enjeux et perspectives

Achéron, Ailette, Bélier, Bison,. Capricorne, Cdt Birot, Cdt Bouan,. Chevalier Paul, Chevreuil, Courbet,. Esterel, Gazelle, Grèbe, Hallebarde,. Jean Bart, Jean de ...
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N ° 2 9 6 5 D U 1 2 F É V R I E R 2 0 1 1 • L E M A G A Z I N E D E L A M A R I N E N AT I O N A L E

ENJEUX ET PERSPECTIVES

EC225

Aéronautique navale

«Révolution culturelle» en cours PAGE 21

En alerte 24 h/24 PAGE 24

Bilan sauvetage 2010

PAGE 27

M 01396 - 2965 - F: 2,40 E

Bases de Défense

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LA MARINE ET LES PÔLES

BI-MENSUEL DE LA MARINE NATIONALE

SOMMAIRE

ÉDITORIAL

AZIMUTS

4

PASSION MARINE

«L

LA MARINE ET LES PÔLES PAGE 6 POSTER ET FICHE TECHNIQUE

18

Bâtiment hydro-océanographique Beautemps-Beaupré

INFO ACTUS

21

Section de recherches de la Gendarmerie maritime : un NCIS à la française? • BdD : ce que la réforme change pour vous • L’EC225 en alerte 24h/24 • Moyens aériens de la Marine : 672 personnes secourues en 2010 • Groupe de guerre des mines : déploiement 2011 et stage Otan • FASM Primauguet: cap sur les USA • La Baille à la MarMar

CHRONIQUE DU PERSONNEL

29

École de guerre-CID pour penser et comprendre la guerre

DANS NOS PORTS

30

Cherbourg : la Marine au forum des métiers et des formations • Toulon : de nouveaux locaux pour la formation des sauveteurs de la SNSM • Lanvéoc : Sciences et techniques pour la sécurité maritime

ÊTRE COMBATIF

32

Résilience et combat : précisions d’un expert

COURRIER DES LECTEURS

33

TEMPS LIVRE

34

Embarcadère

’Arctique et l’Antarctique sont les lieux les plus inhospitaliers de la planète. Ils suscitent pourtant, depuis des siècles, fascination et convoitise. Aucune région du monde n’a fait payer un aussi lourd tribut pour leur conquête, aucune n’a suscité autant d’actes héroïques et d’abnégation, mais aussi produit autant de drames humains lors de leurs explorations. Pour preuve de leur âpreté, les pôles se sont laissés vaincre très tard, il y a tout juste cent ans. La caractéristique commune des mers baignant ces deux extrémités de la planète est de regorger de vie. Les ressources halieutiques sont très abondantes, même si la surpêche en Arctique a conduit à une diminution des stocks. La fonte des glaces pourrait avoir un effet bénéfique en entraînant le repeuplement de certaines espèces dans les espaces libérés par la banquise. Quant à l’Antarctique, elle est l’une des zones les plus poissonneuses du globe avec un important potentiel d’exploitation à condition d’y pratiquer des prélèvements raisonnables. Ces zones, dont une grande partie n’appartient à personne, attisent la convoitise non seulement en matière de ressources halieutiques, mais aussi de minéraux, dont les besoins se sont considérablement accrus avec le développement des pays émergents. L’Arctique pourrait devenir un nouvel eldorado avec un quart des réserves énergétiques mondiales et des minerais en abondance. Le continent antarctique dispose également d’un potentiel immense et déjà s’exercent des pressions politiques pour les exploiter. Leur extraction serait prohibitive actuellement, en raison des contraintes climatiques, mais sans nul doute, le coût en sera accepté à terme, au fur et à mesure de l’épuisement des ressources d’accès aisé.

Quant à l’Antarctique, un traité adopté le 1er décembre 1959 gèlera les exigences des États demandeurs dont l’Argentine, l’Australie, le Chili, la Grande-Bretagne, la Norvège, la Nouvelle-Zélande et la France. Enfin, le libre accès aux détroits et passages océaniques comme ceux du Nord-Est et du Nord-Ouest, qui raccourcissent les routes reliant l’Europe à l’Asie, représentent des enjeux stratégiques pour le libre commerce mondial. Au Sud, le détroit de Drake, entre le cap Horn et la péninsule Antarctique, pourrait justifier, pour les pays riverains, de droits de contrôle sur les voies de passage entre l’océan Atlantique et le Pacifique. Le problème des ressources alimentaires mondiales, le libre accès aux routes transpolaires, le partage des richesses énergétiques et minérales : voici les grands enjeux des pôles pour demain... Des évolutions majeures pour ces lieux encore largement préservés de toute influence humaine et dont il ne faudra pas négliger les impératifs écologiques et la préservation d’un biotope unique. La bataille de l’Arctique est déjà engagée. Qu’en sera-t-il de l’Antarctique, un continent voué à la science, la paix et la coopération internationale depuis 1959 ? L’Europe est donc particulièrement concernée par ces défis pour son approvisionnement énergétique, pour la libre circulation de son commerce maritime, pour la sécurité et la paix dans ces régions. La France, aux avantpostes de ces régions par ses territoires australs et antarctiques, par son riche passé et son expérience polaire, jouera nécessairement un grand rôle dans leur exploitation future. Il dépend donc aussi de notre pays que leur mise en valeur soit intelligente et raisonnée. »

Laurent Letot, Centre d’études supérieures de la Marine

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Azimuts Au moins un sous-marin lanceur d’engin SNLE en patrouille permanente

ZMATO Mission hydrographique en océan Atlantique

Plusieurs avions de patrouille maritime Atlantique 2 en permanence en opérations

PRINCIPALES MISSIONS HORS EAUX TERRITORIALES

DÉPLOYÉS OCÉAN INDIEN

Aconit Andromède (GGDM) Charles de Gaulle (Agapanthe) Croix du Sud (GGDM) EV Jacoubet (Atalante) Forbin (Agapanthe) Guépratte (Atalante) Meuse (Agapanthe) Montcalm (Enduring Freedom) Somme (Enduring Freedom) Tourville (Agapanthe)

4  COLS BLEUS  N° 2965  12 FÉVRIER 2011

Var (GGDM) ATLANTIQUE

Aldebaran, Beautemps-Beaupré (Physindien), Borda (ZMATO), Georges Leygues, La Pérouse, LV Lavallée, Primauguet, Tonnerre (Corymbe) MÉDITERRANÉE

Arago, Cassard, Cdt Ducuing, Dupleix, Foudre, Siroco, Surcouf

MER DU NORD

DAKAR

Cormoran, Pluvier

Sabre

OCÉAN PACIFIQUE (APPROCHES POLYNÉSIE FRANÇAISE)

DJIBOUTI

La Railleuse (Surmar)

Dumbéa Jacques Cartier Vendémiaire

OCÉAN PACIFIQUE (APPROCHES NOUVELLE-CALÉDONIE)

La Glorieuse, La Moqueuse

Dague NOUVELLE-CALÉDONIE

LA RÉUNION

Albatros, Floréal, La Grandière, La Rieuse, Nivôse

CHERBOURG BREST TOULON

AGAPANTHE

BAYONNE

Déploiement du GAN en océan Indien et Golfe, en soutien des opérations en cours.

PHYSINDIEN Mission hydrographique et océanographique en mer Méditerranée et océan Indien.

ENDURING FREEDOM Contrôle de l’espace maritime nord océan Indien. Lutte contre les trafics illicites.

ATALANTE CORYMBE Mission de permanence opérationnelle dans la zone du golfe de Guinée.

Opération de l’Union européenne de lutte contre la piraterie maritime dans le golfe d’Aden et l’océan Indien.

GGDM Déploiement du groupe de guerre des mines en océan Indien. Cartographie en date du 24 janvier 2011

AU PORT-BASE LV Le Henaff, Lynx, Malabar, Mutin, Panthère, Pégase, PM L’Her, Sagittaire, Styx, Tenace, Thétis, Tigre

CHERBOURG

SAINT-PIERRE-ET-MIQUELON

La Capricieuse, La Gracieuse, Mahury, Organabo

Coralline, Élan, Flamant, Géranium, Glaive, Vulcain

Fulmar

BREST

TOULON

ANTILLES

Alcyon, Altair, Antarès, Argonaute, Belle Poule, Buffle, Cassiopée, Cdt Blaison, Cdt L’Herminier, Céphée, Chacal, De Grasse, Églantine, Éridan, Étoile, Glycine, Grande Hermine, Guépard, Jaguar, L’Aigle, La Motte-Picquet, Laplace, Latouche-Tréville, Léopard, Lion,

Achéron, Ailette, Bélier, Bison, Capricorne, Cdt Birot, Cdt Bouan, Chevalier Paul, Chevreuil, Courbet, Esterel, Gazelle, Grèbe, Hallebarde, Jean Bart, Jean de Vienne, Jonquille, La Fayette, Lubéron, Lyre, Marne, Mistral, Orion, Pluton, Rapière, Taape

Dumont d’Urville, Germinal, Maito, Ventôse, Violette

Jasmin La Tapageuse Manini Maroa Prairial Revi

GUYANE

BAYONNE

Aramis Athos

POLYNÉSIE FRANÇAISE

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PASSION

Marine

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LA MARINE & LES PÔLES itués aux deux extrémités du globe terrestre, l’Arctique et l’Antarctique sont deux déserts blancs longtemps demeurés à l’écart du monde. Si l’on néglige souvent de mentionner l’Antarctique comme le sixième continent de notre planète, l’Arctique est quant à lui en majeure partie un océan entouré de terres habitées, parsemé d’îles telles que le Groenland. Au sud, l’Antarctique est une vaste terre encerclée par le large océan austral, sur laquelle, excepté quelques centaines de chercheurs et scientifiques de passage, aucun être humain n’habite. Soumises à des froids intenses, à la nuit polaire la moitié de l’année et à des phénomènes magnétiques longtemps restés inexpliqués, ces deux régions de la planète fascinent par leur beauté autant qu’elles effraient par la rudesse de leur climat, par les dangers encourus et leur isolement. En plus d’être deux destinations extrêmes que l’homme a découvertes tardivement, les pôles sont deux points mythiques. Ainsi pour les penseurs de la Grèce antique, le Nord de la Terre était occupé par une mer légendaire tandis qu’au Sud un continent inconnu (la terra australis incognita) équilibrait les masses du globe. Au pôle Nord comme au pôle Sud, les glaces sont reines. Sur terre, d’imposants glaciers peuvent y culminer jusqu’à 4 000 mètres tandis qu’en mer, l’océan devient banquise et peut atteindre – comme en Arctique – jusqu’à 13 millions de kilomètres carrés. L’océan Glacial Arctique, constitué principalement de glaces permanentes, communique avec l’océan Atlantique entre le Groenland et la Scandinavie, ainsi qu’avec l’océan Pacifique par le détroit de Béring. Cette mer de glace n’est pour l’instant navigable qu’en été, période au cours de laquelle elle se convertit en eaux libres parsemées de blocs de glace à la dérive. Point d’équilibre indispensable à la bonne santé de notre planète, les pôles ont subi ces dernières décennies d’importantes évolutions, à commencer par celles climatiques qui devraient modifier et bouleverser des écosystèmes, les courants marins et des équilibres géopolitiques. Que l’on considère les pôles comme des eaux couvertes de glace ou des îles entourées de mer, la Marine nationale est bien évidemment concernée par leur sort. Depuis plus de deux siècles, cette dernière a envoyé « sur zone » moult bâtiments. Certains de ses marins y ont jadis forgé d’incroyables destins. Ce dossier spécial de Cols Bleus dédié aux pôles rappelle ainsi la genèse de cette relation toute particulière, tout en ne manquant pas de raconter l’Arctique, l’Antarctique, leurs enjeux, leurs perspectives et la géopolitique des pôles. Autant de témoignages prouvant que les pôles sont plus que jamais des baromètres du climat de notre planète, au sens propre comme au sens figuré !

S

PENDANT LES MANŒUVRES BRILLIANT MARINER 2010, LE CHARLES DE GAULLE A PASSÉ LE CERCLE POLAIRE. C’EST LA PREMIÈRE FOIS DEPUIS DES DÉCENNIES QU’UN PORTE-AVIONS FRANÇAIS CROISE DANS CES EAUX NORDIQUES.

STÉPHANE DUGAST

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PASSION

Marine nom de code de Windmill. En 1957-1958, l’expédition Fuchs-Hillary traversait pour la première fois l’Antarctique par la voie terrestre en utilisant des motoneige. Le butin scientifique fut semble-t-il remarquable, de sorte que désormais les expéditions scientifiques internationales sont monnaie courante. Malheureusement depuis 1990, le tourisme a commencé à se développer de manière spectaculaire, à tel point que chaque année près de 15 000 croisiéristes, dont près d’un tiers provient des ÉtatsUnis, viennent visiter les côtes de ce continent. En même temps que les intérêts économiques qu’ils représentent, ils sont susceptibles de raviver les tensions entre les États. Ces dernières avaient pourtant été apaisées à la suite de la signature du traité de Washington de 1959, même si les grandes puissances signataires n’ont pas pour autant renoncé à leurs revendications sur une terre aussi potentiellement stratégique que riche.

