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18 mars 2016 - couche de céruse blanche et caché dans l'atelier d'Antoine-Jean Gros. ..... de visiteurs se pressant dans les salles du musée, n'a actuellement ...
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Art & scandales De la provocation de l’Art à l’Art de la provocation

Art & scandales ! De la provocation de l’Art à l’Art de la provocation Ce dossier propose d’aborder certains grands scandales de l’Histoire de l’Art de la Renaissance à nos jours... Il a été réalisé dans le cadre de l’exposition Uncensored photographs (18.03 > 21.08.2016) consacrée à l’artiste américain Andres Serrano dont l’œuvre et le parcours ont fait l’objet de nombreuses polémiques. Le choix des exemples retenus est lié aux grands thèmes exploités par Andres Serrano tels que la mort, la sexualité, la religion, la violence… Il a pour but de replacer dans le contexte plus large de l’Histoire de l’Art le travail de cet artiste. Combien d’œuvres n’ont-elles pas engendré de scandales à leur époque et sont devenues par la suite de grands classiques ayant perdu leur caractère provocateur ? Chaque scandale n’est-il pas lié à un acte de transgression, bousculant les conventions pour apporter une nouvelle pierre à l’édifice de la modernité ? L’intention de l’artiste est-elle réellement de choquer ? L’acte créateur est-il lié à un acte provocateur ? Où se situent les limites ? De la provocation de l’Art à l’Art de la provocation, les questions, on le voit, restent posées …

I. La mort

Andres Serrano, Rat Poison Suicide II (The Morgue) 1992, Courtesy Andres Serrano & Galerie Nathalie Obadia, Paris-Bruxelles

Hans Holbein le Jeune, Le Christ mort (détail), 1521, Kunstmuseum, Bâle

Bartholomaeus II Bruyn, Portrait d’homme sur son lit de mort, (2ème moitié XVIe S.) MRBAB, Bruxelles

Andres Serrano, The Death of Juan Alberto, Funeral Parlor (Cuba), 2012, Courtesy Andres Serrano & Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles

Mortel ! Holbein “Ce tableau peut faire perdre la foi” Dostoïevskii Cette peinture n’a pas fait l’objet d’un véritable scandale mais a frappé les esprits par son réalisme. Elle représente une telle humanisation du divin que certains y ont décelé une image profane ! Il ne s’agit plus d’un Christ idéalisé mais bien d’un cadavre aux

membres raides, aux lèvres bleuies, aux yeux révulsés, aux ongles noircis... Cette représentation d’un homme qui a succombé à la torture de la crucifixion révèle la nature humaine de Jésus. Le réalisme cru en annule la sacralité. Holbein rompt ici avec la tradition du beau médiéval qui réside dans la résistance, par la force spirituelle, à la douleur et la mort.

Hans Holbein le Jeune, Le Christ mort, 1521, Kunstmuseum, Bâle

Gonflé ! Le Caravage Autour de la vie et de l’œuvre du Caravage flotte une odeur de soufre ! Accusé de meurtre, impliqué dans des rixes et des duels ou des amours interdites, sa vie a fait l’objet de nombreuses biographies où la vérité côtoie le mensonge, à l’image de la clarté et de l’ombre si violemment opposées dans ses tableaux. La Mort de la Vierge, personnage reconnaissable uniquement par son auréole, fut refusée par les Carmes de Santa Maria della Scala qui avaient commandé l’œuvre au peintre. La raison : « avoir trop imité le motif d’une femme morte gonflée ». Le réalisme troublant, l’usage de modèles non professionnels - on parla même du cadavre d’une prostituée ! - la théâtralité, le mélange du sacré et du profane et l’usage particulier de la lumière chez Le Caravage ont souvent été comparés à l’univers d’Andres Serrano.

Le Caravage, La Mort de la vierge, 1605-1606, Musée du Louvre, Paris

Sacré ! David D’autres artistes, comme Jacques-Louis David prendront la voie contraire transformant une mort profane en scène sacrée ! Le révolutionnaire Marat, surnommé « l’ami du peuple », devient ici, à l’instar du Christ, un véritable martyr de la révolution. Stigmates, tête nimbée, position du corps…, Jacques-Louis David usera en effet à souhait de motifs iconographiques qui sont autant de références aux dépositions et autres pietàs. À la Restauration, David, régicide, s’exile à Bruxelles. Son « Marat » fut recouvert d’une couche de céruse blanche et caché dans l’atelier d’Antoine-Jean Gros.

Jacques-Louis David, Marat assassiné, 1793, MRBAB, Bruxelles

Fait divers ! Géricault « Rien ne repose l’âme et les yeux (…) On dirait que cet ouvrage a été fait pour réjouir la vue des vautours » La Gazette de France, 1819

aux barques et ralentissant ces dernières sera coupée ! Durant 17 jours, les naufragés subiront l’horreur : mutineries, déshydratation, actes de cannibalisme... Une quinzaine d’hommes seulement survivra.

S’inspirant d’un fait réel, lui-même à l’origine d’un scandale politique, Géricault s’empare de ce drame qui défraya la chronique.

