Transition énergétique - Une chance pour l'Europe

Transition énergétique : une chance pour l'Europe, 2017. Claude Turmes. Claude Turmes est un homme politique luxembourgeois, député européen de juillet.
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Transition énergétique : une chance pour l’Europe, 2017 Claude Turmes Claude Turmes est un homme politique luxembourgeois, député européen de juillet 1999 à juin 2018 au sein du groupe des Verts. Sur cette période, il a également été vice-président du groupe Verts/Alliance Libre Européenne, siégeant dans les commissions environnement-santé-protection des consommateurs et industrie-énergietélécom-recherche. En juin 2018, il est nommé secrétaire d’Etat au développement durable et aux infrastructures au sein du gouvernement de coalition luxembourgeois. Tristan du Puy, membre de Génération.s, livre une analyse de son livre qui, pour lui, se situe à mi-chemin entre le feuilleton politique et la synthèse des mesures européennes portant sur la transition énergétique. Facile et agréable à lire, bien que mettant systématiquement en avant l’action du député européen, le livre de Claude Turmes offre un point de vue expert sur les négociations européennes. A noter cependant, son argumentation est souvent légère ; il ne donne presque jamais la source des chiffres et estimations utilisées, de même qu’il se satisfait d’une structure assez lâche ainsi que d’une logique interne relativement faible.

Le lent déclin des ambitions européennes • Nous avons hérité à la fin des années 1990 d’un système énergétique européen fondé principalement sur l’utilisation d’énergies fossiles, l’extraction et le nucléaire, dirigé par de larges monopoles nationaux : EDF et GDF en France, Enel en Italie, Endesa et Iberdrola en Espagne, EnBW, RWE et E.ON en Allemagne, enfin Vatenfall en Suède ; cela en parallèle de la montée en puissance du débat sur le réchauffement climatique marquée par le rapport du GIEC de 1995 liant action humaine et climat mondial. • C. Turmes résume ainsi les trois enjeux de l’époque : la réduction de la consommation d’énergie, notamment par des efforts d’isolement et d’efficacité énergétique ; la production d’énergie par des sources renouvelables ; enfin, la densification et l’amélioration du réseau énergétique, ainsi que l’amélioration des capacités de stockage. C. Turmes entreprend alors de détailler à l’aide de chapitres dédiés les grandes étapes de la politique énergétique européenne, passant par une phase volontariste pour se terminer avec la fin du mandat Barroso et un délaissement des thématiques de transition énergétique. • Le vote du paquet énergie-climat 2020 en décembre 2008 : Le paquet énergieclimat marque un engagement européen fort en faveur de la transition énergétique, avec des objectifs précis : baisse de 20% de la consommation d’énergie, baisse de 20% des émissions de CO2 par rapport à 1990, augmentation de 20% des renouvelables dans la consommation d’énergie. Ces

objectifs sont accompagnés d’un ensemble d’autres directives, notamment une révision du marché carbone (ETS) et la directive de partage des efforts. • La réforme du marché intérieur de l’électricité : La directive européenne de 1996 crée des marchés transfrontaliers pour l’électricité et lance une compétition féroce entre les acteurs du marché qui cherchent alors à atteindre une taille critique en rachetant leurs concurrents. Cela donne lieu à l’émergence de monopoles européens. En 2007, le troisième paquet énergie ouvre la voie pour une re-régulation en instaurant la séparation effective entre la gestion des réseaux de transport d’une part, et les activités de fourniture et de production de l’autre. • En 2009, la COP de Copenhague est le début d’une lente perte de vitesse des efforts européens : le texte sur lequel les pays s’accordent finalement contient une simple déclaration de principe affirmant la nécessité de limiter la hausse de la température atmosphérique à 2°C d’ici à la fin du siècle, sans préciser la feuille de route ni les moyens nécessaires pour y parvenir. • L’échec du marché carbone européen : Les effondrements répétés des prix du carbone marquent la faillite du système ETS, malgré une récente reprise à la hausse des prix. En avril 2006, on observe pour la première fois que les émissions d’un certain nombre de pays sont plus faibles que leurs quotas le permettaient ; mais une nouvelle sur-allocation est observée dès le lancement de la phase deux débutée en 2009, sur-allocation encore aggravée par la crise économique. Finalement, la possibilité d’achat de crédits carbone internationaux à des prix très faibles scelle le sort du système ETS. • L’établissement des objectifs européens 2030 : Le parquet énergie-climat pour 2030 est présenté par la Commission Barroso dans les derniers mois du mandat ; les objectifs sont jugés extrêmement décevants par C. Turmes par rapport au volontarisme qui caractérisait jusque-là les politiques énergétiques européennes. On prévoit 40% de réduction des émissions de gaz à effet de serre, une part de renouvelables de 27% dans le mix énergétique, ainsi qu’une faible amélioration de l’efficacité énergétique, portant à 25% le précédent objectif d’économie d’énergie. • C. Turmes en profite pour faire un point intéressant sur l’opacité des modèles mathématiques utilisés par la Commission pour ses prédictions. Ainsi celui utilisé lors de la rédaction du livre, le modèle Primes, date de 1993 et n’est pas disponible en open source comme par exemple au département de l’Energie américain. Le nouveau modèle, nommé Potencia, est lui en développement et calibrage depuis de longues années.

Le renouveau des politiques énergétiques européennes pourrait venir de l’impulsion donnée par la Commission Juncker et de l’Union de l’énergie en 2015

C. Turmes complète son analyse de l’histoire des politiques énergétiques européennes par une liste des thèmes jugés clés pour la construction d’une union énergétique ambitieuse et tournée vers le futur. Cinq thèmes principaux sont isolés : - Une électricité 100% renouvelable ; - Le développement des transports propres ; - La mise en place d’un parc immobilier zéro carbone ; - Le soutien aux technologies vertes ; - L’utilisation généralisée du numérique dans les infrastructures énergétiques ; C’est peut-être dans cette dernière partie que l’analyse du député est la plus douteuse, l’absence de chiffres sourcés, ainsi que d’une argumentation claire fondée sur des travaux scientifiques conférant une portée assez faible à son programme pour la transition énergétique européenne. Ceci empêche malheureusement de juger du bienfondé des mesures proposées, de leur réalisme et de leurs conséquences.