interview blind test jazzy bazz

Dans le rock, les types écoutent des classiques et font des sauces nouvelles parce que c'est pas intéressant de refaire exacte- ment du Led zeppelin… C'est.
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i n t e r v i ew b l i n d t e st jazzy bazz

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par Gr é g oire bel h oste

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« Il parle de mon blaze mais il sait bien qu’j’suis fort mortel/ Si j’m’appelle Jazzy Bazz, c’est parce que j’baise ta mère sur des CD de John Coltrane. » En deux lignes, tout est dit : pour ceux qui l’ignoraient encore, le Jazzy Bazz fait partie de ces mélomanes distribuant trempes verbales et missiles lyricaux smoovement étudiés. Entre sa dégaine chaloupée, son hip-hop mellow et ses aptitudes au clash, il était évident qu’on tenait le rappeur idéal à qui proposer un blind-test. La rencontre au sommet s’est déroulée en plein été, près de Gare de l’Est (normal). Casquette vissée sur la tête et T-Shirt Led Zep sur le dos, le emcee de la Cool Connexion et du collectif l’Entourage a pris le temps de s’arrêter sur ses goûts et sa vision du truc. Alors, le rap c’était mieux avant ? Jazzy Bazz fait le tour de la question. I N T E R V I E W

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LA TREMPE - La majorité des gens ne te connait que pour tes battles aux Rap Contenders, ça te dérange ?

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« LES MAIS CA

JAZZY BAZZ - Honnêtement, j’étais dans le public lors de la première édition des Rap Contenders et on ne s’attendait pas à ce que ça marche autant. L’organisateur, Dony S, c’est un passionné, il a juste créé ça pour se faire plaisir, parce qu’il kiffait les battles québécois, un peu comme les mecs qui ont apporté le graff en France dans les années 80. Ça marche fort aujourd’hui donc il y a d’autres enjeux mais au fond, ça reste du pur un INSTRUMENTS, divertissement, truc qui m’éclate. C’EST COOL Après, quand tu fais la musique depuis NE SONNE PAS de cinq ou six ans et PETE ROCK » qu’on ne te connait que pour les battles, tu te dis qu’il faut essayer d’être un MC de tracks, pas juste un MC de battles… Mais c’est à toi de sortir plus de sons que de battles.

LA TREMPE - Justement, t’as l’air assez discret, pas du genre à bombarder la toile de freestyles vidéo… JAZZY BAZZ - Ben, c’est surtout que j’en fais pas. Parmi toute la bande, je suis sûrement le mec le plus perfectionniste, je ne suis jamais content de moi. Maintenant, je traîne avec pas mal de gars qui travaillent autrement, beaucoup plus instinctivement. Certains gars dans l’Entourage, c’est vraiment des machines à écrire, c’est des mecs, ils vont en studio, ils n’ont pas encore de textes, ils grattent en studio en fumant des spliffs, en buvant de la bière et bim, ils passent en cabine.

tu connais le deuxième qui pose. Tyler The Creator entre dans la danse… On lui souffle la réponse au bout d’une vingtaine de secondes. JAZZY BAZZ - Ah, c’est Tyler ? Honnêtement, je n’ai pas pu y échapper, j’ai maté les clips où y’a que des dingueries et tout. Musicalement, ça me plait pas trop… Par contre, j’ai vu un live en vidéo (« Sandwiches » sur le plateau de Jimmy Fallon, NdlR) et là c’est du très lourd, les mecs sont de vrais tarés. J’aime bien le délire trash, j’rinçais Jackass et toutes ces conneries quand j’étais petit donc ça me fait marrer mais c’est vraiment pas mon genre de beats.

LA TREMPE - Le succès d’Odd Future, c’est aussi un bel exemple du retour des grands crews dans le rap. Ton collectif, il s’est monté comment ? JAZZY BAZZ - L’Entourage, ça s’est fait naturellement. En fait, on s’est tous rencontrés il y a quelques années à des Open Mic dans Paris. En 2006, des mecs utilisaient déjà le terme « entourage » mais ça s’est concrétisé il y a plus d’un an quand certains gars, notamment Eff Gee et Deen, ont décidé de monter un projet sérieux, un vrai collectif. A côté de ça, je fais aussi partie de Grande Ville.

