Spécial New York L'Hebdo

15 oct. 2015 - BEDFORD AVENUE L'artère au cœur du quartier le plus créatif de New York ..... Beurre de ... surcharger les assiettes, en me limitant à deux.
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NEW YORK PONT DE BROOKLYN

L’ouvrage traverse l’East River pour relier Manhattan et Brooklyn, les deux arrondissements les plus connus de New York.

New York Vers quel nouveau rêve? Reportage. De plus en plus d’artistes, de cinéastes et d’écrivains fuient la Grande Pomme pour s’installer à Detroit ou à Los Angeles. Dans le même temps, la ville se transforme en Silicon Valley de la côte est, notamment avec la création d’un campus technologique sur une île au large de Manhattan.

GETTY IMAGES

DOSSIER CLÉMENT BÜRGE ET JULIE ZAUGG

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NEW YORK

BEDFORD AVENUE L’artère au cœur du quartier le plus créatif de New York n’échappe pas à la métamorphose de la métropole. L’explosion

des loyers a participé à chasser les artistes, laissant derrière eux des locaux qui ont été transformés en magasins ou en restaurants de luxe.

WILLIAMSBURG APRÈS LES ARTISTES, LE QUARTIER DE BROOKLYN ATTIRE LES TRADERS Bronx

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New Jersey

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Dans les années 2000, Bedford Avenue était le cœur du quartier le plus créatif de New York. Voire de la planète. Ecrivains, journalistes, photographes et autres jeunes artistes se massaient le long de cette artère bordée de maisons patriciennes qui traverse Williamsburg, au nord de Brooklyn. Ils traînaient dans les bars et les cafés du coin pour parler de leur dernier projet artistique. Ils fréquentaient les soirées délirantes qui s’organisaient au pied levé dans les énormes entrepôts industriels désaffectés de la région. Williamsburg était devenu un refuge bohème pour les créatifs, chassés de Manhattan par le prix des loyers. Aujourd’hui, l’atmosphère a changé. Un Dunkin’Donuts à la devanture

Ma

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Williamsburg Brooklyn Staten Island

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Queens

ornée d’un faux revêtement en bois occupe un coin du mythique croisement entre Bedford Avenue et 7th Street. En face, un Apple Store est en construction, non loin du tout nouveau Whole Foods, un supermarché de luxe. Les traders de Wall Street et autres Mad Men ont remplacé les photographes et musiciens. Ils vivent dans d’immenses tours de verre qui ont pris la place des petites maisons colorées et des entrepôts de briques rouges d’antan. La dernière oasis créative de New York est en train de sombrer. Pour beaucoup, la fin du quartier n’est pas un phénomène isolé: New York, dans son ensemble, serait en train de perdre son âme créatrice et artistique, cette identité à la fois rebelle,

NEW YORK enivrante et décalée sur laquelle il a bâti toute sa réputation, son mythe. Dans une série d’interviews et d’essais publiés ces derniers mois, les icônes new-yorkaises que sont la chanteuse Patti Smith, la productrice et actrice Lena Dunham ou encore le musicien Moby encouragent leurs jeunes successeurs à quitter Gotham.

UN CAMPUS TECHNOLOGIQUE AU CŒUR DE LA GRANDE POMME New York va former des ingénieurs et des informaticiens sur une île au large de Manhattan. Cela va lui permettre de mieux rivaliser avec la Silicon Valley. La cabine rouge du téléphérique s’élève au-dessus de la marée de taxis jaunes puis va se poser sur Roosevelt Island, une étroite bande de terre coincée entre Manhattan et le Queens. Longue de 3 km 200, elle ressemble à une paisible banlieue avec son parc bordé de tilleuls où s’ébattent des oies et sa rue principale ornée d’une église de briques rouges. C’est ici que l’Université Cornell a choisi d’implanter son tout nouveau campus technologique, en partenariat avec l’institut israélien Technion. Ce campus, qui hébergera 2000 étudiants, sera terminé en 2043, mais les premiers enseignements y seront donnés dès 2017. «L’accent sera mis sur la résolution de défis tirés du monde réel, relève Jovana Rizzo, porte-parole de l’Université Cornell. Les étudiants développeront des idées et des prototypes pour les entreprises avec qui nous collaborons, comme AOL, Bloomberg, eBay, Google, IMAX, LinkedIn ou Qualcomm.» Certaines fourniront des mentors aux étudiants. Le curriculum reflétera cet esprit entrepreneurial, puisque la nouvelle institution formera à la fois des ingé-

Car le New York d’aujourd’hui est radicalement différent de celui d’autrefois. Installé dans une petite pièce de son atelier remplie de VHS et décorée d’une vétuste carte du monde, Bernard Tschumi, le célèbre architecte suisse établi à New York, se rappelle du chaos et de l’énergie qui y régnaient il y a quarante ans. «Quand je suis arrivé, la ville était comme abandonnée, ditil, d’un air songeur. Elle était au bord de la faillite et il y avait des espaces vides partout. On trouvait des lofts de 400 mètres carrés pour 200 dollars par mois.» LE NEW YORK D’ANDY WARHOL

New York était alors un terreau fertile pour les artistes. «Tout le monde pouvait s’y improviser une vie, on n’avait pas besoin de grand-chose pour survivre, explique l’architecte, tout de blanc vêtu, si ce n’est une écharpe pourpre. La vie culturelle était intense: beaucoup de gens organisaient des soirées ou des spectacles dans de vieux bâtiments ou sur des toits. Les artistes allaient chercher des matériaux dans la rue pour créer leurs œuvres.» 1975, c’est aussi l’année où 1645 personnes ont été assassinées, où nul ne sortait sans mugging money, 20 dollars à donner en cas de braquage. Mais, au milieu des quartiers ravagés par le crime et la pauvreté, l’explosion créative née une décennie plut tôt prenait son envol. C’était le New York ■ ■ ■

DR

JUDIE LONG WWW.AGEFOTOSTOCK.COM

Comment expliquer ce changement? Pour beaucoup, le 11 septembre a radicalement transformé la ville, la rendant plus sensible aux questions sécuritaires.

