et la banque britannique elle-même sont soupçonnés de fraude autour d’une levée de fonds au Qatar en 2008. Vincent Collen @VincentCollen — Correspondant à Londres

La chute de John Varley marquera l’histoire du secteur financier européen. Il y a sept ans, cette figure de la City était à la tête de Barclays, l’une des plus grandes banques du Royaume-Uni et du monde. Lundi après-midi, ce Britannique de soixante et un ans a comparu sur le banc des accusés à la Westminster Magistrates Court, un tribunal du centre de Londres. Il est mis en examen pour « fraude » et « assistance financière illégale », de même que trois autres anciens cadres dirigeants de Barclays ainsi que la banque elle-même. Ils risquent des peines de prison.

C’est la première fois qu’un expatron de grande banque est poursuiv i au p énal. L’enqu ête du Serious Fraud Office, l’organisme chargé de la lutte contre la délinquance financière, soupçonne des malversations sur les conditions dans lesquelles Barclays a levé des fonds au Qatar pour se recapitaliser lors de la crise financière en 2008. La banque a versé plus de 300 millions de livres au fonds souverain qatari, qui a souscrit une partie de l’augmentation de capital la même année et aussi accordé un prêt de 3 milliards de dollars à l’émirat.

John Varley et ses trois anciens collègues, qui ont tous quitté Barclays, étaient assis derrière une vitre pour entendre la confirmation de leur mise en examen. Quelques minutes plus tôt, ils avaient été photographiés et filmés par une nuée de journalistes qui les attendaient devant l’entrée du tribunal (comme en France, les images sont interdites en salle d’audience).

Les quatre hommes plaideront non coupable

Un à un, les quatre hommes se sont levés pour décliner leurs nom, prénom, date de naissance et adresse.

Ce sont les seules paroles qu’ils ont prononcées lors de cette courte audience préliminaire. Tous ont indiqué, par la voix de leurs avocats, qu’ils plaideraient non coupable. John Varley, vêtu d’un costume gris et d’une cravate à pois, n’a laissé transparaître aucune émotion, souriant même à plusieurs reprises. La banque Barclays, elle, n’a toujours pas indiqué si elle plaidait coupable ou non coupable, réservant sa décision à une date ultérieure. Les quatre anciens dirigeants de Barclays sont ressortis libres, mais deux d’entre eux, Thomas Kalaris et Roger Jenkins, devront s’acquitter

La date

2008

Barclays a levé plus de 11 milliards de livres cette année-là. d’une caution de 500.000 livres. Le premier est américain, et le second réside aux Etats-Unis, ce qui justifie la caution, a expliqué la juge Emma Arbuthnot. L’affaire a été renvoyée devant la Southwark Crown Court de Londres, où la première audience est prévue le 17 juillet. n

VENDREDI 7 ET SAMEDI 8 JUILLET 2017

PATRIMOINE.LESECHOS.FR/

PATRIMOINE

BOURSE // Un très bon premier semestre sur les marchés actions et les perspectives

européennes attrayantes ne doivent pas faire oublier toute prudence aux investisseurs.

Palmarès des fonds : les petites valeurs en vedette Marie-Christine Sonkin @mcsonkin

L

es investisseurs ont boudé le PEA PME et ils ont eu tort ! D’après le palmarès semestriel des principales catégories des fonds établi par Quantalys sur les six premiers mois de 2016, les petites et moyennes capitalisations européennes mènent la course (voir tableau ci-contre). Les « mid et small caps » affichent aussi la meilleure performance cumulée sur 5 ans. Constat d’autant plus remarquable que cette prouesse s’accompagne d’une volatilité (écart-type des rendements) relativement raisonnable, en tout cas inférieure à celles d’autres catégories actions. « Au cours des 5 dernières années, le STOXX small a progressé d’environ 78 % contre 55 % pour le STOXX Europe 600 », observe Pierrick Bauchet, directeur général et directeur de la gestion d’Inocap Gestion. Un succès qui suscite l’engouement des investisseurs et l’envolée des souscriptions. Et toute la difficulté est de trouver des sociétés à la hauteur des performances attendues. Ainsi, Amiral Gestion a décidé de suspendre les souscriptions du FCP Sextant PME dès que l’actif net du fonds atteindra le seuil de 250 millions d’euros. « Au sein du fonds Quadrige Europe, nous privilégions les entreprises familiales, qui bénéficient d’une vision industrielle de long terme créatrice de valeur dans la durée. L’étendue du marché européen apporte un large vivier d’investissement permettant de conserver une grande flexibilité de gestion au sein de cette approche de l’investissement », tempère Pierrick Bauchet.

De nouveaux moteurs de performances

Le bilan est globalement positif pour l’ensemble des catégories actions. « Les marchés ont progressé depuis cinq ans, malgré une année 2015 très volatile », commente JeanPaul Raymond, directeur du développement de Quantalys. Mais depuis quelques mois, nous assistons à un renversement de tendance car les moteurs de performances ne

B

sont plus les mêmes. « Alors que les Etats-Unis étaient la locomotive des dix dernières années, ce n’est plus le cas à court terme. Depuis le début de l’année, la catégorie actions US ne progresse que de 2,5 % environ contre 10 à 15 % pour les catégories actions européennes, souligne-t-il. Parallèlement, les actions émergentes qui progressent moins que les autres catégories actions sur les 5 dernières années font un retour en force depuis 2016. » Selon Catherine Garrigues, responsable des stratégies conviction actions Europe d’AllianzGI, le marché des actions de la zone euro paraît très attrayant par rapport aux actions américaines, ce qu’illustre la hausse des flux sur ces actifs. Une moindre prime de risques politiques, un retour de la croissance et un potentiel record de fusions et acquisitions sont de puissants facteurs de soutien des actions européennes. « Des thèmes de croissance à long terme puissants sous-tendent aujourd’hui les marchés européens, ajoute Catherine Garrigues, comme le Big Data, la voiture électrique, les énergies renouvelables et la hausse des budgets de Défense ». « Il n’existe pas ou peu de véhicules purs pour jouer ces thèmes, mais ils se diffusent dans les entreprises et génèrent de la croissance », conclut-elle.

Fin de règne pour les obligataires

Les prévisions de hausse de taux, déjà concrétisées outre-Atlantique, incitent logiquement les investisseurs à se retirer de cette classe d’actifs. Mais est-il opportun de l’éliminer totalement ? « Des risques de natures diverses, dont les risques politiques, continueront à soutenir des valorisations élevées sur des actifs jugés sans risques, déclare Franck Dixmier, directeur des gestions obligataires d’AllianzGI. Les cours étant élevés, les marchés sont sensibles aux mauvaises nouvelles. La chute du pétrole notamment a surpris les investisseurs et provoquée une correction. Un coup de semonce qui prouve l’utilité de ne pas se détourner totalement de l’obligataire. « Il reste des niches à fort potentiel, estime Jean-Paul Raymond, notamment pour tout ce qui est corporate et

davantage encore sur le corporate à haut rendement. Actuellement, dans les catégories obligataires où beaucoup de fonds affichent un recul, toutefois assez faible – depuis le début de l’année –, ce sont les produits très spécialisés qui réalisent les meilleures performances », observe-t-il. « Nous parlons d’investissements sur le long terme, explique JeanPaul Raymond, et plus l’horizon est long, plus on peut aller vers les actions. Le principe est de toujours mixer les classes d’actifs et j’estime qu’il en faut au moins 8 dans un portefeuille. Ce n’est pas toujours possible quand les montants investis sont modestes. Dans ce cas, la solution est d’opter pour un fonds de gestion flexible ou profilée. Ce sont des fonds tout-terrain, capables de s’adapter quel que soit l’état du marché. »

Le fonds Keren Patrimoine de Keren Finance, société de gestion indépendante, dont le capital est détenu directement par ses collaborateurs, réalise dans la catégorie allocation Flexible Prudent Europe de très belles performances. Actuellement, le fonds est composé de 27 % d’actions et de 67 % d’obligations d’entreprises européennes, le solde étant en cash. « Sur la partie obligataire, notre stratégie n’a pas varié, détaille Raphaël Elmaleh, président de Keren Finance. Nous investissons sur des durations faibles, la maturité moyenne étant 2021. Mais, actuellement, il est très difficile d’investir. Même en high yield, ce qui est notre spécialité, nous trouvons moins de dossiers satisfaisants. Quant au primaire [émission de nouvelles obligations, NDLR] proposé, il est long et il

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n’est pas payé ! Un exemple parmi beaucoup d’autres, la dernière émission de Plastic Omnium à 1,32 % sur 7 ans. Nombre d’investisseurs confondent la performance et le rendement actuariel. Mais si les taux remontent, et cela arrivera, la performance de ce type d’émission sera négative ! » Pour Raphaël Elmaleh, cette hausse de taux sera toutefois progressive et maîtrisée par les banquiers centraux. Il se montre par ailleurs plus optimiste sur la poche actions. « Même si là aussi les opportunités se font plus rares, il y a une dynamique européenne et encore une marge de progressions sur ce segment. »

La Ville de Paris a voté le 4 juillet 2017 le principe de la multiplication par quatre de la surtaxe sur la taxe d’habitation pour les résidences secondaires et les logements vacants dans la capitale. Celle-ci passerait de 60 % à 250 %. Cette mesure doit être validée par le Parlement.

02 //

Lundi 10 juillet 2017 Les Echos

FRANCE Le match du maître et de l’horloge Si Emmanuel Macron tente de réhabiliter le temps long de l’action, il réagit très vite dès que pointe une polémique. Sur les impôts, notamment.

