8 OCTOBRE 1946 – 8 OCTOBRE 2016 C’était il y a soixante-dix ans, jour pour jour : retour sur la création de la maison Dior.
© Gérard Uféras
Christian Dior a déjà vécu plusieurs vies lorsqu’il rencontre, en juillet 1946, le géant français du textile Marcel Boussac. Après avoir été galeriste et illustrateur, il est, à quarante et un ans, modéliste chez Lucien Lelong, mais a d’autres ambitions. Il propose alors à l’homme d’affaires une nouvelle conception de la haute couture, destinée à
habiller une clientèle privilégiée et restreinte. Et c’est il y a soixante-dix ans exactement que les deux hommes établirent un accord inédit en créant officiellement la société Christian Dior. Hasard ou superstition, le 8 octobre 1946, dans le VIIIe arrondissement de Paris, Christian Dior constitue juridiquement la maison de couture à son nom. La date marque un point de départ dans son histoire, mais aussi une promesse d’infini, comme le symbolise le chiffre 8… Le riche industriel apporte son capital à l’entreprise, mais c’est le couturier qui est le seul et unique maître à bord. C’est le début d’une nouvelle ère : celle du couturier créateur. Comme il a carte blanche, Christian Dior doit faire au plus vite le choix de l’immeuble, du décorateur, des équipes, des ateliers, des mannequins et de ses plus proches collaborateurs. Il organise son studio avec un luxe inhabituel : il recrute quatre-vingt-cinq personnes, parmi lesquelles soixante ouvrières, et s’entoure d’une équipe de familiers pour l’assister. Il nomme Raymonde Zehnacker – « son second soi-même » – directrice du studio. Puis Marguerite Carré, ex-première d’atelier chez Jean Patou, rejoint l’aventure avec ses meilleures ouvrières. Nommée directrice technique, elle traduit en vêtements les croquis du couturier. Enfin, Mitzah Bricard est à la fois muse et conseillère artistique de Christian Dior, tandis que son amie d’enfance Suzanne Luling dirige les salons de haute-couture. Un véritable « état-major de grande classe », comme l’écrira plus tard Christian Dior. Le 16 décembre 1946, le couturier inaugure, avec son équipe fin prête, l’hôtel particulier du 30, avenue Montaigne, qui le fascinait depuis tant d’années. Il confie à Victor Grandpierre la décoration dans un style néo-Louis XVI aux tons gris pâle et blanc. Le compte à rebours avant le premier défilé est déclenché : Christian Dior doit garder au milieu de tout cela l’esprit assez libre pour dessiner sa première collection printemps-été, composée des lignes Corolle et En 8 – hommage à son chiffre devenu fétiche – pour définir une nouvelle silhouette qui deviendra, lors de la présentation du 12 février 1947, un événement historique. Christian laisse place à Dior et devient, du jour au lendemain, un véritable phénomène historique qui révolutionnera la mode et le monde d’hier, d’aujourd’hui et de demain.