nieurs et des économistes. «Ils suivront un tiers de leurs cours ensemble», précise la porte-parole. L’architecture du complexe a été pensée pour favoriser les interactions, sur le modèle de l’écosystème qui s’est formé autour de Stanford et de la Silicon Valley. Un bâtiment baptisé The Bridge formera le cœur du campus. Tout en verre et doté de nombreux espaces communs, il hébergera à la fois des étudiants, des start-up et les filiales de grands groupes comme Facebook ou Google. Cornell Tech est une pièce maîtresse de la transformation de la Grande Pomme en hub technologique. «Le nouveau campus va agir comme un aimant pour attirer des acteurs clés du secteur de la tech et des partenaires commerciaux venus du monde entier, souligne Jovana Rizzo. Il permettra aussi d’accroître le pool de talents à disposition de l’industrie locale.» Les enseignements proposés reflètent les points forts de la place new-yorkaise. Les étudiants de Cornell Tech pourront par exemple suivre un programme consacré au big data en médecine ou à la connectivité des médias. ■

CORNELL TECH Le futur campus technologique de l’Université Cornell hébergera sur

Roosevelt Island 2000 étudiants, des start-up et des filiales de Google ou de Facebook.

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NEW YORK GASTRONOMIE DE RUE

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Chaque samedi, Williamsburg accueille un immense marché consacré à l’expérimentation culinaire. Le sucré-salé, l’Orient et l’Occident ainsi que la terre et la mer y forment un joyeux méli-mélo de couleurs et de saveurs. La queue fait près de 50 mètres de long. Ceux qui ont eu la patience d’attendre repartent avec un steak haché entre deux rondelles de nouilles japonaises agglomérées. La réputation du Ramen Burger est telle qu’il figure désormais dans les guides touristiques. Mais ce n’est que l’une des folles créations culinaires vendues au Smorgasburg, un marché en plein air, fait de petits étals vendant des mets qui oscillent entre la haute gastronomie et la nourriture de rue, au cœur de Williamsburg, face au skyline de Manhattan. Un sandwich au Schnitzel avec du gorgonzola et des cerises vinaigrées, des cupcakes au bacon et au sirop d’érable ou des rouleaux de printemps philippins aux champignons truffés font partie des plats qu’on y trouve. Même les Suisses y sont représentés, avec un stand écoulant des saucisses de SaintGall. «Les vendeurs qui ont le plus de succès sont ceux qui ont choisi de se concentrer sur un seul aliment, comme le Ramen Burger, ou ceux qui opèrent une fusion entre deux cultures, comme les Asia dogs, des hot-dogs surmontés de garnitures asiatiques», explique Jona-

than Butler, l’un des cofondateurs du marché. Cet ancien financier de Wall Street, qui a aussi créé un blog immobilier et un marché aux puces, a lancé le Smorgasburg en 2011 avec Eric Demby, ancien journaliste et auteur de discours politiques. Il se tient désormais dans trois lieux à Brooklyn et un dans le Queens. Un partenariat conclu avec Whole Foods permet à certains vendeurs d’écouler leurs créations dans les rayons du supermarché bio. Une cuisine industrielle dans le quartier de Crown Heights sert en outre d’incubateur pour les cuisiniers en herbe. Les plus talentueux ont droit à une audition avec les deux fondateurs du marché. «Le Smorgasburg est devenu une plateforme qui permet aux nouveaux restaurateurs de tester leur offre avant d’ouvrir une vraie enseigne», commente Jonathan Butler. Le marché compte plusieurs success stories, à l’image de Mighty Quinn, un étal à BBQ qui a ouvert une échoppe dans l’East Village après avoir d’abord fait connaître ses viandes grillées au Smorgasburg. ■

d’Andy Warhol, de Jean-Michel Basquiat, de Mark Rothko, de Keith Haring. Rien, cependant, n’était acquis. Au fil des ans, un phénomène similaire s’est déroulé dans chacun des quartiers de Manhattan: des artistes s’installaient dans de grands espaces bon marché et délabrés, une poignée de cafés et de magasins voyaient le jour et le prix des loyers augmentait, chassant la classe créative dans le bloc d’à côté – un processus surnommé gentrification. Le West Village, SoHo, le Meatpacking District, le Lower East Side, tous ont connu ce sort. «New York se métamorphose constamment, explique Bernard Tschumi. Le changement fait partie de son ADN, c’est presque un organisme vivant.» Une fois tous les recoins de Manhattan explorés, les jeunes créatifs ont traversé l’East River pour tenter leur chance à Brooklyn. Oliver Ackermann, le leader du groupe A Place To Bury Strangers, est l’un des pionniers du mouvement d’artistes qui a colonisé Williamsburg. C’était en 2002. «On avait un véritable sentiment de liberté», se rappelle le rockeur aux cheveux longs attablé devant une bière dans un bar sombre. Le musicien et son groupe ont loué un entrepôt et l’ont transformé en salle de concert et studio d’enregistrement DIY, nommé Death By Audio. «L’endroit était énorme et bon marché, se souvient-il. L’atmosphère du quartier était magique. Il y avait une telle concentration d’artistes dans un même lieu de vie… On faisait des choses folles, comme installer une patinoire dans un entrepôt le temps d’une soirée.»

CLÉMENT BÜRGE

UNE MORT ARTISTIQUE

MIGHTY QUINN Le stand de barbecue a ouvert une échoppe dans l’East Village après avoir

fait connaître ses viandes grillées au Smorgasburg, un marché gourmand très couru.