Un enjeu géopolitique et écologique

Antarctique

LE SIXIÈME CONTINENT C’est de loin le continent le plus froid, le plus sec et le plus exposé aux vents. Inhospitalier, il n’a jamais compté de population humaine permanente et n’accepte sur son sol et ses côtes que des espèces végétales et animales adaptées. On l’appelle le « sixième continent ». Quant à l’histoire récente de sa découverte, son rôle scientifique et ses enjeux, le Professeur Jacques Barrat, universitaire et diplomate, se fait plus explicite. ertains affirment que c’est Aristote qui aurait le premier dénommé ce continent anti arktos, signifiant opposé à l’Arctique. Arktos signifiant ours en grec, en référence à la constellation d’étoiles indiquant le Nord, la Petite Ourse. Continent le plus méridional de la Terre, puisque situé au pôle Sud, l’Antarctique compte 14 millions de kilomètres carrés, dont 2 % seulement sont libres des glaces. Dans l’Antiquité (Ptolémée) et au Moyen Âge (les découvreurs portugais), les plus extravagantes supputations avaient été échafaudées sur l’existence d’un continent de glace qui se serait étendu de la Terre de feu à l’Australie. C’est avec l’Anglais Sir Francis Drake et le Hollandais Dirk Gerritsz qu’on voit apparaître la volonté des Occidentaux de pousser plus avant les explorations des terres australes, sans grand résultat d’ailleurs. Le capitaine Cook fut sans doute le premier à franchir le cercle polaire, mettant fin parallèlement au mythe de la Terra australis incognita. En réalité, il semblerait que ce soit seulement en 1820 qu’un capitaine de la marine impériale russe, Fabian Gottlieb von Bellingshausen, ait été le premier homme à avoir aperçu le continent, suivi de près, il est vrai, par un marin

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britannique, Edward Bransfield, et un Américain, Nathaniel Palmer. Mais l’exploration du continent ne commença vraiment qu’en 1840, à l’initiative des Français qui avaient mandaté Dumont d’Urville pour y planter le drapeau national. Toutefois, cette découverte et cette prise de possession sont toujours controversées dans la mesure où la flotte de l’Américain Charles Wilkes y serait arrivée à peine quelques jours plus tard… De fait, la première expédition scientifique fut anglaise, commanditée à la fois par la Royal Society et la British Association for the Advancement of Science. Mais c’est de 1895 aux lendemains de la Première Guerre mondiale que se situa la période héroïque de l’exploration avec pour premier but une course au pôle Sud par les représentants des grandes puissances. C’est ainsi que Roald Admunsen y parvient en 1911, un mois avant que Robert Scott n’y perde la vie. En 1928, l’avion de George Wilkins survolait le continent. En 1946, l’amiral Richard Byrd mettait sur pied l’opération High jump qui mobilisait un porte-avions, quelque quinze navires, des avions et près de 5 000 personnes. Un an plus tard, l’opération était renouvelée sous le

Faut-il rappeler qu’au cours du XXe siècle, plusieurs nations avaient expressément émis des revendications territoriales sur le continent Antarctique ? Outre leur volonté d’annexion, elles voulaient également réglementer et taxer toutes les sortes de pêches dans les eaux territoriales. Ces États, nommés États possessionnés, avaient bâti leurs revendications sur une série d’arguments tels que prises de possession symboliques, actes de puissance publique, installations d’établissements et de stations scientifiques… De fait, sept États ont historiquement émis des prétentions territoriales : le Royaume-Uni (entre 1908 et 1930), la NouvelleZélande (en 1923), la France (décret du 27 mars 1924), l’Australie (en 1933), la Norvège (en 1939), l’Argentine (en 1939) et le Chili (en 1940). À côté de ces États possessionnés, des pays comme les États-Unis et l’ex-URSS avaient également fait part de leur volonté d’annexion de ce territoire qui constituait pour eux une zone stratégique par excellence. À l’occasion de l’année géophysique internationale (1957-1958), près de douze grandes nations avaient manifesté leur intérêt pour le continent Antarctique en y installant quelque soixante bases, dont une quarantaine sur la grande île. Il apparut alors nécessaire de fabriquer un cadre réglementaire destiné à rationaliser les recherches internationales qui se déroulaient sur ce continent. C’est ainsi que le 1er décembre 1959 était signé le traité sur l’Antarctique, appelé parfois traité de l’Antarctique. Il allait entrer en vigueur le 23 juin 1961. Son but était de réglementer les relations entre les États signataires pour tout ce qui concernait le continent. Ce traité s’appliquait à tous les territoires du sixième continent, puisqu’il incluait également toutes les plates-formes glacières situées au sud du 60° parallèle sud. Les premiers signataires étaient l’Afrique du Sud, l’Argentine, l’Australie, la Belgique, le Chili, les États-Unis, la France, le Japon, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et l’ex-URSS. Il était prévu que n’importe quel autre pays invité par la totalité des signataires pouvait s’y adjoindre, ce qui a été le cas à plusieurs reprises depuis cette date. En effet, aujourd’hui, quarante-sept États ont ratifié le traité sur l’Antarctique, lesquels sont divi-

sés en deux groupes : d’une part les parties consultatives, qui ont droit de vote lors des réunions organisées par elles, d’autre part des parties non-consultatives dotées simplement d’un droit de parole excluant tout droit de vote. Outre les douze premiers signataires, les seize autres parties consultatives sont par ordre chronologique de ratification : la Pologne (1961), les Pays-Bas (1967), le Brésil (1975), la Bulgarie (1978), l’Allemagne (1979), l’Uruguay (1980), l’Italie (1981), l’Espagne (1982), le Pérou (1982), la Chine (1983), l’Inde (1983), la Finlande (1984), l’Équateur (1984), la Suède (1984), la Corée du Sud (1986) et l’Ukraine (1992, puis 2004). Les dix-neuf parties non-consultatives sont : le Danemark (1965), la Roumanie (1971), la Papouasie-Nouvelle-Guinée (1981), Cuba (1984), la Hongrie (1984), l’Autriche (1987), la Corée du Nord (1987), la Grèce (1987), le Canada (1988), la Colombie (1989), la Suisse (1990), le Guatemala (1991), la République tchèque (1993), la Slovaquie (1993), la Turquie (1996), le Venezuela (1999), l’Estonie (2001), la Biélorussie (2006) et Monaco (2008).

Sous haute tension ? Les parties consultatives se réunissent annuellement depuis 1991 – les réunions ne furent que biannuelles de 1961 à 1991. Ces dernières ont été à l’origine de plusieurs conventions, relatives en particulier à la protection des phoques, de la faune, de la flore marine, des ressources minérales et plus généralement à la protection de l’environnement (Protocole de Madrid). L’objectif principal de ce traité est d’assurer au sixième continent l’intérêt de toute l’humanité et de faire en sorte qu’il ne soit employé qu’à des fins pacifiques et d’éviter à tout prix qu’il puisse devenir l’enjeu d’intérêts nationaux. Pour les États possessionnés, le traité constitue une limitation librement consentie de l’exercice de leur souveraineté, mais il reconnaît en même temps leurs prétentions, en mettant en veilleuse toutes

leurs revendications territoriales. Pour les États non-possessionnés, il établit un nouveau statut applicable à une zone où aucune souveraineté n’est admise. Cela permet à ces États d’ignorer les revendications territoriales des sept pays prétendants en même temps qu’il empêche ces États non-possessionnés d’émettre quelque revendication que ce soit. Le traité sur l’Antarctique a pour mérite de n’autoriser sur ce territoire que des activités pacifiques et scientifiques. Les échanges d’informations techniques et scientifiques sont obligatoires entre pays signataires. L’implantation de bases militaires est bien évidemment prohibée, les essais nucléaires interdits, tout comme les dépôts de matériaux toxiques. Les prétentions géostratégiques des grandes puissances, tout comme les rivalités de l’Argentine et du Chili qui incluent l’Antarctique sur leurs cartes, sont ainsi limitées autant que possible. Il est vrai qu’on a découvert en Antarctique des gisements de charbon, de nickel, d’or et de pétrole, quoique pour l’instant en quantités insuffisantes pour que leurs exploitations soient rentables. Il n’empêche que la position stratégique de l’Antarctique en fait un grand désert blanc très convoité, même si de nos jours certains médias n’y voient qu’un terrain éventuellement susceptible d’illustrer les théories catastrophistes des tenants du « réchauffement climatique ». À en croire les statistiques les plus officielles et les plus sérieuses (Université de Seattle), l’Antarctique s’est réchauffé de 0,1°C par décennie depuis cinquante ans. Reste à savoir ce que ses glaces deviendraient si ce processus de réchauffement venait à se pérenniser, voire à s’intensifier.  PROFESSEUR JACQUES BARRAT

Article extrait du Bulletin d’études de la Marine n°47 de janvier 2011 intégralement consacré aux problématiques des pôles. Un numéro entièrement consultable sur le site du Centre d’études supérieures de la Marine à www.cesm.marine.defense.gouv.fr

CONTINENT LE PLUS MÉRIDIONAL DE LA TERRE, L’ANTARCTIQUE EST SITUÉ AUTOUR DU PÔLE SUD, ENTOURÉ DE L’OCÉAN AUSTRAL (OU OCÉAN ANTARCTIQUE) ET BORDÉ PAR LES MERS DE ROSS ET DE WEDDELL.

COLS BLEUS  N° 2965  12 FÉVRIER 2011  9

PASSION

Marine

ÉCLAIRAGE

LES ENJEUX DE L’ARCTIQUE Il est actuellement commandant en second du SNLE Le Terrible. Le capitaine de vaisseau Guillaume Martin de Clausonne, au prix de minutieuses recherches et d’enquêtes, est devenu un fin connaisseur de l’Arctique. Éclairages sur un océan éminemment stratégique. « L’un des enjeux géopolitiques majeurs de la prochaine décennie », selon les spécialistes. ujourd’hui, le Grand Nord connaît un nouvel environnement géopolitique. La fonte des glaces change la donne économique et stratégique. D’une part, l’Arctique va devenir un important fournisseur d’énergie. D’autre part, son intérêt comme lieu d’une dissuasion nucléaire « tout azimut » et bouclier antimissiles américain se renforce. Dans ce contexte, les enjeux de sécurité de la région sont clairement identifiés. Elle devient plus accessible, donc plus vulnérable. Elle est aussi plus convoitée. Les questions de son appropriation et de son statut juridique constituent les principaux facteurs d’instabilité. Les conflits de souveraineté se limitent actuellement au plan juridique. Mais ils pourraient se durcir, surtout s’ils provoquent la détérioration des relations entre la Russie et l’Occident. Les politiques de sécurité des États riverains, pris individuellement ou collectivement au sein de l’Otan, annoncent une militarisation de l’Arctique. Les États engagent d’importants efforts pour accroître leur présence, affirmer leur souveraineté et leur « suprématie ». De nouvelles missions à caractère essentiellement aéromaritime se profilent. Dans ce contexte, l’Union européenne (UE) a jeté les premières bases d’une politique arctique, devenue une nécessité du fait de l’importance de cette zone pour l’énergie et la sécurité économique européenne. De la même façon, la France ne peut tourner le dos à cette évolution géopolitique. Elle a des intérêts à défendre et peut être indirectement impliquée dans des crises. Pour le moment, au-delà des intentions, l’engagement militaire en Arctique reste globalement limité, tant les forces en présence sont insuffisantes face à l’ampleur des ambitions affichées. Cette réalité montre que la militarisation de la région n’est

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QU’IL S’AGISSE DE LA MARINE AMÉRICAINE (EN HAUT) OU DE LA FRÉGATE DE DÉFENSE AÉRIENNE CHEVALIER PAUL LORS D’UNE MISSION AU PRINTEMPS DERNIER, LES MARINES DE GUERRE MODERNES DISPOSENT DE CAPACITÉS MILITAIRES POUR INTERVENIR DANS LES ZONES POLAIRES SI LA SITUATION STRATÉGIQUE VENAIT À L’EXIGER.

pas irréversible. Elle est encourageante pour tous ceux qui pensent encore possible d’y faire émerger, comme en Antarctique, une « zone de paix ».

Nouvel environnement et vrais enjeux Le duel russo-américain de la guerre froide a laissé la place à un monde multipolaire, plus instable et plus complexe. La stratégie européenne de sécurité caractérise cet environnement où « les frontières sont de plus en plus ouvertes, où les aspects internes et externes de la sécurité sont indissolublement liés ». Les rapports de force s’établissent désormais sur de nouvelles bases : augmentation de la démographie mondiale, émergence de nouvelles puissances – comme la Chine ou l’Inde – hyper puissance américaine, radicalisation de l’Iran, renaissance de la Russie, fragilisation du système de sécurité collective. « Contrairement aux espoirs nés de la fin de la guerre froide, les logiques de puissance n’ont pas régressé. » La croissance économique constitue la quête essentielle des États qui « comptent » géopolitiquement, ce qui génère une forte demande de matières premières et d’énergie. Mais plus encore, c’est la sécurité sous toutes ses formes, militaire et énergétique en particulier, qui constitue leur enjeu vital. Car la sécurité est une « condition nécessaire du développement ». L’ancien secrétaire général de l’Otan, M. de Hoop Scheffer, estime que la perturbation des approvisionnements énergétiques d’un pays peut détruire les bases mêmes de sa société et de son économie, « comme s’il était en guerre, sans qu’un seul coup de feu ne soit pourtant tiré. Je pense d’ailleurs que l’Otan a des moyens qui peuvent apporter une contribution majeure dans ce domaine ». Dans ce contexte, la mer – source de prospérité, vecteur de la mondialisation – tient une place primordiale. L’océan Arctique en particulier. Sa maîtrise constitue une garantie de sécurité, cruciale pour une « planète mondialisée qui respire par le commerce international ».

Une géographie du Grand Nord redessinée

encore longtemps les plus périlleuses de la planète… Le tirant d’eau d’un iceberg pouvant atteindre cinq fois la hauteur émergée et dépasser 350 mètres !

Une dissuasion tout azimut L’Arctique est un lieu « idéal » pour les pays qui ambitionnent une stratégie de dissuasion nucléaire fondée sur une capacité de frappe en second. Géographiquement, l’Arctique est par excellence le théâtre d’une dissuasion « tout azimut ». Depuis cet océan, un SNLE fait peser une menace de représailles nucléaires sur toutes les grandes villes de l’hémisphère Nord. On peut penser que les sous-marins russes continuent de s’y abriter. L’Otan a d’ailleurs estimé, après la signature des accords Start II, que la Russie allait accorder plus d’importance à la dissuasion en mer qu’à celle basée à terre. Opérationnellement, les sous-marins trouvent un refuge idéal dans les grands fonds arctiques. Le pack glaciaire les protège des observations satellites. C’est un espace « vide », sans menace. Rares sont en effet les nations pouvant prétendre maîtriser la conduite d’une patrouille sous la glace. On sait que les Américains et les Russes en sont capables. L’autonomie requise pour opérer sous la glace nécessite une propulsion nucléaire et une navigation inertielle particulière. Pour faire surface sous la banquise, le sous-marin doit avoir des barres de plongée avant rétractables et un massif renforcé, ainsi qu’une excellente manœuvrabilité. Plus que tout, il doit être discret car le bruit ambiant en milieu polaire est faible. La fonte du pergélisol, la transformation de la glace en eau libre, ainsi que l’activité liée au transport maritime font peser des risques environnementaux nouveaux. En promulguant dès 1970 la loi sur « la

prévention de la pollution des eaux arctiques », le Canada a très tôt affiché ses préoccupations en matière de sécurité environnementale. En août 2008, il a exigé l’inscription des navires étrangers auprès de Nordreg (1) et a porté sa compétence de 100 à 200 nautiques. Par ailleurs, la crainte de trafics illicites – terrorisme, migrations, trafic d’êtres humains, narcotrafic, transit d’armes interdites – commence à naître en Amérique du Nord. Pour le moment, l’environnement arctique est cependant encore peu propice au développement de ce type de menace.

Quel statut juridique ? Le statut juridique de l’océan Arctique n’est régi par aucun traité spécifique et ses terres émergées appartiennent aux seuls pays qui l’entourent. C’est la Convention des Nations unies sur le droit de la mer,

À PROXIMITÉ DU PÔLE NORD, L’USS HONOLULU DE LA CLASSE LOS ANGELES (US NAVY) PATROUILLE… SOUS LA SURVEILLANCE PARFOIS AIGUISÉE D’OURS POLAIRES !

