Jony Ive

un informaticien de génie et encore moins un as du marketing. Il est designer. Jonathan Ive est un peu l'homme de l'ombre d'Apple. Rares sont ceux à avoir.
175KB taille 6 téléchargements 354 vues
Jony Ive, le designer de la pomme Il n’y a pas que pour ses produits qu’Apple entretient un culte du secret. La firme à la pomme protège aussi jalousement ses employés stars. Loin du feu des projecteurs, ce sont eux qui ont contribué au renouveau de la marque après le retour à sa tête de Steve Jobs en 1997. De tous ces employés, il en est un à part, quasi indispensable à Apple, presque aussi important que l’a été Steve Jobs. Cet homme n’est pas un ingénieur, ni un informaticien de génie et encore moins un as du marketing. Il est designer. Jonathan Ive est un peu l’homme de l’ombre d’Apple. Rares sont ceux à avoir entendu parler de ce discret Anglais de 45 ans anobli par la reine Elizabeth cette année. Pourtant depuis la mort de Steve Jobs en 2011, c’est lui qui a la lourde charge de continuer à faire évoluer les produits emblématiques de la marque. Le comportement tyrannique de Jobs à l’égard de ses employés n’est aujourd’hui un secret pour personne. Jony Ive est cependant le seul avec qui Steve Jobs ait eu une relation d’égal à égal. «La plupart des gens dans la vie de Steve sont remplaçables. Mais pas Jony !» a déclaré la femme de Jobs à son biographe Walter Isaacson. Et pour cause, Jony Ive n’est ni plus ni moins que l’héritier spirituel du grand patron. L’arrivée de Ive chez Apple en 1996 coïncide à un an près avec le retour de Jobs à la tête de l’entreprise mais aussi avec le retour sur le devant de la scène de la marque et de ses ordinateurs au design si particulier. La conception de l’iPod, c’est Jonathan Ive. Celle de l’iMac, de l’iPhone, du MacBook ou de l’iPad, c’est également lui. Autant dire que Ive est à l’origine de presque tous les produits d’Apple. À tel point que Jobs lui-même déclarait à Walter Isaacson : «Si je devais avoir un partenaire spirituel chez Apple, ce serait Jony.» En 16 ans à la tête du service design industriel de l’entreprise, Ive aura donc été fait «Sir» par Elizabeth II mais il aura aussi et surtout été adoubé par le «gourou» de la marque. Décrit comme réservé, calme et posé - tout le contraire de Jobs - Ive a été un moment pressenti pour prendre la suite de son patron au poste de PDG d’Apple. C’est finalement Tim Cook, mieux formé au management et à la gestion d’entreprise, qui a remporté le poste. Néanmoins, la biographie de Jobs révèle qu’il a fait en sorte que Jony Ive ait les

pleins pouvoirs concernant tous les secteurs créatifs de l’entreprise. Aujourd’hui et selon les dire de Steve Jobs, le designer est la personne qui possède le plus de pouvoir opérationnel au sein d’Apple. Personne ne peut lui imposer quoi que ce soit. Il fait ce qu’il veut comme il veut et a la mainmise sur la trajectoire que prendront les produits de la marque. C’est ainsi que l’a voulu Jobs.

Du vivant du créateur d’Apple, Jony Ive avait déjà un statut particulier. Il travaillait en totale autonomie avec son équipe et ne devait rendre de comptes qu’à Jobs lui-même. Un fonctionnement qui permettait d’ailleurs au PDG d’Apple de voler les idées de Ive et de les reprendre à son compte sans aucun scrupule. «Je soumettais mes idées à Steve et il me donnait son avis : «C’est mauvais, c’est nul, c’est plutôt moyen», a expliqué Jony Ive à Walter Isaacson. Et un peu plus tard, lorsque tout le monde se retrouvait en réunion, il reprenait mon idée en la faisant passer pour la sienne.» Malgré la relation privilégiée qu’entretenaient les deux hommes, le designer vedette de la marque à la pomme n’a donc pas échappé aux pires facettes de la personnalité égocentrée de Steve Jobs. Quoi qu’il en soit, Jony Ive est pour Jobs le garant de «l’esprit Apple». C’est la raison pour laquelle le designer anglais s’est vu confier autant de pouvoirs au sein de l’entreprise après la mort de son PDG. Des pouvoirs qui ne cessent de s’accroîtrent plus d’un an après le décès du patron d’Apple. Graig Forstall, l’un des autres «poulain» de Steve Jobs, a décidé de quitter la société en octobre dernier suite à l’échec de l’application Plans dont il était en charge de la conception. D’après la chaîne de télévision américaine Bloomberg, Forstall et Ive se détestent cordialement. Ive refuserait même d’assister aux réunions organisées par Forstall. Le départ forcé de Scott Forstall, pourtant promis à un grand avenir au sein d’Apple, est la preuve de l’influence grandissante de Jony Ive. En débarquant Forstall, Tim Cook a pris le parti du tout-puissant designer qui au passage récupère certaines des prérogatives de Forstall. Ive aura également maintenant en charge l’interface logicielle d’iOS, le système d’exploitation de l’iPhone et de l’iPad.

Après avoir imaginé et dessiné la plupart des appareils Apple, Jonathan Ive va donc maintenant étendre un peu plus son pouvoir sur la conception des futurs produits de la marque en prenant part à l’élaboration de leur partie logicielle. La nouvelle semble particulièrement satisfaire les actionnaires d’Apple qui s’inquiètent de voir un jour Ive quitter l’entreprise. Cette possibilité est aujourd’hui bien loin d’être à l’ordre du jour. Et même si de récentes rumeurs affirment que Jony Ive aurait le mal du pays et aimerait rentrer en Angleterre, c’est bien lui qui représente aujourd’hui l’âme d’Apple aujourd’hui. Il se murmure d’ailleurs dans les couloirs de Cupertino que Steve Jobs aurait laissé à son disciple avant de mourir une feuille de route à suivre pour les dix prochaines années. Apple et Jony Ive n’ont donc pas finit de continuer à innover. Lors d’une interview accordée au Telegraph en mai dernier, à la question: «quel est le produit dont vous êtes le plus fier», Ive a répondu : «C’est difficile à dire mais je crois que c’est le projet sur lequel je travaille actuellement. Mais je ne suis pas autorisé à vous en dire plus.» Le culte du secret, toujours. Pierre FESNIEN