LA TREMPE - Grande Ville, c’est quoi concrètement ? JAZZY BAZZ - C’est comme si tu donnais un nom à ton groupe de potes, c’est juste une mentalité, un truc informel. À la base, on doit être une quinzaine et il n’y a pas de rappeurs à part moi et Esso, enfin si, y’a quelques potes qui rapouillent… On est un peu une famille, tous capables de s’écrire un gros Grande Ville sur le bras. • Jamal, Fades Em All (Pete Rock Remix) •

JAZZY BAZZ - Pete Rock Remix, Jamal ! Ça c’est ma vibe, un bête de son, surtout que Jamal doit avoir à peu près 16 piges dessus. Le beat de Pete Rock est assez dingue aussi. Pete Rock, J Dilla, DJ Premier, Large Professor… Tous ces mecs, c’est du sample et c’est lourd. Comparé au son que tu m’as mis avant, le kick de batterie n’a rien à voir, là c’est un délire boom-bap dans les batteries. Et puis les samples jazz ou soul me plaisent en termes d’accords, ça me parle plus que des mecs qui jouent deux notes au synthé alors qu’ils savent même pas jouer…

• Pusha T feat. Tyler, Trouble On My Mind •

• Jeru The Damaja, My Mind Spray •

JAZZY BAZZ - Ça, c’est Schumacher volume 1 ! (Pusha T entame son couplet) Non, je ne connais pas mais je vois comment le type rappe, un peu à la Lil Wayne, les mecs comme ça…

JAZZY BAZZ - On dirait la voix de Jeru The Damaja… Pas le plus grand technicien du monde mais il a un super flow. Cette fois, la prod est de DJ Premier. Ouais, DJ Premier a vraiment son style. Quand t’entends un son, tu sais direct que c’est un Primo. Ceci dit, le producteur qui me fait le plus kiffer, c’est J Dilla. Il fait des beats nu-soul mais un peu comme Pete Rock

LA TREMPE - Attends, peut-être que

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ou Premier, il va juste poser une prod dans un album et ce sera le hit. « Hommes de l’Est », c’est d’ailleurs clairement un beat à la J-Dilla.

LA TREMPE - « Hommes de l’Est », ça signifie quoi pour toi ? JAZZY BAZZ - À la base, le thème du morceau c’est l’amitié. Ensuite, on a commencé à caler un délire Est de Paris. On cherchait un titre et il s’avère qu’on a un pote rappeur nommé Homme de l’Est qui est décédé récemment donc c’était une façon de lui rendre hommage. Et puis c’était aussi une douille pour placer des scratches « East Coast Jungle »… • Snoop Dogg, Ain’t No Fun (If The Homies Can’t Have None) •

JAZZY BAZZ - Alors ça, c’est un son West Coast hyper connu, le genre de truc que tu passes en soirée. C’est lourd mais les groupes West Coast que j’écoute, c’est surtout des mecs comme the Pharcyde qui sont dans un délire Est, ce qu’on appelle de la Left Coast.  • Mac Miller, Nikes On My Feet •

JAZZY BAZZ - Mac Miller ! Raah, le beat pue la East! J’ai pas écouté tout Mac Miller mais j’ai vraiment kiffé ce son.

LA TREMPE - Tu te sens proche de lui, de cette vague de jeunes rappeurs « à l’ancienne » ? JAZZY BAZZ - Forcément, le mec doit avoir à peu près notre âge et son morceau le plus regardé, c’est une face B de Lord Finesse sur lequel j’aurais pu poser un freestyle. C’est normal qu’on ait des points communs, sachant que la musique marche vachement par décennie. Là, on sort des années 2000 donc on peut prendre du recul, ça donne envie de chercher une nouvelle vibe. Il y a évidemment un retour aux années 90 mais moi, je suis ni dans le vintage ni dans le copier-coller. En fait, c’est la première fois dans le hip-hop qu’il y a une génération de types qui n’ont pas pu vivre le truc en direct mais qui ont le recul nécessaire pour s’en inspirer. Si

tu prends les rockeurs, ils vouent tous un culte aux années 60 et 70 sans que ça ne pose de problèmes. Dans le rock, les types écoutent des classiques et font des sauces nouvelles parce que c’est pas intéressant de refaire exactement du Led Zeppelin… C’est pareil pour nous, si tu sonnes exactement comme Tribe Called Quest, ça n’a pas d’intérêt, il faut amener du nouveau. Dans « Hommes de l’Est », tu sens un délire actuel, avec une batterie décalée genre Madlib, et dans notre façon de rapper, on ne fait pas non plus du vintage, on essaie de ramener des rimes jamais vues.

