OCTOBRE 2017 - N°25 L'actualité économique ... - WATSON Patrimoine

27 oct. 2017 - moyennes, mais avec un rendement de 1,8 % pour 2016 et une prévision de 1,48 % pour 2017 (selon Good. Value for Money), « on se dirige ..... Des délégations ont été ouvertes à Paris, Londres, Berlin ou New. York. En choisissant de ..... fausse bonne idée » à l'automne 2016. N'ayant pas la possibilité ...
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L’actualité économique et financière

OCTOBRE 2017 - N°25

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Le point

Economie France

Vers un rendement négatif des fonds d'assurance-vie en euros MARIE-CHRISTINE SONKIN / CHEF DU SERVICE PATRIMOINE | LE 13/10 А 06:00

Effet de ciseau pour les contrats d'assurance-vie à capital garanti. Les fonds en euros voient leur rendement baisser alors que l'inflation se hisse déjà à 1 %. Les fonds d'assurance-vie en euros vont entrer dans une ère de rendement net d'inflation négatif, estime Cyrille Chartier-Kastler, président du cabinet de conseil Facts & Figures et fondateur du site Internet Good Value for Money. Ce sera la tendance pour les cinq à dix prochaines années. »

Inflation et baisse des rendements Le placement préféré des Français serait-il aussi devenu l'un des plus mauvais ? Certes, on parle ici de moyennes, mais avec un rendement de 1,8 % pour 2016 et une prévision de 1,48 % pour 2017 (selon Good Value for Money), « on se dirige bien vers un rendement réel négatif pour les fonds en euros sous l'action conjuguée de la baisse des rendements, de l'inflation [1 % en septembre 2017, NDLR] et des prélèvements sociaux portés à 17,2 % », explique Cyrille Chartier-Kastler. C'est le risque principal auquel sont aujourd'hui confrontés les très nombreux souscripteurs de contrats d'assurance-vie , d'abord attirés par la « sécurité » du placement censé garantir leur capital. « Les rendements des fonds en euros vont encore baisser, affirme aussi Philippe Crevel, directeur du Cercle de l'épargne. Ces rendements pourront-ils aller jusqu'à zéro ? C'est peu probable. Ils devraient progressivement remonter après avoir atteint le fond de la cuve. Ensuite, afficher un taux facial de zéro ne sera pas possible pour les compagnies car le marché est encore concurrentiel. Mais en taux réel, il n'est pas exclu que le rendement des fonds en euros soit négatif. Un élément qui ne freine pas les épargnants. La preuve : ils continuent allègrement d'alimenter leurs Livrets A ! »

Les compagnies ont des réserves En outre, beaucoup de compagnies proposent aujourd'hui des contrats où le capital investi sur le fonds en euros est certes garanti, mais hors frais de gestion. « Les compagnies ont toutefois beaucoup de réserves, affirme Cyrille Chartier-Kastler. Elles disposent en moyenne de 3,30 à 3,40 % de leurs encours en provision pour participation aux bénéfices (PPB) qu'elles peuvent utiliser pour lisser les rendements des contrats. Et c'est sans compter les plus-values latentes sur actions et immobilier. En résumé, elles en ont "sous le pied". Mais l'ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution) pousse actuellement les compagnies à baisser les rendements et alimenter leurs PPB. » Pour Cyrille Chartier-Kastler, toute la difficulté sera de savoir donner l'impulsion pour inverser le mouvement au bon moment. Selon ses prévisions, le rendement moyen de l'OAT devrait se situer autour de 0, 90 % en 2017, 1,20 % en 2018 et 1,50 % en 2019. Les assureurs souhaitent en ce moment limiter les flux sur les fonds en euros pour ne pas avoir à acheter de titres à des taux très bas. Mais lorsque ces taux vont remonter, ils devront séduire suffisamment d'épargnants pour profiter de cette hausse. « L'ACPR devra donc donner la consigne de servir de meilleurs taux sur les contrats et de piocher dans le PPB », estime Cyrille Chartier-Kastler.

Pas de risque systémique En revanche, Cyrille Chartier-Kastler ne croit pas du tout à une remontée brutale des taux, susceptible de générer la faillite des compagnies. « L'Etat français sauterait avant les compagnies d'assurances », affirme-t-il. Par ailleurs, « il faudrait pour susciter des sorties massives, des propositions de la part de nouveaux entrants offrant des taux très attractifs. Mais l'ACPR y mettrait certainement bon ordre », ajoute-t-il. Même sérénité pour Philippe Crevel : « J'ai l'intime conviction qu'une remontée brutale des taux à court ou moyen terme est peu probable, affirme-t-il. La BCE a certes prévu de sortir du QE, mais certains Etats, la Grèce, mais aussi l'Italie, l'Espagne, l'Italie et la France sont toujours fragiles. Les politiques monétaires sont donc pilotées avec prudence. Un blocage des fonds en application de la loi Sapin II est prévu en cas de crise, mais on en est loin ! » rassure le directeur du Cercle de l'épargne.

Le point

Fiscalité

Impôts, ISF, CSG, taxe d'habitation: les gagnants et les perdants du budget 2018 Ingrid Feuerstein Le 17/10 à 08:00Mis à jour à 18:03



Le cabinet Fidal a passé au crible pour «Les Echos» sept cas types de contribuables. Radiographie des bénéficiaires des baisses d'impôts. Alors que l'examen du projet de loi de finances 2018 démarre ce mardi à l'Assemblée , «Les Echos» publient des simulations du cabinet Fidal sur l'impact de l'ensemble des mesures fiscales sur le budget des ménages (hausse de la CSG, exonération de taxe d'habitation, réforme de l'ISF...). Le gain ou la perte sur le revenu disponible de chaque cas comprend les évolutions de la CSG et la taxe d'habitation, mais aussi de l'impôt sur le revenu, l'ISF et les prélèvements forfaitaires. Le tout en 2020. Ces simulations montrent un gain massif pour les détenteurs d'actifs financiers. C'est le cas de ce cadre dirigeant, qui pourrait gagner plus de 13.000 euros grâce aux réformes. A l'inverse, les retraités ayant investi dans l'immobilier sont moins bien lotis, surtout pour ceux qui resteront dans le champ de l'impôt sur la fortune immobilière. Pour les classes moyennes et les plus modestes, c'est surtout la suppression de la taxe d'habitation qui joue à plein. Quant aux classes moyennes supérieures, l'effet du programme de Macron est plus diffus. Explications.