D’une affaire politique, Géricault fera un scandale artistique. Le peintre se documente, recueille des témoignages, fait réaliser une copie du radeau et va jusqu’à faire venir dans son atelier des fragments de cadavres de l’hôpital Beaujon. Ce double rapport à une réalité à la fois scientifique et historique provoquera une polémique ! Les uns défendent l’œuvre et la cause, les autres ne peuvent supporter cet amas de chairs cadavériques.

Le 2 juillet 1816, la frégate « La Méduse » s’échoue sur un banc de sable au large des côtes africaines. Seuls 250 des 400 passagers peuvent embarquer sur des bateaux de sauvetage tandis que les moins chanceux construisent un radeau de fortune qui sera lâchement abandonné. Sur ordre du capitaine français, la corde retenant le radeau

Le Caravage, La Mort de la vierge, 1605-1606, Musée du Louvre, Paris

II. Du sacré au profane

Andres Serrano, Magdalena (Holy Works), 2011, Courtesy Andres Serrano & Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles

Maître du Saint-Sang, Lucrèce, MRBAB, Bruxelles

Culottés ! Michel-Ange Au bout de cinq années de travail acharné, Michel-Ange révèle la fresque du Jugement dernier à son commanditaire, le pape Paul III. Plusieurs membres de l’entourage du pape s’offusquent de la présence lascive de nus dans un lieu symbolique de la papauté. Paul III soutient malgré tout l’artiste. Ni Paul IV, poussé par le Concile de Trente, ni Pie IV ne parviennent à faire effacer la fresque. Ce n’est qu’en 1565, un an après la mort de Michel-Ange, que Charles Borromée confie à Daniele da Volterra la tâche de cacher la nudité de certaines figures. Daniele da Voltera s’exécute en peignant des « braghe » (culottes). Il en gardera lui aussi la marque par l’attribution d’un surnom qui, à l’instar de ses culottes peintes, lui colle désormais à la peau : Il braghettone !

Michel-Ange, Le Jugement dernier (détail) et dessin préparatoire pour La Chapelle Sixtine, 1536-1541, Muse Vaticani, Rome

Une histoire de titre ! Véronèse Réalisée pour l’Eglise Santi Giovanni e Paolo de Venise et censée représenter le dernier repas du Christ, cette immense peinture fit l’objet en son temps d’un grand scandale. Le tribunal de l’Inquisition, rétabli depuis 1541, convoque en effet Véronèse. Fait rare, le procès-verbal fut conservé. On lui reproche d’avoir transformé la dernière « cène » en « scène » de banquet aux multiples personnages dont des nains, des enfants, un chien, des serviteurs et, comble de tout, des lansquenets buvant, mangeant, discutant parmi les apôtres et le Christ. Ce glissement d’un thème sacré vers un thème profane distrait

le spectateur du sujet religieux. Le tribunal de l’Inquisition demande des comptes à Véronèse qui répond : « Nous les peintres, prenons des libertés, tout comme les poètes et les fous ! ». Il ne le condamne pas mais lui demande de corriger la toile. Véronèse trouve un subterfuge en changeant simplement le titre de l’œuvre. La Cène devient alors Le repas chez Lévi . À l’instar du Piss Christ d’Andres Serrano, le titre seul peut parfois faire basculer l’œuvre d’icône à scandale.

Véronèse, Le Repas chez Lévi, 1573, Galleria dell’Accademia, Venise

Déshabillez-moi !

Titien, La Vénus d’Urbino, 1538, Galleria degli Uffizzi, Florence

Edouard Manet, L’Olympia, 1863, Musée d’Orsay, Paris

Titien

Manet

À l’origine, La Vénus d’Urbino peinte par Titien en 1538 ne représentait pas spécifiquement la déesse de l’Amour mais une femme nue captée dans l’intimité d’un acte érotique. La scène se déroule dans un intérieur contemporain et la présence de servantes démystifie ici le propos. C’est Vasari qui lui donna le nom de « Vénus d’Urbino » après avoir vu l’œuvre dans cette ville en 1548. Ce titre a sans doute permis à cette peinture d’échapper à la censure ou au scandale. La proposition troublante du Titien n’échappera pourtant pas à d’autres générations d’artistes…

En 1863, Edouard Manet réalise une œuvre qui provoquera un scandale dont les critiques artistiques de l’époque se feront l’écho. On pouvait lire entre autre : « La foule se presse comme à la morgue devant l’Olympia faisandée de M. Manet ». L’Olympia reprend la pose et la composition de La Vénus d’Urbino peinte par Titien. Mais il s’agit ici d’un « déesse » parisienne, aux accessoires contemporains dont le regard interpelle le spectateur devenu « voyeur ». De déesse, L’Olympia devient courtisane admirée comme pourrait en témoigner le bouquet. Manet lui-même attendra deux ans avant d’exposer son tableau au Salon des refusés.

