Bonheur D'Occasion

qui est certainement le fruit de ce péché et qui se révolte en commettant une faute encore plus grave, en tuant sa mère et qui est poursuivi ensuite par la même ...
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Bonheur D’Occasion Themes Dispossession The novel details the loss of many things in the lives of several characters. For RoseAnna it is the loss of her children, first Eugene to the army, then Florentine to marriage and Daniel to death. For Azarius it is the loss of his vocation and subsequently his identity as a "man".

Solitude Despite being about a family the novel demonstrates the solitude of the various characters. For Rose-Anna this is best seen at the end of the novel when she gives birth practically alone. She feels completely alone and even Azarius is not there when she calls for him.

The feminine condition The condition of the woman is treated throughout the novel both on the individual level (in the lives of Rose-Anna and her daughter Florentine) and universally when RoseAnna identifies with women across the world who are affected by the senselessness of war. Feminist undertones can be found in the way Gabrielle Roy describes Rose-Anna's role in the family. Rose-Anna is, in some ways, a victim of circumstance with a husband who has no work, poverty which causes her to go searching for new lodging every spring and her Catholic faith which does not allow her to use birth control and results in many pregnancies which take their toll on her both physically and emotionally.

The futility of war A theme discussed throughout the book Roy shows many opinions on the war via various characters but there is a strong sense of war being senseless. Emmanuel Létourneau is one character (along with Rose-Anna Lacasse) who questions the meaning and motive behind going to war. He struggles with his own motivations and concludes that the purpose for going to war must be to end it one day.

Characters Florentine Lacasse •

A young waitress at the "Five and Ten restaurant"



Finds her current life to be one of drudgery and longs to find something better



supports her parents and siblings financially

Azarius Lacasse Florentine's father, a construction worker by trade who has fallen on hard times due to the depressed economy and is now working as a taxi driver to get by.

Rose-Anna Lacasse Florentine's mother, a central character in the novel who often takes on the role of the head of the family when Azarius fails to provide leadership.

Jean Lévesque An arrogant and ambitious machinist-electrician who believes himself to be better than most in Saint-Henri and is very concerned with reaching a higher status and social class.

Emmanuel Létourneau A friend of Jean Lévesque and a soldier who meets and falls in love with Florentine.

Emma Philibert Nicknamed "Fat Emma" or "Ma Philibert", the jovial owner of a combination restaurant and store

Sam Latour The owner of "The Two Records" restaurant/store, loves to discuss current affairs

Eugene Lacasse Florentine's brother who joined the army

Jenna Daniel's nurse, an English woman

Analyse de Bonheur d’Occasion INTRODUCTION 1) Gabrielle Roy est née le 22 mars 1909 à Sainte Boniface, au Manitoba. De 1929 à 1937, elle y a enseigné. En 1939, après avoir vécu à Paris et à Londres, elle s’installe à Montréal. Elle se destine alors à une carrière littéraire et commence à écrire pour la presse canadienne. D’ailleurs ses articles ont servi de toile de fond à son premier roman, Bonheur d’occasion. En 1950, paraît La petite Poule d’eau. Pendant toute sa vie, Gabrielle Roy a écrit beaucoup de romans tels que Rue Deschambault en 1955, La Rivière sans repos en 1970 ou encore Cet été qui chantait qui lui ont permis de remporter de nombreux prix et d’obtenir une très grande notoriété.