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La situation a petit à petit changé. Le loyer de Death By Audio est passé de 2700 à 15 000 dollars par mois entre 2002 et 2014. «Les espaces créatifs ferment les uns après les autres, soupire Oliver Ackermann. Je ne compte plus les restaurants de luxe qui les ont remplacés. Ce quartier est mort.» Le légendaire espace qu’il a créé à Williamsburg a fermé ses portes le 22 novembre 2014, terrassé par la hausse de loyer. Aujourd’hui, beaucoup s’interrogent: Williamsburg restera-t-il le dernier quartier à avoir abrité la classe créative new-yorkaise? Lawrence Levine, un cinéaste de 39 ans qui fait

partie de l’équipe de Lena Dunham et qui prépare un documentaire sur la mort artistique de New York, le craint. «La ville dans son ensemble est devenue plus corporate, moins sauvage, glisse le grand brun, écœuré. Aujourd’hui, tout est plus réglementé. Les autorités sont devenues paranoïaques pour tout ce qui touche à la sécurité ou à la drogue. Manhattan, le cœur de la ville, est devenu un Disneyland pour les gosses de riche.»

Comment expliquer ce changement? Pour beaucoup, le 11 septembre a radicalement transformé la ville, la rendant plus sensible aux questions sécuritaires. «A cela, il faut ajouter la vision des maires Rudolph Giuliani puis Michael Bloomberg, qui ont mis en place une série de politiques publiques urgentistes, affirme le cinéaste. Les autorités se comportent comme si la ville était en permanence en état d’urgence. Michael Bloomberg s’est même fait réélire pour un troisième mandat alors que la loi l’en empêchait!» En parallèle, la baisse de la criminalité a permis à New York de se convertir en pôle économique. L’autre coupable est la hausse des loyers. «Cela a tué l’âme artistique de la ville», estime John Wray, un écrivain de 43 ans, en sirotant un caffè latte dans un bistrot de Brooklyn. En 2015, le loyer moyen sur Manhattan a atteint pour la première fois de son histoire le chiffre de 4100 dollars par mois. Dans certains quartiers de Brooklyn, comme Dumbo ou Fort Greene, le prix des locations a augmenté de 20, voire de 40% en 2015. «New York a perdu son statut d’incubateur, estime John Wray. Il n’est plus le lieu où l’on vient pour percer, mais celui où l’on vient une fois qu’on a déjà fait ses preuves ailleurs.» Les gens créatifs qui restent «sont plus

AFP PHOTO

Bernard Tschumi croit que la ville va finir par prendre conscience de ses excès. Si New York doit tomber, ce ne sera pas sans avoir livré un épique dernier combat.

BRANDON STANTON Le photographe, ancien trader à Chicago, documente depuis 2010

la vie de New-Yorkais au moyen d’une photo unique et anonyme prise dans la rue.

L’HUMANITÉ AU COIN DU BITUME

Une série de photos raconte le quotidien des New-Yorkais avec une étonnante simplicité. Sur l’internet, elle est devenue culte, chaque nouveau cliché générant des milliers de commentaires. Le garçon vêtu d’un gilet turquoise et d’un polo blanc, assis sur des marches d’escalier, semble à peine sorti de l’enfance. Il a la tête baissée, ne regarde pas la caméra. On dirait qu’il vient de pleurer. «Je suis homosexuel et j’ai peur de l’avenir, que les gens ne m’aiment pas», dit la légende. Elle a généré des milliers de commentaires sur Facebook, dont un de la part de Hillary Clinton. Cette image, publiée début juillet par le photographe américain Brandon Stanton, fait partie de sa série Humans of New York. Lancée en 2010, celle-ci documente la vie de résidents de la Grande Pomme au moyen d’une photo unique et anonyme prise dans la rue, accompagnée des quelques mots qu’ils ont glissés au jeune homme de 31 ans alors qu’il s’apprêtait à les croquer de son objectif.

Née d’un projet personnel entrepris alors qu’il venait de perdre son emploi de trader dans une firme de Chicago, la série est désormais devenue son activité à plein temps. Certains portraits sont drôles, comme cette dame qui porte un chapeau en forme de nid d’oiseau et affirme avoir lancé une croisade pour améliorer la réputation des pigeons et des rats. D’autres sont tristes, comme ce clown qui sourit d’un air las et admet qu’il traverse une mauvaise passe. D’autres encore sont touchants, comme ce vieil homme assis sur un banc avec un crucifix autour du cou qui raconte comment il a retrouvé le goût de vivre grâce à une femme dont il est récemment tombé amoureux. D’autres, enfin, sont poignants, comme ce monsieur bedonnant qui dit avoir l’impression de ne plus rien construire depuis son divorce. ■

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avancés dans leur carrière, plus âgés aussi, poursuit-il. Cela signifie qu’il y a moins de mélanges entre les gens, moins de pollinisation croisée entre les arts.» La ville a aussi perdu de sa diversité. «Le coût de la vie a découragé la prise de risques et restreint la variété des profils, souligne l’écrivain. Il y a une homogénéisation par le haut. Dans mon quartier, tout le monde travaille dans la finance, l’immobilier ou la publicité. Cette uniformité

est mauvaise pour l’art, cela le rend stérile.» IRREMPLAÇABLE

Aujourd’hui, New York est devenu tellement difficile à vivre que de plus en plus de membres de la classe créative s’exilent. En ce moment, Detroit est sur toutes les lèvres. Les loyers de Motor Town font partie des moins chers aux Etats-Unis. Le Galapagos Art Space, une légendaire galerie née à Brooklyn, y a récemment déménagé

«parce que New York est devenu trop cher et qu’un artiste ne peut pas peindre uniquement la nuit dans sa cuisine», écrit-il sur son site web. D’autres évoquent La NouvelleOrléans, en plein regain d’énergie depuis Katrina, ou Portland, où se pressent les hipsters. Mais la ville qui attire le plus de jeunes créatifs est désormais Los Angeles. De l’espace en abondance, des loyers décents et une importante concentration d’artistes en ont fait le grand favori pour accueillir ceux

PLUS DE 20 000 SUISSES VIVENT DANS LA ANTOINE MARTIN Le Lausannois a

Parmi eux, de nombreux créatifs et entrepreneurs venus y réaliser leurs ambitions les plus folles.