Ce contribuable se situe juste audessus du seuil au-delà duquel le taux de CSG sur les retraites va augmenter. Il paiera 306 euros de CSG en plus chaque année. Comme il est éligible à l'exonération de taxe d'habitation, celle-ci va passer de 700 à 490 euros en 2018, puis à 245 euros en 2019 et enfin disparaître en 2020.

Ce couple de retraités, qui complète ses revenus par un investissement locatif, fait partie des perdants de la politique de Macron. Leurs revenus sont trop confortables pour bénéficier de l'exonération de taxe d'habitation. Pour eux, la hausse de CSG portera à la fois sur leurs pensions et sur leurs revenus locatifs. Elle ne sera pas compensée par une baisse d'impôt. Comme la hausse de CSG sera déductible de l'impôt sur le revenu, la baisse de leur revenu disponible est amortie. Elle sera tout de même de 797 euros par an.

Ce ménage de la classe moyenne sera l'un des bénéficiaires de l'exonération de taxe d'habitation. Comme ils sont tous deux salariés du secteur privé, ils seront gagnants avec la bascule des cotisations salariales sur la CSG, financée par la hausse de CSG, à hauteur de 841 euros par an à compter de 2019. A noter qu'en 2018 la baisse de cotisations se fera en deux temps, si bien que le gain ne sera que de 428 euros. S'ils étaient tous deux fonctionnaires, la perte de pouvoir d'achat liée à la hausse de CSG aurait simplement été compensée.

A ce niveau de revenu, la bascule de cotisations salariales sur la CSG commence à avoir des effets significatifs. A condition d'être salarié car, pour les indépendants, il n'y aura pas de gain de pouvoir d'achat au-delà de 4.000 euros de revenus mensuels. En revanche, la mise en place d'un prélèvement unique sur les revenus du capital ne sera pas tellement profitable à ces contribuables, car ils sont situés dans la tranche marginale de 30% de l'impôt sur le revenu.

Ce cadre dirigeant tirera profit à plein du programme fiscal d'Emmanuel Macron. La fiscalité sur ses revenus du capital sera nettement allégée avec la « flat tax » à 30% puisqu'il payait jusqu'ici 45% d'impôt sur le revenu en plus des prélèvements sociaux de 15,5%. Comme il a placé son patrimoine surtout dans des valeurs mobilières, ce contribuable passera en dessous du seuil de l'impôt sur la fortune immobilière en 2018.

La facture d'ISF de ce couple de retraités aisés va légèrement diminuer, de 840 euros, mais ils continueront à payer un impôt sur la fortune immobilière de 5.300 euros car leur patrimoine est très majoritairement investi dans l'immobilier. La « flat tax » ne leur bénéficiera pas vraiment car ils ont peu de placements en actions. La hausse de CSG pèsera sur leurs revenus fonciers.

Ce contribuable a hérité de parts dans une entreprise familiale. N'occupant pas de fonctions de direction, il ne peut pas être exonéré au titre des biens professionnels. La signature d'un pacte Dutreil lui permet de réduire sa facture d'ISF (6.370 euros par an au lieu de 25.540 euros sans pacte). Mais les mesures de Macron lui permettront de sortir du champ de l'impôt sur la fortune dans la mesure où son patrimoine immobilier n'atteint pas le seuil de l'impôt sur la fortune immobilière.

Le point

Economie Monde

L'Espagne met sous tutelle une Catalogne proclamée indépendante Par Mathieu de Taillac Mis à jour le 28/10/2017 à 11:14 Publié le 27/10/2017 à 22:22

r cet article (ouvre la fenêtre d'impression) Remonter au début Madrid a annoncé des élections anticipées le 21 décembre alors que le Parlement catalan a approuvé «l'indépendance». Envoyé spécial à Barcelone Madrid ne voulait pas d'une déclaration d'indépendance. Barcelone refusait de convoquer des élections régionales. La Catalogne aura finalement les deux. Les députés indépendantistes du Parlement catalan ont déclaré l'indépendance de la «République catalane», ce vendredi à 15 h 30. À Madrid, à 16 h 15, le Sénat autorisait Mariano Rajoy à exercer sa tutelle sur la région. Et à 20 h 30, le chef du gouvernement espagnol annonçait la destitution du président catalan Carles Puigdemont et de l'ensemble de son gouvernement, la dissolution du Parlement régional et la convocation d'élections anticipées le 21 décembre prochain. La loi prévoyant que 54 jours s'écoulent entre la dissolution et le scrutin, Rajoy a choisi la première date possible, un jeudi, alors que les Espagnols votent habituellement le dimanche. Le Sénat espagnol et le Parlement catalan se sont livrés, ce vendredi, à un duel à distance pour définir le statut de la Catalogne. Région d'Espagne sur le point d'être soumise à la tutelle de Madrid, selon la réalité officielle et le vote de la Chambre haute. République indépendante et souveraine, dans la réalité parallèle que veulent instaurer les indépendantistes. La résolution a été adoptée par 70 votes pour, 10 contre et 2 votes blancs. Les 53 représentants de Ciudadanos (centre), Parti populaire (PP, droite) et Parti socialiste (PSC), hostiles à l'indépendance, avaient quitté l'hémicycle pour éviter de participer au vote.