2) Bonheur d'occasion est un roman écrit par Gabrielle Roy pendant la seconde guerre mondiale. Dès sa parution en juin 1945, ce livre remporte un vif succès et permet à son auteur de gagner le prix Fémina à Paris. En outre, sa traduction anglaise est élue livre du mois par le Literie Guild of America. 3) Pendant la seconde guerre mondiale, à Saint-Henri, un quartier ouvrier de Montréal, les habitants cherchent le bonheur dans différents domaines. Ainsi Rose-Anna cherchet-elle à sortir sa famille de la misère. Son mari, Azarius, rêve d'une vie meilleure mais ne trouve pas vraiment de solution. Quant à leur fille, Florentine, elle cherche l'amour et tombe rapidement amoureuse de Jean. Malheureusement, ce dernier ne l'aime pas : il cherche seulement à occuper une place sociale plus élevée, à échapper à la misère des familles ouvrières. Emmanuel, un jeune soldat en permission ami de Jean, tombe amoureux de Florentine et la demande en mariage. Elle accepte car elle est enceinte et elle veut échapper à la honte d’être fille-mère dans une société dominée par l’Eglise. A l'issue du roman, aucun des personnages n'a donc trouvé le bonheur : ils ne trouvent tous que des bonheurs d’occasion, déjà utilisés et usés. 4) Pourquoi Gabrielle Roy écrit-elle ce roman ? Elle veut d'une part nous informer des conditions de vie à Saint Henri pendant la guerre. D'autre part, elle veut nous présenter la vision que les Canadiens Français ont de la guerre et leurs sentiments vis-à-vis des pays étrangers et en particulier avec la France.

I) ETUDE DES PERSONNAGES 1) Le personnage principal est Florentine car elle apparaît souvent dans le livre et que les autres personnages parlent beaucoup d'elle. 2) Dans le prénom Florentine, on repère Florence (ville du Nord de l'Italie). Les parents de Florentine, rêvait peut-être de voyages et de s'évader de leur vie quotidienne à Saint Henri. D'autre part, Florentine fait penser au mot enfantin. Par conséquent, elle nous apparaît fragile, naïve, facilement influençable et curieuse. Cette idée est d'ailleurs renforcée par le surnom donné par son père, fifille. Son nom est Lacasse. Ce nom ressemble plus à un surnom qu'à un nom. Il nous indique qu'elle appartient à une famille du peuple. 3) Situation initiale

Situation finale

Nom, prénom, surnom

Florentine Lacasse

Fifille

Age, situation

19ans

19ans,mariée

Profession

Serveuse au Quinze Cents

Enceinte, elle a réussi à épouser Emmanuel, qui vient d’un milieu plus aisé que le sien. Elle vivra de

la pension de l’armée. Caractéristiques physiques

Caractéristiques morales et psychologiques

Très maigre, assez jolie, longs cheveux châtains

Elle n'a pas changé

Naïve, influençable, elle est lasse de mener sa vie miséreuse au sein de sa famille. Elle rêve d’autre chose.

Elle a épousé un homme et le trompe : il reconnaîtra un enfant qui n’est pas de lui. Elle est devenue plus dure, plus lucide, décidée à s’en sortir à tout prix.

4) On ne peut pas vraiment parler d'évolution : certes Florentine s'est mariée avec Emmanuel mais elle ne l'aime pas. D'autre part, elle est tombée amoureuse de Jean mais lui ne l'aime pas vraiment : il préfère la réussite sociale à l’amour simple et sincère d’une jeune fille du peuple. On peut dire qu'elle a trouvé l'amour mais elle cherchait un amour réciproque. Elle n'a donc pas trouvé le bonheur escompté. 5) Les relations de Florentine avec Emmanuel et Jean sont donc ambivalentes car elle est mariée à Emmanuel et ne l'aime pas car elle aime Jean qui, lui, ne l'aime pas. Quant aux autres personnages, tous connaissent Florentine et parlent d'elle. On remarque également que la relation mère fille entre Florentine et Rose-Anna est très forte : les deux femmes sont liées par une compassion jamais démentie.