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PORTRAITS: CLÉMENT BÜRGE

Quand l’artiste suisse Olaf Breuning est arrivé pour la première fois à New York, il a tout de suite su qu’il n’allait jamais quitter cette ville. Ce qu’il apprécie le plus? «Il y règne un sentiment de liberté unique. Personne ne juge personne. Les excentriques sont valorisés. C’est tout le contraire des grandes et vieilles capitales européennes.» Un appel d’air frais qui a séduit plus d’un créatif suisse, à l’image de l’architecte Bernard Tschumi: «En Europe, les cadres contractuels de construction sont très rigides. Ici, tout est plus flexible. Cela m’a permis de mieux développer ma carrière.» Beaucoup profitent simplement de la taille de cette ville-monde. Salomé Scheidegger, une pianiste zurichoise, estime qu’elle n’aurait pas eu les mêmes possibilités ailleurs. «J’ai pu lancer ici des projets qui mélangent musique et projections, car il y a suffisamment de gens appréciant ce genre de spectacle un peu plus avant-gardiste», explique-t-elle. Dans un autre registre, la ville regorge également de talents entrepreneuriaux helvétiques. Le Zurichois David Becker y a lancé une start-up, Zkipster, aujourd’hui évaluée à 10 millions de francs. Fabian Pfortmüller y a créé une entreprise de design dont les affiches sont vendues dans les magasins branchés de la ville. Et Antoine Martin, un Lausannois, est devenu vice-président de la branche new-yorkaise de la Réserve fédérale. ■

été nommé en 2005 vice-président de la Fed de New York, une branche de la Réserve fédérale.

SALOMÉ SCHEIDEGGER La pianiste zurichoise née au Japon s’est DANIEL DOUBROVKINE

installée dans la métropole en 2011, d’où elle mène une carrière Ce Genevois né en Russie internationale. a rejoint Artsy en 2011, où il est aujourd’hui directeur de la technologie.

NEW YORK qui quittent New York. Le dernier album de Moby est entièrement inspiré par son récent déménagement à Los Angeles. Lawrence Levine aussi s’y est installé. Reste que, pour lui, la Grande Pomme est irremplaçable. «Los Angeles est plus terre à terre, fait-il remarquer. Il y a moins de folie.» Helene Winer, la fondatrice de Metro Pictures, une mythique galerie d’art newyorkaise, est également convaincue que la ville est unique. Vêtue d’une blouse blanche et de grandes lunettes de soleil,

cette femme de 69 ans respire le chic de Chelsea, le quartier des galeristes. «Tous les plus grands artistes sont ici. New York reste le lieu où l’on se rend quand on veut – ou qu’on va – réussir.» Même si les conditions sont de plus en plus difficiles pour les jeunes artistes, «le milieu new-yorkais de l’art a tellement crû depuis les années 60 ou 70 qu’il y a plus d’argent et plus de soutien pour eux», analyse la galeriste. Elle vient d’ailleurs d’acheter un bâtiment à Bedford-Stuyvesant, un quartier reculé de Brooklyn, pour y héber-

RÉGION DE NEW YORK

ger de jeunes artistes. «Ce genre de coup de pouce était bien plus rare à l’époque», souligne-t-elle. Bernard Tschumi croit que la ville va finir par prendre conscience de ses excès. «Je pense que New York commence à voir qu’elle est devenue une ville d’argent, dit-il. L’élection du maire Bill de Blasio, un politicien de gauche, est un premier signe qu’elle ne se laissera pas faire.» Si New York doit tomber, ce ne sera pas sans avoir livré un épique dernier combat. ■

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SUR WWW.HEBDO.CH DÉCOUVREZ EN LEUR COMPAGNIE LES ADRESSES PRÉFÉRÉES DE SALOMÉ SCHEIDEGGER ET DE DANIEL DOUBROVKINE

FABIAN PFORTMÜLLER

Le jeune entrepreneur zurichois a cofondé Holstee en 2008.

DAVID BECKER L’entrepreneur zurichois a cofondé en 2012 la start-up Zkipster.

OLAF BREUNING L’artiste

schaffhousois habite la cité depuis 2000, où il travaille à des installations, des films ou encore de la photographie.

BERNARD TSCHUMI L’architecte, professeur

et théoricien né à Lausanne s’est établi à New York en 1975.

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NEW YORK ■■■

Savourez New York! Sélection. Bars, restaurants, boutiques, musées, architecture, galeries d’art, lieux cultes: nos adresses coups de cœur. poulet frit assorti de gaufres ou de poisson-chat noirci aux épices. 310 Lenox Avenue, Harlem Métro: 125th Street

RESTAURANTS

Freemans $

Five Leaves $

Situé au bout d’une allée sombre, Freemans a un air de taverne coloniale clandestine. Un caractère qui est encore accentué par les têtes d’animaux empaillées qui ornent les murs et par la lumière tamisée. Les plats sont inspirés par les ingrédients traditionnels de la côte est: palourdes, crevettes ou truites. A cela s’ajoute une carte de cocktails inventive.

Ce petit bistrot orné d’un bar surmonté de jolies ampoules à filaments est l’œuvre de l’acteur décédé Heath Ledger. On y trouve l’un des meilleurs burgers de New York, avec des frites à la truffe, ainsi qu’une cuisine soignée qui fait la part belle aux ingrédients frais, comme l’omble chevalier ou les légumes-racines. Les pancakes, servis à l’heure du brunch, valent le détour.