«Aujourd'hui, le Parlement de notre pays, légitime et issu des urnes, a fait un pas longuement attendu et pour lequel nous nous sommes tant battus» Carles Puigdemont Après le vote, les députés indépendantistes se donnaient de longues accolades, tandis que les invités, dont plusieurs centaines de maires de la région, lançaient des «Visca Catalunya!» (Vive la Catalogne), «Visca la Republica!» et autres «Llibertat!». Devant le grand escalier de pierre où s'étaient rassemblé les élus, Carles Puigdemont a évité de prononcer le terme d'indépendance: «Aujourd'hui, le Parlement de notre pays, légitime et issu des urnes, a fait un pas longuement attendu et pour lequel nous nous sommes tant battus», a-t-il déclaré. Près d'un mois après le référendum d'autodétermination organisé le 1er octobre dans des conditions très contestables et marqué par de violentes charges policières, les indépendantistes ont adopté l'une de ces résolutions ambigües dont ils ont le secret. Le document, long de dix pages, prétend lancer un processus constituant sans proclamer explicitement l'indépendance. Le préambule se contente de citer un texte signé par les députés indépendantistes le 10 octobre en dehors de l'hémicycle et qui dit «constituer la République catalane comme État souverain et indépendant». Une espèce de déclaration enchâssée, comme une poupée russe. Une ambiguïté calculée, peut-être dans le but de rassurer les députés inquiets par les conséquences pénales de ce que le Parquet interprète comme un acte de sédition, voire de rébellion, des délits passibles, pour l'un, de 15 ans de prison, pour l'autre, de 30 ans de rétention. De manière inhabituelle, le vote s'est effectué dans l'urne au lieu de le faire par voie électronique. Le secret du vote est également une manière de protéger les députés indépendantistes. Le président catalan Carles Puigdemont est, lui, d'ores et déjà visé par une procédure judiciaire pour «rébellion» engagée par le parquet général d'Espagne. «Scrutin propre, libre et légal»

Le texte relatif à l'indépendance prévoit qu'un processus constituant «se termine par la rédaction et l'approbation de la constitution de la République». Il lance une transition qui doit transformer la région en État, en vertu d'une loi catalane approuvée le 7 septembre dernier. «La loi, l'État de droit et le respect des minorités ont été piétinés» Au Sénat, Rajoy a défendu lui-même les mesures pour lesquelles il a réclamé et obtenu l'approbation des sénateurs. «Nous faisons face à un défi de dimensions inédites dans notre histoire récente», a-t-il considéré. Le chef de l'exécutif a estimé que «la loi, l'État de droit et le respect des minorités ont été piétinés», provoquant les applaudissements du Sénat, où sa formation, le Parti populaire (PP, droite), jouit d'une majorité absolue. Rajoy a annoncé lui-même les mesures approuvées par un Conseil des ministres extraordinaire tenu dans la soirée. Ces dispositions s'inscrivent dans le cadre de l'article 155 de la Constitution, prévu en cas de rébellion d'une région espagnole et jamais appliqué depuis l'approbation de la norme fondamentale en 1978. La Cour constitutionnelle a également été saisie pour suspendre, dans un premier temps, puis annuler, au terme de son examen, la résolution indépendantiste. À sa sortie du Conseil des ministres, le chef de l'exécutif a dit vouloir organiser «un scrutin propre, libre et légal». Il a également annoncé sa décision de fermer les «ambassades» qui représentent les intérêts du gouvernement catalan à l'étranger. Des délégations ont été ouvertes à Paris, Londres, Berlin ou New York. En choisissant de dissoudre, dès vendredi soir, le Parlement catalan, Rajoy limite à la plus courte période possible sa tutelle sur la région. Une façon d'échapper aux critiques d'autoritarisme, mais aussi d'écourter une intervention que l'on imagine très complexe. Les deux grandes associations indépendantistes pourraient appeler leurs sympathisants à protéger physiquement les institutions catalanes, ce qui contraindrait Madrid à déployer la police. Et une fois les dirigeants délogés du gouvernement régional, le pouvoir central devra encore donner ses ordres aux 200.000 fonctionnaires catalans et espérer être obéi.

Le point

Marchés

Financiers

L’explosion des marchés financiers n’est pas terminée BERTRAND JACQUILLAT / professeur émérite des universités, cofondateur d’Associés en Finance Le 09/10 à 18:29 9

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Le cycle haussier des marchés d’action devrait se poursuivre. - Shutterstock LE CERCLE/POINT DE VUE - Tous les indicateurs montrent que le cycle haussier des marchés d’actions va se poursuivre, malgré des valorisations très élevées.

La plupart des marchés d'actions dans le monde sont très proches de leur plus haut historique, dix ans après le déclenchement de la plus grande récession d'après-guerre. Le Dow Jones, l'indice fétiche des bourses américaines, a franchi allègrement les 22.000 points dans la foulée du rallye boursier le plus détesté de toute l'histoire, pour avoir laissé au bord du chemin nombre d'investisseurs qui, depuis longtemps, avaient pris le risque de ne pas en être. Aussi, s'inquiéter des niveaux de valorisation atteints par les marchés et notamment par le marché américain des actions est devenu légitime. C'est même devenu le passe-temps favori des commentateurs spécialisés. C'est que certains niveaux de valorisation atteints peuvent donner le vertige, que les risques notamment géopolitiques sont bien présents et que ces performances boursières s'inscrivent dans un climat économicointellectuel qui s'inquiète du fait que l'économie mondiale et, en particulier occidentale, serait entrée dans une ère de stagnation séculaire. Mais les marchés semblent n'en avoir cure, et sans doute à juste titre.

Un cycle très long

Le premier motif d'inquiétude est d'abord la longueur du cycle. Les Etats-Unis ont entamé leur centième mois d'un cycle haussier de leur marché d'actions commencé en 2009 (c'est le deuxième plus long cycle haussier depuis 1945). Mais il n'y a pas lieu de s'en alarmer car, comme le rappelle l'ancien vice-chairman de la Réserve fédérale américaine (FED), l'économiste de Princeton, Alain Blinder, les cycles d'expansion économique et financière ne meurent pas du fait de leur grand âge. Ils ne s'arrêtent qu'à la suite d'un choc qui stoppe leur ascension.

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Les récessions américaines de l'après-guerre étaient soit volontaires (comme celle provoquée par le président de la FED, Paul Volker, dans les années 1980, pour casser une inflation supérieure à 15 %), soit étaient dues à un resserrement monétaire mal contrôlé et trop violent, ou trop tardif, soit étaient la conséquence d'un choc pétrolier. De ce point de vue, Janet Yellen et Mario Draghi semblent faire montre d'une extrême prudence dans leur recherche d'un retour à la normale de la politique monétaire dont ils ont la charge. Le poids relatif de 55 % des actions américaines dans la capitalisation boursière mondiale des actions, le plus élevé de toute l'histoire, constitue un motif supplémentaire d'inquiétude. D'aucuns établissent un parallèle avec le marché japonais à la fin des années 1980, dont la capitalisation boursière représentait près de 45 % de la capitalisation boursière mondiale alors que le poids du PIB japonais dans le PIB mondial n'était que de 15 %. Et progressivement avec le temps, la part des actions japonaises dans la capitalisation boursière mondiale a rejoint le poids relatif de son PIB, moins de 8 % ? Mais la disproportion entre le poids de la capitalisation boursière et le PIB américain est très loin d'être aussi flagrante.



