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publication intitulée PUBLIC. INTEREST. De la formation des réviseurs aux défis futurs de la profession, ce 1er numéro passe en revue les principaux aspects de l'activité de réviseurs ... contre-productif car cela nuit à la qualité de l'audit, parfois très complexe ..... Plusieurs réflexions sont en cours pour repenser l'Examen.
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Interest

Le magazine de l’Institut des Réviseurs d’Entreprises

Interview

Jean-Michel Pacaud (IRE) : Les réviseurs au défi

Cover Story

#1

Réforme Barnier

Philippe Sergiel (IRE) : lumière sur les réviseurs d’entreprises

Infographie

#01

Michel Guay (IRE) : les chiffres de la profession au Luxembourg

Le nouveau rôle des réviseurs au Luxembourg

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Sommaire

#01

5. Édito

Jean-Michel Pacaud, Président de l’IRE

6. Analyse

Philippe Sergiel (IRE) : la réforme Barnier en quelques mots

8. Interview

Jean-Michel Pacaud (IRE) : les réviseurs au défi

12. Infographie

18. Interview

Michel Guay (IRE) : Les chiffres de la profession au Luxembourg

Sophie Mitchell (IRE) : Accompagner la formation

14. Table ronde

Le nouveau rôle des réviseurs au Luxembourg Public

Interest

Le magazine de l’Institut des Réviseurs d’Entreprises

Editeur en Chef : Jean-Michel Pacaud Equipe éditoriale : Marco Claude, Daniel Croisé, Michel Guay, Philippe Meyer, Sophie Mitchell, Jean-Michel Pacaud, Philippe Sergiel, Werner Weynand Conception & coordination : 360Crossmedia Direction artistique : Frank Widling Photo couverture : ©DR Tirage : 500 copies

20. Analyse

Philippe Meyer (IRE) : Transparence accrue pour les entreprises et leurs réviseurs

22. À propos de l’IRE

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Édito

Chers lecteurs

Bonne Lecture !

© DR

Jean-Michel Pacaud, Président du Conseil de l’IRE

© 360Crossmedia/M.M.

Le Conseil de l’Institut des Réviseurs d’Entreprises est fier de vous présenter sa nouvelle publication intitulée PUBLIC INTEREST. De la formation des réviseurs aux défis futurs de la profession, ce 1er numéro passe en revue les principaux aspects de l’activité de réviseurs d’entreprises au Grand-Duché. En espérant qu’il permette à tous de mieux appréhender le rôle important des réviseurs, dans l’économie et au-delà, dans la société au Luxembourg.

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Analyse

La réforme va permettre à nos clients et à la population de mieux comprendre le métier de réviseur d’entreprises.”

Philippe Sergiel (IRE)

Philippe Sergiel, membre du conseil de l’IRE

La réforme

Barnier

en quelques mots © DR

Philippe Sergiel, membre du conseil de l’IRE, analyse les conséquences de la réforme “Barnier” sur le marché de l’audit au Luxembourg.

Pouvez-vous décrire brièvement les grands points de cette réforme ?

Quels seront les changements concrets pour les réviseurs luxembourgeois et pour leurs clients ?

© PwC

La réforme “Barnier” sera transposée dans la loi luxembourgeoise au printemps 2016. Sa mise en place intervient après plusieurs scandales financiers – affaire Enron, faillite de Lehman Brothers – et se fixe comme objectif de renforcer la qualité des audits des entités d’intérêt public. La question de la bonne gouvernance des entreprises et le débat récurrent sur l’indépendance des auditeurs externes ont accouché de 2 grandes mesures : 1. La mise en place d’une rotation obligatoire des mandats, désormais limités à 10 ans, avec possibilité d’extension à 20 ans moyennant le passage obligé par un appel d’offres.

complexe, de certaines entreprises.