II) ETUDE DES LIEUX ET DE LA TEMPORALITE 1) Les lieux Les lieux sont multiples car les personnages sortent. Ils se rendent par exemple aux vues, au Quinze Cents, aux Deux records... Les personnages sont misérables et sont donc mobiles : ils n’ont pas la stabilité des familles propriétaires solidement installées. D'ailleurs, au cours du livre, la famille Lacasse, qui ne peut plus payer son loyer doit déménager pour une très petite maison, très mal située mais moins chère. 1. La narratrice évoque davantage de lieux fermés comme des restaurants, la maison des Lacasse, l'église de Saint Henri parce que les personnages sont en quelque sorte emprisonnés dans une misérable vie et n'arrivent pas à en sortir. Ce qui est d'ailleurs le cas de la majorité de la population de Saint-Henri. 2. On trouve des lieux publics comme des lieux privés. L'évocation des lieux publics permet à Gabrielle Roy de faire découvrir au lecteur le sentiment général de la population de Saint Henri par rapport à la guerre, les problèmes et les inquiétudes quotidiennes. Elle place le contexte général et nous fait donc passer les idées

générales des conditions de vie alors qu'à travers les lieux privés, elle s'attache à nous présenter la famille Lacasse en particulier, et ses difficultés financières. 3. Les lieux de l'histoire se trouvent à la ville. Gabrielle Roy a choisi la ville car elle est représentative de la condition générale de vie puisque beaucoup de personnes y vivent. 4. L'auteur a volontairement choisi des lieux réels puisque son roman est principalement basé sur la réalité historique.

2) La temporalité 1. Bonheur d'occasion a été écrit pendant la seconde guerre mondiale et est paru en juin 1945. 2. L'histoire se passe au tout début de la deuxième guerre mondiale, car à la page 20, on apprend que cela fait plus de six mois que le Canada a déclaré la guerre à l'Allemagne. De plus, est évoquée par exemple la ligne Maginot (page 43) et le fait que les Allemands ont envahi la Norvège (page 239). 3. Le récit commence six mois après que le Canada a déclaré la guerre à l'Allemagne, c'est à dire en 1939. A la page 239, on apprend que les Allemands envahissent la Norvège, c'est-à-dire en avril 1940. A la page 366, on découvre la date du 22 mai : cela peut donc être le 22 mai 1940. Il y a donc 405 pages pour une durée d'un peu moins d'un an. De plus, on sait que Rose-Anna est enceinte au début du livre et qu'elle accouche à la fin ; le livre dure donc environ neuf mois. Le récit est assez lent : on y trouve beaucoup de descriptions et assez peu d’actions. 4. On trouve de nombreuses analepses (A form of flashback in which earlier parts of a narrative are related to others that have already been narrated in pages 249, 259, 263, 281, 379,388). Ces analepses nous permettent de connaître le passé, l'enfance et les souvenirs des personnages.

III. ETUDE DE LA COMPOSITION DE L'ŒUVRE 1) L’organisation en chapitres Chapitre I : 16 pages. Florentine fait la connaissance de Jean, où elle travaille. Ils se donnent rendez-vous. Chapitre II : 15 pages. On découvre la vie de Jean et une partie de son passé. On découvre les sentiments étranges qu’il a pour Florentine. Chapitre III : 9 p. Jean rencontre le père de Florentine dans un café et on découvre leurs sentiments envers la guerre. Chapitre IV : 17 p. On fait la connaissance d’Emmanuel, l’ami d’enfance de Jean. La narratrice nous dévoile de nouveau une partie de la vie de Jean. Chapitre V : On découvre la famille de Florentine et on apprend que son frère Eugène s’est engagé dans l’armée.