Un CAPE proche de 30

Les autres signes d'inquiétude ont trait aux niveaux atteints par certains indicateurs de valorisation des actions. Ainsi en va-t-il du CAPE (cyclically adjusted price earnings) popularisé par le prix Nobel d'économie Robert Shiller, qui représente le ratio du prix des actions des sociétés aux bénéfices moyens qu'elles ont générés au cours des dix années précédentes. Celui-ci est proche de 30 alors que sa moyenne historique s'établit à 17. Ceci indiquerait une nette surévaluation du marché américain des actions même si ce ratio est encore bien inférieur au niveau de 45 qu'il avait atteint avant que n'éclate la bulle internet de 2000. Toutefois, le niveau élevé de ce ratio s'explique en grande partie parce que les bénéfices de plusieurs des dix dernières années ont été sévèrement amputés par la grande récession. D'ailleurs, le PER instantané, mesuré par le PER des bénéfices 2018 estimés, est de l'ordre de 19, correspondant peu ou prou à sa moyenne historique.

Prime de marché

Autre indicateur, la prime de marché des actions qui indique l'écart de rentabilité anticipé entre les actions et les obligations. Une prime de marché élevée signifie que la rentabilité offerte par les actions est nettement supérieure à celle des obligations, ce qui va pousser les investisseurs à acheter des actions et faire monter leurs cours. Inversement plus la prime de marché est faible, et plus le marché des actions apparaît cher, car il ne rapporte pas suffisamment par rapport aux obligations. Une prime de marché faible est le prélude à une baisse des cours des actions. “Dans un tel environnement de taux très déprimés, le niveau de rentabilité des actions proche de 6 % rend celles-ci particulièrement attractives.” Par le passé, la prime de marché a énormément fluctué au cours du temps avec des valeurs extrêmes qui nous ont permis de prévoir et d'annoncer les grands retournements de marché : 7.70 % en décembre 1982 prélude à la hausse des vingt-cinq années qui ont suivi ; son minimum historique de 1.53 % en septembre 1987 à la veille du krach d'octobre 1987, son second minimum historique de 2,72 % en janvier 2000, prélude au dégonflement de la bulle internet, et son maximum de 11.80 % en mars 2009, en pleine crise financière, et qui marque le début du cycle haussier des actions que nous connaissons. Aujourd'hui, la prime de marché des actions ressort à 5.93 %, proche de sa moyenne historique. Mais les prix des obligations sont tellement dopés par les politiques monétaires expansionnistes des banques centrales et leurs achats massifs d'obligations, que leur rentabilité est du même ordre que celle du livret A, proche de zéro. Dans un tel environnement de taux très déprimés, le niveau de rentabilité des actions proche de 6 % rend celles-ci particulièrement attractives. Les investisseurs devraient donc continuer à privilégier les actions avec pour conséquence la poursuite de leur cycle haussier. Dans le même ordre d'idées, l'indice de volatilité des actions, l'indice VIX, qui mesure les tensions sur les marchés, est au plus bas depuis de très nombreux mois, ce qui traduit la confiance des marchés dans un monde où la croissance est à la fois soutenue et synchrone dans toutes les économies. D'autres indicateurs plus techniques conduisent à la même conclusion.

Révolution industrielle ou stagnation séculaire ?

Un autre sujet de discussion, beaucoup plus structurel, revêt des dimensions contradictoires. C'est celui qui est au coeur du débat qui fait rage parmi les économistes, entre ceux qui pensent que nous sommes à l'aube d'une troisième révolution industrielle et ceux qui estiment que nous nous trouvons au crépuscule d'une période extraordinaire de croissance dans l'histoire et qui s'est achevée avec la fin des Trente Glorieuses. La dégradation progressive des gains de productivité depuis lors donne du grain à moudre aux partisans de la stagnation séculaire qui font fi des révolutions technologiques en cours. Ce sont les mêmes qui s'inquiètent de cette apocalypse des robots et de la fin des emplois, occultant l'histoire des métiers à tricoter et des tricoteurs de la reine Elizabeth I d'Angleterre en 1589, des luddites et des canuts au XIXe siècle. L'économiste le plus capé de tous les temps, Keynes, ne s'inquiétait-il pas « Technological unemployment... due to our discovery of means of economizing the use of labour outrunning the pace at which we can find new use for labour » ?

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Aujourd'hui, Bill Gates recommande de taxer les robots et Elon Musk de réglementer l'intelligence artificielle. Mais en réalité, les distributeurs de billets, les fameux ATM, introduits dans les années 1970, n'ont pas empêché les banques américaines d'avoir aujourd'hui davantage de guichetiers qu'alors. Certes, entre 2015 et mi-2017, le nombre de courses effectuées par les taxis jaunes new yorkais a baissé de 75.000, mais celles d'Uber et Lift ont augmenté de 210.000. Le succès fulgurant d'Amazon a provoqué la perte de 140.000 emplois aux Etats-Unis dans le commerce de détail

traditionnel entre 2007 et 2017. Il n'en a créé que 126.000 dans le commerce de détail numérique, mais les emplois dans les centres d'expédition ont crû de 274.000 pendant la même période.