2. La limitation voire l’interdiction pour les cabinets d’audit de pratiquer certaines activités annexes, comme le conseil pour leurs clients d’audit notamment. Les intentions de départ de la réforme sont bonnes – meilleures transparence et corporate governance – mais

certaines mesures vont trop loin. Je m’explique : il est clair que l’auditeur du système informatique d’une entreprise ne peut pas être le vendeur de ce système. En revanche, priver les firmes de certains experts – fiscalistes par exemple – est contre-productif car cela nuit à la qualité de l’audit, parfois très

Notons bien que les seuls clients concernés par cette réforme sont les EIP (entités d’intérêt public, ndlr), autrement dit sociétés cotées, banques et assurances principalement au GrandDuché. Par le passé, seul le CEO et le conseil d’Administration prenaient connaissance des conclusions rendues par les réviseurs. Désormais, des comités d’audit composés en partie d’experts – anciens réviseurs notamment – devront être mis en place pour évaluer le travail

de réviseurs mais aussi s’assurer que les recommandations qu’ils formulent sont bien prises en compte par l’entreprise. La rotation des mandats et leur redistribution sous forme d’appels d’offres devrait inciter les clients à mieux s’informer sur leurs fournisseurs de service et à leur demander plus régulièrement de rendre compte de leurs observations.

Quelle est la position de la profession vis-à-vis de ces évolutions ? Nous sommes globalement satisfaits du travail de transposition dans la législation luxembourgeoise en cours. Grâce à des débats constructifs et au travail du comité chargé d’écrire les nouveaux textes de lois –placé sous la direction de la Commission de Surveillance

du Secteur Financier et composé en partie par des membres de l’IRE – nous avons réussi à limiter l’impact des mesures disproportionnées comme l’interdiction de certaines activités de conseil. D’un autre côté nous sommes de plus en plus sollicités par la presse, ce qui nous permet de mieux assumer notre rôle pédagogique. Nos clients et la population comprennent mieux nos activités et l’impact qu’elles ont sur l’économie du GrandDuché. Nos prérogatives vont s’élargir, ce qui représente de nouvelles opportunités et devrait contribuer à préserver l’attractivité de la profession.

+ D’INFORMATIONS www.ire.lu www.myofficialstory.com/ philippesergiel

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Interview Jean-Michel Pacaud (IRE)

Les réviseurs

au

défi

© 360Crossmedia

Jean-Michel Pacaud, Président de L’Institut des Réviseurs d’Entreprises, fait le point sur l’évolution de la profession et les défis à venir.

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Interview Les réviseurs sont avant-tout les garants de l’intérêt public.”

© DR

Jean-Michel Pacaud, Président de l’IRE

Quels changements avezvous observé depuis votre élection à la présidence de l’IRE en 2012 ? J’identifie 3 évolutions principales. 1. L’adoption de la réforme Barnier au printemps 2014 et le travail de transposition effectué depuis ont permis de dissiper le « nuage noir » qui menaçait alors la profession. Les mesures initiales disproportionnées, comme la rotation obligatoire de l’auditeur sur une durée trop courte ou encore une limitation drastique des services « non audit », ont été considérablement assouplies (voir à ce sujet l’article de Philippe Sergiel) et l’impact de la réforme sur notre profession est désormais maîtrisé à 95%, puisque l’avant-projet de loi – auquel les représentants de l’IRE ont contribué sous la

houlette de la Commission de Surveillance du Secteur Financier (CSSF) en tant que superviseur de la profession de l’audit – est pratiquement finalisé. 2. Le “tsunami réglementaire” qui frappe le secteur financier réglementé depuis la crise financière de 2008 donne certes plus de travail aux réviseurs mais il complexifie considérablement l’environnement et augmente les coûts des entreprises concernées. 3. L’environnement fiscal des grandes entreprises, notamment internationales, est en train de changer radicalement : BEPS (« base erosion, profit shifting ») et “transfer pricing” vont modifier en profondeur l’attitude des entreprises face à l’impôt. Le conseil fiscal tel qu’il a été pratiqué depuis quelques

décennies doit être repensé, ce qui aura bien entendu un impact sur les employeurs des réviseurs, même si nous pensons que les mesures actuelles seront compensées, en termes d’attractivité fiscale du Grand duché, par les baisses d’impôts sur les entreprises qui devraient normalement être inscrites dans la grande réforme fiscale de 2017.

