Trop cher, le périscolaire rural ?

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BEAUVAIS ET SA RÉGION COURRIER PICARD SAMEDI 13 SEPTEMBRE 2014

AUNEUIL

Par ici la bonne soupe

GERBEROY

La fête de la soupe remonte à une tradition ancestrale. Une nouvelle recette cette année. Page 11

Des moments musicaux

Devenir eco-jardiniers

PLATEAU PICARD

La communauté de communes vient de former ses premiers éco-jardiniers. Page 14

Le superbe village de Gerberoy vit au rythme de la musique ce dimanche. Page 12

ÉDUCATION

Trop cher, le périscolaire rural ? Le coût des temps d’activité périscolaires (TAP) pèse lourd dans le budget des communes rurales, obligeant les maires à facturer les activités aux parents d’élèves. ls sont au cœur de la réforme des rythmes scolaires : tantôt décriés tantôt valorisés, les temps d’activité périscolaires (TAP), pris en charge par les communes, sont désormais une charge supplémentaire dans le budget des maires. Personnel qualifié, locaux, entretien, diversification des ateliers, autant de dépenses qui incombent maintenant aux élus, et qui, dans certains cas, ont choisi de rendre les prestations payantes.

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DES DISPARITÉS ENTRE TERRITOIRES En fonction de leur budget initial et des supports d’accueil (locaux et personnel) déjà existants, certaines communes, comme Therdonne, proposent des ateliers périscolaires entièrement gratuits. Un choix assumé par le maire, Denis Deslandes. La gratuité était une « condition sine qua non », position partagée par le syndicat enseignant SNUIPP-FSU. « La non-gratuité des ateliers écarte les familles d’un certain nombre d’activités selon les territoires. Les maires optent soit pour la gratuité et paient davantage que le fond d’amorçage de la CAF, soit augmentent les impôts communaux, soit rendent les activités payantes. », confie Sophie Abraham, secrétaire départementale. Certains villages ruraux ne peuvent pas se le permettre. Et invoquent une nécessité de faire participer les parents au coût important des ateliers (incluant l’entretien des locaux, le chauffage, la rémunération du personnel et l’achat du matériel), déjà largement pris en charge par la collectivité. « Les parents paient 75 centimes de l’heure et par enfant », indique Christian Sadowski, maire d’Allonne. La gratuité est impossible à mettre en place. Les périodes de vaches grasses sont derrière nous. La commune paie « entre 600 et 800 euros par trimestre pour une activité. Nous bénéficions de l’aide de la Caisse d’allocations familiales (CAF), de 50 euros par enfant… même si cela coûte beaucoup plus ». Être regroupé en Regroupement pédagogique intercommunal (RPI) ne change rien à l’affaire. « Les TAP nous coûtent 10000 euros par an,

À SAVOIR ▶ Les temps d’ateliers périscolaires (TAP) sont des plages horaires aménagées avant et après la classe pour faire découvrir aux enfants de nouvelles disciplines (culturelles, sportives...). ▶ Leur coût est pris en charge par les communes, car les élèves ne sont plus sous la responsabilité des enseignants. Toutefois, elles ne sont pas obligatoires. ▶ Cela inclut : la restauration scolaire, la garde des enfants, l’accompagnement dans les cars scolaires... ▶ Plusieurs maires, surtout en milieu rural, se sont opposés à cette réforme.

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Les activités périscolaires, nouveau casse-tête pour les élus des communes rurales. soit 70 euros par enfant : cela fait 2000 euros de surcoût pour la commune », ajoute Dominique Devillers, maire de Juvignies, regroupée avec Verderel-les-Sauqueuse. Un coût « gratuit pour les parents la première année », mais qui risque de devenir payant en 2015. Somme toute, le budget « représente une dépense supplémentaire pour le village, cumulé à la baisse des dotations de l’État », résume Robert Christiaens, le maire d’Auneuil, qui a choisi de son côté l’indexation : les tarifs oscillent entre 21 centimes et 1,62 euro pour une séance de 45 minutes d’activités selon le revenu des familles. DES DIFFICULTÉS À RECRUTER C’est le nerf de la guerre : recruter du personnel qualifié pour animer les TAP est un vrai cassetête, et beaucoup de maires utilisent les supports associatifs et sociaux déjà présents dans le village pour échapper aux contraintes budgétaires. « Nous travaillons depuis l’année dernière

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avec le centre de loisirs, qui cette année s’occupe du périscolaire dans le cadre des rythmes scolaires », détaille Denis Deslandes. Deux animateurs en théâtre et peinture ont été recrutés à cette occasion. Des bénévoles prêtent également main-forte, pour compenser à moindre coût le manque de personnel. En effet, « Il est difficile de recruter des animateurs diplômés qui acceptent de venir travailler 45 minutes par jour », constate de son

côté Gérard Hédin, maire de Saint-Paul, qui compte sur les quelque 20 associations présentes dans la commune pour proposer des activités. Mais le bénévolat a ses limites : « Confier des enfants à quelqu’un, ce n’est pas rien. Il faut du personnel diplômé, avec le bon profil », détaille Robert Christiaens. Il y a donc d’un côté ceux qui « ne veulent pas faire du bénévolat à l’année, et on les comprend », selon Denis Deslandes, et « les

600 000 euros de dépenses pour Beauvais Les villes ne reculent pas non plus devant la dépense concernant les TAP : à Beauvais, ce sont près de 600 000 euros par an qui seront dépensés pour accueillir les 1 000 enfants inscrits au périscolaire, de 16 heures à 18 h 30. Les tarifs, oscillant entre 23 centimes et 1,80 euro par jour et par enfant, n’ont pas été modifiés puisqu’ils ont toujours été pratiqués par la Ville. La somme comprend de nouvelles dépenses dans le cadre des rythmes scolaires, comme le recrutement de personnel et l’achat de matériel. « Nous prenons du temps pour expliquer aux nouvelles familles que le prix comprend l’ensemble des activités proposées par la Ville, ainsi que toutes les autres dépenses », a-t-elle commenté.

animateurs diplômés, qui ne veulent pas venir travailler seulement 5 heures par semaine, réplique de son côté Mathieu, directeur du centre de loisirs d’Allonne. À Juvignies, les activités sont regroupées sur trois heures le vendredi après-midi. « Plus intéressant pour les intervenants, même s’il a été très difficile de les recruter puisque les horaires des TAP sont les mêmes dans toutes les communes », déplore Dominique Devillers.

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UN MANQUE DE MOYENS… ET DE TEMPS En l’absence de plages horaires suffisamment larges, beaucoup d’activités qui pourraient être proposées aux élèves ne voient pas le jour. « Nous voudrions organiser un atelier de découverte écologique, mais nous n’avons pas le temps suffisant », déplore Christian Sadowski. « Sur une période de 45 minutes, on ne peut pas faire certaines activités, comme de l’équitation qui, en plus, est trop chère », note Denis Deslandes, maire de Therdonne. Sans compter que ce « temps extrêmement restreint », selon Robert Christiaens, s’ajoute aux problèmes rencontrés par « les enfants des communes voisines, qui se retrouvent tributaires des horaires de car ». ILÉANA HERANGER