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• Akhenaton, L’Americano •

JAZZY BAZZ - Je ne crois pas que je connaisse… (Premières rimes d’AKH : « Le Babi, Napolitain Fana/ Oui, j’ai bouffé du poulpe pendant 20 ans, comme Antonio Montana ») Ah, c’est Akhenaton… En vrai, je kiffe surtout « Quand ça se disperse » sur Sol Invictus, le beat est ouf.

LA TREMPE - Un rappeur new-yorkais (S-Dot, NdlR) pose en featuring sur ton premier morceau, « I speak Hip-Hop ». On se demandait quels étaient tes rapports avec le rap américain : franchement, tu ne veux pas faire l’Americano ? JAZZY BAZZ - Écoute, le hip-hop c’est une musique afro-américaine alors tous les mecs qui disent « nique le rap cainri », c’est vraiment des trousdu-cul. En France, il y a une attente au niveau des paroles et du message parce qu’il y a un gros niveau d’écriture dans la chanson française. Si tu racontes de la merde, t’es pas validé… Le rap français a la chance d’avoir ce truc. Mais musicalement, les afro-américains sont juste beaucoup trop loin, ils créent une nouvelle musique tous les dix ans.

LA TREMPE - T’as parlé de message, t’as l’impression d’en faire passer un ? JAZZY BAZZ - Non, je m’intéresse aux problèmes sociaux mais je n’ai pas envie d’en parler dans mes textes, ça sonnerait trop misérabiliste. Kenny Arkana par exemple – je parle d’elle parce qu’elle est argentine comme moi – elle est super engagée dans ces morceaux mais ça ne va rien changer… De toute façon, seuls ceux qui veulent entendre le message vont l’écouter, tu ne vas pas te mettre un facho dans la poche. Je préfère les sons qui parlent de ta vie, je trouve ça beaucoup plus touchant. suite >

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« EN FRANCE, SI TU RACONTES DE LA MERDE, T’ES PAS VALIDÉ »

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« LE SAMPLE,  ÇA ME PARLE PLUS QUE DES MECS QUI JOUENT DEUX NOTES AU SYNTHÉ »

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• Fabe, Bienvenue à Paris •

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JAZZY BAZZ - C’est Befa ! J’ai plutôt rincé l’album « Détournement de son », son gros classique. Là, on sent que ça date de 1995, l’âge d’or pour les américains mais pas pour nous. La plupart des rappeurs français ont chié leur classique en 98 : Fabe, Oxmo, Rocca, les X-Men, les Sages Po’… En ce qui concerne le thème du morceau, on parlait East Coast/West Coast mais à Paname, t’as la même chose à échelle réduite. Dans le 92, à Boulogne, ils ont leur son, les mecs du 18ème ont développé un style trop caractéristique et avec certains gars de Timebomb, Oxmo, Pit Baccardi ou les X-Men, t’as aussi vraiment un son nord-est de Paris.

LA TREMPE - Tu te situerais où dans tout ça ? JAZZY BAZZ - Je me sens plus Time Bomb.

LA TREMPE - On te sait amateur de foot et puisqu’on parle de Paris, ça t’inspire quoi l’actualité du PSG ? JAZZY BAZZ - Pour tout te dire, j’étais abonné au Parc pendant quatre ans mais vraiment à fond dans un délire « ultra », je faisais les déplacements à l’extérieur avec fumigènes et tout. Je m’intéressais plus à ce qui se passait dans les tribunes que sur la pelouse. Maintenant, le problème c’est qu’au Parc, toutes les associations ont été dissoutes. Les vrais supporters boycottent le Parc et du coup, y’a plus aucune ambiance. C’est con parce qu’à l’époque « golden age » du supporter, le Parc c’était de loin la meilleure ambiance de France. • Timebomb, Les Bidons Veulent Le Guidon •

Reconnaissant la clique dès la première seconde : Aight !