Les glaces et le climat vigoureux ont toujours été l’ultime obstacle à son développement. Aujourd’hui, le réchauffement climatique fait progressivement émerger une région riche au plan économique. D’importantes réserves énergétiques et de matières premières vont devenir accessibles et attractives, compte tenu de l’évolution de leurs cours et de leurs coûts d’exploitation. Certaines espèces de poissons devraient migrer vers les eaux nordiques plus fraîches. De nouvelles zones de pêche vont ainsi se créer. Le tourisme est également en pleine croissance. Le pôle Nord devient une destination à la mode, certains touristes étant prêts à débourser 1 500 dollars par jour pour voyager à bord du briseglace nucléaire russe Yamal. Quoi de plus incroyable que de faire le tour de la Terre en quelques secondes autour du pôle ! Par ailleurs, des routes de navigation septentrionales reliant l’Amérique du Nord et l’Asie, plus courtes et plus sûres vis-à-vis de la piraterie, commencent à s’ouvrir. Si leur rentabilité reste à confirmer, ces voies polaires offrent un gain en distance de 40 %. Elles s’affranchissent de la précarité et de la dépendance qu’induirait l’interdiction, provoquée ou subie, des canaux de Panama ou de Suez. Cependant, elles resteront COLS BLEUS  N° 2965  12 FÉVRIER 2011  11

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dite de Montego Bay du 10 décembre 1982 qui s’applique. Elle contient des dispositions relatives à la délimitation des zones maritimes, à l’exploitation des ressources biologiques et minérales, et à la protection de l’environnement. Elle a été ratifiée par tous les États riverains, sauf les États-Unis, qui se trouvent ainsi dans un vide juridique qui les écarte des décisions sur les revendications territoriales. Ils ont d’ailleurs bien compris ce piège. La directive présidentielle sur la sécurité de l’Arctique, signée récemment, recommande la ratification. Cette convention suscite trois désaccords, ainsi qu’un débat de fond sur sa « pertinence » en Arctique. Le premier désaccord concerne le partage des ressources naturelles. La délimitation des plateaux continentaux et des zones économiques exclusives (ZEE) donnent lieu à des interprétations différentes. La Russie, qui nourrit de vastes ambitions, revendique 1,2 million de km2 de fonds marins qui recèle d’importantes réserves d’énergie non encore attribuées. En juin 2007, elle a annoncé avoir la preuve que la dorsale montagneuse de Lomonosov, ainsi que sa voisine Alpha-Mendeleyev, étaient un prolongement géologique de la Sibérie, donc un territoire russe. Pour étayer ses affirmations, deux mois après, elle a conduit une action spectaculaire en

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plantant son drapeau par 4 000 mètres de fond sous le pôle Nord. Le deuxième désaccord est relatif au statut juridique des détroits russes et canadiens. D’un côté, le Canada cherche à préserver sa souveraineté dans les eaux de l’archipel arctique. Son Premier ministre, Stephen Harper, regrette que « des navires étrangers franchissent régulièrement le territoire canadien sans permission. Chaque incursion représente une menace potentielle pour la sûreté et la sécurité des Canadiens. Nous devons toujours savoir qui sont ces navires et pour quelle raison ils franchissent notre territoire ». D’un autre côté, les États-Unis revendiquent, comme une haute priorité nationale, la liberté des mers et contestent la position canadienne. À ce titre, ils considèrent le passage du Nord-Ouest comme un détroit international, octroyant à tout navire un droit de transit sans entrave. Ce n’est d’ailleurs un secret pour personne que les sous-marins américains l’empruntent régulièrement. Des chasseurs Inuit ont, paraît-il, aperçu des périscopes dans le détroit de Barrow… À une époque, le Canada aurait bien voulu acheter des sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) uniquement pour pouvoir échanger du renseignement avec d’autres nations alliées susceptibles de déployer des sous-marins dans ses eaux. Le troisième dés-

Une solution internationale pérenne doit être trouvée au plus tôt, prenant en compte l’intérêt de tous. Tous, c’est non seulement les cinq États directement présents sur place, mais l’ensemble de la communauté internationale, car, je le répète, l’avenir de l’Arctique est un enjeu pour l’humanité toute entière. PRINCE ALBERT DE MONACO

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accord traite des revendications territoriales, dont celle relative à l’île de Hans, située dans le détroit de Nares, entre le Groenland et l’île Ellesmere, qui oppose le Canada et le Danemark.

Bientôt une stratégie européenne ? L’élaboration d’une politique arctique de l’UE est une nécessité. L’Arctique fait partie de la Dimension septentrionale, qui regroupe l’UE, l’Islande, la Norvège et la Russie. Mais il n’existe pas encore de politique arctique. Deux documents en fournissent seulement les bases. Le premier est une communication de la Commission européenne de 2008 qui plaide pour une approche coordonnée des questions arctiques. Il rappelle que « l’UE est liée à la région arctique par une combinaison d’éléments historiques, géographiques, économiques et scientifiques. Trois États membres – le Danemark (Groenland), la Finlande et la Suède – possèdent des territoires dans l’Arctique. Deux autres États arctiques – l’Islande et la Norvège – appartiennent à l’Espace économique européen. Le Canada, la Russie et les États-Unis sont des partenaires stratégiques de l’UE. Au-delà des zones relevant de la souveraineté des États, certaines parties de l’océan Arctique sont situées en haute mer et relèvent des fonds marins gérés par l’Autorité internationale des fonds marins ». Le deuxième document, publié par M. Javier Solana sous le titre « Changements climatiques et sécurité internationale », attire l’attention sur les intérêts européens en matière de sécurité. « Il devient de plus en plus nécessaire d’aborder la question des prétentions territoriales et de l’accès à de nouvelles voies commerciales, au cœur d’un débat de plus en plus vif entre plusieurs pays, qui met en péril la capacité de l’Europe à défendre efficacement ses intérêts dans la région en termes d’échanges commerciaux et de ressources et risque de mettre la pression sur ses relations avec

Et la France dans tout ça ?

DEPUIS LES ANNÉES 1970, LES SOUS-MARINS AMÉRICAINS OU RUSSES PATROUILLENT SOUS LA BANQUISE DE L’OCÉAN ARCTIQUE GLACIAL, FAISANT DE TEMPS À AUTRE SURFACE.

ses partenaires clés. » L’Assemblée de l’Union européenne occidentale (UEO) a consacré un rapport à la dimension septentrionale de la sécurité européenne. Son rapporteur se dit convaincu que « la sécurité dans l’Arctique revêt une importance grandissante pour l’Europe et que les parlementaires nationaux doivent en conséquence manifester un intérêt accru pour cette région ». Il souligne à cet égard que « l’Arctique est une région qui pourrait à l’avenir jouer un rôle dans une partie de l’approvisionnement énergétique de l’Europe et doit donc rester une zone de faible tension ». L’intérêt essentiel de l’UE en Arctique est en effet énergétique. Sa dépendance vis-àvis de cette zone est croissante, en particulier avec la Russie et répond à la nécessaire diversification de ses approvisionnements.

La stabilité de la région contribue à la sécurité de la France puisque « la stratégie de sécurité nationale embrasse aussi bien la sécurité extérieure que la sécurité intérieure, les moyens militaires comme les moyens civils, économiques ou diplomatiques. Elle doit prendre en compte tous les phénomènes, risques et menaces susceptibles de porter atteinte à la vie de la nation » (Livre blanc). La France ne doit pas oublier que l’Arctique est avant tout un océan. À ce titre, elle y a des intérêts à défendre et un rôle à jouer. Le président de la République a rappelé l’importance de la mer au cours d’un discours sur la politique maritime. « Notre avenir dépend de la mer, en tant que ressource, en tant qu’écosystème et en tant que lieu d’échanges. Et l’avenir de la mer sur notre planète dépend aussi de l’attitude de la France. » Les intérêts français en Arctique sont économiques et stratégiques. La France n’exerce certes pas de revendication particulière sur les ressources naturelles de la région, mais le Grand Nord participera de plus en plus, comme pour les autres pays de l’UE, à la sécurité de son approvisionnement énergétique. Il y a un marché à saisir pour l’industrie pétrolière française, qui est déjà aujourd’hui partie prenante dans le développement de la mer de Barents. La liberté des mers, en Arctique comme sur tous les autres océans, n’est pas négociable. « Pour la France et ses alliés, le passage du Nord-Ouest constituera un enjeu de sécurité et de sûreté, à l’instar des autres lignes de communications maritimes dans les approches littorales. » Michel Rocard estime qu’en Arctique la France « s’offre une diplomatie de l’intérêt général ; nous n’y avons aucun intérêt stratégique propre à la France ; mais nous avons tous un intérêt stratégique énorme à ce que la sécurité de la navigation soit assurée, à ce qu’on pêche en paix et sans banditisme, à ce que la sécurité militaire tienne à peu près. En fait mon rêve est d’entraîner toute l’UE dans cette affaire ». François Cornut-Gentille, membre de la Commission de la Défense nationale, a officiellement demandé au gouvernement quelles étaient les orientations prises face à l’enjeu stratégique arctique. « L’Arctique est devenu un enjeu stratégique majeur. Plusieurs États

ont renforcé leur capacité militaire opérationnelle afin d’affirmer leur souveraineté sur cette zone neutre. Compte tenu de ses engagements internationaux et de ses intérêts propres, la France ne peut ignorer ce nouvel enjeu. » La réponse est claire. Certes, le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale a défini un arc de crise prioritaire qui s’étend de l’Atlantique à l’Asie centrale qui n’intègre pas les régions arctiques. Mais, dans la mesure où les tensions potentielles de cette zone intéressent des pays de l’Alliance atlantique ou de l’UE (États-Unis, Canada, Danemark, Norvège), ainsi que la Russie, la France peut être « indirectement » associée à des crises dans cette zone. Par ailleurs, si le Livre blanc ne prévoit pas l’acquisition de matériels spécialement développés pour des opérations en zone arctique, « il convient de souligner que la France dispose d’ores et déjà de capacités militaires répondant aux exigences de fonctionnement dans les zones climatiques extrêmes. C’est notamment le cas des navires de combat, dont le fonctionnement et les performances spécifiées sont systématiquement vérifiées en zones froides et chaudes sur les premiers bâtiments de série ».

Les jeux sont faits ? L’Arctique devient une interface stratégique majeure entre les pays nord asiatiques (Chine, Japon, Corée), l’Amérique du Nord et l’Europe de l’Ouest. Cette région est désormais au cœur de la bataille économique mondiale que se livrent ces pays. Sa sécurité et sa stabilité sont essentielles pour l’émergence d’une gouvernance capable aborder les défis de façon globale. Pour le moment, l’avenir de l’Arctique n’est pas encore figé. D’un côté, des États s’emploient à soutenir fermement le cadre internationalement reconnu de la convention de Montego Bay comme une aide à la diplomatie. Mais les insuffisances de ce traité rendent la militarisation du Grand Nord inévitable, d’autant plus qu’il n’est pas dans l’intérêt des États-Unis et de la Russie d’y interdire les activités militaires. D’un autre côté, l’idée d’un nouveau traité, à l’identique de celui de l’Antarctique commence à se faire entendre. Mais son écho est encore trop faible pour espérer à court terme faire de l’Arctique une « zone de paix ». La première orientation semble prendre le pas sur la seconde. Mais rien n’est joué. Il suffit de regarder vers la Méditerranée, exemple de mer fermée où les États riverains ont accepté de limiter, pour certains, leur ZEE. Le prince Albert de Monaco nous invite à considérer l’intérêt de l’humanité toute entière. « Face aux risques potentiels, nous devons agir. L’importance des ressources en jeu ne fera que dégrader la situation dans les années qui viennent. C’est pourquoi une solution internationale pérenne doit être trouvée au plus tôt, prenant en compte l’intérêt de tous. Tous, c’est non seulement les cinq États directement présents sur place, mais l’ensemble de la communauté internationale, car, je le répète, l’avenir de l’Arctique est un enjeu pour l’humanité toute entière. »  CV GUILLAUME MARTIN

(1) Zone de trafic de l’Arctique canadien. Article extrait du Bulletin d’études de la Marine n°47 de janvier 2011 intégralement consacré aux problématiques des pôles

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PASSION

Marine

EXPLORATIONS

AMERS POLAIRES Ancien de la marine marchande, puis de l’industrie pétrolière, le capitaine de corvette (R) PaulLouis Paoli est un passionné des explorations arctiques et antarctiques. En spécialiste averti, ce féru des pôles évoque les liens séculaires qu’entretient la Marine nationale avec le monde polaire. Points de repères.

1833 Le lieutenant de vaisseau Jules Poret de Blosseville commande le brick-canonnière la Lilloise. Officiellement chargé du soutien des pêcheurs français en Islande et d’une mission d’observation magnétique pour l’Académie des sciences, la capitaine de Blosseville élargit son champ d’action et va reconnaître la côte inexplorée de la partie orientale du Groenland, au sud de la partie étudiée par Scoresby. Ses dernières lettres font état de ses découvertes entre 68°00’N et 69°30’N, par 27°W. Fin août 1833, la Lilloise disparaît corps et biens. Les recherches des années suivantes ne permettent pas de retrouver la moindre trace du bâtiment et de ses soixante-quinze hommes d’équipage. En reconnaissance, les Danois baptiseront les terres aperçues et cartographiées « côte de Blosseville ».

LE CAPITAINE DE VAISSEAU JULES DUMONT D’URVILLE.

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1837-1840

1852

Le roi Louis-Philippe souhaite que la France s’engage franchement dans la découverte de la zone australe de notre planète. Il confie cette mission au capitaine de vaisseau Jules Dumont d’Urville, marin, hydrographe et savant exceptionnel. En 1838, à la tête des corvettes Astrolabe et Zélée, d’Urville explore les îles Shetland du Sud, puis la côte Ouest de la péninsule antarctique. Des glaces très abondantes limitent cette première tentative. Dumont d’Urville rallie la Tasmanie d’où il met à nouveau le cap vers le Sud. 21 janvier 1840, après vingt jours de navigation dans une mer dantesque, une terre est reconnue. Il la baptise « Adélie », du nom de sa femme. La France vient d’entrer dans l’histoire de la conquête du « sixième continent ».

Promu lieutenant de vaisseau, JosephRené Bellot est à nouveau autorisé à servir dans une expédition britannique. Objectif : poursuivre les recherches de Franklin. Il embarque à bord du Phoenix, dépose du courrier à Belcher, puis disparaît dans les glaces flottantes vers le 15 août 1853. Le capitaine Bellot est le seul Français qui se soit associé aux recherches de l’amiral Franklin. Un monument lui est dédié à Greenwich.

1851-1853 Depuis 1845, le grand explorateur anglais sir John Franklin est perdu dans les glaces arctiques. De nombreuses expéditions britanniques sont envoyées sur ses traces.