Chapitre VI : 14 p. Jean invite Florentine au restaurant pour se faire pardonner de ne pas être allé au rendez-vous. On apprend que Jean ne sait pas réellement ce qu’il ressent pour Florentine, il la raccompagne et il découvre la misère de sa famille. Chapitre VII : 14 p. Le père de Florentine arrête de travailler et sa mère cherche une nouvelle maison. Chapitre VIII : 15 p. Jean et Emmanuel sont au Quinze-Cents et Emmanuel invite Florentine à une fête chez lui. Chapitre IX : 7 p. La mère de Florentine vient la voir au Quinze-Cents. Elles parlent de la maison. Chapitre X : 15 p. Florentine va à la fête, elle danse avec Emmanuel mais espère voir Jean qui ne viendra pas. Chapitre XI : 7 p. Florentine va à l’église avec Emmanuel et demande à voir Jean. Emmanuel lui demande si elle est son « amie de fille ». Chapitre XII : 16 p. Azarius a une possibilité de travail chez Lachance, par antiphrase la cause de leurs malheurs. Il repense à sa vie. Chapitre XIII : 17 p. Azarius annonce à sa famille qu’ils vont aller aux sucres, mais Florentine ne veut pas y aller. Chapitre XIV : 10 p. Florentine attend Jean à la sortie de son travail, ils vont au restaurant. Elle l’invite chez elle le lendemain. Chapitre XV : 10 p. La famille est aux sucres, Rose-Anna retrouve sa famille mais se sent encore plus triste. Chapitre XVI : Jean est chez Florentine ; elle lui donne le souvenir de son enfance malheureuse, se donne à lui. Chapitre XVII : 9 p. On apprend une autre partie de l’enfance de Jean, il n’est plus chez Florentine. Il veut partir de St Henry mais il veut revoir Florentine. Chapitre XVIII : 13 p. Daniel est à l’hôpital, sa mère se sent délaissée car il préfère une infirmière étrangère Jenny. Chapitre XIX : 9 p. Eugène est en permission, il dit qu’il va bientôt gagner plus et il met de la joie dans la maison. Chapitre XX :7 p. Eugène appelle une fille Yvette, qu’il rejoindra après être allé au Deux Records où il parle de la guerre en Norvège. Chapitre XXI : 12 p. Florentine se sent seule, elle veut retrouver Jean et se retrouve dans un café à penser. Chapitre XXII : 5 p. Florentine et Rose-Anna se rappelle leurs malheurs. La famille doit déménager mais n’a pas de nouvelle maison.

Chapitre XXIII : 9 p. Florentine va chez Marguerite, elle ne sait pas à qui confier son secret : elle est enceinte. Chapitre XXIV :12 p. Azarius annonce à sa femme qu’il a trouvé une maison et ils déménagent le soir même. Chapitre XXV : 11 p. Emmanuel vient en permission. Il veut voir Florentine car il veut lui parler ; mais il ne la trouve pas. Chapitre XXVI : 10 p. Emmanuel va au Deux Records où il voit le père de Florentine. Puis il pense à sa vie. Chapitre XXVII : 11 p. Emmanuel rencontre Alphonse, un personnage secondaire, qui lui raconte pourquoi il ne va pas à l’armée. Chapitre XXVIII : 8 p. Emmanuel rencontre Pitou en soldat et se pose des questions sur la guerre et sur sa vie passée. Chapitre XXIX : 19 p. Emmanuel et Florentine sortent ensemble et ils décident de se marier. Chapitre XXX : 17 p. Florentine se prépare pour son mariage. Sa sœur Yvonne va voir Daniel, le petit malade, à l’hôpital. Chapitre XXXI : 9 p. Le matin, Daniel est mort ; l’après-midi, Rose-Anna, sa mère, accouche d’un petit garçon. Chapitre XXXII : 8 p. Azarius annonce à Rose-Anna qu’il s’est engagé dans l’armée et qu’elle pourra bien vivre. Chapitre XXXIII :11 p. Tout le monde part à l’armée et Florentine reste à la gare où elle aperçoit Jean à qui elle ne parle pas.

1) Le roman se compose donc de 33 chapitres assez courts qui nous permettent de suivre chronologiquement neuf mois de la vie d’un quartier ouvrier. Il commence au Quinze-Cents par la rencontre de deux personnages qui semblent destinés à s’aimer, Florentine et Jean ; il s’achève avec les mêmes personnages définitivement séparés dans une gare : nos attentes sont déçues. 2) Les leitmotive sont la misère et les mauvaises conditions de vie à Saint Henri car l'auteur veut nous présenter le cadre de vie au début de la seconde guerre mondiale. 3) Le niveau de langue est familier lorsque les personnages parlent car les gens du peuple utilisait le langage familier pour s'exprimer et il faut le rappeler, l'auteur s'attache à nous présenter la réalité.