Freeman Alley, qui part de Rivington Street, Lower East Side, Manhattan Métro: Bowery ou Spring Street

18 Bedford Avenue, Greenpoint, Brooklyn Métro: Nassau

Red Rooster $$

Momofuku $-$$$

Cette enseigne, ouverte par un lauréat de l’émission américaine Top Chef Masters et située à deux pas du mythique Apollo Theatre, est devenue LE lieu de rencontre pour les célébrités de Harlem. On y mange une cuisine inspirée du sud des Etats-Unis, faite de beignets de tomates vertes, de

Véritable empire fondé par le chef David Chang, les restaurants Momofuku déclinent une cuisine d’inspiration japonaise sous toutes ses coutures. Le Ko propose un tasting menu haut de gamme alors que le Noodle Bar sert de grands bols de soupe fumants remplis de ramen et que

le Ssäm Bar mêle ingrédients japonais, coréens et américains. Le Milk Bar permet, lui, d’acheter des pâtisseries décadentes, comme les truffes au gâteau d’anniversaire ou le crack pie, une tarte à base de sucre brun et de beurre. Ko: 8 Extra Place, East Village, Manhattan Noodle Bar: 171 First Avenue, East Village, Manhattan Ssäm Bar: 207 Second Avenue, East Village, Manhattan Milk Bar: diverses échoppes à Brooklyn et à Manhattan

Fette Sau $ Envie d’un barbecue gargantuesque? Fette Sau a tout ce qu’il vous faut. Cette échoppe spécialisée dans les viandes grillées propose de l’épaule de porc effilochée, des travers de porc, des côtelettes et de l’estomac de porc garni de salade de patates ou de haricots blancs en sauce. Le tout servi sur de grands plateaux dans une ambiance décontractée. 354 Metropolitan Avenue, Williamsburg, Brooklyn Métro: Bedford Avenue

Zenkichi $$$ Chacune des tablées de cette adresse élégante dissimulée derrière une paroi en bois anonyme a droit à sa propre petite case, fermée par un rideau. Le traditionnel menu japonais omakase à huit plats, inspiré par les brasseries de Tokyo, est un festival de délices. Sashimis d’exception, crustacés trempés dans du saké et morue marinée dans une sauce au yuzu en font partie. 77 North 6th Street, Williamsburg, Brooklyn Métro: Bedford Avenue

Eleven Madison Park $$$ Centré sur des recettes newyorkaises, le menu de cette enseigne tenue par le chef suisse Daniel Humm se veut ludique et interactif. L’un des plats est un panier contenant divers ingrédients pour composer un pique-nique de luxe. Un des desserts comporte quatre barres du chocolatier Mast Brothers que les convives sont invités à décrire: s’agit-il de lait de vache, de brebis ou de chèvre? 11 Madison Avenue, Midtown, Manhattan

Delaware and Hudson $$

CLÉMENT BÜRGE

$ = peu cher $$ = moyennement cher $$$ = très cher

FETTE SAU La meilleure

adresse new-yorkaise où déguster un barbecue.

Forte de sa première étoile Michelin, cette petite enseigne sert une cuisine américaine inventive et saisonnière. Le menu fixe à 54 dollars est un régal. Un assortiment d’entrées (soupe de concombre, truite fumée et boulettes de viande de veau) précède un miniplat de pâtes, un mets principal (bar rayé, rack d’agneau ou beignets de pourpier) et un somptueux dessert. 135 North 5th Street, Williamsburg, Brooklyn Métro: Bedford Avenue

Eileen’s Special Cheesecake $ Cette petite pâtisserie nichée au coin d’une place dans l’East Village vend une myriade de cheesecakes aux goûts tous plus fous les uns que les autres. Beurre de cacahuète, piña colada, citrouille ou caramel salé en font partie. Certains sont disponibles en format bouchée. 17 Cleveland Place, Soho, Manhattan Métro: Spring Street

BARS

Hotel Delmano Ce bar aux airs de speakeasy semble tout droit sorti de l’ère de la prohibition. Les murs ornés de tableaux, les petites pièces en enfilade où s’entassent de petites tables rondes et, surtout, les cocktails raffinés qui portent des noms comme Cloud Walker ou NinetyNine Roses: tout évoque les années folles. Vaste choix de fruits de mer et d’huîtres à l’heure de l’apéro. 82 Berry Street, Williamsburg, Brooklyn Métro: Bedford Avenue

La vue panoramique sur tout Manhattan vaut à elle seule la peine. Mais le cadre opulent de ce bar tout en dorures et canapés design est l’autre attraction de ce lieu unique qui a figuré dans plusieurs films. Situé au dernier étage de l’hôtel Standard, qui chevauche la High Line, il possède également un rooftop à l’air libre et une boîte de nuit, Le Bain. 848 Washington Street, Meatpacking District, Manhattan Métro: 14th Street

Apotheke De l’extérieur, cela ressemble à la devanture d’une vieille pharmacie chinoise, cachée au fond d’une ruelle de Chinatown. Mais dedans se trouve un bar à l’atmosphère feutrée, doté d’une faramineuse carte de cocktails composés d’ingrédients quasi magiques, comme du jus de carambole, de l’encre de seiche, de la liqueur de camomille ou du pisco à la racine de pissenlit. 9 Doyers Sreet, Chinatown, Manhattan Métro: East Broadway ou Canal Street ■ ■ ■

CLÉMENT BÜRGE

Top of the Standard

DANIEL BURNS Le chef du Luksus réalise des menus gastronomiques inspirés par la nouvelle

cuisine danoise et accompagnés de bières fines particulièrement bien adaptées aux mets.

LUKSUS LA CUISINE AU NATUREL $$$ Un dîner chez Luksus se déroule selon un rituel bien précis. Les convives arrivent tous en même temps, à une heure donnée, passent la porte qui se trouve au fond de Tørst, un bar à bières, et s’attablent à l’une des tables en bois qui ornent la petite salle au décor minimaliste, face à la cuisine ouverte. Ils se font alors servir pas moins de huit plats, allant des snacks au dessert. Ils peuvent accompagner chaque mets d’une bière spécialement sélectionnée par le chef Daniel Burns. «Ma cuisine s’inspire du nouveau style nordique, explique ce grand roux qui a œuvré durant trois ans comme chef pâtissier du restaurant Noma, au Danemark. Je privilégie les produits naturels, le terroir, les légumes et j’essaie de ne pas trop interférer avec les aliments, de les laisser exprimer

toute leur saveur naturelle. J’évite aussi de trop surcharger les assiettes, en me limitant à deux ou trois ingrédients.» Le Canadien, qui a ouvert son restaurant en 2013, aime les produits saisonniers et locaux. «Les fougères au printemps ou la rhubarbe en été, détaille-t-il. Sans oublier les pousses d’épicéa ou le cynorrhodon qui pousse près de l’océan, ce qui lui donne un petit goût salé.» Il change sa carte tous les mois. L’un de ses mets phares est le simple bouillon. «Contrairement aux apparences, il s’agit d’un plat extrêmement technique, qui peut contenir de multiples couches de saveurs différentes», glisse-t-il avant de disparaître en cuisine. ■ 615 Manhattan Ave, Greenpoint, Brooklyn Métro: Nassau

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NEW YORK

LIZ POWER L’Australienne chine des vêtements de seconde main dans le monde entier puis les transforme, avec pour résultat une ligne

de vêtements à la fois moderne et vintage, vendue dans ses deux boutiques de Brooklyn.