Quels objectifs vous êtes-vous fixés pour votre deuxième mandat ? Nous voulons rester une profession attractive. La bonne santé économique du Luxembourg attire toujours les jeunes diplômés des pays environnants voire de plus loin, mais le durcissement des conditions d’accès à la profession combiné à la difficulté de l’examen final constituent des freins à cette

attractivité. En 2014 le taux de réussite a atteint 25 % à peine ! Cela a ému notre Ministre de tutelle Pierre Gramegna qui, poussé par l’IRE, a demandé à la CSSF de proposer la traduction du sujet en anglais car pour l’instant, il est uniquement fourni en français. Nous devons aussi travailler sur la perception du métier plus en plus règlementé de réviseur d’entreprises, pour continuer à « faire rêver » les jeunes professionnels.

Quel est votre plan d’action ? L’ensemble de la profession travaille à préserver l’attractivité du Grand-Duché. Présents dans les commissions, comités et autres groupes de travail des associations professionnelles qui charpentent le tissu économique luxembourgeois, les réviseurs contribuent

activement à l’évolution de l’environnement réglementaire dans un esprit de respect des grands équilibres entre d’une part, la protection de l’intérêt des investisseurs et autres utilisateurs de l’information financière que nous sommes amenés à certifier et, d’autre part, la compétitivité des entreprises luxembourgeoises. Au niveau de la supervision publique de notre profession, je constate que le régulateur et les réviseurs se sont désormais « trouvés », après quelques années marquées par de profonds changements. Notre coopération devrait continuer à se renforcer dans tous les domaines. En termes de communication, tant vis-à-vis de nos membres que du public, nous allons continuer et accélérer ; notre site web entièrement refondu en 2014

doit devenir le canal privilégié de transmission de l’information entre l’Institut et nos membres; notre présence médiatique qui s’est renforcée depuis 3 ans, notamment en 2014 à l’occasion de notre 30e anniversaire et de la conférence sur la réforme Barnier que nous avons organisée à l’hémicycle du Parlement Européen. Nous serons à nouveau dans la presse une fois la « loi audit » votée, en principe au printemps 2016. Celle-ci remet notamment de nombreuses missions de contrôle qualité dans le giron de l’IRE et nous prévoyons d’allouer d’importants moyens pour permettre à nos confrères de les assurer efficacement.

+ D’INFORMATIONS www.ire.lu www.myofficialstory.com/ jeanmichelpacaud

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Infographie

Analyse

au Luxembourg LES RÉVISEURS

LES CABINETS DE RÉVISION Autres

Nombre réviseurs d’entreprises

480 dont plus de

240

Michel Guay (IRE)

© 360Crossmedia/M.M.

Les chiffres de la profession

Royaume-Uni

3 %

Allemands

8 % 11 %

Luxembourgeois

23

Âge moyen des réviseurs

44 ans

Français

37 %

14 %

Nationalités dont Belges

6 990 Le nombre total de personnes travaillant dans les cabinets de révision et autres sociétés du réseau s’élève à approximativement 6 990 personnes.

27 %

réviseurs d’entreprises agréés

Nombres de contrôle légaux des comptes (en 2014)

Évolution du nombre de réviseurs d’entreprises agréés (présents à l’assemblée générale de l’iRE) depuis 1985

9 600

500

Nombre de cabinets de révisions au Luxembourg

400

65

300

31 %

Nombre de femmes réviseurs d’entreprises

16 Cabinets non-agréés

100

Allocations des employés des cabinets de révisions 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

LES STAGIAIRES

MISSIONS D’AUDIT

44,67 % CONSEILS ET SERVICES FISCAUX

20,75 %

Autres

Stagiaires

Âge moyen des stagiaires

31 ans

*Les « Big 6 » : PwC, Deloitte, EY, KPMG, Gran Thornton et BDO.

Cabinets agréés

200

0

325

Forts de 6 990 employés et d’un chiffre d’affaires de près d’1 milliard d’euros – en ne tenant compte que du chiffre d’affaires des « Big 6 »* – les cabinets de révision et les réviseurs d’entreprises jouent un rôle-clé dans l’économie luxembourgeoise. Ils représentent 2% du PIB national. Le nombre de réviseurs d’entreprises, en constante augmentation, souligne l’attractivité du métier, profession qui offre auprès des jeunes des perspectives de carrière intéressantes et diversifiées où la routine n’existe pas. Le développement économique du pays de concert avec un environnement réglementaire qui se complexifie sans cesse, créent une forte demande des entreprises pour des services de qualité auprès des membres de l’IRE. La profession a un bel avenir devant elle. Si la profession a été traditionnellement très masculine, les femmes gagnent du terrain depuis une décennie maintenant. En revanche, les luxembourgeois sont peu représentés et il en va de même pour le nombre de stagiaires de nationalité luxembourgeoise. En effet, les jeunes diplômés luxembourgeois sont courtisés notamment par les différentes administrations publiques - État, Communes, CSSF, etc. De ces chiffres transparaissent deux grands défis de la profession à savoir : 1. Attirer les talents d’où qu’ils viennent pour répondre aux besoins grandissants des entreprises et 2. Populariser la profession auprès des jeunes luxembourgeois : faire connaître les perspectives d’évolution, de formation, de responsabilité et de rémunération qu’offrent une carrière de réviseur d’entreprises.