Lente diffusion

Le progrès technique modifie le nombre et la structure des emplois, pas de la manière caricaturale souvent présentée, mais comme le soulignent les exemples ci-dessus évoqués. Dans un premier temps, il contribue à la baisse du volume d'emplois. Il modifie par ailleurs la structure des emplois avec un glissement vers des emplois plus qualifiés et mieux rémunérés, et dans un second temps plus nombreux. Les progrès technologiques n'affectent pas globalement la capacité bénéficiaire des entreprises mais modifient la valorisation relative des entreprises et des secteurs entre eux. Ainsi, les valorisations apparemment élevées des actions américaines sont largement la conséquence des niveaux de valorisation des sociétés technologiques, et notamment les fameuses GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) qui représentent à elles seules 3.000 milliards de dollars de capitalisation boursière à comparer à celle de 2.500 milliards de dollars de toutes les sociétés françaises. Leur niveau élevé de valorisation reflète un potentiel de croissance extraordinaire qui ne se trouve pas encore dans les statistiques du PIB américain. Souvenons-nous que les innovations ne se diffusent qu'avec une certaine lenteur dans l'économie. Bien que Thomas Edison fit installer le réseau électrique dans le sud de Manhattan dès 1882, l'électricité n'eut d'effet notable sur la productivité de l'économie américaine qu'à partir des années 1920. Aussi, les ordinateurs développés pendant la seconde guerre mondiale n'ont vraiment été utilisés par les entreprises qu'à partir des années 1970. Encore en 1987, le prix Nobel d'économie, Robert Solow, faisait remarquer que les ordinateurs étaient partout sauf dans les statistiques de productivité.

Redressement de la confiance

« This time is not different », comme le soulignaient en creux Rogoff et Reinhart dans leur opus de 2009. C'est en tous cas ce que suggère l'évolution actuelle des marchés boursiers, qui devraient poursuivre leur ascension, d'autant que d'autres facteurs positifs pour les marchés sont à l'oeuvre. Ainsi, une hausse des taux d'intérêt devrait se produire dans les 18 prochains mois, mais elle sera très légère compte tenu de l'extrême prudence des banques centrales et de l'environnement non inflationniste. Aussi les bénéfices des entreprises pour 2017 et 2018 sont prévus en nette hausse. Enfin, les programmes de réduction d'impôt sur les sociétés, en France et aux Etats-Unis notamment, participeront de cette hausse. Le « Trump trade » qui traduisait la hausse des actions américaines à la suite de l'annonce du programme économique et financier de Donald Trump à l'hiver 2016, s'était évaporé avec les différents échecs de politique intérieure du Président américain. Il pourrait vite revenir avec la mise en oeuvre du projet de réforme fiscale en cours aux Etats-Unis, baisse du taux de l'impôt sur les sociétés, de 35 à 20 %, et amnistie fiscale sur le rapatriement des 2.000 milliards de dollarsde leurs bénéfices à l'étranger. En contribuant au redressement de la confiance, la poursuite du cycle haussier des actions sera éminemment positive pour l'économie réelle car il stimulera l'investissement, et donc la croissance et l'emploi. Bertrand Jacquillat est professeur émérite des universités, cofondateur d'Associés en Finance

Le point

Politiques

monetaires

Rassurée par la croissance, la BCE entame son virage monétaire GUILLAUME BENOIT Le 26/10 à 17:14Mis à jour à 17:33

Mario Draghi était très attendu lors de la réunion de la Banque centrale européenne ce jeudi. Il a confirmé la diminution du QE.

La Banque centrale européenne diminuera ses achats d'actifs par deux à compter de janvier 2018. Une première étape vers la normalisation, à pas mesurés, de sa politique monétaire. Cela a beau ne pas être une surprise, ce n'en est pas moins significatif. Jeudi, la Banque centrale européenne a annoncé une réduction de moitié de la taille de son programme d'achat d'actifs (QE) en 2018. A compter de janvier prochain, elle ne consacrera plus que 30 milliards d'euros à ses achats sur le marché obligataire. Un virage non négligeable quand on sait que la BCE a injecté jusqu'à 80 milliards d'euros par mois entre mars 2016 et avril 2017 dans le cadre de son « bazooka monétaire » pour soutenir l'économie européenne. De fait, cette baisse était devenue inévitable. Difficile pour la BCE de maintenir une politique monétaire aussi accommodante alors que les signaux positifs se multiplient pour la zone euro . Le risque d'entretenir l'instabilité financière était trop grand, « dans la mesure où les marchés actions culminent à des niveaux records », estime Nicolas Forest chez Candriam. Les rendements obligataires au plus bas sous l'effet de l'action de la BCE ont poussé les investisseurs à prendre des positions plus rémunératrices, mais plus risquées. Une question d'autant plus d'actualité que la Réserve fédérale américaine poursuit sa politique de hausse des taux et va commencer à réduire son bilan.

Recalibrage « Un recalibrage était nécessaire », a reconnu Mario Draghi, président de l'institution de Francfort, tout en se refusant à évoquer un « tapering », une extinction programmée du QE. Certes la situation est encourageante. « La croissance au sein de la zone euro continue d'être solide et généralisée », s'est réjoui Mario Draghi. Au deuxième trimestre 2017, la croissance des pays membres de l'Union monétaire a ainsi atteint 0,7 % contre 0,6 % attendus. En outre, « les dernières données disponibles et les résultats des enquêtes annoncent une dynamique de croissance à un rythme soutenu au second semestre », a-t-il ajouté. Et les risques pesant sur l'économie européenne sont plutôt équilibrés, selon la BCE. Avec toutefois une attention particulière sur le marché des changes. Une hausse de l'euro pourrait peser sur les exportations, l'un des moteurs de la croissance.

Espoir d'une hausse des prix Sur le front de l'inflation, la BCE reste toutefois loin de son objectif. Elle anticipe toujours un rythme de 1,2 % l'an prochain, principalement sous l'effet de prix du pétrole toujours bas, avant un rebond à 1,5 % en 2019. La baisse continue du taux de chômage dans la zone euro, les bonnes tendances du crédit au ménage et aux entreprises, n'ont pour l'instant que peu d'effets sur les prix. « L'inflation et la croissance sont encore très dépendantes de notre soutien monétaire », a souligné Mario Draghi. D'où la prudence de la BCE . Si certains membres « faucons » du Conseil des gouverneurs de la BCE auraient aimé assortir cette baisse du QE d'une date de fin définie, ils n'ont pas réussi à convaincre leurs homologues. Le ton de la réunion était encore très conciliant. Mario Draghi se ménage la possibilité d'augmenter le montant du « QE » si les perspectives devaient s'assombrir en zone euro. Il a également refusé de se prononcer sur la date d'un futur relèvement des taux. Le chemin du resserrement monétaire va être très long.