Edouard Manet, Le Déjeuner sur l’herbe, 1862, Musée d’Orsay, Paris

Le Salon du Palais de l’Industrie surnommé Salon des refusés, fut créé par Napoléon III en 1863 afin d’y exposer les œuvres exclues des salons officiels. Cette annéelà, Manet y présente Le Déjeuner sur l’herbe intitulé à l’époque « Le Bain ». Les visiteurs s’offusquent au point que l’œuvre dût être déplacée dans un endroit plus discret ! Les critiques fusent et le public ne comprend pas la présence d’un nu au regard fixe porté vers le spectateur en compagnie d’hommes habillés. L’œuvre s’inspire du Concert champêtre du Titien et du Jugement de Pâris de Raphaël. Ici aussi Manet se réapproprie de grands classiques de la peinture. Seulement, les nymphes et Vénus d’un Raphaël ou d’un Titien deviennent aux yeux du public de véritable «catins » évoluant dans un lupanar à ciel ouvert !

III. Le sexe

Andres Serrano, Susanne (History of sex), 1996

Gustave Courbet, L’Origine du monde, 1866, Musée d’Orsay, Paris

Auguste Rodin, Iris, messagère des dieux, vers 1895, Musée Rodin, Paris

Une Histoire de sexe ! Courbet Artiste provocateur ? Grand précurseur ? Des Casseurs de pierres (1849) à L’Origine du monde (1866) en passant par Un Enterrement à Ornans (1848-1850), Gustave Courbet est à l’origine de nombreux scandales. Cette œuvre n’est entrée au musée qu’en 1995. Elle a appartenu d’abord à un collectionneur excentrique qui en est le commanditaire pour ensuite passer dans la collection du célèbre philosophe Jacques Lacan. Elle fut donc peu montrée au grand public. À son entrée au Musée d’Orsay, un gardien était affecté à ce seul tableau par crainte d’un acte de vandalisme. Même si cette peinture est actuellement au panthéon des classiques de l’art, elle est à la source aujourd’hui encore de nouvelles polémiques. En 1989, l’artiste française Orlan réalise son pendant masculin : L’origine de la guerre, remplaçant le sexe féminin par un sexe masculin. En 2011, un Internaute est radié de Facebook pour avoir « posté » sur son compte une reproduction de l’œuvre. En 2014, une artiste luxembourgeoise, Deborah De Robertis, vêtue d’une robe dorée provoque un scandale en exhibant son sexe devant des visiteurs et des membres de la sécurité abasourdis !

Gustave Courbet, L’Origine du monde, 1866, Musée d’Orsay, Paris

Cancan ! Rodin Le nu ne pose pas de véritable problème en tant que tel. Il a toujours été représenté et relève d’une tradition qui remonte aux origines de l’art. Les scandales liés à certains nus sont souvent dus au fait qu’on ne peut les rattacher à aucune référence explicite justifiant leur exhibition. Lorsqu’il est associé à un mythe, une allégorie, un symbole… le nu tombe dans une sorte de mise en abyme qui le rend « acceptable ». Dans cette optique, Rodin va opérer une grande révolution. La sculpture, comme la photographie, a déjà, en tant que médium artistique un rapport au réel plus direct. En supprimant l’anecdote et en se concentrant sur l’expression pure du corps physique, Rodin produira des œuvres qualifiées par certains critiques d’obscènes! Qui peut imaginer en effet que cette sculpture représente une figure mythologique ? L’œuvre scandalisera le public choqué de découvrir que la messagère des dieux s’est transformée en vulgaire danseuse de French cancan exhibant son sexe au tout Paris !

Auguste Rodin, Iris, Messagère des dieux, vers 1895, Musée Rodin, Paris

IV. Religion

Ce dossier peut être obtenu dans son intégralité sur demande. Contactez-nous:

Andres Serrano, Heaven & Hell (Early works), 1984, Courtesy Andres Serrano & Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles

Maurizio Cattelan, La Nona ora, 1999, Courtesy Galerie Emmanuel Perrotin, Paris/ Miami

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Andres Serrano, Red Pope I, II, III (détail), 1990, Collection Hélène Nguyen-Ban

Francis Bacon, Le Pape aux hiboux (détail), 1958, MRBAB, Bruxelles

Habemus Papam

Que ce soit dans les danses macabres ou les jugements derniers, figurent déjà au Moyen Âge des critiques à l’égard des plus hautes instances ecclésiastiques. Papes, évêques et membres du clergé sont tantôt confrontés à la figure de la mort, tantôt engloutis dans la gueule des enfers.

Ce dossier peut être obtenu dans son intégralité sur demande. Vélasquez >< Bacon Inspiré par la célèbre œuvre de Vélasquez, Innocent X (1650), conservée à Rome et Contactez-nous:

École des Pays-Bas méridionaux, Le Jugement dernier (milieu XVe siècle), MRBAB, Bruxelles

une photographie de Pie XII, Francis Bacon crée de 1947 à 1967 une série de peintures consacrée à la figure papale. Dans cette série, l’artiste anglais mêle subtilement deux figures controversées de l’Art et de l’Histoire…

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La première, celle représentant le pape Innocent X, choquera par son réalisme et la puissance expressive de ses couleurs. Son regard pénétrant et inquiétant met mal à l’aise et place le spectateur dans une posture de soumission comme s’il était reçu en audience auprès du pape. Face à son propre portrait, Innocent X se serait écrié : « troppo vero ! ». La deuxième, une photographie du pape Pie XII que Bacon possédait dans son atelier, fait allusion à l’absence de prise de position de ce dernier concernant le sort des juifs durant la Seconde Guerre mondiale.