LA TREMPE - Tes plumes préférées dans le rap français ? JAZZY BAZZ - Fabe, surtout le Fabe de 98, Dany Dan, MC Solaar,…

LA TREMPE - Oxmo Puccino ?

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JAZZY BAZZ - Ouais mais techniquement non… Sauf qu’il compense ses « faiblesses » par un style unique. C’est sûr, il a vraiment son style et c’est ça qui est fort. Moi, je me suis beaucoup intéressé à la technique pure mais je me rends compte que des mecs qui rappent sans aucune technique, parfois sans rimes ou alors vraiment une petite assonance, peuvent arriver à me rendre ouf parce qu’il y a d’autres choses derrière. Rien que là quand Oxmo rentre, t’entends son timbre vocal, son délire… C’est le texte, la voix, les intonations, c’est aussi l’attitude qu’il se donne… Putain, quel charisme il avait ! • X-Men feat. Hi-Fi, Pendez-les, Bandez-les, Descendez-les ! •

JAZZY BAZZ - X-Men! (il commence à rapper sur le couplet de Hi-Fi) Ça j’ai trop rinçé !

LA TREMPE - Musicalement, les X-Men font partie de ces binômes qui fonctionnaient à merveille. Comment marche ton duo avec Esso au sein de la Cool Connexion ? JAZZY BAZZ - Ben, on a deux délires différents. Déjà niveau flow, c’est pas pareil, je suis très condensé alors que lui a un flow plus aéré et efficace. Au niveau des textes, il envoie du swagg, de l’attitude, c’est un mec qui a énormément de swagg naturel. Dans les paroles, j’essaie d’aller vers plus d’images, de métaphores et de champs lexicaux différents alors qu’Esso marche à l’instinct. En fait, on est complémentaire: je suis le mec qui a bossé et lui c’est le talent brut. De toute façon, un duo fonctionne bien quand les deux sont bons. Lunatic, j’ai un peu de mal avec Ali mais dans IAM, Shurik’n et Akh se valent, pareil pour NTM même si c’est vraiment deux styles différents. • Deen Burbigo, Guizmo et Alpha Wann, Freestyle PDG • JAZZY BAZZ - Grand sourire. Évidemment, je connais…

LA TREMPE - Sur le net, on parle beaucoup de l’Entourage comme d’un « renouveau » dans le rap français. Ça te va? JAZZY BAZZ - Le problème sur Internet, c’est que les mecs emploient toujours les grands mots. Ils sont là à faire des théories alors que rien n’est calculé. On fait du rap technique sur des beats qu’on kiffe et ça peut être considéré comme un délire différent, mais de là à parler de « renouveau », non… C’est vraiment un truc que tout le monde peut faire, on est juste les premiers à avoir percé dans ce délire.

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« JE SUIS LE MEC QUI A BOSSÉ ET ESSO, C’EST LE TALENT BRUT »

ça m’insupporte… Il y a des gens trop côtés dans ces soirées mais concrètement, qu’est ce qu’ils font ? Ce sont des mecs qui vivent encore chez leurs mères, qui ne brassent aucun oseille… J’ai beaucoup plus de respect pour les mecs qui se bougent, qui font des choses, hype ou pas. Un des rappeurs que je respecte le plus s’appelle l’Etrange, il s’habille en sandales avec pieds apparents et a une coupe de cheveux qui ne ressemble à rien mais il est juste trop fort. C’est une fierté d’être avec lui. • Booba, Les Derniers Seront Les Premiers •

JAZZY BAZZ - Hum, ça ne me dit rien… (la voix arrive) OK, c’est Booba. C’est un de ses derniers tubes ?

LA TREMPE - Non, c’est l’intro de son dernier album, « Les Derniers Seront Les Premiers ». JAZZY BAZZ - B2O actuel, j’écoute moins… C’est pas mon délire de beats. Je suis bloqué sur Mauvais Oeil et Temps Mort.