Allemands

3 %

Belges

26 %

20

38 %

Nombre de femmes stagiaires en cabinet

6 %

Nationalités dont Français

60 %

CONSULTING & ADVISORY SERVICES

18,02 % AUTRES

Luxembourgeois

5 %

16,56 % (Accounting, Corporate Finance, Domiciliation)

Le poids de la profession de réviseur d’entreprises dans le PIB national est de 2 %. La profession joue un rôle-clé dans l’économie luxembourgeoise.” Michel Guay, secrétaire technique de l’IRE Sources : IRE, CSSF

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Table ronde Conseil de l’IRE

Le nouveau rôle

des réviseurs

© 360Crossmedia/M.M.

L’Institut des Réviseurs d’Entreprises représente la profession de réviseurs au Grand-Duché. Son nouveau conseil, élu en Juin 2015 pour 3 ans, envisage le rôle de la profession dans l’économie et la société luxembourgeoises d’aujourd’hui et demain.

© CCL/G.P.

au Luxembourg

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Table ronde

Jean-Michel Pacaud (JM.P.) : le réviseur joue un rôle majeur dans l’économie et au Luxembourg en particulier, où le secteur financier est prépondérant. En effet, la confiance des investisseurs dépend directement de la qualité de la certification des comptes, faite par les réviseurs d’entreprises. Philippe Meyer (P.M.) : Le débat entre la société civile et la profession découle de la difficulté à percevoir l’intérêt public de notre travail. Une partie de l’opinion nous considère comme partie prenante du système capitaliste. Un « expectation gap » existe entre ce que le public attend du réviseur et le vrai champ de ses prérogatives. Philippe Sergiel (P.S.) : La profession est encore méconnue du grand public d’où la nécessité de communiquer plus et mieux. Daniel Croisé (D.C.) : Pour régler ce « problème d’image », il faut rappeler le rôle « premier » du réviseur : utiliser ses compétences et son jugement professionnel pour détecter les erreurs ou les opérations frauduleuses dans les comptes des sociétés auditées. JM.P. : La refonte de la profession, entreprise par la réforme Barnier, remonte en réalité au début des années 2000, au moment de l’affaire Enron – dont l’une des conséquences fut la disparition du cabinet d’audit Arthur Andersen. Or le cabinet a finalement été blanchi par la justice américaine cette année.

Cela prouve la difficulté de comprendre le rôle de la profession dans un environnement complexe et changeant, pour le grand public mais aussi pour les experts juridiques et financiers.

Conseil de l’IRE

Justement, comment voyez-vous évoluer la profession de réviseurs au Luxembourg ? Comment celle-ci s’adapte à ces changements ?

Sophie Mitchell (S.M.) : Aujourd’hui, le débat est ouvert sur la responsabilité des réviseurs au-delà de la simple signature des comptes. La tendance est à la prise d’importance des données non financières dans les audits. On nous demande de plus en plus de « global reporting » et le changement de format du rapport d’audit induit par la réforme Barnier va encore accélérer la tendance. P.S. : En France, plusieurs grands groupes sont déjà demandeurs de reporting allant au-delà de la simple information financière, sans que la loi ne les y oblige. Le passage de ces pratiques dans les textes législatifs dans un futur proche est une possibilité, en France mais également au Luxembourg. P.M. : La profession évolue pour s’adapter à de nouvelles demandes – du client, des investisseurs, du public –, il faut sans cesse se remettre en question pour rester pertinent. Nous ne sommes cependant pas infaillibles et ne pouvons tout couvrir, d’où l’appel à des experts spécialisés selon les secteurs d’activités de nos clients. J.M.P : Là encore, l’appel à des experts est déjà d’actualité

© 360Crossmedia/M.M.