LE FAIT DU JOUR POLITIQUE Cécile Cornudet

en bref

Rebond spectaculaire de la production manufacturière l La production manufacturière a augmenté de 2 points au mois de mai. l Le gouvernement peut s’attendre à voir cette bonne conjoncture perdurer. Marie Bellan @mbellan1 L’embellie était attendue mais pas à ce niveau. La production manufacturière a bondi de 2 points au mois de mai dernier, selon les chiffres de l’Insee publiés en fin de semaine dernière. « Deux points de plus sur un mois, c’est assez exceptionnel, cela va bien au-delà de ce que l’on pouvait attendre », reconnaît Dorian Roucher, chef de service de la division synthèse conjoncturelle de l’Insee. Sur les trois derniers mois, le gain est aussi de 1,9 %. Une très bonne nouvelle qui conforte largement les prévisions de croissance établies lors de la dernière note de conjoncture de l’Insee (0,5 % de croissance pour le deuxième trimestre 2017). Parmi les secteurs qui affichent les chiffres les plus spectaculaires figurent l’automobile, avec une croissance de 9,6 points en mai. Le mois d’avril avait été marqué par des difficultés d’approvisionnement qui avaient perturbé la production. Le mois de mai bénéficie donc de l’effet rattrapage, mais la tendance est positive depuis un an et demi déjà et devrait se poursuivre. « Dans le secteur automobile, on atteint des niveaux de production qu’on n’avait pas vus depuis début

2011. Cela s’explique par le besoin de renouvellement des ménages, qui tire vers le haut les ventes de voitures neuves », précise Dorian Roucher. Avec des effets d’entraînement forts sur d’autres secteurs, notamment la métallurgie et la chimie. L’embellie est aussi très nette dans les produits informatiques, électroniques et optiques (+4,2 % après – 0,9 %), ainsi que dans les équipements électriques (+ 4,4 % après – 0,7 %). Cette très bonne conjoncture s’explique par la meilleure situation financière des entreprises, qui ont

recommencé à investir. Mais aussi par la bonne conjoncture européenne et mondiale, qui booste les exportations. « La demande extérieure est de nouveau là », confirme Dorian Roucher. Les entreprises françaises ne sont d’ailleurs pas les seules à profiter de cette conjoncture favorable. L’Allemagne et l’Espagne (voir ci-dessous) affichent également des chiffres spectaculaires. Pour les économistes, ce rebond manufacturier vient traduire dans les faits les très bons chiffres enregistrés dans les études sur le climat

L’Allemagne et l’Espagne affichent aussi des records Chez nos voisins européens, les voyants industriels sont aussi au vert. La production industrielle espagnole a bondi de 3 % en mai sur un an, contre une hausse de 0,5 % seulement en avril. Une tendance qui s’explique en particulier par les biens de

consommation durable, dont la production progresse de 13,5 % par rapport à mai 2016. Même chose en Allemagne où la production industrielle a augmenté davantage que prévu en mai, à +1,2 %. Il s’agit du cinquième mois consécutif de progression outre-Rhin.

des affaires, qui étaient observés depuis quelques mois déjà sans concrétisation majeure dans la production. On passe ainsi des intentions aux actes.

Alignement des planètes

L’environnement global est des plus favorables puisque le moral des ménages est lui aussi très robuste. Est-ce l’effet du début de mandat présidentiel ? Sur le moral des ménages, cela s’est déjà observé à plusieurs reprises lors des précédentes élections présidentielles. Sur les chiffres de la production, ce n’est pas une constante. Force est de constater que l’alignement des planètes économiques qui accompagne le début de mandat d’Emmanuel Macron ne se dément pas, loin s’en faut. Et ces bonnes tendances, tout au moins sur la production manufacturière, devraient se poursuivre pendant plusieurs mois encore, selon l’Insee. n

Trois secteurs en pleine forme

Valérie Pécresse veut créer son propre mouvement pour peser sur LR

LR prépare l’exclusion des élus qui ont rejoint Emmanuel Macron POLITIQUE Thierry Solère, initiateur du groupe des « construc-

tifs » LR-UDI à l’Assemblée, assure avoir reçu par courrier sa convocation d’exclusion du parti. « J’ai reçu ma convocation d’exclusion, comme Edouard Philippe [Premier ministre], Gérald Darmanin [ministre des Comptes publics], Franck Riester [député] et Sébastien Lecornu [secrétaire d’Etat]. Je ne sais pas si je m’y rendrai », indique-t-il au « Parisien ». Thierry Solère affirme ne plus se reconnaître « dans ce vieux monde qui classe les élus comme des machines qui votent toujours pour tout ou toujours contre tout ».

L’ÉDITOÉCODENICOLASBARRÉ LE DIRECTEUR DE LA RÉDACTION DES ÉCHOS LEDIRECTEURDELARÉDACTIONDESÉCHOS

DULUNDIAUVENDREDIÀ7H10

DANSLAMATINALED’EUROPE1 #E1Matin

Charly Triballeau/AFP

de-France, Valérie Pécresse, a annoncé dans « Le Journal du dimanche » qu’elle renonçait à briguer la présidence du principal parti de droite et qu’elle créait son propre mouvement pour tenter de peser sur son évolution. L’élue, qui ne veut pas participer à « une guerre des chefs », dénonce dans le « JDD » la ligne « brutale et très conservatrice » défendue par Laurent Wauquiez. Valérie Pécresse souhaite incarner une « droite authentique, ni soumise à Macron ni poreuse avec le Front national ».

Charly Triballeau/AFP

RECOMPOSITION La présidente Les Républicains (LR) d’Ile-

Loïc Venance/AFP

Dessins : Fabien Clairefond pour « Les Echos »

L

a présidence Macron n’aime pas les feuilletons. Elle réagit vite. Elle n’a pas laissé s’installer les premières polémiques sur les affaires, « exfiltrant » sans attendre François Bayrou et Richard Ferrand, comme on dit en langage diplomatique. Elle a vite compris les ravages que pourrait créer l’impression d’un pouvoir renouant avec l’impôt. Quatre jours après avoir annoncé le report de plusieurs baisses fiscales dans son discours de politique générale, Edouard Philippe a promis, samedi, 7 milliards de réductions d’impôt dès 2018 (lire page 4). « Nous allons aller vite, nous allons aller loin », a renchéri Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, lors des journées d’Aix. Qui est le « maître », Macron ou l’horloge ? Le premier ne laissera pas le temps faire son travail de sape. C’est à ce prix, estime-til, qu’il réconciliera les Français et la politique. Dégainer vite, donc. Mais aussi s’inscrire dans la durée. Le macronisme ne plie pas devant les diktats

médiatiques. Il refuse la théorie des 100 jours, étale son action sur le quinquennat (voire plus). Les Français peuvent comprendre qu’il faut pouvoir financer les baisses d’impôt avant de les lancer, parie-t-il. Question de crédibilité, et partant de confiance. Sauf que le divorce Français-politique n’est pas loin justement, et risque de se réveiller. Reporter les impôts, est-ce de la bonne gestion ou est-ce un moyen de ne pas tenir ses promesses ? Tout sondeur sait que les Français répondent « renoncement aux promesses ». On les a leurrés tant de fois ! Comment, dès lors, réenclencher un cercle vertueux ? En poursuivant la révolution politique, répond Emmanuel Macron, en faisant sien le dégagisme qu’ont voulu les Français dans la campagne. Il annonce au Congrès une réforme des institutions et demande à ses propres troupes de réfléchir à leur rétrécissement (30 % de parlementaires en moins). Il cherche à conforter la confiance que lui ont accordée les Français sur la politique, en espérant qu’elle fera tache d’huile sur le reste, sur les impôts notamment. Et si les doutes persistent, eh bien faisons une incursion dans le temps court et promettons 7 milliards pour 2018. Présider est un art de la concordance des temps. [email protected]

CONJONCTURE

Activité soutenue dans la construction

Agroalimentaire : une reprise fragile

Automobile : les usines tournent

L’accroissement de l’activité dans le BTP s’est confirmé au cours du premier semestre. La Fédération française du bâtiment (FFB) s’est même montrée plus optimiste à la fin juin tout en réitérant, en dépit d’un début d’année meilleur que prévu, ses estimations annuelles, soit une hausse en volume de 3,4 %, tirée par le logement neuf. Elle constate également un redémarrage de l’emploi. S’agissant de la construction de logements neufs, les dernières statistiques du ministère de la Transition écologique et solidaire font état d’une progression de 14 % du nombre de mises en chantier (397.700 logements) sur la période juin 2016-mai 2017, par rapport au cumul des douze mois précédents. Quant au total de logements autorisés (477.600), il a augmenté simultanément de 12,9 %, la hausse étant de 14,1 % pour les « logements ordinaires » – hors logements en résidence. Par ailleurs, 192.000 logements restaient à mettre en chantier à la fin mai. n

Après un repli de la production alimentaire l’an dernier, la dynamique est plus positive depuis le début de l’année, note l’Association nationale des industries alimentaires (Ania). Et la consommation alimentaire progresse nettement. Parmi les signaux positifs, les estimations d’investissements en valeur des industriels du secteur ont aussi affiché une hausse de 11 % en 2016. « Une dynamique inobservée depuis près de quinze ans », note l’Association nationale des industries alimentaires (Ania). Mais le dispositif de suramortissement, qui a pris fin en avril cette année, n’est pas pour rien dans ces bons chiffres, et les estimations d’investissement sont d’ailleurs plus modestes cette année (+5 %). Car dans le même temps, les industriels ont encore vu leurs marges se réduire l’année dernière, une tendance à l’œuvre depuis 2007, conséquence de la guerre des prix dans la grande distribution. Autre inquiétude : le solde commercial. S’il s’est légèrement redressé en 2017, le solde commercial hors boissons se creuse à un niveau « historiquement élevé », selon l’Ania. n