1851 Le ministre français de la Marine autorise l’enseigne de vaisseau Joseph-René Bellot à se joindre à l’une d’entre elles. Il est nommé commandant en second de la goélette Prince-Albert. Bellot longe l’île de Baffin, découvre le détroit qui porte maintenant son nom, puis un cap situé au nord de la Terre du Princede-Galles qui est baptisé « Cap Bellot », mais ne retrouve aucune trace de Franklin.

1882-1883 Le capitaine de frégate Martial commande le troismâts Romanche. Il est chef de la Mission du Cap Horn. C’est la première manifestation scientifique internationale. Elle prend le nom de « première année polaire ». Méthode : pendant une année, les différentes missions accomplissent les mêmes travaux de géodésie, géophysique et météorologie sur des points variés de la Terre, mais surtout dans les régions avoisinant les pôles. Un poste en Terre de feu, dans la baie d’Orange, a été attribué à la France. C’est la Romanche, armée par la Marine, qui sert de base.

1938 : LES VAISSEAUX L’ASTROLABE ET LA ZÉLÉE, CHASSENT LES PHOQUES.

1820 : LE POURQUOI PAS ? AU GROENLAND.

1950 : LA TERRE ADÉLIE.

1920-1936 À la suite de ses deux expéditions en Antarctique (1903 et 1908), Jean-Baptiste Charcot a acquis une renommée internationale. À partir de 1920, son emblématique trois-mâts à machine auxiliaire Pourquoi-Pas ? est armé par la Marine nationale. L’officier de marine de réserve Charcot (il deviendra capitaine de frégate) cumule les fonctions de chef de mission et de commandant. Douze expéditions à caractère essentiellement scientifique sont conduites vers l’Arctique. Parmi elles, la « deuxième année polaire » 19321933. La France confie au commandant Charcot la responsabilité de la mission préparatoire. Objectif : organiser une station polaire au Scoresby Sund. La Marine se charge de l’armement du Pourquoi-Pas ? auquel elle adjoint le brise-glace Pollux. La participation de la France à cette grande entreprise scientifique internationale a été un succès. La Marine a acquis des connaissances qui seront de la plus haute utilité pour nos futures expéditions polaires.

SEPTEMBRE 1936 Au retour d’une mission vers le Groenland, au cours d’une tempête d’une rare brutalité, le Pourquoi-Pas ? disparaît au large des côtes islandaises. Quarante morts, officiers, officiers mariniers, quartiers-maîtres, matelots et scientifiques. Un survivant, le maître timonier Gonidec.

1948-1950 En 1946, la France découvre que ses droits sur la Terre Adélie sont contestés. Une expédition vers ce secteur de six degrés que Dumont d’Urville avait

1950 : L’AVISO POLAIRE COMMANDANT CHARCOT.

découvert en 1840 et qui avait été oublié, est organisée. Paul-Emile Victor obtient les crédits nécessaires. La Marine nationale se charge du transport maritime de notre expédition.

NOVEMBRE 1948 Un ancien mouilleur de filets antimines, en bois de chêne, long de 58 m, l’aviso polaire Commandant Charcot, appareille de Brest. Bloqué trois mois plus tard par un pack infranchissable à 35 nautiques du but, il rentre à Brest. Nouveau départ l’année suivante. Après de farouches batailles contre les glaces, l’objectif est atteint. D’après Bertrand Imbert, ancien

officier de marine et ancien chef de diverses expéditions polaires françaises, ils sont les premiers à avoir foulé la neige glacée du pôle Nord géographique. « Mais le monde n’y prête qu’une attention discrète », s’amuse l’historien Paul-Louis Paoli.

3 FÉVRIER 1950 Le capitaine de vaisseau Max Douguet fait hisser le pavillon tricolore sur la Terre Adélie. Les onze membres de l’expédition viennent d’être débarqués. Ils réaliseront le premier hivernage. CC (R) PAUL-LOUIS PAOLI

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PASSION

Marine

MISSION POLAIRE

PÔLE NORD : UN DERNIER SECRET ? L’Arctique n’a pas encore dévoilé tous ses mystères. Dans la région du pôle Nord géographique, autour de l’axe de rotation de la Terre, subsiste comme « un trou noir » pour la science : une zone non mesurable par les satellites scientifiques. Et à 800 km des côtes, cet espace demeure très difficile d’accès. ôle Nord 2012 est le nom de la mission polaire et maritime parrainée par l’Académie de Marine qui a pour but de combler cette absence de données. « Dérives, concentration et épaisseur de la banquise, validation des estimations de dérives obtenues par interpolation des observations satellites autour de la zone, donner un ordre de grandeur de l’épaisseur de la banquise à comparer aux estimations alentours réalisées par le satellite Cryosat et valider les prévisions de dérives issues de modèles numériques : voilà le programme », explique Fanny Ardhuin du Laboratoire d’observations spatiales de l’Ifremer. Une mission délicate puisque seul le recueil de mesures in situ est possible. Une équipe de deux hommes – Julien Cabon, officier de

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la marine, et Alan Le Tressoler, ancien responsable des bases arctiques françaises – va donc se faire déposer au pôle Nord en mars 2012. Pour réaliser leurs objectifs, ils devront chaque jour se repositionner à l’endroit exact du pôle Nord géographique. Une lutte quotidienne contre la dérive de la banquise qui les obligera à parcourir plusieurs kilomètres par jour pendant une période d’environ six semaines. Cet équipage évoluera sur cet océan de glace. Ils tracteront des traîneaux amphibies de 150 kg chacun qui leur serviront de radeaux pour traverser les bras de mer. Ce maintien au pôle Nord géographique est une première mondiale. « Véritable base fixe, au cœur même de l’océan Arctique, cette expédition permettra également d’étudier la

microbiologie marine et d’élargir les connaissances sur la biodiversité de la neige et de la glace », ajoute Catherine Larose, chercheur au laboratoire Ampère. Et des prélèvements de plancton sont également à l’étude. Récoltées pour les laboratoires français (Ifremer, Ampère), ces données suscitent aussi l’intérêt de nombreux laboratoires internationaux. « À notre époque, on a du mal à croire qu’il reste encore des zones du monde inexplorées, explique Alan Le Tressoler, ingénieur logistique de l’expédition. Mais c’est pourtant bien le cas, et nous sommes impressionnés par l’intérêt que la communauté scientifique internationale porte aux mesures que nous allons recueillir. » Si Pôle Nord 2012 peut apporter aux scientifiques cette petite pièce manquante du puzzle, « l’océan glacial arctique demeure un sanctuaire qui nous délivrera, sans doute, encore bien des secrets », termine-t-il.  EV1 JULIEN CABON

PÔLE NORD 2012 EST UNE EXPÉDITION SCIENTIFIQUE AYANT POUR BUT DE RECUEILLIR DES DONNÉES SUR LA BANQUISE DU PÔLE NORD GÉOGRAPHIQUE. À SUIVRE SUR WWW.POLENORD2012.FR/

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D’où vient donc l’étrange attirance de ces régions polaires, si puissante, si tenace, qu’après en être revenu on oublie les fatigues morales et physiques pour ne songer qu’à retourner vers elles ? D’où vient le charme inouï de ces contrées pourtant désertes et terrifiantes ? Est-ce le plaisir de l’inconnu, la griserie de la lutte et de l’effort pour y parvenir et y vivre, l’orgueil de tenter et de faire ce que d’autres ne font pas, la douceur d’être loin des petitesses et des mesquineries ? Un peu de tout cela, mais autre chose aussi... JEAN-BAPTISTE CHARCOT

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Bâtiment hydro-océanographique Beautemps-Beaupré

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FICHE TECHNIQUE

BHO Beautemps-Beaupré

Le Beautemps-Beaupré Le bâtiment hydro-océanographique BeautempsBeaupré (A 758) porte le nom du père de l’hydrographie française. Il réalise des travaux d’hydrographie et d’océanographie côtiers et hauturiers pour le Service hydrographique et océanographique de la Marine (Shom). Mis sur cale en 2001 et admis au service actif en 2003, le Beautemps-Beaupré, basé à Brest, est armé alternativement par deux équipages.

10 mois de mission en 2011 La Marine nationale et le Shom s’associent afin d’effectuer régulièrement des relevés scientifiques dans les régions où les informations manquent, car la connaissance des fonds marins est un élément important pour la sécurité de la navigation. C’est dans ce cadre que le Beautemps-Beaupré est parti en mission au mois de février en mer Méditerranée et océan Indien.

Missions • En matière d’hydrographie et d’océanographie militaires Il participe à la connaissance physique, biologique, chimique et géologique des mers et fonds marins. • En matière d’hydrographie générale Le Shom contribue à l’amélioration des connaissances océanographiques générales dans la mesure où elles intéressent la défense. L’objectif est de disposer d’une perception de plus en plus précise de l’environnement aéro-maritime. • Missions secondaires – Expérimenter de nouvelles méthodes de mesures ou de recherche en utilisant des équipements nouveaux dans lesquels l’acoustique sous-marine est susceptible d’avoir un rôle important, – permettre, à l’occasion, la mise en œuvre d’engins remorqués pour des essais au profit de la Marine,

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– effectuer des missions de présence au profit de la Marine, – effectuer des travaux océanographiques au profit de l’Ifremer (10 jours/an).

Caractéristiques techniques • Longueur : 80,64 mètres • Largeur : 14,90 mètres • Tirant d’eau : 6,20 mètres • Tirant d’air : 27,90 mètres • Déplacement : 2 125 tonnes, 3 300 à pleine charge • Distance franchissable : 8 100 nautiques à 10 nœuds • Vitesse maximale : 14 nœuds • Autonomie : 45 jours

Équipements scientifiques • Sondeurs multifaisceaux grands fonds : Simrad EM 120, de 200 à 10 000 mètres • Sondeur multifaisceaux petits fonds : Simrad EM 1002, de 10 à 600 mètres • Sondeurs verticaux grands fonds : Simrad EA 600 • Sondeurs verticaux petits fonds : Simrad EA 400 • Sondeur latéral remorqué • Courantomètres Doppler : de 38 à 150 kHz • Gravimètres, célérimètre, bathythermographe, magnétomètre bathysonde (mesure des pressions, températures, conductivité…) L’ensemble des capteurs acoustiques est placé sous la quille dans une nacelle appelée « gondole ».

Autres équipements • 3 laboratoires et 4 salles de traitement • 1 grue arrière de 10 tonnes et 1 grue avant de 1,2 tonne

• 1 portique arrière de 10 tonnes et 1 portique latéral de 5 tonnes • 2 vedettes hydrographiques de 8 mètres

Équipage • • • •

5 officiers 10 officiers mariniers 10 quartiers-maîtres et matelots 25 hydrographes

Autres bâtiments hydrographiques • Bâtiments hydrographiques de 2e classe La Pérouse (A 791), Borda (A 792) et Laplace (A 793). Placés sous le commandement opérationnel du chef d’état-major de la Marine, au sein de la flotte du Shom, naviguent au profit de la mission hydrographique de l’Atlantique (MHA). • Navire d’exploration profonde Pourquoi pas ? Il appartient à l’Ifremer (équipage civil), mais son utilisation est partagée (150 jours/an) avec la Marine nationale qui l’a cofinancé à 45 %. Il met en œuvre les sous-marins d’exploration Nautile (piloté et pouvant plonger à 6 000 mètres) et Victor (téléopéré, portée de 8 000 mètres et immersion jusqu’à 6 000 mètres), et le système Newtsuit pour le sauvetage des équipages de sous-marins en difficulté jusqu’à 300 mètres.

INFO

actus

SECTION DE RECHERCHES DE LA GENDARMERIE MARITIME UN NCIS À LA FRANÇAISE ? Pollutions, naufrages, abordages, piraterie maritime, terrorisme, trafic de drogue… les enquêtes à diligenter sont toujours plus complexes, sans compter leur dimension internationale. Pour se charger des enquêtes pointues, la Gendarmerie maritime s’est dotée depuis 2009 d’une section de recherches. 1 Rattachée directement au commandant de la Gendarmerie maritime, la section de recherches (SR) est de fait, l’unité de police judiciaire de la Marine nationale.

Une unité singulière à plus d’un titre C’est l’une des rares unités de police judiciaire françaises à bénéficier d’une compétence nationale et même mondiale pourrait-on dire compte tenu de ses missions sur les bâtiments de la Marine et les navires battant pavillon français, ainsi qu’aux théâtres d’opérations extérieurs. Tant au sein de la Marine nationale que du monde maritime, la SR est chargée de constater les infractions à la loi pénale ou au code de justice militaire, d’en découvrir les auteurs et de les présenter à la justice. Son action s’exerce, selon le principe de continuité territoriale, en complément des offices centraux et unités de police judiciaire locales (sections de recherches de la gendarmerie départementale et SRPJ), avec le soutien de la sous-direction de la police judiciaire de la direction générale de la Gendarmerie nationale.

Une organisation originale dictée par les contraintes opérationnelles Composée de 46 militaires, tous officiers de police judiciaire, commandée par un lieutenant-colonel, la SR maritime présente une organisation originale, articulée en quatre détachements : • le groupe commandement, basé à Houilles (78) ; • trois détachements à Cherbourg, Brest et Toulon, à proximité directe des préfets maritimes. Chaque façade présentant une physionomie propre, les autorités judiciaires, militaires et administratives disposent ainsi d’un détachement spécialisé, parfaitement adapté à son territoire.

comme ceux des autres sections de recherches de la gendarmerie, un cursus au Centre national de formation à la police judiciaire de Fontainebleau. Ils bénéficient en plus des stages du Centre national d’instruction de la Gendarmerie maritime à Toulon, de l’École nationale de la magistrature, de l’École nationale supérieure de police et de diverses structures militaires. Ses spécialistes (délinquance économique et financière, analyse criminelle, nouvelles technologies et criminologie) sont formés dans diverses facultés jusqu’au master. Enfin, l’unité disposera à l’été 2011 d’une capacité NRBC(1) lui permettant de rechercher les éléments de preuve en milieu contaminé. Par ailleurs, chaque détachement déve-

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loppe un pôle d’excellence dans le domaine de l’atteinte aux personnes, de l’atteinte aux biens, de la piraterie, de la lutte anti-terrorisme maritime, des abordages, accidents ou événements de mer des bâtiments ou aéronefs. Le commandant d’unité dispose ainsi de groupes de militaires hyperspécialisés dans des domaines extrêmement techniques, ayant déjà permis à plusieurs reprises de projeter, au gré de circonstances souvent dramatiques, les enquêteurs ad hoc.