Guillaume Benoit

Le point

Crédit

La résiliation annuelle remise en cause !

Changement d'assurance emprunteur : la FBF tente de faire abroger la mesure En théorie, à partir de janvier prochain, tout emprunteur pourra changer d’assurance de prêt immobilier… Le Conseil constitutionnel vient toutefois d’être saisi sur ce droit annuel au changement d’assurance, le Conseil d’Etat ayant renvoyé une requête de la fédération bancaire devant les Sages. Depuis plusieurs années, la résiliation annuelle de l’assurance emprunteur alimente un feuilleton judiciaire, parlementaire et constitutionnel. En février dernier, toutefois, une loi permettant aux emprunteurs de changer d’assurance de prêt chaque année a été votée puis promulguée. A partir de 2018, ce texte permet aux emprunteurs de résilier puis de substituer leur assurance par une autre, à chaque échéance annuelle. Une petite révolution à l’échelle du crédit immobilier. La Fédération bancaire française (FBF) n’a jamais été favorable à cette évolution, qu’elle qualifiait de « fausse bonne idée » à l’automne 2016. N’ayant pas la possibilité de saisir directement le Conseil constitutionnel, la FBF devait trouver une fenêtre juridique. Elle y est parvenue en attaquant l’arrêté du 14 juin dernier, lequel adapte la fiche standardisée d’information au nouveau droit du résiliation-substitution annuel. L’affaire a été portée devant le Conseil d’Etat. Les principaux assureurs bancaires se sont alors liés à la procédure. Puis le Conseil d’Etat a accepté de saisir les Sages.

Les Sages disposent de 3 mois pour rendre leur décision Principal argument de la FBF : le « droit au maintien de l’économie des conventions légalement conclues » par le passé. Autrement dit : la FBF estime que les contrats d’assurance emprunteur conclus avant 2018 ont été signés sans savoir qu’ils pourraient un jour être ainsi concurrencés. Leur offre et leur modèle économique se retrouveront de fait inadaptés à cette nouvelle donne, ce que les banques et assureurs jugent inconstitutionnel. Désormais, le Conseil constitutionnel dispose de 3 mois, plus précisément jusqu’au 11 janvier, pour valider ou censurer (partiellement ou totalement) la loi créant cette faculté de changer d’assurance de prêt chaque année. Les Sages, qui ont déjà censuré une mesure similaire, mais pour une pure question de forme, vont-ils rééditer leur sentence ?

Crédit immobilier : vers la fin de l’euphorie

NATHALIE BALLAERIC COURTEILLE Le 08/10 à 17:08Mis à jour le 09/10 à 18:13

La baisse des renégociations pèse négativement sur les volumes de prêts. - PIERRE_GLEIZES/REA



La production de nouveaux prêts immobiliers en 2017 pourrait atteindre un niveau record, proche de 260 milliards d’euros. Les volumes ont cependant tendance à ralentir depuis le printemps. Le marché du crédit immobilier connaît une période faste mais peut-être plus pour très longtemps. A la fin du mois d'août 2017, l'encours des crédits immobiliers a augmenté de 6 % sur un an pour atteindre 935 milliards d'euros, selon les données de la Banque de France publiées le 5 octobre. Depuis le début de l'année, la production cumulée de nouveaux prêts à l'habitat a bondi de 50 % sur un an pour atteindre près de 210 milliards d'euros. Compte tenu du rythme actuel de production et même en prenant des hypothèses prudentes, le volume de nouveaux prêts devrait se situer autour de 260 milliards d'euros pour l'ensemble de l'année. Soit au-delà du niveau record de 2016 à près de 251 milliards d'euros. Des taux d'intérêt exceptionnellement bas Cette dynamique exceptionnelle est portée par des taux de crédit immobiliers extrêmement bas. Ces derniers se sont effondrés suite aux mesures prises par la Banque centrale européenne (BCE) afin de relancer l'économie de la zone euro. Ainsi, le taux moyen des crédits à long terme se situait en août à 1,66 %, selon la Banque de France. Il était presque deux fois supérieur il y a trois ans, à 2,90 %. Cette baisse du loyer de l'argent a incité fortement les ménages à renégocier leurs crédits afin d'obtenir de meilleures conditions de financement. A la fin de l'année 2016 et au début de 2017, la part des crédits immobiliers renégociés au sein des nouveaux prêts atteignait environ 60 %. Mais ce mouvement de renégociation n'est pas destiné à perdurer. Les taux ne baissent plus et une grande partie des ménages qui avait intérêt à renégocier l'a déjà fait. Depuis le printemps, la part des crédits renégociés a d'ailleurs baissé de manière continue. A la fin du mois d'août, elle n'atteignait plus que 30 % des nouveaux crédits, soit moitié moins qu'en début d'année. La fin de l'ère des renégociations Or la baisse des renégociations pèse négativement sur les volumes de prêts. Ainsi, le montant mensuel des nouveaux crédits a été divisé par deux, passant de 30,3 milliards d'euros au printemps à 15,1 milliards d'euros en août. Hors renégociations, la production est également en baisse (à 10,7 milliards d'euros en août contre 13,8 milliards en juillet). Selon certains, les incertitudes liées aux nouvelles dispositions fiscales en matière d'immobilier auraient pesé sur le marché. « Cela a créé un certain attentisme », explique Sandrine Allonier, directrice des relations banques pour le courtier Vousfinancer. L'évolution de la fiscalité n'est pas le seul élément expliquant le ralentissement récent. « La hausse rapide des prix de l'immobilier pèse de plus en plus lourdement sur une demande qui s'est affaiblie », avançait récemment l'Observatoire du Crédit Logement CSA. Cette dynamique du marché immobilier, la hausse très progressive des taux d'intérêt et la fin des renégociations, laissent donc anticiper un retour à plus de normalité en 2018. Nathalie Balla et Eric Courteille

Assurance-emprunteur : le secteur se prépare à une rude bataille LAURENT THEVENIN Le 10/10 à 10:51