Diego Vélasquez, Innocent X, 1650, Galleria Doria-Pamphilj, Rome

Francis Bacon, Le Pape aux hiboux, 1958, MRBAB, Bruxelles

Le tout donne, chez Bacon, l’image angoissante d’un pape aux abois. Sa proposition incarne l’antithèse du tableau de Vélasquez. Le pape de Vélasquez, dominant, puissant, empli d’assurance devient chez Bacon un être soumis, évanescent, pétri d’anxiété. Comme si l’un jugeait l’autre…

Cattelan Cette statue hyperréaliste du pape Jean-Paul II renversé par la chute d’une météorite sur un tapis rouge fut l’objet d’un scandale retentissant en 2000. L’artiste italien se défend pourtant de tout acte de provocation. Le titre La Nona ora fait référence à l’heure supposée de la mort du Christ et peut prêter à une multitude d’interprétations quant à l’intention de l’artiste. Alors qu’elle avait déjà été exposée à Bâle et à Londres sans qu’il y ait eu la moindre polémique, cette installation provoquera un véritable tollé lors de sa présentation à Varsovie, patrie du pape en question. Un présentateur télé tentera de recouvrir l’œuvre d’un drap blanc. Deux députés d’extrême-droite essayeront, sans y parvenir, de redresser le pape. Plus tard, 90 parlementaires obtiendront la démission de la directrice du musée !

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Ce scandale fera également l’objet de spéculations. La Nona ora fut vendue une première fois en 1999 pour 80 000 $. Cinq ans plus tard, elle se retrouve sur le marché de l’art et trouve un acquéreur à New-York pour la modique somme de 3 000 000 $ ! Ce n’est pas la première fois qu’une polémique fait monter la cote artistique d’une œuvre. À travers leurs actions, les détracteurs ont fait de Cattelan une des figures les plus « bankable » du marché de l’art !

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Maurizio Cattelan, La Nona ora, 1999, Courtesy Galerie Emmanuel Perrotin, Paris/Miami

V. Outsiders

Andres Serrano, Mary (Nomads), 1990, Collection Madeleine, France

Otto Dix, Deux enfants, 1921, MRBAB, Bruxelles

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Peter Paul Rubens, Quatre études de la tête d’un Maure (détail), nd., MRBAB, Bruxelles

Andres Serrano, Edip (Istanbul), 1995, Courtesy Andres Serrano & Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles

Résident ! Rubens En 1957, quelques années seulement avant l’indépendance du Congo, la Banque nationale de Belgique décide d’utiliser cette étude réalisée par Rubens pour illustrer le billet de 500 francs. Le choix de cette œuvre, intitulée à l’époque Têtes de Nègres, reflétait l’esprit colonialiste incarné par le roi Léopold II qui figurait au revers du billet. Aujourd’hui, les crimes commis au Congo sous le règne de ce roi font l’objet de controverses. De même, le titre reprenant le terme « nègre » qui a pu choquer nombre de visiteurs se pressant dans les salles du musée, n’a actuellement plus sa place sur le cartel accompagnant l’œuvre. En 2007, à l’occasion de l’exposition Rubens, L’Atelier du génie, les commissaires ont décidé de changer le titre. Les Têtes de Nègres deviennent alors Quatre études de la tête d’un Maure. Appellation par ailleurs plus correcte d’un point de vue scientifique puisqu’au XVIIème siècle, elle était utilisée pour désigner les personnes en provenance d’Afrique noire.

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Toutes ces polémiques devaient sans doute se situer très loin des préoccupations de l’artiste baroque qui présente ici une œuvre dans laquelle il s’attache à exprimer avec une grande sensibilité différentes émotions de ce « résident » d’Anvers qui a servi de modèle aux grands peintres de son époque.

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Peter Paul Rubens, Quatre études de la tête d’un Maure, nd., MRBAB, Bruxelles

Refusé ! Rodin Rodin entame ce buste vers 1863. Son modèle n’est autre que « Bibi », un vieil homme marqué par la vie qui fréquentait le quartier dans lequel Rodin avait son atelier. En accentuant sa barbe, la brisure du nez et les sillons des rides, l’artiste en renforce l’intensité psychologique. Parallèlement, la simplicité et l’épure du haut du corps renforcé par l’aspect du marbre ont pu faire croire à l’époque qu’il s’agissait d’un véritable antique. Bibi du quartier Saint-Marcel devenu philosophe ! Ce qui devait au départ être le simple portrait d’un pauvre homme marqué par la vie deviendra une des premières œuvres accomplies d’Auguste Rodin. Pourtant cette sculpture qui a la noblesse de l’Antique fut refusée au Salon de 1865. L’arrière du modèle en terre cuite s’était brisé dans l’atelier suite au gel. Rodin décide tout de même d’exposer son buste « amputé », devenu Masque. Le jury du salon le considère comme un fragment. L’œuvre est refusée !

