entrevue avec Dominic Champagne

C'était un point tournant dans l'histoire, un choc des cultures incroyable. Je me rappelle qu'au-delà du trouble ressenti et de la tragédie, nous nous disions que, ...
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E  ntrevue avec Dominic Champagne Auteur et metteur en scène de Varekai Geneviève Doré – Studio

Avant de mettre en scène nos spectacles Zumanity et The Beatles LOVE, Dominic Champagne a d’abord mis en scène Varekai qui a soufflé dix bougies le 24 avril dernier. Nous l’avons rencontré pour nous remémorer les premiers coups d’ailes de ce spectacle unique. « Guy m’a proposé de mettre en scène un spectacle qui verrait le jour sur les quais du Vieux-Port, lieu où j’avais connu l’échec au début de ma carrière… Je l’ai perçu comme un signe du destin. J’avais droit à un match de revanche. À ce moment-là, j’avais fait quelques bons shows, mais je n’étais pas une valeur sûre. Toute ma vie, je lui serai reconnaissant d’avoir été audacieux en me confiant la création de Varekai. » Parmi les souvenirs qu’il garde de la création, Dominic raconte que son moment le plus marquant est lié aux événements du 11 septembre 2001 alors que s’amorçaient les entraînements en studio. « C’était un point tournant dans l’histoire, un choc des cultures incroyable. Je me rappelle qu’au-delà du trouble ressenti et de la tragédie, nous nous disions que, par la grande famille que le Cirque réussit à créer avec des artistes de partout sur la planète, nous avions la chance de prouver au monde entier que le choc des cultures peut aussi faire naître la beauté. » C’est par la rencontre de ces artistes, mais aussi par celle des concepteurs que Varekai voit le jour. Dix ans plus tard, bien que plusieurs personnes ne soient plus avec Varekai, Dominic a tenu à souligner leur contribution. « J’aimerais rendre hommage à Eiko qui a su créer des moments de beauté uniques grâce aux costumes ; à Nicolette Naum (directrice artistique pendant plusieurs années) qui a donné beaucoup d’amour à ce spectacle ; à Guy pour son audace ; à Michel-André Cardin, qui a joué la Vigie pendant plusieurs années et qui, à la suite d’un accident de parapente, est lui-même devenu cet ange aux ailes cassées ; aux jumeaux Atherton, qui y ont longtemps performé, pour avoir donné l’exemple de cette complicité magique, fruit de leur fraternité ; et finalement à chacun des artistes. Je suis toujours impressionné par leur dévouement et leur capacité à donner ce spectacle soir après soir. Les artistes de cirque sont des nomades qui ont une clé pour entrer dans la cour des rois et dans le cœur des simples citoyens. Varekai est, à ce titre, un bel hommage à cette idée. »

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Quand on lui demande ce qu’il pense du spectacle aujourd’hui, Dominic répond : « Ça fait un moment que je n’y suis pas allé, mais chaque fois que je suis retourné le voir, je vivais dans la crainte de ne pas retrouver mon spectacle. C’était toujours un pur miracle de me sentir chez moi dans cette forêt, dans ce chapiteau, peu importe l’endroit où je me trouvais dans le monde, mais surtout de constater à quel point les artistes avaient approfondi le spectacle que nous avions créé et comment certains éléments soulevés en répétition avaient finis par éclore avec le temps. » Le mot de la fin ? « Je veux croire aussi qu’il y a 3 500 fois où nous avons créé dans le cœur des spectateurs un espace pour rêver d’une fraternité meilleure, pour reconnaître qu’ensemble, nous pouvons devenir plus grand que nos solitudes. Longue vie à Varekai ! »