IV- L'ŒUVRE ET LA SOCIETE

1) L'époque peinte par l'auteur est le début de la seconde guerre mondiale et en particulier de 1939 à 1940. Dans Bonheur d'occasion, on sait qu'au début de l'histoire cela fait six mois que le Canada a déclaré la guerre à l'Allemagne(en 1939). Puis, on évoque par exemple la ligne Maginot (page 43) et le fait que les Allemands ont envahi la Norvège (page 239) (en avril 1940). 2) La France est entrée en guerre avec l'Allemagne en 1939. En 1940, les Allemands contournent facilement la ligne Maginot et attaquent la France par le Nord. On pense alors que les Allemands sortiront vainqueurs de la guerre. A l'arrière, la situation est également très dure car la population doit se priver de nourriture (on instaure les tickets de rationnement) et les jeunes gens sont envoyés au front. D'autre part, le Canada est également en guerre. Il y a beaucoup de pertes humaines et la population souffre. Beaucoup s'engagent comme Azarius ou Emmanuel dans le roman pour nourrir leur famille. Cependant, souvent, les Canadiens Français s’engageaient parce que le taux de chômage était très élevé et que c’était un moyen de gagner de l’argent. 3) Les personnages appartiennent au milieu ouvrier. En effet, Azarius au début du roman est ouvrier, puis devient chômeur. Sa famille doit faire face à la misère et on apprend très vite que les Lacasse doivent déménager tous les ans pour une maison plus petite et plus mal située, faute de pouvoir payer le loyer. 4) Les conditions de travail dans les années 1930 à 1960 en France comme au Québec, sont très dures car les ouvriers travaillent en général plus de quarante heures par semaines. Le taux de chômage élevé entraîne la généralisation de la pauvreté et la misère. Les principaux bouleversements sont en France l'instauration des congés payés et de la semaine de quarante heures par le Front populaire en 1936. On voit alors des ouvriers partir en vacances ou en week end avec leur famille, chose impensable auparavant. L'autre événement important, c'est la création de la sécurité sociale en 1945 (évoquée dans La Place). En effet c'est un progrès très important car les soins coûtent cher.

CONCLUSION Pour ma part, si je n’avais fait qu’une simple lecture du livre, je l’aurais assez vite oublié. Il ne m’aurait pas marquée, car je suivais uniquement les actions des personnages et je ne faisais pas attention à tout ce qui les entourait. Je n’avais pas remarqué combien les descriptions des lieux et des conditions de vie étaient précises et réalistes. Je pense que je me souviendrais toujours de ce livre, malgré le manque d’actions des personnages auquel je suis habituée dans mes lectures, car il m’a permis de découvrir, par le biais de Florentine Lacasse, le mode de vie ainsi que l’architecture de Saint Henry. Une ville que je ne verrais peut-être jamais, mais qui est maintenant créée dans mon imagination !

Roman du Terroir Les romans du terroir, fort présents de 1846 à 1945 dans la littérature de langue française au Bas-Canada (le Québec d'avant la confédération de 1867), avaient pour but de promouvoir la vie paysanne et l'agriculture en pleine période d'industrialisation débutante. Le clergé et l'État encourageaient ce type de littérature en espérant faire face à l'exode rural des Canadiens français au profit de Montréal et des usines textiles de la Nouvelle-Angleterre. Les romans du terroir prônent quatre grandes valeurs : la terre (agriculture), la famille, la langue et la religion. Le terroir idéalise la vie terrienne. Ce type de roman est surtout axé sur la continuité, les traditions et la transmission des valeurs. Le roman du terroir a plus ou moins disparu à partir des années 1940 avec la parution des premiers romans urbains, dont Bonheur d'occasion de Gabrielle Roy et Poussière sur la ville d'André Langevin. Des traces plutôt nostalgiques de cette tradition littéraire se trouvent même aujourd'hui chez certains écrivains québécois. De même, plusieurs romans ont été écrits en réaction contre cette tendance, en conservant le cadre rural mais en exposant le côté sordide de la vie dans les campagnes appauvries culturellement et économiquement. Parmi ces « anti-romans du terroir », on peut citer Trente arpents de Ringuet, La Scouine d'Albert Laberge et Une saison dans la vie d'Emmanuel de Marie-Claire Blais. Le roman Marie Calumet, de Rodolphe Girard, bien que parfois considéré comme un roman typique du terroir, possède également plusieurs caractéristiques de l'anti-terroir. En effet, Girard se moque allégrement du clergé dans cette œuvre. Publié à compte d'auteur, il sera d'ailleurs condamné par ce dernier.