Ce dossier peut être obtenu dans De cet échec, Rodin tirera plus tard une force. L’esthétique du fragment constituera une sur demande. son intégralité des caractéristiques essentielles de son travail. Décriée en son temps, elle marquera Contactez-nous: l’Histoire de l’Art par sa modernité. [email protected]

Auguste Rodin, L’Homme au nez cassé, 1863-1865, Musée Rodin, Paris

“Art dégénéré” Dix « Je ne suis pas obsédé par le fait de montrer des choses horribles. Tout ce que j’ai vu était beau ». Otto Dix Cette œuvre a été réalisée à l’époque où nait le mouvement artistique Neue Sachlichkeit (Nouvelle Objectivité) dont Otto Dix est l’un des protagonistes. Dans la lignée de l’expressionnisme allemand, ce mouvement est formé par des artistes fortement marqués par l’horreur de la guerre. Certains tentent d’« objectiver » précisément l’impact qu’elle a produit sur la société. Il s’agit de peindre la vérité, qu’elle soit belle ou laide. C’est précisément ce qu’Otto Dix exprime dans cette peinture. Ces deux enfants, livrés à eux même, à l’angle d’une rue déserte, semblent porter physiquement les séquelles psychologiques que la Grande Guerre a pu engendrer. La froideur du lieu et de la lumière, le caractère cru de certaines couleurs qui se ternissent aussitôt, la pose triviale des corps en portent également les stigmates.

Ce dossier peut être obtenu dans son intégralité sur demande. Contactez-nous: Ce type d’œuvres, sous le régime nazi, sera qualifié d’art « dégénéré ». En 1937, une

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énorme exposition sera organisée à Munich sous ce même titre. Plus de cent artistes sont exposés. Otto dix figure parmi eux. Ces œuvres seront ensuite saisies, détruites ou vendues à des collectionneurs privés ou lors de la fameuse vente aux enchères de Lucerne en 1939.

Et parce qu’un scandale ne vient jamais seul, ces œuvres d’art, considérées par Hitler, peintre raté, comme dégénérées, feront l’objet de spéculations de la part des certains membres du régime nazi.

Otto Dix, Deux enfants, 1921, MRBAB, Bruxelles

VI. Humeurs et fluides corporels

Andres Serrano, Piss Christ (Immersions), 1987, Courtesy Andres Serrano & Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles

Piero Manzoni , Merda d’artista, n° 31, 1961, Paris, Musée national d’Art moderne

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Marcel Duchamp, Fountain, 1917 (photographiée par Alfred Stieglitz)

Andres Serrano, Freudian Shit (Shit), 2007, Collection Lambert, Avignon

Chronique d’un scandale annoncé Duchamp « On ne fait rien sans scandale ». Marcel Duchamp En 1917, Marcel Duchamp achète un urinoir dans la boutique new-yorkaise J.L. Mott Iron Works Company. Après l’avoir fait pivoter et l’avoir rendu inutilisable, il appose la signature : R. Mutt, 1917 et baptise l’objet préfabriqué « Fontaine ». Une des œuvres les plus scandaleuses de l’Art était née ! Contrairement à de nombreux artistes dont les œuvres sont liées à des scandales, l’intention de Duchamp ici était bel et bien de choquer. Duchamp faisait partie à l’époque du comité de sélection du Salon des Artistes indépendants de New-York. Ce salon se targuait de n’avoir ni jury ni prix et ses membres de défendre l’art moderne. En organisant ce canular, Duchamp teste les limites du règlement qui permettait à chacun d’exposer librement moyennant la somme de 6 $. Les membres de la commission entrent alors dans une vive polémique à propos de l’œuvre de ce « Richard Mutt » (Mutt signifiant « idiot » « culcul » en anglais !) sans savoir que Duchamp lui-même se cache derrière ce pseudonyme. Après un vote, l’œuvre est refusée. Le motif : « c’était immoral, vulgaire » pour les uns, « un plagiat, un simple article de plomberie » pour les autres.

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Duchamp, comme tout bon dadaïste qui se respecte, n’en sera pas à son dernier coup d’essai en matière de scandale. Ses ready-mades créeront souvent la polémique autour du fait que seuls l’intention de l’artiste, le concept qui y est lié et le lieu dans lequel il est exposé transforment un simple objet préfabriqué en œuvre d’art. Il annonce tout un pan de l’art contemporain et deviendra une référence pour plusieurs générations d’artistes. L’original ayant mystérieusement disparu, les versions actuelles sont des multiples réalisés en 1963 du vivant de l’artiste.

Marcel Duchamp, Fountain, 1917 (Exemplaire perdu photographié par Alfred Stieglitz et reproduit dans la revue Dada The Blind Man, New -York, 2 mai 1917)

Shit !

Pieter Brueghel le Jeune, Le Combat de Carnaval et Carême, (détail du cochon mangeant des excréments), Bruxelles, MRBAB

Manzoni Si les blagues scatologiques ont toujours fait rire les enfants et certains adultes, on ne peut pas en dire autant des excréments et autres fluides corporels utilisés à des fins artistiques. Pourtant, de Bruegel à Serrano (Piss Christ) en passant par Manzoni, Warhol (Piss Paintings), Gilbert &Georges (Naked Shit Pictures), Wim Delvoye (Cloaca) ou Paul Mc Carthy (Complex Pile), nombreux sont les artistes qui oseront franchir le pas !