Quel est le regard porté sur la profession de réviseurs au Luxembourg ? Celui-ci reflète-t-il la réalité ?

Au Luxembourg, la profession est parvenue à développer une expertise unique.”

– ingénieurs informatiques, actuaires, experts de la lutte contre le blanchiment, experts en matière de réglementation bancaire ou assurancielle – mais il devrait s’accroître et se diversifier à l’avenir.

Quels risques et opportunités identifiezvous pour la profession – et au-delà pour le Luxembourg – dans les années à venir ?

P.M. : Le risque principal reste le problème de perception déjà évoqué. Après la dernière crise financière, les investisseurs se sont sentis trompés et ont considéré que la profession avait failli. Oublier que la 1ère phrase du code d’éthique de la profession évoque la défense de l’intérêt public est un risque important. S.M. : N’oublions pas en effet que la réforme Barnier est née d’un amalgame mettant en cause les cabinets de révision dans la faillite de nombreuses banques sans que leurs responsabilités soient

démontrées. C’est notamment la multidisciplinarité des cabinets qui a été pointée du doigt et cela représente un risque quant à la qualité des audits. Le rejet d’une partie des propositions de la réforme – et notamment le retour à un « audit pur » – montre cependant que les inquiétudes des réviseurs sur ce point ont été entendues par les législateurs. JM.P : Les détracteurs de la profession nous reprochent notre limite en matière d’indépendance car ce sont nos clients qui paient pour leurs audits. La qualité de jugement du réviseur ne doit pas être entravée par ce « conflit d’intérêt » et il n’existe pas de meilleur système à l’heure actuelle. Marco Claude (M.C.) : La difficulté pour attirer les luxembourgeois vers la profession persiste : beaucoup sont rebutés par la difficulté de l’examen ou préfèrent aller travailler pour l’État ou le régulateur. Ici, le risque serait de perdre la clientèle luxembourgeoise par manque

d’interlocuteurs privilégiés dans les cabinets. D.C. : Cela est vrai pour les luxembourgeois mais pas uniquement : la profession reste perçue par beaucoup de jeunes diplômés comme un passage obligé, un « tremplin » vers d’autres professions. S.M. : Pour rebondir sur ce point, l’important « turn-over » dans la profession peut aussi être vu comme un moyen de diffusion du rôle des réviseurs. Cela en fait donc aussi une opportunité pour : 1. la profession, dont les enjeux seront mieux compris ; 2. le Luxembourg, bénéficiant des talents passés par la meilleure formation « business » généraliste pour attirer de nombreux grands groupes. JM.P : La présence et l’implication de réviseurs dans presque toutes les institutions et comités du pays représentent une opportunité propre au Luxembourg. Ce travail coordonné avec le régulateur et les administrations donne à la profession une influence quasi-

unique sur le fonctionnement de l’économie et de la société à Luxembourg. P.S. : La digitalisation de l’économie et de la société représente à la fois une opportunité et un risque. L’émergence du Big Data entraîne le développement de nouveaux secteurs au Luxembourg – Fintech notamment- nous donne de nouvelles attributions et fait évoluer notre façon d’auditer – désormais plus « scientifique ». Il faut cependant veiller à ne pas délaisser la dimension humaine, encore fondamentale dans notre travail. P.M. : Le large éventail de compétences de la profession au Luxembourg nous a permis de développer une expertise unique, prise pour exemple dans les cabinets de réviseurs à l’étranger. Cela constitue un « gage de qualité » sur lequel la profession et le pays doivent capitaliser.

+ D’INFORMATIONS www.ire.lu www.myofficialstory.com/ire

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Interview Sophie Mitchell (IRE)

La formation des réviseurs doit vérifier autant le bagage théorique du candidat que sa capacité à faire bon usage de son jugement professionnel.” Sophie Mitchell, membre du conseil de l’IRE

Accompagner

la formation Sophie Mitchell, membre du conseil de l’IRE en charge de la formation des réviseurs d’entreprises au Luxembourg détaille les actions de l’institut dans ce domaine. Comment devient-on réviseur d’entreprises agréé au Luxembourg ?

© 360Crossmedia/M.M.