Que ce soit chez PSA, chez Renault ou même chez Toyota à Onnaing (Nord), les usines automobiles hexagonales tournent quasiment au maximum de leurs capacités. Chez PSA, les salariés des sites d’assemblage de véhicules sont même en surcharge de travail, et la direction est contrainte de recourir assez largement à l’intérim et aux séances supplémentaires. C’est également le cas chez Renault, où les ventes européennes se portent bien. Le début de la fabrication à Flins (Yvelines) de la Micra, la citadine du partenaire japonais Nissan, rajoute à la bonne dynamique commerciale. Il faut néanmoins rappeler que les deux constructeurs français ont réduit le nombre de lignes de montage depuis la crise. Quasiment toutes leurs usines sont passées de deux à une ligne et, en l’état, la production automobile ne peut intrinsèquement pas retrouver ses niveaux du début du siècle. Par ailleurs, Renault et PSA n’envisagent pas pour le moment de rouvrir largement les vannes du recrutement. Echaudés par quelques années difficiles, ils restent prudents. n

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Les Echos Mardi 18 juillet 2017

FINANCE &MARCHES

LE COURS DU CUIVRE PASSE LES 6.000 DOLLARS L’annonce d’un PIB supérieur aux attentes au deuxième trimestre en Chine a fait grimper les cours des métaux industriels lundi. Sur le London Metal Exchange (LME), le cuivre, dont le pays asiatique est le premier consommateur mondial, a passé le seuil des 6.000 dollars la tonne pour la première fois depuis le mois de mars. Depuis janvier, il progresse de 8,5 %.

les indices

Les actions battent de nouveaux records historiques dans le monde l L’indice MSCI World a atteint un niveau record dans le sillage de Wall Street. l La Fed rassure les marchés face au risque de resserrement monétaire et la croissance chinoise surprend. BOURSE Pierrick Fay @pierrickfay Jamais les marchés actions mondiaux n’avaient été aussi hauts ! Alors que Wall Street a terminé la semaine dernière sur de nouveaux records historiques – pour le Dow Jones comme pour le S&P 500 – l’indice MSCI World, qui mesure la performance des principales Bourses mondiales, a atteint le firmament, à 1.948 points. Du jamais-vu ! Les marchés mondiaux actions profitent d’un environnement quasi idéal : un contexte de reprise économique mondiale, des taux d’intérêt bas en l’absence de pressions inflationnistes dans les pays développés, une capacité des banques centrales des pays émergents à baisser leurs taux et, enfin, un goût certain des investisseurs pour les actifs risqués. Depuis le début de l’année, les fonds actions ont ainsi attiré plus de 170 milliards de dollars de flux nets selon les chiffres de Bank of America-Merrill Lynch. Et, depuis la semaine dernière, les investisseurs ont trouvé deux motifs de confiance supplémentaires. Le premier a trait au resserrement monétaire de la Fed. Alors que les marchés n’intègrent pas autant

de hausses de taux que ne le prévoit la Réserve fédérale, le risque est grand d’assister à une erreur de politique monétaire aux Etats-Unis. Surtout en raison de la forte valorisation des actifs financiers. Or, ce risque vient de diminuer après l’audition de Janet Yellen devant le Congrès américain. Si la présidente de la Fed n’a pas semblé vouloir toucher au rythme attendu de hausse des taux (3 en 2017, 3 en 2018), elle a indiqué qu’à terme le niveau des taux d’intérêt, actuellement entre 1

Pour les marchés, aux Etats-Unis, une bonne nouvelle est une mauvaise nouvelle. et 1,25 %, ne devrait « pas être beaucoup plus élevé ». C’est le signe que « la Fed reste prudente et attentive, estime Frédéric Leroux chez Carmignac. Elle va éviter de tomber dans l’écueil de la mauvaise surprise, car la Fed a l’expérience de 2013 et de l’annonce de la réduction des achats d’actifs », qui avait causé un choc sur les marchés. Les pressions inflationnistes se font en effet attendre alors même que l’économie américaine continue de décevoir. Vendredi, l’inflation a progressé un peu moins

Trois marchés qui se distinguent Le réveil turc A la Bourse d’Istanbul, l’indice BIST 100 bondit de 35,49 % (en monnaie locale) depuis le début de l’année. Ce malgré la purge qui a suivi la tentative de coup d’Etat il y a un an et qui a fait chuter la devise de 18,5 % en un an. Cette dévaluation a redonné de la vigueur à l’économie (+5 % au 1er trimestre selon la banque centrale), soutenue par l’exportation. Surtout, les actions turques profitent des achats effectués par un mystérieux investisseur surnommé « The Dude ».

vite qu’attendu, à 1,6 %, en juin, alors que les ventes de détail ont diminué de 0,2 %. En temps normal, ces chiffres auraient dû peser sur Wall Street. C’est l’inverse qui s’est produit. Selon Frédéric Leroux, les marchés sont en train de passer du concept « une mauvaise nouvelle est une bonne nouvelle » – car elle incite les banques centrales à mener une politique monétaire très accommodante – au concept de « une bonne nouvelle est une mauvaise nouvelle », avec le risque de voir les investisseurs « anticiper un resserrement monétaire plus rapide ». Deuxième motif de satisfaction : la croissance chinoise ne ralentit pas. Elle a crû, au deuxième trimestre, de 6,9 % au même rythme que le premier, malgré le resserrement monétaire mis en place par la banque centrale chinoise pour calmer les risques de surchauffe. La Chine profite du raffermissement de la croissance mondiale sur ses exportations. « Les dernières statistiques économiques dépeignent une économie toujours en bonne voie pour réussir son atterrissage en douceur, et, pour couronner le tout, il est possible que les bénéfices des entreprises soient encore révisés à la hausse au cours des douze prochains mois », apprécie Columbia Threadneedle Investments. Le rebond du yuan diminue aussi les risques de sortie de capitaux qui inquiétaient les investisseurs il y a quelques mois. Pas de déraillement de la croissance chinoise, une Fed patiente et attentive aux humeurs des marchés, ne reste plus qu’un motif d’inquiétude à court terme : la politique de la Banque centrale européenne. Celle-ci se réunit jeudi et les investisseurs attendent des précisions de la part de Mario Draghi sur le futur resserrement monétaire de la BCE, après « la volte-face » du symposium de Sintra, qui avait entraîné une forte hausse des rendements obligataires. Un vrai test pour Draghi, même si, de l’avis de nombreux analystes, la BCE devrait temporiser et attendre septembre pour donner plus d’indications sur la fin de son programme de rachat d’actifs. n

Le revenant grec C’est la meilleure performance des Bourses de la zone euro depuis le début de l’année. L’indice ASE de la Bourse d’Athènes bondit de 33,3 %. Un rebond qui tient surtout au retour à meilleure fortune des banques grecques. L’indice des banques gagne en effet 35,3 % depuis le 1er janvier. En juin, l’Eurogroupe a débloqué 8,5 milliards d’euros pour Athènes, en attendant un accord plus global sur la dette du pays. Mais la croissance tarde à redémarrer. Le paria du golfe Persique La Bourse du Qatar perd 9,6 % depuis le début de l’année, c’est la moins bonne performance des grandes Bourses mondiales cette année. En cause, la mise au ban du pays par ses voisins, menée par l’Arabie saoudite. Les banques qataries, très dépendantes des dépôts étrangers, ont particulièrement souffert en Bourse. Les investisseurs craignent aussi l’impact sur la croissance du Qatar si le conflit devait s’éterniser.

Pourquoi la Bourse de Paris reste encore loin de ses sommets L’indice CAC 40 perd encore plus de 24 % depuis son record de l’an 2000. Malgré un rebond de 7,5 % cette année. A la Bourse de Paris, le record date toujours du 4 septembre 2000, à 6.922 p oints. Bien loin des 5.230 points à la clôture lundi soir (–24,44 %). Pourtant, l’indice CAC 40 n’a pas démérité depuis le début de l’année, avec un gain de 7,57 %, légèrement supérieur à la performance de l’Euro STOXX 50 (+6,86 %) et pas très loin de celle du S&P 500 (+9,85 %). Sans la baisse de

ces derniers jours, Paris ferait même jeu égal avec le principal indice de Wall Street. Reste que la Bourse de Paris, à l’instar des autres places européennes, souffre de trois maux. En premier, le risque politique qui a pesé sur les performances du début d’année et entraîné un retard des places européennes. La crainte d’une désintégration de l’Union européenne – suite au vote sur le Brexit et à la montée en puissance du vote populiste en Europe – a incité les investisseurs à fuir la vieille Europe, tout au long de 2016 et au début de 2017. Depuis quelques

semaines, ils reviennent, mais sans que cela suffise à faire rebondir les actions. L’impact est en effet contrebalancé par la hausse récente de l’euro face au dollar (+5,7 % depuis le 11 mai) qui risque de peser sur la valeur des actions exportatrices. En deuxième, la hausse des taux d’intérêt sur le marché obligataire a interrompu brutalement la belle progression de la Bourse de Paris, qui gagnait encore 11,72 % le 5 mai par rapport au début de l’année. Le changement de ton de la Banque centrale européenne – ou perçu comme tel par les marchés – fait craindre une réduction plus forte et

plus rapide que prévu de la liquidité injectée par la BCE sur les marchés. Le taux à 10 ans français avait bondi de 35 points de base en quelques jours fin juin, réduisant l’appétit pour les actions. Enfin, en troisième et non parmi les moindres maux, la Bourse de Paris, comme la plupart des Bourses européennes, souffre du faible poids de la technologie dans les indices alors que la hausse de Wall Street, mais aussi des places asiatiques, est alimentée en grande partie par la progression des stars de la tech. Aux Etats-Unis, Apple gagne ainsi 30 % cette année, Facebook 40 % et Nvi-

dia 54 %, alors qu’en Asie, Samsung prend 40 %, Tencent 50 % et Alibaba 74 %. En France, si Atos affiche la deuxième plus forte hausse de l’indice CAC 40 depuis le début de l’année (+25 %), le titre ne pèse que 13,2 milliards d’euros en Bourse, huit fois moins que Total ou Sanofi. — P. Fay

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À NOTER

L’indice CAC 40 Total Return (qui tient compte des dividendes réinvestis) a touché le 16 mai un nouveau record historique.