Piero Manzoni , Merda d’artista, n° 31, 1961, Musée national d’Art moderne, Paris

Ce dossier peut être obtenu dans son intégralité sur demande. Outre le contenu de ces boîtes, ce qui dérangeait Contactez-nous: également était que l’on ne pouvait pas vérifier si l’artiste nous trompait sur la marchandise sans détruire l’œuvre. Certains pensaient qu’elles contenaient de la « merde de chien » ou de la chair à saucisse ! Longtemps, ces boîtes garderont leur secret. On sait maintenant qu’elles contiennent effectivement des excréments.

Andres Serrano, Piss Christ (Immersions), 1887, Courtesy Andres Serrano & Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles

L’œuvre de Manzoni a également été confrontée à des problèmes d’étanchéité ce qui a engendré de nouvelles polémiques sur la conservation et la valeur financière des dites œuvres ! Enfin, en 1989, l’artiste Bernard Bazile ouvre une de ces fameuses boîtes empruntée ellemême à l’artiste français Ben. Cette dernière contenait une autre boîte, plus petite préservant son secret.

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Un des exemples les plus célèbres reste certainement la Merde d’artiste de Piero Manzoni. En mai 1961, l’artiste italien produit 90 boîtes de conserve contenant 30 grammes de Merde d’artiste. Toutes numérotées, elle sont vendues au poids suivant la cotation de l’or du moment. Cet acte provocateur trouve de nombreux détracteurs autant que d’acquéreurs.

D’autres scandales liés à cette œuvre ont éclaté par la suite. En 1971, on reprochera à la directrice de la Galerie nationale d’Art moderne de Rome d’avoir utilisé l’argent public pour exposer… de la « merde » ! Ce même reproche lié cette fois à une bourse d’Etat se fera à l’encontre de l’œuvre Piss Christ d’Andres Serrano qui représente un crucifix plongé dans sa propre urine.

Acte provocateur ? Allusion aux expressions de goût ou de dégoût du public face à certaines œuvres d’art ? Simple référence à une matière fabriquée naturellement par l’homme ? Choix purement esthétique ? Les lectures sont multiples.

VII. Shooting

Ce dossier peut être obtenu dans son intégralité sur demande. Contactez-nous: [email protected]

Andres Serrano, Colt D.A. 45 (Objects of Desire), 1992, Courtesy Andres Serrano & Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles

Richard Avedon, Andy Warhol, Artist, New York City, 8/02/69, 1969

Feu !

Fusil photographique à bande Eastman (1889) inventé par Marey en 1882

Marey Très tôt, l’appareil photo fut associé aux armes à feu. Au sens propre d’abord, figuré ensuite. En 1882, le médecin français, Etienne-Jules Marey qui travaille tout comme Muybridge au procédé de chronophotographie, invente le « fusil photographique ». Il s’agit d’un dispositif qui permet de capter sur une même plaque la décomposition d’un mouvement en action. Le résultat de cette invention inspirera de nombreux artistes modernes et annoncera le cinéma.

Francis Alÿs, Gun number 48, 2005-2006, coll.particulière, Bruxelles

Andres Serrano, Colt D.A. 45 (Objects of Desire), 1992, Courtesy Andres Serrano & Galerie Nathalie Obadia, Paris/Bruxelles

Chris Burden, Performance Shoot, 1971

Ce dossier peut être obtenu dans Alÿs - Serrano son intégralité sur demande. Le second, dans sa série Objects of Desire, provoque un duel - à Au sens figuré, le vocabulaire lié à l’univers de la photographie Contactez-nous: témoigne de cette relation particulière qu’elle entretient armes égales?- en photographiant le canon d’un colt chargé en avec une arme à feu. Armer son appareil, faire un shooting, photographier en rafale, utiliser un viseur, devenir chasseur d’images... autant de termes communs à ces deux disciplines. À chacun ses armes !

plan si serré qu’il en fait une image quasi abstraite.

[email protected] Si les exemples cités restent inoffensifs, certains artistes iront

Des artistes comme Francis Alÿs ou Andres Serrano établiront également ce lien dans leur création. Le premier se fera arrêter par la police au bout de 12 minutes après s’être promené avec une arme dans les rues de Mexico pour la performance filmée Re-enactments (2000). Il réalisera par la suite une série de Camguns. Cet arsenal de fortune, mi- mitraillette mi-caméra, porte une réflexion sur l’art comme arme à la fois poétique et politique.

jusqu’à risquer leur vie. En 1971, Chris Burden, encore étudiant en Californie, se fait tirer volontairement une balle dans le bras gauche lors de sa célèbre performance Shoot. Cette performance sera relatée dans les journaux de l’époque et lui donnera une certaine notoriété. Elle provoquera également une polémique : jusqu’où peut-on aller dans la performance artistique. La fin justifie-t-elle les moyens ?