Une unité en devenir Reconnue par les instances de coopération policière ou judiciaire internationales, la SR enregistre d’ores et déjà, un portefeuille d’affaires conséquent,

dont plusieurs dossiers de criminalité organisée de dimension internationale, seule ou en co-saisine d’offices centraux et de grandes unités de police judiciaire. Sous l’égide de la Direction des affaires criminelles et des Grâces du ministère de la Justice, du ministère des Affaires étrangères ou du sécrétariat général à la Mer, fréquemment sollicitée par les forces chargées d’une mission de police étrangères, la SR maritime participe à plusieurs groupes de travail, interministériels ou au sein des structures internationales de coopération policière ou judiciaire, contribuant ainsi directement à forger la doctrine en matière d’emploi et de procédures. Section de recherches d’armée, la SR maritime est, tant pour le chef d’étatmajor de la Marine et les préfets maritimes, les délégués du gouvernement Outre-mer, que pour les magistrats, l’outil grâce auquel les autorités d’emploi peuvent exercer la plénitude de leurs compétences, judiciaires et administratives, pour les infractions commises des eaux intérieures à la hautemer, comme pour celles commises à terre, en particulier liées à l’activité maritime et à ses populations. En cela, la section de recherches de la Gendarmerie maritime se distingue du NCIS.  (1) NRBC : Nucléaire, radiologique, biologique, chimique.

La SR maritime participe à plusieurs groupes de travail, inter-ministériels ou au sein des structures internationales de coopération policière ou judiciaire.

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Une unité hautement spécialisée aux compétences multiples Tout autant marins que gendarmes, les militaires de la SR maritime suivent, COLS BLEUS  N° 2965  12 FÉVRIER 2011  21

INFO

actus

BDD CE QUE LA RÉFORME CHANGE POUR VOUS

LA BASE DE DÉFENSE DE TOULON A MARQUÉ OFFICIELLEMENT SON EXISTENCE LE 26 JANVIER 2011 LORS DE SA PREMIÈRE CÉRÉMONIE DES COULEURS PRÉSIDÉE PAR LE CONTRE-AMIRAL DENIS BÉRAUD, COMMANDANT DE LA BASE DE DÉFENSE. CELLE-CI EST LA PLUS IMPORTANTE DES 60 BDD FRANÇAISES AVEC 23 400 PERSONNES, DONT 15 000 ISSUES DE LA MARINE.

La « révolution culturelle » annoncée par la généralisation des bases de défense est en marche en métropole comme à l’étranger et Outremer. Si tous les aspects n’en sont pas encore aboutis, la réforme du soutien en interarmées donne déjà ses fruits et concerne tout le monde. 1 La base de défense (BdD) « a pour mission d’assurer l’administration générale et le soutien commun des formations implantées dans son secteur de responsabilité ». C’est en substance ce que chacun peut lire sur le site Internet de l’état-major des armées (http://www.defense.gouv.fr/ema). La base de défense est donc la zone géographique dans laquelle les armées, services et organismes de la Défense mutualisent leurs moyens de soutien commun et d’administration générale. En clair, c’est une nouvelle organisation rationalisée à l’échelle locale, intégrée dans une chaîne de commandement unique, placée sous l’autorité du Cema. Si l’interarmisation est un des principes clés des bases de défense, la Marine reste largement majoritaire sur trois sites :

Brest-Lorient, Cherbourg et Toulon. Voilà pour la théorie.

De la théorie à la pratique La généralisation des BdD, effective au 1er janvier 2011, a marqué un cap important même si, dans la pratique, il reste encore beaucoup à faire. C’est le résultat de plusieurs phases d’expérimentations engagées depuis 2009 qui aboutissent, aujourd’hui, au déploiement de soixante BdD en métropole, Outremer et à l’étranger. Dans chacune d’elles, on trouve un groupement de soutien de la BdD (GSBdD), luimême divisé en quatre services : achats/finances/comptabilité, administration du personnel (ressources humaines, formation…), soutien vie (restauration, hôtellerie loge-

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ment, loisirs…), soutiens communs (transports, magasins communs…). Centre de compétences et de services, le GSBdD constitue le cœur du dispositif de mutualisation. Il est le bras armé de la BdD. Il est aussi un interlocuteur nouveau pour les formations soutenues. Qu’attendre alors d’une telle réforme ? D’abord, une organisation adaptée à un contexte économique contraint qui préserve l’opérationnalité des armées. Ensuite, une baisse significative des coûts de fonctionnement du soutien. Les économies ainsi dégagées sont réinvesties dans le renouvellement des équipements et pour améliorer la condition du personnel. Enfin, la simplification et l’harmonisation de démarches administratives et de

procédures, souvent très différentes d’une armée à l’autre. Si les résultats de la réduction des coûts seront visibles à plus longue échéance, la mutualisation du soutien des armées est cependant déjà une réalité. En raison de leur organisation déjà mutualisée, les grands ports maritimes ont été édifiés en bases de défense. Cependant, même si les BdD de Brest-Lorient, Toulon et Cherbourg sont essentiellement composées d’entités de la Marine, elles sont, selon les cas, également teintées kaki ou bleu ciel et comportent des formations interarmées. À Brest-Lorient, le contre-amiral Charles-Henri Leulier de La Faverie du Ché est à la tête d’une des plus grosses BdD avec 22 500 personnes, dont près de 80 %, civils et

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militaires confondus, sont des effectifs de la Marine. Sur les 260 organismes du ministère de la Défense que compte la BdD, 170 appartiennent à la Marine. Les autres formations sont donc bien présentes. L’armée de l’Air, par exemple, avec son centre militaire de coordination et de contrôle de Loperhet ou l’atelier industriel aéronautique, est rattachée à la BdD. Ainsi, la maintenance des véhicules de ces entités est assurée aujourd’hui par la base navale. La gestion des véhicules de transport a d’ailleurs été mutualisée grâce à un outil informatique, avec des effets très sensibles sur la disponibilité. Et tous les sites environnants se sont mis au diapason. Le soutien commun, auparavant de la responsabilité de chaque base comme l’île Longue, revient maintenant au GSBdD de Brest-Lorient. Dans le même ordre d’idées, le logement ou les capacités d’achat (bureautique, ameublement…) de l’antre des SNLE sont désormais gérés par le GSBdD. Enfin, la création en 2010 du Bureau interarmées des logements militaires de la BdD de BrestLorient permet de disposer d’une vue d’ensemble du domaine locatif et de mieux gérer l’attribution des logements familiaux pour l’ensemble du personnel de la base de défense.

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Toutes les semaines, un conseil de la base de défense réunit tous les chefs d’organisme pour évoquer leur plan de charge ou le contrôle de gestion notamment.

conseil de la base de défense réunit tous les chefs d’organisme pour évoquer leur plan de charge ou le contrôle de gestion notamment. À plusieurs milliers de kilomètres de là, Djibouti, mise en œuvre en 2009, est la première des neuf BdD étranger et Outre-mer. C’est une BdD largement interarmées et fortement marquée par l’activité opérationnelle car elle soutient l’ensemble des forces françaises stationnées à Djibouti (FFDJ). En 2010, on dénombrait environ 860 militaires et personnels civils recrutés sur place pour remplir les fonctions du GSBdD. « Lorsque les FFDJ se déploient, elles ont besoin de lits, de tentes, de douches et de cuisines de campagne. Mon unité a la charge de la maintenance de ce matériel », explique le lieutenant-colonel Lachaux, l’un des responsables du

GSBdD. Dans le domaine des ressources humaines, c’est désormais le service RH du GSBdD qui assure le traitement administratif des décisions prises par les commandants de formation (saisie des formulaires de notation par exemple). Sans remettre en cause l’autorité d’emploi des commandants de formation sur leur personnel, ce dispositif permet de les décharger de tâches administratives souvent très chronophages. Faciliter la gestion et le suivi de la solde dans une configuration interarmées, une idée qui a fait son chemin et qui s’avère encore plus évidente avec la mise en œuvre des bases de défense. « Pour la gestion de la solde, la BdD de Djibouti a adopté le système Louvois (logiciel unique à vocation interarmées), précise le lieutenant-colonel Lachaux. Cela

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répond notamment au besoin de dématérialisation et de rationalisation des services administratifs. » D’ici 2012, Louvois devrait être déployé sur l’ensemble des bases de défense. Tout le personnel aura alors accès à son bulletin de solde, à son dossier individuel et à ses données personnelles via un portail unique. Les bases de défense constituent un nouveau modèle d’organisation où s’appliquent une grande partie des transformations en cours au sein de la Défense. Leur mise en place est un vaste chantier qui implique une « révolution culturelle » dans l’organisation, les modes de fonctionnement et de gestion, mais aussi dans la perception que chaque militaire a des services de proximité.  EV GRÉGOIRE CHAUMEIL

Le soutien interarmées prend tout son sens À Nancy, loin du bleu de la mer et de la Marine, c’est une autre histoire. L’armée de Terre et l’armée de l’Air représentent chacune près de la moitié des effectifs de la base de défense. Quelques irréductibles marins du Cirfa et du recrutement des officiers occupent malgré tout la caserne Thiry. À quelques encablures, le GSBdD et ses différents services (finances, ressources humaines…) ont installé leur quartier général à la caserne Verneau. Leur personnel « a pris la main » sur les dépenses du LV Jean-Michel Latargez et de ses marins : « Mes factures arrivent chez eux, mes dépenses fixes, d’électricité de chauffage aussi. » Et d’ajouter « avant la BdD, chaque armée avait son adresse postale et un contrat propre. Aujourd’hui, il n’existe plus qu’une seule adresse et un contrat pour l’ensemble des unités. » Ici autant qu’ailleurs, le soutien en interarmées a pris tout son sens dans les tâches administratives quotidiennes. Toutes les semaines, un

SI L’INTERARMISATION EST UN DES PRINCIPES CLÉS DES BASES DE DÉFENSE, LA MARINE RESTE LARGEMENT MAJORITAIRE SUR TROIS SITES : BREST-LORIENT, CHERBOURG ET TOULON.

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L’EC225 EN ALERTE SECMAR LES TAXIS SONT VERTS Avec l’arrivée à Lanvéoc du deuxième EC225 en décembre dernier, ces hélicoptères assurent 24h/24 l’alerte de secours en mer sur la façade atlantique. Comment les équipements de nouvelle génération garantissent une meilleure sécurité pour l’équipage ? Qu’apporte l’avionique moderne de ces « machines » pour les missions des pilotes ? Pour le savoir Cols Bleus a partagé pendant plusieurs jours le quotidien et la mission des hommes de la 32F. L’EC225 au banc d’essai.

1 La sirène hurle l’alerte. Le rotor tourne déjà. L’équipage s’affaire autour de l’appareil mais l’un d’eux me retient par l’épaule. Pour ce vol, le mécanicien de bord, le « mecbo », ne me quittera pas des yeux. Sur le tarmac, mon ange gardien me hurle à l’oreille des recommandations de dernière minute: « Pas d’initiative sans mon autorisation. Tu prendras des photos quand je te le dirai. » D’un signe de la tête, je le rassure. Je serai docile. Sanglé à mon siège je prends enfin le temps d’observer le « cargo », son intérieur. À première vue, rien ne le distingue d’un appareil civil ; ou devrait-on dire plutôt : « À quelques exceptions près, il n’a rien d’un appareil militaire. » Le ventre de l’hélicoptère est spacieux quoique bas de plafond, l’équipement flambant neuf. De l’extérieur aussi, l’EC225 n’a pas son semblable dans la Marine(1). Cinq pales au lieu de quatre habituellement sur nos appareils militaires, un puissant phare de recherche

LE TREUILLAGE DU PLONGEUR ET DE L’ÉQUIPE MÉDICALE PREND DES ALLURES DE HAUTE VOLTIGE.

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sur son flanc gauche et un treuil sur son flanc droit. Construit par Eurocopter, l’EC225 a été livré à la 32F de Lanvéoc l’année dernière au standard « secours maritime ». Depuis décembre dernier, les deux hélicoptères assurent ensemble l’alerte SAR(2).

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Haute voltige Aujourd’hui la météo est clémente, peu de vent et un ciel dégagé. Entre deux crachotis de la radio, le pilote et son copilote s’assurent de leur tableau de bord : « Frein rotor ? Libre et désarmé… Paramètres moteur ? C’est bon… Test carburant ? Fait… Ok vas-y. » Le « taxi » est vert, paré à décoller. Dix minutes se sont écoulées. « Vous avez de la chance, confiera plus tard un homme de la flottille. Il arrive qu’il se passe une semaine ou deux avant qu’une alerte se déclenche. » Une « chance » somme toute relative : en pleine mer un pêcheur, victime d’une mauvaise chute, souffre d’une fracture ouverte à la jambe. La mer étant basse, son navire de pêche n’est pas en mesure de rejoindre le port. Le Bérénice 2 est repéré au large du sémaphore de Penmarc’h, à seulement 30 nautiques de la côte. L’EC225 peut en parcourir 250 avec une autonomie de quatre heures, grâce à deux réservoirs latéraux. À pleine vitesse, il peut atteindre 177 nœuds, aussi expéditif qu’un TGV. L’appareil effectue un virage à 30° et se place face au vent. Le chalutier ne fait que 15 mètres de long. L’évacuation du blessé se fera par le pont arrière. L’EC225 s’est positionné à l’exacte verticale du navire de pêche. Le pilotage automatique de l’hélicoptère lui permet de tenir un vol stationnaire, même dans des conditions météorologiques dégradées. Vu d’ici, le treuillage du plongeur, du médecin et de l’infirmière prend des allures de haute voltige. Mais

la flottille, le capitaine de frégate Azzis : « L’EC225 permet de voir plus loin en toute sécurité. » Sur le chalutier, le médecin assure les premiers soins. Enfin, la civière et la victime remontent lentement, grâce au treuil, la vingtaine de mètres qui séparent le bateau de l’hélicoptère. Ce treuil, que le « mecbo » commande d’une main, a fait justement l’objet d’un aménagement particulier demandé par la Marine sur le produit initial. Il est à vitesse variable avec une longueur de 90 mètres et peut supporter 250 kg, plus le poids de deux

2 1 C’EST LA FIN D’UN CALVAIRE POUR LE PÊCHEUR INFORTUNÉ. 2 POUR LA SEULE ANNÉE 2010, UNE TRENTAINE DE NAUFRAGÉS SONT REDEVABLES À LA 32F D’UNE ASSISTANCE EN MER PARFOIS PROVIDENTIELLE. 3 LE PILOTAGE AUTOMATIQUE DE L’HÉLICOPTÈRE LUI PERMET DE TENIR UN VOL STATIONNAIRE, MÊME DANS DES CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES DÉGRADÉES.