Trois conditions doivent être réunies : 1. Avoir au moins 3 ans d’expérience – la période appelée “le stage” – au sein d’un cabinet de révision agréé ou auprès d’un réviseur agréé indépendant. 2. Réussir les 11 examens intermédiaires, prérequis nécessaire à l’Examen d’Aptitude Professionnelle (l’EAP). 3. Enfin, réussir l’EAP, qui constitue le “grand examen” pour les candidats. L’EAP commence par une partie écrite de six heures suivie par une partie orale réservée aux candidats ayant validé la partie théorique. La session annuelle se tient fin septembre-début octobre devant un jury constitué de professionnels reconnus de la place. La chute du taux de réussite à l’examen – déjà très bas – témoigne de sa difficulté croissante suite à l’explosion réglementaire récente.

Quelles sont les actions de l’IRE pour favoriser la formation ? Nous agissons principalement à

2 niveaux : l’accompagnement des “stagiaires” qui préparent le passage de l’EAP et la formation continue des professionnels déjà réviseurs d’entreprises. L’IRE veille à faciliter l’accès à l’examen à un maximum de stagiaires, via l’organisation de réunions d’information en juin et la dispense de cours préparatoires à l’examen, en août. Concernant la formation continue, l’IRE propose aujourd’hui 52 formations, suivies par plus de 230 réviseurs. Par ailleurs, l’Institut participe aux travaux de 2 comités spécialisés : d’une part le « comité consultatif d’accès à la profession » qui regroupe IRE, CSSF, ainsi que les Ministères de l’Education et de la Justice qui revoit les dossiers des candidats. D’autre part le « comité de pilotage » où se retrouvent l’IRE, la CSSF, l’Ordre des Experts Comptables et l’Université pour revoir les cours proposés.

Quels sont les défis de la profession en termes de formation ? Les retours concernant notre programme de formation sont

très positifs, mais nous veillons à diversifier l’offre de cours pour rester en phase avec les évolutions de notre profession. Plusieurs réflexions sont en cours pour repenser l’Examen d’Aptitude Professionnelle, les examens intermédiaires et les cours préparatoires. Les changements règlementaires de 2009 ont durci les conditions d’accès, empêchant la plupart des jeunes employés d’être stagiaires. Le besoin d’une réforme se fait sentir, pour continuer à attirer la jeune génération. Elle risquerait sinon de se détourner de notre profession ou d’utiliser des filières parallèles existantes au sein de l’UE. Personnellement je pense qu’il est primordial que la formation prépare au métier de réviseur dans son ensemble : la capacité de remise en question et le bon usage du jugement professionnel doivent être vérifiés par les examens autant que la maîtrise du bagage théorique.

+ D’INFORMATIONS www.ire.lu www.myofficialstory.com/ sophiemitchell

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Analyse Philippe Meyer (IRE)

Transparence accrue

pour les entreprises Les années 2016 et 2017 vont marquer un tournant majeur pour notre profession par l’introduction conjointe de nouvelles obligations d’information tant pour les entreprises que pour leurs réviseurs : nouvelles informations financières et non financières pour les entreprises, informations accrues et rapport d’audit étendu pour les réviseurs d’entreprises.

Transpositions des directives européennes relatives à l’information des sociétés L’Union européenne a procédé, par la directive 2013/34/UE, à la refonte des 4e et 7e directives comptables vieilles de trente ans. Dans une volonté de plus grande transparence des sociétés et de lutte contre la corruption, la même directive impose à certains groupes (activités extractives ou exploitant des forêts primaires) la communication d’un rapport annuel sur les paiements effectués au profit de gouvernements. De plus, la directive 2014/95/UE introduit une obligation de publication d’informations non financières : informations environnementales, sociales, relatives au respect des droits de l’homme, à la lutte contre la corruption et à la diversité. Les projets de loi luxembourgeois 6718 et 6868 visent à transposer ces

directives pour application en 2016 et 2017. L’IRE a participé, au sein de la Commission des Normes Comptables, à la préparation de ces textes. Notre prochain objectif est de contribuer à la refonte du droit comptable luxembourgeois par le regroupement des dispositions de droit comptable commun au sein d’une loi unique afin de le rendre plus lisible et plus moderne.

transposition en loi nationale, un grand nombre de règles détaillées. Elles visent à garantir que le contrôle légal des comptes soit de qualité adéquate mais aussi plus informatif pour les lecteurs des états financiers (date de nomination, respect des règles d’indépendance, …). L’IRE participe activement à la transposition de ces textes au Luxembourg.