En 2016, les contrats d’assurance « groupes » des banques représentaient 85% des cotisations totales, selon les statistiques de la Fédération française de l’assurance. - Shutterstock Les possibilités nouvelles de changement de contrat d’assurance à partir du janvier 2018 aiguisent tous les appétits. Les banques devraient riposter à l’offensive annoncée des assureurs alternatifs. Branle-bas-de-combat général sur le très lucratif marché de l'assurance-emprunteur à l'approche du 1er janvier 2018. Dans moins de trois mois, il deviendra possible pour tous les consommateurs de changer tous les ans l'assurance de leur crédit immobilier. Ce qui va donner aux fournisseurs de contrats individuels l'opportunité d'aller reprendre des affaires aux établissements bancaires. « Je ne connais pas un seul acteur - assureur, mutuelle ou institution de prévoyance - qui ne réfléchisse au sujet », observe un grand opérateur. Malgré les lois Lagarde de 2010 (sur la déliaison du crédit et de l'assurance) et Hamon de 2014 (sur la possibilité de changer de contrat dans l'année suivant l'obtention du prêt), les banques se taillent toujours la part du lion. En 2016, leurs contrats d'assurance « groupes » vendus en même temps que le crédit représentaient 85% des cotisations totales, soit autant qu'en 2015, selon les statistiques de la Fédération française de l'assurance. « Mais aujourd'hui, environ 30% des affaires nouvelles se font en délégation [hors contrats groupe, NDLR], dont la moitié par les banques elles-mêmes via leurs propres offres individuelles», indique Roger Mainguy, le directeur général d'April Santé Prévoyance.

« Une fenêtre de tir de deux, trois ans maximum » Selon lui, il ne faut toutefois pas s'attendre « à un effet big bang dès le 1er janvier 2018 ». « Mais il sera essentiel d'être prêt à ce moment-là, car la fenêtre de tir pour travailler le portefeuille devrait être de deux, trois ans maximum. Au-delà, il ne restera plus beaucoup de clients pour lesquels il serait intéressant de changer d'assurance », anticipe-t-il. « Nous nous sommes mis en configuration dès cette année, en simplifiant les formalités médicales pour les emprunteurs jusqu'à 46 ans et pour un montant de capital allant jusqu'à 300.000 euros, et en ajustant nos tarifs à la baisse pour les jeunes. Avec ces quelques mesures, nous avons déjà réussi à faire davantage d'affaires nouvelles », déclare Luc Romanillos, directeur IARD et techniques assurances à la MACSF.

La rapidité d'exécution sera clef Pour les acteurs dits « alternatifs » - compagnies d'assurances, courtiers, fintech, la clef de la réussite résidera dans la rapidité d'exécution. « C'est pour cela que nous venons de digitaliser entièrement notre offre, y compris pour la sélection médicale », explique Nathalie Aubonnet, directrice prévoyance individuelle chez AXA France. Particulièrement offensive, la Macif espère aussi faire la différence avec un service d'aide au changement d'assurance. « C'est parfois un vrai parcours du combattant pour le client. Depuis plusieurs années, nous nous occupons, via notre entité spécialisée Securimut, d'effectuer toutes les démarches à leur place. Nous sommes maintenant bien rodés aux arguments et aux diverses manoeuvres des banques », détaille Jean-Michel Courtant, directeur développement et marketing de Macif Mutualité.

Garanties équivalentes La riposte des banques et de leurs filiales d'assurance - peu désireuses de communiquer sur le sujet - devrait être à la hauteur de l'enjeu pour elles. Alors que les établissements bancaires gagnent de moins en CE QUI VA CHANGER EN 2018 moins d'argent sur le crédit immobilier, l'assurance-emprunteur revêt en effet une importance grandissante dans leur modèle. Certains répliqueront avec A compter du 1er janvier 2018, tous les leurs offres « alternatives ». contrats d'assurance-emprunteur en cours « Nous n'avons pour l'instant pas mis à disposition de nos réseaux bancaires pourront faire l'objet d'une résiliation d'offre individuelle, parce que nous n'avons pas constaté une baisse significative annuelle à chaque date anniversaire du de nos taux de couverture après la loi Hamon », signale toutefois Bernard Le contrat. Ce droit de résiliation annuelle est Bras, président du directoire de Suravenir, la filiale d'assurance de personnes pour l'instant applicable uniquement aux du Crédit Mutuel Arkéa. « Nous avons fait le choix d'un contrat très couvrant, ce offres de prêt émises à compter du 22 qui nécessite donc que le contrat alternatif présenté par le client pour la février 2017. substitution soit lui aussi très couvrant, puisqu'il doit avoir des garanties L'assuré devra envoyer sa demande de équivalentes », précise-t-il. résiliation au moins deux mois avant la “Si les assureurs alternatifs arrivaient à gagner 10 points de part de date d'échéance. Le nouveau contrat présenté par le client marché en trois ans, ce serait déjà énorme. ” En revanche, le bancassureur breton va travailler à une tarification sur le devra respecter des équivalences de capital restant dû pour se caler sur les standards des contrats alternatifs. « garantie avec le contrat en cours. Certaines banques ont commencé à segmenter leurs critères tarifaires », constate également Luc Romanillos. Dans ce contexte, les concurrents des banques s'attendent à une rude bataille . « Rien n'est gagné d'avance. Si les assureurs alternatifs arrivaient à gagner 10 points de part de marché en trois ans, ce serait déjà énorme », estime Jean-Michel Courtant. Il s'agira surtout pour eux de viser les bonnes cibles, puisque, selon Roger Mainguy, « il faut que le client fasse une économie d'au moins 25 à 30% pour qu'il ait envie de changer de contrat ».

Le point

Immobilier

Faut-il investir dans la pierre ? MARIE-CHRISTINE SONKIN / CHEF DU SERVICE PATRIMOINE | LE 13/10 А 06:00





L'investissement immobilier est incontournable pour utiliser le levier du crédit. Mais le risque n'est-il pas aujourd'hui d'acheter en haut de cycle ? Selon le dernier baromètre du Crédit Foncier , 27 % des professionnels de l'immobilier anticipent une hausse des prix, contre 16 % une baisse et 53 % une stagnation. Ces hésitations de la part de spécialistes pourtant plongés au coeur du marché montrent bien à quel point il est difficile d'anticiper les mouvements du marché. Selon le CGEDD (Conseil général de l'environnement et du développement durable), le prix des logements anciens en France rapporté au revenu par ménage est actuellement supérieur de 72 % à sa tendance longue (1965-2001) !