Face au dollar, l’euro atteint son niveau le plus élevé depuis deux ans Les récents propos de Mario Draghi, le président de la BCE, et les déboires de Washington ont bénéficié à la devise européenne au détriment du billet vert. Le Monde.fr avec AFP | 22.07.2017 à 02h25 • Mis à jour le 22.07.2017 à 06h28

L’euro a grimpé, vendredi 21 juillet, à un plus-haut de près de deux ans face au dollar, toujours porté par les propos de Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne (BCE), tandis que le billet vert pâtissait de son côté de nouveaux rebondissements à Washington. Vers 23 heures (heure de Paris), vendredi, la devise européenne s’échangeait à 1,1663 dollar pour 1 euro – contre 1,1631 dollar pour 1 euro jeudi à la même heure. Elle est même montée, vers 19 h 25, à 1,1683 dollar, son niveau le plus élevé depuis la fin août 2015. L’euro baissait en revanche face au yen, la devise nipponne, à 129,60 yens pour un euro contre 130,13 yens la veille. Le billet vert reculait également face à la monnaie japonaise, à 111,12 yens pour un dollar contre 111,88 yens jeudi soir.

Spicer, le coup de grâce Le dollar a accentué son repli après l’annonce de la démission du porte-parole du président américain Donald Trump, Sean Spicer, l’une des voix les plus importantes de l’administration américaine. « C’est la dernière information en date [qui vient] à la fin d’une semaine ponctuée par des nouvelles décevantes en provenance de Washington », a remarqué Omer Esiner de Commonwealth Foreign Exchange. « Elle alimente les inquiétudes diffuses sur le dysfonctionnement qui règne à Washington » et, « en l’absence d’autres informations économiques majeures, pèse sur le dollar », a-t-il ajouté. Le billet vert avait déjà souffert, en début de semaine, de l’échec des discussions des élus républicains sur la façon de réformer l’Obamacare, la loi emblématique du démocrate Barack Obama sur la couverture maladie aux Etats-Unis. Il avait aussi pâti, jeudi, d’informations de presse faisant état d’un élargissement de l’enquête du procureur spécial Robert Mueller sur les possibles liens entre la Russie et des personnalités liées à la campagne présidentielle de Donald Trump. « Dans ce contexte, il y a des risques grandissants de voir l’attention de M. Trump de plus en plus détournée de son programme politique », expliquet-on chez Commerzbank.

Reprise robuste en zone euro Ces inquiétudes pèsent sur les perspectives de l’économie américaine et par extension sur un dollar déjà lesté par le risque de voir la Réserve fédérale américaine (Fed, banque centrale) reporter la hausse de ses taux d’intérêt prévue d’ici à la fin de l’année. De son côté, l’euro a accentué son mouvement de hausse entamé jeudi après une réunion de la BCE qui, comme attendu, a maintenu en l’état sa politique monétaire. Mais les cambistes se sont rués sur la devise européenne quand « M. Draghi a décrit la reprise économique européenne comme étant robuste », a relevé Ipek Ozkardeskaya, analyste chez London Capital Group. Vendredi vers 23 heures, tout comme le billet vert, la livre britannique baissait face à la devise européenne, à 89,77 pence pour 1 euro, fléchissant même, vers 17 h 25, à 89,95 pence pour 1 euro, son niveau le plus faible depuis début novembre 2016. Elle s’appréciait toutefois face au dollar, à 1,2992 dollar pour 1 livre. La devise suisse gagnait pour sa part du terrain face à la monnaie européenne, à 1,1033 franc pour 1 euro, après avoir atteint, vers 8 h 50, 1,1088 franc, son niveau le plus faible depuis début juin 2016. Elle gagnait du terrain également face au dollar, à 0,9455 franc pour 1 dollar, après être montée à un nouveau sommet depuis début mai 2016. La devise chinoise a terminé en baisse face au billet vert, à 6,7667 yuans pour 1 dollar à 17 h 30 contre 6,7597 yuans pour 1 dollar, jeudi à la même heure. L’once d’or a fini à 1 248,55 dollars au fixing du soir, contre 1 238,70 dollars jeudi.

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Economie

22 // FINANCE & MARCHES

Mercredi 19 juillet 2017 Les Echos

Emissions d’obligations d’entreprises : un nouveau semestre record l Malgré le contexte politique compliqué, les volumes d’émissions d’entreprises ont atteint 192 milliards d’euros. l Le second semestre pourrait être plus difficile, avec une hausse du coût du crédit liée à un moindre soutien de la BCE. françaises, constate Blaise Bourdy. On compte ainsi l’émission de 4,5 milliards d’euros de LVMH pour financer l’achat de Christian Dior Couture ou celle de Gecina – 1,5 milliard d’euros – pour acheter Eurosic. » Le premier semestre a aussi vu s’allonger les maturités d’emprunt.

La BCE franchit le seuil symbolique des 100 milliards d’euros Depuis l’extension de son programme d’achat d’actifs à la dette d’entreprise, en juin 2016, la BCE a acquis plus de 100 milliards d’euros de titres, selon les calculs hebdomadaires réalisées le 14 juillet dernier. En juin, la BCE estimait que la moitié des obligations achetées avaient été émises par des sociétés allemandes ou françaises. 12 % du total affichaient des taux négatifs.

Plusieurs sociétés ont ainsi pu lever des financements obligataires à 15 ans et plus. « Certes, les montants obtenus sur le segment 15-20 ans entre le 1 er janvier et le 18 juillet, 10 milliards d’euros, ne représentent que 5 % du total, mais il y a eu une nette accélération depuis début juin », explique Xavier Beurtheret chez Crédit Agricole CIB.

Dynamisme persistant

Parmi les emprunteurs « longs », avec au moins une tranche de financement supérieure à 15 ans, figurent Legrand, Gecina ou Daimler. Mardi, l’américain Thermo Fisher a levé 700 milliards d’euros pour la tranche à 20 ans de son émission de 2,6 milliards. Et c’est celle-ci qui a été la plus demandée.

A priori, ce dynamisme devrait se poursuivre jusqu’à la fin de l’année, même si le second semestre est d’habitude moins actif. Tout dépendra du contenu des annonces de la BCE sur la poursuite de sa politique accommodante lors de sa réunion de jeudi, mais surtout celle de septembre prochain. Et de la réaction du marché. Mais il paraît que les taux, et les « spreads » – la prime de risques payée par les entreprises –, devraient continuer de remonter. Pas de quoi, pour autant, refroidir l’intérêt des entreprises et des investisseurs ? « Les taux ont connu récemment une correction, augmentant de 20 points de base, après le discours de Mario Draghi à Sintra fin juin, et les émissions ne se sont pas arrêtées », explique, confiant, Xavier Beurtheret. n

Trois opérations marquantes depuis le début de l’année

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Du jamais-vu sur le marché obligataire européen. En un seul semestre, les entreprises ont émis pour 192 milliards d’euros. C’est 7,3 % de plus que l’an dernier à la même période, alors que 2016 comptait déjà parmi les années record. Et la tendance ne s’essouffle pas. Au 18 juillet, le volume total atteignait 202 milliards d’euros. Pourtant, le début d’année était un peu atypique, dans un contexte très marqué par le risque politique et par la montée du populisme. Avec, au cœur des préoccupations, l’élection

restés extrêmement bas. De quoi inciter les entreprises, malgré un coût de portage défavorable, à anticiper leurs besoins de financement. Autre grande tendance : l’importance des refinancements de grandes acquisitions. « C’est particulièrement vrai pour les entreprises

LVMH, la plus grosse émission obligataire française Avec 4,5 milliards d’euros levés en quatre tranches le 16 mai dernier, LVMH a réalisé la plus grosse opération d’un groupe français au cours du premier semestre. Les fonds obtenus ont été utilisés pour refinancer l’acquisition de Christian Dior Couture, d’un montant total de 12 milliards d’euros. Ce type d’opération lié à des opérations de fusions-acquisitions ont été un des grands moteurs d’activité depuis le début de l’année.