AWOKE VINTAGE LES SEPT VIES D’UNE ROBE Liz Power est arrivée à New York il y a trois ans à peine, depuis son Australie natale. Tombée amoureuse de la ville lors de vacances, cette diplômée en marketing et en anthropologie de 28 ans a décidé d’ouvrir une boutique vintage au cœur de Williamsburg, à Brooklyn. Mais pas avec n’importe quels vêtements de seconde main. «Je privilégie les pièces qui ne sont pas rattachées à une époque particulière, je veux que mes habits aient un air contemporain, pas seulement un look’60s ou’70s», glisse la petite blonde vêtue d’une jupe jaune vif et d’un chemi-

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sier au motif multicolore. Pour ce faire, elle n’hésite pas à les transformer, à rajouter de beaux boutons en nacre sur une robechemise en soie brune, à réduire le volume des manches un peu trop bouffantes d’un haut né dans les années 80 ou à raccourcir une jupe qui arrive malencontreusement à mi-mollet. Ses vêtements, elle les chine aux quatre coins de la planète. «Je parcours les ventes successorales, je lis les petites annonces et je fréquente les showrooms spécialisés dans les habits vintage. Certaines pièces viennent de New York, d’autres du Japon, d’autres encore

d’Australie.» Le résultat? Une ligne atemporelle, à la fois vintage et moderne. Elle aime savoir que ses habits ont eu un passé. «On achète un morceau d’histoire, sourit-elle. Et il y a un côté écolo à donner une seconde vie à une robe ou à une chemise.» Le succès de cette boutique est tel que Liz Power vient d’ouvrir une seconde antenne, également à Brooklyn. ■ 132 North 5th Street, Williamsburg, Brooklyn Métro: Bedford Avenue 688 Manhattan Avenue, Greenpoint, Brooklyn Métro: Nassau

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Rough Trade

Blind Barber

L’antenne new-yorkaise de ce magasin de disques et label londonien comporte une salle de concert et un bar où se produisent certaines des formations musicales les plus intéressantes du moment. Le reste de l’espace, situé dans une vieille halle industrielle, est dévolu à un magasin de CD et vinyles très fourni.

Pour pénétrer dans ce bar tout en boiseries sombres et au sol en catelles bicolores, il faut d’abord passer par l’échoppe d’un barbier traditionnel qui propose des tontes au rasoir droit, puis prendre la petite porte du fond. On arrive alors dans un espace tamisé qui sert des cocktails virils au bourbon, au Cointreau infusé de jalapeños ou à la liqueur d’épices créoles.

Barcade Les amateurs de jeux vidéo seront aux anges dans ce bar qui ne contient pas moins d’une vingtaine de jeux d’arcade vintage. De Pac-Man à Asteroids en passant par Donkey Kong, tous les classiques du genre sont représentés. La carte des bières, bien dotée en breuvages locaux et autres cuvées confidentielles, n’est pas mal non plus. 388 Union Avenue, Williamsburg, Brooklyn Métro: Lorimer Street

CLÉMENT BÜRGE

Grand Banks Les plus belles vues de Manhattan sont celles qui s’offrent à l’œil depuis la rivière Hudson. Le voilier en bois sur lequel se trouve le Grand Banks a beau n’être amarré qu’à quelques mètres du quai, il n’en offre pas moins une perspective imprenable sur le quartier de la finance et la statue de la Liberté. Et on peut l’apprécier un verre de champagne à la main, devant un plateau d’huîtres. Pier 25, Hudson River Park, North Moore Street, Tribeca, Manhattan Métro: Franklin Street

The Gutter Avec ses allées de bowling vintage, sa table de billard et ses lampes de verre coloré aux couleurs de diverses marques de bière, The Gutter est l’incarnation même du dive bar destiné aux oiseaux de nuit en bout de course. On y trouve pourtant une vaste gamme de houblons de qualité et un public diversifié, composé notamment de hipsters. 200 North 14th Street, Williamsburg, Brooklyn Métro: Bedford Avenue ou Nassau

220 Smith Street, Cobble Hill, Brooklyn Métro: Bergen ou Hoyt-Schermerhorn 316 Fifth Avenue, Park Slope, Brooklyn Métro: Union Street ou 9th Street 203 Grand Street, Williamsburg, Brooklyn Métro: Bedford Avenue

Cloak and Dagger Pénétrer dans cette boutique sur une rue tranquille de l’East Village revient à s’engouffrer dans une capsule spatiotemporelle. Tout évoque le Paris des années 60 de Jane Birkin et de Brigitte Bardot, ou peut-être s’agit-il des films de Wes Anderson? Robes à col Peter Pan, t-shirts rayés d’inspiration nautique et minijupes de couleur pop font partie de l’assortiment de base de cette boutique originale lancée par la créatrice de mode Brookelynn Starnes. Tout comme les marques confidentielles mais néanmoins cultes Sessùn ou L’école des femmes.

339 East 10th Street, East Village, Manhattan Métro: 1st Avenue

Milk and Roses A l’intérieur, un bistrot chaleureux, dont les parois sont ornées de livres, invite à siroter un café tout en lisant le journal. A l’extérieur, un charmant petit espace de verdure, qui s’illumine au crépuscule de guirlandes lumineuses, se prête aux longues discussions nocturnes, en picorant les petites assiettes de carpaccio à la nectarine ou de pâté au canard.