Des taux très faibles Un constat qui ne signifie ni que la pierre est totalement surcotée ni a fortiori qu'il s'agit d'une bulle immobilière. Car, selon le CGEDD, cette anomalie perdure depuis 2008. « En monnaie constante, le prix des logements est 67 % plus élevé qu'en 2000, alors que le revenu disponible par ménage est inchangé. Cette "lévitation" du prix des logements résulte de l'effet inflationniste de l'environnement financier et, au premier chef, du très faible niveau des taux d'intérêt », observe le CGEDD. Si les Français sont aussi attachés au placement immobilier, ce n'est pas seulement pour des raisons sentimentales. D'abord, le placement immobilier est nettement plus rentable qu'un investissement en dette publique à long terme. Le rendement de l'OAT 10 ans reste en deçà de 0,80 % en septembre. Un niveau qui explique aussi les taux très bas auxquels les acquéreurs potentiels peuvent emprunter . Ces conditions encouragent à acquérir sa résidence principale, mais aussi à s'engager sur la voie de l'immobilier locatif. Le recours au crédit « donne un effet de levier, dans la mesure où il permet de placer dès aujourd'hui, non pas le capital qu'on a, mais le capital qu'on aura dans une quinzaine ou une vingtaine d'années. Les rendements sont donc calculés sur une base bien plus forte et contribuent partiellement à rembourser les mensualités de crédit et donc à limiter l'effort d'épargne à sortir chaque mois », explique Yannick Hamon, PDG de MonFinancier. « Même si on ne peut préjuger de la performance et du rendement que donnera un investissement immobilier dans les quinze prochaines années, allouer sa capacité d'épargne mensuelle à un crédit immobilier sera plus intéressant que de l'affecter chaque mois à un placement financier dans la plupart des scénarios », affirme-t-il.

Des aléas qui ne sont pas à négliger L'engouement pour la pierre s'explique donc. Et sur le papier, selon MonFinancier, l'investissement pierre supplanterait un investissement financier. Toutefois, selon Yannick Hamon, il faut être bien conscient de toutes les contraintes imposées par cet investissement. Il faut notamment s'assurer d'une capacité d'épargne régulière sur le long terme, bien choisir l'emplacement, miser sur le bon cadre fiscal...



Il faut aussi prendre en compte les aléas parfois négligés par les acquéreurs enthousiastes, surtout lorsqu'ils s'engagent dans une opération de défiscalisation type Pinel. Le non-paiement de loyers n'est pas le moindre. Il est bien sûr possible de s'assurer, mais le coût de cette assurance obère le rendement net du placement. Rendement net qui sera en outre impacté par la hausse de la CSG. Sans parler de la future évolution de la taxe foncière. Enfin, une éventuelle plus-value sera encore amputée par l'impôt.

Immobilier : 1 Français sur 4 a l'intention d'acheter MARIE-CHRISTINE SONKIN / CHEF DU SERVICE PATRIMOINE | LE 19/10 À 15:23





Quelles sont les intentions d'achat immobilier dans les dix principales métropoles françaises ? Si 1 Français sur 4 a l'intention d'acheter dans les 5 ans à venir, les résultats sont très éclectiques. Opinion Way a réalisé un sondage pour Fortuneo Banque auprès des habitants des villes de Paris, Lyon, Bordeaux, Toulouse, Lille, Strasbourg, Nantes, AixMarseille, Nice et Rouen. Les villes dynamiques... Et les autres Les Toulousains sont de loin les plus nombreux à avoir l'intention d'acheter au cours des 5 prochaines années (32 %). Suivent Nantes, Lyon et Lille à 26 % puis Paris, AixMarseille et Bordeaux à 25 %. En revanche, moins de projets immobiliers sont envisagés à Strasbourg (22 %), Nice

(22 %) et Rouen (21 %). Maison ou appartement ? Qui préfère un appartement en centre-ville ? Les hommes (45 % contre 38 % des femmes), les seniors (46 % des personnes âgées de 50 ans et plus) et les catégories socioprofessionnelles favorisées (43 % contre 30 % pour les catégories populaires). Motivations financières Quelles que soient les préférences, les principales motivations de l'achat sont financières. 36 % des personnes interrogées veulent constituer un patrimoine pour leur avenir et 33 % arrêter de payer un loyer. Viennent ensuite avoir un jardin (24 %), habiter dans un meilleur environnement (23 %), avoir une plus grande surface (22 %), constituer un patrimoine à transmettre à ses A retenir enfants (20 %) et avoir plus de calme (16 %). 12 % seulement les Les Toulousains sont les plus acquéreurs sont motivés par la perspective de générer des revenus locatifs. nombreux à déclarer vouloir acheter dans les 5 ans. Surfaces et montants Parmi les grandes villes, Quelle surface envisageriez-vous d'acheter, et quel montant seriez-vous Strasbourg, Nice et Rouen prêt à investir pour cet achat si vous deviez vous décider dans les 12 sont les villes où il y a le prochains mois ? a demandé Opinion Way aux habitants des dix villes moins d'intention d'achats. étudiées. Pour 36 % des pesonnes interrogées, se constituer un Si, pour les appartements, la moyenne est de 83 mètres carrés pour un patrimoine est la principale montant de 241.000 euros, les perspectives selon l'agglomération visée motivation d'un achat sont très différentes. A Paris, les futurs acquéreurs visent un 78 m2 pour immobilier. 416.000 euros. Ce en quoi ils sont excessivement optimistes car le prix 12 % des acquéreurs moyen dans la capitale à fin septembre est de 8.823 euros le mètre carré déclarent acheter pour se selon le baromètre immobilier de MeilleursAgents . Il leur faudrait donc en générer un revenu locatif. réalité débourser près de 690.000 euros pour s'offrir la surface convoitée ! Dans les autres villes, la surface envisagée se situe entre 80 (Nice) et 86 (Strasbourg) mètres carrés pour des montants allant de 276.000 euros (Nice) à 168.000 euros (Rouen).