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présidentielle française. « Il y a eu deux grandes périodes, constate Blaise Bourdy chez Société Générale. Le mois de mars a été particulièrement actif, avant un ralentissement en avril, avant le premier tour. Les émetteurs et les investisseurs ayant été rassurés par les résultats, les émissions sont reparties avant même le second tour. » Surtout, le marché a continué à profiter de l’afflux important de liquidités, apporté par la Banque centrale européenne (BCE). Si cette dernière a réduit l’enveloppe globale qu’elle consacre à ses achats d’actifs, de 80 à 60 milliards d’euros, ses emplettes sur le marché des obligations d’entreprises ont continué au même rythme. Malgré quelques épisodes de volatilité, les coûts d’emprunt sont

Thermo Fisher, une opération de 2,6 milliards d’euros Lancée mardi dernier, l’émission de Thermo Fisher – 2,6 milliards d’euros – cumule plusieurs des caractéristiques qui ont marqué le marché depuis le début de l’année. Il s’agit d’un refinancement d’acquisition, celle du groupe Patheon pour 5,2 milliards de dollars. Elle comporte une tranche longue, 700 millions d’euros à 20 ans. Et elle a été réalisée par une entreprise américaine. Ces dernières ont représenté 22 % du volume émis au cours du premier semestre.

Ronny Hartmann/AFP

FINANCEMENT

Volkswagen confirme son retour sur le marché obligataire. Absent des marchés obligataires depuis le « dieselgate » de 2015, Volkswagen a fait un retour remarqué ce semestre. En mars, il a levé 8 milliards d’euros, avec une demande de 25 milliards d’euros. Début juin, le constructeur automobile a émis des obligations perpétuelles, qui peuvent, théoriquement, ne jamais être remboursées. Ces obligations hybrides, d’un montant total de 3,5 milliards d’euros, ont facilement trouvé preneur.

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Fiscalité

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Politiques

monetaires

États-Unis : la Fed marche sur des œufs Publié le 17/07/2017 à 14:36 - Mis à jour le 17/07/2017 à 14:37

La présidente de la Fed, Janet Yellen, estime que le récent reflux de l’inflation est temporaire et ne doit pas remettre en cause le retrait des mesures exceptionnelles déployées après la crise de 2008. (© Fed)

L’autorité monétaire durcit le ton avec la réduction de son bilan comme nouvel horizon. Les deux plus grands argentiers de la planète s’apprêtent à changer de paradigme. Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, a préparé les esprits à un moindre soutien monétaire lors de son désormais fameux discours de Sintra, où il a évoqué, le 26 juin dernier, des «forces reflationnistes». Janet Yellen, la patronne de la Réserve fédérale américaine, distille de son côté l’idée d’une nouvelle étape dans la normalisation de son action. La Fed a déjà une bonne longueur d’avance, ayant stoppé ses rachats d’actifs (QE) dès octobre 2014 et remonté son taux directeur à quatre reprises depuis la fin 2015 (et trois fois ces sept derniers mois). Mais un nouveau tour de vis est attendu d’ici à la fin de l’année. L’Institution va surtout aborder la réduction de son bilan.

Pour 4.500 milliards d’actifs À la mi-juin, la Fed a précisé le mode opératoire pour «déglonfler» son portefeuille d’actifs, composé de près de 4.500 milliards de dollars de bons du Trésor et créances hypothécaires, contre moins de 800 milliards avant la crise de 2008. Le retrait sera très graduel. Il n’est pas question de vendre des titres, mais seulement de réduire les montants actuellement réinvestis au fil des arrivées à échéance. Les membres du comité de politique monétaire n’ont pas encore décidé du calendrier. Les dernières minutes (résumés des débats), portant sur la réunion des 13 et 14 juin, indiquent que certains sont favorables à un lancement dès septembre, quand d’autres préféreraient encore attendre. Cette nouvelle étape dans la sortie de mesures monétaires exceptionnelles est logique, compte tenu de la dynamique américaine. L’économie reste sur de bons rails en dépit d’un léger passage à vide au premier trimestre. Les doutes sur l’habileté de Donald Trump à faire passer la moindre réforme n’ont guère fait fléchir les indicateurs de confiance Surtout, les tensions sont de plus en plus fortes sur le marché du travail, qui a affiché, en juin, 222.000 créations d’emplois et une nouvelle hausse du taux de participation de la population active. Pour la Fed, ce n’est qu’une question de temps avant que la hausse des salaires – incontournable moteur de l’inflation sur la durée n’accélère. Elle estime par ailleurs, comme la BCE, que le récent reflux de l’inflation est temporaire, car lié à la rechute du pétrole.

Remontée des taux longs La faiblesse de l’inflation a le mérite de relâcher la pression sur la Fed, qui peut ainsi poursuivre tout en douceur son resserrement monétaire. Nul ne sait cependant si cela suffira à empêcher une remontée trop vive des taux d’intérêt à long terme. Les investisseurs gardent en mémoire l’épisode du printemps 2013 (baptisé taper tantrum), lorsque le marché obligataire avait surréagi à l’évocation d’un ralentissement du QE américain. Pour l’heure, ils ont pris acte, sans s’alarmer, du durcissement de ton de la Fed (et de la BCE) : la remontée des taux souverains, depuis la fin juin, reste contenue. Mais des deux côtés de l’Atlantique, les banques centrales marchent sur des œufs.

Le point

Immobilier

18 // INDUSTRIE & SERVICES

Jeudi 6 juillet 2017 Les Echos

Les ventes de logements atteignent le record de 900.000

Infrastructures : les poids lourds en ligne de mire TRANSPORT La question de la contribution du transport routier au financement des réseaux est une nouvelle fois posée. Jean-Michel Gradt @ogrady99

LOGEMENT La hausse des prix ne freine pas l’appétit des acquéreurs. La Fnaim monte un observatoire des loyers, concurrent de l’Olap, et clairement destiné à contester l’encadrement. Catherine Sabbah @csabbah Les prix des logements montent, le nombre de ventes aussi. Comme à chaque fois, l’embellie sur le marché immobilier s’autoalimente. De peur de rater le train, les acquéreurs alarmés par la menace – toute relative – de la hausse des taux d’intérêt se précipitent et nourrissent… la hausse des prix. La Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim) et le Crédit Foncier l’évaluent à 4 % sur un an dans toute la France avec des pics de 7 % à Bordeaux, de 6 % à Paris, autour de 5 % à Lille, Marseille et Lyon. Les taux, au plancher en décembre, n’ont pourtant quasiment pas bougé et s’établissent à 1,75 % sur vingt ans, 1,20 % sur dix ans. « A ce niveau-là, la hausse de 0,1 ou 0,2 % ne change pas grand-chose aux mensualités mais l’effet psycho-

logique est indéniable », explique Maël Bernier, porte-parole de Meilleurtaux. com. Cette inflation ne ralentit pas le marché dont le volume a dépassé 900.000 ventes annuelles en juin et affiche une hausse de 9,9 % sur l’année. « Il faut moduler ce record historique, tempère Jean-François Buet, le président de la Fnaim. Sur 35 millions de logements, cela ne représente que 2,57 % du parc qui change de propriétaire tous les ans. Il n’y a ni lieu de s’affoler ni de crier à l’emballement du marché. Le parc a augmenté depuis 2000, il faudrait atteindre 950.000 pour retrouver le taux de rotation de l’époque. » En outre, ce chiffre symbolique recouvre de grandes disparités :

46 % des ventes sont signées dans les 20 départements les plus dynamiques, sur le littoral Sud-Est, autour de Toulouse, de Bordeaux, de Nantes et de Lille, et bien sûr dans le Grand Paris. Ailleurs, il ne se passe à peu près rien. « Ce qui permet de moduler ce que l’on appelle les zones tendues et détendues, certaines le sont vraiment beaucoup », ironise Jean-François Buet.

« Le marché n’a pas besoin d’être encadré »

L’occasion de rappeler que les politiques du logement se soucient trop peu des spécificités territoriales. Pour appuyer cette thèse, la Fnaim a mis au point un observatoire des loyers, alimenté par 250.000 réfé-

Faire du propriétaire bailleur un « vrai » acteur économique Si elle ne pousse pas aux changements brutaux, la Fnaim appelle de ses vœux, et depuis longtemps, un statut pour les bailleurs, en lieu et place des systèmes de défiscalisation actuels réservés au logement neuf ou aux propriétaire engageant de gros travaux. L’amortissement serait compris entre 2 % et 8 % de la valeur d’un bien (hors terrain) en fonction du niveau de loyer réclamé. La proposition reçue avec bienveillance à Matignon et à l’Elysée est moins goûtée par Bercy : la Fnaim a chiffré son coût fiscal annuel à 5,8 milliards d’euros, à comparer aux 3,7 milliards des dispositifs actuels. Il aurait été plus convainquant de calculer le nombre potentiel de nouveaux investisseurs qui seraient incités à se lancer du fait de ce statut.

rences. Il concurrence l’Olap, l’historique et reconnu Observatoire des loyers de l’agglomération parisienne, et Clameur, un groupement d’administrateurs de biens qui fournissent régulièrement des statistiques. Ce thermomètre des loyers médians et des délais de relocation est présenté officiellement comme un outil à la disposition des décideurs publics. Mais il est aussi très politique. « Nous sommes opposés à l’encadrement des loyers, reconnaît Jean-Marc Torrollion, le président de la fédération de l’Isère. Prouver que le marché n’est pas tendu est une manière de dire que ce dispositif est inutile. A Grenoble, où le maire veut l’instaurer, il faut plusieurs mois pour relouer un appartement. Nous affirmons que le marché n’a pas besoin d’être encadré. » Dans l’attente des décisions du gouvernement, sur le destin du dispositif en vigueur à Paris et à Lille, la Fnaim a cessé de partager ses données avec les observatoires en construction. Ignoré pendant la campagne électorale, le logement devrait être au menu de la rentrée avec une loi dont le contenu est encore vague. L’occasion pour les acteurs du secteur d’appeler à la stabilité fiscale et au maintien des dispositifs en cours, et surtout les deux piliers de la production neuve : le PTZ qui a bénéficié à 117.000 ménages en un an et le « Pinel » qui attire toujours les investisseurs. n