LA TREMPE - Tu penses quoi des rappeurs influencés par ce qui marche actuellement de l’autre côté de l’Atlantique ? JAZZY BAZZ - On parlait de générations, il faut savoir que les mecs comme Booba ont suivi le truc en direct. En 1998, ils s’inspiraient déjà des américains sauf que t’avais aucune mauvaise influence des States à cette époque parce que la merde arrive là-bas vers 1999. Ils ont toujours suivi ce que faisaient les cainri avec des étoiles dans les yeux donc tu ne peux pas leur reprocher de continuer à le faire.

LA TREMPE - Que penses-tu du succès de 1995 et de la « hype » qui entoure désormais votre scène ?

LA TREMPE - Tu réponds quoi à ceux qui pensent qu’il faut faire évoluer le genre, que le hip-hop doit vivre avec son temps ?

JAZZY BAZZ - Le succès de 1995 n’est pas une surprise : ils apportent un truc différent et ils sont bons. Ils se sont bougés le cul et je remercie tous ces gars très motivés parce qu’ils m’obligent à suivre le rythme. Ensuite, tu peux nous voir dans les soirées parisiennes crari « hype » mais c’est juste pour trouver des meufs, ce genre de conneries. La hype, si tu veux savoir,

JAZZY BAZZ - Ça ne veut rien dire… En France, aujourd’hui, qui peut prétendre faire avancer le hip-hop ? Déjà ce n’est pas nous qui allons faire évoluer le hip-hop, c’est les américains. Le hiphop français, il vit quand il y a du mouvement,

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des gros trucs comme les Rap Contenders. Et puis on apporte quoi au hip-hop en faisant des trucs qui ne valent pas un clou musicalement ? Ce qui m’énerve avec les mecs qui pensent faire des délires futuristes, c’est qu’il faut toujours qu’ils mettent des bruits de vaisseaux spatiaux ou ce genre de conneries alors que si ça se trouve, la musique de demain c’est un truc avec un violoncelle et un mec qui joue du tam-tam…

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• Rocé, Ma Saleté d’Espérance •

JAZZY BAZZ - Oula, c’est Rocé ? Je n’ai jamais vraiment écouté parce que techniquement, voilà…

LA TREMPE - Enregistrer avec un groupe et des instruments comme l’a fait Rocé, ça te tenterait ? JAZZY BAZZ - Non, pas tellement. En France, dès que tu ne fais pas du rap caillera, il faut absolument que tu mettes un petit chapeau et que tu joues avec des musiciens… Le sample, c’est lourd. Moi, je kiffe une formation live avec deux MC’s et un DJ. Les instruments, c’est cool de temps en temps, ça apporte une énergie mais ça ne sonne pas pareil, ça ne sonne pas Pete Rock. Par contre, j’ai fait pas mal de scènes avec The Hop, des jeunes musiciens fanatiques de rap qui eux savent sonner hip-hop. Leurs influences sont vraiment lourdes. • Charles Mingus, Moanin’ •

JAZZY BAZZ - Je connais pas ce ceau-mor…

LA TREMPE - C’est « Moanin’ » de Charles Mingus. JAZZY BAZZ - Alors ça, c’est de la grande musique, rien à voir avec un mec au synthé. Mais le son de Charlie Mingus que je surkiffe c’est « Goodbye Pork Pie Hat », j’ai même dit à mes potes de le passer à mon enterrement, sans blague. Je ne connais pas forcément tout en jazz mais j’ai écouté Coltrane, Thelonious Monk, des trucs à droite à gauche… Sinon t’as un album que j’ai vraiment rinçé de A à Z, c’est Kind of Blue de Miles Davis. Si je suis avec une meuf, tu peux être sûr que je le mets. • Jacques Brel, Amsterdam •

JAZZY BAZZ - Brel, c’est lourd mais mon mec le plus sûr, mon idole en chanson française, c’est Claude Nougaro. À part ça, y’a des sons qui m’ont vraiment retourné le cerveau genre « Avec le temps » de Leo Ferré, le mec est juste trop bon au niveau des paroles. Ce qui est fort dans la chanson, c’est que tu trouves juste une petite idée, tu tournes autour et ça donne un morceau. J’aimerais pouvoir faire ça mais en tant que rappeur, on doit écrire énormément, c’est plus dur de tourner autour d’un thème en quelques phrases et puis les anaphores, ça casse vite les couilles dans le rap •

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