Le Torrent Dépossédé du monde et de sa vie par le "décret d'une volonté antérieure à la [sienne]", François Perreault est soumis dès son jeune âge à une discipline stricte empreinte de rigorisme. Sa mère l'oblige à cultiver la crainte du châtiment divin, à n'utiliser la parole qu'exceptionnellement et à travailler jusqu'à épuisement sous peine de punition. Les enseignements que Francois tirera plus tard de certains événements lui permettront cependant de lutter contre cette domination. Aussi, refusera-t-il obstinément à l’âge de dix-sept ans d'entrer au séminaire pour "redorer [la] réputation" de sa mère. Elle le frappera alors à la tête avec un trousseau de clefs pour le punir, ce qui le rendra définitivement sourd. Mais par ce coup, Claudine lui donne involontairement accès à l'"esprit du domaine". " Le domaine d'eau, de montagnes et d'antres bas ", dit Francois, " venait de poser sur moi sa touche souveraine ". Au centre du domaine et voisin de la maison, le torrent prit soudain pour lui une importance primordiale. La force du courant, ses remous incessants, le tumulte de la cataracte, tout y devenait l'expression de sa haine et de sa révolte contre sa mère, comme s'il y retrouvait le mouvement précipité de son propre sang. Au cours de l'affrontement qui clôt la première partie de la nouvelle, Claudine Perreault sera piétinée à mort par Perceval, un cheval indomptable qu'admirait François pour sa résistance aux efforts de dressage de sa mère. La furie irrépressible de Perceval, sa "fureur jamais démentie" à l'image même de la puissance du torrent, nous est donnée à lire comme le symbole de la violence suscitée par Claudine chez son fils, violence qui en retour la tuera. Sa mort libère enfin François, du moins le croit-il à cette étape du récit. La deuxième partie de la nouvelle porte sur sa vie commune avec Amica, une jeune femme rencontrée par hasard non loin de chez lui, peu de temps après la mort de sa mère. Croyant à tort que la mort de sa mère avait tout effacé de son passé et lui permettait ainsi de recommencer sa vie, François décide d’acheter Amica comme on le ferait d'une esclave ou d'une prostituée pour lui faire partager sa solitude. Bientôt il se rend compte qu'il ne "possède" pas Amica, mais qu'il en est bel et bien possédé. Ce don qu'elle fait d'elle-même pendant les jeux de l’amour - "elle paraît riche de caresses inconnues" - démontre à Francois son impuissance à se donner lui-même gratuitement, sans calcul. Devant ce miroir-témoin de son "gouffre intérieur", il sait alors que le regard de sa mère "continue" à se perpétuer en lui par-delà la mort. "Ô ma mère, que je vous hais! et je n'ai pas encore tout exploré le champ de votre dévastation en moi". La présence d'Amica le fait peu à peu remonter à la source du mal en lui ("mon âme est violée "), jusqu'à l'amener à découvrir l'objet symbolique de son asservissement : un livre de comptes de sa mère ayant servi à "solder l'argent du mal". Sa soumission aux volontés de sa mère, inscrite ponctuellement dans ce livre de comptabilité et associée à une série d’entrées d’argent, aura ainsi constitué la valeur d’échange pour assurer le