Aux grands maux, les grands remèdes. Confrontée à près de 10 milliards d’euros de projets d’infrastructures annoncés sur la durée du quinquennat mais non financés, la ministre chargée des Transports, Elisabeth Borne, a affirmé dans une interview aux « Echos » (du 5 juillet) qu’ « il faut réfléchir à une façon de faire payer ces poids lourds » qui transitent par nos territoires et « doivent eux aussi contribuer au financement de nos infrastructures ». Concrètement, quel dispositif pourrait s’y prêter ? Si la relance de l’écotaxe n’est pas à l’agenda du gouvernement, plusieurs régions sont candidates à des expérimentations au plan local. Dévoilant ses projets pour lutter contre la pollution de l’air en avril 2016, Chantal Jouanno, la vice-présidente chargée de l’écologie et du développement durable à la région Ile-de-France, faisait remarquer dans « Le Journal du dimanche » : « Nous avons déjà les portiques : plutôt que de les démonter, utilisons-les. » Egalement sur les rangs, les régions Nouvelle-Aquitaine dont le président, Alain Rousset, souhaite taxer les dix mille poids lourds qui empruntent quotidiennement la RN10 et la RN141, et Grand Est, où son homologue, Philippe Richert, veut mettre à contribution les 35 tonnes qui transitent sur la rive française du Rhin. Depuis que l’Allemagne a instauré début 2005 la « LKM Maut », taxe sur les véhicules de plus de 12 tonnes, des norias de camions venus de toute l’Europe franchissent en effet le fleuve pour emprunter les axes français. Aucune expérience régionale n’a été encore concrétisée, pas p l u s q u e l ’a n n o n c e e n juillet 2016 par le Premier ministre Manuel Valls de l’instauration d’un surpéage pour les camions en transit dans les

Alpes pour financer la part française du tunnel ferroviaire LyonTurin. Une idée restée à l’état de projet, mais bel et bien compatible avec la directive européenne Eurovignette, qui autorise de telles surtaxes pour des « zones sensibles », comme les Alpes. « Sans préjuger de l’avenir, il faudra en tout cas veiller à respecter ces trois conditions : n’utiliser qu’un seul et même système technologique pour la perception des péages ; trouver la bonne clef de répartition des recettes entre l’Etat et les collectivités pour le financement de leurs réseaux respectifs ; et faire beaucoup de pédagogie », explique aux « Echos » Philippe Duron, le coprésident du think tank Transport développement intermodalité environnement (TDIE).

Des péages sur les routes nationales ?

Et de pédagogie il en faudra. Dans un communiqué commun publié mercredi, les principales organisations de routiers, la FNTR et TLF, préviennent : « La question de l’écotaxe, sous quelque forme que ce soit et quel que soit son champ géographique, est une ligne rouge pour la profession. » Mais une taxe spécifique ne serait pas la seule voie. La ministre évoque également la mise en place de péages sur certaines sections de routes nationales, « sans pénaliser les déplacements de proximité », précise-t-elle. Et les sociétés concessionnaires d’autoroutes ? Tout comme pour l’écotaxe en son temps, elles observent un silence prudent. Des spécialistes notent toutefois que la concurrence d’axes régionaux alternatifs et jusqu’ici gratuits ne pourrait que tourner à leur avantage en termes de trafic. n

« Nous avons déjà les portiques : plutôt que de les démonter, utilisons-les. » CHANTAL JOUANNO vice-présidente chargée de l’écologie et du développement durable à la région Ile-de-France

Les travaux publics s’inscrivent dans la feuille de route du gouvernement TRAVAUX PUBLICS La Fédération nationale des travaux publics se réjouit de la méthode annoncée. Confiante dans la reprise de l’activité, elle reste vigilante sur les grands projets. Antoine Boudet @ABoudet Sont-ce des chiffres encourageants qui laissent entrevoir une croissance de l’activité du secteur des travaux publics en 2017 ? Ou la satisfaction de voir le président élu respecter, dans les premières semaines de son quinquennat, les engagements du candidat Macron, signataire en février dernier de sa

charte ? Toujours est-il que Bruno Cavagné, le président de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP), préfère dans la situation actuelle « voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide », a-t-il déclaré mercredi. Et donc relativiser la question des travailleurs détachés, qui concerne davantage selon lui le bâtiment, le report des baisses de charges pour les entreprises ou encore les premières déclarations de la ministre chargée des Transports, Elisabeth Borne, dans une interview aux « Echos » (du 5 juillet) à propos d’une « pause » dans les grands projets d’infrastructure de transports. L’essentiel, selon le président de la FNTP, c’est « le vrai changement de cap » qu’illustrent les propos de la ministre, avec laquelle il pourra partager son sentiment de vive voix dès ce jeudi matin puisqu’elle est invitée à un petit déjeuner organisé par la fédération. Ce cap, il sera défini par le Conseil d’orientation

des infrastructures, que la FNTP appelait de ses vœux, et qui « doit être opérationnel en septembre », presse Bruno Cavagné, et ce dans la perspective d’une loi de programmation annoncée pour le premier semestre 2018, autre attente du secteur. Dernier volet du dispositif, la Conférence nationale des territoires, sur laquelle le candidat Macron s’était également engagé.

« Il faut se faire une vraie doctrine sur la contribution des usagers et celle des contribuables. » BRUNO CAVAGNÉ Président de la Fédération nationale des travaux publics.

« Ces trois points très importants sont actés, et devraient permettre de donner de la visibilité sur ce que nous voulons faire », se félicite le président de la FNTP. Il n’en met pas moins deux bémols : le premier sur les moyens dévolus à l’Agence de financement des infrastructures de transport de France, l’AFITF, pour laquelle il « va manquer un milliard d’euros », pointe-t-il du doigt ; le second sur la « pause » dans les grands projets. « L’idée, ce n’est certainement pas de les enterrer », veut croire Bruno Cavagné. Quoi qu’il en soit, les grands projets ne pèsent que pour 5 % à 10 % de l’activité globale du secteur, et celle-ci est portée par les chantiers du Grand Paris et le plan de relance autoroutier, avant que les collectivités ne reprennent l’investissement dans la perspective des prochaines échéances électorales locales. La FNTP table sur un chiffre d’affaires du secteur à 38,6 milliards d’euros en 2017, en hausse de 2,5 % sur un an. n

Depuis que l’Allemagne a instauré début 2005 la « LKM Maut », taxe sur les véhicules de plus de 12 tonnes, des norias de camions franchissent le Rhin pour emprunter les axes français. Photo Pierre Gleizes/RÉA

36 // PATRIMOINE

IMMOBILIER Le baromètre des fonds

- 7,94 % FONDS MATIÈRES PREMIÈRES En chute de 9 % depuis leur pic annuel de février, les marchés des matières premières

signent leur pire premier semestre depuis 2013. Dans ce climat, les fonds dédiés plongent de 7,94 % en trois mois.

+5,38 % FONDS ACTIONS SUISSES SMALL & MID CAPS Les fonds d’actions helvétiques gagnent 5,38 % en trois mois. Les investisseurs ont

salué la publication de résultats d’entreprise encore supérieurs aux attentes, comme, par exemple, Logitech.

Acheter avant que les prix et les taux ne reprennent le chemin de la hausse : c’est le raisonnement de nombre d’acquéreurs. Ils animent à nouveau un marché revenu à des prix moins déraisonnables que par le passé.

Les acheteurs reviennent sur le littoral méditerranéen assagi

Les Alpes-Maritimes sur un palier

Le département des Alpes-Maritimes est, parmi ceux du pourtour méditerranéen, celui qui concentre le plus de résidences secondaires. C’est également celui où les prix sont les plus élevés dans les stations balnéaires les plus cotées. A Antibes et Juan-les-Pins, « les prix sont enfin stables depuis un an. Cela fait suite à une baisse continue qui a duré trois à quatre années », commente AnneKarine Pitois-Brouchier de l’agence Pitois Immobilier. « Pour les belles adresses, on constate déjà une légère tension sur les prix », précise cette dernière. Les appartements en face des plages se monnaient, selon leur état, leur vue et le standing des immeubles, entre 5.000 et 9.000 euros le mètre carré. Pour trouver plus abordable, mieux vaut prospecter vers les rues derrière le front de mer où la pierre se vend entre 4.000 et 4.500 euros le mètre carré. Boulevard RaymondPoincaré, un trois-pièces de 67 m2 a été cédé à 262.000 euros. A mi-chemin entre Nice et Cannes, Cagnessur-Mer affiche dans l’ancien un m2 oscillant entre 3.500 euros et 5.000 euros le m2, voire 7.000 euros pour un bien en bord de mer. Témoin, ce deux-pièces de 50 m2 avec 40 m 2 de terrasse, situé à 200 mètres de la plage, dans une résidence avec piscine, qui s’est négocié à 220.000 euros. « Toutefois, le marché est encore mou. Les acheteurs ont du choix. De plus, il reste encore de nombreux biens à vendre proposés au-dessus des prix de marché et qui ne génèrent pas de visite », constate Jessie Cohen de l’agence Stéphane Plaza Immobilier à Cagnes-sur-Mer. A Nice, les écarts de prix sont plus creusés en raison de la variété des secteurs. Sur la promenade des Anglais, longue de 7 kilomètres, les valeurs vont du sim-

ple au quadruple. Ainsi dans la partie de la promenade qui va de la place Masséna à l’hôtel Negresco, le m2 évolue entre 8.500 et 10.000 euros et dépasse parfois cette limite pour des appartements en dernier étage avec vue panoramique et terrasse. Le carré d’or situé dans les rues attenantes à cette partie de la promenade affiche un m2 entre 5.000 et 6.000 euros. Dans la section de la « prom » qui va du Negresco à Magnan, le prix du m2 navigue entre 5.000 et 7.000 euros le m2. Desservi

