fiche pédago-5 ivoire - Musées en Haute-Normandie

supporte pas comme le bois, les coups de ciseau intempestifs ; il se travaille plutôt à l'usure, le pouce de l'homme impulsant un mouvement à la râpe ou au ...
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IVOIRES F ICHE

DÉCOUVERTE

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ci, l’ivoirier est assis devant son établi, le pied gauche posé sur un petit banc incliné, ce qui permet au genou d’arriver juste au niveau de la tablette qui dépasse de l’établi. Ainsi, la pièce à travailler est calée entre celle-ci et la main gauche de l’artisan. Cette posture permet d’obtenir une plus grande stabilité et par conséquent, un geste sûr et précis. Il est difficile de travailler l’ivoire : celui-ci, bien que très dur, est fibreux et cassant. Il ne supporte pas comme le bois, les coups de ciseau intempestifs ; il se travaille plutôt à l’usure, le pouce de l’homme impulsant un mouvement à la râpe ou au burin. Ces outils, bien que robustes, s’altèrent très rapidement et l’ivoirier doit les remplacer plusieurs fois tout au long de sa carrière. Autrefois, il les fabriquait lui-même.

L. Danty, L’ivoirier Auguste Souillard dans son atelier, 19e siècle

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dans des lieux publics, auberges, salons, et même dans les églises où le bruit de la râpe finissait par couvrir la voix du curé ! La râpe est de forme ovale très allongée, présentant sur une face un motif décoratif et sur l’autre, une râpe de métal destinée à pulvériser le tabac, celui-ci étant ensuite mis en réserve dans un petit réceptacle à l’extrémité de l’objet. Si, au XVIIe siècle, les motifs

ès la fin du XVIe siècle, le tabac, venu d’Amérique, arrive sur le port de Dieppe et la ville obtient sous Colbert le privilège de l’implantation d’une manufacture qui produit des carottes de tabac (ou pétun). Afin de réduire les feuilles séchées en poudre, les fumeurs utilisent des râpes à tabac. Ce sont alors des objets de la vie quotidienne se glissant dans la poche des messieurs et souvent utilisés

restent sobres, le XVIIIe siècle voit apparaître des scènes galantes ou mythologiques. La râpe ci-contre représente un marchand de mort aux rats. C’est une figure grotesque représenté en bas-relief. Elle présente une boîte sur laquelle on peut lire l’inscription “Mortaras”, tandis qu’un rat se tient sur sa collerette. Cette situation semble provoquer un rictus inquiétant sur son visage.

Râpe à tabac : Mortaras, 17e siècle

La tabatière en forme de coquille Saint-Jacques sert à récupérer le tabac.

Boîte en forme de coquille St-Jacques, 17e siècle.

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IVOIRES F ICHE

DÉCOUVERTE

Pierre Adrien Graillon, d’origine très modeste, fut tout d’abord cordonnier. Son talent et sa persévérance ont fini par faire de lui un sculpteur qui travaille tantôt la terre cuite, l’os ou l’ivoire. Parvenu à une certaine notoriété, l’artiste n’oubliera pas “les gens de peu” de ses origines et les fera figurer dans ses œuvres. Le groupe de mendiants au bord d’une forêt est sculpté à l’intérieur d’une défense d’éléphant, ce qui a permis à Graillon de travailler son sujet en profondeur. La composition s’attache à assembler différents groupes agencés sur plusieurs plans. “L’auteur a dû vouloir représenter une assemblée ou foire au bord d’une forêt. Il y a réuni des types d’hommes et de femmes très familiers à son crayon, à son burin.” Il est vrai que ces silhouettes noueuses et voûtées, ces attitudes statiques et résignées ont sans doute peuplé la jeunesse de l’artiste. Une végétation luxuriante et tourmentée semble dominer ces pauvres vêtus de hardes et rend le tout inquiétant.

P.A. Graillon, Groupe de mendiants au bord d’une forêt, 1850 Pendentifs, 19e siècle

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u XIXe siècle, Dieppe est à la mode. Les aristocrates entraînés par la Duchesse de Berry, puis la haute bourgeoisie viennent goûter aux plaisirs des bains de mer et de la villégiature. Ces voyageurs célèbres ou non, s’intéressent de près au travail des ivoiriers. On assiste alors à la fabrication de petits objets de plaisir : petite bijouterie, accessoires pour les parures féminines où les motifs floraux s’imposent comme la rose mousse, qui s’inspire des ornements sur les armoires normandes. Et comme il arrive qu’à Dieppe, il pleuve en été et que les bains et les promenades soient désertés, les ivoiriers produisent des jeux de société : pions de nain jaune, jeux d’échecs ou de jonchet, (matériel de broderie)…

Broche, fin 19e siècle

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