Un réseau social pour partager les compétences - SkillDeal

24 janv. 2016 - Et il faut dès lors engager une compé- tence extérieure. Pourtant, ce savoir existe peut-être dans l'entre prise, mais sans être répertorié. Il est.
3MB taille 2 téléchargements 94 vues
S O LU TIO N

Un réseau social pour partager les compétences Vous butez sur une difficulté? Il n’est plus nécessaire de chercher un expert, de faire sa connaissance et de le supplier de vous donner un coup de main. Un nouveau logiciel belge de «social learning» fluidifie tout ce processus. BNP Paribas Fortis est la première entreprise à expérimenter cette plateforme. TEXTE: François Weerts

U

n problème se pose à un salarié. Où va-t-il trouver de l’aide? Osera-t-il même en demander? À son supérieur par exemple? Ou toujours au même expert de référence jusqu’à l’inonder sous les requêtes? À moins que personne dans l’organisation ne semble capable de résoudre cette question. Et il faut dès lors engager une compétence extérieure. Pourtant, ce savoir existe peut-être dans l’entreprise, mais sans être répertorié. Il est caché, personne ne sait que tel collaborateur de tel service est un as des formules Excel les plus complexes. Ou qu’il maîtrise parfaitement un domaine qui n’appartient pas à sa description de fonction officielle. Ou encore qu’il parle une langue exotique. «C’est ce constat qui nous a poussés à créer notre start-up en juin 2015, Skilldeal», explique Erik Vanberg, lui-même salarié mais entrepreneur à ses moments de loisir. Skilldeal, c’est une application qui se fait fort de mettre en relation les demandes d’expertise et celles qui sont présentes, quelque part dans l’organisation.

Révéler des trésors d’expertise Le logiciel Skilldeal est un outil collaboratif pour développer dans une organisation cette nouvelle forme d’apprentissage que l’on appelle

24

le social learning. Concrètement, chacun renseigne ses compétences dans son profil. «Des compétences dont l’arborescence est définie par le département RH et qui peuvent inclure des capacités variées, dans certains métiers de l’entreprise, en bureautique, en langues ou autres. Ensuite, le salarié pose sa question. Et le logiciel envoie automatiquement cette demande à ses collègues qui possèdent la compétence requise.» Skilldeal inverse la manière de procéder. Ce n’est pas l’expert qui se présente pour résoudre les problèmes qu’on lui adresserait, sous peine d’être débordé. Le programme ne le contacte que s’il est capable de répondre. Et il est toujours libre de refuser. De plus, il y a une sorte de contrôle social puisque les réponses sont notées après coup par l’utilisateur.

Analyse des besoins en formation L’avantage de la plateforme, c’est qu’elle valorise les compétences de l’entreprise. Elle permet en effet de les détecter et de les répertorier. «La liste des compétences est mise au point avec la GRH. Mais les salariés peuvent ajouter eux-mêmes des aptitudes. Et ils le font! C’est d’ailleurs toute la valeur du logiciel. Quelqu’un peut avoir occupé une fonction dans une vie antérieure dont le service du

Janvier 2016 RHMagazine

«Notre plateforme donne un sens à la collaboration.» Erik Vanberg, Skilldeal personnel ne sait rien et qui se révélerait utile aujourd’hui.» Cette analyse des compétences, assurée par le programme, permet aussi de cartographier, au travers des questions posées, celles qui sont absentes dans l’organisation ou dans certains départements. La GRH peut alors déceler les besoins en formation et découvrir que les formations à la carte qui sont proposées ne sont pas suffisantes, qu’il faut les compléter. Mieux: quelqu’un peut se rendre compte qu’une formation précise lui est nécessaire. Seul, il n’a aucune chance de l’obtenir. Mais la plateforme peut révéler ce même besoin auprès d’autres individus. Et du coup, la formation pourra être organisée. Erik Vanberg insiste aussi sur d’autres avantages, plus impalpables. «Au lieu de se casser la tête pour trouver la réponse, le salarié pose sa question sur Skilldeal. Et pendant les deux heures suivantes, il peut s’occuper de son travail avant de recevoir la solution. Ce qui augmente la fluidité. Nous voulons également donner un sens à la collaboration et améliorer le bien-être au travail. Rien n’est plus frustrant que de buter sur un obstacle sans parvenir à s’en sortir. C’est une façon de réduire le stress.»

Simplicité et sécurité BNP Paribas Fortis est le premier client à avoir fait confiance à Skilldeal. Environ 1.500 utilisateurs se servent de la plateforme aujourd’hui. Le programme tient bien sûr compte des exigences de confidentialité propres à l’entreprise et à son environnement. «Nous avons choisi une approche BtoB, nous devons donc accepter ces contraintes particulières», précise Erik Vanberg. «À la fois dans la programmation proprement dite, dans les règles de sécurisation et dans la définition des questions que l’on peut poser. Il y a un code de conduite très clair, décidé par l’entreprise. Dans la banque, impossible de citer sur la plateforme le nom d’un client et les détails de son compte.» Cette première expérience permet de tirer quelques leçons. Ainsi, la plateforme joue à fond son rôle de réseau social. «Voici un exemple: quelqu’un voulait créer un service bancaire pour les sportifs de haut niveau. Il est passé par Skilldeal pour ouvrir son réseau et trouver des clients potentiels.» La collaboration s’affranchit également des barrières et des silos traditionnels: un Anversois peut répondre à une Liégeoise qui travaille dans un tout autre département. RH

Un budget de minutes Pour encadrer l’opération, un certain budget de minutes est attribué. Le salarié pose sa question et évalue le budget nécessaire pour y répondre. Si l’expert est d’accord, il apporte son soutien. Et son compte est crédité du nombre de minutes correspondant. «Mais l’expert aussi doit demander de l’aide, et donc dépenser les minutes qu’il a accumulées», souligne Erik Vanberg. «L’objectif est de favoriser les échanges; personne ne sait tout.»

RHMagazine Janvier 2016

25