La contraction des délais de vente témoigne d’une nouvelle dynamique. en 2018 par la ligne est-ouest du tramway, le Port s’avère un quartier attractif. Face au bassin, le mètre carré vaut entre 6.000 et 8.000 euros. Du côté d’Eze, du Cap-d’Ail et de Roquebrune-CapMartin, les valeurs font du surplace avec une offre excédant la demande. Dans ces trois communes, un appartement sans vue mer s’achète autour de 5.000 euros le m2 mais sa cote peut monter jusqu’à 12.000 euros tout près de l’eau. Sur les hauteurs, les maisons sont nombreuses. A Eze, sur la basse corniche, une villa sans vue mer avec piscine s’est adjugée à 1,2 million d’euros. « Elle a été affichée à 1,480 million d’euros pendant un an. Puis a été proposée à 1,250 million d’euros », indique Stéphane Gastaldy de l’agence épo-

nyme. A Menton, « les valeurs marquent un palier après un recul cumulé de 23 % entre 2012 et 2017 », indique Nicolas Powilewicz de l’agence Laforêt Immobilier. Le mètre carré s’échange autour de 4.000 euros et peut grimper jusqu’à 6.000 euros avec une belle vue. « Les marges de négociation avoisinent 10 à 12 % par rapport au prix affiché », reconnaît Nicolas Powilewicz. En centre-ville, près de la place Saint-Roch, un 23 m2 a changé de mains à 98.000 euros.

Encore des affaires dans le Var

Dans le Var, à Bormes-les-Mimosas, les acheteurs négocient face à un stock de biens à vendre abondant. « Les prix ont reculé de 15 à 20 % en l’espace de deux ans. Cette tendance baissière se poursuit mais de façon moins marquée », souligne Eric Hélo de l’agence ERA du Vieux Port. En bord de mer à B ormes-les Mimosas et au Lavandou, il est possible de dénicher des deux-pièces avec une « petite » vue mer entre 140.000 et 150.000 euros. Quant aux maisons, il faut compter un budget d’au moins 400.000 euros. A Saint-Tropez, les prix ont cessé de baisser. Mais des affaires sont parfois réalisables. Récemment, un deux-pièces en mezzanine de 42 m2 en bon état avec parking, à cinq minutes à pied du port, est parti à 260.000 euros. Pour les maisons à deux pas du centre, il faut compter au minimum entre 2 et 3 millions, voire plus. Beaucoup plus abordable, Cavalaire-sur-Mer affiche un mètre carré étale proche de

5.000 euros, pouvant monter à 7.000 euros avec une vue sur la Méditerranée. « Le budget minimum pour une maison est de 550.000 euros mais sans vue », précise Eric Buire de l’agence ERA.

Peu d’offres dans les Bouches-du-Rhône

« Moins nombreuses que dans les Alpes-Maritimes, les résidences secondaires dans les Bouches-duRhône représentent 4 % du parc de logement », relève Didier Bertrand, président de la FNAIM 13. Cela n’empêche pas les amoureux du département de sélectionner leur spot. A l’est de Marseille, Cassis séduit toujours pour son ambiance village et la beauté des calanques. « Les valeurs ont certes reculé depuis 2008 mais c’est fini car aujourd’hui la demande excède l’offre et les biens à vendre sont rares », constate Emmanuelle Falque de l’agence Michèle Falque. Sur le port, un deux-pièces de 49 m2 est parti à 395.000 euros. Pour une maison les pieds dans l’eau, il faut compter de 3 à 4 millions d’euros. Sur la Côte bleue, située à l’ouest de Marseille, Carry-le-Rouet et Sausset-les-Pins sont des stations balnéaires prisées, aux prix accessibles. « Il faut compter de 450.000 à 500.000 euros pour une villa de 3 chambres, avec jardin et piscine ; prévoir entre 160.000 et 180.000 euros pour un T2 », avance Christelle Badet, directrice de l’agence Saussetles-Pins. « Ici, les transactions sont rares faute d’offre », ajoute-t-elle. — Laurence Boccara

Pascal Pochard Casabianca/AFP

S

ur le littoral sud, le marché immobilier des résidences secondaires était amorphe depuis plusieurs années. Mais l’horizon se dégage et les transactions se multiplient. Face à des taux bas et des valeurs au creux de la vague, les acheteurs sont enfin de retour. « Depuis la fin de l’année 2016, les recherches de maison de vacances ont repris. Cette tendance s’est même confirmée après les échéances électorales », indique Benjamin Mondou de l’agence Century 21 Lafage Transactions. « Il faut dire que c’est une bonne fenêtre de tir pour se positionner car les valeurs sont raisonnables. Elles ont arrêté de baisser et n’ont pas encore commencé à remonter », poursuit Yannick Cicile de l’agence Action Immobilier à Antibes. La contraction des délais de vente témoigne de cette nouvelle dynamique. Les habitations situées en face de la mer, de la plage ou avec une vue dégagée sur la grande bleue affichent toujours les prix les plus élevés avec des niveaux qui restent au-dessous de ceux pratiqués il y a cinq ans. Pour trouver moins cher, mieux vaut prospecter dans les rues de seconde et troisième lignes du bord de mer ou même cibler le centre-ville.

Corse : calme plat sur les prix En Corse, le marché immobilier de la résidence secondaire se concentre principalement dans quatre secteurs : le sud de la Corse, la Balagne, la plaine orientale et le bassin d’Ajaccio. Dans ces zones, la FNAIM de Corse constate depuis 2008 une baisse des valeurs. « C’est surtout notable pour les maisons situées en 2e et 3e lignes par rapport à la mer. En revanche, les meilleurs emplacements, c’est-à-dire ceux avec les pieds dans l’eau ou avec un accès direct à la mer sans traverser de voie publique, affichent des valeurs stables », indique Pierre-Paul Carette, président de la FNAIM locale. « Pour ce genre de bien, il faut compter au minimum 600.000 euros », ajoute Clémentine Uccelli de l’agence du Golfe à Porticcio. Cette dernière a vendu 660.000 euros une villa de 160 m2 avec 1.400 m2 de terrain et à 200 mètres de la plage. « Sur la route longeant la côte, face aux îles des Sanguinaires, les appartements anciens se négocient entre 3.000 et 6.000 euros le mètre carré », précise Olivier Souquière de l’agence Actif Immobilier à Ajaccio. Dans la vieille ville, les prix sont plus doux. Un trois-pièces de 70 m2 s’est vendu 240.000 euros.

Morningstar 4 juillet 2017

Vendredi 7, samedi 8 juillet 2017 Les Echos

L'immobilier français affiche une santé insolente Par Barbara Vacher, publié le 27/06/2017 à 16:02 Bayonne. En Aquitaine, les prix ont progressé de près de 7 % en un an. Avec l'Auvergne et Paris, c'est la hausse de prix régionale la plus importante constatée en France au 1er semestre 2017.

Grand soleil pour la pierre française au premier semestre. D'après les chiffres du réseau Century 21, les acheteurs ont à nouveau répondu présents en 2017 sans que les prix explosent. A une exception parisienne près... "L'activité est plus modérée qu'en 2016, mais elle reste tout de même très bonne. Surtout, c'est la première fois que la hausse des volumes de transaction n'entraîne pas une augmentation des prix." Résumée ainsi en deux phrases par Laurent Vimont, président de Century 21, à l'occasion d'une conférence de presse tenue le 26 juin, la tendance du marché français de la pierre en 2017 se présente sous de bons auspices. Au sein du réseau national, le nombre de ventes enregistrées est en hausse de 11 % sur une année glissante (1er semestre 2017/1er semestre 2016). C'est moins qu'en 2016, où elles avaient progressé au sein du réseau immobilier de plus de 15 % mais la dynamique est toujours très bonne, d'autant que les prix ne s'emballent pas. Leur hausse sur un an reste très contenue, de 1,5 % : le mètre carré moyen au niveau national atteint ainsi 2532 euros, toujours en deçà du pic du 1er semestre 2011, à 2 693 euros. Il croît dans 13 régions (ancien découpage) et recule modérément dans sept autres (la baisse maximum constatée par Century 21 s'établissant à 4,9 % en PACA).

Les transactions en France au 1er semestre 2017. Century 21

Autre indicateur confirmant la bonne santé du marché : les délais de vente sont restés stables (94 jours), signe d'une activité constante sur toute la période, malgré le contexte électoral et la période hivernale, plutôt calme en général.

Le maintien de taux d'intérêts bas - malgré un léger frémissement au premier trimestre - continue de rendre solvables un grand nombre de candidats à l'accession. Seule "ombre" au tableau : le recul de l'investissement locatif (-7,1 %), que Century 21 analyse comme la conséquence du développement des locations meublées saisonnières type AirBnB.