334 East 9th Street, East Village, Manhattan Métro: 1st Avenue ou Astor Place

1110 Manhattan Avenue, Greenpoint, Brooklyn Métro: Greenpoint Avenue

Catbird Cette minuscule échoppe située sur l’artère la plus fréquentée de Williamsburg est spécialisée dans les bijoux délicats. Elle vend notamment les créations inspirées par les années 20 d’Erica Weiner, les bagues ornées de pierres précieuses de Gillian

Angel’s Share Il s’agit de l’un des premiers bars à cocktails de la ville. Dissimulé derrière un restaurant japonais, son décor évoque celui d’un boudoir nippon, avec son papier peint fané, sa fresque composée de chérubins et ses fauteuils en cuir. Les cocktails font la part belle aux ingrédients asiatiques, comme les pétales de cerisier salés, le jus de yuzu ou la liqueur shochu.

Conroy ou les anneaux unisexes de Digby & Iona. On y trouve aussi quelques bougies aux senteurs fragiles. 219 Bedford Avenue, Williamsburg, Brooklyn Métro: Bedford Avenue

Frankie Cette petite enseigne au cœur du Lower East Side s’est spécialisée dans les vêtements aux coupes modernistes et les sacs à main aux lignes géométriques. Tout est simple, minimaliste, épuré. Et, atout supplémentaire, la plupart des habits valent moins de 100 dollars. 100 Stanton Street, Lower East Side, Manhattan Métro: 2nd Avenue ou Essex Street

MUSÉES

The Cloisters Implantée dans un magnifique bâtiment gothique au bord de la rivière Hudson, cette antenne délocalisée du Metropolitan Museum of Art abrite une grande collection d’art médiéval, dont de nombreuses tapisseries flamandes. La bâtisse, reconstituée à partir de cinq abbayes européennes rassemblées à New York, ainsi que les jardins remplis de plantes anciennes valent à eux seuls la visite. 99 Margaret Corbin Drive, Washington Heights Métro: Dyckman Street

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8 Stuyvesant Street, East Village, Manhattan Métro: Astor Place

BOUTIQUES

Bird

Jen Mankins, la fondatrice de cette boutique qui possède trois adresses à Brooklyn, choisit ses vêtements avec la précision et le soin d’un curateur de musée. Les marques représentées sont un mélange de noms connus, comme Alexander Wang ou Isabel Marant, et de petits créateurs locaux comme Rachel Comey, Demylee, Suno

CLÉMENT BÜRGE

64 North 9th Street, Williamsburg, Brooklyn Métro: Bedford Avenue

ou Ace & Jig. Belle collection hommes également.

GRAND BANKS Le bar sur la Hudson River dispose d’une perspective

imprenable sur le quartier de la finance et la statue de la Liberté.

15 OCTOBRE 2015 L’HEBDO 57

XXXXXXX South Bronx Le dernier quartier dangereux de New York commence à attirer ses premiers bobos. Ils sont concentrés tout au sud, sur Bruckner Boulevard. On y trouve plusieurs bars et restaurants et, surtout, une poignée de distilleries artisanales, comme la Port Morris Distillery, et de brasseurs, comme la Bronx Brewery, qui se visitent.

CLÉMENT BÜRGE

Métro: 3rd Avenue - 138th Street ou Cypress Avenue

THE GUTTER Un bar, un vrai, où jouer au billard ou au bowling, où finir la nuit, où croiser

tant des habitants typiques de Williamsburg que des hipsters.

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The Frick Collection Découvrir ces œuvres rassemblées par l’industriel Henry Clay Frick, c’est comme pénétrer dans la demeure privée d’un collectionneur. Chaque pièce est agencée comme si elle s’apprêtait à accueillir un dîner de famille ou un bal. Sauf que les tableaux au mur sont signés Rembrandt, Goya, Vermeer ou Turner. 1 East 70th Street, Upper East Side, Manhattan Métro: 68th Street - Hunter College

Brooklyn Museum et le jardin botanique Prévue à l’origine pour être le plus grand musée du monde, cette institution méconnue possède 1,5 million d’œuvres réparties sur 52 000 m2. Elle fait la part belle à l’art afro-américain, documentant sa progression depuis l’époque coloniale jusqu’aux créations de Jean-Michel Basquiat ou Kehinde Wiley. Ne manquez pas le superbe jardin botanique, qui s’anime chaque printemps d’un festival consacré aux cerisiers japonais. 200 Eastern Parkway, Prospect Heights, Brooklyn Métro: Eastern Parkway - Brooklyn Museum

Museum of the Moving Image Avant que l’industrie du cinéma ne se déplace à Hollywood, le Queens en était le centre névral-

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gique. Ce musée rend hommage à cette époque en retraçant toute l’histoire du septième art, notamment avec des installations interactives. Il propose aussi des expositions de qualité, comme celle consacrée récemment à la série Mad Men.

qu’on souhaite y passer la nuit, il y a le Playland Motel – dont chaque chambre a été dessinée par un artiste différent.

36-01 35th Avenue, Astoria, Queens Métro: 36th Avenue ou 36th Street

Lorsqu’on sort du métro au terminus de la ligne 7, tout au fond du Queens, on a la sensation de s’être trompé de continent. Tous les panneaux sont en chinois, les restaurants proposant des barbecues coréens abondent, tout comme les pâtisseries asiatiques. Sans oublier un magnifique spa coréen (Spa Castle). Bien plus authentique que le Chinatown de Manhattan.