Salut de sa mère! François comprend alors sa filiation au mal("Tu es mon fils, et tu me continues... François, regarde-moi bien dans les yeux"). La quête d'identité qu’il avait entreprise au-delà de la sphère d'influence de sa mère était donc illusoire. Il se sait maintenant lié irrémédiablement à elle. D'où la contemplation éperdue de son image dans le torrent qui a tout absorbé de sa vie à la fin du récit. Reconnaissant enfin sa filiation au mal - " je suis le fils du mal " -, il voudra s’établir dans un rapport d’intimité avec lui par la contemplation de son image. "Je me penche tant que je peux. Je veux voir le gouffre, le plus près possible [sans s'y fondre pour un suicide]. Je veux me perdre en mon aventure, ma seule et épouvantable richesse". L’extrême attention du regard devient ici l’indice de l’exigence que s’est imposée Francois pour comprendre le mal à sa source même : celle d’une peine inépuisable où se pleurerait le chagrin lui-même enfermé dans la mort. Telle est peut-être la définition la plus appropriée que l’on pourrait donner du songe, soit celle d’un lieu de langage où s’opère la confrontation irrémissible - parce que absolue - avec soi-même : " si la grâce existe, je l’ai perdue ". Le récit de tous ces événements - autant ceux concernant Amica rapportés au présent, que ceux touchant son enfance et son adolescence racontés au passé – a lieu environ "quinze ou vingt ans"(l'imprécision vient du narrateur lui-même) après la mort de Claudine. François est donc dans la trentaine avancée au moment où il se les raconte pour la nième fois, à la recherche de leur signification. "Il y a là un manque que je me harcèle à éclaircir depuis ce temps. Et lorsque je sens l'approche possible de l'horrible lumière dans ma mémoire, je me débats et je m'accroche désespérément à l'obscurité". Mais cette fois, à la faveur du récit qui nous en est fait, les circonstances semblent se prêter à une investigation plus prometteuse. Il s'établit ainsi une correspondance symbolique entre l'état latent de crise que vit le narrateur et la crue du printemps qui s'annonce. Fuir la vérité s'avère désormais impossible pour lui, ce que vient confirmer le dénouement. La mère, en brouille avec la société, se vengeait contre son fils. En le frappant et en le rendant sourd, elle l’a soumis à la seule force du torrent qui la tuera, avec lequel il entretient une relation forte mais trouble. On peut détecter le sens profond de la nouvelle dans cet aphorisme : « Tout homme porte en soi un crime inconnu qui suinte et qu’il expie » (page 95), cette idée de la culpabilité fondamentale, du péché originel, qui est à la base du catholicisme, expliquant l’enchaînement des fautes de la mère qui a péché dans sa jeunesse et veut expier en se faisant souffrir et en faisant souffrir son fils qui est certainement le fruit de ce péché et qui se révolte en commettant une faute encore plus grave, en tuant sa mère et qui est poursuivi ensuite par la même culpabilité. La vision du monde d’Anne Hébert était donc sévère, sombre, pessimiste. Elle voulait protester contre l’esprit janséniste du Québec de ce temps-là. L’ellipse entre les deux parties fait que, dans la seconde, nous découvrons peu à peu, dans une sorte de suspense policier, la mort de la mère, son assassinat par le fils, sa peur d’être percé à jour par Amica.

Le style signale le talent de la poète : « Levées avec le soleil, les heures de la journée… » (page 10) - « Ce ressac d’eau et d’orage… » (page 32) - « Cette image dense me pourrit le soleil sur les mains » (page 38) - les gens sont « comme des dolmens » puis sont des « dolmens » (page 40) - « Quels reptiles frais m’ont enlacé? » (page 46) - « Les démons familiers appareillent dans les noires sculptures du lit » (page 48) - « Elle forme une île calme sur ma couche maudite » (page 48) - un passage, page 53, est constitué de phrases nominales. Surtout, la poésie d’Anne Hébert tient au grand symbole du torrent, cette force de la nature qui est aussi la force de l’instinct, la force de l’animalité, la force du péché.