Paris en surchauffe Enfin, marché à part dans le paysage hexagonal, Paris est clairement en surchauffe. Avec des stocks de biens au plus bas, une demande toujours aussi forte, le niveau des transactions continue d'exploser. Le prix du mètre carré, en hausse de 7,7 %, y atteint un nouveau sommet, à 8 942 euros. Dans la capitale comme dans le reste de la France, l'investissement locatif est également en retrait, à -6,5 %.

Le point

Crédit

20 //

Mercredi 19 juillet 2017 Les Echos

FINANCE &MARCHES

L’EURO FRANCHIT LA BARRE DE 1,15 DOLLAR La monnaie unique a franchi mardi un seuil psychologique sur lequel elle avait jusqu’ici buté. Elle a gagné 0,85 % à 1,1562 dollar, dépassant pour la première fois le niveau de 1,15 dollar depuis le début du mois de mai 2016. La devise européenne a notamment profité de la chute de 0,6 % du dollar du fait du nouvel échec de l’administration Trump pour réformer l’Obamacare.

les indices

Crédit immobilier : pourquoi les taux ont arrêté de monter l Après une hausse des taux moyens au premier trimestre, à 1,56 %, le loyer de l’argent s’est stabilisé au cours des trois derniers mois. l Une tendance qui devrait durer, les banques cherchant à rester attractives.

Trois indicateurs clefs Taux des crédits immobiliers aux particuliers

Moyenne, en % 6 5,62 5 4 3 2 1 0

1,56

T1 2003

T2 2017 « LES ÉCHOS » / SOURCE : OBSERVATOIRE CRÉDIT LOGEMENT, CSA

Un niveau toujours historiquement bas Après avoir connu un niveau historiquement bas fin 2016, les taux ont entamé une remontée au premier trimestre de l’année 2017, passant de 1,32 % à 1,56 %. Depuis, le mouvement s’est stoppé. Alors qu’une remontée rapide et continue des taux était crainte, ceux-ci se sont arrêtés à leur niveau du début de l’été 2016. Un niveau toujours historiquement bas. Le loyer de l’argent devrait se maintenir à ce niveau dans un futur proche.

Si les taux sont favorables aux primo-accédants, le marché immobilier l’est moins, avec une remontée rapide des prix. Photo Shutterstock

CRÉDIT La surchauffe n’est visiblement pas pour tout de suite en matière de crédit immobilier. Malgré une infime remontée en juin à 1,57 %, les taux moyens sur le deuxième trimestre se sont en effet stabilisés à 1,56 %, selon l’Observatoire Crédit Logement/CSA. Un contexte favorable à l’achat, qui n’est pas de nature à déstabiliser la demande. « On est loin des scénarios catastrophes de remontées très fortes que certains avaient prédits. En tenant compte de l’inflation, on est même à un niveau relatif des taux au plus bas depuis 1975 », affirme-t-on chez Crédit Logement/CSA. Et cette stabilisation des taux devrait perdurer dans les mois à

venir. Car, si les banques sont en avance sur leur production de crédits, elles veulent continuer à capter de nouveaux clients et n’augmentent donc pas sensiblement leurs taux. « Certaines banques régionales ont même baissé légèrement leurs taux pour rester attractives. Dans leur ensemble, les banques ne sont pas résolues à augmenter les taux actuellement. Mais elles ne les baisseront pas vraiment non plus, car elles ont besoin de rester rentables », souligne Sandrine Allonier, directrice des relations avec les banques chez Vousfinancer. Il faut dire que le taux d’emprunt à 10 ans de l’Etat français (OAT), qui sert généralement de baromètre aux banques pour fixer leurs taux, est stable lui aussi. En outre, « les

banques pourraient absorber une légère remontée de l’OAT, si cela devait arriver, sans la traduire sur les taux », précise Sandrine Allonier.

Tension de la demande

Dans le détail, les taux à 15 ans ont légèrement progressé (1 point de base à 1,41 %) depuis avril, tandis que les taux sur 20 ans et 25 ans ont un peu baissé (2 points de base à 1,60 % et 1,88 %). Cette configuration est bénéfique aux ménages les plus jeunes et les moins aisés, souvent obligés de souscrire des emprunts plus longs faute d’apport personnel important. Mieux, 25 % des emprunteurs qui paient les taux les plus élevés, notamment du fait d’un apport personnel limité, ont vu leurs taux moyens à 25 ans passer

de 2,37 % à 2,21 % entre juin 2016 et juin 2017. Pourtant, si les taux sont favorables aux primo-accédants, le marché immobilier l’est moins. « On ne craint pas une remontée des taux, mais plutôt la remontée rapide des prix de l’immobilier amorcée en 2015 », précise Crédit Logement/ CSA. « On a observé une forte demande en début d’année, en anticipation d’une hausse des taux. Cette tension de la demande a accéléré la hausse des prix de l’immobilier », développe Sandrine Allonier. « Cela peut représenter un environnement compliqué pour les primo-accédants : les banques se montrent plus sélectives sur les clients à qui elles choisissent de prêter », conclut-elle. — P. S.

Les banquiers pestent contre un taux d’usure Calculé sur la moyenne des taux des crédits immobiliers proposés par les banques, le taux d’usure atteint un niveau plancher. Catherine Sabbah @csabbah L’usure, c’est du vol ! A ce taux-là, pas tout à fait. Les taux d’usure, audelà desquels il est interdit de prêter de l’argent, atteignent péniblement les 3,12 % pour des prêts immobiliers à 10 ans, 3,09 % sur 10 à 20 ans, 3,25 % au-delà depuis le 1er juillet. A peine 1 % de plus que les taux de marché pour les mêmes durées d’emprunt. Ces valeurs sont calculées par la Banque de France, qui ajoute un tiers à la moyenne des taux effectifs globaux (TEG, assurance comprise) pratiqués par les banques au

cours du trimestre précédent. La règle est mathématique et le taux revu tous les trois mois. Bruno Deletré, le directeur général du Crédit Foncier, n’a de cesse de la dénoncer depuis plusieurs trimestres : « Ce système a été imaginé pour des taux élevés. A 8 %, la règle du tiers représente une vraie différence. Lorsque l’on descend aux alentours de 2 ou 3 %, le delta est trop petit. » Une hausse de plus de 0,8 % au cours des trois prochains mois ferait heurter le plafond de l’usure que les prêteurs ne peuvent dépasser, sous peine de devoir payer 45.000 euros d’amende et de risquer deux ans de prison. « C’est loin d’être anecdotique, assure Bruno Deletré. Nous commençons à avoir des difficultés à financer des profils à faibles revenus, qui empruntent sur plus de 20 ans. Ils représentent une bonne partie de la clientèle des primo-accédants.

D’un point de vue macroéconomique, ce système a aussi pour conséquence de maintenir artificiellement les taux bas, de favoriser la hausse des prix immobiliers et un risque de surchauffe que chacun commence à craindre », ajoute-t-il. Il voit surtout sa marge diminuer alors que les taux de marché sur lesquels il se refinance ont eux augmenté de 0,7 % par rapport au point

« Ce système a été imaginé pour des taux élevés. » BRUNO DELETRÉ Directeur général du Crédit Foncier,

bas de novembre 2016. Car, malgré les inquiétudes et les alertes répétées depuis six mois, les taux de crédit immobilier ont augmenté d’à peine 0,2 % depuis l’automne 2016 et sont restés stables, entre 1,56 et 1,90, (hors assurances) au cours du dernier trimestre. Une hausse rapide est peu probable. « Il est vrai que j’entends parler de dossiers de regroupement de crédits qui coincent un peu, confirme Maël Bernier, la porte-parole de Meilleurtaux.com, mais rien de bien alarmant. Quant à l’effet sur les prix… les taux ne sont pas les seuls responsables de la hausse. S’ils remontaient, le marché ne baisserait pas d’un coup de 5 ou 10 %. ». La Banque de France pourrait autoriser une dérogation à la règle des quatre tiers si la formule se révélait aberrante. On n’en est pas loin. Sinon, une loi est nécessaire pour réformer le système. n

Prix des appartements anciens Base 100 au 1er trimestre 2010 2011

130 125 120 120,2 115 110 105 106,1 100 95

2011

2012

128,6

107,9

2012

2013

129,1

105

2013

2014

126,9

103,7 2014

PARIS 2015

2016

124,9

123,3 PROVINCE

100,7

2015

T1 2017 131,7

102,2

99,7

2016

« LES ÉCHOS » / SOURCE : CRÉDIT FONCIER

Les prix de l’ancien remontent Les prix des appartements anciens, qui étaient restés relativement stables entre 2015 et 2016, repartent fortement à la hausse. La tendance, qui s’est d’abord manifestée à Paris au premier trimestre 2016, s’est élargie à la province au quatrième trimestre 2016. Selon l’Observatoire Crédit Logement, la hausse des coûts liés à une acquisition dans l’ancien est maintenant quatre fois plus rapide que celle des revenus des acquéreurs. Ce qui affecte les ménages, notamment les plus modestes.

Taux d'effort des ménages qui deviennent propriétaires

En % des revenus 30,3

28,9

25 20 15

2005

2016 « LES ÉCHOS » / SOURCE : OBSERVATOIRE CRÉDIT LOGEMENT, CSA

Le taux d’effort des ménages repart à la hausse Ce taux, qui mesure le rapport entre la somme des dépenses liées à l’habitation principale et les revenus des ménages, avait baissé de manière impressionnante en 2012. Il a entamé en 2016 une forte remontée. Cela signifie que les dépenses liées au logement, notamment les remboursements d’emprunts pour les propriétaires, pèsent de plus en plus sur les ménages.