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les hommes de la 32F sont rompus à ces manœuvres qu’ils répètent inlassablement toute l’année, de jour comme de nuit. Car ces pilotes, qu’un journal national appelait dernièrement les « héros ordinaires », se préparent au pire. Et celui-ci a un nom : l’Erika en 1999 ou plus récemment le MSC Napoli en 2007. La « 32 » est une des unités les plus sollicitées par le secours maritime sur la façade atlantique. Ces hommes ont un lourd héritage : médaille de l’aéronautique, lettres de félicitations et témoignages de satisfaction en bataille. Mais depuis 1970, date à laquelle la flottille a perçu ses premiers Super Frelon, la zone d’intervention du secours maritime tend à s’étendre en profondeur dans les mers, de plus en plus loin des côtes françaises. Bien souvent il s’agit de navires en transit vers l’Angleterre. Pour faire face à des interventions de longue distance, il fallait « une bête de course ». Comme le répète à l’envie le pacha de COLS BLEUS  N° 2965  12 FÉVRIER 2011  25

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personnes. L’opération de sauvetage aura duré deux heures. C’est la fin d’un calvaire pour le pêcheur infortuné. Ce tour de force est le quotidien de la flottille. Pour la seule année 2010, la 32F a répondu à plus d’une trentaine d’alertes et presque autant de naufragés sont redevables d’une assistance en mer parfois providentielle. Mais l’insolence de ces sauveteurs face au danger a ses contreparties : un entraînement exigeant et surtout une maîtrise parfaite de leurs « taxis ».

1 LE TREUIL A FAIT L’OBJET D’UN AMÉNAGEMENT PARTICULIER DEMANDÉ PAR LA MARINE SUR LE PRODUIT INITIAL. 2 À PLEINE VITESSE, L’EC225 PEUT ATTEINDRE 177 NŒUDS, AUSSI EXPÉDITIF QU’UN TGV. 3 DEPUIS DÉCEMBRE DERNIER, LES DEUX MACHINES ASSURENT ENSEMBLE L’ALERTE SAR.

pareil n’étant pas conçu pour être embarqué. L’atout principal de cet hélicoptère : une maintenance optimisée. Certaines pièces, « sans limite de vie » 3

Un bond générationnel Retour sur la base aéronavale. Le lieutenant de vaisseau Ronan Prévot se propose de me montrer le hangar dans lequel « dorment » les EC225. Un écrin spécialement aménagé pour ces nouveau-nés de la base. « L’aéronautique civile européenne impose des réglementations d’entretien et en particulier le ˝PART 145˝. Vous entrez dans un environnement contrôlé ˝PART 145˝ c’est-à-dire reconnu dans le manuel de l’organisme de maintenance Eurocopter. Rien dans la base aéronavale ne lui est identique. » C’est la première fois qu’un hélicoptère de la Marine est entretenu selon des règles de maintenance civile. Rien ne s’y opposait, l’ap26  COLS BLEUS  N° 2965  12 FÉVRIER 2011

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selon le capitaine Prévot, nécessitent uniquement quelques vérifications d’usage. « Chaque année, comme le contrôle technique d’une automobile, une personne extérieure nous réattribue après un examen préalable, le certificat de navigabilité de l’appareil. Quant aux pièces de rechange dont nous pourrions avoir besoin, certaines sont déjà prépositionnées sur le site et suivant le type de lot restent la propriété d’Eurocopter. » Pour épauler le capitaine Prévot, un autre homme, Laurent Levionnois, a été détaché par Eurocopter sur la base : « Cette collaboration entre un industriel et son exploitant militaire est inédite. C’est un partenariat gagnant/gagnant dans lequel chaque partie tire des bénéfices. » Et M. Levionnois de faire l’article de son protégé : «Si l’EC225 reste perfectible comme tout produit, il a fait un bond générationnel. Le tableau de bord par exemple est un concentré de technologie. Pour paramétrer une navigation tactique, un pilote peut télécharger les coordonnées de sa mission – longitude, latitude, altitude – et laisser la machine faire le reste. » Le capitaine Prévot

complète : « Ce ne sont que des aides au pilotage. Les pilotes restent seul maîtres à bord… mais il est vrai que nous avons remis en cause notre façon de travailler. » Depuis l’arrivée des EC225 sur le site, le délai moyen de décollage sur alerte est de quinze minutes ; le taux de disponibilité des hélicoptères atteint quant à lui 88 %, un niveau très satisfaisant. À l’étranger, la Chine s’est elle aussi emparée du « saint-bernard des mers ». Le ministère chinois des Transports a commandé pour cette année deux exemplaires de l’appareil qui équiperont bientôt le service des sauvetages et des interventions d’urgence.  EV GRÉGOIRE CHAUMEIL

(1) L’armée de l’Air utilise une version militarisée, l’EC725 Caracal de la base aérienne de Cazaux, pour effectuer des missions de recherche et sauvetage au combat. (2) Search and rescue.

EC225 FICHE TECHNIQUE Constructeur : Eurocopter Longueur : 19 mètres Vitesse de croisière : 270 km/h Vitesse maximum : 325 km/h Charge utile : 3 800 kg Masse : 11 tonnes Plafond : 6 000 mètres Distance franchissable : 1 000 km Autonomie : 4 h Équipages en SAR : 2 pilotes, 1 treuilliste, 1 plongeur, 1 médecin, 1 infirmier, 21 passagers

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MOYENS AÉRIENS DE LA MARINE 672 PERSONNES SECOURUES EN 2010

21 PERSONNES PAR LA 31F (LYNX)

1 Les équipages de l’aéronautique navale accomplissent régulièrement des missions de sauvetage sur les façades atlantique, méditerranéenne et outre-mer dans le cadre de l’action de l’État en mer, sous l’autorité des préfets maritimes ou des commandants de zone. Sur terre, ils interviennent cette fois sous la direction des officiers généraux de zone de défense. L’année 2010 a été marquée par deux événements climatiques majeurs : la tempête Xynthia, dans la nuit du 27 au 28 février, qui a frappé principalement la Vendée et la Charente-Maritime, et un épisode pluvioorageux d’une rare violence qui s’est abattu sur la région de Draguignan le 15 juin. Ces deux catastrophes ont mis en exergue le rôle primordial de l’hélicoptère dans les opérations de secours : évaluation de la situation, repérage des itinéraires, acheminement des sauveteurs ou prompt secours. Le bilan 2010 de 491 personnes directement secou56 PERSONNES PAR LA 25F (GARDIAN)

39 PERSONNES PAR LA 22S (ALOUETTE III)

259 PERSONNES PAR LA 35F (DAUPHIN SP ET ALOUETTE III)

34 PERSONNES PAR LA 32F (SUPER FRELON/EC725/EC225)

rues par les hélicoptères à cocarde à ancre est donc exceptionnellement élevé suite à ces deux événements. Les avions de patrouille, de surveillance et d’intervention maritime ne sont pas en reste. Dans le Pacifique, la

25F a, depuis Tontouta et Faa’a, contribué au sauvetage de 56 naufragés. La 24F, basée à Lann-Bihoué, a apporté son concours au sauvetage de 125 personnes. Un chiffre très élevé suite au sauvetage par les marins de 112 per-

138 PERSONNES PAR LA 36F (PANTHER)

sonnes à bord de l’Athéna, un navire usine en proie à un incendie au large des îles Scilly le 27 octobre. Le total des personnes secourues par ou avec le concours d’un avion de patrouille de surveillance et d’intervention maritime s’élève ainsi à 181. Au final, en 2010, les moyens aériens de la Marine nationale ont contribué au sauvetage de 672 personnes. Le sauvetage en mer est pour la Marine une mission et une préoccupation de premier ordre. En 2010, la capacité de sauvetage hauturier a été confortée sur la façade atlantique par la dotation de deux hélicoptères moyens EC225 au sein de la flottille 32F en remplacement des vénérables Super Frelon. En 2011, deux nouveaux Dauphin SP seront mis en œuvre dans le Pacifique par la 35F aux côtés des Gardian de la 25F. Ces deux hélicoptères renforceront notablement les capacités d’action dans cette zone.  LV THIERRY DELORME

125 PERSONNES PAR LA 24F (FALCON 50)

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GROUPE DE GUERRE DES MINES DÉPLOIEMENT 2011 ET STAGE OTAN

PROGRESSION DE L’ÉQUIPE D’INVESTIGATION EN STAGE AU NMIOTC.

1 Du 24 janvier à la mi-avril 2011, les chasseurs de mines tripartite Andromède et Croix du Sud et le BCR Var sont déployés en mission guerre des mines en océan Indien. Tous les deux ans, la Marine nationale déploie un groupe de guerre des mines dans la zone océan Indien. Le groupe réalise des missions de reconnaissance des fonds dans cette zone d’intense trafic maritime. Le déploiement 2011 permettra notamment de travailler dans les détroits de Bab el-Mandeb et d’Ormuz qui comptent parmi les voies maritimes les plus empruntées au monde. Y transitent par exemple une grande partie des approvisionnements français et européens en pétrole. Ces actions contri-

buent à sécuriser le transit de tous les navires les empruntant. Le Var intervient en soutien de ce déploiement. Il accueille l’état-major «guerre des mines» et effectuera également des missions de soutien et de ravitaillement des navires présents dans la zone. Les mines sont une menace toujours d’actualité. Elles impactent les opérations navales mais aussi le trafic commercial maritime international puisque 80% des échanges mondiaux s’effectuent par mer. Cette menace est très diversifiée car constituée d’un éventail très large de mines, de la plus sophistiquée à la plus basique, voire artisanale, les plus simples étant les plus répandues. La mine représente

une arme de choix dans les conflits asymétriques grâce à son très bon rapport coût/efficacité (une mine coûte quelques milliers de dollars et peut causer des dégâts de plusieurs centaines de millions de dollars). Cette efficacité est par ailleurs démultipliée par son aspect « aveugle », touchant aussi bien les belligérants que les navires neutres, ainsi que par la véritable psychose qu’elle peut créer désorganisant rapidement et durablement le trafic maritime. Durant ce déploiement guerre des mines, différentes coopérations avec des marines alliées, britannique et américaine notamment, ou des marines riveraines, sont prévues.

Escale studieuse au NMIOTC En escale à La Sude fin janvier 2011, le Groupe de guerre des mines 2011 a profité de son passage en Crète pour participer à un stage au Nato Maritime Interdiction Operational Training Center (NMIOTC). Les équipes de visite bénéficient ainsi d’infrastructures d’entraînement adaptées et d’un enseignement précieux s’ils sont amenés à contrôler l’activité de certains navires, comme le font régulièrement les bâtiments de la Marine. Le NMIOTC est un centre d’entraînement de l’Otan qui offre la possibilité aux marins des pays alliés de suivre divers modules afin, entre autres, d’être préparés aux opérations de visite et de contrôle des navires.

L’intérêt principal de ce centre réside dans des mises en situation très réalistes à bord d’un navire dédié à l’entraînement avec la participation d’un plastron et la mise en œuvre du système d’entraînement Simunition® (utilisant des cartouches à projectiles marquants).

Un entraînement en deux phases Le temps disponible pour les bâtiments français est court, le programme s’annonce dense. Le thème central du premier module concerne l’évolution tactique sur les extérieurs d’un bâtiment, de l’embarquement à la sécurisation de la passerelle sur 360°. L’accent est mis sur la sécurisation d’une pièce et sur l’évolution tactique à l’intérieur d’un navire. Le deuxième module précise les différentes techniques de prise en compte d’un équipage. Au programme : l’organisation des palpations de sécurité, les méthodes de combat rapproché et la sécurisation d’une pièce avec maîtrise d’individus menaçants. Autant de mises en situation que de cas pouvant être rencontrés par les équipes de visite. Le rythme des modules est soutenu et met à rude épreuve le physique et le mental des marins qui ont pu développer leur pugnacité et leur combativité et se préparer ainsi à leur déploiement. CR1 AUDREY BAUER

FASM PRIMAUGUET CAP SUR LES USA

LA BAILLE À LA MARMAR

1 Lundi 24 janvier, la frégate antisous-marine Primauguet a quitté son port-base de Brest pour mettre le cap vers la côte Est des États-Unis. Sa mission, d’une durée de dix semaines, est de participer à la qualification opérationnelle d’un groupe aéronaval américain constitué autour du porteavions USS George H. W. Bush. D’une durée de deux semaines, cette mission doit permettre de développer l’interopérabilité entre la Marine nationale et son homologue améri-

1 En escale à Saint-Malo, des élèves-officiers de la promotion 2010 de l’École navale ont découvert l’une des quatre écoles nationales de la marine marchande (ENMM). Celle de la cité corsaire puise ses origines en 1669 avec la décision de Colbert, ministre de la Marine, de créer une École royale d’hydrographie. L’école propose un enseignement initial, des validations d’acquis d’expérience et des remises à niveau pour former les futurs officiers « pont » et « machine ». Afin de délivrer un diplôme reconnu par la Commission des titres de l’ingénieur (CTI) et adapté aux besoins

caine. Une quinzaine de bâtiments participera à ce déploiement au large des côtes américaines, auquel prendront également part les marines espagnole et canadienne. Les 230 marins du Primauguet, sous le commandement du capitaine de vaisseau Marc Pouly, poursuivront leur mission avec un sous-marin nucléaire d’attaque français en Atlantique et effectueront des échanges avec la Marine du Cap-Vert où ils feront escale sur le transit retour. 

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des grandes sociétés internationales, l’établissement malouin met à la disposition de ses élèves et stagiaires des simulateurs et ateliers qui permettent d’appliquer leurs connaissances théoriques dans des conditions proches de la réalité. À l’image de l’École navale, l’ENMM se modernise pour s’adapter aux défis des nouveaux navires qui seront confiés à ses futurs diplômés. Afin de prolonger cet échange, les commandants des bâtiments-écoles Lynx et Chacal ont invité une partie des cadres à visiter leur bord. 

CHRONIQUE

dupersonnel

ÉCOLE DE GUERRE-CID POUR PENSER ET COMPRENDRE LA GUERRE Le 20 janvier, M. Alain Juppé, ministre d’État, ministre de la Défense et des Anciens Combattants, a présidé la cérémonie au cours de laquelle le Collège interarmées de défense (CID) est redevenu l’École de guerre (EG). Un changement de nom auquel tenait le chef d’étatmajor des armées, l’amiral Édouard Guillaud. La nouvelle promotion a reçu son nom de baptême : promotion Général de Gaulle. 1 Autres temps, autres préoccupations. En 1993, les différentes écoles de guerre (une pour chaque armée et la Gendarmerie) étaient réunies dans une structure unique, le Collège interarmées de défense (CID). Il s’agissait, à l’époque, de développer la culture interarmées des officiers appelés à exercer de hautes responsabilités et de tirer les conséquences d’un contexte international apaisé après la chute du mur de Berlin. Les conditions ont changé. Des menaces nouvelles sont apparues. Les militaires français sont aujourd’hui engagés dans des opérations extérieures parfois très dures. Certaines s’apparentent à de véritables actes de guerre, comme en Afghanistan.