Wanted ! Warhol Dans un autre registre, Andy Warhol subira lui aussi, mais involontairement cette fois, les risques du métier d’artiste « provocateur ». Lui qui affichait comme des icônes le portrait des hommes les plus recherchés des EU -l’œuvre fera l’objet d’un scandale retentissantva se retrouver cette fois parmi les victimes. Le 3 juin 1968, l’activiste féministe Valeérie Solanas, auteure de la pièce de théâtre Up your Ass (Dans ton cul !) tire sur le pape du Pop. Lui qui, quelques années auparavant avait entamé une série d’œuvres sur les catastrophes et la mort sera déclaré en état de mort cérébrale. Le foie, la rate, le poumon, l’estomac et l’œsophage sont touchés. Après une série d’interventions chirurgicales, l’artiste survivra. Celui qui avait déclaré quelques mois plus tôt : « À l’avenir, chacun aura droit à 15 minutes de célébrité mondiale » se retrouve dans la rubrique des faits divers. Cet événement sera immortalisé par le célèbre photographe Richard Avedon dans un cliché dévoilant le torse scarifié de l’artiste. Comme chez Serrano, violence et sensualité se retrouvent associées dans ce « portrait » sans visage. Warhol devenu le temps d’une séance photo, un Saint Sébastien moderne, martyr de la culture Pop.

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Richard Avedon, Andy Warhol, Artist, New York City, 8/02/69, 1969

VIII. Vandalisme & Iconoclasme

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Andres Serrano, Suzanne (History of Sex), 1996. Œuvre vandalisée en 2007 au cours de l’exposition à Lund, Suède

Marcel Duchamp, L.H.O.O.Q, 1919, coll. Parti communiste français (en dépôt au Musée national d’Art moderne), Paris

Look ! Duchamp L’impact que peut produire une image n’est plus à prouver. Combien d’œuvres furentelles détruites, saccagées, vandalisées au cours de l’histoire ? Combien le sont encore aujourd’hui ? Au nom d’un dieu, d’une idéologie, d’une morale …. Où s’arrête la liberté d’expression ? Qui est « Charlie » ? Qui ne l’est pas ? Le débat reste plus que jamais d’actualité. A-t-on le droit de détruire une œuvre qui nous offusque ? L’artiste moderne ne serait-il pas par essence le plus grand des iconoclastes ? Si le terme élargi d’iconoclasme consiste à détruire des images (icônes) sacralisées, ou qui incarnent des valeurs dominantes, les artistes dadaïstes s’en attribueront le droit à de multiples reprises.

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En 1919, Marcel Duchamp s’attaque à une icône de l’art : La Joconde de Léonard de Vinci, la « star » du Louvre, l’idole des touristes. Vénérée par des millions de visiteurs, la voilà désormais affublée symboliquement de moustaches et d’une barbichette. Symboliquement puisque Duchamp commettra cet acte de « vandalisme » sur une reproduction ! Il s’attaque de ce fait à l’image de l’image. Le sacrilège ne s’arrête pas là. L’artiste dadaïste rajoute au bas de la « mystérieuse » les lettres L.H.O.O.Q. (à lire de deux façon : « look » et « Elle a chaud au cul » ! ). Malgré le caractère sacré de l’œuvre, Duchamp ne s’est pourtant pas attaqué à une image religieuse ou sensible et l’affaire fait sourire encore aujourd’hui. Mais quand il s’agit d’un symbole religieux ou « sensible », les réactions seront moins pacifistes …

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Marcel Duchamp, L.H.O.O.Q,, 1919, coll. Parti communiste français (en dépôt au Musée national d’Art moderne) , Paris

Vandale !

Andres Serrano, Piss Christ (Immersions), 1987. Œuvre vandalisée à l’exposition Je crois aux Miracles, Avignon, collection Collection Lambert

Andres Serrano

Ce dossier peut être obtenu dans son intégralité sur demande. Andres Serrano, Susanne (History of Sex), 1996. Œuvre vandalisée en 2007 au cours de l’exposition de Lund, Suède Contactez-nous:

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« Je ne suis pas un hérétique. J’aime à croire que plutôt que de détruire des icônes, j’en crée de nouvelles » Andres Serrano

depuis les stigmates en figurant dans son état vandalisé aux cimaises d’autres expositions comme victime d’un double martyre.

En photographiant un « symbole religieux » plongé dans un bassin d’urine, Andres Serrano réalisera une œuvre dont les différents scandales qui y sont attachés iront jusqu’à l’acte de vandalisme. Ce fut le cas lors de la présentation de l’œuvre à Melbourne en 1997. Manifestations, interventions politiques et religieuses, menaces d’associations d’extrême-droite et d’ultraconservateurs… Piss Christ sera à nouveau vandalisée à coup de marteau dans l’exposition Je crois aux Miracles qui s’est tenue à la Collection Lambert d’Avignon en 2011. Devenue elle-même œuvre témoin, elle en porte