Directive et règlement européens relatifs au contrôle légal des comptes des sociétés

Nouvelles normes internationales d’audit relatives au rapport d’audit

Parallèlement aux travaux de l’Union européenne sur l’information des sociétés, les propositions de réforme du marché de l’audit de la Commission se sont traduites par le règlement (UE) 537/2014 et la directive 2014/56/UE. Ces textes introduisent soit directement, pour les entités d’intérêt public, soit par

Enfin, dans le même souci d’une information accrue du public, l’IFAC a introduit de nouvelles exigences quant au contenu du rapport d’audit visant notamment à expliciter les questions clés de l’audit (« key audit matters ») propres aux comptes de l’entité auditée. L’objectif de la communication des questions clés de l’audit est

Relever le défi de la transparence pour assurer la pertinence de notre rôle au service de l’intérêt général.” Philippe Meyer, membre du conseil de l’IRE

d’accroître la valeur informative du rapport de l’auditeur en offrant une plus grande transparence quant à l’audit réalisé. Une telle communication permettra aux lecteurs des états financiers de comprendre les questions qui, selon le jugement professionnel de l’auditeur, ont été les plus importantes dans l’audit des états financiers de la période considérée. Ces exigences, applicables en 2016, se combineront en 2017 avec celles introduites par les textes européens. En conclusion, les réviseurs vont devoir relever le défi d’une plus grande transparence afin d’assurer, demain comme aujourd’hui, la pertinence de notre rôle au service de l’intérêt général.

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© 360Crossmedia/M.M.

et leurs réviseurs

Together, we can be heroes.

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À propos de l’IRE

Lena et ses parents, 8 ans, leucémie, en remission.

L’Institut des Réviseurs d’Entreprises (IRE) est un ordre professionnel institué en premier lieu par la loi du 28 juin 1984. Longtemps « autorégulée », la profession de réviseur d’entreprises au Luxembourg est placée sous la tutelle de la Commission de Surveillance du Secteur Financier (CSSF) qui exerce vis-à vis d’elle le rôle de supervision publique depuis la loi du 18 décembre 2009 qui a transposé en droit luxembourgeois la huitième directive européenne relative au contrôle légal des comptes. Le Conseil de l’IRE est composé de sept membres élus pour un mandat de 3 ans par l’assemblée générale et parmi ses membres. L’élection a lieu au scrutin secret et à la majorité relative des voix. Il représente la profession de réviseurs d’entreprises au Luxembourg, notamment à travers le pilotage de plusieurs comissions de travail. Il est également l’interlocuteur privilégié du régulateur, la CSSF, et des administrations publiques pour les réviseurs à Luxembourg. Le conseil est aidé dans son travail par 2 membres permanents.

+ D’INFORMATIONS www.ire.lu

© 360Crossmedia/M.M. / EY

MEMBRES CONSEIL DE L’IRE

JEANMICHEL PACAUD Président

SOPHIE MITCHELL Secrétaire

PHILIPPE SERGIEL Trésorier

MARCO CLAUDE Membre

DANIEL CROISÉ Membre

PHILIPPE MEYER Membre

WERNER WEYNAND Membre

MEMBRES PERMANENTS DE L’IRE

MICHEL GUAY Secrétaire Technique

AUDREY COTON Secrétaire

www.foundatioun.lu

Study Accounting and Audit at the University of Luxembourg

Master in Accounting and Audit Taught in English 4 semesters €1,600 / semester 25 students

The Master in Accounting and Audit has been developed in close partnership with leading practitioners and experts in the field to create a relevant and valuable programme for our students. Benefit from our in-depth scientific knowledge, practical know-how and up-to-date teaching methods. Get one step ahead for the professional qualification of “réviseur d’entreprises” by completing the theoretical courses of the “formation complémentaire des candidats réviseurs d’entreprises” as part of your degree, exempting you from this part of your practical training after graduation. Your studies will benefit from our close ties to important organisations in Luxembourg including EU institutions, world-class financial businesses, major law firms and innovative technology companies. Join us at the University of Luxembourg !

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