Évolution des menaces L’enseignement au CID avait déjà pris en compte cette évolution des menaces et des conditions d’intervention. Le fait de le rebaptiser « École de guerre » n’est cependant pas que symbolique, il montre aux officiers stagiaires qu’ils doivent se préparer à participer à des conflits et réfléchir à tout ce que cela implique : « C’est ici qu’on doit penser, comprendre la guerre », a rappelé le ministre. Historiquement, la première École de

LE DPMM EN TOURNÉE DES PORTS : LE CALENDRIER Le vice-amiral d’escadre Olivier Lajous, directeur du personnel militaire de la Marine et souschef d’état-major ressources humaines, sera en tournée des ports du 16 mars au 8 avril 2011.

LES STAGIAIRES FRANÇAIS ET ÉTRANGERS LE 20 JANVIER DANS LA COUR DE L’ÉCOLE MILITAIRE.

guerre est apparue sous Louis XV en 1751. Mais c’est seulement en 1878 qu’a été créée dans sa version moderne, pour les officiers de l’armée de Terre, l’École supérieure de guerre. À l’époque, on pensait à former les officiers de la revanche, à la suite de la toute récente guerre franco-prussienne. Quelques années plus tard, en 1896, était créée à Brest l’École supérieure de guerre navale. Suivront plus tard celles de l’armée de l’Air et de la Gendarmerie.

Édouard Guillaud, a baptisé la promotion actuelle, lui donnant le nom de « Général de Gaulle ». Tout un symbole

pour rappeler les vertus guerrières, les idéaux de la vocation militaire et les vertus de l’homme du 18 Juin. La promotion Général de Gaulle, dont le cursus a commencé en septembre 2010, compte 336 officiers stagiaires, parmi lesquels 101 étrangers provenant de 72 pays. Les marins, officiers de marine et commissaires sont au nombre d’une quarantaine. Sélectionnés sur concours, à l’issue de l’École de guerre, ils accèdent à des responsabilités d’état-major et de commandement dans la Marine, dans les organismes et états-majors interarmées et interalliés.  SM ANAËLLE BASLE

L’INSIGNE DE LA PROMOTION La promotion Général de Gaulle de l’École de guerre met en vente son insigne (homologué G 5159), réalisé à 1 100 exemplaires numérotés, au prix de 15 euros port inclus. Les commandes et les chèques (libellés à l’ordre de « Amicale CID promotion ») sont à adresser à : Bureau Promotion – École de Guerre – Division D 1 place Joffre 75700 PARIS SP 07

De Gaulle, le symbole Au cours de la cérémonie célébrant la « renaissance » de l’École de guerre, dans la cour de l’École militaire, le chef d’état-major des armées, l’amiral

Renseignements à l’adresse Internet : [email protected]

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ANNONCES CLASSÉES

• Les mercredi 16 et jeudi 17 mars à Toulon.

AVISO ESCORTEUR COMMANDANT BOURDAIS

• Les lundi 21 et mardi 22 mars à Brest. • Le mardi 29 mars à Paris. • Le mercredi 6 avril à Cherbourg. • Le vendredi 8 avril à Lorient.

Notre amicale, au sein de laquelle règne une excellente ambiance, recherche ceux qui ont navigué sur ce formidable bateau, toutes périodes et grades confondus. Rejoignez-nous, vous y retrouverez vos amis et bien d’autres choses encore (plus de 180 membres à ce jour). Pour d’autres renseignements, contactez-moi à [email protected] L’AVISO ESCORTEUR EV HENRY

Aux anciens de l’aviso escorteur EV Henry qui, après avoir traversé l’Atlantique, le canal de Panama et une partie du Pacifique, ont découvert, le 13 janvier 1974, la splendide baie des Vierges, située dans l’archipel des Marquises, à Fatu Hiva, il est demandé de donner de leurs nouvelles (mentionnez votre adresse). CV Michel Privé, 283 chemin de la Pinède 83000 Toulon. COLS BLEUS  N° 2965  12 FÉVRIER 2011 29

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dans nos ports

CHERBOURG LA MARINE AU FORUM DES MÉTIERS ET DES FORMATIONS

LES ÉTUDIANTS DÉCOUVRENT LES MISSIONS EN MANCHE ET MER DU NORD DU PSP PLUVIER.

près trois jours d’animation, le forum des métiers et des formations s’est achevé après avoir réuni plus de 7 000 visiteurs du 26 au 28 janvier 2011, à la Cité de la mer de Cherbourg. Pour cette 23e édition, la Marine nationale n’a pas lésiné sur les démonstrations non seulement pour attirer sur son stand les collégiens, lycéens et étudiants de toute la Manche qui souhaitaient en apprendre un peu plus sur la Marine nationale, mais également pour leur faire découvrir toute l’étendue des métiers qu’offre la Marine à Cherbourg. Avec deux bâtiments à visiter – le patrouilleur de service public Pluvier et le bâtiment-base des plongeurs démineurs Vulcain – les étudiants ont pu apprécier la réalité embarquée et échanger avec

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LE CONSEILLER EN RECRUTEMENT DU CIRFA ET UN PLONGEUR DÉMINEUR DU GPD MANCHE EXPLIQUENT AUX PARENTS LES DÉBOUCHÉS POSSIBLES DANS LA MARINE NATIONALE.

les membres d’équipage. Un chantier de travaux sous-marins était notamment accessible à l’arrière du BBPD Vulcain, tandis que des manœuvres d’enradiage du Hurricane étaient effectuées depuis le PSP Pluvier. Au final, 632 élèves se sont succédé à bord des bateaux gris cherbourgeois. Pendant ce temps, à l’intérieur de la Cité de la mer, une dizaine de fusiliers marins réalisait une séance de TIOR (Techniques d’intervention opérationnelle rapprochée) devant un public conquis. Puis les marins-pompiers les ont suivis avec une démonstration d’emploi du défibrillateur, tandis qu’une autre partie offrait la possibilité aux étudiants d’éteindre un feu sur le quai de France. Les plongeurs démineurs n’étaient pas en reste avec une intervention

sur colis piégé, puis revêtus de leur tenue lourde et armés de leur disrupteur à eau, ils ont arpenté les allées du forum attirant des regards intéressés de la part des étudiants qui se sont crus, l’espace d’une minute, dans une scène du film Démineurs. Sur le stand, plusieurs marins de la Formation opérationnelle de surveillance et d’information territoriale (Fosit) et de l’École des applications militaires de l’énergie atomique (EAMEA) ont su faire partager leur passion du monde de la mer en présentant leur parcours, leur mission et les choix qui les ont poussés, un jour, à franchir la porte d’un Cirfa (Centre d’information et de recrutement des forces armées).  ASP ALEXANDRA RUZZA

TOULON DE NOUVEAUX LOCAUX POUR LA FORMATION DES SAUVETEURS DE LA SNSM près plus de 2 000 heures de travail de la part des bénévoles pour remettre en état des locaux qui n’étaient plus occupés depuis de nombreuses années, samedi 22 janvier, le contreamiral (2S) Massonneau, inspecteur des nageurs sauveteurs, et le vice-amiral (2S) Meheut, délégué départemental de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) du Var, ont inauguré le nouveau Centre de formation et d’intervention (CFI) de Toulon-Var, en présence de M. Guy Le Berre, adjoint au maire et chargé des relations avec la Marine, et du vice-amiral d’escadre Tainguy, préfet maritime de la Méditerranée. Créé en 2001, le CFI Toulon-Var a pour vocation de former des nageurs sauveteurs, mais aussi d’accroître les compétences des sauveteurs embarqués en secourisme et en permis côtier et hauturier. Jusqu’à ce jour le CFI était implanté au rez-dechaussée de l’ancien service d’approvisionnement de la Marine. Le nombre de stagiaires a considérablement augmenté au fil des années, de huit pour la première promotion, le CFI de Toulon-Var accueille dorénavant des promotions d’environ trente stagiaires. De ce fait les locaux occupés étaient devenus trop exigus. Durant l’été 2010, une possibilité s’est présentée et, avec le soutien de la Marine, le

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30  COLS BLEUS  N° 2965  12 FÉVRIER 2011

CFI a intégré l’ancienne pharmacie du port à l’Oratoire, bâtiment qu’il partage conjointement avec une crèche de l’Igesa et la PMM de Toulon. La SNSM est composée de 3 500 sauveteurs embarqués, 1 500 nageurs sauveteurs, 650 formateurs, tous bénévoles, ainsi que 50 permanents au siège. Les sauveteurs embarqués arment les vedettes de la SNSM, prêts à appareiller en moins de quinze minutes, et sont répartis dans 223 stations le long du littoral. Les nageurs sauveteurs

sont, eux, des jeunes gens et jeunes filles, formés pendant 400 heures, pour assurer la sécurité des plages l’été. Trente-deux centres de formation procurent chaque année aux municipalités plus de 1 450 nageurs sauveteurs chargés de surveiller les plages. En 2010, tous les sauveteurs SNSM confondus ont sauvé 695 personnes d’une mort certaine, secouru 6 200 personnes, assisté 2 508 bateaux et soigné 17 400 personnes dans les postes de secours. 

INFO

dans nos ports

LANVÉOC SCIENCES ET TECHNIQUES POUR LA SÉCURITÉ MARITIME ciences et techniques pour la sécurité maritime » était au programme de la 6e édition de la Journée sciences navales (JSN) organisée par l’École navale, le jeudi 3 février 2011. Comme le souligne Jean-Pierre Martineau, directeur adjoint de l’enseignement, professeur en mécanique et organisateur de cette journée, « ce n’est ni un congrès scientifique ni un salon professionnel, mais une journée pédagogique à caractère scientifique ». Destinée aux élèves de première année de l’École navale, la JSN a pour objet principal de formaliser le début de la formation scientifique tout en soulignant l’importance d’un solide bagage dans ce domaine pour l’exercice du métier d’officier de marine. La JSN est d’abord une journée de rencontres et d’échanges entre les différents acteurs de l’enseignement supérieur, de la recherche, de la défense et des entreprises. Les élèves-officiers peuvent donc rencontrer des interlocuteurs d’horizons très différents et ainsi mieux comprendre les fortes interactions qui existent entre eux. Les élèves de troisième année, quant à eux, présentent le résultat de leurs projets de fin d’études scientifiques réalisés pour près de 70 % à l’étranger, dans des organismes de recherche ou des entreprises. À bord des navires de la Marine nationale, les systèmes embarqués sont de plus en plus complexes et performants : calculateurs, drones, capteurs, systèmes d’armes, systèmes d’information, ship management systems. Pour mettre en œuvre ces systèmes de manière optimale, les équipages doivent posséder des compétences qui s’appuient sur un indispensable socle de connaissances scientifiques et techniques. Ce socle permet aux officiers de prendre en compte les nombreux paramètres de ces systèmes, de tirer pleinement profit de leurs performances et de mener ainsi à bien leurs missions dans toutes les circonstances, même les plus difficiles. Cette journée permet aussi de présenter aux partenaires industriels et de l’enseignement supérieur, la formation des élèves et les activités de recherche

«S

DÉMONSTRATION D’HÉLITREUILLAGE.

DISCUSSION ENTRE M. JEAN-FRANÇOIS TALLEC, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA MER, LE CONTRE-AMIRAL MARC DE BRIANÇON, ALENAV, ET DES FISTOTS.

menées à l’Institut de recherche de l’École navale, véritable support de la formation scientifique dispensée aux élèves-officiers.

bateaux, interventions en mer…) et a présenté aux invités et aux élèves une démonstration d’hélitreuillage, illustrant l’action de l’État en mer.

Conférences, tables rondes, forums…

Un prix international

Cette année, conférences, forum et débats se sont succédé, permettant aux élèves, aux chercheurs, mais également aux industriels d’échanger sur cette thématique d’actualité. De grandes entreprises (DCNS, STX…) ont pu confronter leurs idées et leurs visions avec des structures d’experts comme le bureau Veritas, le BEA Mer ou le Cross Corsen. Il en a été de même avec de nouvelles structures émergentes des systèmes d’information géographique (SIG) comme l’entreprise CLS et enfin avec le monde de la recherche (Centrale Nantes, Telecom Bretagne, École navale…) pour que chacun puisse apporter sa vision et son ambition sur le sujet. La Marine nationale a apporté également son expertise lors des diverses tables rondes (constructions des

À l’issue de recherches appliquées réalisées pendant leurs premières années de formation d’ingénieur à l’école et pendant leurs stages en entreprises, les officiers-élèves ont exposé le fruit de leurs travaux et les ont présentés aux cadres (officiers, enseignants et tuteurs de stages présents à l’École navale). Quatre binômes ont été récompensés pour leurs travaux, notamment les enseignes de vaisseaux Laboulais et Hill, qui ont reçu le prix international. Les deux enseignes sont partis trois mois en stage à l’université de Boulder, dans le Colorado (USA), au laboratoire aérospatial (Aerospace Engineering Services). Ils ont mené un projet destiné à « modéliser les courants à l’échelle mondiale à l’aide de bouées dérivantes ». 1 380 sont réparties à travers le monde et transmettent des informations par satellite. Ce projet est destiné à être publié par William J. Emery, professeur du département aérospatial de cette université. Environ 400 personnes, dont près de 200 élèves, étaient présentes à cette journée qui a permis également à une vingtaine d’entreprises, et de laboratoires de recherche d’exposer leurs travaux et leurs savoir-faire en la matière. Le succès de cette journée démontre la qualité de l’enseignement scientifique délivré à l’École navale, de sa place et de son implication dans les réseaux de la recherche en environnement naval implantés sur la place brestoise, qui représente plus de 60 % de la recherche française sur le sujet.  EV DAVID MOAN

COLS BLEUS  N° 2965  12 FÉVRIER 2011  31

ÊTRE

combatif

RÉSILIENCE ET COMBAT PRÉCISIONS D’UN EXPERT La combativité, pour le militaire, suppose le risque de blessure, de traumatismes plus ou moins graves. L’individu doit alors se reconstruire et c’est un autre combat, individuel celui-là, qui commence. Le 28 janvier, à l’occasion de la remise des brevets de médecine navale à huit élèves de l’Institut de médecine navale du service de santé des armées (IMNSSA), le psychiatre Boris Cyrulnik a tenu une conférence ayant pour thème « Résilience et combat ». 1 Avant toute chose, M. Cyrulnik a rappelé ce que recouvre le concept de résilience. Après un traumatisme psychique qui laisse une blessure, la résilience est la capacité de la personne à continuer à vivre, mais différemment. La trace du traumatisme est présente mais cette blessure devient un nouvel organisateur du « moi ». Cette capacité à reprendre le dessus est plus aisée lorsque le traumatisme est lié à une catastrophe naturelle plutôt qu’à une catastrophe inter-humaine. M. Cyrulnik prend comme exemple les soldats engagés au combat, qui peuvent avoir deux réactions différentes. Certains manifestent des troubles au moment de l’engagement. La peur principalement. Ceux-là, lorsqu’ils rentrent chez eux, arrivent à dépasser le syndrome traumatique. À l’inverse, ceux qui pendant le combat se sont montré sereins, maîtres d’eux- mêmes, développent à leur retour plus de syndrome traumatique. L’intérêt est donc de comprendre pourquoi certains démarrent un syndrome traumatique et d’autres non. Ceux qui enclenchent leur processus de résilience ont quelque chose à nous apprendre et surtout peuvent apporter leur expérience pour en faire bénéficier le plus grand nombre. Il est intéressant de savoir comment ces soldats ont fait pour réussir à surmonter le traumatisme. Dans cette démarche, il faut distinguer le facteur de protection et le facteur de résilience. Un des facteurs de protection est le déni. Il est trompeur, car il ne permet pas d’affronter le problème. Dès lors, le syndrome traumatique démarre sournoisement, sans un mot.