Tenement Museum Le Lower East Side a longtemps joué le rôle de terre d’accueil pour les migrants allemands, italiens, juifs et polonais fraîchement débarqués à New York. Ils s’y entassaient dans des bâtiments insalubres appelés tenements. L’un de ceux-ci a été restauré et transformé en musée. Chaque appartement retrace l’histoire d’une famille (réelle), qu’on découvre grâce aux récits vivants et fouillés des guides. 103 Orchard Street, Lower East Side, Manhattan

LES QUARTIERS À DÉCOUVRIR

The Rockaways Cette grande et belle plage de sable fin se transforme, le weekend venu, en repaire pour les surfeurs et les hipsters. Au Riis Park Beach Bazaar, on peut dévorer un lobster roll tout en regardant un concert d’indie. Et pour peu

Métro: Bedford Avenue, puis un bus privé (www.nycbeachbus.com)

Flushing

Métro: Flushing

Bushwick Haut lieu de la fête nocturne, cet ancien quartier industriel essentiellement peuplé de Portoricains et de Dominicains possède de nombreuses galeries d’art et des espaces autogérés qui programment tant des artistes émergents que des concerts expérimentaux ou des conférences féministes. Parmi les meilleurs: Silent Barn, Palisades ou Secret Project Robot. Métro: Morgan Avenue ou Jefferson Street

SPECTACLES

Le gospel à Harlem Les mères endimanchées portent de grands chapeaux fuchsia ou jaune canari, les fillettes sont vêtues de jolies robes blanches et les hommes sont en completcravate. Aller à l’église à Harlem, c’est toute une fête. Mais le clou du spectacle survient lorsque le chœur gospel se met à chanter. Harlem Spirituals organise des visites guidées, avec ou sans brunch. www.harlemspirituals.com

Greenpoint Moins gentrifié que son voisin Williamsburg, le charmant quartier de Greenpoint comporte une multitude de restaurants, bars et boutiques branchées. Autrefois dévolu aux classes ouvrières polonaises, il abrite désormais une population bigarrée d’artistes, de photographes et de graphistes. Sur Franklin Avenue, ne manquez pas les cocktails de Ramona, les pizzas de Paulie Gee’s, les bières de Broken Land et le rooftop de Northern Territory.

«Sleep No More»

Métro: Greenpoint Avenue

Métro: 28th Street

Cette pièce de théâtre immersive est fondée sur le Macbeth de Shakespeare. Le public se promène de pièce en pièce, à son rythme. Vêtu d’un masque, il est confronté à différentes scènes jouées par des acteurs et dépourvues de paroles. Une fois la pièce terminée, il peut boire un verre sur le toit de l’établissement, dans un bel espace de verdure. Une expérience unique. The McKittrick Hotel 530 West 27th Street, Chelsea, Manhattan

NEW YORK Northside et Celebrate Brooklyn!

collections d’art américain moderne et contemporain dans un espace de 4650 m2 pratiquement dépourvu de colonnes.

Chaque année au mois de juin, Brooklyn accueille le festival Northside. Mélange de conférence tech et de concerts, il ressemble de plus en plus au petit frère du fameux South by Southwest d’Austin. Celebrate Brooklyn! se tient pour sa part de juin à août au cœur de Prospect Park. Les groupes jouent sous les étoiles au milieu de cet écrin de verdure.

99 Gansevoort Street, Meatpacking District, Manhattan Métro: 8th Avenue

L’American Radiator Building Située en bordure du charmant carré de verdure de Bryant Park, cette tour gothique inaugurée en 1924 est un mélange baroque de briques noires – symbolisant le charbon – et dorées – symbolisant le feu. Destinée à l’origine à l’American Radiator Company, elle abrite désormais un hôtel.

Northside: divers lieux à Williamsburg et Greenpoint, Brooklyn Celebrate Brooklyn!: Prospect Park, Brooklyn

«The Book of Mormon»

40 West 40th Street, Midtown, Manhattan Métro: 5th Avenue

Cette comédie musicale coécrite par les deux créateurs de South Park est tout aussi irrévérencieuse et hilarante que leur dessin animé culte. Et n’a pas grand-chose à voir avec les habituels spectacles bien-pensants qui dominent Broadway. Elle relate l’histoire de deux missionnaires mormons partis apporter la bonne parole dans un village rural de l’Ouganda.

WHITNEY MUSEUM

Une belle réalisation architecturale de Renzo Piano et une importante collection d’art moderne américain.

Eugene O’Neill Theatre 230 West 49th Street, Midtown, Manhattan Métro: 50th Street

Rooftop Films Se faire une toile au sommet d’un immeuble au cœur de Manhattan? C’est l’expérience inédite que propose Rooftop Films d’avril à août. La plupart des films sont de petites productions indépendantes ou des courts métrages, mais il y a aussi quelques blockbusters de qualité, comme Birdman ou The Grand Budapest Hotel. www.rooftopfilms.com

BÂTIMENTS Mélange de tôle et de verre, le nouveau bâtiment du Whitney Museum est parfaitement à sa place au milieu des entrepôts postindustriels du Meatpacking District. Dessiné par l’architecte Renzo Piano, il abrite l’une des plus importantes

CLÉMENT BÜRGE

Le Whitney Museum

432 Park Avenue Du haut de ses 425,5 mètres, la fine tour blanche domine l’Upper East Side. Plus haut bâtiment résidentiel de l’hémisphère nord, il n’est surpassé que par l’Empire State Building et le One World Trade Center dans la Grande Pomme. Lorsque sa construction sera achevée, à la fin de l’année, il abritera 104 appartements, dont un penthouse à 95 millions de dollars. 432 Park Avenue, Upper East Side, Manhattan Métro: 59th Street

Les «brownstones» de Brooklyn Heights Lorsqu’on songe à Brooklyn, la première image qui vient en tête est celle des élégantes maisons de grès rouge datant du XIXe siècle

auxquelles on accède par un escalier. Le quartier de Brooklyn Heights, à deux pas de celui de Dumbo, en regorge. Il suffit de suivre les rues portant des noms de fruits: Cranberry, Orange ou Pineapple Street. Métro: High Street ou Clark Street

Le «boathouse» de Prospect Park Construite en 1905, cette bâtisse art déco tout en colonnades posée au bord d’un étang évoque les plantations majestueuses du Sud. On la découvre au détour d’un chemin, lorsqu’on s’aventure le long des sentiers de promenadequi traversent Prospect Park, une immense zone de verdure au cœur de Brooklyn. Métro: Prospect Park ■