Même si l’œuvre de Serrano se prête souvent à la polémique, l’artiste , quant à lui il se revendique chrétien - s’est toujours défendu d’avoir commis tout acte blasphématoire. Il affirme même avoir créé une nouvelle icône insistant sur la double nature du Christ à la fois spirituelle et humaine. De fait, le rendu esthétique provoqué par l’utilisation de sa propre urine adoucit visuellement la cruauté d’une scène de crucifixion. Il accentue à la fois la dimension iconique par la coloration et l’effet « sfumato » du fluide corporel tout en évoquant la nature humaine du Christ et la réalité physique des

relâchements musculaires que subit le corps soumis à ce type de mise à mort. D’autres œuvres de Serrano furent vandalisées. En 2007, plusieurs photographies de la série History of Sex furent saccagées par des militants d’extrême droite lors d’une exposition qui se déroulait à Lund en Suède. Les bris de verres menaçant de tomber, elles furent chacune recouvertes de tape rouge masquant l’objet du scandale tout en soulignant les endroits particulièrement visés. Le tape rouge devenait ainsi un marqueur de zones sensibles. Les objets du « déni » : le sexe, les visages, les yeux…

Kapoor Très récemment, l’œuvre de l’artiste britannique Anish Kapoor exposée dans les jardins du Château de Versailles a provoqué une onde de choc que l’on peut situer à des degrés divers, les opposants aussi bien que les défenseurs de l’artiste criant au scandale ! Certains visiteurs furent choqués par la présence d’une œuvre contemporaine dans un site classique. D’autres par le sous-titre, Le vagin de la Reine, divulgué par Kapoor aprèscoup et jugé provocateur et outrancier. D’autres encore par les slogans à caractère antisémites issus d’actes de vandalisme. Enfin, ceux pour qui le fait que l’artiste ait décidé de ne pas supprimer ces slogans rajoute du scandale au scandale.

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Anish Kapoor, Dirty Corner vandalisée dans les jardins du château de Versailles à l’occasion de l’exposition Kapoor Versailles, 2015

« Malheur au monde à cause des scandales ! Il est fatal, certes, qu’il arrive des scandales, mais malheur à l’homme par qui le scandale arrive » Évangile selon Matthieu, 18,7

Il parait impossible d’établir une histoire exhaustive du scandale tant les exemples sont nombreux. Combien de scandales passés sont tombés dans l’oubli ? Il est difficile de le déterminer. Les scandales se multiplient-ils ? Là aussi, il est difficile de l’affirmer. Cette multiplication pouvant être liée aux développements massifs des outils de communication.

Il désigne littéralement un objet, un piège, un obstacle destiné à faire tomber.

Ce dossier peut être obtenu Au sens figuré, le scandale constitue un fait ou undans acte qui son provoque la plupart du temps une réaction émotive. intégralité sur demande. Cette réaction peut aller de la simple contestation ou Contactez-nous: indignation à la révolte ou à l’acte destructeur.

dans sa chute ?. Auquel cas, il deviendrait provocateur. Le curateur qui décide d’exposer un tel artiste le serait-il également ? Enfin, au vu de l’Histoire de l’Art, le scandale n’est-il pas le baromètre de la société et de l’histoire des mentalités d’un lieu, une culture et une époque donnés ?

Il peut être délibéré ou non et c’est là, précisément, que Si Hume nous dit que « La beauté est dans l’œil de celui [email protected] la frontière se trouble et que le débat s’enflamme. qui la contemple », le scandale pourrait l’être tout autant !

Par contre, on constate au fil du temps un changement parmi les « scandalisés » et les conséquences que cela implique. Les censeurs d’hier ne sont en effet plus ceux d’aujourd’hui. Si dans le passé, la censure était l’apanage des instances officielles comme l’Inquisition, l’État, le jury d’un salon…, aujourd’hui, elle se manifeste davantage au sein de groupuscules souvent extrémistes ou à travers des actions individuelles. La notion même de scandale peut contenir des contradictions. Pour la comprendre, revenons à l’origine du terme. Le mot « scandale » vient du sanscrit « skand » qui a donné en grec « σκάνδαλον » (scandalon) : achoppement, piège.

Le scandale semble avoir été condamné très tôt par les évangiles: « Jésus dit à ses disciples: Il est impossible qu’il n’arrive pas de scandales; mais malheur à celui par qui ils arrivent! » Luc 17,1. Pourtant, la vie-même du Christ ne fut-elle pas jalonnée de scandales ? On le voit la notion de scandale est toute relative et le caractère objectivement scandaleux d’une œuvre dépend de l’intention de l’artiste. L’artiste a-t-il réellement l’intention de « faire tomber », déstabiliser le spectateur, de poser une pierre d’achoppement qui le blesserait

Colophon Dossier établi par Educateam à l’occasion de la rétrospective Andres Serrano. Uncensored photographs qui se déroule aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique du 18 mars au 21 août 2016 MRBAB, Bruxelles, mars 2016 www.fine-arts-museum.be www.extra-edu.be Directeur général Michel Draguet Responsable des Services aux publics Isabelle Vanhoonacker Textes – Educateam Géraldine Barbery Relectures Jean-Philippe Theyskens, Julie Stouffs, Marie-Suzanne Gilleman, Gladys Vercammen-Grandjean Traduction vers le néerlandais Marianne Knop Mise en page

Céline De Stercke

Crédits Ce dossier est une réalisation du service éducatif & culturel des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. Il est destiné à un usage strictement didactique et ne peut être reproduit ou utilisé dans un but commercial. Pour toutes les œuvres d’Andres Serrano: © Andres Serrano Pour toutes les œuvres des Musées royaux des Beaux-Arts © Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles / photo : J. Geleyns Ro scan