Action, Affection, Mentalisation Certains mécanismes permettent à la résilience de se mette en place plus facilement. Ils se définissent en trois mots : Action, Affection, Mentalisation. Les individus ayant subit un traumatisme ont besoin d’action. Cela signifie qu’après une agression, une catastrophe naturelle, les protagonistes doivent être dans l’action, quelle qu’en soit la nature : démarche administrative, aide, déblaiement… Vient ensuite l’affection : il faut comprendre affect, c’est-à-dire être entouré. M. Cyrulnik cite l’exemple du partage d’une tasse de 32  COLS BLEUS  N° 2965  12 FÉVIER 2011

LE PSYCHIATRE BORIS CYRULNIK LORS DE LA CONFÉRENCE DU 28 JANVIER DERNIER SUR LA RÉSILIENCE ET LE COMBAT.

café. Cette notion amène la personne traumatisée à être entourée, à se sentir en sécurité. Enfin la mentalisation, c’est-à-dire la création d’un monde mental d’images et de mots qui est possible par le biais des rituels. Ces rituels, qui sont d’ailleurs très présents dans la Marine, ont une fonction tranquillisante et apportent le sentiment d’appartenance. Là encore, la Marine a développé un fort sentiment d’appartenance par le biais de signes distinctifs, de tics verbaux par exemple, qui permettent de reconnaître un sousmarinier, un aéro ou encore un surfacier. Ces comportements créent le sentiment de familiarité et donc de sécurité. Ils concourent à la mentalisation qui peut être maîtrisée par le récit verbal ou écrit. Ce récit du traumatisme diminue les séquelles et les risques de syndrome post-traumatique. Le fait de pouvoir partager son

traumatisme par l’écrit ou le verbe ne l’efface pas mais concourt à maîtriser sa représentation et à donner du sens à ce qui est arrivé. Boris Cyrulnik cite l’exemple de Bernard Feldman, psychologue israélien, qui a mis en place au sein de l’armée israélienne des lieux d’écriture et de paroles. De ce fait, les problèmes psychologiques apparaissent moindres au sein de cette armée.

Avant, Pendant, Après pour évaluer les facteurs de résilience Avant, deux mots : attachement-secure, mentalisation. Un attachement-secure, c’est l’individu qui est entouré et se sent donc en sécurité. Mentalisation : avoir dans la tête un monde de beauté, un refuge qui permet de moins souffrir de l’horreur de la situation. L’exemple le plus significatif est celui des prisonniers dans les camps japonais. Ceux qui s’en sortaient le mieux étaient les

adeptes de la poésie car ils avaient dans la tête « un monde de beauté » que personne ne pouvait leur prendre. Pendant : Si je suis entouré par des camarades qui sont des bases de sécurité, je vais souffrir mais je tiendrais mieux le coup. Une structure dans l’agression permet de mieux démarrer la résilience. Après l’engagement, le mot clé est soutien. Notamment par la mise en place de lieu de parole ou d’écriture. En évaluant ces facteurs, on a donc les moyens de prédire la résilience. Mais si la prédictibilité de résilience d’un groupe est possible, la prédictibilité de résilience d’un individu reste en revanche très difficile. Et M. Cyrulnik de conclure : « Je pense qu’avant mon exposé vos idées étaient claires, j’espère que maintenant elles sont confuses. »  LV INGRID PARROT

COURRIER

des lecteurs

VOS COUPS DE CŒUR… ET COUPS DE COLÈRE ! Cette rubrique de Cols Bleus est la vôtre ! Vous avez été quelques-uns à nous écrire. Merci à tous. De vos courriers et mails, nous avons extrait ces quelques remarques ou suggestions que nous avons trouvées pertinentes. Pour des raisons de place, nous les avons sensiblement réduites pour n’en retenir que les points importants. Que ceux dont les courriers ne sont pas reproduits ici ne nous en veuillent pas, nous ne pouvons tout publier, mais nous les avons lus avec attention et nous en tiendrons compte.



Depuis quelques années déjà, Cols Bleus a supprimé la rubrique « avancement, affectations », que j’affectionnais particulièrement pour suivre mes anciens camarades restés dans l’institution. Pourquoi cet abandon ? Deux raisons ont conduit à la suppression de cette rubrique. La première est d’abord que les avancements et les mutations sont consultables sur le réseau Intramar. Tout marin en activité y a donc facilement accès. La seconde raison est liée à la confidentialité de certaines informations. Il n’est en effet pas possible de faire état de certaines catégories de militaires (sous-mariniers et commandos notamment), ce qui revenait à ne publier que des informations incomplètes. Les seules affectations que nous continuons de publier concernent certains postes du haut commandement : états-majors centraux et organiques, ainsi que commandements territoriaux. Enfin, un trombinoscope des officiers généraux est publié annuellement. Il paraîtra dans le prochain numéro.

 Puisque vous nous invitez à donner un avis.

(…) Ayant quitté le service depuis plus de quarante ans, les principes des valeurs marins m’animent toujours aujourd’hui. Et quel plus beau témoignage peut faire un ancien comme Bernard Giraudeau que celui qu’il a fait dans son allocution lors de la réouverture de l’École des mousses. Que ces jeunes qui aujourd’hui s’engagent peuvent être assurés du bénéfice qu’ils en tireront et qui les façonneront durant toute leur vie. Qu’ils fassent carrière ou pas. Pourquoi ne pas mettre en lumière dans vos colonnes des « parcours de vie », des « succès story » d’anciens marins. Si un jeune adolescent peut avoir légitimement quelques doutes sur ses convictions, ces sillons d’anciens peuvent être une force incomparable. Dans le même esprit, je regrette de ne plus être informé des portes ouvertes et autres opérations que la Marine organise ou chapeaute sur le plan trans-générations (sortie en mer par exemple). Pour conclure, soyez assuré que je lirai le prochain numéro de Cols Bleus avec toujours le même plaisir. Marine d’un jour, marin toujours…

Tout d’abord, merci de votre fidélité à Cols Bleus. Comme nous l’avons déjà dit, nous travaillons actuellement à une maquette complètement modernisée du magazine. Parmi les rubriques nouvelles, l’une d’elles sera consacrée à des portraits de marins, en activité, réservistes ou anciens marins. Une autre présentera l’actualité des actions de communication de la Marine : expositions, portes ouvertes, escales ouvertes au public… avec les précisions nécessaires pour s’y rendre. Comme vous, d’assez nombreux lecteurs nous les ont demandées.

Cols Bleus est le magazine des marins. Si vous aimez écrire, vous pouvez participer à sa rédaction en nous apportant votre contribution. N’hésitez pas à contacter la rédaction par courrier, mail ou téléphone afin d’en discuter. Merci par avance à toutes les bonnes volontés. Cols Bleus 2 rue Royale 75008 Paris [email protected] Téléphone : 01 42 92 70 17

À l’occasion du centenaire de l’aéronautique navale, la société MEDALART a réalisé une médaille commémorative ; la face avers représente le logo du centenaire et le revers, l’ancre de marine.

CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES : DIAMÈTRE : 33 MM, ÉPAISSEUR : 2 MM, TRANCHE : LISSE, MÉTAL : OR NORDIQUE, COULEUR : OR, POIDS : 16 G

La médaille peut être commandée auprès de la société MEDALART au prix de 2 euros + frais de port. www.medalart.fr - [email protected] COLS BLEUS  N° 2965  12 FÉVRIER 2011  33

TEMPS

livre

EMBARCADÈRE 1 « Je m’attache à percevoir la personnalité de chaque navire rencontré pour mieux tenter de l’exprimer sur la toile. » De Dunkerque à Nice, tout le long du littoral maritime, l’auteur nous livre une vision picturale originale des dif-

férents quartiers des affaires maritimes qu’il a parcourus. Une représentation originale et artistique des ports de France. Le livre est conçu à la fois comme un journal de bord et un catalogue d’exposition, à lire, à parcourir et à admirer. « Notre peintre portuaire est un artiste qui a les mains au chevalet, la tête à l’horizon et le cœur à la Marine », selon la belle formule du capitaine de vaisseau Lalé, commandant de la marine à Bordeaux.  Embarcadère, par Pierre-Arnaud Lebonnois. Édition du Cercle de Bougainville, 2010, 40 €, 126 pages, www.peintre-portuaire.com

COLS BLEUS TARIFS DES ABONNEMENTS Ces conditions d’abonnement prennent en compte la parution désormais bimensuelle du magazine. Trois options sont possibles : 6 mois soit 10 numéros, 1 an soit 21 numéros, 2 ans soit 42 numéros. France métropolitaine

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COLS BLEUS N°2965 12 FÉVRIER 2011

• Que l’on considère les pôles comme des eaux couvertes de glace ou des îles entourées de mer, la Marine nationale est bien évidemment concernée par leur sort. Depuis plus de deux siècles, cette dernière a envoyé moult de ses bâtiments sur zone. Certains de ses marins s’y sont forgés d’incroyables destins. Ce dossier spécial de Cols Bleus dédié aux pôles rappelle ainsi la genèse de cette relation toute particulière, tout en ne manquant pas de raconter l’Arctique, l’Antarctique, leurs enjeux, leurs perspectives et la géopolitique des pôles. Un dossier sur des territoires sous fortes contraintes naturelles, en proie à d’importants changements consécutifs aux récents dérèglements climatiques, laissant augurer des possibilités d’exploitation de ressources naturelles conséquentes. • Les bases de défense existent officiellement depuis le 1er janvier 2011. Elles sont le pivot de la réforme du soutien dans les armées. La Marine est responsable de trois d’entre elles. • Les hélicoptères EC225 sont arrivés en 2010 dans la Marine, au moment où le Super Frelon était retiré du service. Dédiés au secours en mer, ses équipages sont en alerte 24h/24, prêts à décoller au premier appel. Reportage sur la base de Lanvéoc.

CRÉDITS PHOTOS ET ILLUSTRATIONS COUVERTURE LAETITIA RAPUZZI/MN 2E DE COUVERTURE JEREMY LEMPIN/MN

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* Le tarif spécial est conditionné par l’envoi d’un justificatif par le bénéficiaire. Il est réservé aux amicalistes, aux réservistes, aux moins de 25 ans, aux personnels civils et militaires de la Défense et aux mairies ou correspondants Défense.

Bulletin à retourner à l’ECPAD accompagné de votre règlement à l’ordre de : Agent comptable de l’ECPAD, à l’adresse ci-dessous : Établissement de communication et de Production audiovisuelle de la Défense Service Abonnements 2 à 8 route du Fort – 94205 Ivry-sur-Seine CEDEX Tél. : 01 49 60 52 44 / Fax : 01 49 60 59 92 Courriel : [email protected] Si vous souhaitez recevoir une facture, merci de cocher la case 

PASSION MARINE PAGES 6-7 : JÉRÉMY LEMPIN/MN PAGE 8 : MN PAGE 9 : RHM MALABAR/MN (HAUT) • US NAVY (2E ET 5E PHOTOS) PAGE 10 : US NAVY (HAUT) • LAETITIA RAPUZZI/MN (MILIEU) • PÔLE NORD 2012 (BAS) PAGE 11 : US NAVY PAGE 12 : RHM MALABAR/MN PAGE 13 : US NAVY PAGES 14-15 : CC(R)PAUL-LOUIS PAOLI/COLLECTION PARTICULIÈRE PAGE 16 : RHM MALABAR/MN PAGE 17 : PÔLE NORD 2012. POSTER ET FICHE TECHNIQUE PAGES 18-19 : FRANCK SEUROT/MN PAGE 20 : ALEXANDRE PARINGAUX INFO ACTUS PAGE 21 : GENDARMERIE MARITIME PAGE 22 : FRANCK SEUROT/MN PAGE 23 : INFOGRAPHIE : SERGE MILLOT/MN PAGES 24-26 : GRÉGOIRE CHAUMEIL/MN PAGE 27 : MN PAGE 28 : MN CHRONIQUE DU PERSONNEL PAGE 29 : JEAN-JACQUES CHATARD DANS NOS PORTS PAGE 30 : FRÉDÉRIC LUCAS/MN PAGE 31 : STÉPHANE MARC/MN ÊTRE COMBATIF PAGE 32 : MN

bimensuel DE LA MARINE NATIONALE

RÉDACTION : 2, rue Royale – 75008 Paris  Tél. : 01 42 92 17 17 – Télécopie : 01 42 92 17 01  E-mail : [email protected] – Internet : www.defense.gouv.fr/marine  Directeur de la rédaction : CF Jérôme Baroë  Rédacteur en chef adjoint : LV Gwennan Le Lidec  Secrétaire : SM Anaëlle Basle  Rédacteurs et journalistes : LV Charlotte Berger, EV Grégoire Chaumeil, ASP Florian Martin, Stéphane Dugast  Infographie : Serge Millot  Directeur de la publication : Hugues du Plessis d’Argentré, capitaine de vaisseau commandant le service d’information et de relations publiques de la Marine  Abonnements : 01 49 60 52 44  Publicité, petites annonces : ECPAD, pôle commercial – 2 à 8, route du Fort, 94205 Ivry-sur-Seine Cedex – Thierry Lepsch – Tél. : 01 49 60 58 56 – Télécopie : 01 49 60 59 92  Conception-réalisation : Idé Édition, 33, rue des Jeûneurs, 75002 Paris – Direction artistique : André Haillotte – Secrétaire de rédaction : Céline Le Coq – Rédacteurs graphiques : Bruno Bernardet, Virginie Gervais, Nathalie Pilant, Laurent Villemont  Photogravure : Beauclair – 15, avenue Bernard-Palissy, 92210 Saint-Cloud  Imprimerie : Quebecor – 6, route de la Ferté-sous-Jouarre, 77440 Mary-sur-Marne  Les manuscrits ne sont pas rendus, les photos sont retournées sur demande. Pour la reproduction des articles, quel que soit le support, consulter la rédaction  Commission paritaire n° 0211 B 05692/28/02/2011  ISBN : 00 10 18 34  Dépôt légal : à parution  34  COLS BLEUS  N° 2965  12 FÉVRIER 2011